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Société

Le cobranding : une nouvelle pratique de marketing marital

Qui veut épouser ma marque?
« Stretcher » sa marque en lançant un produit cosigné semble être une pratique marketing largement adoptée par nos grandes industries pour innover à moindre frais. La créativité de nos marques n’a pour ainsi dire aucune limite. Toutefois le projet de cosignature comporte des risques non négligeables. Plus complexe qu’un lancement de produit classique, le cobranding, telle une forme de conjugalité marketing et industrielle, peut présenter des failles et conduire à un double échec pour les deux marques. Quelles seraient alors les vertus d’une telle pratique ? Du bonheur et beaucoup d’enfants ? Une guerre des roses ? Un divorce ?
D’un Philadelphia goût noisette labellisé Milka, d’une brique de soupe Liebig plaisir de potimarron au Kiri, jusqu’à la carte de crédit Best Western Platinium poinçonné de l’insigne Motor Harley Davidson Cycles, le cobranding, stratégie marketing qui consiste à lancer un produit sous deux marques, connait aujourd‘hui une réelle accélération. Dans l’industrie agroalimentaire, la pratique est déjà largement banalisée. Depuis les plats cosignés Gerblé et Fleury Michon aux produits snacking jusqu’aux solutions repas produites par Bonduelle et Andros, les industries de la grande distribution misent sur des alliances crédibles pour développer de nouveaux produits toujours plus originaux.
Les produits « cobrandés » fleurissent dans les supermarchés, alternant les rayons, investissant le territoire du frais, du yaourt, du biscuit, du plat préparé, sans modération. Les formes de cobranding se déclinent à l’envie. Certaines reposent sur une union d’ingrédients entre marques « ingredient branding » d’autre sur des associations avec des packaging et des jouets, chez Kellog’s notamment.
L’offre à succès Pasta Box de Fleury Michon lancée en 2011 avec La Vache qui rit -dont tout étudiant a forcément abusée – peut parfaitement illustrer les différents objectifs atteints, sur le long terme, par le cobranding. En effet cette stratégie a permis de mettre sur le marché un nouveau produit doublement élaboré sans avoir besoin de lancer un produit ex nihilo. Marier deux marques qui font référence dans leurs domaines doit aussi logiquement donner lieu à une augmentation du prix de vente. Eenfin on y voit l’avantage de la conquête d’un nouveau marché. L’offre Pasta Box de Fleury Michon a inspiré quantité d’autres associations notamment le développement plus osé d’une gamme de plats cuisinés dits plus « sains ». L’enjeu est double pour les marques. Quand Fleury Michon développe un Risotto de Saint Jacques aux « poireaux et lentilles » signés Gerblé, il s’attribue une caution plus diététique ; en contrepartie, Gerblé propose une offre plus gourmande.
Un cobranding consanguin?
Le cobranding n’est pas uniquement une synergie marketing. Il peut être une solution pour innover tout en évitant le risque d’étendre une marque sur un segment qu’elle n’aurait jamais investi seule. Néanmoins, les industriels ne font pas nécessairement le choix d’une association avec une marque extérieure. Certains magnats pratiquent le cobranding interne en mariant deux de leurs marques propres. : La marque de chocolat Milka notamment et ses tablettes aux incrustations d’OREO et de DAIM parmi tant d’autres. Cette stratégie de cobranding consanguin permet dans ce cas particulier de minimiser les risques et de maximiser la marge de profit de la marque en vendant un produit pour le prix de deux.

 
 
D’aimer ou de haïr, telle est la question
Choisir la marque avec laquelle s’associer n’est pas chose aisée. Certaines associations peuvent, comme certains mariages trop arrangés, conduire au désastre. A ce titre, l’importance de la définition du concept en amont de l’association est décisive. L’association de la marque de desserts Senoble avec Haribo pour une gamme de desserts, pour exemple, a mené à un échec marketing total tant les deux images de marques étaient incompatibles. En revanche, en s’associant avec la marque de jus de fruits Oasis, Haribo a retrouvé un créneau sur lequel il peut faire évoluer ses produits sans difficulté.

Quel que soit le cas de cobranding, le produit censé émaner de l’association est toujours élaboré par les deux marques qui détiennent chacun un droit de regard sur la fabrication. L’exemple des bâtonnets de surimi Fleury Michon au Kiri a permis d’atteindre une nouvelle cible de consommateurs, plus jeune, et d’élargir la notoriété des deux marques.
Certes le cobranding n’est pas une pratique aisée et une cohérence reste à élaborer en termes de choix de signature et de fabrication. Trouver la bonne association et faire un beau mariage procèdent, comme nous le rappelle un sens commun trop romantique, d’un coup de foudre inattendu. Comme le Doux Plaisir de Liebig et le Kiri, pour une belle union de marques, laissons ses chances à l’amour.
Johana Bolender
Sources :
Adrien Cahuzac in L’USINE NOUVELLE N°3394
« Le cobranding pour innover moins cher »
 
 
Credits photos :
Foodly.fr
Carrefour.fr
Dreamstime.com
 

Cobranding
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Le co-branding : pour une révolution des usages ?

 
Association de deux ou plusieurs marques pour le développement, la commercialisation et/ou la communication d’un produit qu’elles cosigneront, le co-branding permet aux marques associées de renforcer ou modifier leur positionnement, par la modification de la perception qu’en ont les consommateurs. Elle est souvent utilisée pour le lancement de séries limitées permettant une association sur une courte période, afin de limiter le risque de « cannibalisme ».
En général, cette association servira surtout le « coup de pub » : Smart by Zadig&Voltaire, co-branding « one shot » de mars 2013 (seulement 300 exemplaires), offre surtout à la marque de vêtement un nouveau support de diffusion, tout en ciblant le même type de segment (public féminin jeune, urbain, et chic). En janvier dernier, la Fiat500 associée au parfumeur français Guerlain et son parfum « La Petite Robe Noire » va plus loin en proposant, en plus de sa voiture personnalisée par l’imaginaire Guerlain (250 exemplaires), un écrin cadeau inédit du parfumeur. Ce partenariat est plutôt étonnant lorsqu’on sait que Guerlain est peu enclin au co-branding et s’associe dans la même semaine à une marque de gants… On peut dès lors penser à une évolution probable vers le co-branding à outrance et la multiplication des produits et supports, comme l’avait fait la créatrice de lingerie Chantal Thomass en parallèle de son partenariat avec Coca-Cola (produits de maquillage Nivea, coque de smartphone, et même lave-linge pour ne citer qu’eux…).

Du côté de l’agro-alimentaire, le rythme est plus soutenu et permet des partenariats de long terme : on connaissait le Philadelphia au Nutella qui n’est plus à présenter, c’est désormais au tour des deux célèbres marques Danone et Starbucks de fusionner en juillet 2013 pour créer la marque « Evolution Fresh, Inspired by Dannon », proposant des produits laitiers commercialisés dans les enseignes Starbucks aux Etats-Unis.
En terme de « coup de pub », le co-branding Playboy x Hello Kitty  est quant à lui très parlant. Depuis son annonce en mars, il fait beaucoup parler de lui. C’était certainement le seul but recherché : d’un côté, un magazine de presse masculine connu pour ses photographies érotiques, de l’autre un personnage incarnée par une petite chatte blanche et apprécié des jeunes filles. Cette association insolite prend la forme d’une collection proposée chez Colette et incarnée par la chatte blanche, déguisée en lapin. Très risqué, provocant, certains ont pu y voir des relents pervers. Le plus surprenant provient du fait que d’autres marques en dehors du partenariat ont repris l’idée à leur compte, tels que BIC ou HARIBO.

Mais la véritable évolution est toute autre. Le co-branding atteint un niveau supplémentaire dans le domaine des services, avec l’association récente de la compagnie aérienne low-cost  Transavia et le site marchand eBay. Ce « co-branding publicitaire », intitulé « On a tous les moyens de partir en vacances », suit une stratégie à la fois originale et intelligente : revendre les objets qui n’ont plus d’utilité sur eBay puis utiliser le bénéfice perçu pour obtenir un billet d’avion sur Transavia, grâce à un convertisseur « objet -> billet d’avion » mis en place sur eBay par la compagnie de voyage. L’internaute y indique sa ville de départ et la destination souhaitée, puis le convertisseur propose un objet à revendre pour obtenir le billet de même valeur. Ce dispositif, mis en place en janvier, tombe à pic, c’est à dire juste après les fêtes, alors que TNS Sofres annonce que 13% des Français se disent prêts à vouloir utiliser Internet pour revendre leurs cadeaux de Noël. C’est, en même temps, un bon moyen de les inciter au voyage à un moment où beaucoup de Français y sont réticents. Une idée très intéressante à renouveler chez les marques, donc !
En définitive, une bonne idée le co-branding ? Oui, sûrement, pour la visibilité et les débouchés des marques. Mais plus encore, s’il parvient à révolutionner nos usages dans les années à venir, le co-branding a sûrement encore beaucoup à exploiter dans une société en pleine hybridation.

 
Céline Repoux
Sources :
Iletaitunepub.fr
E-marketing.fr
Influencia
Fiat.fr
Comexchange
Crédits photos :
Comexchange

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