Com & Société, Environnement

Sensibiliser les Américains au gaspillage ? Un défi pour « monsieur poubelle ! »

Vous êtes-vous déjà demandés combien pèseraient vos déchets ménagers mis bout à bout ? Eh bien Rob Greenfield, un militant écologiste en a fait l’expérience pour vous ! Pour sensibiliser les Américains au problème du gaspillage alimentaire aux États-Unis, cet environnementaliste décide de porter sur lui les ordures mensuelles d’un Américain moyen.
Son expérience étonnante s’ancre dans un contexte de prévention internationale, car le 16 octobre dernier avait lieu la Journée mondiale de l’alimentation : un timing parfait pour montrer à tous que le gaspillage est un problème majeur dans la société.
« Trash me » ou comment lutter contre le problème de surconsommation américain
En effet, la quantité d’ordures jetées aux États-Unis est incroyable : deux kilos par jour et par personne en moyenne, c’est-à-dire deux fois plus que les Français. Le calcul est vite fait : ce n’est pas moins de soixante kilos de détritus produits en un mois pour une seule personne ! Ce constat affolant ne semble pourtant pas être au centre des préoccupations des Américains, peut-être davantage obnubilés par la course à la présidentielle 2016. Aujourd’hui, les États-Unis sont « le premier producteur mondial de déchets, que ce soit les déchets ménagers, industriels ou toxiques » explique Dominique Lorrain, Directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), dans son livre Le Secteur des déchets aux États-Unis, I.
C’est pour cette raison que l’écologiste engagé a lancé son projet « Trash me ». Son objectif est clair : déclencher une prise de conscience. Affublé d’un costume contenant chacun de ses déchets, Rob Greenfield se promène dans les rues de New-York et joue sur une communication visuelle et insolite. Il remplit sa tenue d’emballages divers et variés (excepté les déchets organiques, on vous laisse deviner pourquoi), ce qui le fait gonfler de semaine en semaine altérant ainsi sa capacité à se déplacer. Au terme de son expérience, il aura tout de même accumulé environ quarante-cinq kilos de détritus
Pour Rob Greenfield, la meilleure façon de comprendre le mode de vie d’une majorité, c’est de l’adopter et d’en exposer les conséquences néfastes au grand jour.
Une action originale et décalée
Rob Greenfield utilise les lieux publics pour une visibilité optimale et cherche à renvoyer une image d’un Américain « comme les autres ». Pour cela, son opération s’appuie sur les réseaux sociaux et fait appel à une logique d’identification : il est le miroir qui reflète le fléau de la société moderne, à savoir la surconsommation.
Et si le décalé pouvait être recalé ?
Exhiber ce qu’on refuse de voir c’est aussi prendre le risque d’être perçu comme marginal et incompris par la société dans laquelle l’incitation à la consommation est omniprésente. En vérité, nous n’avons que très peu conscience de l’impact qu’ont tous les emballages accumulés au quotidien, sur notre environnement. C’est donc à la fois une cause difficile à défendre, ainsi qu’une réalité difficile à assumer.
Cependant, Rob Greenfield n’est pas le seul à tenter d’alerter l’opinion publique en jouant sur un visuel percutant. Le « Pétrole Mob » de Greenpeace où les militants français s’engluaient de pétrole pour dénoncer le phénomène de marée noire peu de temps après celle du golfe du Mexique en 2010, avait lui aussi marqué les esprits.

L’homme aux six millions de vues
A trente ans seulement, le défenseur de la planète convainc et suscite l’engouement des médias à chaque opération décalée. En 2015, on l’appelle le « Forest Gump de l’écologie » pour avoir parcouru des centaines de kilomètres à vélo le long de la côte californienne dans le but de prendre soin des paysages locaux ; et l’année suivante, il anime TEDxTeen intitulé « How to end the food waste fiasco. ». Toutes ses expériences et ses astuces pour tendre vers une consommation meilleure sont sur son blog : robgreenfield.tv.
A quelques jours de la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets (SERD) qui aura lieu du 19 au 27 novembre 2016, l’expérience de Rob Greenfield s’est achevée à point nommé et soulève la question de l’accumulation des déchets ménagers dans le monde entier.
Vous l’aurez compris, Rob Greenfield ne passe pas inaperçu dans toutes ses entreprises plus folles les unes que les autres : à la fois proche de son public-cible mais aussi présent dans les médias, il semble se placer comme le défenseur moderne et avant-gardiste de la cause environnementale.
 
Steffi Noël
@Steffi Noël sur Twitter
 
Sources :
LORRAIN Dominique, « Le secteur des déchets aux Etats-Unis (1) », Flux, 43, (Rubrique « Entreprises de Réseaux »), janvier-mars 2001, p. 73-84.
« Rob Greenfield, l’homme-ordures de New York », Paris Match. Publié le 05/10/2016. Consulté le 15/10/2016.
« Rob Greenfield, le « forest gump » de l’écologie », Monsieur Mondialisation. Publié le 27 octobre 2015. Consulté le 14/10/2016.
– GENTILLE Denis « Trash me : la folle idée de Rob Greenfield pour lutter contre le gaspillage », Positivr.fr. Publié le 12 septembre 2016. Consulté le 14/10/2016.
RUIZ-GROSSMAN Sarah « This Guy Is Wearing Every Piece Of Garbage He Generates For A Month », The Huffington Post. Publié le 26/09/2016. Consulté le 16/10/2016.
Le site de Rob Greenfield
 
Crédits photos :
Bryan R. Smith, photographe pour ParisMatch