Christophe Barbier contre les anonymous
Société

Quand Christophe Barbier voit rouge

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe parmi les addicts du streaming et du téléchargement compulsif : il y a quinze jours déjà, le grand, le tout puissant, le seul, l’unique Megaupload est mort. Nous ne faisons pas encore notre deuil, que les Anonymous nous vengent déjà. Bien drôle époque que nous vivons là ! On parle même de guerre digitale. Toujours est-il que « l’hack’tion » des Anonymous n’est pas du goût de tout le monde.
Lundi 23 janvier, sur I-Télé, Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, agressif et visiblement de mauvaise « humeur » s’en prenait en direct aux « corbeaux » du Net.
« C’est pas bien les lettres anonymes il faut avoir le courage d’apparaître au grand jour et de ne pas faire les coups en douce ! ».


L’humeur de Christophe Barbier – I Télé

L’homme à l’écharpe rouge s’amusait du slogan des Anonymous, désormais connu de tous* leur prêtant une toute autre mission : « nous qui voulons nous servir sans payer personne, ne pas rémunérer le travail d’autrui ». Menaçant de son doigt, comme on réprimande un enfant de 5 ans (attention pas beau pas bien !), Barbier ajoutait : « il faut dire à ces anonymes qu’ils ne sont pas des robins des bois, qu’ils ne sont pas là pour la liberté de la presse, la liberté de l’expression […] ils sont là simplement comme des voleurs. Anonymes, vous êtes des voleurs ! » Il semblerait que la présentatrice ait été plus perspicace : « Et bien il va falloir qu’on s’inquiète pour notre site internet ou le vôtre peut-être ». Mise en garde qui sonnait comme une prédiction ! Et l’inquisiteur (trop) confiant d’ajouter : « On est blindé ! pas de souci » ou comment s’enfoncer dans le ridicule. Quelques heures plus tard, le site de L’Express subissait les représailles de ce réquisitoire. Non pas par les Anonymous (semble-t-il) mais par une poignée de hackers fâchés d’avoir été la cible de cette chronique affligeante. Quand on n’a pas  « l’étoffe » d’un Christophe Barbier et qu’on préfère la cravate noire, cela ne plaît pas au directeur de l’Express. Pourtant la quête d’identité ne semble pas s’arrêter pour ce dernier qui prend un ton autrement plus condescendant (et imagine déjà une majorité parlementaire de pirates aux prochaines élections !) dans sa « Lettre aux Anonymous », qui ne s’est pas faite attendre: « Pas évident de distinguer les bons des méchants dans un univers d’anonymes […] Liberté de la presse, liberté d’expression : nous rejoignons bien entendu leur combat sur ce terrain ». ». Il semble qu’on retourne son éch… (pardon) sa veste ?


Lettre aux Anonymous, Christophe Barbier

Comment tolérer une telle asymétrie dans les propos du directeur d’un des médias les plus influents ? Il semblerait que l’homme se soit fourvoyé lors de son attaque envers les « Anonymes » pour finalement s’informer davantage et revenir sur ses paroles. Certes les Anonymous ne sont pas des anges, mais ils défendent bien la liberté d’expression et la liberté de la presse ; ce pourquoi ils se sont tout de suite désolidarisés de cette attaque contre L’Express.
Il est, très certainement, dommage que le directeur de L’Express ait fait un amalgame et ait assimilé de loyaux hacktivistes, défenseurs des révolutionnaires arabes, à des pirates informatiques de mauvais augure. Cette fausse note communicationnelle de Monsieur Barbier rappelle qu’un média se doit d’être sûr de ses informations et de ses sources, de prendre du recul, mais surtout qu’il doit être cohérent dans ses propos. Allez, 72 minutes de silence pour ce faux pas et on oublie ?

 
H.S.
 
* We are Anonymous. We are Legion. We do not forgive. We do not forget. Expect us (« Nous sommes Anonymes. Nous sommes Légion. Nous ne pardonnons pas. Nous n’oublions pas. Redoutez-nous »)
Crédits photo : ©Reflets

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