Bitstrips par Clémence
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Bitstrips, une nouvelle manie(re) de raconter sa vie ?

 

Si vous l’ignoriez encore, Bitstrips n’est ni une plateforme frauduleuse de téléchargement, ni un mauvais porno.

Bitstrips, ce sont ces jolies tranches de vie sous forme de bandes dessinées que nos amis partagent allègrement et massivement sur les réseaux sociaux depuis bientôt un mois. Vous avez passé novembre dans une grotte sans connexion WiFi et voulez à tout prix rattraper votre retard ? Rien de plus simple.

1- Téléchargez l’application.

2- Créez votre avatar (vous avez tout intérêt à le faire plus grand, plus mince et plus musclé. Au mieux personne ne remarquera rien, au pire tout le monde pensera que vous êtes myope).

3- Choisissez une mise en situation, remplissez les bulles, trouvez un titre catchy.

Et voilà, le tour est joué !

Si Bitstrips est numéro 1 des téléchargements iPhone depuis le 7 novembre, l’application n’est pourtant pas une nouveauté. Créée en 2007 par le canadien Jacob Blackstock, cette interface marrante et accessible était déjà utilisée, en particulier par des professeurs pour rendre leurs cours plus ludiques. Pour son créateur, Bitstrips a vocation à devenir un nouveau moyen de communication. Ambitieux ? Oui. Un peu mégalo ? Aussi. Loin du compte ? Pas si l’on se fie à l’explosion du nombre d’utilisateurs depuis la sortie des applications mobile et Facebook : Bitstrips revendique aujourd’hui 20 millions d’utilisateurs, 55 millions de vignettes échangées et plus de 3 milliards d’utilisateurs exposés.

Le nombre grandissant d’abonnés sur Instagram et la chute des ventes de livres auraient pu nous mettre la puce à l’oreille : nous sommes une génération d’artistes (pour ne pas dire de feignants) et préférons communiquer en images plutôt qu’avec des mots. Pénélope Jolicoeur l’avait compris aussi, malheureusement nous sommes peu à être aussi doués qu’elle avec des crayons de couleurs et un stylo Bic noir.

Bitstrips, c’est une application gratuite, simple d’utilisation, les vignettes sont faciles à créer, elles se parcourent extrêmement rapidement sur un fil d’actualité et c’est bien là ce qui fait toute sa force. Bitstrips envahit tout, de la presse avec la publication dans L’Express des Fabuleuses aventures de Nathalie Kosciusko-Morizet dans le métro parisien à Pôle Emploi avec le CV, en image s’il vous plaît, du Suisse Tarik Dlala.

Bitstrips - NKM dans le métro

Pourtant l’application a une faiblesse : tout comme le Grand Big Mac, elle est victime de son succès. Les internets ne cessent de nous le prouver, le trop est l’ennemi du bien. Un mois à peine et nous frisons déjà l’overdose de bande dessinée, les puristes convulsent devant leur écran et ceux à qui il reste quelques forces se ruent sur des tutos expliquant comment faire disparaître Bitstrips de leur fil d’actualité. Nous le savons bien pourtant, que lorsqu’une tendance se propage trop rapidement, touche trop d’utilisateurs en même temps, devient visible partout, elle anéantit tous ses espoirs de pérennité et finit par imploser.

Petit Bitstrips a bien grandi, mais peutêtre un peu vite. Il ne nous reste qu’à attendre patiemment le seuil où, las de tous nous mettre en scène dans les mêmes décors, nous ressortirons la mine contrite nos Bescherelle. Souhaitons également à Tarik Dlala de bien s’amuser en rédigeant son nouveau CV.

 
Clémence Lépinard
Sources :
Rue 89
Konbini
Melty Buzz
L’Express
Le blog de Penelope Jolicoeur

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