Edito

Quand commence 2015…

Pour célébrer ce début d’année, nous avions préparé un petit éditorial pour vous présenter nos meilleurs vœux, vous parler de nos beaux projets à venir, en se remettant doucement de tous les excès attenants à ces fêtes de fin d’année. Celui qui aurait alors tiré la fève début Janvier se serait vu remis une belle couronne et aurait désigné notre blog comme roi incontesté de cette nouvelle année.
En effet, rien de plus séduisant qu’un blog qui revêt ses plus beaux habits pour commencer 2015 sous le signe d’une plateforme plus ergonomique et intuitive, afin de faciliter la navigation de ses rubriques.
Mais les récents évènements ont quelque peu bouleversé l’édito Royal que nous souhaitions publier. A notre échelle, nous partageons l’émotion qui envahit la France depuis ce 7 Janvier.
En tant que membres de ce blog, nous sommes chaque jour confrontés aux opinions de nos rédacteurs, plus ou moins tranchées et incisives, toujours propres à chacun. Certes, notre rôle est de modérer certains propos pour ne pas bafouer les valeurs de laïcité et de tolérance de notre école – le Celsa – mais il est aussi (et surtout) d’aider nos rédacteurs à affirmer leur identité via un style d’écriture et à exprimer leur convictions par le choix de tel ou tel sujet.
Nous sommes Charlie
Ainsi, « Nous sommes tous Charlie » en ce qu’il représente pour la liberté d’expression d’un pays pionnier en matière de démocratie, de liberté, de fraternité et de tolérance les uns envers les autres.
L’humilité nous pousse à dire que nous ne sommes peut-être pas encore Charlie en ce qu’il faut de courage et de ténacité pour oser affronter des menaces réelles et persistantes, qui plus est quotidiennes, en vertu de choix éditoriaux pointés du doigt parce que parfois acerbes.
De toute évidence, certains condamneront quelques propos de l’hebdomadaire parfois considérés comme insultants. Tout le monde n’a pas le discernement nécessaire pour savoir prendre de la distance et recevoir ces prises de position au second degré.
Cependant, on ne demande pas d’être d’accord avec tout ce que Charlie diffusait, mais simplement de voir, qu’au-delà d’un journal satirique, c’est la liberté de presse, la liberté d’expression et la liberté d’opinion qui sont entachées.
« Chers terroristes, nous sommes des milliers de gros lourds, à l’humour déplorable dans une salle de rédaction appelée Internet. Bonne chance… » @ploum
Ce tweet correspond en tout point au message que nous souhaitons vous faire passer : vous inciter, plus que jamais, à cliquer, twitter, partager, réagir, commenter, participer, vous affirmer et continuer à vivre cette belle aventure à nos côtés, dans le respect des individualités de chacun.
2015, année de la ?…
… Ainsi, nous aimerions profiter de cet espace pour vous souhaiter à tous, chers lecteurs, une très belle année 2015, qu’elle soit l’année de toutes vos réussites.
2014 fut une année extrêmement riche sur tous les plans, puisque FastNCurious n’a pas cessé de gagner en visibilité, et ces réussites nous poussent à poursuivre dans cette même lignée : les conférences Buzz Off ont repris, les dossiers également, et nous projetons de nouvelles surprises à venir dans les prochaines semaines.
Pour tout cela, nous vous adressons donc un grand MERCI puisque l’assiduité dont vous faites preuve à notre égard nous permet de continuer à faire vivre ce blog.
Et Monsieur FastNCurious nous l’a murmuré à l’oreille : ce n’est pas lui mais bien VOUS, les rois et les reines de cette histoire. Alors, vous reprendriez bien une petite part de galette, n’est-ce pas Monsieur Balkany ?
Charlotte Bavay, Mathis Bienvenu et Cloé Bouchart

Société

 Journalisme participatif et communication : le Club Med entre deux eaux

A l’issue de l’OPA la plus longue de l’histoire de la Bourse française (plus de dix-huit mois), le Club Méditerranée a été acheté, le 2 janvier dernier, par le conglomérat chinois Fosun. Si la décision de l’autre acheteur potentiel, l’homme d’affaires italien Andrea Bonomi, de retirer son offre a été saluée par la direction du Club et a suscité l’ire du Front National, ce sont les stratégies de communication à l’éthique douteuse mises en place à l’occasion de ce rachat qui nous intéressent ici. En effet, le Journal du Net a repéré sur plusieurs sites d’information en ligne (Challenges, Les Echos-Le Cercle, Mediapart, le Journal du Net lui-même…) des articles défavorables à l’offre de M. Bonomi, écrits non pas par des journalistes, mais par des contributeurs extérieurs à leurs rédactions sous la forme de tribunes libres.
Après enquête, le JDN a déterminé que ces tribunes étaient écrites sous de faux noms : leurs auteurs sont des prête-nom créés pour l’occasion, avec des profils LinkedIn ou Google+ et de faux diplômes. Il semble donc qu’une des parties prenantes de l’OPA ait tenté d’influencer les marchés en utilisant la désinformation. La tentative de désinformation, si elle est prouvée, pourrait faire l’objet d’un procès pour diffamation et faux et usage de faux, et d’une sanction de l’AMF qui contrôle les opérations boursières. Le propos de ce billet n’est pas d’accuser, qui plus est sans preuves, mais d’interroger à la lumière de cette affaire la pratique des espaces de libre expression sur Internet et les limites éthiques des relations publiques.

L’une des tribunes incriminées
L’expression libre, pour le meilleur et pour le pire
Pour les médias en ligne, les tribunes libres et autres blogs participatifs répondent à plusieurs objectifs : proposer des contenus plus nombreux et plus variés face à une concurrence pléthorique, donner la parole à des contributeurs experts sur des sujets pointus, intéresser leur lectorat par l’effet de proximité ou encore expérimenter des formes de journalisme citoyen. Comme l’illustre l’affaire du Club Med, ces formes d’expression sont plus vulnérables à la manipulation que les articles publiés par des journalistes, dont les auteurs sont connus, les sources vérifiées et qui mettent directement en jeu la crédibilité du média qui les publie. Mais pour l’usager des médias en ligne, il n’est pas toujours évident de différencier les deux types d’articles : Les Echos-Le Cercle ou les blogs du Journal du Net utilisent par exemple la même charte graphique que les articles de la rédaction de ces médias. En conséquence, les contributeurs invités profitent de la réputation du média qui les accueille, sans être soumis aux mêmes contraintes.
En outre, il est manifestement difficile pour les rédactions de contrôler l’ensemble des articles publiés sur leurs plates-formes participatives : la subjectivité de leurs auteurs est assumée, elle fait notamment partie intégrante de la forme éditoriale du blog. Dans ces conditions, et en particulier lorsqu’un article traite d’un sujet complexe, comment déterminer s’il est volontairement manipulateur ou seulement l’expression d’une opinion tranchée ? On peut supposer que dans l’hypothèse d’une manipulation, les rédacteurs, conseillers en communication rompus au style journalistique, soient habiles à camoufler leur intention trompeuse.
Relations publiques contre journalisme ?
La deuxième question soulevée par cette affaire concerne justement le rôle des relations publiques dans la production de l’information. Tout comme la publicité, pour capter l’attention et l’intérêt de ses cibles, cherche à adopter l’apparence de l’information ou du divertissement (le publi-rédactionnel en est un exemple), les relations publiques, qui promeuvent des intérêts politiques ou économiques, agissent avec davantage d’efficacité si les prises de positions qu’elles défendent sont relayées par des sources non intéressées, comme des journalistes, des blogueurs ou des experts. L’anonymat et l’identité virtuelle caractéristiques d’Internet permettent donc à des professionnels peu scrupuleux, comme le montrait une série d’articles du Journal du Net parue en 2013, de créer des experts fictifs qui bénéficient d’une présomption d’objectivité.
Mais cette pratique, outre sa légalité douteuse, est doublement néfaste sur le long terme aux professionnels de la communication. D’abord parce qu’elle nuit à la confiance des usagers dans les médias sur Internet, alors que ceux-ci souffrent encore d’un déficit de crédibilité notamment face à la presse papier ; mais aussi parce qu’elle court-circuite les journalistes, interlocuteurs privilégiés des relations publiques, accroissant leur méfiance vis-à-vis des métiers de la communication.
Emmanuel Bommelaer
 
Sources :
Challenges.fr 1 & 2
Journaldunet.com 1, 2, 3 & 4
bfmbusiness.bfmtv.com
Lemonde.fr
Tns-sofres.com
Lefigaro.fr

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