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Sciences Po fait du ménage

Le fleuron de l’éducation française, Sciences Po vient de supprimer son épreuve de culture générale. LA grande école par excellence a décidé de réformer les modalités du concours d’entrée dans le sens d’une discrimination positive. Après l’admission de bacheliers issus de ZEP sur dossier, Richard Descoings souhaite par cette mesure « diversifier » le recrutement et miser davantage sur la personnalité des élèves. Magister dixit.
La nouvelle se répand comme une trainée de poudre. Véritable institution, symbole de l’éducation française et d’une certaine élite, la décision de Science Po suscite des réactions partagées. Certains parlent de révolution, d’autres d’évolutions.
Du côté de Sciences Po, on avance qu’on ne recrute pas des copies mais des individualités. D’autres disent que l’épreuve de culture générale semble l’épreuve la moins utile, et surtout comment peut-on prétendre en avoir une à l’âge de 17 ans ? D’autres, véritables défenseurs et porte-parole de la culture se disent atterrés. La France, terre de nos aïeux philosophes, berceau des lumières supprime une partie de notre patrimoine.
L’apocope « Sciences Po » a gagné en notoriété à l’étranger. Presque un symbole à part entière de l’identité française, comme le foie gras, le champagne et la haute couture, elle rivalise avec les grandes universités américaines, anglaises et asiatiques. Bien que sa place fluctue dans les classements mondiaux, elle reste suffisamment appréciée des élites pour rassurer notre chauvinisme.  In fine, quelle image dorénavant pour Sciences Po et l’éducation française à l’étranger ? Les français toujours connus pour leur héritage culturel, leurs racines sur le vieux continent, souvent un brin arrogant quand il s’agit de leur culture générale risquent de se sentir démunis. Quand on interroge les étudiants étrangers en séjour d’études à Sciences Po, ceux-ci vantent la manière française d’étudier et de vivre, l’expérience d’un point de vue universitaire mais surtout culturel ! Et la culture générale en fait partie. Toute la communication renforce cette image galvanisante du mythe français, du « vieux pays », de la vieille démocratie. La France toujours vue comme active dans la participation à la construction européenne avec une vocation universaliste en matière de droit de l’homme vient de faire une croix sur ce qui faisait son charme à l’étranger. En faisant ce choix, il semble que la culture G jusque là portée aux nues vient d’être reléguée au second rang. Bien plus qu’une simple réforme de grande école, c’est un véritable coup de pied dans la fourmilière, c’est revenir sur ce qui, pendant des années était le graal de la nomenclatura française mais aussi remettre en cause l’image bien ancrée à l’étranger de notre « appétence » pour la culture.
Bien sûr, l’archaïsme n’est pas une solution, il est évident qu’il est important de miser sur les personnalités et d’autres facteurs que les compétences intellectuelles, mais fallait-il aller jusqu’à supprimer l’épreuve de culture G ? Réforme et non suppression n’aurait-il pas suffit ?
 
Rébecca Bouteveille

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