Les Fast

The Creation of Youth

Cette semaine a eu lieu la projection du film « Teenage » à la Gaité Lyrique sur l’histoire des sous-cultures adolescentes du XXe siècle. Je suis allé voir ce film qui fait suite à l’essai passionnant de Jon Savage Teenage : The Creation of Youth.
La semaine dernière encore, les lyrics des rappeurs U.S vibraient sur des rythmes de trap musique sur-vitaminé. Les jeunes parisiennes se déhanchaient sur les morceaux gangsta de Compton mixé par Brodinsky. Étrange. Et là encore, elles ne pouvaient pas être sérieuses, j’essayais de voir en elles des versions féminines de Chief Keef mais en vain.
Le fait est qu’on le retrouve partout, ce concept d’ironie qui semble coller à la jeunesse des 10 dernières années. Les sous-cultures ne durent plus et les NTIC semblent être devenue l’instrument du doute identitaire de la jeunesse. Les sous modes se propagent vites sur la toile, ce qui était subversif hier est vite ringard demain. Pas étonnant que les hipsters ne se considèrent plus comme tel. On est nous même mais pas trop non plus. Alors, difficile en 2014 de porter des convictions sur internet. Comme si la grande diffusion de nos opinions nous forçait à une distanciation de soi.
Le normcore, qu’il soit fanatise des médias jeunes ou réalité sociale, vient signaler un malaise de notre jeunesse. Il semble qu’il faille à tout prix disparaître, se fondre dans une masse indifférenciée. Alors, au regard de cette semaine, je vous demande ce qui restera de notre jeunesse ?
Arnaud Faure
Sources :
Libération
Gaité Lyrique
Jon Savage The Creation of Youth, Viking Books, 2007
Crédit: Steven Martin depuis leTeenage Flick’r group. Photo prise à Pompano Beach FL, USA 1993

Les Fast

La database du selfie

Le selfie, cet autoportrait 2.0, fait depuis quelques mois l’objet d’un usage massif et développé sur les réseaux sociaux. C’est dans ce contexte de popularité du selfie qu’a émergé le projet « Selfiecity », une étude scientifique visuelle ayant pour ambition d’étudier cette pratique de sous l’angle de la recherche et de la science.
La méthode : des savants ont ainsi rassemblé et analysé des milliers de selfies trouvés sur Instagram, provenant de cinq villes différentes (Moscou, Berlin, Sao Paulo, New York et Bangkok) pour élaborer une véritable database des types de selfies à travers le monde. Les résultats de la recherche soulignent par exemple l’adoption d’un certain angle d’inclinaison de la tête selon les pays et le type de population.
L’objectif : comprendre le phénomène du selfie et tenter de produire des connaissances sur la fonction des images que nous publions sur les médias sociaux en général. « Selfiecity » se veut être un projet de recherche scientifique qui vise à se détacher de tout jugement de valeur (notamment l’a priori selon lequel le selfie serait le signe d’un narcissisme générationnel) pour l’étudier comme un moyen de communication et comme un fait social comportemental à part entière (nous reproduirions les normes sociales et comportementales qui nous entourent). L’initiateur du projet, Lev Manivich, conçoit le selfie comme « nouvelle manière pour la société de se commenter », ce serait une pratique révélatrice d’une démarche réflexive que nous aurions les uns avec les autres.
Un tel projet révèle l’essor des recherches sur le phénomène du Web social encore récent et dont les pratiques attendent d’être éclairées pour faire avancer la connaissance sur ces nouveaux outils dont nous sommes familiers mais dont la compréhension nous échappe encore.
 
Alexandra Ducrot
Pour les résultats de l’étude scientifique visuelle du selfie : Le site du projet Selfiecity
Sources :
http://www.konbini.com/fr/tendances-2/entretien-selfiecity-base-de-donnees-selfie/
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2014/02/24/sans-filtre-selfiecity-la-base-de-donnees-du-selfie/
Crédits photo : Selfiecity

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randonnée
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Rando : social mais pas trop

 
S’il existe déjà mille et une façons de partager le moindre cliché avec le reste du monde à partir de son smartphone, Rando change les règles du jeu et invite à un mode de communication plus désintéressé.
Le principe est celui de la bouteille à la mer : l’utilisateur prend une photo, l’envoie. En retour, il en reçoit une également. Terminé. Pas de like, de retweet, de réponse ou de commentaire. L’application semble au contraire s’inscrire dans le mouvement des réseaux sociaux… « anti-sociaux » – tout en ayant déjà de très nombreux randonautes.
Les utilisateurs connaissent juste la provenance de la photo qu’ils ont reçue et la destination du cliché qu’ils ont eux-mêmes envoyé. Pas question de conforter son ego sur cette application, la communication passe seulement par ces petites images rondes envoyées à tout hasard dans le monde (Rando tirant son nom de random).
Pas de fioritures non plus sur l’application qui ne propose qu’un seul cadre, le sien (cette forme ronde des photos qui peut faire penser à une longue vue) et aucun filtre ou effet possible, là où la grande majorité des réseaux sociaux sont plutôt friands de ces gadgets.
Bien sûr, toutes les photos ne sont pas systématiquement une invitation poétique au voyage, mais tout le principe de Rando est là : cette fois-ci, tomberez-vous sur un poney quelque part en Belgique, une plante en pot venue de Rio ou les transports en commun d’Izmir ?
 
Annabelle Fain
Source :
L’Express.fr
Crédits photo :
www.exposureguide.com

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Le buzz Chanel : mais qu’en dirait Coco ?

 
Une semaine après les faits, le défilé automne-hiver 2015 de la maison Chanel n’en finit pas de faire du bruit. Réaménageant le Grand Palais en supermarché géant, Karl Lagerfeld a créé le plus gros buzz de cette semaine de la mode parisienne.
Pour cette collection, le directeur artistique a décidé d’embrasser les codes des grandes surfaces, entre chariots aux couleurs criardes, produits alimentaires de toutes sortes et cartons en guise de chaises pour les invités. Les lignes vestimentaires de la saison prochaine sont à l’image du décor qui les environne : aux antipodes du patrimoine laissé par Mademoiselle Chanel.

Pourtant, nombreux sont ceux qui crient au génie : satire du consumérisme, décalage inattendu, modernité, démocratisation du luxe… Les journalistes n’ont pas manqué d’éloges. S’il est curieux de parler de démocratisation quand on voit les prix pratiqués par la maison, il est en revanche certain que Karl Lagerfeld s’est bien imposé en marionnettiste des victimes de la mode : à la fin du défilé,  les éléments du décor ont été dévalisés par des invités avides de mettre la main sur quelque produit marqué du double « C », fusse-t-il une simple boîte de pâtes.
Certes, le coup de publicité est réussi. Mais toute publicité est-elle bonne à prendre ? L’émulation autour d’un défilé ne peut guère se substituer à la créativité et la réussite d’une collection. Au lieu de chercher à se montrer à tout et n’importe quel prix, il serait peut-être temps pour Chanel de recentrer sa stratégie médiatique sur la qualité de ses prestations et de son héritage.
 
Charlene Vinh 
Sources
Style
Tendancedemode

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Danemark
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Design, danois, decoflame

 
Børge Mogensen et Hans Wegner, dont nous fêtons cette année le centenaire, sont des figures emblématiques du design danois. Ayant tous deux suivi une formation en ébénisterie, ils ne manquent pas de mettre à l’honneur leur matière préférée dans leurs créations. Leur définition du design imprègne encore aujourd’hui la discipline : un mobilier en bois brut ou huilé, aux contours arrondis ; une recherche de confort.
Sobre et fonctionnel, tels sont les mots d’ordre. La Maison du Danemark leur a rendu hommage ce week-end (8 et 9 mars 2014). Un appartement éphémère scénographié par Pernille Picherit a été aménagé pour l’occasion. Cent cinquante produits issus de vingt-trois grandes marques danoises ont ainsi été exposés. Un « Ikea culturel », persiflent les plus cyniques, car l’originalité n’est pas au rendez-vous. Le caractère consensuel de l’exposition s’explique par une visée plus marketing qu’artistique. Il s’agissait pour ces marques d’accroître leur visibilité sur le marché français auprès d’un public d’avertis.
À la croisée du culturel et du marketing, cet événement témoigne des relations d’interdépendance qu’entretiennent ces deux secteurs.
 
Miléna Sintic

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Les Fast

Aux anonymes la patrie reconnaissante : le Panthéon revisité par l’artiste JR.

 
L’un des monuments les plus célèbres de la capitale est actuellement au cœur de l’actualité du pays : si le président a annoncé le vendredi 21 février que les cendres de quatre figures de la Seconde Guerre Mondiale seraient transférées au Panthéon en 2015, une autre déclaration a fait parler du Panthéon. En effet, le Centre des monuments nationaux (CMN) a déclaré le 24 février que l’artiste de street-art JR allait orner le dôme d’une œuvre d’art.
Le président du CMN, Philippe Bélaval, a ainsi préféré l’art à la communication publicitaire : « Pour la première fois, les bâches d’un chantier d’un monument national deviendront le support d’une création artistique contemporaine, et non celui d’une campagne publicitaire lucrative » a déclaré le CMN. Ouf, les Parisiens peuvent respirer : ils ne verront donc pas de bâche Apple sur cet emblème national qu’est le Panthéon.
Le projet semble avoir tout pour plaire. C’est avant tout un dispositif participatif : dans le cadre du travail de JR intitulé « Inside Out », un camion va circuler dans toute la France pour prendre en photo ceux qui le voudront. On peut aussi envoyer son portrait via Internet sur un site dédié.

Ajoutons que le projet « Au Panthéon » témoigne d’une volonté plus large d’améliorer l’attractivité du lieu, ambition définie dans le rapport de Philippe Bélaval intitulé « Pour faire entrer le peuple au Panthéon ». Orner le dôme en travaux d’une œuvre d’art est également une manière de communiquer sur les valeurs républicaines dont le lieu est chargé. On voit bien en effet toute la portée symbolique de ce geste qui consiste à s’approprier le Temple et davantage, à y faire une entrée éphémère au côté des « hommes illustres ».
La bâche doit être inaugurée le 22 avril. L’opération, dont les internautes pourront suivre l’avancement sur Twitter (#AuPanthéon), saura-t-elle donner un nouveau souffle au monument, mal aimé des touristes ?
Lucie Detrain
Sources :
Au-pantheon.fr
Paris.fr

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4L Trophy
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Com’ des aventuriers

 
Voilà une semaine que s’est achevée la 17ème édition du 4L Trophy, mythique course d’orientation dans le désert marocain. Un raid humanitaire étudiant qui prend chaque année de plus en plus d’ampleur et qui fait l’objet d’une campagne de communication bien rodée, concoctée par les élèves de l’école de commerce de Rennes.
Leur crédo ? Jouer la double carte de l’action solidaire et de l’événement festif afin de donner au raid une image séduisante tant pour les participants, à qui on promet du fun et des rencontres, que pour les sponsors qui aident à financer un projet philanthropique.
En découle la construction d’un imaginaire basé sur l’idée d’aventure et de dépassement de soi…. De plus en plus décrédibilisé par la multiplication du nombre de participants, qui certes gonflent l’envergure des dons, mais qui s’entassent dans le désert rendant caduque toute ambition de péripéties autonomes.
Le cap à suivre n’est alors plus celui indiqué sur le roadbook, mais celui que dessine la poussière soulevée par les 4L qui nous précèdent… Une réalité habilement éclipsée dans le teaser qui ne fait bien sûr pas mention des longues files d’attentes s’étirant chaque jour devant bivouacs et check points.
N’est-il pas en outre paradoxal d’organiser un « éco challenge » en partenariat avec Deloitte lorsqu’on envahit le Maroc avec 1300 voitures plutôt gourmandes en essence ?
Hypocrisie diront certains, opération de com diront d’autres !
 
Elsa Becquart

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Canal+
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Canal+, Studio Bagel : une histoire de gourmandise

 
 C’est telle une traînée de poudre que la nouvelle s’est répandue et que les jeux de mots ont fusé : « Canal+ « croque » 60% de Studio Bagel. »
Studio Bagel est la jeune start-up derrière des programmes courts comme le Dézapping du Before ou les Tutos du Grand Journal sur Canal+. De la même manière, sur le web, Studio Bagel est tout aussi débordant de créativité à travers sa chaîne Youtube, et ce  grâce à des formats voulus courts, drôles et efficaces.
La chaîne totalise plus d’1 million d’abonnés et plus de 40 millions de vidéos vues. Autant dire que la start-up du rire 2.0 décolle et rassemble !
Pour Le groupe Canal, c’est une acquisition qui représente un pas de plus dans l’univers de l’OTT (Over-the-top-television,  pour dire d’une manière générale la télévision distribuée sur internet), notamment après le lancement de 16 chaines Youtube destinées à relayer le contenu de ses différents programmes diffusés en clair. Ce rachat s’inscrit donc naturellement dans la stratégie plurimédia du groupe et son envie d’accroître sa présence sur le web.
Le succès que connaît le collectif du même genre, Golden Moustache (lancé par le groupe M6), a certainement conforté cette décision.
Par ailleurs, acquérir Studio Bagel permet à la chaine de cibler très spécifiquement un public assez jeune, friand de ce genre de formats facile à partager et lui assure en outre un vivier non négligeable d’artistes et d’animateurs potentiels. Dans ce sens, Maxime Musqua, ancien membre de la start up, a depuis Septembre dernier rejoint le petit journal de Yann Barthès.
Studio Bagel de son côté se réjouit : la petite équipe se voit assurée d’avoir plus de moyens et encore plus de diffusion par le biais de l’audiovisuel.
Salma Bouazza
Sources :
Nouvelobs.com
Lesechos.fr
Telerama.fr

Les Fast

Blackphone contre Big Data

 
Vous avez peut-être entendu parler du Blackphone, ce nouveau smartphone ultra-sécurisé et grand public, censé vous protéger de l’espionnage et de l’exploitation de vos données personnelles, résultat d’un partenariat entre GeeksPhone et Silent Circle.
Comment procède-t-il ? Le smartphone sécurise d’une part toutes vos communications en les cryptant et, d’autre part, toutes vos connexions Internet, grâce – entre autres – à un système masquant votre adresse IP, à un blocage des publicités et du suivi des sites consultés et à la possibilité de paramétrer précisément toutes les applications du téléphone.

 La proposition semble être dans l’air du temps. Car après tout, pourquoi se munir d’un téléphone aussi sécurisé que celui d’un Président si son utilisation consiste en tout et pour tout à se connecter sur Facebook tout en envoyant des textos ?
Mais c’est bien de la lutte contre le Big Data dont le nouveau Blackphone se veut le chantre. A ce titre, il est présenté comme un téléphone « anti-NSA », surnom auquel on pourrait rajouter celui d’« anti-Google. »
L’exploitation marketing, policière ou politique de nos données crispe donc de plus en plus la population. L’appareil est d’ailleurs dans la lignée d’une flopée de logiciels et d’outils permettant de se protéger contre elle, du type Tor notamment.
Avec ce téléphone grand public, il apparait que l’indignation contre le Big Data a atteint le niveau d’un ras-le-bol généralisé. Mais notre société ne serait-elle pas en même temps en train de devenir légèrement schizophrénique ?
Schizophrénique, car scindée entre des observateurs véreux et des observés mécontents, entre panoptisme et contre-panoptisme. Schizophrénique, car nous cryptons désormais nos données pour les protéger, tout en voulant continuer à les partager.
Finalement, la mise en réseau de nos sociétés serait-elle allée trop loin, au point d’en écœurer ses membres et de les forcer à se protéger d’eux-mêmes ?
Clarisse Roussel
Sources :
Lesnumeriques.com
Lemonde.fr
Lefigaro.fr
Crédit photo :
Lesnumeriques.com

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L’Eurovision, boulet du service public ?

 
Remontons le temps et souvenons-nous de cette époque où l’Eurovision représentait encore pour nos parents un événement télévisuel à ne rater sous aucun prétexte. Cinquante-huit ans plus tard, ce qu’il en reste est une indifférence généralisée des Français à l’égard d’une soirée interminable et synonyme, depuis 1977, de défaites souvent cuisantes.
On voit ainsi l’audience diminuer de manière constante, le triste record étant l’an dernier de 2,7 millions de téléspectateurs (14% de parts d’audience), là où la finale de The Voice en réunissait 7 millions le même soir.
Aussi, c’est pour remédier à cela que France 3, diffuseur depuis 1999, tente cette année d’innover en faisant participer pour la première fois les téléspectateurs au choix du représentant tricolore. En effet, les votes des Français, via Internet ou par téléphone, compteront pour 50% de la décision finale, le reste revenant à un jury de professionnels. Si le but affiché est d’accroître la légitimité du chanteur choisi, il n’en demeure pas moins que l’enjeu est d’attirer et d’impliquer plus fortement de potentiels téléspectateurs. On a ainsi vu durant tout février, et à grands renforts de spots publicitaires, une large campagne de présentation des trois candidats et d’appel au vote sur la chaîne publique.

Malgré tout, il n’est pas sûr que cela soit vraiment efficace. En effet, en misant une fois de plus sur des jeunes talents – Joanna, Destan et les Twin Twin – l’organisation semble oublier que les audiences n’ont jamais été aussi bonnes que lorsque des chanteurs reconnus ont été choisis. C’était le cas notamment en 2009 avec Patricia Kaas et quelques 6 millions de téléspectateurs.
De plus, il semble qu’apparaisse un véritable effet pernicieux du système. Il faut dire qu’en s’exposant pendant plusieurs semaines à l’appréciation des téléspectateurs, le programme n’a fait que générer toujours plus de critiques, pour ne pas dire de moqueries, vis-à-vis des candidats et de leur niveau jugé désespérant. Face à cela, il est donc possible que les Français, avertis plus que jamais de l’impossibilité de l’emporter, ne décident de se détourner une fois de plus du programme.
Entre service public et public à servir, il est à craindre que France Télévisions ait encore du souci à se faire au soir du 10 mai prochain.
 
Grégoire Larrieu
 
Sources :
Forum Eurovision.fr
Site de France 3
Extraits vidéos des trois candidats