Agora, Com & Société

Quand les éléments de langage se déchaînent

Fin 2014, le gouvernement lançait le Kit Repas Famille, un pense-bête expliquant les actions du gouvernement pour chaque sujet politique qui pourrait naître d’un repas en société. Les vignettes sont destinées à prouver que la politique gouvernementale fonctionne et à discréditer les phrases toutes faites. À défaut de vérifier les réalités qui se cachent derrière chaque thème, il est intéressant de voir que les acteurs politiques prennent au sérieux les « éléments de langage » qui émanent de la doxa. Qu’en est-il de ceux des politiques ? En quoi se distinguent-ils ?
De simples poli-tics de langage ?
A priori, l’élément de langage est une formule ou un message reproductible par chaque membre d’un gouvernement. La clarté est de rigueur. Il est un ressort de la communication politique qui fonctionne sur la continuité et la synchronisation. Quel que soit l’intervenant, grâce à l’élément de langage, c’est l’entité décisionnelle et le choix du groupe qui s’expriment à travers lui. De cette manière, les divergences pouvant exister au sein d’une famille politique sont masquées.
Si l’on s’en tient à la définition de Jacques Séguéla, les éléments de langage sont des « petites phrases préparées à l’avance par l’entourage d’un homme politique ou par les communicants pour servir soit de répartie, soit de point d’ancrage dans un débat. ». Bien évidemment, le publicitaire en écrivait pour François Mitterrand mais il n’était pas le seul à mettre la main à la pâte : Jacques Attali, Laurent Fabius et bien d’autres faisaient passer des petites notes avec leurs suggestions. Aujourd’hui, les choses se sont légèrement professionnalisées. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer les méthodes du conseiller en communication du Président de La République, Gaspard Gantzer. Ses pratiques furent révélées par Un Temps de Président, un documentaire réalisé par Yves Jeuland.

Les téléspectateurs furent étonnés de voir Gaspard Gantzer dicter à une journaliste de TF1 les mots-clés de son reportage. Pour qualifier cette relation entre les journalistes et leur sources, Eugénie Saitta, spécialiste des sciences de la communication, parle d’une « rhétorique du cynisme » : les journalistes finissent par s’y faire ! Les communicants cherchent la saillie, l’homme politique tranche et les journalistes l’utilisent. Les politiques ont trouvé comment influencer les médias discrètement.
En politique, l’improvisation n’est pas conseillée. D’après Séguéla, lorsque les résultats tombent, le politique sait de quelle manière il doit réagir : il y a des éléments de langage pour une éventuelle victoire comme pour une éventuelle défaite. En plus de fournir du texte, les éléments de langage présentent le double avantage d’assurer une cohérence entre les prises de parole mais aussi d’augmenter l’efficacité et l’exposition d’une idée par la répétition. Entre une gauche divisée et des Républicains qui cherchent encore un ténor, l’élément de langage paraît être un outil parfait pour feindre l’unité. L’efficacité d’un argumentaire est plus forte si tout le monde martèle la même chose à l’unisson. Une idée répétée est aussi efficace qu’un slogan placardé.

N’y-a-t-il pas un risque de vulgariser les idées ? Le wording politique est aseptisé. Le consensus droite-gauche qui existe depuis la fracture des grands clivages idéologiques autour de l’économie de marché a brouillé le monde politique de ses marqueurs sémantiques. Ainsi, la formule « J’aime l’entreprise », employée par le Premier ministre, aurait pu être prononcée par un centriste comme par un Républicain. Au sein du gouvernement de Manuel Valls, on peut aussi observer des divergences qui sont réprimées : ceux qui ne suivent pas la ligne décidée se font taper sur les doigts. Pour s’en rendre compte, il suffit de se souvenir des remontrances faites à Christiane Taubira après qu’elles se soit prononcé contre la déchéance de la nationalité. Dès lors que les avis ne peuvent plus s’opposer librement, il y a peut-être une défaite de la pensée.
Entre stratégie et démagogie : comment atterrir sur le bandeau de BFMTV ?
Généralement, les médias n’hésitent pas à critiquer les éléments de langage. Pour le voir, il suffit de regarder les compilations qu’en fait Le Petit Journal. À croire qu’il est l’ennemi numéro 1 de la communication politique moderne !
Ce bashing est compréhensible. Il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages : les gens prennent les éléments de langage pour ce qu’ils sont. Le disque semble rayé : on parle d’un discours fatigué qui émane d’une pensée énarchique qui s’est usée avec le temps. La doxa imagine que l’élément de langage est antinomique avec l’honnêteté.
Pourquoi peut-on être sûr que les politiques continueront à utiliser ce procédé ? Pour répondre, il faut d’abord revenir à la définition de l’élément de langage.
Selon le vice-président d’Havas, les années 80 ont constitué l’âge d’or de la publicité : tout le monde était séduit par le pouvoir du marketing et de la pub. Toutefois, selon Pierre Lefébure, maître de conférence en sciences politiques, les éléments de langage ne «[refont] surface [qu’]en 2008/2009 car il y a une volonté de la part de Nicolas Sarkozy et de ses équipes de rationaliser la communication et de maîtriser son environnement ». La seconde moitié des années 2000 est marquée par deux phénomènes qui changent radicalement les dispositifs d’information : l’émergence des chaînes d’information en continu et les réseaux sociaux. Il serait faux de penser que l’utilisation massive d’éléments de langage est purement choisie. Il faut aussi les penser en termes de contraintes. Il y a une responsabilité des médias dans la massification des éléments de langage car les fenêtres d’expression sont plus courtes.

Quand on obtient 30 secondes d’antenne à la télévision, les éléments de langage sont indispensables. Ce sont des estocades : soudains et rapides, ils ont une forme parfaite pour la rhétorique politicienne. Tout comme sur Twitter, il faut réduire le nombre de caractères pour pouvoir accéder aux très convoités bandeaux de BFMTV.
Selon les études de Damon Mayaffre, chercheur au CNRS, le vocabulaire présidentiel se serait déprécié au fil du temps en raison de ces nouvelles contraintes médiatiques. Aujourd’hui, les politiques sont dans la performance : ils utilisent à outrance les phrases verbales et le pronom personnel « je ».
L’élément de langage : diable ou diabolisé ?
Si les éléments de langage sont diabolisés c’est parce qu’ils sont attachés à une définition simplificatrice : on les associe spontanément « aux petites phrases » pré-élaborées que l’on voit sortir de la bouche des politiques à chaque zapping.

Dans cette définition, on ne parle que de la partie visible des éléments de langage. On ne parle pas des argumentaires. Autrement dit, on n’essaye pas d’extraire la démonstration étayée qui se cache derrière et qui vise à soutenir ou à contredire un projet. Aujourd’hui, aller au combat sans communication est une faute professionnelle car c’est laisser son adversaire partir avec un avantage.
Mais il ne faut jamais abuser des bonnes choses ! Les éléments de langage seraient très utiles si on n’en créait pas en quantité industrielle. Dans un premier temps, ils font passer une idée complexe par un message simple : le travail d’un conseiller se résume à dégrossir la matière brute pour en créer une à la portée de l’opinion publique. Frank Louvrier, ancien conseiller de l’ex-président de la République, Nicolas Sarkozy, rappelle que « Quand vous êtes Ministre, vous ne connaissez pas tous les sujets. Si vous allez à une émission matinale d’une radio, on risque de vous interroger sur un sujet compliqué, qui n’est pas forcément votre domaine de compétence, et il faut pourtant répondre ».
Pour la majorité précédente, les éléments de langage étaient surnommés « le prompteur », aujourd’hui on les regroupe sous l’intitulé « l’essentiel ». Ce dernier rappelle qu’un élément de langage peut permettre d’échapper à une situation de crise en évitant de lourds dommages.
À ce niveau de responsabilité, tous les professionnels semblent d’accord pour dire qu’une improvisation est impossible. L’improvisation est un fantasme car il est impossible de priver le débat d’un cadre de pensée rappelé sans cesse par les éléments de langage. D’ailleurs, les politologues reprochent souvent au Président de se laisser guider par les communicants alors qu’il serait doué pour l’improvisation.
On confond souvent « éléments de langage », « formules », « petites phrases » et « argumentaires » : il n’y pas de définition fixe car il n’y pas une unique manière de créer des éléments de langage. Ces formulations font sens pour des acteurs du champ politique et du champ médiatique mais aussi pour ceux qui se trouvent à leurs intersections. Les communicants produisent des énoncés en anticipant leurs conditions de circulation médiatique et leurs conditions de réception. Ce sont pour ainsi dire des ingénieurs du symbole. Ils manient les signes comme des maîtres. Ces données nous permettent de mettre en relief la place prépondérante prise par la communication au sein du monde politique et du monde médiatique. On en viendrait presque à croire qu’ils contrôlent les foules.
Ameziane Bouzid
Sources :
« Le Langage politique malade de ses mots », Frédéric Vallois, Le Huffington post, 20/11/2014 : http://www.huffingtonpost.fr/frederic-vallois/langage-politique-malade-de-ses-mots_b_6190388.html
« Les Dix éléments de langage que vous entendrez ce soir », Le Service politique, Libération, 22/03/2015 : http://www.liberation.fr/france/2015/03/22/les-dix-elements-de-langage-que-vous-entendrez-ce-soir_1226056
« Les « petites phrases » Et « éléments de langage » : des catégories en tension ou l’impossible contrôle de la parole par les spécialistes de la communication », Dossier: Les « Petites Phrases » en Politique , Caroline Ollivier-Yaniv, 01/06/2011 : http://www.necplus.eu/action/displayAbstract?fromPage=online 
« Éléments de langage pour soirée électorale : mode d’emploi », Jacques Séguéla, Atlantico, 16/10/2011 : http://www.atlantico.fr/decryptage/elements-langage-primaire-ps-holland-aubry-mode-emploi-203608.html
« « Un temps de président » : la communication politique dans le collimateur », 08/10 /2015, France 24 : https://www.youtube.com/watch?v=yP9TfAWTVeA
« Doc Hollande : dictée d’éléments de langage (F3) », Arretsurimage.net, 29/09/2015 : http://www.arretsurimages.net/breves/2015-09-29/Doc-Hollande-dictee-d-elements-de-langage-F3-id19305
Crédits images :
– Le Monde, L’actu en patates, Martin Vidberg
– Ray Clid
– Kit Repas Famille : www.gouvernement.fr
– Chaunu

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ELECTIONS REGIONALES FN
Politique

"Quoi, tu t’appelles Gégé tu votes pas FN" : pour en finir avec le cliché du bolos agriculteur et raciste

Le 13 décembre dernier, une brise de soulagement soufflait sur la France. « Zéro », comme zéro région remportée par le Front National malgré une victoire dans un climat anxiogène lors du premier tour. Sur les réseaux sociaux, dans les médias, l’entre-deux tours était submergé d’articles et de farces sur ces « idiots » qui avaient osé voter FN. De l’étude démontrant que moins on est instruit, plus on a tendance à voter FN à la cartographie des tournages de Confessions Intimes comparée à celle du vote frontiste, tout était bon pour faire comprendre que seuls des paysans ignares vivant reclus avaient pu faire un choix aussi irrationnel.
Pourtant, se laisser aller à ce genre de raccourcis peut être dangereux : d’une part, cette association tend à devenir de moins en moins vraie et d’autre part, elle constitue du pain béni pour le FN, qui en joue dans sa communication.

Des paroles et des actes, Marine Lepen
Flops, Politique

De DPDA à Face à France: vers un renouveau du débat politique à la télévision

Marine Le Pen, la star. Marine Le Pen, la diva, « à qui on n’impose rien ». C’est en ces termes que la présidente du Front National a annulé à la dernière minute sa venue dans l’émission politique phare de France 2, Des Paroles et Des actes, obligeant la chaîne à supprimer l’émission de sa grille du soir. Cet épisode fait suite à une lettre envoyée par les présidents du PS et des Républicains au CSA, pour qui la visibilité accordée à la candidate dans la région Nord Pas de Calais-Picardie aux régionales est contraire à l’égalité politique Ces évènements remettent en question la légitimité du format de l’émission de France 2 face à de nouvelles formes mises en avant, jugées plus authentiques.
Une occasion manquée pour le FN
L’invitation de Marine Le Pen – une cinquième fois, un record pour l’émission – souligne l’incapacité du parti à mettre en avant médiatiquement des figures autres que celles de son leader. Cela ne peut que souligner, dans un parti où les mandats nationaux se font rares, l’échec de surexposition d’un Florian Philippot qui truste la part du lion médiatique de son parti et qui se voit critiqué par des ténors comme Louis Alliot, pour qui « c’est Marine qui décide »
La vraie question qui se pose pour le Front National, qui veut s’inscrire dans la logique des partis dits “de gouvernement” et s’institutionnaliser, c’est de se construire des personnalités plus visibles médiatiquement, qui peuvent être vues comme une alternative au leader, au risque de passer pour une entreprise familiale où, pour diriger, le bon patronyme est nécessaire.
La réalité du « système » ?
L’erreur la plus notoire vient sans doute de Jean Christophe Cambadélis et de Nicolas Sarkozy qui, soucieux de ne pas laisser une « tribune » de deux heures à Marine Le Pen, ont alerté le CSA , permettant ainsi à Marine Le Pen de dénoncer une fois de plus le fameux UMPS et de s’embourber dans sa stratégie du « seul contre tous » Elle met en avant une supposée collusion d’un système médiatico-politique – dont elle serait la victime. Les Républicains et le PS sont les meilleurs alliés de Marine Le Pen, qui se niche volontiers dans les draps de la démocratie et s’offusque dans un communiqué de presse de la volonté de l’émission d’organiser un débat « excluant d’ailleurs sans raison les autres candidats à cette élection ». Par leur erreur stratégique, les Républicains et le PS ne font que donner plus de force à l’argumentaire traditionnel du FN.
En annulant l’émission, France 2 ajoute de l’huile à la communication d’un FN qui s’affirme comme étant au centre de la vie politique française, en plaçant sa présidente dans une situation où elle peut se permettre de refuser une émission en prime time.
Une perte de crédibilité pour l’émission
Alors que France 2 avait réussi à s’imposer comme la chaîne des rendez-vous phares de la politique, avec ses émissions de débat comme Mots croisés et Des paroles et des actes (qui permettent d’interroger sur une volonté quasi-exhaustive des personnalités politiques), France 2 écorche son image de chaîne du service public en mettant clairement en avant une volonté d’audimat et un besoin de rentabilité, et donc une volonté de susciter de fortes audiences en invitant des personnalités médiatiques susceptibles de créer l’événement.
Comment la télévision – considérée comme le quatrième pouvoir – peut-elle répondre aux injonctions de présidents de partis politiques qui, conscients de la visibilité procurée par l’émission, se sont précipités pour fixer les modalités de son organisation ? Comment l’émission peut-elle continuer à prétendre être indépendante de la mêlée politique ?
Le face aux Français pour plus d’authenticité

Il semble que la formule en place depuis 2011 doit être repensée et actualisée, surtout dans le contexte d’élections régionales, que France 2 peine à couvrir. Est-ce pertinent d’inclure un débat avec seulement une partie des candidats à la présidence d’une région, dans une émission à portée nationale ?
L’imbroglio de Des paroles et des Actes souligne l’incapacité actuelle du service public français à assurer une bonne couverture médiatique des élections locales.
Bien que France télévisions déclare ne pas vouloir remettre en cause le format de l’émission de France 2, « seule émission du PAF sur une grande chaîne généraliste à une heure de grande écoute », jouissant d’un quasi-monopole sur le paysage audiovisuel français ; le retour de Face à France , sur NRJ 12 (une émission crée en 1987) remet au goût du jour une tendance qui s’inscrit dans les émissions politiques : celle d’un désir d’authenticité de la parole qu’une simple confrontation entre personnalités politiques ne pourrait remplir. L’objectif est clair : arracher le masque du pouvoir à ces hommes et à ces femmes pour les mettre face au quotidien. L’utilisation actuelle des réseaux sociaux dans ce type d’émissions à la manière de C dans l’air, avec sa séquence questions-réponses, s’inscrit dans cette lignée. Il faudrait ainsi voir la confrontation portée par les vrais français, ces gens lambdas qui sans détours sauront apporter un peu de spontanéité dans un débat, alors qu’ils en sont traditionnellement exclus, comme le souligne la visite récente de François Hollande chez Lucette.
Un rapport au parlement sur les orientations de la chaine paru en octobre prévoit la création d’une nouvelle chaine d’information, animée d’une volonté explicative qui se voudrait plus pédagogique. On pourrait penser à un nouveau format court en cohérence avec la ligne éditoriale de la chaîne, qui s’adapte au phénomène du buzz politique amplifié par les réseaux sociaux : le paysage audiovisuel français est peut-être en quête d’une émission politique de type débat accessible à l’ensemble des citoyens.
Jérémy Figlia 
Sources :

http://lelab.europe1.fr/louis-aliot-critique-lomnipresence-mediatique-de-florian-philippot-2540967
http://www.frontnational.com/2015/10/monsieur-pujadas-on-ne-mimpose-rien/
 
Crédits photos : 
http://www.rtl.fr/actu/politique/marine-le-pen-sur-france-2-exigences-contradictoires-colere-et-grande-confusion-avant-l-emission-des-paroles-et-des-actes-7780210304 
http://www.non-stop-people.com/actu/tv/face-france-christophe-beaugrand-cloue-le-bec-christine-boutin-89922

Alain Finkielkraut
Les Fast

Communiquer sur Finkielkraut : reconnaître un talent ou prendre parti ?

 
La nouvelle : Alain Finkielkraut a été élu à l’Académie française dès le premier tour, jeudi 10 avril, avec  16 voix sur 28. Si sa nomination a suscité des polémiques, c’est sans nul doute du fait de sa réputation de réactionnaire et de sa personnalité « clivante. » Néanmoins, de grands esprits louent cette élection et font de cet « intellectuel incontournable » un « profil idéal » pour prendre le siège qui appartenait précédemment à Félicien Marceau. En effet, Pierre Nora, Max Gallo, Frédéric Vitoux ou encore Hélène Carrère d’Encausse ont soutenu Alain Finkielkraut et voté pour lui.
Les faits : Malgré l’engouement manifesté par ces intellectuels, d’autres académiciens, furieux, sont allés jusqu’à évoquer en coulisse l’entrée à l’Académie du Front National. Certains médias semblent s’accorder quelque peu avec cette position, comme par exemple l’Agence France-Presse qui ne diffusait pas le communiqué envoyé par Aurélie Filippetti le 10 avril au soir pour féliciter l’essayiste.
On pouvait y lire  «Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, salue l’élection à l’Académie française du penseur et philosophe Alain Finkielkraut qui succède au siège de Félicien Marceau, décédé voici plus de deux ans. Les jurés ont distingué, avec Alain Finkielkraut, un intellectuel renommé, ayant le souci affirmé de pouvoir donner toute sa place au débat d’idées et à la pensée dans la sphère publique.»
La raison de cette non diffusion ? Simple oubli de l’AFP, retard dans la diffusion d’un communiqué nécessaire mais peu sincère d’une ministre qui n’apprécie guère les positions de l’élu ? Ou peut-être encore choix délibéré de ne pas divulguer un communiqué dans lequel la ministre félicitait un philosophe souvent assimilé à ses seules opinions politiques ?
Une question semble surgir : la communication est-elle seulement au service d’un quatrième pouvoir idéologisant  ou peut-elle profiter également à la reconnaissance politique d’un intellectuel ?

Juliette Courtillé
Sources :
Le figaro.fr
Lemonde.fr

Rennes FN
Flops

Antifasciste tu perds ton sang froid

 
A Rennes, une manifestation anti-FN a dégénéré. Profitable à la communication du FN, mais défavorable à l’égard de l’image des antifascistes.
Un message contradictoire
Gérard de Mellon est candidat FN aux prochaines élections municipales à Rennes. Le 8 février il organise un meeting. Les antifascistes préparent alors un rassemblement. Malheureusement, la manifestation dérape.
La Bretagne est une terre hostile au FN, et par conséquent un territoire important pour ce parti qui cherche à s’y implanter durablement. Comme l’illustre cet article de Rue 89, depuis 2002, sur les 20 villes françaises qui votent le moins FN, 13 sont bretonnes et sont situées majoritairement dans la banlieue de Rennes. Que ce soit le FN ou les antifascistes, des deux côtés l’objectif était de faire passer un message fort. Ainsi, le lieu où se déroule le meeting de Gérard de Mellon est la salle de la Cité, considérée comme « la Maison du Peuple, symbole du mouvement ouvrier », le but étant d’inscrire le FN dans l’histoire de la ville de Rennes. Dans un communiqué de presse diffusé le 9 février, le maire PS de Rennes, Daniel Delaveau, qualifiera ce choix de lieu comme une « provocation ».
Le FN touche alors au symbole de trop pour des antifascistes échaudés par une forte présence médiatique de l’extrême droite. La peur que le FN s’implante en Bretagne et peut-être le ressenti d’une percée des idéaux de ce parti ont conduit les antifascistes à répliquer par un message fort.
Cependant, cela n’explique en rien leur comportement violent qui a entraîné des affrontements avec les forces de l’ordre et des dégâts matériels. Pourquoi ne pas avoir manifesté dans le calme pour communiquer en opposition de la violence morale des idées du FN dénoncée par les antifascistes ? Cette manifestation violente a été couverte localement… et nationalement (notamment sur les sites web des grands médias). De plus, les images diffusées sont celles de personnes cagoulées, avec des barres de fer, des pavés, brisant des vitres, brûlant une voiture, caillassant un commissariat, se battant avec des CRS dans un nuage de lacrymogènes. Certes, on parle de leur action mais tout ceci écorne l’image des antifascistes.

Le message est alors contradictoire : où se situe la différence entre la violence des groupuscules d’extrême droite dénoncée par les antifascistes, et les méthodes de ces derniers ?
Des dérapages qui servent la communication du FN
Ainsi, le grand bénéficiaire de ces dérapages semble être Gérard de Mellon, qui se félicite dans 20 minutes.fr, le 12 février dernier, d’avoir profité sans efforts d’une communication nationale : « Lundi, j’ai vu mon nom dans tous les journaux de France, sans rien demander ». Un communiqué du candidat, diffusé le lendemain des incidents, dénonce « des manifestants professionnels (sic) ultra violents ». Ce dernier en profite pour lancer une pique aux antifascistes en réaffirmant son « plus grand respect à la démocratie » ; sous-entendu que les manifestants eux ne la respectent pas. Stratégie de communication pertinente. Ce candidat milite pour un parti reconnu légalement, et les antifascistes empêchent sa campagne à travers l’intimidation. Communiquer sur les valeurs de la démocratie et de la République apparaît logique, et les arguments sont recevables.
Toutefois, des partis politiques communiquent à leur tour pour péricliter les messages du FN, comme l’illustrent les propos de Daniel Delaveau, maire PS de Rennes : « Le Front National, qui n’est pas un parti comme les autres, a choisi de tenir un meeting salle de la Cité, avec le sens de la provocation dont il est coutumier. Ses mensonges et son esprit polémique ne sauraient duper personne. (…) Si les idées d’extrême droite doivent être combattues sans relâche, ce combat ne saurait être mené en-dehors du cadre démocratique et du débat d’idées ».
Enfin, le FN clôt sa communication par un message de soutien aux citoyens rennais. Gérard de Mellon exprime ainsi « sa plus sincère compassion aux riverains et commerçants victimes de ces agissements et les forces de police de sa sympathie devant leur détermination ». Un message pour montrer que le parti veille aux intérêts et au bien-être des Rennais, et qui attaque les antifascistes en sous-entendant qu’eux n’agiraient qu’à travers des actes égoïstes et ne se soucieraient pas, par conséquent, de la population rennaise. Une communication logique au vu des dégâts matériels provoqués par la manifestation.
Un retour de bâton douloureux pour les antifascistes qui, à travers leurs actions, ont finalement servi la communication du FN.
 
Pierre Halin

Sources :
Le Monde
Atlantico
Rennes TV
Rue89
Francetvinfo.fr
Rennes.fr
Crédits photos :
Rennes TV
Le Télégramme

Flora Coquerel miss france 2014
Les Fast

La belle et les bêtes

 
Depuis le 7 décembre 2013, la France a sa nouvelle Miss : Flora Coquerel, jeune étudiante de 19 ans. Si la plupart des Français approuvent ce choix (ou s’en fichent), c’est plus la nationalité franco-béninoise de l’ancienne Miss Orléanaise qui intéresse l’opinion publique que sa beauté incontestée.

On s’y est habitué : A chaque concours Miss France son scandale. Rappelons-nous seulement du litige autour du concours de 2010 entre la société Miss France (appartenant à Endemol France) et l’emblématique Geneviève de Fontenay.
Or, cette fois-ci, « le scandale Miss France 2014 » prend une dimension politique. Dès son couronnement, Flora Coquerel a été la cible d’attaques racistes, surtout sur les réseaux sociaux (à retrouver sur Buzzfeed), espaces protégés par l’anonymat. « Elle n’est même pas blanche celle qui représente la France » compte hélas parmi les commentaires les plus cléments…
De plus, de soi-disant trucages du vote du public auraient fait gagner une fille métissée en guise de réponse du Comité Miss France à Alain Delon qui, suite à ses propos favorables au Front National, n’est plus le bienvenu au Comité dont il était pourtant le parrain « à vie. »
Pourquoi ce concours est-il toujours accompagné d’une polémique ? Serait-ce surtout pour faire parler à chaque fois d’un évènement dépassé qui perd de plus en plus l’attention de la population ?
Cependant, l’élection Miss France 2014 soulève une deuxième question : celle de la légitimité de la parole sur internet, une sphère encore peu contrôlée. Les auteurs de propos racistes publiés sur la toile ne devraient-ils pas être condamnés comme dans la vie réelle ?
 
Teresa Spurr
Sources :
Le Nouvel Observateur, Le plus
Lepoint.fr
Huffingtonpost.fr
Linternaute.com
Photos :
Une : TF1
Sacre Flora Coquerel : metronews.fr

Page facebook Marche des républicains
Les Fast

La marche des Républicains : une mobilisation face aux extrémismes

 
Depuis quelques mois déjà, les propos à tendance homophobes, racistes et extrémistes, occupent le devant de la scène publique.
Les scandales et les bourdes politiques se succèdent : les propos homophobes dans le cadre du débat sur le mariage pour tous (et les agressions en marge de celle-ci !), les insultes racistes auxquelles a du faire face Christiane Taubira, les propos controversés de Manuel Valls sur les Roms… Des actes, des propos, qui se multiplient.
Tous ont un point commun : la provocation, qui fait aujourd’hui presque office de norme. L’ascension fulgurante des discours du FN, qui cherche à choquer afin de créer le buzz, en témoigne.
C’est contre ce sentiment que comptent s’élever les instigateurs de l’évènement « La marche des républicains. » Le discours de François Hollande lors des commémorations du 11 novembre en a constitué l’élément déclencheur. Si certaines personnes ont profité de l’occasion pour huer le président, cela a provoqué de vives réactions chez les internautes. Au milieu de celles-ci, un hashtag émerge : #lamarchedesrépublicains. Un compte Twitter et une page Facebook sont créés dans la foulée. La création d’un site est même à venir. L’évènement, qui se déroulerait le 8 décembre prochain, place de la Bastille à Paris, invite ses participants à marcher « tous ensemble afin de raviver l’esprit républicain. »
Le mouvement, créé à l’origine par des militants de gauche, espère fédérer des partisans centristes et UMP. Certains ont d’ailleurs déjà rejoint le mouvement.
Celui-ci va-t-il réussir à s’affranchir des clivages politiques pour embrasser une population soucieuse de s’unir pour préserver ses valeurs ?
Mais surtout, la mobilisation des internautes va-t-elle entraîner une mobilisation des citoyens ?
 
Adeline Mateus
Sources :
Le Huffington Post
LeLab – Europe 1
La page Facebook de la Marche des Républicains