personal branding - be a brand !
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Jacques a dit : « Brand Youself !! »

 
La notion de « Personal Branding » est introduite en 1997 par Tom Peters, un spécialiste américain du management. Il s’agit d’appliquer des méthodes de communication et de marketing non plus à un produit mais à soi-même.
L’exemple le plus connu et fameux est sûrement celui d’Alain Affelou qui capitalise son nom pour vendre ses produits. Dans les années 1980, Affelou casse les codes de la communication en se mettant en scène dans la saga publicitaire : « il est fou Affelou, il est fou !»

Le personal branding : une norme du XXIème siècle ?
Attention, n’oublions pas que le « personal branding » est vieux comme le monde. Repensez donc aux rois qui travaillaient leur image avec leur peintre.
Aujourd’hui, les hommes politiques ont un tas d’experts en communication à leur disposition, on parle de « marketing politique », les entreprises ont toutes un service de communication, de marque employeur, etc…
Mais le Personal Branding n’est plus seulement réservé à une petite partie de professionnels : avec l’arrivée du web 2.0 (les blogs, les pages persos et bien sûr les réseaux sociaux) tout le monde peut « développer sa marque personnelle ».
Le « Personal Branding » est très proche de l’e-réputation car il s‘agit de gérer son image, son nom sur la toile. Qui n’a jamais réfléchi à la manière dont il allait formuler un statut, ou à quelle photo de profil choisir ?
Le web 2.O : outil extraordinaire ou nid à catastrophes ?

L’instantanéité d’Internet semble merveilleuse car elle permet une réactivité phénoménale, un impact très important, une visibilité et un partage de contenus très rapide. Mais  à la moindre faute d’orthographe, photo inappropriée ou contenu douteux, c’est la catastrophe.
Il faut donc une maîtrise parfaite : on doit y être actif et réactif. Ainsi, on remarque que le double usage des réseaux sociaux s’est multiplié : un usage récréatif et un usage professionnel. Donc, il y a bien ici une stratégie de gestion de son nom et de son image.
Certains twittent de manière anonyme et possèdent un compte LinkedIn très complet. L’un n’empêche pas l’autre.
Ainsi « l’individu 2.0 » s’organise autour d’une double vie : la virtuelle et la réelle. Pour cela, rien n’est acquis. Cet individu est en perpétuel apprentissage du « comment communiquer » dans un monde immédiat qui ne pardonne rien.
On apprend tous de nos erreurs.
Où en est le Personal Branding aujourd’hui ?
Aujourd’hui, exister numériquement devient une norme. En effet, qui ne vous dit pas que vous vous tirez une balle dans le pied en n’ayant pas de compte Viadeo ou LinkedIn ?
Pour être plus fort, il faut des soutiens d’experts, donc se constituer un réseau. C’est bien lui qui permet d’exister numériquement et cela les réseaux sociaux l’ont bien compris. Rappelez vous de la campagne « BrandYou » lancée par LinkedIn en 2010. Un groupe avait été créé pour échanger avec des experts et un jeu ludique permettait d’évaluer votre attractivité sur le réseau.
La devise : « Understand how to brand yourself ».
Effectivement, savoir gérer son image et son nom sur la toile, mettre en avant ses compétences, expertises et expériences est devenu un passage presque obligé pour les étudiants en recherche d’emplois ou de stages par exemple.
Tout le monde doit avoir LinkedIn/ Viadeo, Facebook, Twitter, Google +… Pourquoi ? Pensez aux recruteurs qui n’ont plus du tout de CV papier entre les mains car tout se fait sur la toile : ils ne sont pas si marginaux !
Le problème du Personal Branding chez les jeunes est le suivant : comment se distinguer si l’on fait tous pareil et qu’on est tous sur les mêmes réseaux ?
Si le Personal Branding est partout, il faut « sortir du lot », être original :
En voici un exemple parmi tant d’autres :

N’oubliez pas chers Curieux, Internet c’est la visibilité à portée de clic. Alors soyez créatifs et intelligents dans l’usage de votre image et de votre nom sur la toile.
 
Sophie Cleret
Sources :
Commentcamarche.net
LesEchos.fr
Crédits photos :
36creative.com
20 Minutes
Makemelaugh.com

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Jacques a dit : (dés)enchante toi avec WestJet !

 
Vous l’aurez sûrement remarqué, la visibilité des compagnies aériennes pullule au sein de notre société et notamment lors des fêtes de fin d’année.
Tout est bon pour concurrencer ses adversaires dans cette course effrénée à la recherche de clientèle et de la fidélisation de celle-ci.
On ne peut que penser à la dernière trouvaille de la compagnie aérienne WestJet, qui cela va sans dire, est l’une des plus belles opérations de Noël pour cette fin d’année 2013.
Le buzz WestJet Christmas Miracle :
Avant l’embarquement pour les vols de Toronto et d’Hamilton vers Calgary, les passagers ont eu la surprise de pouvoir parler au Père Noël et lui confier leurs envies de cadeaux de fin d’année.
A l’arrivée, au lieu de récupérer uniquement leurs bagages sur le tapis prévu à cet effet, les passagers ont eu la chance de trouver également des cadeaux à leurs noms, contenant tout ce qu’ils avaient demandé.

Un processus de création bien rodé :
 Richard Bartrem, Vice-President des communications et relations communautaires de WestJet explique que cette opération avait pour but de transmettre la culture d’entreprise de la compagnie aérienne basée sur un esprit de partage, de sympathie et d’attention.
 Ce projet, réalisé avec l’agence Studio M, a débuté en août dernier et a pu être mené à bien avec l’aide de 150 employés de la compagnie et par le biais des nouvelles technologies, notamment grâce aux bornes d’enregistrement équipées de scanner et à l’utilisation de quelques 200 caméras cachées.
 En plus de créer une interaction très personnalisée avec sa clientèle, WestJest va plus loin en promettant de soutenir l’organisme Ronald McDonald Canada, dès que la vidéo de cette opération aura atteint les 200 000 vues sur Youtube.
En effet, la compagnie s’est engagée à fournir des vols gratuits à l’organisme dédié aux familles d’enfants atteints de maladies graves ou de handicaps afin qu’ils puissent passer un meilleur Noël.

Réel partage ou simple coup marketing ?
Alors que la compagnie aérienne prône sur son site internet que : « Chez WestJet, nous avons toujours pris soin des gens qui nous entourent et nos investissements dans les collectivités en sont un bon exemple. »
 On peut tout de même se demander si cette belle opération n’est pas qu’un simple coup marketing afin d’améliorer et de développer le capital sympathie de la marque. En effet, des opérations similaires, déjà mises en place par les compagnies aériennes Spanair et KLM en 2010, avaient montré leurs preuves. Certes, un buzz moindre que chez WestJet mais qui leur avaient permis, tout de même, un joli coup de pub !
A l’heure de l’apologie de la consommation, toutes les entreprises, sans exception, sont en recherche constante d’une clientèle toujours plus importante.
Quoi de mieux que d’utiliser et mettre en avant sa propre clientèle pour la développer ? En effet, la compagnie aérienne WestJet a bien compris qu’un client heureux mais aussi multiconnecté peut-être un réel atout et un très bon investissement.
WestJet, par cette opération et la vidéo qui en a suivi, a réussi habilement à arriver à ses fins en plaçant bon nombre de sa clientèle comme ambassadeur de marque. Autrement dit, sa propre clientèle fera spontanément la promotion de la compagnie auprès de ses pairs consommateurs.
Cet avènement est d’autant plus important grâce à l’usage grandissant des réseaux sociaux. Ainsi ce nouveau marketing viral permet une plus grande visibilité, une meilleure communication de la marque et ce à moindre coût.
Plus généralement, on peut donc se demander si un nouveau créneau publicitaire ne serait pas en train de s’ouvrir et de se développer à travers les individus eux-mêmes, de part leurs relations avec les réseaux sociaux ?
Adeline Reux 
Sources :
Iletaitunepub.fr
Marketing20.fr
Westjet.com

protestation contre les tests sur les animaux
Archives, Environnement

Jacques a dit : vert-ueux ?

 
Le phénomène est loin d’être nouveau : depuis que certains consommateurs se sont rendus compte qu’ils n’avaient aucune idée de ce qui pouvait bien se cacher derrière la liste des composants inscrite sur le papier d’emballage, un besoin de transparence a vu le jour. Madame veut savoir ce qu’il y a dans son beurre pour le corps, Monsieur exige la traduction de mots obscurs comme « anthocyanes », « tartrazine » ou « sulfure de sélénium. »
Les différentes marques l’ont vite et bien compris. Loin de cantonner l’envie du bio à la population bobo parisienne, de nombreuses entreprises ont au contraire décidé d’alimenter la tendance et d’en profiter pour viser cette toute nouvelle population. Au point d’en faire un peu trop ?
Si la publicité éco-friendly a rapidement envahi les médias, il existe des marques qui, dès le début, ont choisi de jouer la carte de la transparence. Ainsi, Lush propose ses cosmétiques végétariens et « testés sur les Anglais » depuis 1994. Des noms d’ingrédients intelligibles pour tout être normalement constitué, une possibilité pour les clients de gagner un masque en ramenant cinq pots pour qu’ils soient recyclés, utilisation de la carte de l’humour so British jusque dans le nom des crèmes et des shampoings (Jasmine hair’oïne, Hot en couleur, Mieli mielo ou encore Les fleurs du mâle)… Tous les ingrédients sont réunis pour faire du bio hype et rigolo.
Cependant, Lush est aussi l’illustration d’une surenchère communicationnelle, ce qui lui vaut parfois un retour de bâton de la part des consommateurs, en témoigne la promotion de leur engagement pour la cause des animaux, qui donnerait presque à la marque l’image de filiale de la SPA. Par exemple, Lush s’oppose brutalement au gavage des oiseaux sur son site officiel ou lors de mises en scène dans certains magasins.

Il en va de même pour la dénonciation de la cruauté des tests sur les animaux, lorsqu’est exposée en vitrine une comédienne subissant les mêmes traitements. Autant de situations qui peuvent parfois choquer les clients et ne pas avoir les conséquences escomptées. Il en résulte une surenchère qui peut, à terme, lasser les clients vaguement adeptes du principe.

Le premier biais que rencontre l’éco-friendly dans la publicité actuelle découlerait alors de cette volonté des marques d’en faire toujours plus. Cela se vérifie d’autant mieux que la majorité des entreprises en question a décidé de surfer sur la vague de la com’ verte sans que leurs produits aient un quelconque rapport au bio.
Devant l’engouement pour les produits green, beaucoup d’annonceurs n’ont eu d’autre choix que de prendre ce tournant, ou du moins faire semblant. Est apparu alors un nouveau phénomène, celui de « greenwashing » (traduisez « écoblanchiment »). Le concept est assez basique : prenez un bien de consommation qui n’a pas la moindre qualité écologique apparente et faites en sorte qu’il apparaisse au contraire comme le dernier-né tout beau tout bio.
Si le consommateur est fatigué de voir du vert partout, c’est bien parce qu’il s’agit d’une véritable tendance actuelle : l’air du temps est au sauvetage des arbres et des bébés phoques. Les marques cherchent à verdir leur image.
L’OIP (l’Observatoire Indépendant de la Publicité) donne d’ailleurs un classement des pires campagnes en termes de greenwashing, aux rangs duquel figurent Le Chat, Mercedes, Audi ou encore Herta. L’OIP analyse les différents procédés auxquels a recours  la publicité : certains mots induisant le consommateur en erreur, la composition graphique, l’absence de preuves ou simplement l’exagération de la composante verte du produit.  La possibilité est également donnée aux internautes de voter ou bien même de créer leur propre publicité mensongère sur le site.
Entre une surabondance de bonne volonté – qui entraine parfois un ras-le-bol des consommateurs – et la mise en avant parfois illégitime de produits loin d’avoir l’étiquette bio, il semblerait possible que le verdure… pas tant que ça.
Annabelle Fain
Sources
Stratégies
MPJ2009
Observatoiredelapublicité
Dailymail
Lush
Crédits photos
Dailymail
Lush
Animaux

Bitstrips par Clémence
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Bitstrips, une nouvelle manie(re) de raconter sa vie ?

 
Si vous l’ignoriez encore, Bitstrips n’est ni une plateforme frauduleuse de téléchargement, ni un mauvais porno.
Bitstrips, ce sont ces jolies tranches de vie sous forme de bandes dessinées que nos amis partagent allègrement et massivement sur les réseaux sociaux depuis bientôt un mois. Vous avez passé novembre dans une grotte sans connexion WiFi et voulez à tout prix rattraper votre retard ? Rien de plus simple.
1- Téléchargez l’application.
2- Créez votre avatar (vous avez tout intérêt à le faire plus grand, plus mince et plus musclé. Au mieux personne ne remarquera rien, au pire tout le monde pensera que vous êtes myope).
3- Choisissez une mise en situation, remplissez les bulles, trouvez un titre catchy.
Et voilà, le tour est joué !
Si Bitstrips est numéro 1 des téléchargements iPhone depuis le 7 novembre, l’application n’est pourtant pas une nouveauté. Créée en 2007 par le canadien Jacob Blackstock, cette interface marrante et accessible était déjà utilisée, en particulier par des professeurs pour rendre leurs cours plus ludiques. Pour son créateur, Bitstrips a vocation à devenir un nouveau moyen de communication. Ambitieux ? Oui. Un peu mégalo ? Aussi. Loin du compte ? Pas si l’on se fie à l’explosion du nombre d’utilisateurs depuis la sortie des applications mobile et Facebook : Bitstrips revendique aujourd’hui 20 millions d’utilisateurs, 55 millions de vignettes échangées et plus de 3 milliards d’utilisateurs exposés.
Le nombre grandissant d’abonnés sur Instagram et la chute des ventes de livres auraient pu nous mettre la puce à l’oreille : nous sommes une génération d’artistes (pour ne pas dire de feignants) et préférons communiquer en images plutôt qu’avec des mots. Pénélope Jolicoeur l’avait compris aussi, malheureusement nous sommes peu à être aussi doués qu’elle avec des crayons de couleurs et un stylo Bic noir.
Bitstrips, c’est une application gratuite, simple d’utilisation, les vignettes sont faciles à créer, elles se parcourent extrêmement rapidement sur un fil d’actualité et c’est bien là ce qui fait toute sa force. Bitstrips envahit tout, de la presse avec la publication dans L’Express des Fabuleuses aventures de Nathalie Kosciusko-Morizet dans le métro parisien à Pôle Emploi avec le CV, en image s’il vous plaît, du Suisse Tarik Dlala.

Pourtant l’application a une faiblesse : tout comme le Grand Big Mac, elle est victime de son succès. Les internets ne cessent de nous le prouver, le trop est l’ennemi du bien. Un mois à peine et nous frisons déjà l’overdose de bande dessinée, les puristes convulsent devant leur écran et ceux à qui il reste quelques forces se ruent sur des tutos expliquant comment faire disparaître Bitstrips de leur fil d’actualité. Nous le savons bien pourtant, que lorsqu’une tendance se propage trop rapidement, touche trop d’utilisateurs en même temps, devient visible partout, elle anéantit tous ses espoirs de pérennité et finit par imploser.
Petit Bitstrips a bien grandi, mais peut-être un peu vite. Il ne nous reste qu’à attendre patiemment le seuil où, las de tous nous mettre en scène dans les mêmes décors, nous ressortirons la mine contrite nos Bescherelle. Souhaitons également à Tarik Dlala de bien s’amuser en rédigeant son nouveau CV.
 
Clémence Lépinard
Sources :
Rue 89
Konbini
Melty Buzz
L’Express
Le blog de Penelope Jolicoeur

L'underground, mainstream ?
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Jacques a dit : « Que l’underground devienne mainstream »

 
Culture alternative, indé, expérimentale, élitiste dirait-on même, rebelle parfois… Ce qu’on a pu un jour désigner comme « underground » concentre une multiplicité de mouvements à contre-courant de la tendance culturelle et sociale principale ou traditionnelle. Ceux-ci se présentent ainsi eux-mêmes comme des déviants qui construisent leur propre identité culturelle en marge de la culture dite « mainstream », qui, elle, est associée aux médias de masse, diffusant des normes au plus grand nombre.
Parmi les mouvements underground les plus connus, on peut citer le punk, le mod, le gothique, le skinhead ou encore le techno, apparus successivement à partir des années 1950.
Si ces subcultures se sont toujours données des codes visuels bien particuliers afin de se distinguer de la « masse » (modifications corporelles, bijoux…), il n’est pas certain que ceux-ci soit encore perçus comme tels aujourd’hui.
Force est de constater que bon nombre de ces codes ont été repris et détournés au détriment de leur élitisme initial, pour se faire une place au sein de la culture « mainstream ». Observez donc votre entourage ou tout simplement les inconnus croisés dans la rue : combien de personnes tatouées, piercées, portant des vêtements déchirés ?
Si cette démocratisation d’éléments issus de mouvements indépendants est le résultat de plusieurs années de fermentation, il ne serait pas exagéré d’affirmer que l’on touche à son apogée et paradoxalement, à la banalisation de ce qui se voulait autrefois être rebelle.
En 2010, monsieur Lagerfeld introduit, dans son défilé pour la collection prêt-à-porter printemps/été de la prestigieuse maison Chanel, d’étranges bijoux qui se révèlent en réalité être des décalcomanies trompe-l’œil. Ce qu’il faut retenir de ce coup de maître, c’est la déviation d’un usage qui paraissait soit puéril (on se souvient des tatouages Malabar) soit non conforme, l’introduisant ainsi dans le monde du prêt-à-porter de luxe, géniteur des tendances qui vont se propager ensuite dans l’ensemble de la société.

Pour le printemps 2012, défilé haute couture cette fois, Riccardo Tisci fait porter des piercings nasaux d’une taille démesurée à ses mannequins pour la maison Givenchy. La machine est définitivement en route.
Les maisons de création ne sont sans doute qu’un des multiples agents influençant cette démocratisation de l’underground au sein d’une population massive. La normalisation des piercings et tatouages est presque aboutie aujourd’hui et ainsi l’argument du « Je ne trouverai jamais de travail » perd de son importance dans la mesure où le tatouage lui-même a gagné de plus en plus d’adeptes. L’image du salon de tatouage s’est, quant à elle, bien modifiée : à l’encontre du shop sombre et douteux de Bastille ou Châtelet se développent des lieux qui tiennent davantage du salon de beauté voire du cabinet de chirurgie esthétique et s’adressent à ce titre surtout à la population féminine (on peut citer Marty Tatoo, dans le 10ème arrondissement, plébiscité par des journaux tels que L’Express ou Elle).
Outre la mode, les événements culturels sont de très influents tremplins de tendances et se valorisent d’ouvrir à un public souvent peu initié les portes d’une subculture généralement vue à travers des clichés.
On peut ainsi citer l’exposition « Punk : Chaos to Couture » du Metropolitan Museum au printemps dernier ou encore « Europunk », actuellement à la Cité de la Musique. On ne peut s’empêcher de relever une certaine ironie à voir le punk, mouvement si contestataire et enragé, enfermé dans des cadres et vitrines de musée. Surtout lorsqu’on sait que des t-shirts déchirés ou cloutés, siglés Dolce & Gabbana, Rodarte ou encore Moschino, étaient vendus entre $150 et $750 à la boutique souvenirs du Met…
Cette exposition n’a, par ailleurs, sans doute pas été innocente au processus créatif du nouveau directeur artistique de la maison Saint Laurent Paris, Hedi Slimane, qui, pour sa collection automne/hiver 2013-2014, a concocté une silhouette que les journalistes mode se sont empressés de qualifier de « punk » ou encore de « grunge ». Non seulement l’analogie entre ces deux subcultures peut paraître incongrue dans une certaine mesure, mais on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’en dirait Sid Vicious ou Kurt Cobain, pour ne citer qu’eux…

Que tirer de cette vague de pseudo-rébellion sur les pratiques vestimentaires et de manière générale sur l’esthétisme des silhouettes de cette fin 2013 ? Rangers cloutées, crête colorée, bas résilles et chemise à carreaux, le dit « grunge/punk » actuel semble dénuer de symbolisme ces visuels autrefois porteurs d’une odeur de soufre, au mieux pour les banaliser, au pire pour les offrir en pâté aux reproductions et réinterprétations diverses des chaînes vestimentaires, le géant Zara en tête. Forte des phénomènes de mode et de leur diffusion médiatique, la culture de masse aurait-elle tué la culture underground ?
 
Charlene Vinh
Crédits photos :
Vogue Paris octobre 2010
Wildarts.com
Toutelaculture.com

Snapchat
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Jacques a dit : Snapchat tout ce que tu veux !

 
A l’instar de Facebook, immense réseau social fondé par le très jeune Mark Zuckerberg, Snapchat démarre comme projet d’étude de deux étudiants de Stanford : Evan Spiegel et Bobby Murphy. Il est lancé en septembre 2011 et très vite, début 2013, la société de capital risque Benchmark, prend le pari d’investir 13,5 millions de dollars dans la start-up, ainsi que Facebook qui tente de racheter l’application pour 3 milliards de dollars, des sommes qui en disent long sur l’enthousiasme que suscite cette invention.
Le fonctionnement est simple. Il s’agit d’un système de partage de photos et de vidéos, que l’on envoie à un cercle d’amis – des contacts que l’on ajoute – comme sur Facebook ou Instagram. Ce qui diffère radicalement cependant, c’est qu’une fois la photo prise, sa durée de visualisation est modifiable de 1 à 10 secondes par l’expéditeur et « l’existence » de l’image ou pour ainsi dire sa conservation, est limitée pour le destinataire.
Comment interpréter les différents enjeux de ce média apparemment innovant qui promeut le côté éphémère des publications en sous-entendant une sécurité des données ?
En 2013, il semblerait que la photo communique plus de chose que les mots. Que ce soit sur Facebook ou sur Instagram, les images dominent et inondent la page d’actualité.
Sur Snapchat, le modèle se différencie en ce qu’il possède un caractère éphémère, trait particulièrement recherché chez les utilisateurs en quête de sécurité et de confidentialité. Dans un monde où toute donnée est conservée, les internautes craignent la divulgation d’informations personnelles, de laisser leur image sans aucun contrôle ou de se voir trahis par des photos compromettantes qui, une fois postées sur la toile, n’y seront pas retirées de sitôt. La disparition en quelques secondes de ces dernières est donc la panacée pour bon nombre d’addicts au partage compulsif de photos.
Snapchat a trouvé la solution : partager, puis supprimer. Le fait de ne pas garder de traces outrepasse l’autocensure que chacun se pose à soi-même. Il en ressort une plus grande liberté dans la prise d’images et la spontanéité n’en est que plus accrue. Avec Snapchat, les barrières n’existent plus, chacun n’envoie que ce qu’il contrôle et ne reçoit que ce que l’émetteur a choisi de lui faire parvenir. Plus question de tags, ni de profil visible pour 200 ou 300 « amis », il n’y a un lien qu’entre l’émetteur et le récepteur, tous deux avec la même volonté : faire partager des instants de vie sélectionnés et envoyés sans crainte.
Le paradoxe est notable : la photo en temps qu’objet, qui n’en est déjà plus un avec les nouvelles technologies, n’est donc plus faite pour être conservée, mais doit absolument être supprimée. Il n’est donc plus question de souvenirs, mais de flux constants de partage en quelque sorte.
De nos jours, tout semble pouvoir être partagé, sans limites. Innombrables sont les internautes capturant chaque moment de leur vie. Comment faire la distinction entre ce qui doit ou non être posté?
Le monde est saturé d’images et Snapchat n’est qu’une application de plus tournant autour de la monstration. Dans la prise de photo, même confidentielle ou éphémère, le côté voyeur est sous-jacent. Et Snapchat ne fait qu’accroître cette tendance. Le voyeurisme est occulté par le sentiment de confiance diffusé par l’application et incite donc inconsciemment les utilisateurs à prendre de plus en plus d’images sans censure, et ainsi perdre peu à peu toute perception d’intimité.
Snapchat veut se différencier des autres médias. Par la suppression de chaque photo envoyée, l’application donne une certaine garantie de sécurité, mais pour combien de temps encore ? Et peut-on véritablement parler de sécurité sur internet ?
En effet, tout utilisateur, même le moins aguerri, sait comment faire une capture d’écran : communément appelé un « screen shot ». Cette fonction neutralise en partie l’aspect éphémère dont l’application se targue. En envoyant une image, même à des amis, qui soit dit en passant, ne le sont parfois pas réellement, la capture d’écran est incontrôlable.
Comment savoir si le récepteur va photographier l’image que l’on envoie, comment alors juger ce qui se doit d’être éphémère ou ne pas l’être ? Comment maîtriser la notion de propriété ? Lorsqu’un utilisateur fait une capture d’écran d’une photo, cela est signalé à l’envoyeur, mais il est alors trop tard, et l’envoyeur n’est plus le seul en possession de sa photo qui devait, au départ, disparaître à jamais.
De plus, très récemment, une nouvelle fonctionnalité « Snapchat Stories » est apparue, discréditant le fondement même de l’application. On peut en effet conserver l’historique commenté de nos photos, en illimité pendant 24 heures. Même si les destinataires peuvent être sélectionnés et limités, ce qui restreint grandement la diffusion de ces photos, le système commence à changer. À partir de là, il est difficile de ne pas penser au géant Facebook, qui est passé d’inoffensif réseau social à vendeur d’informations à destination de la publicité ou encore de la NSA.
Les snaps sont effacés très rapidement après leur ouverture et après 30 jours s’ils n’ont pas été lus. Mais Micah Schaffer, chef de la confiance et de la sécurité chez Snapchat a avoué, il y a peu, avoir dû fournir certaines photos aux autorités dans le cadre d’enquêtes. Est-ce un bien ou un mal ? À chacun de juger en fonction de ce qu’il décide d’envoyer.
Snapchat est divertissant, innovant, tout beau, tout nouveau. Pour le moment. Comment savoir en effet si la NSA n’est pas en train de collecter les quelques 350 millions de clichés pris par jour ? Personne ne pourra se plaindre a posteriori, les cas Facebook et LinkedIn ayant fait assez de bruit comme cela, mais ce qui est certain c’est que la servitude à ces applications, toutes autant qu’elles sont, est en réalité tout à fait volontaire.
 
Agathe Gindele
Sources :
Le site Clubic.com

Consommation collaborative
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Jacques a dit : du green et du Sharing !

 
Un désir à l’initiative des consommateurs… qui n’est pas si nouveau
Le désir d’une consommation renouvelée chez le consommateur – qui obéirait à de nouveaux codes à la fois dans ses objets et dans ses modes – n’est pas une nouveauté : le commerce équitable et le développement du bio sont des phénomènes bien ancrés chez le consommateur depuis les années 2000. La rentrée 2013 est toutefois riche en expériences innovantes pour répondre à ces nouvelles requêtes que sont le décloisonnement et la ré-humanisation de la consommation, la recherche d’une consommation plus locale (les « locavores », les SEL…), plus engagée et qualitative. Il s’agirait en même temps de faire respirer ces lieux de grande consommation que sont les centres commerciaux, grands magasins, grandes surfaces… considérés comme « anxiogènes » par les Français.
La « Sharing economy » et le consommateur-vendeur
Et la réponse doit être rapide. En pratique, la vente à domicile, le recyclage, et particulièrement le « sharing » (économie du partage) sont des modes de consommation bien installés, les consommateurs n’ayant pas attendu les marques pour organiser une consommation collaborative d’ampleur. Loin d’être un phénomène de mode, ce nouveau type de consommation est au contraire voué à se développer dans les prochaines années.  Définie comme une « une pratique qui augmente l’usage d’un bien ou d’un service, par le partage, l’échange, le troc, la vente ou la location de celui-ci, avec et entre particuliers » par l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie (ADEME), la consommation collaborative est bien le corollaire de la crise économique qui favorise la recherche de produits moins coûteux. En parallèle, la consommation responsable explique aussi  la montée des préoccupations écologiques dans l’acte d’achat. Pour reprendre l’économiste américain Jeremy Rifkin, le principe de l’économie de « l’accès » expliquerait ce nouvel engouement : la notion de propriété dans l’univers des consommateurs s’efface au profit de la notion « d’accès », en lui-même, aux biens et aux services. Dans ce contexte, la consommation collaborative s’érige comme une tendance sociétale importante, créatrice de lien social, que les entreprises se doivent alors de prendre en considération.

Quelles réponses du côté des plateformes communautaires et des marques ?
Mais quelles sont les conséquences pour les entreprises en mal de digital ?
La consommation collaborative constitue une niche formidable en termes d’opportunités et de business. Des plateformes digitales l’ont vite compris et se sont déjà multipliées pour permettre au consommateur de s’improviser vendeur. Les exemples sont nombreux et il serait inutile de développer l’exemple du déjà célèbre site Covoiturage.fr devenu Blablacar.fr. Mais le concept ne s’arrête pas au covoiturage : l’économie du partage s’installe dans toutes nos habitudes. Citons à ce titre Airbnb qui permetde louer une de ses chambres, ou encore Walmart qui propose à ses clients de livrer eux-mêmes les commandes réalisées par leurs voisins, en échange de bons de réductions et de cadeaux.
Mais qu’en est il des marques non dédiées au digital ? Celles-ci se sont attelées, pour certaines, à leur propre « recyclage ». Dans les faits, cela se traduit par la « végétalisation » des lieux de consommation, la sacralisation du « rooftop » comme le lieu dédié au carré de verdure dans l’espace urbain. L’exemple récent du centre commercial Beaugrenelle, ouvert le 23 octobre dernier, atteste bien de la prise en compte de cet impératif : du vert (7000m2 de toits végétalisés) et des lieux de partage, de sociabilité, spécialement dédiés au consommateur au sein du centre. Le BHV Marais, qui a fait entièrement peau neuve, propose de réinventer la quincaillerie en abandonnant ses rayons du multimédia pour des espaces dédiés au bricolage, art créatif et cuisine, afin de rassembler les adeptes (de plus en plus nombreux) de l’écologie et du « Do It Yourself ». Ainsi, le consommateur récupère, répare, fabrique, grâce à des ateliers à sa portée. Ikea ou encore H&M sont d’autres exemples de ce désir d’afficher une bonne conscience citoyenne chez la marque, en récupérant des meubles (« Donnez une seconde vie à vos meubles ») ou des vieux vêtements. Fait étonnant enfin, le moteur de recherche Ecosia lancé en 2009 à Berlin, qui reverse 80% de ses revenus publicitaires pour la protection de la forêt tropicale : ses remaniements et sa version française sont censés lui permettre, à terme, de planter 1 million d’arbres en 2014… Pas bête.
Que penser finalement de ces innovations « green », dédiées au renforcement du lien social, mais un peu fourre-tout ? Un risque d’essoufflement est à craindre du côté des entreprises : pour survivre et continuer à se développer, elles devront être en capacité de créer encore et toujours des expériences productrices de lien social. Attention enfin, ce n’est pas en instituant une « ville verte » de façade que l’on sauvera l’écologie. Là encore, l’entreprise de demain doit travailler au service de la ville et innover en terme de trio « végétal/social/urbain ».
 
Céline Repoux
Sources :
Influencia.net
Lesechos.fr
Lefigaro.fr
Ecocitoyens.ademe.fr
Pour aller plus loin :
La vie share – mode d’emploi, d’Anne-Sophie Novel

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Le Thigh Gap par Eleonore Péan
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Jacques a dit : Et mon thigh gap, tu l'aimes mon thigh gap ?

 
Le thigh gap, il y a celles qui l’ont… et celles qui le veulent. Véritable raz de marée depuis quelques mois sur les réseaux sociaux, on ne finit pas, sur la toile et ailleurs, de voir s’étaler photos, conseils, exercices minceur, mises en garde, ou encore bashing de la fameuse pratique. Chez les adolescentes, depuis plusieurs mois déjà, il est l’objectif suprême, le saint Graal. Les réseaux sociaux en sont le terrain de jeux privilégié : Facebook, Twitter, Instagram, Tumblr, Pinterest, aucun n’échappe à la vague.
Le thigh gap dans son plus simple appareil

Communément décrit comme l’écart qui sépare le haut des cuisses en position debout (les pieds joints), on pourrait le placer sans céder aux raccourcis comme le descendant glamour de la lignée pro-ana, aux côtés de ses amis #Thinspiration, #Fitspiration ou encore #Ana-mia (comprenez Anorexia-Boulimia). Seulement voilà, derrière ce thigh gap se cachent des techniques qui relèvent, disons le clairement, de la torture. Parce qu’effectivement, manger des cotons imbibés de confiture ou des glaçons pour tromper la satiété, c’est donner une toute autre dimension au mot « originalité » ; pour autant, ça n’en reste pas moins une pratique qui mériterait d’être remise en question, de par sa singulière ressemblance avec les « astuces » des pro-ana. Sur Twitter, @Chiboui a beau dire qu’ « une fille anorexique c’est horriblement moche mais le thigh gap c’est trop beau », le chemin pour y arriver reste le même. On découvre d’ailleurs avec stupéfaction sur le même réseau que certaines continuent d’arborer leur poids en pseudo, tout en martelant des encouragements… dont elles sont les uniques destinataires.

Les réseaux sociaux, des nids d’épidémies ?
Sur Internet, plus question de se comparer à ses copines ; aujourd’hui sur Tumblr, c’est avec le mannequin le plus en vue du moment que vous entrez en rivalité. Cara Delevigne, Snejana Onopka, autant de comptes Twitter qui ont de quoi faire rêver des ados complexées à l’ère numérique de l’obsession de soi. Difficile alors de ne pas faire le rapprochement entre la publication régulière de ses photos (très) personnelles et l’exhibitionnisme. Non sexuel, peut être, mais un exhibitionnisme de groupe qui ancre un mouvement et imprime sa norme au reste des utilisatrices. Parce que toutes ces photos sont autant de potentiels déclencheurs pour les non initiées. Au début, il y a une photo, un idéal peut-être, une comparaison. Puis un complexe, une humiliation, une adhésion. Une adhésion qui pour certaines se révèle adopter une maladie comme mode de vie, une vie où l’on comptabilise chaque calorie ingérée, où l’on se pèse 10 fois par jour, où l’on s’enferme dans une quête dont le moteur ne tient qu’à un nombre de followers ébahis devants les résultats, mais incapables de vous raisonner. Un programme somme toute assez ahurissant, d’autant qu’il séduit des filles de plus en plus jeunes, n’excédant pas les 11 ou 12 printemps.
Et les réactions de la plèbe dans tout ça ?
Dans les médias, la pratique se retrouve largement décriée par les médecins, qui voient en cette quête de la minceur une porte ouverte à l’anorexie mentale. Ils rappellent d’ailleurs que cet attribut dépend en réalité de la morphologie de chacune – certaines, aussi minces soient elles, ne pourront jamais obtenir le précieux écart ! –
Sur les réseaux sociaux, rien n’y fait : ni les détracteurs, ni les tentatives des plateformes d’interdire certains hashtags ou mots clés, comme #anorexia ou #thinspiration. Un engagement qui mérite pourtant d’être salué, qu’il s’agisse d’une action sociale, ou simplement de la volonté de se protéger de l’image peu valorisante qu’apporte une telle publicité. Malheureusement, ces mesures n’auront su arrêter le phénomène, Internet ayant cette précieuse faculté de donner libre champ aux opprimés sur les forums périphériques, blogs perso, ou autres espaces difficiles à surveiller.
Chez les stars, Robyn Lawley, la célèbre mannequin australienne taille 42, a tiré la sonnette d’alarme cette semaine. Elle monte au créneau alors qu’il y a un peu moins d’un an, une photo d’elle en lingerie s’est retrouvée sur une page Facebook « Pro thigh gap ». Commentaires humiliants, insultes, autant de mots inacceptables qu’elle condamne dans une interview fin octobre 2013. Elle y déclare vouloir « des cuisses plus grosses et musclées […] nous voulons toutes des choses différentes, mais les femmes ont déjà suffisamment de pression pour avoir à subir en plus la pression d’avoir un thigh gap ».

Endiguer le phénomène, mais comment ?
Face à la dangerosité d’une telle mode et surtout à la vitrine que constituent les réseaux sociaux pour la diffuser, de quels outils disposons-nous ? En 2008, pour tenter d’enrayer le courant de l’anorexie, le Ministère de la Santé a signé une charte d’engagement volontaire et d’interdiction de l’apologie de l’anorexie sur Internet, sans plus d’effet que la campagne de pub qui avait mis en scène Isabelle Caro (décédée depuis) sous l’objectif d’Oliviero Toscani. Cette campagne de sensibilisation avait suscité un vif débat (publicité retirée de l’espace public à Milan car son affichage coïncidait avec la semaine de la Fashion Week), mais sans notable changement des mentalités.
En 2010, le CNRS s’est intéressé à son tour à l’incidence du réseau social sur l’épidémie des troubles alimentaires, en effectuant une étude sociologique comparative de sujets ana-mia en France et aux Etats Unis, à travers une restitution de leurs réseaux sociaux en ligne et hors ligne, en vue de la conception de campagnes d’information et de politiques d’intervention en matière de santé publique.
Quand on sait qu’en mars 2013, The Lancet a publié une étude prônant la stimulation cérébrale profonde – en d’autres termes, des électrodes dans le cerveau – comme traitement de l’anorexie, on redoute la suite. À mode extrême, solutions extrêmes ?
 
Eléonore Péan
Sources :
L’étude de l’Institut Interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain sur la sociabilité « Ana-Mia »
TheDailyBeast – Interview de Robyn Lawley
La Nouvelle Edition du Grand Journal du 29/10
L’étude parue sur The Lancet, revue scientifique médicale britannique
Photos :
Une – Journald-unerondeastucieuse
Photo Robyn Lawley – The Daily Beast

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Jacques a dit : Stop au massacre de la presse écrite

 
Tout commence en Juillet dernier, lorsque la Commission Européenne décide de ne pas renouveler l’appel d’offres pour la gestion du site multilingue Presseurop.eu qu’elle finance entièrement. En 2009, Courrier International avait contribué à la création de ce site unique en son genre[i], et en avait la gestion depuis 5 ans. C’est ce manque-à-gagner pour le magazine estimé à 2,5 millions d’euros par son président Antoine Laporte (soit 10% de son chiffre d’affaire) qui a entraîné, le 10 octobre dernier, l’annonce d’un plan de licenciement.
11 journalistes étaient dédiés au site Presseurop.eu au sein de la rédaction mais, sa fermeture[ii] ayant eue des conséquences sur le groupe tout entier (selon Antoine Laporte), 26 postes seraient concernés au total, correspondant au tiers de l’effectif du magazine, tous services confondus.
Pourtant, Courrier International est loin d’être mort : même si les ventes au numéro ont enregistré une baisse de 17% fin septembre 2013 par rapport à septembre 2012, le nombre d’abonnés est en hausse (+ 120 000 environ). Quant aux abonnés purement numériques, leur nombre a fait un bond de plus de 40% sur un an, atteignant le chiffre de 7000. Par ailleurs,  Antoine Laporte lui-même reconnait que « le journal est en bonne santé, les abonnements sont en hausse, la publicité est dans les clous du marché » et que « côté numérique, la publicité et les abonnements sont en croissance ».
Alors, pourquoi une telle décision a-t-elle été prise? Aucune annonce officielle n’est venue clarifier la position de la direction (rappelons que le magazine appartient au groupe Le Monde) malgré la grève générale qui a conduit à l’absence en kiosque d’un des derniers numéros (daté du 17 octobre). Cela faisait 23 ans que ce n’était pas arrivé ! Le mouvement de protestation a également conduit à la paralysie du site Internet ainsi que des comptes Twitter et Facebook de l’hebdomadaire pendant quelques jours.

Les fidèles du magazine se sont pourtant mobilisés en masse : des groupes de soutien ont été créés sur Facebook (10 000 « like » pour le plus important), des illustrations ont été envoyées par des dessinateurs du monde entier, et un hashtag dédié a même vu le jour sur Twitter (#SauverCourrier).
On pourrait rétorquer qu’il faut, pour qu’un journal payant puisse continuer à exister, qu’il apporte un point de vue, un commentaire ou un ton véritablement novateur sur l’actualité par rapport aux gratuits. Or, quel autre journal est mieux placé pour le faire que Courrier International? Pour le moins atypique dans le paysage médiatique français, il a la particularité de traduire et regrouper des articles issus du monde entier. Unique en son genre, il permet ainsi aux lecteurs d’adopter un point de vue différent sur des sujets pourtant actuels, tout en quittant l’actualité franco-française rabâchée dans le même temps partout ailleurs. Les salariés ne sont plus en grève depuis le 22 octobre dernier, même si aucun compromis ne semble avoir été trouvé.
Quelques jours plus tard, l’on apprenait grâce à l’AFP que Lagardère Active souhaite se séparer d’une dizaine de titres (dont Be, Auto Moto, Campagne et Décoration, Le Journal de la Maison, Maison & Travaux, Mon Jardin Ma Maison, Psychologies Magazine, Union, Première et Pariscope) pour recentrer son activité autour de ses marques phare : Elle, Paris Match et Télé 7 Jours entre autres. Ici, le chiffre fait froid dans le dos : 350 emplois sont menacés, puisque les magazines qui ne seront pas repris seront purement et simplement supprimés. Cette annonce a été suivie par une grève générale et à un arrêt de travail de la part des salariés, qui pourrait également mener à l’absence de certains titres en kiosque. Rappelons que Lagardère Active est le premier groupe de presse magazine en France et qu’il a réalisé en 2012 un chiffre d’affaire de 1,014 milliards d’euros.
Les hebdomadaires comme Courrier International et les magazines ne sont pas les seuls touchés, puisque Ouest France, premier quotidien national (avec 750 000 exemplaires) prévoit également de procéder à plus d’une centaine de suppressions de postes, sous forme de départs volontaires.
Toutes ces annonces s’inscrivent dans un contexte devenu malheureusement bien connu, puisqu’on parle de « crise de la presse » française mais aussi européenne –The Guardian, El Pais ou encore Frankfurter Rundschau sont en grande difficulté. Ainsi, il existait 30 quotidiens français jadis, il n’en reste que 7 aujourd’hui (avec la disparition l’année dernière de France Soir et de La Tribune).
Il faut donc plus que jamais nous interroger sur la nécessité de trouver un nouveau modèle économique viable pour l’ensemble de la presse écrite, quelle que soit sa périodicité. Les investissements doivent être nombreux : Ouest-France met actuellement en place un « laboratoire » d’une dizaine de personnes qui sera en charge du lancement de nouveaux produits sur la toile. Le quotidien souhaite aussi créer une « newsroom », afin que les informations puissent être reçues et circuler plus rapidement : la notion de temporalité est au cœur de la problématique actuelle. A l’heure où la multiplication des écrans et des supports de transmission de l’information dépasse tout ce que l’on aurait pu prévoir, il faut impérativement que tous les acteurs majeurs de la presse écrite s’adaptent au virage -pour le moins brutal- du digital et mettent en place des outils correspondants. Les enjeux sont énormes, et il en va de l’avenir de la presse tout entière.
 
Elsa Mahouche
Sources :
Huffingtonpost.fr
Lesechos.fr
Boursorama.com
Lacroix.com

Image de Une :
Joe Magee
 

[i] Presseurop.eu publie une sélection d’articles tirés de la presse européenne et internationale sur la politique, la société, l’économie, l’environnement, la culture et la perception de l’Union européenne dans le monde. Le site est éditorialement indépendant et fait partie d’un projet de la Commission européenne qui vise à créer des réseaux d’information européens multilingues sur les principaux supports (Internet, radio et télévision)

[ii] Sa fermeture effective prendra effet le 31 décembre 2013

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Jacques a dit « Vapotez ! » (ou pas ?)

 
Chers curieux,
Vous avez tous entendu parler de la cigarette électronique. Cet appareil composé d’une capsule remplie d’un liquide, d’un système de chauffage et d’une batterie.
Qu’y a-t-il dans ce liquide ? De l’eau, des arômes divers et parfois de la nicotine à différentes concentrations. Elle a été créée à la base comme substitut à la cigarette qui aujourd’hui tue environ 50% de ses fidèles consommateurs -ce qui est une intention plus que louable ; en plus d’être dite moins nocive, elle est aussi économique. En effet, le prix d’une e-cigarette varie entre 40 et 150 euros et celui d’une recharge entre 5 et 8 euros. Or une recharge représente l’équivalent de quatre paquets de clopes. Donc, côté fumeurs on se réjouit !
Mais la cigarette électronique, plus qu’une « aide » au sevrage tabagique, constitue un business en plein boom. Le chiffre d’affaire aux Etats-Unis de 2013 est estimé à 1,7 milliards de dollars. En France, on compte 500 000 « vapoteurs », et plus d’un million ont déjà essayé.
Et si la majorité de l’offre se trouve sur internet, le nombre de boutiques spécialisées se multiplie de manière exponentielle.
Entre substitut, alternative fun ou mode « bobo », la cigarette électronique est partout. A croire que tout le monde « vapote » en toute tranquillité. Et pourtant, elle fait parler d’elle, comme l’ont montré les débats houleux au Parlement Européen ce mois-ci. Elle est l’occasion de discours virulents « contre », et de manifestations « pour » comme en témoigne cette photographie tirée de Libération

Personne ne semble d’accord mais tout le monde a une opinion.
L’e-cigarette est une préoccupation de santé publique mais aussi politique car ne l’oublions pas un « vapoteur » reste un électeur.
Le fait est que la cigarette électronique se passe bien de bonne presse, car si sa publicité est interdite, le bouche à oreille semble très efficace. Si la vente aux mineurs est interdite, regardez la sortie des lycées et même des collèges…
Il semble que ni débats, ni réticences n’empêchent de vapoter.
Le véritable problème réside dans le flou et l’ambivalence qui planent autour de la cigarette électronique. Elle n’est pas un médicament alors que les produits qui contiennent de la nicotine ne sont mis sur le marché que sous l’étiquette « médicament ».
Elle se présente comme une alternative moins nocive à la cigarette, mais comment croire à une préoccupation de santé publique quand on sait qu’aucune étude scientifique n’en a prouvé l’efficacité pour arrêter de fumer la cigarette classique ?
La dangerosité du produit est aujourd’hui mal évaluée, de nombreuses erreurs d’étiquetage concernant le dosage ont été décelées.
Et cette ambivalence n’est pas sans incidence sur les stratégies de communication à adopter.
N’est-ce pas plus agréable de commander une cigarette électronique rose à paillettes goût melon que d’aller à la pharmacie acheter un patch? Choisir une e-cigarette devient presque aussi dur que de choisir son téléphone portable tant le choix des couleurs et des formes est différent. Tout est dans le design.
En effet, on n’achète pas un médicament, mais plutôt un accessoire esthétique.
Ne faisons pas les innocents, le large choix des « arômes » séduit en général un public jeune et plutôt féminin. Ceux-ci constituaient déjà la cible des cigarettes classiques au chocolat, les Pink Lady… Alors véritable progrès ?
Ainsi, ce flou profite à ce marché et participe à une redéfinition des arguments de vente et de l’image du produit : la cigarette électronique née comme substitut, devient une alternative fun, respectueuse (fini de déranger son voisin avec sa fumée) et même esthétique…
Quand fumer est « has been », « vapoter » devient branché et ça les grands groupes comme Marlboro, British American Tobacco l’ont compris et commencent à développer et commercialiser leurs propres modèles d’e-cigarettes.
Mais alors santé ou business en premier ?
 
Sophie Cléret
Sources :
http://www.fagg-afmps.be/fr/news/news_cigarette_electronique_2013_04.jsp
http://www.liberation.fr/societe/2013/03/05/fausse-cigarette-de-la-fumee-sans-feu_886567