Flops

Ils auraient mieux fait de tourner 7 fois leur pouce avant de tweeter !

 
Vieil adage inscrit dans la Bible, il est dit à propos de Salomon que “le sage tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler”. A l’heure où la communication des entreprises, des politiques et des individus se fait instantanée et passe par les réseaux sociaux, l’idée reste la même mais version 2.0. Lorsque l’on est une personnalité publique, on ne peut s’exprimer impunément. Petit florilège d’exemples de ceux qui auraient mieux fait de tourner 7 fois leur pouce avant de tweeter.
Christine Boutin
En matière de buzz sur Twitter, cette dernière gagne peut-être haut la main. Dernier dérapage en date, sa “blague” à l’encontre d’Angélina Jolie, qui a décidé de médiatiser la mastectomie qu’elle a récemment subie.

Après que des utilisateurs s’en soient pris à sa page Facebook, la présidente du Parti Chrétien-Démocrate s’est justifiée dans un communiqué.
Si le tweet était maladroit, la justification l’est d’autant plus. Se permettre de critiquer une opération chirurgicale pratiquée sans que la personne soit malade, c’est limite, mais soit. Mais venant de quelqu’un qui défend la vie contre vents et marées, critiquer une personne qui a voulu préserver sa santé et la cohésion de sa famille ; balayer d’une phrase toute la souffrance physique et – surtout – psychologique de subir une ablation de la poitrine, cet attribut si profondément lié à la construction de notre identité féminine, tout ça pour habilement basculer vers le pseudo-débat d’une médecine à deux vitesses, belle prouesse, vraiment !
Le tweet, prétexte à une critique de la mondialisation
En juillet 2012, le Community Manager de Starbucks tweet ses excuses aux consommateurs argentins : les mugs et tasses classiques “Starbucks” sont temporairement indisponibles, “certains magasins utilisent des tasses et des manchons nationaux”.

Le Community Manager voulait simplement informer les clients de la situation. Rien de choquant jusque-là. Au contraire, Starbucks semble faire ainsi preuve de prévenance et de respect envers ses consommateurs. Pourtant, les réactions sur Twitter fusent via le hashtag #pedimosdisculpas (#nousdemandonspardon). Entre second degré et véritables rancœurs contre la marque qui semble dire selon certains : “A défaut de vous donner le meilleur, nous mettrons à votre disposition des produits argentins”. L’un de ses tweets est particulièrement évocateur des tensions nationales vis-à-vis des entreprises étrangères : « #nousdemandonspardon aux enfants qui consomment Starbucks parce qu’ils ne peuvent pas prendre leur café dans une tasse faite par un esclave chinois de 12 ans”.
Il est difficile de soutenir un parti plus que l’autre. Nous serions tentés de reprocher aux twittos argentins une certaine mauvaise foi, car le geste du CM relevait de l’information plus que de la critique sous-jacente des produits nationaux. Pourtant, il est clair que les chargés de communication d’une entreprise étrangère doivent porter une attention particulière à ne pas froisser la fierté nationale, et ceci doit passer par une adaptation permanente des messages au lieu d’implantation de l’entreprise.
Quand Pedobear a pris le contrôle du site La Redoute
Souvenez-vous, début 2012, tout le web avait ri de l’homme nu en arrière-plan d’une photo mode enfant sur le site de La Redoute. Erreur malencontreuse, “l’homme nu” est devenu un “même” repris à toute les sauces. Le concurrent Les 3 Suisses avait également récupéré l’évènement à son avantage.

Une fois le gros du buzz passé, La Redoute était retombé sur ses pattes en organisant un jeu-concours qui enjoignait les utilisateurs à retrouver 14 images volontairement trafiquées. A la clef : la promesse de se faire rhabiller gratuitement des pieds à la tête.
Viens sur mon compte public, je tweet à une copine
Il nous est arrivé, à tous, de se tromper de destinataire pour un message. Imaginez alors que cela concerne un homme politique et que le message soit TRÈS privé.
Le résultat:

Anthony Weiner, démocrate américain aurait dû mieux vérifier son tweet avant de montrer les contours de son sexe au monde entier.
Les conséquences : une carrière politique gâchée, un mariage en danger mais un avenir prometteur dans l’industrie du porno, puisque Larry Flint, maître du genre, lui promet un beau salaire de compensation et affirme la sincérité de son offre.
Dominée par la satisfaction client et les ambassadeurs de marque, la stratégie des entreprises répond au désir d’une relation BtoC exclusive. Sur un web où chacun a la possibilité de s’exprimer, les réseaux sociaux sont la nouvelle ligne directe du service consommateur.
Pourquoi ces affaires prennent-elles des dimensions si disproportionnées quand on sait bien que la plupart sont sans importance ? Comment un tweet de Valérie Trierweiler peut-il alimenter la chronique pendant deux mois et faire trembler la République ? A l’inverse, comment des tweets diffamants et insultants, comme ceux du footballeur anglais Joey Barton traitant Thiago Da Silva de « transsexuel en surpoids », peuvent-ils rester impunis, dans cette toile dont les contours juridiques sont parfois très difficiles à déterminer ?
Entre messages provocateurs, dérapages, malentendus volontaires pour mieux envenimer la situation, le web 2.0 est bien à l’image d’une agora contemporaine, pleine de débats plus ou moins futiles où chacun veut et peut faire entendre sa voix. Mais pas plus haut que celle de son voisin.
 
Pauline St Macary et Sophie Pottier
Sources :
http://news.fr.msn.com/hightech/petits-tweets-grosses-cons%C3%A9quences#image=3
Les dérapages de Christine Boutin : http://www.francetvinfo.fr/christine-boutin-derape-sur-twitter-au-sujet-de-la-mastectomie-d-angelina-jolie_324156.html
Anthony Weiner et sa photo compromettante : http://en.wikipedia.org/wiki/Anthony_Weiner_sexting_scandal
La Redoute : http://www.lefigaro.fr/societes/2012/01/04/04015-20120104ARTFIG00484-la-redoute-fait-le-buzz-avec-un-homme-nu-sur-une-photo.php?cmtpage=0
Le cas du Starbucks argentin :

Bad buzz : Starbucks boit la tasse sur Twitter


Pour aller plus loin sur le cas Barton :
http://www.leparisien.fr/sports/football/foot-twitter-barton-s-excuse-avant-d-en-rajouter-sur-thiago-silva-03-04-2013-2693565.php

Joey Barton sur Twitter : quelles responsabilités, quelles conséquences ?

Photo du site La Redoute
Flops

The Naked Man, quand le bad buzz devient positif

L’affaire de l’homme nu de la Redoute ne vous a certainement pas échappé. Ou alors c’est que vous vivez enfermé depuis deux mois, sans la présence d’un quelconque média autour de vous. Dans le doute, et avec ma grande bonté, je vous la résume : début janvier, un homme nu a fait son apparition en arrière-plan d’une photo de vêtements pour enfants, sur le site du magazine de vente par correspondance : la Redoute.
Le gag paraît tellement énorme qu’on se demande comment personne n’avait pu s’en rendre compte jusqu’ici. La Redoute s’est platement excusée et a supprimé la photo – objet de la honte – de son site internet.
 
L’écho retentissant de l’affaire
 
Mais le mal était fait, et les internautes se sont hâtés de se saisir de cet énorme fail, pour s’en amuser, le détourner à n’en plus finir, glisser ce malheureux homme nu dans toutes les photos possibles. L’homme nu a vite basculé du côté des mèmes, aux côtés de Chuck Norris ou du Nyan Cat, et autres éléments que le web ne se lasse pas d’utiliser et d’utiliser encore, jusqu’à plus soif.
Plus d’un mois après son étonnante apparition, l’homme nu ne cesse de sévir, certains l’auraient même vu sur l’affiche de campagne de notre président candidat…

Mais les internautes n’ont pas été les seuls à se saisir de ce Bad Buzz, d’autres enseignes ont également sauté sur l’occasion, comme Les 3 suisses, le concurrent direct de la Redoute, qui a rhabillé l’homme nu avec un de ses maillot de bain, mais aussi Tipp ex (parce que, comme ils l’ont très justement dit, « On Redoute tous de faire des erreurs »), Orangina, etc.
L’histoire aurait pu s’arrêter là : l’affaire de La Redoute plus ou moins excusée, son homme nu continuant de tourner sur le web en souvenir d’un incident qui fait plus sourire qu’autre chose.
 
La réponse de La Redoute
 
Mais La Redoute en a décidé autrement, et, pour redoubler le buzz, a rebondi sur l’affaire avec une vidéo au second degré plutôt réussi, que je vous laisse découvrir.

Insister sur ses propres erreurs, c’était un choix de communication risqué à un moment où l’affaire avait encore toute ses chances d’être plus ou moins enterrée et où La Redoute pouvait reprendre ses activités normales, sans avoir perdu trop de clients. Mais c’était tout de même un pari à tenter, une bonne manière de montrer son sens de l’humour et de l’autodérision, de prouver son ancrage dans l’air du temps et sa compréhension de la culture web : de la viralité, des buzz, des mèmes, de ce besoin constant des internautes de se moquer ou tout simplement de rire de tout, de détourner sans jamais s’arrêter.
 
Le bilan
 
Alors, la stratégie de La Redoute a-t-elle été bonne ou mauvaise ? La marque aurait-elle mieux fait de se taire ? La vidéo au ton solennel, mais dont on comprend vite qu’il s’agit d’humour, de la marque a très rapidement tourné sur la toile, donnant à l’affaire de l’homme nu un nouveau rebondissement, un nouveau buzz qui a surpris les internautes d’une manière plutôt positive, sans doute attirés par le côté ludique que proposait la vidéo. Le jeu a réellement été mis en place : La Redoute avait caché dans son site 14 photos truquées que les internautes devaient retrouver.
Et en effet, il semble que le bilan ait été plutôt positif pour La Redoute. D’après le Petit Web*, la mise en place du jeu aurait généré un trafic croissant sur le site de la marque, une augmentation du nombre de fans sur sa page Facebook, ainsi que de nombreux échanges de tweets aux contenus en grande partie positifs.
Produire du commentaire et de la conversation, n’est-ce pas le principe d’un buzz réussi ?
Il semble donc que s’emparer de son propre bad buzz pour le tourner à son avantage ait été un succès pour la marque : elle a montré son sens de l’humour et a généré un important trafic sur son site internet. Tout bénef pour elle.
Elle peut donc remercier le monsieur qui se baladait tout nu les pieds dans l’eau ce jour-là, et on peut en faire autant : on n’ira pas forcément s’acheter des vêtements chez La Redoute grâce à lui, mais au moins, on a bien rigolé !
 
Claire Sarfati
Source :
Petitweb.fr
Crédits photos et vidéos :
©La Redoute

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