Agora, Com & Société

Les incommunicables

 
A la suite de diverses circonstances, il m’est venu l’autre jour une question : quels sont les milieux professionnels délaissés par la communication ? Existe-t-il des activités ou des sujets naturellement faciles à communiquer ? La réponse qui s’impose est « oui », mais néanmoins, il faut en souligner ses limites.
Des problèmes communicationnels, on en parle dans Flops à l’appui (lien), mais on l’a évoqué aussi dans notre étude sur le Forum du Celsa (le 6 décembre 2011) (lien) : Saint-Gobain à l’époque, s’attristait de manquer de candidats. De fait, la communication de l’industrie ne séduisait pas nos étudiants. Il faut en déduire que l’industrie n’est donc pas un secteur « sexy », « glamour », « tendance », « in » -bref, appeler le comme vous voulez, communiquer sur des activités industrielles n’intéressait personne. « Est-ce que ça a jamais intéressé quelqu’un ? » me direz vous (cruel que vous êtes). Eh bien oui, je crois. A une époque l’industrie représentait l’avenir de l’humanité, les peuples rêvaient de sociétés industrielles, travailler dans l’industrie c’était un domaine qui avait bonne presse.
Est-ce que cette mentalité partagée, cette vaste idée qui change et évolue au cours des siècles, et qu’on se fait, dans un pays ou une région, d’un sujet ou d’une activité, est-ce que cette image est affaire de communication ? Est-ce qu’une ou plusieurs agences bien payées peuvent changer la vision d’une grande partie de la population sur une chose précise ? Edward Bernays l’a prouvé en démocratisant les cigarettes pour les femmes par un simple happening (comme s’en souviendront les anciens L3). Mais dans quelle mesure cela reste-t-il vrai aujourd’hui ?
 
M. Gianfermi
Crédits photo : gallica.bnf.fr ©Bibliothèque nationale de France

Société

Votez Hank !

 
Soyons d’emblée très clairs, ceci n’est pas un article sur les Lolcats. Certes, le phénomène est intéressant, notamment lorsqu’on a des affinités avec le genre félin, mais il y a plus original : Hank.
Hank est un sympathique chat américain qui ambitionne de… faire son entrée au Sénat sous peu. Et, il a un programme : « make our homes and our future a better and brighter place, we don’t need to start at the top – we need to start right here with ourselves ». Mais, vous dites-vous à raison, c’est quoi ce bazar (pour ne surtout pas utiliser un autre terme) !
Eh bien ce bazar, ce sont tout de même 26 000 likers et pas loin de 2 000 followers. Imaginez donc si Hank s’était présenté à la présidentielle, histoire de titiller un peu Barack et Mitt…. Hélas, Hank n’a pas de jolie et populaire épouse pour rattraper les éventuels dérapages d’alliés ultra-misogynes à moitié déments. Du coup, il a décidé de la jouer modeste et se contente, pour cette fois, d’être candidat au Sénat pour l’état de Virginie, « the homeland of George Washington », comme il aime à le rappeler. D’ailleurs, c’est de là que lui viendrait son inspiration. « Virginia has shown the kind of can-do attitude that has kept this country great », si on l’en croit.
Nul besoin d’un brevet de lecture-entre-les-lignes pour y voir clair : à l’image d’un Obama, Hank se rêve en homme d’État et aborde clairement son passage (éventuel) au Sénat comme une simple étape vers un destin superbe, pour ne pas dire éclatant. Du coup, il soigne sa communication, avec tout de même une bonne dose de suivisme, notons-le bien. Ainsi, à l’image des candidats républicains et démocrates, notre chat est présent et bien actif sur les réseaux sociaux, comme mentionné plus haut. Cependant, il faut aller un peu plus loin dans l’analyse pour comprendre les ressorts de sa stratégie.
Au-delà donc des célébrissimes Twitter et Facebook, Hank a un blog : Hankforsenate.com. S’y trouvent, dans l’ordre : sa profession de foi, sa biographie, des communiqués de presse à disposition des journalistes mais aussi des photos de ses soutiens et une boutique où acheter divers produits à son effigie (mugs, t-shirts, pins, etc). Sous la photo de tête, où il pose les yeux au ciel devant la bannière étoilée, il est aussi proposé de s’investir dans la campagne de Hank, en passant des appels ou en faisant du porte-à-porte notamment. Rien que de très habituel outre-manche en somme. Dans cette lignée, il a d’ailleurs fait réaliser un clip vidéo, dont l’intention n’est autre que celle-ci : «showing America that we finally have a candidate who will help bring our country back
Malgré si peu d’originalité, Hank fait bel et bien le buzz. A tel point que des opposants apparaissent et se mettent à produire des vidéos à charge, où ils prétendent qu’il n’a jamais été capable de produire son certificat de naissance ou encore qu’il n’a jamais servi dans l’armée malgré ses dires. Comment expliquer un tel phénomène médiatique ? C’est que, peut-être, à l’heure du début de la campagne présidentielle américaine, quelque chose cloche dans la politique aux États-Unis, et notamment dans sa communication. En dépit de leur sophistication, les sites internet des deux candidats à la Maison Blanche ressemblent sur bien des aspects à celui de Hank : poses stéréotypées des candidats, très habituelles rubriques take action ou get involved, communiqués de presse, boutique, etc. De même, les réseaux sociaux sont exploités, voire surexploités, au point que Mitt Romney est présent sur sept d’entre eux et Barack Obama sur neuf, comme si la quantité faisait la qualité, comme s’il fallait surtout et avant tout occuper le terrain.
A côté de cela, c’est aussi la caricature du calibrage au millimètre réalisé par les équipes de campagne que les internautes ont sans doute appréciée, la charge contre cette volonté de totale maîtrise qui aboutit à des communications superficielles et stéréotypées, à la franche limite du ridicule. Ainsi, la rhétorique hankienne rappelle tristement celles des vrais candidats qui, naïvement inspirées de la publicité ou des blockbusters, sonnent parfois terriblement creux. De même, les attaques portées contre Hank rappellent grandement celles de certains républicains contre Obama au début de son mandat. Le canular devient là le fait de plusieurs voix et renforce ainsi la satire.
En somme, s’il est drôle, Hank n’a rien d’un Lolcat. Il a bien plus à voir avec Swift et La Fontaine, à moins que ce ne soit Perrault et son Chat Botté. On peut toujours rêver.
 
Romain Pédron
Sources :
Hank for senate.com
Hank for Senate – « The greatest land of all »
Canines for a feline free tomorrow – « Hank for Senate ? No way ! »

Edito

Fail de Fringues

 
C’est déjà la rentrée pour les Celsiens et les rédacteurs sont ravis de reprendre le travail. Le blog nous a manqué et nous espérons que vous serez nombreux à nous suivre lors de cette reprise. Après un mois de vacances quasiment coupée du monde, il m’a semblé très difficile de trouver un sujet approprié pour cette rentrée et pourtant ! C’est au détour d’une page du dernier Elle qu’un sujet s’est imposé à moi.
Pour la plupart d’entre nous, Kookaï n’est qu’une marque de vêtements pour jeunes femmes parmi d’autres. Que l’on aime ou pas, c’est également une marque qui fonctionne bien. Cependant, il semblerait que celle-ci ait une histoire plutôt mouvementée quand il s’agit de communiquer vers le grand public. Dès la fin des années 90, Kookaï pouvait se vanter d’avoir fait parler d’elle avec sa saga mettant en scène l’homme objet sous l’emprise du Girl Power. Si le ton de la marque se faisait plus discret ces derniers temps avec de mignonnettes campagnes illustrant la femme Kookaï toujours plus ingénue, il n’aura fallu qu’un seul visuel pour replacer la marque aux côtés de provocateurs comme Benetton… Mais comme Benetton, c’était peut être la campagne de trop. L’année dernière, les visuels des chefs politiques aux bouches délicatement appuyées ont fait le tour du monde. Reste à espérer que ce ne sera pas le cas de la dernière campagne Kookaï, déjà largement visible dans les magazines féminin du type Elle, Grazia…
Voici les 3 visuels constituant la campagne « Cool but Chic » :

Trouvez l’intrus !
Et voici comment la marque présente elle-même cette nouvelle campagne sur sa page facebook :
« Nous découvrons la femme KOOKAÏ, tout au long des visuels, dans ses contradictions qui en font ce qu’elle est : Une femme vraie et glamour. Tous ses petits défauts sont sublimés par sa classe incontournable. Cool but Chic représente ce mariage talentueux entre authenticité et sophistication ! »
Vous l’aurez sûrement deviné, l’image qui dérange est la troisième car même si les deux premières ne présentent pas de grand intérêt (en particulier si l’on s’attarde sur la traduction se voulant fine et espiègle) elles rentrent plus ou moins dans les codes actuels de la communication du secteur. Loin de moi l’idée qu’il faille rester dans les codes, au contraire, je pense que le public est ravi d’être surpris par toujours plus d’audace. Avant de foncer tête baissée dans le débat sur l’anorexie, la mode, les mannequins russes de 14 ans qui tombent comme des mouches, j’aimerais prendre une seconde pour essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer dans la tête des concepteurs de cette campagne. On est en droit de se demander si la marque s’est sentie l’âme créative et s’est lancée elle-même dans la réalisation ou bien si une agence se cache véritablement derrière ce travail (auquel cas ce serait très inquiétant). Ma lecture la moins négative de ce message différera peut être de la vôtre. Il m’a semblé que la marque cherchait à dire que cette jeune fille était « affamée » (cf la traduction si délicate) car elle préférait dépenser ses sous pour s’acheter des vêtements chez Kookaï. Cependant alors que j’écris ces mots, j’ai peine à croire que l’on puisse se planter autant. Car il est évident que la première signification de ce message est : « affamez vous pour être maigres donc chics ». Et d’ailleurs, après avoir publié les trois visuels sur sa page Facebook, la marque a du faire face à deux plaintes de ses fans concernant la jeune fille « Hungry but chic ».
Voici la plus pertinente d’entre elles :
« I think this is so wrong on so many levels, I know that it’s just an advertising but hungry is not chic, hunger is not chic, and by making this ad you are promoting the ugly fashion industry that is growing, thinner models, saying that you need to be skinny to be chic and encouraging young girls to starve themselves. »
Traduction : « Il y a tellement de choses qui ne vont pas avec ce visuel, je sais que c’est juste une publicité mais être « affamée » n’est pas chic, la faim n’est pas chic, et en réalisant cette pub vous faites la promotion de l’hideuse industrie de la mode qui entretient des top models de plus en plus minces, en disant qu’il faut être maigre pour être chic et en encourageant de jeunes filles à s’affamer ».
Et voici la réponse du community manager en charge de la page :
« Bonjour,
Certain(e)s d’entre vous ont réagi au visuel HUNGRY BUT CHIC. Cette affiche montre comment se faire pleinement plaisir tout en restant élégante, même prise en flagrant délit de gourmandise… L’image véhiculée par notre publicité montre une femme moderne et mode, à la personnalité affirmée, qui garde un certain décalage humoristique en toutes circonstances. Cette campagne comporte 3 visuels qui vont dans le même sens : la femme du visuel MESSY BUT CHIC assume le désordre de son sac à mains tout en restant élégante et SINGLE BUT CHIC montre une femme qui sait rester mode, même en changeant le pneu sa voiture.
Voici de quoi vous rassurer sur l’intention de notre marque.
Bonne journée à tous nos fans !
KOOKAÏ”
Je ne sais pas si vous êtes rassurés mais c’est loin d’être mon cas…
Affaire à suivre…
Marion Mons
Sources :
Et Kookaï sortit de l’anonymat par Véronique Richebois – 02/08 – Les Echos
Page Facebook de Kookai

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Invités

Grosse et fière de l'être ?

 
« Les hommes préfèrent les rondes », « Assumez vos formes à la plage », « Sublimez vos courbes »…Avec l’arrivée de l’été fleurissent dans les magazines féminins une flopée d’euphémismes qui rivalisent en originalité, destinés à désigner le gras de ces dames tout en restant glamour. Elles sont « sculpturales », « bien en chair », « généreuses ». Tout est bon pour éviter le « G-R-O-S-S-E » fatidique et cruel.
Derrière ce nouveau tabou se cache un rejet profond de ce que le mot véhicule, entre complexes, obésité et mal-être. On lui préfère alors des adjectifs vagues certes mais à connotation positive, qui ont pour avantage de draper la réalité d’un flou artistique plus esthétiquement correct. Est alors mis en valeur un corps tout aussi fictif et intimidant que celui du mannequin anorexique : des formes certes, mais toujours là où il faut. Des cuisses imposantes, des seins conquérants, mais jamais ô grand jamais de ventre gras ou de bras celluliteux. Il en résulte une société de plus en plus schizophrène, où les femmes doivent être fières de leur rondeur tout en cachant honteusement leurs bourrelets.
Les mots ont un pouvoir considérable, et les modalités de leur utilisation peuvent avoir un impact non négligeable sur les valeurs d’une communauté. A l’instar du sage Harry Potter qui appelait Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom par son patronyme, il serait bénéfique de briser certains de nos tabous linguistiques. Comme dirait l’ami Huxley, les mots sont comme les rayons X, et si l’on s’en sert convenablement, ils transpercent n’importe quoi. Atomisons donc le politiquement correct à coup d’ « adipeux », de « bedonnant », voire de « pendouillant » ou « boudiné » ! Les grosses ne peuvent s’assumer en tant que telles tant qu’on leur renvoie une image lissée et polie, plus acceptable socialement justement car elle ne correspond pas à la réalité. Bannissons le double discours qui encense le corps « rond » de Scarlett Johansson comme symbole ultime de l’anti-minceur, tout en pointant du doigt l’obésité de Beth Ditto ! Un progrès a déjà été fait, le maigre est passé de mode (du moins en théorie), mais pourquoi s’arrêter là ? A quand une célébration du gras, le vrai, celui qui dégouline du maillot et fait blop blop quand on court pour attraper son bus ? Plus facile de s’identifier à un article intitulé « Grosse et bien dans sa peau » qu’à l’artificiel éloge des courbes irréelles d’un mannequin dit « grande taille » dont jamais le poids ne sera explicitement mentionné !
Appeler un chat un chat et un gros un gros s’inscrit dans une démarche d’honnêteté intellectuelle nécessaire à la crédibilité des campagnes qui luttent contre les diktats de l’hyper-mince. Avancer masqué n’est pas la solution, et sur des sujets qui touchent une aussi grande partie de la population il semble que la rigueur soit de mise. Pour que le surpoids cesse d’être une souffrance, il faut réévaluer le sens des mots et la part d’hypocrisie qu’ils peuvent véhiculer. En attendant le premier supplément « Spécial graisse» donc, prônons un langage décomplexé pour toutes celles qui s’assument comme elles sont !
 Marine Siguier

Société

Essentiel

 
Le Tour de France ? On ne va quand même pas faire un article sur le Tour de France. Le Tour de France, c’est long, le Tour de France c’est nul, le Tour de France, c’est une série d’après-midis très, très ennuyeux chez papys et mamys. Oui, peut-être, mais le Tour de France, c’est aussi et surtout des dizaines d’heures de télévision (publique), des centaines de pages de journaux, et des milliers d’amateurs, en France et à l’étranger. Du coup, ce sont aussi des sponsors en masse, et beaucoup de travail pour les agences de publicité et de communication en tous genres.
Convaincus ? Je continue, en tâchant tout d’abord d’éclairer un peu les raisons d’un tel succès. Première de toutes, le Tour est une épopée, une odyssée aux multiples pages et épisodes, faite de héros, de traîtres, de clans, de personnages secondaires, d’exploits et de défaillances. A chaque journée son rebondissement, son fait marquant, ses victoires et, logiquement, ses défaites. Et tout cela est narré en direct à la télévision, puis repris et commenté dans une myriade de médias onlines et offlines, spécialisés ou non. D’ailleurs, pour la touche de culture, l’épreuve a été créée en 1902 par un journal : L’Auto, ancêtre de L’Équipe, et c’est Amaury Sport Organisation, filiale du groupe propriétaire du même L’Équipe, qui organise désormais l’épreuve.
Ces histoires sont des mythes, des mythes sans cesse reconstruits, à l’identique ou presque, et porteurs de valeurs en apparence invariables : courage, solidarité et loyauté notamment. L’exemple tout récent de Pierre Roland, fustigé pour être parti à l’attaque alors que le peloton était bloqué derrière lui par des clous de tapissier sur la chaussée, le montre bien. Plus loin, ce même exemple met aussi parfaitement en lumière l’aspect narratif du traitement de cette compétition, et sa dimension transmédiatique. En effet, l’embryon de scandale ne s’est pas éteint avec les télévisions, les commentaires fusant encore en tous sens à cette heure, sur la toile aussi bien que sur papiers.
Le Tour fait communiquer en somme, et pas seulement de manière désintéressée bien entendu. Les marques y sont chez elles, sur les maillots, sur les bords de routes, sur les voitures, sur les podiums. A tel point que les équipes sont appelées d’après le nom de leur sponsor principal : Française des Jeux, Europcar, Rabobank, etc. Il importe d’essayer de comprendre ce qui est ici en jeu. En effet, l’objectif n’est pas de faire du buzz autour des marques en elles-mêmes, et des produits et services qu’elles désignent. Il ne s’agit pas non plus d’une simple opération de visibilité, visant tout juste à créer de la curiosité et de la notoriété. Non, l’engagement des marques dans le Tour de France est une opportunité pour elles de s’ancrer profondément dans le quotidien et les habitudes de milliers de Français. Pour nombre de ces derniers, le Tour de France est une tradition, un rite structurant en terme d’espace et de temps, en ce qu’il ré-énonce la géographie nationale, et le fait à dates fixes, durant un laps de temps précis et invariable. Par conséquent, pour les marques, y faire apparaître leurs couleurs, c’est l’opportunité d’en devenir partie intégrante, de se fondre dans cet espace sémiotique rassurant, normal, habituel, essentiel.
Problème, le Tour est aussi le lieu du scandale et du doute omniprésent. Dopage, dopage, entend-t-on dire des comptoirs de bars aux plateaux de télévision. La question n’est pas neuve et le problème plane en permanence sur l’épreuve, sans l’avoir pour l’instant réellement mise en danger cependant. Toutefois, les marques ont des raisons de se méfier. En effet, un tel niveau d’association n’est pas sans risque, ce dont l’affaire Festina témoigne bien. Non content d’avoir vu ses lettres associées à une équipe mise hors course pour dopage, l’horloger l’est désormais au dopage en général, l’affaire étant toujours emblématique quatorze ans plus tard. Tout récemment, l’arrestation et la mise en examen de Rémy Di Grégorio pour les mêmes raisons n’ont pas dû faire plaisir chez Cofidis, dont la marque est désormais citée à tout va… dans les rubriques judiciaires. Pendant ce temps pourtant, la Grande Boucle ne s’arrête pas, et les passionnés sont toujours aussi nombreux sur les bords des routes sinueuses des Alpes et des Pyrénées, comme s’il s’agissait bel et bien d’autre chose que d’un simple sport…
 

Invités

Gleeden ou l'affichage de la rhétorique trompeuse

 
La dernière campagne pour le site de « rencontres extraconjugales » Gleeden vient s’ajouter à une série d’affiches qui, depuis un an environ, s’imposent dans l’espace public (et notamment métropolitain) avec un effet de très grande cohérence publicitaire, et disons-le d’emblée, de très grande cohérence rhétorique.

 
En affichant moins la transgression que l’idée de transgression, sa réussite ne réside pas dans un quelconque engagement moral, idéologique ou féministe, mais dans un jeu communicationnel subtil : celui du vacillement et de la suspension.
Gleeden, un couple lexical à trois
Premier enjeu de suspension : le lexique. Surdéterminant le sémantisme de la jouissance, Gleeden se présente comme un mot-valise composé de deux lexèmes à la fois détachés (typographiquement) et fondus : « Gle(e) »/ « Eden ». Produit de la liaison des deux premiers, un troisième terme apparaît comme nom de marque et promesse d’utopie : « Gleeden ». La signifiance l’emporte sur le sens, et permet plusieurs lectures superposées qui ne se substituent pas les unes aux autres. De manière mimétique, chaque lexème se présente comme un partenaire linguistique apte à s’unir potentiellement avec chacun des deux autres.
Jouir de la syllepse
Puisant dans une autre source d’équivoque sémantique et syntaxique, Gleeden multiplie les effets de « syllepse », c’est-à-dire cette forme de jeu de mots qui consiste à maintenir un trouble interprétatif entre deux significations coprésentes et concurrentes :
 
 
De manière redoublée, la syllepse de prédilection du site est celle qui porte sur le verbe « tromper » et « se tromper » :
« Tout le monde peut se tromper. Surtout maintenant »
Formule qui devient de manière plus « événementielle » lors des dernières élections présidentielles :
« Parce qu’il ne faut pas se tromper le 6 mai, notre site sera exceptionnellement fermé »
La syllepse permet de conjuguer – et d’extra-conjuguer, si l’on peut dire – des relations sémantiques multiples et parallèles. Du point de vue rhétorique, les significations sont d’abord dédoublées, puis sous-entendues et, finalement, suspendues. En exhibant ainsi la polysémie, la syllepse amorce la mise en publicité d’une argumentation ostensiblement « trompeuse »…
Le paradoxe comme art de vivre
En jouant sur les gammes de la polysémie (et sur les sèmes de la polygamie), la rhétorique suspendue multiplie les effets de retournement, de paradoxe, de coq-à-l’âne et de tête-à-queue :
 « Et si cette année vous trompiez votre amant avec votre mari ? »
« C’est parfois en restant fidèle qu’on se trompe le plus. »
Recourant à la forme de la maxime, Gleeden emprunte la voix d’un moraliste, qui prend un malin plaisir à suspendre et à surprendre le sens commun, pour finalement mettre la doxa cul par-dessus tête : « tromper son amant » ou « être infidèle (se tromper) en étant fidèle ».
Dans le prolongement de la syllepse et de la sentence, Gleeden feint de prôner une sagesse, qui va dans sa dernière campagne jusqu’à évoquer la pratique antique du syllogisme.
Syllogismes de la faute et faux syllogismes
Sauf qu’il s’agit alors d’un syllogisme lui-même trompeur, et surtout – voilà le cœur de la campagne – d’un syllogisme affiché comme tel. Gleeden aime à émettre des sophismes assumés, tout comme il y a des lapsus volontaires :
 
 
Car, contrairement au sophisme, ce faux syllogisme cherche moins à tromper, qu’à montrer qu’il est trompeur. C’est la puissance du faux raisonnement qui est mise en exergue comme une mise en scène de la suspension de la visée persuasive elle-même.
Les syllogismes de la mauvaise foi
Au fond, la neutralisation rhétorique avoue alors son fonctionnement proprement dia/bolique. Il s’agit pour Gleeden d’incarner la mauvaise foi.
D’un point de vue communicationnel, la bonne foi consiste en un pacte de sincérité avec soi-même. Faire œuvre de bonne foi revient à exposer aux yeux des autres, son éthique à ne pas se tromper soi-même et à déployer un raisonnement exempt d’arrière-pensées. La mauvaise foi, c’est la rupture de ce contrat. En s’affichant aux yeux de tous sur les quais du métro (la scène sociale par excellence), Gleeden rend publique la jouissance qui consiste à user de la mauvaise foi. Etymologiquement, la « foi » se dit fides en latin. Le contraire de la foi, c’est donc un défaut de fidélité à un principe supérieur (la religion, la morale, et ici la logique et l’argumentation).
Jouir de la mauvaise foi aux yeux de tous, c’est assumer un tromper honnête, un fauter juste, que l’on pourrait rapprocher du « mentir vrai » de la fiction.
Mais ne nous trompons pas, à notre tour. La mauvaise foi étalée par Gleeden, ne promet pas une libération anarchique de désirs eux-mêmes débridés. Loin de promouvoir quelque abandon dionysiaque que ce soit, la mauvaise foi a pour fonction d’exposer l’« autre scène » du fantasme, la fiction de la suspension en tant que telle ; bref : le fantasme du fantasme.
Jouir par la tête
Car, en effet, cette para-doxa n’ouvre pas proprement sur une libération des corps, des jouissances ou des pulsions. Il n’y a aucun débordement physique visible sur ces affiches. Ce qui est montré dans la sobriété de ces maximes, c’est une jouissance froide. Tout au plus, s’agit-il de jouir par le haut, avec la tête :
« Gleeden, le premier site de rencontres extraconjugales pensé par les femmes. »
Evidemment, le terme qui choque en apparence est « extraconjugales », mais le terme qui compte vraiment est « pensé » (souligné dans les affiches elles-mêmes). Gleeden nous plonge dans un univers intellectuel, un trompe-l’oeil argumentatif, une « fiction mentale ». Autrement dit, dans l’idée d’une fantasmatique et d’un vertige des références par pure contamination cérébrale.
Si le référent permanent de « Gle/Eden », est le péché (la pomme croquée) d’une Eve primordiale, cette Eve est « satanique », au sens que Baudelaire réserve à ce terme pour désigner Madame de Merteuil dans les Liaisons dangereuses, c’est-à-dire un être métallique, un être de paroles, en refus du corps pour le corps ; citons les paroles de la Merteuil évoquant sa « nuit sexuelle » (Pascal Quignard) : « Ma tête seul fermentait. Je ne désirais pas de jouir. Je voulais savoir. ».
Reproduire l’étonnement premier
La stratégie publicitaire de ce site renvoie bien à un objectif rhétorique suspendu. Il ne s’agit pas d’exposer le plaisir ou le désir physiques pour eux-mêmes. Il s’agit de viser la tête du passant, pour réimprimer à chaque fois le choc cognitif d’une logique paradoxale.
Au fond, il s’agit de reproduire à chaque fois la stupeur de la découverte d’un univers fantasmatique, d’une fiction mentale : celle d’une monde-marque appelé Gleeden, où les pensées féminines se livrent sans arrière-plan (les fameuses arrière-pensées) ni avant-plan (le surmoi freudien). C’est un univers où toutes les pensées sont étalées sur une surface (l’affiche comme écran psychique) sans profondeur. En un mot, Gleeden c’est l’utopie d’une fantaisie sans plis.
 
Olivier Aïm
Maître de conférences au Celsa  Paris – Sorbonne
 

Capture Ecran Pub TV Fraises Tagada Haribo 2012 - Couple d'adultes enfants
Invités

Tagada ou la schizophrénie de Peter Pan

 
Le 6 juin, Haribo a lancé La Bombe, un nouveau film publicitaire dédié à l’une de ses marques filles les plus emblématiques : les fraises Tagada ! Orchestrée par l’agence Hémisphère Droit, cette nouvelle prise de parole est symptomatique d’une pathologie inhérente à la marque Haribo.

Le pitch est simple : une action surprenante vient perturber le quotidien banal d’un couple normal. La fraise Tagada est bien sûr à l’origine de cet instant de folie qui conduit la jeune femme à sauter toute habillée dans sa baignoire. On retrouve ainsi le ressort comique utilisé dans la campagne Njut! d’IKEA, elle aussi orchestrée par l’agence Hémisphère Droit… On ne change pas une équipe qui gagne ! Quoique, la même idée ne gagne pas à tous les coups…
Le film s’adresse a priori à un public adulte. Malgré tout, le monde de l’enfance est présent et envahit le monde des adultes grâce aux fraises Tagada qui permettent de retrouver son insouciance. Haribo illustre ici le syndrome de Peter Pan, une certaine nostalgie de l’enfance, et l’affirme par sa signature : « on grandira plus tard ». Le bénéfice émotionnel défendu par la marque est ce moment de liberté, d’insouciance, de plaisir d’enfant qu’offre la consommation d’une fraise Tagada.
La démonstration de ce bénéfice émotionnel passe par le ton résolument décalé de cette publicité. Toutefois, on sent que ce registre n’est pas complètement assumé par la marque. Le rendu final reste très sobre et gentil. Les couleurs sont pâles, les expressions maîtrisées…On s’adresse à des adultes avec un gag pour enfant. C’est là que l’on prend conscience de la schizophrénie d’Haribo, qui souhaite réaliser un film destiné aux adultes mais n’assume pas pleinement son choix de cible. Et cette schizophrénie n’est pas sans conséquences. En voulant garder une tonalité qui plaise à la fois aux enfants et aux adultes, la marque freine le potentiel de l’idée créative de départ pour se retrouver, en fin de compte, avec un film relativement plat.
Haribo veut être une marque intergénérationnelle, elle le rappelle à  tout moment à travers son jingle, qui reprend la signature transversale à tous ses produits : « Haribo c’est beau la vie, pour les grands et les petits ». Mais comment garder un message fort et cohérent à travers une gamme de produits si large, et en s’adressant à une cible si étendue ? Haribo a fait le choix de la consensualité, et a ainsi confié ses différentes marques filles à différentes agences. Aussi, seule sa signature historique fait le lien entre ses différents produits. Néanmoins, pour une marque leader, la clé du succès est peut être dans le choix d’un ton qui ne fait pas de vagues. Ou tout simplement parce que ses bonbons sont bons…à tout âge !
 
Pierre-François JAN

Affiche evian pour la livraison à domicile
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Jacques a dit qu’il fallait être interconnecté

 
Jacques a dit qu’il fallait être interconnecté tout le temps. Et même pour sa consommation d’eau minérale. Et de préférence, de l’eau Evian. En effet, on peut contempler depuis peu dans les couloirs du métro, la nouvelle campagne de publicité de la célèbre marque d’eau minérale. Habituée par le passé à créer le buzz et notamment à travers la célèbre campagne « Live Young », Evian récidive aujourd’hui avec la campagne « Evian chez vous ».
Le principe
Cette campagne vient promouvoir un tout nouveau concept de livraison d’eau à domicile. L’objectif: ne plus avoir à se farcir les cinq étages sans ascenseur chargé de packs d’eau lourds et encombrants pour pouvoir boire de l’eau minérale de qualité.
Pour cela, la marque propose en parallèle du service, un tout nouveau gadget dont la forme de goutte d’eau (normal) évoque une mini-console de jeu. Cet objet est en fait une Smart Drop qui se pose sur le frigidaire parmi les nombreux magnets que vous possédez déjà. Cependant, ce n’est pas son esthétique qui confère à cette nouvelle venue sur le marché du high-tech, sa particularité. En réalité, la Smart Drop a pour objet de faciliter vos commandes d’Evian en ligne puisqu’elle dispose d’une connexion wifi intégrée lui permettant de suivre en temps réel vos besoins en eau minérale. Le petit plus réside dans son mode de fonctionnement simple et futuriste qui, lorsque vous ne l’activez pas, vous offre son plus beau sourire.
Ensuite c’est très simple vous indiquez à votre petite boite la quantité d’eau désirée, à quelle fréquence vous souhaitez être livré et hop le pack d’eau arrive chez vous en main propre ou sur votre paillasson. Ce dispositif testé depuis deux ans dans le quinzième arrondissement a manifestement déjà prouvé son efficacité. Voilà des familles qui vont être contentes, des séniors qui font leur marché à pied également mais aussi l’étudiante qui… (ah non pas l’étudiante, elle est fauchée et boit l’eau du robinet).
La com’
Ici, il faut aussi se pencher sur l’affiche et Evian s’est investie puisqu’elle a demandé la collaboration de l’agence BETC Digital qui a réalisé un print épuré et efficace.
En effet, l’affiche reprend le fonds de commerce des pubs de la marque: un fond blanc et neutre permettant de faire ressortir les autres éléments de la composition. En l’occurrence, il s’agit du logo détourné de la marque : seul, central et de taille significative. La filiation est claire avec la campagne précédente, « Live Young ».
Le plus intéressant se révèle alors être le détournement de logo à l’initiative de la marque. On peut saluer le geste quand on sait que le logo est souvent un symbole fort pour les consommateurs et une composante essentielle de l’image de marque. Par cette transformation, Evian montre sa volonté de changement ou plutôt d’évolution, d’adaptation au monde qui est le notre aujourd’hui: interconnecté et en quête d’une optimisation maximum. Enfin, le « jeviens » évoque une volonté de proximité avec le consommateur et l’image renvoyée est alors celle d’une marque à l’écoute et disponible. Bref une campagne qui risque de faire couler un peu d’eau!
Pour le côté pratique, la Smart Drop ne sera disponible pour les abonnés d’evianchezvous que courant 2013. En attendant, la livraison est déjà possible pour Paris et les environs.

 
Justine Jadaud

Campagne 2012 Save the Children Break the circle of violence
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Jacques l’a dit, mais personne n’a remarqué

 
Tout le monde sait que les digressions sont nombreuses sur nos lieux de travail : on répond à nos mails, on organise notre soirée… Et c’est en plein travail que l’un de mes collègues m’a interpellée pour me mettre un site devant les yeux. J’ai jeté un vague regard à la page, avant de détailler avec ébahissement les images qui s’offraient à moi. Notant mentalement le site, ads-ngo.com, je me jurai d’y retourner plus tard… Pour découvrir à mon grand plaisir un site d’une richesse incroyable. Il regroupe en effet les campagnes publicitaires d’ONG du monde entier et permet aux internautes de les commenter ou simplement de les partager sur un très grand nombre de réseaux sociaux. J’ai choisi de détailler ces affiches qui m’ont réellement captivée, mais je vous invite à aller faire un tour sur leur site, qui contient de vraies merveilles de communication !
Le cercle
La première image est celle d’un homme sur le point de frapper un enfant, effrayé et se cachant derrière ses bras. Puis le reste de l’image : le cercle, l’évolution, les différents âges de la vie… Et le sens suit automatiquement : cet homme était cet enfant et cet enfant devient cet homme. Le texte n’est là qu’en soutien, au cas où le premier stade de la communication, celui qui n’a pas besoin des mots pour s’imposer, ne fonctionnerait pas. Il ajoute cependant une phrase choc, un slogan, comme un mantra de ce combat contre la violence : « break the circle »*. Le cercle de la haine qui se reproduit, et qui n’est plus seulement intellectualisé par un chiffre, « 70% des enfants battus reproduisent ce schéma à l’âge adulte » comme on le lit vaguement dans les journaux. Non, là on le voit et on le ressent dans cette image, juste sous nos yeux, et c’est toute la force de cette affiche. Le cycle de la vie passe par l’âge car le petit garçon vieillit, mais aussi par les expressions des visages qui accompagnent ces différents âges, reproduisant un scénario logique implacable qui ne prend jamais fin. Le cercle est la seule forme parfaite en géométrie, en art, en littérature ou encore en poésie : il représente l’infini et l’enfermement. C’est pourquoi il convient de tout faire pour le briser, pour le dépasser : en art comme dans la plus quotidienne des scènes, celle d’un simple enfant qui renverse son verre de lait, dans la cuisine banale de la banale maison d’une famille comme il en existe tant. Banal et choquant, donc efficace.
En faisant glisser la roulette de la souris, on voit que les femmes aussi en prennent pour leur grade (égalité des sexes oblige) et qu’une autre forme de violence est traitée avec la même subtilité… une violence sexuelle cette fois, tout aussi marquante, tout aussi agressive dans son traitement graphique. Le cercle, les gestes, les visages et la banalité de la chambre… Tout est là pour mettre mal à l’aise et s’ancrer dans les mémoires.
Personne n’a remarqué…
Puis une autre série de photos apparaît, toujours pour cette même association. L’omniprésence des chiffres cache en grande partie l’enfant au-dessous, que nous ne pouvons que deviner vaguement… Volontairement ? Vu le titre, « almost nobody noticed »**, la réponse est oui. De la bourse aux programmes télé en passant par les sudokus, qui ne se reconnaîtrait pas dans au moins l’un de ces éléments ? En revanche, connaissions-nous les chiffres donnés dans cette minuscule phrase au-dessous de l’image, à peine lisible tant elle est petite par rapport au programme télé ? Cette campagne est loin d’être la première à utiliser une forme de culpabilité, celle d’être né sous une bonne étoile, pour toucher émotionnellement. Mais la beauté de cette communication sur le média supplantant l’humain mérite d’être soulignée… Bien sûr ces images agacent la petite voix supérieure, personne n’aime s’entendre dire qu’on agit mal en regardant la télévision ! Serait-ce une autre preuve de l’efficacité de cette communication… ?
La loterie de la vie
Une autre série d’images suit alors, comme en écho : nous avons gagné le gros lot ! Nous sommes du bon côté du trait qui sépare les deux images, les deux univers, nous avons gagné la « lottery of life »*** ! Qu’y pouvons-nous… ? Les affiches ne proposent pas d’autre réponse que le petit  logo en haut à gauche (mais tout à fait visible, d’une discrétion très efficace) et qui renvoie au site de l’association : http://www.savethechildren.org. En suivant ce lien, on apprend que cette association date de 1919 et a été fondée en Angleterre par une sociologue, Eglantyne Jebb, pour aider les enfants d’une Europe ravagée par la guerre. Lors de sa création, la sociologue a déclaré : « Nous ne pouvons pas laisser des enfants sans défense, quelle que soit leur origine, face à des violences physiques ou morales. Nous ne pouvons pas courir le risque qu’ils pleurent, qu’ils soient affamés, désespérés et qu’ils meurent sans qu’aucune main ne leur soit tendue ». Lottery of life***.
Après pas mal de temps passé à me renseigner sur ce site, une question demeure : pourquoi le site « save the children » existe dans plusieurs langues mais pas en français ? Et poruquoi y a-t-il si peu d’informations disponibles sur adsngo.com ? Mais peut-être est-ce simplement parce que personne ne l’a encore remarqué…
 
Héloïse Hamard
 Crédits photo : Ads-ngo.com & ©Save the children
*Brisez le cercle
**Personne n’a remarqué
***La loterie de la vie

L'euro 2012 Poland Ukraine
Com & Société

L’Euro 2012 de la pub’

 
Imaginez un peu que le 8 juin prochain, en parallèle de l’ouverture de l’Euro 2012, un organisme lance une compétition alternative avec une structure similaire à l’illustre championnat (compétition, groupe, et dimension internationale) à cette différence près qu’elle ne ferait pas s’affronter des équipes de football mais des publicités ?
Voyons un peu ce que ça donnerait…
Règles du jeu
Pour faire simple, et parce que cet article a tout d’une « uchronie », et que par conséquent la science-fiction me donne le pouvoir d’écrire ma propre réalité, je vous fais grâce des étapes éliminatoires (tirage au sort, phase de groupes et matchs de barrages) pour attaquer le vif du sujet : la phase finale.
Les conditions des « matchs » :
– 8 groupes de 4 équipes
– Match aller uniquement
– Conditions de match aléatoires : la pub a pour seul impératif d’avoir pour sujet l’Euro 2012
– Temps du match : temps de la publicité
Groupe B bis
Dans ce monde parallèle, le tirage au sort aurait été tout différent de celui que nous connaissons actuellement. Zoom sur cette pool inédite.
Les Pays-Bas, où la pub la plus « beauf ». Une pompe à bière devrait vous éviter bien des tracas.
Ce spot est celui du fournisseur d’énergie NLénergie qui choisit de jouer sur la peur des néerlandaises face aux « bombes » ukrainiennes pour encourager leur compagnon à rester au pays pour voir les matchs. En contrepartie, pour tout abonnement au fournisseur, une pompe à bière vous sera offerte et vous garantira de bons moments de camaraderie et de virilité devant les matchs de l’Euro.
La vidéo ici…
Des femmes, de la bière et du foot, un ensemble bien classique mais pour le coup, le résultat est un peu au ras des pâquerettes, si vous me passez l’expression.
L’Angleterre est, dans cette pool imaginaire, la deuxième équipe à concourir avec pour fier représentant la marque de bière Carlsberg, qui multiplie les publicités ayant pour sujet direct l’Euro 2012. Le spot en question met en scène les gloires du foot devenues, pour l’occasion, professeurs à la Fan Academy : cours de supporter, master class de pénalty, diplôme du meilleur buveur de bière-de-la-victoire, bref comment devenir « the great fan ».

De l’humour, de l’idée, et des guests (Maradona entre autres) : l’Angleterre n’a peut-être pas la meilleure équipe de foot mais se place à coup sûr sur le podium en ce qui concerne les publicités.
La France et la pub d’Orange « Be prepared » proposent une des publicités qui jouent le plus la carte de l’international. La marque met ainsi le paquet sur ces spots car pour la première fois de son histoire, Orange est sponsor officiel de ce championnat et rejoint ainsi la liste des 12 mastodontes sponsors officiels de la compétition parmi lesquels : Coca-Cola, Hyundai, McDonald’s, Continental, Adidas…

Comme pour Carlsberg, l’accent est mis sur les supporters et leur préparation située à mi-chemin entre le marathon et l’activité clandestine, mais qui dans les deux cas n’en font que de meilleurs chemins pour apprécier à sa juste valeur la communion presque céleste qu’est un match de football, en tout cas pour ces adeptes du ballon rond.
La Chine, évidemment totalement hors sélection, propose néanmoins une publicité vantant l’Euro 2012 pour la chaîne Now TV, qui obtiendrait sans nul doute le prix de la pub la plus polémique.
Si le début s’annonce bien, avec ces footballeurs/personnages de mangas jouant gaiement aux couleurs de l’Euro, on est de plus en plus sceptiques devant un spot –osons le dire- des plus sinistres : des monuments emblématiques tels que le Colisée ou Big Ben en proie aux flammes, des bombes, des tanks, un ciel noir et des créatures maléfiques en tout genre surgissant dans le stade. Au final le malaise est perceptible et on ne peut qu’être circonspect devant ce spot. Quel était le message à comprendre ? L’espace interprétatif est large, mais une chose est sûre, c’est qu’une publicité un peu plus classique aurait largement fait l’affaire…
De l’insolite au classique, du vulgaire à la célébration des sentiments les plus nobles, l’Euro 2012 aura, cette année encore, stimulé la créativité des publicitaires de tous les horizons. Preuve, s’il en fallait, d’un marché porteur et fédérateur qui intrigue, amuse et attire nombre de spectateurs pour qui le foot n’est pas la panacée.
Qui sait, le vainqueur  de l’Euro 2012 de la pub ne se trouve peut-être pas dans cette  sélection. Le challenger a jusqu’au 1er juillet 2012 pour créer la surprise.
NDA : à tous les fans de foot qui liront cet article-fiction, qu’ils ne soient pas outrés. La plongée d’une novice dans le monde complexe du foot ne se fait pas sans erreurs…
 
Marie Latirre