Archives

Jacques a dit "La tour Paris 13, ou l'intégration bien pensée du digital et du collaboratif"

 
Depuis le 1er octobre, la tour Paris 13, un ancien immeuble d’habitations de 9 étages voué à la démolition, est accessible au public.
Il a été entièrement envahi par 100 street artistes du monde entier qui ont pu laisser libre cours à leur créativité, et nous sommes invités à aller visiter gratuitement le lieu pendant un mois avant que le bâtiment soit détruit. L’idée parait déjà intéressante, mais elle l’est d’autant plus qu’elle se double d’un dispositif digital et collaboratif pensé dans ses moindres détails.
En effet, un site Internet avec une version déclinée pour les tablettes permet une visite interactive de la tour dans ses moindres détails et d’obtenir des informations et témoignages inédits sur les artistes. Un hashtag #tourparis13 a été créé pour l’occasion, et un documentaire de 52 minutes est déjà prévu sur France Ô en 2014 pour témoigner de cette opération de grande ampleur.
Mais ça ne s’arrête pas là, puisque les internautes sont invités à participer de manière plus importante dans le projet.

Le collaboratif au cœur du dispositif
Le collaboratif est maintenant remixé à toutes les sauces, avec plus ou moins de succès, et cette opération n’a donc pas échappé à cet incontournable.
Il sera donc proposé aux internautes pendant dix jours après la fermeture du site de cliquer pixel par pixel sur les œuvres qui leur auront plu. Le bâtiment étant voué à la démolition, les œuvres sélectionnées garderont une existence digitale sur le site Internet de la Tour Paris 13. Alors que l’avenir des expositions est généralement un poster dans sa chambre ou un beau-livre à afficher dans sa bibliothèque, il s’agit cette fois d’un moyen astucieux de pérenniser l’expérience de la visite, en impliquant réellement les internautes. C’est d’autant plus intéressant qu’il s’agit ici de street art, un art particulièrement éphémère.
Toutefois on ne peut manquer de noter le côté légèrement hypocrite de cette opération, qui transparaît notamment à travers l’expression employée dans le communiqué : « venez sauver la Tour Paris 13 ». On joue ici sur l’ambiguïté avec le vrai sauvetage d’un monument voué à la destruction. Aller jusqu’au bout de l’opération aurait été permettre aux internautes de décider (ou non) de la sauvegarde de cet immeuble comme un nouveau lieu dédié au street art, mais celui-ci sera de toute manière détruit, pour construire quoi à la place ? On se garde bizarrement bien de nous le dire.
En définitive, une opération culturelle innovante et de grande ampleur pour ceux qui pourraient accuser la « ville-musée » d’être à la traîne. Paris affirme son inventivité dans le domaine artistique, et l’on espère que ce genre d’initiatives ne sera pas isolée !
 
Judicaëlle Moussier

Archives

Jacques said Draw your life !

 
Un beau dessin vaut mieux qu’un beau discours : telle serait la morale de la nouvelle fable moderne dans laquelle l’internaute raconte une histoire (sa vie !) au travers de dessins.
Après le journal intime à qui l’on confiait ses problèmes, les blogs ont fait leur apparition. Délaissés depuis quelques années, il manquait donc un outil de confidence pour toute cette masse humaine qui avait remplacé le cahier par l’écran et sur ce même écran, l’écrit par l’image.  En effet, de nombreux Youtubers racontent leur vie, leurs difficultés grâce à Draw my life. Le principe n’est pas bien compliqué : une main est filmée alors qu’elle dessine des personnages et rédige des textes simples, l’image est retransmise en accéléré et accompagnée d’un fond sonore (musique et voix off). On compte aujourd’hui environ 3 millions de vidéos qui ont adopté ce concept !
Sam Pepper, artiste britannique, a publié une vidéo de 5 minutes et 9 secondes le 8 janvier 2013 qui a déjà été visualisée plus d’un million de fois. Le titre de la vidéo « Draw My life » a donné son nom au mouvement.

Depuis cet été, les vidéos calquées sur ce modèle font fureur en France : les jeunes, entre 17 et 25 ans, sont les premiers à se lancer dans ce jeu du dessin. Le format est d’autant plus séduisant qu’il ne demande aucune qualité artistique puisque, dans sa vidéo, Sam Pepper fait des dessins simplistes avec des personnages en bâtons. Il n’est plus question de grammaire, d’orthographe, de syntaxe : un élève de maternelle pourrait dessiner sa vie. C’est pourquoi, selon les vidéos « Draw My life », les dessins peuvent être grotesques ou bien artistiques.
L’idée est de confier une partie de sa vie personnelle, voire intime. Ce buzz, plutôt récent, invite à se questionner sur l’utilisation et l’évolution des moyens de faire des confidences jusqu’à aujourd’hui. Le journal intime était réservé à son seul auteur. Les blogs s’adressaient à des amis, à un entourage proche. La vidéo Youtube s’adresse à tous les internautes confondus, à cette communauté du web qui partage tout. Les confidences deviennent donc de moins en moins confidentielles et de plus en plus théâtralisées. C’est ainsi que les difficultés sont souvent partagées sur le ton de la plaisanterie, avec un ton enjoué : une technique qui permet de prendre de la distance. Youtube devient ainsi le théâtre de nombreuses confidences.
Le phénomène s’étend rapidement et s’élargit, s’éloignant de la même manière de son objectif initial. C’est ainsi qu’une classe de collège illustre un cours grâce à ce même concept :

Ces élèves dessinent des animaux marins, non des éléments de leur quotidien : on perd alors la dimension primordiale de la thématique personnelle initiée par Sam Pepper dans sa vidéo. Mais cet exemple montre bien l’ampleur prise par  cette nouvelle mode.

Clothilde Varenne

Archives

Jacques a dit c'est encore Lui

 

La semaine dernière, un magazine à la fois tout neuf et déjà vintage sortait dans les kiosques. « Lui », relancé cette rentrée par Frédéric Beigbeder, c’était le mensuel des vrais hommes dans les années 70 : moitié macho, moitié intello, alternant entre rubrique ciné signée François Truffaut et pin-up nue en page centrale, avec un petit côté BCBG gentiment subversif. Mais le ton particulier de cette ligne éditoriale, à l’époque assez anodin, aura-t-il la même résonnance dans une époque où la guerre des sexes a repris du poil de la bête ?
Le cap fixé par Beigbeder et son équipe semble à la fois très simple et difficile à tenir. « Lui » s’adresserait donc au vrai mâle qui sommeille en chaque métrosexuel à la virilité malmenée. Il faut dire que le contexte s’y prête. Entre « La fin des hommes » d’Hanna Rosin et «Le premier sexe »  d’Eric Zemmour, l’heure est à la proclamation de la domination féminine, que ce soit pour la déplorer ou la célébrer. Le magazine se présente donc comme l’alternative à une presse masculine trop aseptisée, paralysée par cette inversion des rapports de force. Or, pour siphonner le lectorat de GQ et compagnie, rien de plus simple : il suffirait de combiner la nudité et les articles cash pour stimuler l’inconscient archaïque de ces messieurs.
Le problème, c’est que le magazine de charme a pris un sacré coup de vieux. Avec internet les filles nues sont désormais à portée de clic, donc plus besoin de les associer à des articles de fond pour légitimer l’achat du lecteur. Il en a résulté une totale dissociation entre revues pornographiques estampillées « beauf », et une presse plus sérieuse où les rubriques géopolitique et culture ne laissent plus de place à un intermède coquin. Le challenge sera donc de fédérer ces deux types de lectorat en n’étant ni trop vulgaire ni trop pointu. Pari plutôt réussi avec ce premier numéro, auquel Léa Seydoux apporte sa caution bobo « film d’auteur », ce qui ne l’empêche pas de montrer ses seins. Mais l’équilibre est précaire, et le parti pris dangereux : si on ferme aisément les yeux sur l’objectification de la femme dans tous les journaux féminins, il est très probable que les censeurs ne seront pas aussi indulgents avec ce mensuel à la réputation déjà sulfureuse.
 
Marine Siguier 
 

Archives

Jacques a dit : restons civils !

 
« Restons civils ! » La RATP a lancé une nouvelle campagne publicitaire depuis quelques jours. Nouvelle, parce que nouvelles images et nouveaux slogans, mais pas innovante, parce que la thématique et le format ont été repris de l’année précédente.
Le slogan
Le présent utilisé dans le slogan l’ancre dans notre réalité : ce mode l’actualise sans cesse. En effet, les panneaux traitent d’une banalité quotidienne que chacun endure dans les transports en commun, tout particulièrement lors des heures de pointe. Qui n’a jamais eu les pieds écrasés ? Qui ne s’est jamais fait bousculer ? Lorsque l’on sait que de nombreux parisiens passent 1 h par jour minimum dans les transports en commun, on comprend bien à quelle point cette campagne s’adresse à tous.
Plus qu’un présent, ce slogan est un impératif présent : le slogan ne dit pas, mais il invite, voire exige. La RATP ne lance pas une campagne publicitaire mais bien une campagne de sensibilisation, de civilisation. En effet, il ne s’agit pas de vendre un produit mais bien d’inviter les usagers à adapter leurs comportement aux lieux qu’ils fréquentent.
Ce slogan est à la troisième personne du pluriel : il ne s’agit pas de toi, de lui, d’eux mais bien de NOUS. Si l’on râle parce que l’un parle trop fort, il faut bien se rappeler de ce jour où l’on téléphonait dans le métro… Tout cela n’est pas sans rappeler le fameux : « la sécurité, c’est l’affaire de tous ».
Enfin, le slogan repose sur des rimes et un jeu de mot: un jeu s’établit avec le destinataire et peut quelquefois amener un sourire sur les lèvres. « Restons civils sur toute la ligne » c’est rester civils jusqu’au bout mais aussi rester civils dans la ligne de métro/bus/tram.
L’auteur : la RATP
« Restons civils » est un slogan large qui pourrait s’appliquer à de nombreuses situations et qui devrait être exigé dans tous les espaces publics : dans la rue, dans les magasins, avec ses collègues, il faut savoir se tenir et être civil. Notons d’ailleurs, que civil vient de civitas, c’est-à-dire la cité en latin. Rester civil c’est savoir se comporter en ville, entouré de personnes.
Ce slogan toutefois s’applique à un espace précis et bien délimité : celui des transports en commun gérés par la RATP. Tout rappelle qui est l’auteur de ces campagnes. En effet, chaque slogan reprend un numéro de ligne de métro : ce numéro est entouré d’un rond de couleur. Le rond rappelle les stations sur les plans, la couleur est associée à une ligne bien particulière. De plus, les scènes se passent dans le monde souterrain : métro, bus et escalator sont les témoins de bien des incivilités
Le voyageur-bête ?
Nous l’avons dit ci-dessus, les voyageurs sont tous impliqués par le slogan. Cependant, sur les images, celui qui dérange est toujours un animal : les perroquets bloquent les escalators, le buffle brusque les autres en entrant, la tortue donne un coup avec son sac à dos…
Ce sont donc les animaux qui posent problèmes aux humains : on invite le voyageur à rester civil mais de manière indirecte, comme si on cherchait à ne pas l’accuser trop explicitement. Passer par des animaux a un autre atout : parce que l’on n’associe pas de visage humain à celui qui gêne, on peut appliquer le message à tous types de situations. Les perroquets peuvent aussi bien être un couple de collégiens que des personnes âgées.
Tout cela n’est pas sans rappeler les Fables de Jean de la Fontaine : grâce aux animaux, la critique est mieux perçue et acceptée, car on ne se sent pas agressé ou accusé. Les animaux donnent aussi une dimension universelle, qui transcende temps et lieux, pour atteindre chaque personne.
Ainsi, cette campagne, assez réussie, s’inscrit bien dans le contexte actuel où la tolérance est prônée en tout. Reste à savoir si cette invitation civile s’avérera suffisante pour améliorer les comportements des voyageurs. Une campagne plus énergique sera-t-elle nécessaire ?
 
Clothilde Varenne

secret story
Archives

Secret story is back !

 
Amateurs de culture télévisuelle, réjouissez-vous : l’émission qui rythme vos étés reprend vendredi. L’occasion de revenir sur la pierre angulaire de la télé réalité qu’est le fameux casting. Eternelle prise de tête des producteurs, c’est lui qui va faire du concept initial un succès fulgurant ou un flop retentissant (R.I.P « le Carré Viiip »). Des candidats pas assez charismatiques ou trop mous et c’est le drame : le téléspectateur vaque à des activités plus productives. Du coup, on cherche désespérément la recette miracle pour créer ce mélange optimal de « personnalités » qui donnera un coup de fouet aux audiences. Le problème, c’est qu’une fois le subtil dosage trouvé, il est usé jusqu’à la corde. Chaque année donc, on prend les mêmes et on recommence. En apparence un seul mot d’ordre : DI-VER-SI-TE des profils. En réalité, on a affaire à une sélection calibrée au millimètre pour toucher à la fois la ménagère, les jeunes, les vieux, la masse et les minorités (et on dit bien TOUTES les minorités : visibles ou non, ethniques ou religieuses, même les chauves ont eu leur candidat l’année dernière en la personne du charismatique Kevin). Vous pensez voir des candidats à l’écran ? Vous avez surtout affaire à des arguments massues, qui visent à prouver que non, la chaine n’est ni homophobe, ni raciste, ni âgiste, ni sexiste, ni même débile. Alors, quel grand cru nous réservent-ils cette année ?  Typologie d’une crétinerie annoncée :
-le vieux :

Il est là pour ratisser une audience un peu plus large. Non ce genre d’émission ne s’adresse pas exclusivement aux 13-17 ans, puisque de charmants trentenaires peuvent y participer !  C’est la touche de maturité censée crédibiliser le show et « vieillir » un peu son image. Le problème ? Le vieux aussi a cinq ans d’âge mental.
-l’hystérique :

Elle crie. Tout le temps, contre tout le monde, du matin au soir. Son rôle est provoquer un sentiment d’antipathie et de montrer en creux que si les autres participants ne sont pas très futés au moins eux sont paisibles. Le téléspectateur peut facilement l’identifier comme la méchante, et dans un huis clos où rien ne se passe, elle permet de relancer l’action au moindre signe de vaisselle mal faite ou de brosse à dent déplacée.
-la victime :

Peut-être l’archétype le plus pervers de ce genre d’émission. La victime, c’est celle que tout le monde déteste et qui a tout le temps les yeux rouges. Mais attention, le but n’est pas de susciter de la compassion : on s’aperçoit très vite qu’elle est encore plus détestée que l’hystérique, par les autres participants comme par le public. Chaque année on assiste donc au même lynchage programmé, notamment sur les réseaux sociaux. Bien pratique, car cette haine facilite la cohésion d’une communauté autour d’un rejet commun.
-le génie :

C’est la caution intello, pour parer aux reproches habituels sur la nature abrutissante du programme. « J’ai passé mon bac à 14 ans », « J’ai un QI d’Einstein », voilà pour la minute culture, et tant pis si au bout de deux semaines le génie en question se balade à poil avec son slip sur la tête.
-la bimbo :

 Elle est la valeur sure de la téléréalité, car elle provoque invariablement les mêmes réactions épidermiques : concupiscence, jalousie et mépris, un cocktail explosif qui fait à tous les coups grimper l’audimat.  C’est elle qui buzz le plus, il lui suffit pour cela d’allier syntaxe approximative et décolletés plongeants.
-le gay :

Là encore, le personnage est au-delà de la caricature. C’est la commère de la maison, il adore Madonna et les Uggs, aucun cliché n’est trop énorme. Paradoxalement son homosexualité n’est jamais évoquée directement de quelque manière que ce soit au cours de l’émission. Peut-être par peur de choquer un public plus « conventionnel » ? Dans tous les cas, ces contradictions révèlent un marketing de niche finalement pas très gay friendly.
Cette année encore on peut parier que les équipes de production reprendront dans les grandes lignes ce schéma de base qui a fait le succès de Secret Story. Il n’est cependant pas exclu que de nouvelles trouvailles soient au programme, histoire de renouveler un concept qui commence à s’essouffler. Les paris sont ouverts !
 
Marine Siguier

1
Archives

Jacques a dit : I need music for every moment

 
La musique rythme notre vie, à la fois personnelle et sociale. Faisant profondément appel à notre identité, nos émotions, elle constitue donc un ressort intéressant pour les marques afin de toucher leurs consommateurs. Ce lien marques/musique se limitait jusqu’à présent principalement à du sponsoring d’artistes, de concerts, ou tout simplement une musique de pub qui ne vous sort plus de la tête ! Mais ça, c’était avant l’arrivée du nouveau Spotify…
A cette occasion, le leader européen d’écoute de musique en streaming se paie sa première campagne publicitaire aux Etats-Unis, pays encore peu converti à la marque, et exprime bien ses valeurs en choisissant un spot très institutionnel, n’abordant à aucun moment les services proposés :

Il s’agit en effet pour Spotify d’accroître sa notoriété et son image, car le site offre désormais des services très innovants pour les marques. D’après une étude menée par Spotify, 57% de leurs usagers déclarent se définir en grande partie par la musique qu’ils écoutent. Véritable aspect identitaire, la musique est également un lien social fondamental : qui n’a jamais discuté ou écouté de la musique avec ses amis ? Et les marques vont à présent pouvoir entrer dans cette sphère personnelle musicale, et s’infiltrer dans cette discussion au meilleur moment pour toucher leurs consommateurs. Quelques exemples pour mieux comprendre cette révolution du brand content musical à venir.
Le générateur de playlist

Converse
Que l’on soit plutôt « shoes » ou « sneakers », après avoir répondu à quelques questions amusantes, Converse nous propose une playlist personnalisée. La marque, qui joue depuis longtemps sur le côté lifestyle devient donc un leader d’opinion au niveau musical, en conseillant directement les musiques jugées “cool”, qui collent avec son image. Une marque peut donc se doter à présent d’une vraie personnalité musicale, renforçant toujours davantage son image par un lien amical avec ses consommateurs (voir à ce sujet l’article : http://fastncurious.fr/jakadi/marques-et-consommateurs-une-grande-histoire-damitie.html).
Reebok Fitlist : faire une place musicale à la marque à un moment de la journée

En permettant à l’utilisateur de créer sa playlist personnalisée, la marque propose non seulement un outil bien pratique, mais s’intègre pour le consommateur au rituel du jogging. Et cela peut s’appliquer à n’importe quel moment de notre journée, de notre vie. Le slogan de Spotify “Music for every moment” traduit bien l’utilisation que nous faisons de la musique, comme un accompagnement de tous les instants. Autant d’occasions pour les marques de s’adresser à leurs cibles, en sachant nous trouver au bon moment, que ce soit au sport, dans notre bain ou dans les transports
La nouvelle offre de Spotify va donc dans le sens d’un brand content toujours plus proche du consommateur, et donnant toujours plus de caractère et de profondeur à l’image de marque. Des campagnes déjà très créatives et innovantes ont été mises en place outre-Atlantique, et devraient bientôt donner des idées aux marques françaises… A suivre de très près !
Judicaëlle Moussier
 

Archives

Jakadi : « Pour ne pas tenter les pickpockets, fermez bien votre sac et surveillez vos objets personnels »

 
Mâtinée de mutineries et d’escamoteurs, la France revêt un habillage peu reluisant. L’éclat de la « Ville-Lumière » se ternit dans la fête de son équipe championne, tout comme le scintillement culturel est maculé de vols à la sauvette, au Louvre ou sur la croisette, du sac à main d’une touriste quelconque aux bagages d’un prestigieux cinéaste chinois.
Ces récents évènements de vol à la tire ont poussé le comité Colbert à tirer la sonnette d’alarme. Regroupant les plus grands noms du luxe, ce comité rappelle que son secteur assure la moitié de ses ventes grâce aux touristes. Ce n’est pas vraiment le moment, dans le marasme économique ambiant, d’érafler l’un des seuls moteurs économiques de la France…
La publicité du pays comme destination touristique repose évidemment sur la façon dont on bichonne et rassure ceux qui nous visitent. Il n’y a qu’à voir la Tunisie qui affiche ses paysages ensoleillés dans les couloirs du métro, pour faire oublier son climat révolutionnaire.
Et la sécurité d’une destination touristique est un argument majeur pour son attraction. C’est même le premier, selon une enquête CNN « Online Consumer Survey » sur le tourisme et le voyage ; 67% des personnes interrogées font de la sécurité le critère numéro un dans leur choix de destination. La notoriété du lieu est ici secondaire. C’est du reste plutôt contre-productif de la part de nos pickpockets : en faisant les poches des touristes, ils dégradent l’image de la France, qui est en quelque sorte leur marque employeur. Ils en profitent en l’endommageant.
Comment rectifier le tir ? Le directeur de l’Office du tourisme de Paris prend ainsi la parole pour ramener l’affaire du pillage de ce car de touristes, dont la vidéo circule énormément sur le Net au Japon, à un simple débordement ponctuel, lié au sport (l’incident s’étant produit au Trocadéro, où le PSG fêtait sa victoire). Le problème, c’est que le visionnage de la vidéo répète et pérennise l’acte momentané.
Le réseau contribue à tisser l’image, et Zhang Qiang l’a bien compris, lui le numéro deux du plus influent conglomérat d’Etat chargé du 7ème Art en Chine, dont les bagages ont été volés à Cannes dans sa chambre d’hôtel. « La sécurité publique en France est vraiment mauvaise et, face à une telle arrogance, il ne faut pas hésiter à ne pas venir à un tel festival ! », s’est-il emporté sur son compte de Microblog. Les retombées de ce qu’il qualifie « d’expérience dramatique », sont lourdes. Mauvaise presse, ce message a été republié à l’envi par les internautes chinois. Il vient, de fait, corroborer l’inquiétude de la Chine, qui a récemment demandé aux autorités françaises de faire attention à la sécurité de ses visiteurs. C’est sans parler des vols de bijoux qui sont survenus ces derniers jours au festival de Cannes.
Les agents de sécurité du Louvre en viennent également à mettre le holà par une grève, pour dénoncer la défaillance des autorités à contrôler l’essaim de mineurs, d’origine roumaine, qui détroussent les touristes autour du musée, et même jusque dans les salles d’expositions.
Dans ce contexte, c’est avant tout l’e-réputation de la destination France qui doit être soignée. Ainsi 759 parutions d’articles ont été recensées par Baidu News à propos d’un fait divers sur l’agression d’un car de touristes chinois à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle. Or le public chinois est très réceptif aux buzz négatifs. Selon le CIC (organisme de veille des tendances digitales), « 58, 7% des chinois prennent des décisions d’achat basées sur les informations online générées par les utilisateurs », avec 19% par exemple pour les Etats-Unis.
A l’agence de développement touristique « Atout France », unique opérateur de l’Etat dans le secteur du tourisme, de bien prendre en main cet enjeu de la communication digitale.
 
Sibylle Rousselot
Sources :
http://www.docnews.fr/actualites/etude,culture-patrimoine-subliment-france,32,17219.html
Un producteur chinois se dit victime d’un vol et critique le Festival
Vol de plus d’un million de dollars de bijoux sur la Croisette
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/grande-consommation/actu/0202778168458-le-luxe-francais-s-inquiete-de-la-montee-de-l-insecurite-a-paris-569080.php
http://www.marketing-chine.com/tourisme/linsecurite-en-france-inquiete-la-chine

2
Archives

Jacques a dit : ouvrons les champs des possibles !

 
Quand la publicité devient imagination poétique
« Nourrir nos rêves », « nourrir nos aventures » et « nourrir notre joie de vivre » sont des slogans qui rythment la campagne publicitaire de Lu. Les campagnes qui mettent en scène de jeunes personnages qui vivent grâce à des biscuits détournés de leurs buts premiers : la Paille d’Or devient balançoire et le Véritable Petit Lu devient des ailes.
Légereté et imagination
Ces grand panneaux où le blanc domine sonnent comme des promesses de rêves enfantins. Cette couleur lumineuse est une invitation à avoir des pensées légères. Paradoxalement, parce que loin des tons agressifs des autres publicités qui cherchent à tout prix à attirer le regard, Lu a réussi avec sa nouvelle campagne publicitaire aux blancs reflets, à capturer les yeux des passants. Nuages, pureté, enfance, beauté… Le blanc est accompagné de tout un imaginaire merveilleux qui nous entraîne dans un tourbillon de rêveries.
Ce tourbillon s’intensifie avec les visions mirifiques d’une balançoire-paille-d’or et des ailes-petit-lu qui nous plongent dans un univers digne de Charlie la Chocolaterie ou dans celui plus effrayant d’Hansel et Gretel. Loin des photos provocantes et suggestives des autres campagnes publicitaires, Lu joue sur notre imagination : la marque ne nous impose rien et ce faisant entraîne une explosion plus intense dans notre imaginaire. Lu ne joue pas sur le produit mais sur l’image de sa marque. Le rêve remplace la consommation… sans toutefois desservir le produit !
En effet, tout cet imaginaire de légèreté décomplexe aussi dans un certain sens le consommateur. Un gâteau qui fait voler ne peut alourdir. Un biscuit qui donne des ailes ne peut faire grossir. Manger une paille d’or c’est comme faire de la balançoire et sortir en plein air. Ainsi, le message transmis serait : manger sucré, c’est bon pour la santé !
L’enfance
Un petit homme qui étend ses bras pour prendre son envol… Scène connue et vécue de tous. En effet, voler est le rêve que nous avons tous eu étant jeune. Montrer cette photo c’est reprendre un rêve commun aux filles comme aux garçons. Un rêve encore vivant chez les plus jeunes, enfoui chez les plus âgés mais toujours présent. Le thème évoqué s’adresse donc à chacun : qui de nous ne se sent pas nostalgique en contemplant ce petit homme qui s’imagine aviateur, explorateur, conquérant ?
Manger de Véritables Petit Beurre, c’est retrouver l’innocence des jours plus anciens pour les adultes et c’est un moyen de réaliser ses rêves pour les plus jeunes d’entre nous.
La cohérence d’énonciation
L’ambiance créée se retrouve sur le site. La graphisme est simple et coloré mais encore une fois, le blanc (et tout ce qu’il implique) domine. Dans le fond d’écran, les biscuits semblent voler en toute légereté. Des défis et le verbe à l’infinitif sont des adresses personnelles au visiteur. Le site invite ainsi à défier le quotidien et à sortir de notre routine. Le consommateur n’est pas celui qui subit les pubs mais bien celui qui est acteur de sa vie.
Vous l’aurez compris, ces publicités m’ont séduites. Faire rêver pour pousser à consommer… Voilà un programme réussi.
 
Clothilde Varenne
Source : http://www.lulechampdespossibles.fr/

Archives

Jacques a dit : Morale pour tout le monde !

 
Le 24 avril, François Hollande a présenté son projet de loi sur la moralisation de la vie publique. Au programme : transparence, contrôle du patrimoine des élus et lutte contre la fraude fiscale. Quelques semaines auparavant, c’était Vincent Peillon qui agitait la sphère médiatico-politique avec sa morale laïque. A l’heure où les scandales s’enchainent, cette notion semble être sur toutes les lèvres et employée à toutes les sauces. Mais pourquoi utiliser ce terme plutôt qu’un autre ? Pourquoi parler de morale plutôt que de déontologie ou d’éthique par exemple ? Une communication efficace passant avant tout par le poids des mots, on comprendra que celui-ci n’est certainement pas anodin.
Un choix de vocabulaire plus symptomatique qu’anecdotique
Il semblerait que le gouvernement ait ici choisi délibérément un mot à forte portée symbolique, chargé d’un impact émotionnel important. Le Petit Robert définit la morale comme la science du bien et du mal. On comprend dès lors l’importance du terme pour un président en mal d’autorité face à un électorat qui réclame des sanctions exemplaires à l’égard du pouvoir corrompu. Réaffirmer une morale, c’est implicitement reconnaître qu’il existe des valeurs fondamentalement positives, auxquelles s’opposent des actions négatives. On balaye ainsi toute ambiguïté : en politique comme ailleurs, il existe de « Bons » comportements et de « Mauvais » comportements, et ces derniers doivent être punis. Et c’est justement cet aspect catégorique qui divise : on applaudit l’initiative ou on dénonce une régression simpliste (certains vont jusqu’à déplorer des relents pétainistes). Cependant, dans l’ensemble, l’initiative reste très majoritairement approuvée (un sondage IFOP pour Dimanche Ouest-France révélait la semaine suivante que 91 % des Français étaient favorables à l’initiative, dont 48 % « très favorables »). Etonnant, pour un peuple si prompt à monter au créneau à chaque nouvelle proposition gouvernementale ? Pas tant que ça.
Retour aux sources ?
Pour l’intellectuelle Julia Kristeva[1], la civilisation européenne est la seule qui a rompu avec la tradition religieuse, et qui a, dans le même temps, négligé le besoin de croire. En somme, la laïcisation des sociétés a laissé un vide difficile à combler. L’idéalisme n’étant plus encadré par des valeurs religieuses, il serait devenu nihilisme, d’où un climat de désillusions et de pessimisme quasi-permanent, exacerbé ces dernières années par la crise. En ce sens, l’approbation générale de ce retour à une nouvelle morale n’est pas étonnant. Au-delà d’un simple ras-le-bol face aux excès de quelques hommes de pouvoir, cet engouement exprime peut-être dans une certaine mesure une forme de soulagement face à ce retour aux certitudes. Ce qui profite bien entendu au gouvernement qui peut se draper d’une autorité nouvelle et noble, qui se veut au service non seulement d’un bien commun (orienté vers une classe dirigeante idéale du fait de la moralisation de la vie politique) mais également de chaque individu (via une incitation à devenir meilleur grâce à la morale laïque).
Moralité : entre coup de com’ et véritable changement, la frontière est parfois plus mince qu’on ne le croit.
 
Marine Siguier
[1] Conférence «Europe ou chaos » du 28/01/13

Archives

Marques et consommateurs, une grande histoire d'amitié ?


L’explosion des réseaux sociaux, permettant à tous nos faits et gestes d’être à présent likés, partagés, commentés par nos amis, a contribué à faire de l’amitié une valeur omniprésente dans la société actuelle. Et les marques ont ainsi été les premières à chercher à devenir « amies » avec leurs consommateurs, parfois jusqu’à l’overdose… Serait-il temps pour elles de trouver de nouveaux moyens de se saisir de cette question de l’amitié virtuelle ?
Marques et consommateurs, une grande histoire d’amitié ?
Comme l’écrit Claire Bidard, sociologue au CNRS 1 : « L’amitié est perçue comme désintéressée mais aussi comme détachée des contingences sociales courantes et opposées en cela aux autres modes de sociabilité. Elle se fonde sur un engagement des seules qualités intrinsèques des partenaires indépendamment de leurs positions dans un système social impliquant pouvoir, utilité ou prestige. ». Ainsi l’amitié est investie d’un imaginaire de désintéressement, d’engagement ne dépendant que des qualités profondes de chaque individu. Il n’est dès lors pas difficile de comprendre l’intérêt, pour les marques, sans cesse accusées de malhonnêteté, tromperie et mensonge, de s’emparer de cet imaginaire pour créer du lien avec leurs consommateurs.
Et pour cela, quoi de mieux que les réseaux sociaux ? Présence continue, contenu varié, conversation, communauté… Bingo ! Les marques ont semble-t-il enfin tous les moyens de devenir nos nouvelles meilleures amies ! Les community managers se sont alors multipliés, avec plus ou moins de succès au départ, mais la professionnalisation toujours plus importante du métier laisse espérer que le community management sera toujours d’une plus grande qualité.
Malgré cela, cette « amitié » est pourtant loin de convaincre tout le monde. Ainsi le 21 avril 2013, Tom Evans, consultant en communication sur les médias sociaux, écrit un billet sans concession sur le site www.psfk.com intitulé « Pourquoi les marques ne sont pas vos amies », avec l’argument simple mais percutant qu’un vrai ami n’a pas pour objectif de vous vendre un produit. Il dénonce ainsi ces marques qui cherchent à agir comme un faux meilleur ami.
D’autant plus que sur les réseaux sociaux, sommes-nous vraiment amis même avec ceux que nous avons volontairement ajoutés ? Mon avis est que les internautes se laissent de moins en moins leurrer par cet idéal, et certaines marques comme Nescafé l’ont bien compris, en réussissant à se saisir de cet imaginaire de l’amitié avec un brillant second degré.
Tester ses amitiés virtuelles avec un vrai Nescafé
La campagne « Really friends ? », imaginée par Publicis Conseil, attaque ainsi cette question de l’amitié sur les réseaux sociaux de front en suivant, sous la forme d’une web-série, Arnaud, un jeune trentenaire qui part à la rencontre de ses amis Facebook à l’improviste, armé de deux tasses de Nescafé.

Le café Nescafé, à travers l’objet matériel et emblématique de la tasse rouge apparaît donc comme le moyen de créer ou recréer le lien amical de façon concrète. La marque réussit donc à se présenter comme un symbole de convivialité, tout en se dégageant avec humour de la vision légèrement utopique des réseaux sociaux comme plateforme joyeuse et gaie où nous retrouverions tous nos meilleurs amis pour partager encore plus de moments ensemble… En effet, ici, rien de tout cela. Arnaud part à la rencontre d’amis Facebook aussi variés qu’un pote du lycée « aussi génial que chelou », une fille dont il ne se souvient plus, ou encore une autre qui l’a supprimé sans raison… Des situations pas forcément glorieuses dans lesquelles tout le monde peut se reconnaître, et qui font mouche.
Alors que les études montrent une fréquentation de Facebook toujours en baisse, notamment chez les jeunes, il me semble ainsi important que les marques sachent prendre le tournant d’une certaine distanciation dans l’utilisation des réseaux sociaux. Au risque sinon que cette distanciation s’applique également à la marque, et que l’amitié marque/consommateur perde définitivement toute crédibilité.
Judicaëlle Moussier
Note :
1 Claire Bidard, L’amitié, un lien social, Paris, La découverte, 1997
Sources :
/2013/04/brand-messaging.html
http://www.businessweek.com/stories/2008-05-09/how-to-build-brand-friendshipbusinessweek-business-news-stock-market-and-financial-advice
http://www.mediapost.com/publications/article/171199/#axzz2RUQ4o5KI

Really Friends ? by Nescafé