Société

Pimp my visibility

 
Lorsque les marques ont investi Internet, elles ont du bouleverser leurs usages et s’adapter aux logiques de la Toile. Ce nouvel espace leur a fourni une visibilité sans précédent. Mais celle-ci doit être exploitée et constamment entretenue. Jusqu’ici, la visibilité dépendait de l’argent que les marques investissaient dans leurs campagnes. Désormais leur visibilité ne dépend plus d’elles seules : elles doivent comprendre et jouer avec des acteurs tiers, comme les moteurs de recherche qui sont devenus les principaux outils pour accéder au Saint Graal. Analyse.
Lorsqu’une marque se déploie sur Internet, elle doit être référencée. C’est le seul moyen pour qu’elle puisse atteindre ses clients. Plusieurs stratégies existent : les stratégies de buzz, qui ont pour but de créer le plus de bruit pour gagner en visibilité et le référencement naturel sur les réseaux. Là où le premier élément prend souvent place dans une campagne ponctuelle, le référencement permet d’avoir de la visibilité sur le long-court.
Le référencement naturel est né avec les moteurs de recherche. Il s’agit d’avoir un site suffisamment visible pour qu’il puisse être trouvé en première page de ces derniers. Sous l’impulsion de Google, leader du marché, les moteurs fonctionnent selon une logique de méritocratie. Lorsqu’un internaute recherche quelque chose, l’algorithme trouve les sites correspondants à ces mots clés. Il classe les sites selon leur popularité et le bruit qu’ils ont produit c’est-à-dire que plus un site aura été partagé et linké, plus il sera mis en avant dans les résultats de recherche.
Une méthode proche du buzz a été mise en place par les marques. Il s’agit de faire un maximum de bruit autour d’un sujet précis qui est celui du site que l’ont veut promouvoir. Par exemple, une marque alimentaire va faire de la création de contenu dans son domaine d’exercice et non sur un de ses produits.
Or, ces contenus doivent être facilement repris et linkés pour mieux s’afficher sur les moteurs de recherche. C’est dans ce contexte que l’on assiste actuellement à une mutation des méthodes d’écriture sur Internet. Sous l’emprise de la recherche de la visibilité, les marques s’emparent des méthodes journalistiques pour produire du contenu. Elles deviennent des médias à part entière, se déployant à 360 degrés, sur les réseaux sociaux, les sites Internet, les sites de vidéos… Tout cela pour créer un contenu partageable augmentant leur visibilité. Ce contenu portant les artifices du journalisme fait office de porte d’entrée vers un site.
Cette nouvelle stratégie, dans un premier temps propre aux marques, se diffuse largement au sein du journalisme. Les marques se font médias et les médias se font marques en adoptant leurs stratégies de référencement. C’est particulièrement visible sur les sites de pure-players, ces journaux gratuits disponibles exclusivement en ligne. En regardant la liste d’articles d’un site comme Slate, on remarque que les articles sont souvent écrits à l’infinitif (car on ne conjugue pas ses verbes quand on fait une recherche) et les titres prennent la forme d’une question et sont écrits en mots-clés. On évite les articles de fond, peu adaptés aux usages de lecture fondés sur la rapidité de la lecture. Les contenus écrits tendent clairement vers la simplification.
Pour le bien de la visibilité on assiste à une mutation des contenus qui s’emparent des règles de référencement et sont présentés d’une manière à attirer le plus de clics. Par un phénomène de contagion, cette tendance s’est ancrée dans les usages des marques et des médias. On peut donc se demander si l’ont n’assisterait pas à une baisse de la qualité des contenus disponibles sur Internet ?
 
Arthur Guillôme

Politique

Revendications

 
Depuis la mi-juin le Brésil s’enflamme et s’insurge de ses conditions de vie et de son pouvoir de ne pas acheter. La consommation en déroute attise les revendications des habitants du monde et les manifestations sont monnaie courante, les Indignés et les Femen sont dans les rues des capitales.
Ces énonciations polémiques, ces requêtes, permettent d’aborder tous les sujets de société et nous sommes habitués à les voir employées.
La revendication n’est alors pas seulement le fait des régimes stricts, despotiques ou totalitaires, où la crainte et la terreur répriment déjà la volonté même de demander justice.
Mais les revendications, au pluriel, peuvent être finalement considérées comme le propre des régimes démocratiques, où les citoyens peuvent se permettre à chaque instant d’en appeler à leurs droits et à la perfectibilité de leur condition. Alors, le principe même qu’il y ait des revendications reflète à la fois la santé politique de la sphère publique mais aussi la nécessité d’améliorations. C’est la notion de progrès qui s’initie dans le terme même de « revendication » : on souhaite, on crie, on marque en graffitis le désir d’un progrès technique mais aussi économique et social.
Et en effet, la conjoncture économique n’est pas sans jouer un rôle majeur dans ce mode de communication, plus que moins, démocratique. Le peuple demande justice face aux inégalités : face à la précarité, les Brésiliens la clame et la réclame dans la rue, à l’image des Espagnols, des Portugais, des Grecs, des Chypriotes, etc.
Des revendications qui dès lors qu’elles sont prononcées entament la côte de popularité du régime au pouvoir. Dilma Roussef en prend pour son grade, et les articles du Monde titrent : Dilma Roussef, le désamour, ou encore Le Brésil gagne, la cote de Dilma Rousseff s’effondre. Les autres gouvernements, sans frontière mais de tous les bords, ne sont pas épargnés.. Les revendications s’établissent alors dans la remise en question d’un pouvoir en place qui ne répond plus aux besoins et ne semble plus satisfaire les droits.
La revendication est ainsi une forme de communication polémique car elle amène des sujets sur la table des débats sociétaux ; et aussi politique car elle entend performer ses droits en demandant leur ajustement. Une communication qui est le plus souvent émise de la masse vers le pouvoir et où les voix polyphoniques s’unissent en une énonciation contestataire, en un discours d’appel ; des voix qui demandent plus de justice, présupposant d’ailleurs qu’elle existe.
 
Maxence Tauril
Source :
Le Monde, Brésil : une déferlante de revendications

Société

Jacques a dit : « vous reprendrez bien une part de tarte ? »

 
A la suite de la première campagne contre les violences éducatives, lancée en 2011, la Fondation pour l’enfance relance un spot de sensibilisation, visible depuis ce 22 juin 2013. L’agence ROSAPARK est la créatrice de cette campagne TV/web ; 30 secondes de film, déjà analysées par cet article FastNCurious de vendredi.
Campagne de 2011 :

Campagne de 2013 :

L’interdiction des « violences éducatives ordinaires » faites aux enfants, si elle est acquise en Suède par exemple, fait débat en France… même si la grande majorité pense qu’il y a des claques qui se perdent. Il n’y a qu’à voir les sondages amateurs lancés par les sites de presse en ligne, du type « Faut-il une loi pour interdire la gifle » par le Figaro, en date du 18 juin 2013 (91,87 % de non).
Les plus sarcastiques trouvent toujours le bon mot pour exprimer leur hébétude, face à ce qu’ils considèrent comme un excès de moralisme social. Narquois, l’auteur de cet article remarque : « Les droits des enfants déchaînent les passions : tandis que certains se battent pour leur donner « un papa, une maman », d’autres promeuvent l’abolition de la GPA (Gifle Parentale Autoritaire) ».
Mention spéciale pour le commentaire de cet internaute sur le site du Huffingtonpost : « la ville où ça doit faire mal, c’est bien Gif(le)-sur-Yvette ! La pauvre Yvette ! ».
Toutefois le projet anti-baffes, ou plus sérieusement de lutte contre toutes les formes de violence physique et psychologique faites aux enfants, fait l’objet d’un consortium serré entre médias et politiques.
L’agence réalise « gracieusement » ce spot de prévention grand public, selon le dossier de presse référent, en partenariat avec France Télévisions. Et la Fondation pour l’enfance, à l’origine du projet, bénéficie de soutiens stratégiques, dont l’action se répercute sur un maillage élargi. On trouve ainsi dans les supporters une élue de l’Assemblée nationale, impliquée dans la lutte contre les violences faites aux femmes et son pendant de répercussions douloureuses sur les enfants. Il y a aussi une bibliothécaire, qui analyse les droits des enfants par le prisme de la littérature : « Des écrivains, au nom de leur humanisme, Montaigne et Rabelais se sont opposés aux châtiments corporels imposés aux élèves et on se souvient des règles libérales de l’Abbaye de Thélème ! ». Cette bibliothécaire à double casquette, également Vice-présidente du Conseil Régional d’Ile-de-France, insiste sur le rôle des infirmier(e)s et assistantes sociales dans les écoles, en faveur du combat contre les châtiments corporels, et en appelle à une prise en main politique. Et puis on rencontre un docteur pédiatre, députée de Paris de 2009 à 2012, auteur de livres d’éducation pour les parents (« L’autorité sans fessées ») et surtout auteur des propositions de loi en 2010 « visant à abolir les châtiments corporels infligés aux enfants » et « visant à abolir toutes les formes de violences physiques et psychologiques infligées aux enfants ».
La sensibilisation se fait bien au travers de multiples canaux : par l’édition papier, l’éducation scolaire, la tentative de législation et le concours du web et de France Télévisions. Le dossier de presse monté par la Fondation pour l’enfance, comme support et justification de cette campagne, présente toute l’architecture de cette communication, comme la notice minutieusement détaillée d’un médicament, (d’une seringue, ajouterait le sociologue Harold Lasswell [1]).
Entre moralisation et prise de conscience, l’essentiel est de marquer les esprits. Rien n’est pire que l’indifférence, le mutisme. La mort est silencieuse, n’est-ce pas. D’où la nécessité de provoquer la discussion, et de marquer les esprits par un aphorisme incisif : « Il n’y a pas de petites claques ».
Pour ce qui est des slogans sumos, ou termes catcheurs, une campagne du même ton a été réalisée pour la première fois, et avec brio… en Arabie Saoudite.
« Certaines choses ne peuvent pas être couvertes », indique la bien-nommée catch-phrase, en éclairage de cet œil au beurre noir, que ne peut cacher le fameux niqab.

Le contexte certes ici est différent, mais d’aucuns pourraient arguer que, en ce qui nous concerne, certaines tapes correctrices, en amont, pourraient bien éviter les torgnoles pulsionnelles, en aval.
 
Sibylle Rousselot
Sources :
Dossier de presse
[1] LASSWELL Harold, Propaganda in the World War

1
Publicité et marketing

Milka dans tous ses états

 
Vous souvenez-vous de la tablette de chocolat au bon lait du pays alpin méticuleusement enveloppée d’aluminium et d’un papier mauve par une marmotte ? Ce chocolat est la propriété de Kraft Foods depuis 1990. Le géant américain de l’agro-alimentaire a également racheté les biscuits LU à Danone en 2007. Suite à une scission intervenue en 2012, c’est désormais un groupe nommé Mondelez International qui gère, entre autres, les fameux biscuits et le célèbre chocolat. La force de frappe biscuitière de LU combinée à la notoriété de Milka en France, telle est l’offensive que compte mener Mondelez dans la guerre qui se déroule aux linéaires biscuiterie.
C’est d’abord une diversification monstrueuse qu’ont mise en œuvre les équipes marketing, permise notamment par le savoir-faire des biscuiteries françaises : Choco Moooo, Choco Suprême, Mini Tablettes, Choco Twist, Cake and Choc, Mini Cônes, Crispy Snax, Cônes, Cônes Daim… Autant de biscuits et de glaces brandés Milka qui habillent les rayonnages de leur mauve tendre. Beaucoup de ces références existaient déjà chez les concurrents ou… chez LU, à l’exemple du Napolitain ou des Princes. Oui mais voilà : les marques distributeurs ont développé leur offre au point de proposer pour moins cher des biscuits équivalents avec une qualité qui tend à rejoindre celle des marques nationales. Dans ces conditions, et lorsque l’on surveille son budget, pourquoi choisir les biscuits les plus onéreux… Bonne Maman est vraisemblablement à l’abri puisque la marque joue sur une gamme très différente : Bonne Maman, c’est le biscuit des parents. Mais les biscuits LU, grand public et copiés à tout va par les marques distributeurs, ne peuvent plus se prévaloir d’une compétitivité hors prix suffisamment solide. La solution toute trouvée par Mondelez, c’est de capitaliser sur la notoriété du chocolat au pays alpin pour apporter une nouvelle valeur ajoutée perçue aux produits : ce n’est pas n’importe quel chocolat, M. le Consommateur, c’est l’inimitable chocolat Milka.
Or s’il a bien une chose que les marques distributeurs ne pourront pas copier, c’est le chocolat Milka. De même que le Kinder Bueno et son cœur nutellesque demeurent à l’abri des imitateurs, Milka apporte aux biscuits la différenciation qui commençait à manquer à LU. C’est donc à un véritable raz-de-marée que l’on assiste, une offensive qui s’appuie sur des corners dédiés en magasins, des affiches, des jeux concours… Le merchandising est travaillé, en témoignent une grande vache gonflée à l’hélium et une fausse pelouse encore plus verte qu’au pays alpin dans l’espace animation du Monoprix de l’avenue des Ternes.
La stratégie de Mondelez International est intéressante à plusieurs titres : elles révèlent le paradigme nouveau qui régit les marques nationales dans la grande distribution, où les marques distributeurs rencontrent le succès et laissent de moins en moins de place à leurs concurrentes. Elle montre aussi comment une acquisition peut démultiplier le potentiel d’une marque et comment la conjoncture peut stimuler l’innovation.
Il y a évidemment fort à parier que toutes ces nouvelles références ne seront pas d’égales réussites, c’est le début de l’offensive qui commande d’investir massivement les linéaires. Par la suite, c’est probablement les références qui fonctionnent le mieux qui seront conservées.
A noter que la diversification de Milka ne touche pas qu’au rayon biscuits ou glaces : on remarque l’apparition du Milka/Philadelphia, nouvelle pâte à tartiner qui vient chasser sur les terres du baron Nutella, le Milka aux Oréos… Cette montée en puissance doit évidemment s’accompagner d’un regain de valeur : ces références sont vendues bien plus chères que les marques distributeurs. Elles risquent toutefois de phagocyter les produits LU existant en multipliant artificiellement l’offre sur des produits à peu de choses près identiques. Si la perte sur les produits LU est compensée par le gain en valeur sur les produits Milka, le pari est réussi. On risque aussi d’ajouter de la confusion à un rayon déjà bien garni et concurrentiel ; auquel cas le prix dictera le produit.
 
Oscar Dassetto

Société

Tu la veux celle-là ?

 
Il y a une dizaine de jours, la Fondation pour l’Enfance lançait la diffusion d’un spot déjà copieusement discuté, « La Gifle », avec une frappante (mes excuses) phrase finale : « Il n’y a pas de petite claque ».

Moins mélodramatique que le précédent coup d’éclat de la Fondation (2011), ce spot joue cependant sur le même ressort essentiel, que l’on retrouve dans la majorité des opérations de sensibilisation : le choc.
Comme « Under my skin » de la British Heart Foundation en 2009, « Kan c non, c’est… » du CFCV la même année, ou encore le remarqué « Insoutenable » de la Sécurité Routière en 2010, les avatars des différentes formes de prévention ne peuvent échapper à ce registre s’ils prétendent toucher efficacement les publics. C’est par exemple ce qui a été vérifié par Karine Gallopel et Christine Petr dans L’utilisation de la Peur dans les campagnes de Prévention : la peur, associée à une phrase, une image ou un concept qui la cristallise et la rattache à la banalité du quotidien, n’a pas son pareil pour faire changer les comportements.
Mais l’ennui avec une gifle – qu’au reste beaucoup trouvent salutaire dans le spot – c’est qu’elle ne porte aucunement les mêmes enjeux que les exemples cités plus haut : à moins d’être extrêmement commune (mais nous basculons alors dans la maltraitance pure et simple), elle ne sera jamais synonyme de mort, de crime ou de vie détruite.
Les statistiques abondent pour relier déséquilibres, alcoolisme ou violences à l’âge adulte avec la réception de claques durant l’enfance, mais il est bien sûr proche de l’impossible d’établir rigoureusement le cheminement d’un éventuel traumatisme.
Il en va de même pour les avis d’experts qui se manifestent autour de la campagne : la gifle serait un aveu d’échec pour l’adulte et un apprentissage de la violence pour l’enfant, mais ces suppositions laissent chacun libre d’y aller de son contre-exemple personnel.
Et c’est par ce biais que la campagne est censée se rattraper : le commentaire. Là où le spectacle d’un accident sanglant sur la route est avant tout reçu personnellement par le spectateur, une simple déclaration appelle au contraire à la conversation. « Il n’y a pas de petite claque » devient le motto à abattre ou à défendre selon celui qui l’aborde, et chaque internaute peut se laisser aller au plaisir double de contredire quelque chose et de le faire à coups d’exemples à première vue pertinents, tirés de sa vie ou de celles de ses proches. L’agitation qui en résulte peut même être récupérée par les médias qui lui donnent voix, puisqu’elle est un prétexte parfait pour matérialiser l’existence d’une communauté sur, par exemple, un site d’actualités.  Une sorte de Big Picture (The Guardian, 2012) à moindres frais.
Si le message de « La Gifle » en lui-même n’aura probablement qu’une portée discutable, le spot n’est pas un Flop complet. Car à travers les critiques soulevées, la Fondation pour l’Enfance a réussi à faire entrer une nouvelle discussion dans l’espace public – même la « petite claque » a son intérêt, car elle ne forme qu’une phrase courte, plus proche du proverbe que du slogan et qui peut aisément devenir un lieu commun dans les conversations – c’est exactement ce qu’ont accompli, en leur temps, le « Non c’est non » dans un contexte d’agression sexuelle, ou le « Si j’étais un homme, tu me parlerais comme ça ? » en matière de sexisme. Reste à savoir si la mayonnaise prendra sur le long terme.
Et pour le plaisir de soulever la question, il est tentant de se demander quelles adaptations cette recette pourrait connaître. Si la gifle parentale peut devenir si aisément le centre de l’attention, quels autres messages pourraient être transformés en proverbes de sagesse populaire ?
 
Léo Fauvel
Sources :
RTL
France Info
La Croix
Causeur

Société

Quand la Turquie voit rouge

 
On la surnomme désormais la « femme en rouge ». Il n’a fallu que quelques jours pour que sa photo fasse le tour du monde. Le 28 mai, place Taksim à Istanbul, dans les premiers jours des manifestations contre le gouvernement, une femme vêtue d’une robe rouge est aspergée de gaz lacrymogène par un policier. Le photographe Osman Orsal de l’agence Reuters immortalise la scène par une série de 4 clichés, dont l’un particulièrement retiendra l’attention du monde entier.

Les raisons de l’engouement
La contestation turque n’a pas de leader, mais elle a trouvé son icône. Ceyna Sungur, chargée de cours à l’Université technique d’Istanbul, incarne la jeunesse turque libre, éduquée et moderne, qui refuse la radicalisation de la société d’Erdogan. Elle symbolise la contestation liée à la crainte d’une dérive islamiste de la société. Nombre de manifestants dénoncent en effet les attaques du premier ministre Recep Tayyip Erdogan à l’encontre du droit des femmes (injonction à faire au moins trois enfants, restrictions imposées en matière d’avortement, port du voile). Max Fisher, journaliste au Washington Post, propose une analyse intéressante de la photo, dont voici un extrait : « La dynamique entre la femme en rouge et le policier sur la photo est fascinant, comme un microcosme qui montre la relation entre les Turcs révoltés et leur gouvernement, qu’ils perçoivent comme de plus en plus autoritaire. » Alors que les anti-Erdogan dénoncent depuis le début du mouvement la force de la répression menée à leur encontre, le cliché est devenu le symbole de cette brutalité.
C’est donc à cette posture de résistance tranquille, de détermination cool, que des milliers de manifestants ont choisi d’identifier leur mouvement.
Le cliché a inspiré beaucoup de commentaires et de reprises sur les réseaux sociaux. Dans les rues de Turquie, des déclinaisons de ce cliché placardent les murs. L’image est devenue un graffiti, un poster, une banderole, souvent accompagnée du slogan « Plus vous nous gazez, plus nous devenons forts. »

Une égérie de plus dans l’histoire des contestations
L’Histoire nous enseigne qu’il n’y a pas de contestation sans icônes. Certaines images, prises presque par hasard, font subitement le tour du monde tant leur symbolisme est puissant. Après la femme à la fleur durant la guerre du Vietnam, l’homme face aux chars de Tiananmen, Neda en Iran, la femme en rouge s’ajoute à la liste des icônes des grandes contestations de ce monde.
L’intérêt et la limite de ces clichés-icônes
Qu’apportent-ils ? L’apparition systématique d’icônes dans les contestations répond à ce besoin de rassemblement autour d’une figure héroïque. Les héros réaffirment la motivation, le courage, redonne du sens à ce que nous voulons accomplir. Tout comme l’homme se dressant devant les chars de Tian’anmen, semblant affronter à lui seul toute l’armée chinoise, la femme en rouge affronte avec détermination la violence policière souvent dénoncée.

Mais l’icône pour garder toute sa force doit conserver son caractère exceptionnel et hors du commun ; la symbolique qui s’en dégage en dépend. Pourtant, il suffit de jeter un œil à la presse pour constater la prolifération du terme « icône » dans les médias, au risque d’en arriver à le dénaturer et le dé-symboliser, par sa multiplication et son éphémérité.
Les nouvelles icônes de Taskim
A ce titre, la femme en rouge n’est plus la seule icône de la contestation en Turquie. Le 17 juin, « les hommes debout », comme ils se nomment eux-mêmes, se sont rassemblés, statues figées et contestataires, sur la place Taksim. Lancé par Erdem Gündüz, aussitôt suivi par d’autres, ce mouvement a suscité un engouement déjà extrêmement fort sur Twitter. Nombre de médias commencent déjà à parler des « nouvelles icônes de Taskim ». Actions symboliques, oui. Mais l’utilisation systématique des termes « icônes » et « égéries » est problématique. La femme en rouge, ne serait-elle finalement qu’une icône parmi tant d’autres ?
 
Bénédicte Mano
Sources :
Libération
France Info
Rue89
Europe 1
Slate
The Washington Post

Culture

Une nouvelle saison de "festivalités"

 
C’est parti ! Les festivals de musique fleurissent un peu partout en France, et leurs succès ne faiblit pas. Chaque région veut son festival. Plus qu’une mode, c’est une véritable institution qui a de nombreuses raisons d’exister.
Les festivals représentent d’abord une grande opportunité pour l’industrie de la musique, toujours à la recherche d’un modèle économique viable. Si le marché du disque est en crise, les ventes de places de concerts se portent très bien. Les festivals d’été représentent un bénéfice important en terme de droits d’auteurs auprès de la SACEM. Ils sont aussi un outil très intéressant pour les régions. Leur mise en place participe au dynamisme touristique durant cette période et leur donne une image jeune et ouverte à la culture.
La foire aux artistes
On pourrait résumer la programmation des festivals de cette façon : il y a les artistes naissants qui viennent pour se faire connaître et les les têtes d’affiches, qui sont pour beaucoup dans le succès de la vente des billets du festival. Les scènes de tailles différentes permettent la programmation de plusieurs artistes à la fois, donc de toucher un public large. Chaque saison de festival a ses stars. Ainsi cette année, Asaf Avidan et Wax Tailor, vont chacun se produire dans 5 des 10 plus gros festivals français. Tryo gagne la première place en terme de quantité avec 25 dates cet été.

Une communication très graphique
Il ne s’agit pas seulement de musique mais aussi de participer à un événement, d’adhérer à une culture, et cette culture est aussi visuelle.
Les plus gros festivals de l’été (Les vieilles charrues, les Solidays, Hellfest, Rock en Seine et Eurockéennes…) bénéficient tous d’une communication très graphique. Chaque année, ils dévoilent une nouvelle identité visuelle qui leur donne de la valeur ajoutée. Les festivals deviennent alors de véritables marques. Les affiches et produits dérivés sont vendus sur place, on les rapporte comme des souvenirs de vacances.
Lier art graphique et musique, c’est le projet de Rock’art de Rock en Seine. Cette exposition rassemblera des affiches, réalisées par de grands illustrateurs, à l’effigie d’artistes programmés lors du festival. La RATP en diffuse en avant première à la station de métro DUROC rebaptisée DU ROCK pour l’occasion.

L’esprit Woodstock
Le temps estival est parfois incertain, mais l’été reste la période la plus appropriée pour festoyer en plein air. Quand on pense festival on pense aussi à un champ, et quoi de plus dépaysant pour des citadins qu’une grande étendue d’herbe à fouler en dansant ? Le plein air permet des concerts géants et leur donne un air de vacances. Les campings sont aussi une des grandes raisons du succès de ces immenses manifestations. La fête peut durer jusqu’au bout de la nuit et le festival devient un village éphémère. Dans ce village vit la communauté des festivaliers qui arborent les bracelets du festival à leurs poignets.
On entend souvent dire que nous vivons dans une société très individualiste. En réalité, les hommes sont sans cesse à la recherche de moyens de vivre ensemble. L’essence même du festival est le rassemblement autour d’une passion commune pour la musique. Dans ce genre de manifestation, chacun perd son statut social habituel pour devenir l’infime portion d’un public immense. Un concert est un moment qu’on passe entouré de milliers de personnes, serrés comme des sardines. La proximité avec les autres, le partage d’émotions et l’euphorie de la foule sont des valeurs très hippies qui n’ont pourtant pas pris une ride.

 
Agathe Laurent
Sources :
Les sites internet des festivals
Challenges
Mybandmarket.com
La Croix
Communes.com
Les Inrocks
Sourdoreille.net
Sacem.fr
Le Mouv’

xbox 180
Société

Xbox 180

 
C’est une tradition : chaque année le gratin des communicants et des professionnels se réunit pour présenter au public les nouveautés vidéo-ludiques à venir et les tendances qui se profilent. Des tendances de communication des différents studios et fabricants sont ainsi dégagées. C’est lors de l’E3 à Los Angeles que se passe cette grande messe annuelle du jeu vidéo. L’édition de cette année, du 11 au 13 juin, nous a en outre permis de découvrir le futur de l’industrie pour les 5 ans à venir, puisqu’une nouvelle génération de console a été dévoilée au public. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les positions des différents constructeurs sont à présent claires.
Microsoft a présenté la One, dont nous vous avions déjà parlé. Ce qui a frappé lors de l’E3, c’est que la communication autour de ce nouveau produit a été confuse et approximative. Alors que les choix de la console sont tranchés, ce sont les points d’accroches qui ont étés soulignés, et qui se multiplient après l’annonce : nécessité d’une console toujours connectée, marché de l’occasion contrôlé, caméra en permanence branchée, prix élevé (500E contre les 400E de sa concurrente la PS4). Très vite, les média relayent ces informations, qui irritent le joueur et le client potentiel. Attaquée à répétition sur ces sujets, la marque a répondu de façon curieuse, avec un immobilisme qui pourrait parfois passer pour de l’impertinence. Don Mattrick, qui s’occupe du département Xbox de Microsoft, a ainsi incité les joueurs gênés par toutes ces annonces à… rester sur l’ancienne console, tout simplement :
«  – Heureusement, nous avons un produit pour les gens qui n’ont aucune forme de connectivité, qui s’appelle la Xbox 360.
– Donc, « restez sur 360″, c’est votre message… ?
– Eh bien, si vous avez zéro accès à Internet, c’est un appareil offline… »
La pression et l’incompréhension des médias ne semblait pas pouvoir faire plier la marque, tandis que les chiffres catastrophiques de pré-commande annonçaient un futur sombre pour la Xbox One.
Seulement, c’était sans compter la capacité de Microsoft à rebondir. L’annonce, postée le 19 juin, via un billet posté sur le blog Xbox Wire par le même Don Mattrick, sonne comme un coup de tonnerre : la Xbox One allait changer du tout au tout. Finie la connexion obligatoire, finie l’impossibilité du prêt des jeux, finie la disparition du bon vieux disque. La Xbox a écouté les critiques, les joueurs ont gagné. Un exemple en apparence d’une marque à l’écoute des retours de ses clients, et prête à se remettre en cause. Pour saisir l’importance de cette annonce, il faut rappeler que cette vision d’une Xbox connectée était pour Microsoft le futur du jeu vidéo. Les commentaires sont allés de bon train sur internet pour critiquer cette volte-face, et comme d’habitude sur Internet, les images pleuvent.

Si certains voient déjà en cette annonce la victoire des internautes et de leur protestation contre une console qui ne leur convenait pas, on peut également être plus lucide et penser que les préoccupations de Microsoft étaient davantage commerciales. Une console peu populaire est une console qui ne se vend pas.
Du reste, il est difficile d’inverser une première impression, et malgré cette copie corrigée, Microsoft risque bien de payer le prix fort pour avoir voulu imposer son modèle de force. Et les tacles du concurrent Sony ont su frapper là où ça fait mal :

Bref, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué : rien n’est encore fini dans cette guerre des consoles, et la communication y jouera à coup sur un rôle prépondérant.
 
Clément Francfort

Société

Le parti-PRIS(M)

 
Contexte – Introduction
Il y a dix jours, la presse révélait à travers le Guardian et le New York Times, l’existence de “PRISM”, un programme de surveillance extérieur dirigé par la NSA (National Security Agency) ayant pour but de recueillir des informations sur les citoyens et les ressortissants étrangers. Et ce, par le biais d’informations et données personnelles récupérées par les plus grandes entreprises du Web : PalTalk, Microsoft, Apple, Youtube, Google, Facebook, Skype, AOL, Yahoo…
Comme nous l’expliquait hier Angelina Accouri dans la première partie de ce dossier, ces informations auraient été divulguées par Edward Snowden, maintenant réfugié à Hong Kong. De l’essence de son action à ses conséquences, en passant par l’éthique qui l’a poussé à agir, tout pose à nouveau la question épineuse de l’équilibre entre liberté et besoin de sécurité dans nos démocraties modernes.
Une prise de conscience qui tourne à la paranoïa ?
Sans aller jusqu’à parler de théorie du complot, l’heure est tout de même à la défiance et au sentiment de manipulation. D’où la mode du “décryptage”, que l’on peut souvent lire explicitement ou entre les lignes de nombreux articles d’actualité. Ce dernier renvoie “davantage à une pratique qu’à des savoirs clairement formalisés […]” (Olivier Aïm “Les médias saisis par le décryptage”). C’est encore dans le domaine politique que la méfiance populaire s’exprime le plus explicitement. Autant que le corps exécutif, le gouvernement désigne un “Big Brother”, une entité composée d’hommes politiques dont les desseins desservent l’intérêt public plus qu’ils ne le servent.
Pourtant la démocratie trouve ses fondements dans le principe de représentativité, par lequel nous choisissons des instances politiques qui expriment la voix de la majorité. L’exemple de l’affaire PRISM est assez édifiant à cet égard, dans la mesure où la vivacité de la réaction à l’encontre du NSA et par suite des organisations politiques, témoigne de cette défiance latente qui ne demande qu’à exploser. Après tout, ces données ne sont-elles pas avant tout un moyen du gouvernement pour maintenir la sécurité au profit de tous? Même si dans les faits, nous sommes en droit de questionner cette idée, les renseignements généraux ont toujours existé et ont eu leurs moments de gloire (qui n’a pas été bercé par le mythe James Bond ?).
La collecte d’informations privées n’est donc pas un mystère mais plutôt un état de fait que l’on refuse d’accepter jusqu’à ce qu’il éclate en plein jour. Nos libertés individuelles sont-elles vraiment en jeu dans la mesure où nous exposons quotidiennement nos vies sur le net alors même que nous savons pertinemment qu’elles seront exploitées, au moins à des fins publicitaires ?
Pourquoi ce débat est hypocrite
Rappelez-vous en 2008, le débat avait déjà été soulevé en France lorsque l’Assemblée examinait le projet EDVIGE (retiré en novembre de la même année au profit d’un autre projet de loi). A l’époque, le décret voulait assurer la sécurité intérieure en fichant les informations concernant l’identité, les coordonnées, les informations fiscales, professionnelles ainsi que des données concernant les personnes fréquentées et le type de relations entretenues avec elles.
Le fichier avait provoqué un tollé parmi la population, mais a vite été remplacé par un autre projet de loi, LOPPSI (publié au journal officiel en 2011 et toujours en vigueur). Et déjà à l’époque, les questions étaient posées : nous délivrons déjà, de notre propre libre-arbitre, quantités d’informations personnelles que nous publions dans cet espace public qu’est le Web. Chacun a une ou des identité(s) virtuelles et toutes les informations peuvent se recouper.
Le mythe de la vie privée sur le Web a la vie dure mais, Mesdames et Messieurs, c’est comme le Père Noël, cela n’existe pas. Il est bien beau de s’insurger parce que le gouvernement veut pouvoir marquer sur un papier que vous êtes blond on brun, homo ou hétéro. Le spectre du triangle rose n’est jamais bien loin dans ces moments-là. Mais alors, quid de toutes ces personnes qui ont délibérément fait le choix d’exposer leur vie privée sur Facebook, ainsi que leur statut marital, leurs préférences sexuelles et leurs affinités politiques ? Et parce qu’une image efficace vaut mieux que n’importe quel discours, les utilisateurs du premier réseau social du monde ont eux aussi eu leur sursaut de conscience.

Un énième exemple des affres de l’Etat moderne
Non content d’exposer le linge sale des affaires américaines, le programme PRISM repose la question de l’équilibre entre liberté et sécurité dans nos Etats du XXI° siècle. Les gouvernements, titulaires d’un pouvoir délégué par le peuple, se doivent d’assurer la sécurité et de garantir la liberté de ce dernier. Or, au cours des dernières décennies (et encore plus depuis le 11 septembre 2001) le premier a eu tendance à primer sur ce dernier, rongeant sur les libertés individuelles au profit d’une surveillance totale et quotidienne reposant sur la peur d’autrui. Mais de qui nous méfions-nous ainsi ?
La mission du pouvoir est délicate, tout comme l’équilibre entre surveillance et respect de la vie privée, surtout lorsque l’on sait que l’inertie de tout pouvoir ne mène justement pas à une politique libertaire…Par son action, Edward Snowden est-il opportuniste ou digne héritier de celui qui écrivait déjà au siècle dernier : “dans des temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire” (Georges Orwell, 1984) ?
 
Sophie Pottier et Pauline St Macary
Sources:
Le Monde
L’Expansion – L’Express
Le Figaro
La démocratie au risque de la paranoïa – Idées – France Culture

clip stromae
Culture

Un Formidable coup ?

 
Existe-t-il une recette magique pour faire le buzz en 2013 ? De Nabilla à Daft Punk en passant par les pains au chocolats de Copé, pour faire entendre sa voix aujourd’hui faut-il faire le buzz ? Cette phrase a un goût amer d’une émission de « décryptage » de la télé, type Morandini. Buzz ou bruit médiatique, c’est ce que les artistes, politiques et entreprises recherchent, tant qu’elles ont le vent en poupe.
Pour Stromae, habitué aux techniques de communication et plus encore, qui nous a habitués à la surprise avec ses vidéos, il a s’agit de teaser. À moindre échelle que les Daft Punk certes, mais il s’agit là d’un teasing efficace pour un artiste qui revient après une période plutôt calme.
Il y a quelques jours, une vidéo tournée en caméra cachée montrait un Stromae titubant dans les rues de Bruxelles, déchaînant d’emblée les commentaires sur internet. « Stromae bourré ! » Quelques jours plus tard, le musicien diffusait le clip de son nouveau single, Formidable (ceci n’est pas une leçon) et l’internaute de comprendre que tout ça n’était que traquenard. Pourtant le débat continue, les commentaires se multiplient et le nombre de vues augmente de manière fulgurante : environ 7 000 000 en une semaine. Un débat alimenté aussi par son passage, à quelque jours de ce fameux clip, dans l’émission Ce Soir ou Jamais, pendant laquelle il a interprété son titre dans la même ambiance, en rentrant dans son rôle de « faux bourré », amenant les médias et le public à s’interroger sur son état d’alcoolémie et de santé.
 

Pourtant, dès les premières images de Formidable (ceci n’est pas une leçon), on le voit sortir du métro avec un plan impeccable en HD et en plongée, avec une caméra qui semblait vraisemblablement avoir senti sa venue : petite chemise jaune fluo qui ressort bien dans le cadre, clin d’oeil et saut de cabri à la fin du clip…
Tout ce bruit autour de cet événement n’est pas sans rappeler un autre fait médiatique récent : l’affaire Carambar. L’histoire se répète plus ou moins, il s’agit du même cycle : Stromae et Carambar ont créé la surprise en faisant grimper le suspens à leur manière. Lorsque le suspens atteint son paroxysme, c’est le choc et le moment où les commentaires fusent sans aucune retenue (de « Stromae bourré ! » à « Carambar arrête les blagues ! »). On révèle ensuite très vite le pot aux roses et le public est soulagé. Pour l’affaire Carambar les journalistes se sont sentis « baffoués », utilisés pour faire un beau coup de pub. Mais comme le montre le belge, la mayonnaise prend et les commentaires alimentent ce nuage de bruit médiatique qui se forme autour du chanteur et facilite la sortie de son dernier titre. Une stratégie bien menée pour lui ; et moins polémique que le teasing mégalo mené sur plusieurs semaines par Daft Punk. Il réussit à maîtriser les codes de la communication digitale et ainsi se passe de la nécessité de faire entendre sa voix par des mois de concerts dans des petites salles afin de se faire connaître. Stromae dompte si bien les techniques de l’internet qu’il fait partie de ceux qui bousculent les codes du monde artistique et musical. Aujourd’hui un artiste qui veut se faire connaître peut difficilement se passer d’internet, de Youtube ou des réseaux sociaux. Encore faut-il en maîtriser les techniques qui évoluent sans cesse et semblent presque insaisissables. On n’est peut être pas « Dans le port d’Amsterdam » mais à la sortie du métro de Bruxelles, si Jacques Brel sortait une chanson en 2013, il n’aurait peut-être pas fait preuve de la même maîtrise de ces outils de communication.

 
Margot Franquet
Sources :
Le Plus du Nouvel Obs
L’Echo
Le Monde 
http://www.stromae.net

1