publicité caramel suisse
Société

Sexe faible, vous dites ?

La fin d’une ère sexiste et le début d’une égalité des sexes dans la publicité ?

Combien de fois a-t-on pu entendre des critiques virulentes sur l’image de la femme véhiculée par la publicité ? Combien de mouvements féministes crient au sexisme, au machisme et dénoncent l’instrumentalisation du corps devenu objet de celles qu’on appelle le « sexe faible » ? Il est à vrai dire impossible de le savoir. Il serait bien trop long de les dénombrer. En revanche, cela prendrait nettement moins de temps de compter les plaintes clamant une atteinte à l’image de l’homme dans la publicité : celles-ci sont quasi nulles.
Et pourtant, dans le monde publicitaire, l’homme semble aujourd’hui en prendre pour son grade, tandis que l’image de la femme paraît, elle, s’être nettement améliorée au fil des années. Le slogan « pour elle un Moulinex, pour lui un bon petit plat » de cette publicité vous semble le plus courant ? Et pourtant, il paraît loin de nous le temps où l’on représentait l’homme comme le maître de maison virile qui n’a qu’à mettre les pieds sous la table en attendant que son repas préparé avec amour par sa gentille femme ne soit posé devant lui. Aujourd’hui, la tendance s’est inversée, et, au regard de la pub, la formule « sexe faible » semble ne plus rimer à rien. Ou du moins, c’est ce que l’on pourrait croire. Prenons le temps de poser notre regard sur quelques publicités d’aujourd’hui et amusons-nous à y inverser les sexes…

Hommes, soyez soumis à vos femmes !

On est ici bien loin de l’homme dominant et fort.
Il est nu, sans défense et ses muscles n’y peuvent rien face à des femmes en surnombre.

Cette pub va plus loin encore : au placard la femme soumise à l’homme, elle le tient ici en laisse.
Les hommes sont animalisés et dominés par une seule et unique femme.

Homme, sois beau et tais-toi !

L’homme est ici l’objet qui vient attirer le regard. Ce ne sont plus les formes féminines généreuses qui font vendre : aujourd’hui, c’est l’homme qui devient un appât.
L’homme est beau, l’homme est musclé, on lui ferait vendre n’importe quoi… Même du thon !

Mais… derrière chaque homme faible se cache une femme
Hommes nus soumis à des femmes en surnombre, hommes réduits à l’état d’animal et traînés en laisse, hommes à la plastique de rêve qui ne servent qu’à exposer leurs muscles huilés… Voilà bien des images qui feraient hurler plus d’une association féministe si les sexes y étaient inversés. Et pourtant, rien ne se fait entendre du côté de la gente masculine. Est-ce parce que cette dernière se sent responsable des années de sexisme publicitaire ? Ou est-ce plutôt parce que cela fait tout simplement… Rire ? L’image d’une femme nue tenue en laisse choque, révolte, mais celle de l’homme fait sourire. C’est que, finalement, on ne croit pas à cette image, cette image n’effraie personne et surtout pas les hommes. Sur ces affiches publicitaires, c’est une réelle inversion des rôles qui est mise en scène. On ne crée pas une nouvelle forme de sexisme qui aurait ses propres codes et qui renverrait à la domination de la femme sur l’homme, on transpose tout simplement des stéréotypes sexistes féminins sur un autre sujet. Ainsi, lorsque l’homme est considéré comme faible, il est féminisé. C’est une femme qui se cache derrière l’homme faible car l’homme faible n’est finalement pas réellement homme.

Une nouvelle forme de sexisme ?
Ces publicités, plus que de prôner une avancée du féminisme et de l’égalité des sexes, ne font que renforcer cet imaginaire de l’homme dominant la femme. Si ces publicités fonctionnent, accrochent le regard et marquent les esprits, ça n’est pas parce qu’elles provoquent, comme le font habituellement les pubs sexistes envers les femmes, mais parce qu’elles font rire en référant à ce que l’imaginaire collectif considère comme étant « le sexe faible ». Lorsque l’on voit une publicité telle que celle que nous voyons juste en dessous, peu de personnes échapperont à l’idée qui se cache derrière l’image : ça n’est pas la place de l’homme d’être considéré ainsi, c’est habituellement celle de la femme. C’est en effet la femme qui est le plus souvent victime de harcèlement sexuel et la publicité joue sur cette inversion des rôles, ce qui provoque le rire.
Il serait faux de dire que ce spot publicitaire se moque des mouvements féministes, mais il serait également faux de dire qu’il dénonce réellement un harcèlement typiquement masculin. Cette publicité revendique bien l’existence d’un sexisme, elle admet la réalité du harcèlement sexuel, mais, en nous montrant un homme qui en est victime, elle nous dit bien « ceci n’existe pas » ou du moins, « ceci est rare, vous pouvez en rire, ce n’est pas une réalité condamnable ».

La réussite par l’humour
La publicité, en une simple image et une courte phrase, doit réussir à capter l’attention d’un passant, d’un téléspectateur zappeur, ou d’un lecteur publiphobe. La tâche est fastidieuse. Quelle meilleure façon alors que d’utiliser l’humour ? Mieux encore, quelle meilleure façon que de faire rire en faisant référence à une réalité connue par tous ? Si l’humour et la référence commune sont la clé de la réussite pour un publicitaire, les féministes devraient peut être également l’envisager de la sorte ?… Mieux vaudrait-il peut être rire de ces affiches sexistes où la femme est instrumentalisée ? Du moins, une chose est sure : l’égalité des sexes ne sera avérée que le jour où l’on rira autant d’une publicité sexiste s’attaquant à l’homme que d’une publicité sexiste s’attaquant à la femme…
Et puis… Honnêtement, cette publicité ne vous fait pas rire, vous ?

Valentine Cuzin
Sources :
topito.com
madame.lefigaro.fr
advertisingtimes.fr
igvm-iefh.belgium.be
image-de-lhomme-dans-la-publicite.blogvie.com
users.skynet.be

Crédits photo : 
advertisingtimes.fr (1) et (2)
vivelapub.fr
youtube.com
le-tigre.net
cafoutch.net
lematin.ch

je suis charlie fastncurious
Politique

Je suis Charlie : Chronique d'un évènement historique

Historicité à deux mesures
Pour devenir historique, un évènement est en permanence le jeu d’une confrontation entre l’ancien et le nouveau. Il doit entrer dans une certaine continuité avec le passé, ce qui lui vaut d’être parsemé de références historiques. Mais il doit aussi faire preuve de rupture, pour se démarquer et avoir une place légitime dans le processus d’historicité.
Je Suis Charlie ne déroge pas à la règle avec, d’une part des références historiques à la philosophie des Lumières, à l’esprit Voltairien et aux références picturales classiques; et d’autre part la nouveauté des réseaux sociaux, qui ont fondamentalement participé à la construction de l’évènement historique, par leur logique de viralité. Ainsi, les livres d’histoire se devront de traiter cette double historicité: celle relative à l’analyse factuelle de ces attentats; et celle attenante au rôle des réseaux sociaux dans le rassemblement populaire qui en a découlé.
S’informer plus vite pour comprendre moins: les réseaux sociaux
Pour Nicolas Vanderbiest, doctorant en Sciences de l’Information et de la Communication et social media analyst pour des entreprises « Twitter est un réseau social par excellence en cas de crise. » Une théorie qui s’est confirmé les 7, 8 et 9 janvier derniers. Pendant ces trois jours, Twitter est pratiquement devenu un moteur de recherche à part entière. Nombre de personnes se sont informées sur les attentats et les avancées de la traque policière préférant Twitter aux sites d’informations plus traditionnels ou agrégateurs d’actu’ tel que Google Actualités. Le point commun entre un site d’informations et Google Actu est qu’ils recensent tous deux des articles écrits par des journalistes, nécessitant ainsi un minimum de temps de travail. Or pendant ces trois jours, du temps que la traque n’était pas terminée, du temps que ces terroristes couraient toujours dans la nature, la France ne pouvait attendre les premiers articles d’analyse et s’est alors plongée dans l’information en continu de Twitter.
Il convient également de dire que cette frénésie qui s’apparentait à une « dictature de l’instant » a été alimentée par les médias traditionnels: en effet, pour TF1 et France 2, le temps s’était aussi arrêté. Les deux grandes chaînes avaient en effet cassé leur grille de programmation pour se consacrer à des après-midi entiers d’antenne, concurrençant ainsi directement les chaînes « tout info ».
Cependant, les informations qui fluent sur Twitter ne sont pas que celles des journalistes, mais aussi celles de citoyens peu emprunts à la vérification de leurs dires. Et pourtant beaucoup de ces contenus sont retweetés en chaine, répandant rumeurs et intox sur la Toile. Quoi de mieux pour donner du grain à moudre aux théories conspirationnistes qui, plus de deux semaines après ces évènements tragiques, fleurissent sur la Toile ?
Je Suis Charlie: slogan et hashtag
Mais, pour devenir un véritable moteur de recherche qui soit un portail d’entrée sur l’actu en continu de l’avancement de l’enquête, de l’énumération des victimes, du recueil des témoignages et des suites de la traque, Twitter avait besoin d’un mot-clé où tout puisse être recensé. #JesuisCharlie est le hashtag qui s’est imposé. Ce hashtag permet de faire converger toutes les informations et de donner un point d’entrée dans l’évènement. Mais il permet aussi de centraliser tout le mouvement de soutien et de mobilisation contre cette barbarie, en reprenant le visuel de Joachim Roncin. #JesuisCharlie n’est alors que la traduction textuelle, adaptée au codage Twitter, du visuel « Je suis Charlie », crée par le directeur artistique du magazine gratuit Stylist.

Avec le slogan « Je Suis Charlie », nous sommes dans une solidarité en toute retenue. Le message est extrêmement sobre et neutre n’affichant aucun signe d’appartenance, si ce n’est la typographie du journal « Charlie » et le code couleur noir et blanc porteur de la symbolique du deuil. Et c’est ainsi que tout un chacun peut se l’approprier, sans exception.
La simplicité et la brièveté du message entrent également en jeu dans la faculté de ces trois mots à devenir aussi viraux. En reprenant les codes du slogan publicitaire, son impact est beaucoup plus fort que tous les discours d’émotion et d’éloge. L’emploi de la première personne du singulier se veut à la fois fondamentalement individuel – car porter ce message signifie s’identifier personnellement – ; mais amène paradoxalement à un sentiment d’appartenance collective. Je suis Charlie est véritablement rentré dans la mythologie iconique de l’évènement, jusqu’à couvrir plusieurs sens : un slogan crié dans les rues, une image reprise par des millions des personnes et un mot-clé de référence pour la recherche d’informations.
Le Crayon guidant le peuple
L’iconicité ne s’arrête pas ici. Parmi toutes les photos prises lors de la Marche Républicaine, on aurait pu s’attendre à une rivalité amateurs/photographes, quant à celui qui captera « la » photo, celle qui rentrera dans les livres d’Histoire. Pourtant, le consensus s’est rapidement fait autour de celle du photographe indépendant Martin Argyroglo.

Le cliché s’est imposé comme une évidence puisqu’ il recèle une multitude de référents picturaux, dont les plus cités se retrouvent dans les tableaux de Delacroix et de Géricault, respectivement La Liberté guidant le peuple et Le Radeau de la Méduse. Le rapprochement établi avec ces classiques de la peinture romantique de la première moitié du XIXème siècle, accentue encore davantage l’historicité de l’évènement.
Ainsi, la photo d’Argyroglo reprend les mêmes ressorts de l’esthétique et de la scénarisation que ceux du tableau de Delacroix avec cette idée de révolution impulsée par un peuple uni autour de valeurs communes (la liberté d’expression en tête). L’assimilation au Radeau de la Méduse est plus subtile mais la photographie convoque en nous l’image d’un peuple qui flageole. La combinaison des deux nous donne donc un peuple qui est à la dérive, mais qui face à un ennemi commun, s’uni et s’élève ensemble pour résister.
En définitive, un slogan de ralliement, un visuel fort, des références historiques, sont autant d’éléments qui contribuent à la fabrication d’une matérialité de l’émotion inscrite dans un processus de mémoire collective au service de l’Histoire (celle avec un grand H).
Marie Mougin
@mellemgn
Sources: 
MUST READ
Analyse de #jesuischarlie sur les réseaux sociaux – Reputatio Lab
Les images “iconiques” du 11 janvier, un monument involontaire? –  L’image sociale
GO FURTHER
Guillaume Meurice renonce à sa chronique dans « La Nouvelle Edition » de Canal+ après le refus de diffuser un dessin de Charb – Huffington Post
Pourquoi les Anonymous «sont Charlie» – France Culture Plus #politique
Penser l’école après Charlie – France Culture Plus Babel Oueb
Témoignages
« C’est Charlie, venez vite, ils sont tous morts » – Le Monde
Luz à propos de la une de «Charlie Hebdo» : « C’était mon dernier jus » – Libération
« Il a appelé BFM et leur a demandé de changer leur bandeau » – L’Observatoire des médias
Riss de « Charlie Hebdo » sur France 2 : la peur d’être « achevé » – Nouvel Obs le Plus
A Dammartin-en-Goële, huit heures sous un évier, les frères Kouachi à côté – Libération
L’islam et les valeurs occidentales
Du Coran et de la liberté de penser – La Vie des idées
De la peur à l’intolérance– La Vie des idées
Du religieux au politique : la philosophie islamique– La Vie des idées
L’islam peut-il être français ? –La Vie des idées
L’attentat contre Charlie Hebdo vu par Farhad Khosrokhavar – Bondy Blog
Olivier Roy : « La peur d’une communauté qui n’existe pas » – Le Monde
réseaux sociaux
#JesuisCharlie, #JesuisFlic, #JesuisNico : ce que nous ont appris les réseaux sociaux – Nouvel Obs le Plus
Etre ou ne pas être Charlie : les hashtags en chiffres – Libération
Attentats: comment la Gendarmerie a crevé l’écran sur Twitter – L Express
 vues de l’étranger
Drawing the prophet: Islam’s hidden history of Muhammad images – The Guardian the Observer
I Am Not Charlie Hebdo – New-York Times
Beware of curtailing freedom of expression in the name of #CharlieHebdo – World News Publishing Focus by WAN-IFRA
Polis – Citizen terrorism: the Paris killings and networked media
Polis – The right response to Charlie Hebdo: fear and humanity
Polis – Charlie Hebdo and the Other Within (guest blog)
 Crédits photos:
 Marche Républicaine
Martin Argyroglo
 
 
 

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actricenoire
Culture

Not classically beautiful

Scandal, série de la chaîne ABC, lancée en 2012 : c’est la première fois qu’on voit une héroïne noire dans une série télévisée depuis les années 1970.
Entre politique de quotas et stéréotypes, la représentation des minorités ethniques dans les séries américaines dispose d’une influence culturelle certaine en raison de l’exportation massive de ces séries dans les pays occidentaux. Les politiques de quotas poussent à croire à une diversité dans la fiction télévisée, mais elles constituent plutôt une illusion que le facteur d’un changement social.
Sans réel équivalent français, ce qu’on appelle le « tokenism » est la pratique qui pousse à inclure un peu d’une minorité ethnique ou sociale dans un groupe, sans pour autant les mettre sur un pied d’égalité en termes de crédibilité ou de pouvoir. Exemple de tokenism : mettre à l’écran un noir pour qu’il représente, voire qu’il parle au nom de tous les autres noirs. Ou lors d’un congrès scientifique, mettre une femme dans une conférence pour qu’elle représente toutes les femmes de ce champ. Dans la fiction française, on peut parler de tokenism quand on rencontre un arabe qui joue « le banlieusard des cités », en somme « le beur de service » par excellence. La politique de quotas donne alors lieu à une représentation superficielle des minorités dans le monde de la fiction.
Ce changement socio-moral est pourtant essentiel. Les séries, comme le cinéma, en particulier grand public, permettent de créer une vision particulière, de produire un langage avec de nouvelles représentations. Les séries permettent aux publics de s’immerger dans des univers qui semblent reproduire la société, avec ses normes, ses aléas et ses relations humaines. Mais s’agit-il seulement de divertissement lorsqu’on sait qu’elles disposent d’un impact considérable sur les représentations sociales ? Ainsi, les fictions télévisées les remettent en cause, tel que dans Girls de Lena Dunham qui propose des figures féminines plus réalistes, ou les cristallisent, comme en France dans Scènes de Ménage où l’humour repose entre autres sur les stéréotypes genrés. Elles ne sont pas à considérer comme un miroir sociétal, mais comme un dispositif qui montre les manières de voir, et donc qui peut réellement changer les représentations et les stéréotypes, notamment ethniques.

Shonda Rhimes : le progressisme en vogue 
Shonda Rhimes est réalisatrice, productrice et scénariste de télévision. A l’origine de Grey’s Anatomy, de Private Practice, du thriller politique Scandal, elle s’adresse au grand public en bousculant les normes. Dans ses histoires : des personnages homosexuels, des femmes fortes et des minorités ethniques, sans les pointer du doigt en tant que tel. Zéro tokenism dans les fictions de Rhimes. Dans sa dernière série, How to Get Away with Murder, lancée en septembre 2014 sur ABC, l’héroïne est une grande avocate, interprétée par Viola Davis. C’est une femme noire, sans en faire une particularité : pas de pathos, de pauvre fille issue du Bronx ni de lutte acharnée pour l’ascension sociale. Shonda Rhimes, à travers ses personnages, revendique alors une modernité saisissante qui jure encore malheureusement avec le reste du paysage audiovisuel américain.
Dans How to Get Away with Murder, une scène bouleversante : Viola Davis se démaquille et enlève perruque, maquillage, faux cils, comme pour enlever son armure, pour se mettre à nue devant le miroir, face à elle-même. Ni apprêtée, ni métisse, la peau foncée percute l’écran de par sa rareté. Alessandra Stanley, critique du New York Times, ne voit pas la mise à nue d’une femme, mais seulement celle d’une « noire ». Dans sa critique de la série, elle a été accusée de perpétuer le stéréotype de la « femme noire en colère ». En effet, elle commence son article par « When Shonda Rhimes writes her autobiography, it should be called “How to Get Away With Being an Angry Black Woman.”», (Si Shonda Rhimes devait écrire son autobiographie, cela s’appellerait « Comment s’en sortir en étant une femme noire en colère »).

Rhimes n’a pourtant pas ressorti le stéréotype de la femme noire en colère. Elle compose son personnage en estimant qu’il n’y a pas de choses qu’un personnage noir doit faire ou ne doit pas faire à la télévision, comme si le fait de faire exister un personnage noir devait justifier des comportements précis. Un déterminisme racial. Le personnage de Viola Davis est fort, mais aurait-on parlé de angry white woman si elle avait eu un physique occidentalisé ? La journaliste poursuit. Puisque Viola Davis a la peau plus foncée que Kerry Washington, l’héroïne de Scandal, elle est décrite par Alessandra Stanley comme « classically not beautiful » (pas une beauté classique). Euphémisme. En utilisant ces termes, elle diffuse alors l’idée d’une hégémonie de la beauté occidentale et blanche. Elle pointe directement du doigt la couleur de peau du personnage, qui n’a alors pas de lien, ni avec la narration du récit ni avec la trajectoire personnelle du personnage.
En balayant du revers de la main les standards sociaux, Shonda Rhimes et ses personnages connaissent un incroyable succès auprès du grand public américain. Elle fait partie des personnes les plus influentes du monde selon le classement du Time. Toute la programmation du jeudi soir de ABC est dédié à ses créations. Chacune de ses séries constitue un record d’audience, jusqu’à dépasser Game of Thrones. Cela montre quand même une appétence du grand public pour de nouveaux personnages, dont la couleur de peau, le sexe ou l’orientation sexuelle ne sont plus qu’une caractéristique parmi d’autres.
Thanh-Nhan Ly Cam
@ThanhLcm
Sources :
lesinrocks.com
nytimes.com
publiceditor.blogs.nytimes.com
slate.com
Crédits photos :
ABC Studios
Frederick M. Brown

ruinart
Publicité et marketing

Quand alcool rime avec art

Dom Perignon & Jeff Koons, Ruinart & Georgia Russel, Louis Roederer & Philippe Starck sont autant d’exemples de collaborations entre marques d’alcool et artistes. Ces associations suivent l’exemple du Château Mouton Rothschild qui confie dès 1945 à un artiste, le soin de customiser sa célèbre étiquette. Se succéderont ainsi, Dali, Chagall, Picasso, Niki de Saint Phalle, Pierre Soulages et Jean Cocteau entre autres, pour perpétuer la renommée artistique de la marque.
  
 

Un ressort de plus en plus souvent utilisé par les marques d’alcool
L’association entre artistes, designers et marques d’alcool est une stratégie de plus en plus utilisée. Ces partenariats diversifient les activités de la marque et tentent de cibler de nouveaux consommateurs via le monde de l’art. L’objectif est également de parvenir à contourner les mesures de la Loi Evin du 10 janvier 1991, limitant la publicité pour boissons alcoolisées à un discours purement informatif.
 
Dans cette perspective, co-branding et « celebrity marketing » modifient le packaging du produit ou des accessoires qui lui sont reliés – en témoigne par exemple le sabre à champagne revisité par Ross Lovegrove pour G.H. Mumm – et lui donnent ainsi une nouvelle identité. Cet argument esthétique permet à la marque de se rapprocher du consommateur.

 
 
Par des investissements dans le monde de la musique, les marques deviennent des mécènes soutenant de jeunes artistes prometteurs, et plus globalement la création artistique. Si cette activité s’apparente à du sponsoring, force est de constater qu’elle est aujourd’hui la bienvenue car elle pallie au déficit des aides publiques. Par le biais de ces activités, et en s’abstenant d’afficher clairement son nom, l’ADN de la marque est très présent lors de ces manifestations (couleurs, symboles, goodies, consommations), le but premier étant l’association entre les deux entités.
Ainsi, le Pression Live de Kronenbourg ou la Green Room de Heineken et les plateformes dédiées incarnent parfaitement cette tendance. En effet, Pression Live et Kronenbourg sont totalement dissociés d’un point de vue juridique, respectant ainsi les contraintes de la Loi Evin. Il existe cependant d’autres liens stratégiques : Pression Live assure la promotion des événements au cours desquels les produits Kronenbourg sont majoritairement présents avec une programmation musicale établie selon le profil type du consommateur Kronenbourg.

 
Ces actions jouent sur l’argument de l’éphémère, du précieux par des concerts uniques, une production en édition limitée, sur une période donnée, à un prix plus élevé que d’habitude. Les coffrets réalisés par Jeff Koons pour les cuvées rose vintage 2003 et vintage 2004 de Dom Pérignon, inspirés d’une de ses sculptures « Balloon Venus » sont limitées à 650 exemplaires dans le monde, dont 30 en France, vendus 18 000 euros pièce.

Au-delà du gain en termes de visibilité, quels sont les avantages de ces partenariats ?
Les marques se positionnent en amont des tendances, comme découvreuses de jeunes artistes. Le produit devient une création artistique chargée en émotion dont l’aspect négatif lié à l’alcool est éludé au profit de ses attributs artistiques. Par cette collaboration, il entre dans le patrimoine de la marque et devient une œuvre d’art accessible aux consommateurs. Les fans de l’artiste constituent une communauté que l’entreprise transforme en consommateurs.
 
De plus, les aspects de communication ne se limitent pas au design de la bouteille : chaque collaboration donne naissance à une communication 360° et à des opportunités de branding autour du travail de l’artiste, de ses inspirations, de son œuvre, de son envie de collaborer avec la marque. Une histoire s’écrit et est racontée aux consommateurs.
Le site Ruinart raconte sa relation avec Georgia Russel, artiste plasticienne écossaise, autour des Crayères et du Grand Livre consignant les performances fondatrices de la maison Ruinart depuis 1729 qui ont inspiré l’artiste. S’ajoutent à cette communication, des événements organisés autour des projets. Ainsi, ses œuvres ont été présentées dans de nombreuses foires d’art contemporain, dont Ruinart est partenaire (Art Basel Miami Beach, Art Basel Hong-Kong, Masterpiece London).

 
 
 
 
 
Comme le souligne Olivier de Cointet, consultant auprès de marques de luxe et fondateur de Pluris : « Les créateurs sont devenus des médias. Les maisons qui collaborent avec eux s’achètent leur audience. Regardez les cas de Jeff Koons et Karl Lagerfeld, leurs collaborations ont permis à Dom Pérignon de toucher un public international. Pour les plus petites maisons, « s’offrir un artiste », quelle que soit sa notoriété, c’est aussi le moyen d’intégrer le cercle des marques de luxe.»
 
Au-delà de ce récit proposé aux consommateurs et aux médias, le choix de l’artiste répond à un besoin stratégique qui dépend directement des objectifs commerciaux de l’entreprise.
La marque de cognac Hennessy a donc choisi de collaborer avec le rappeur Nas pour toucher le marché américain. Selon son président Bernard Peillon : « Le cognac incarne l’anti-establishment, l’anti-scotch. Et la communauté afro-américaine, avec l’émergence du rap, s’est appropriée Hennessy. C’est d’ailleurs la marque la plus citée dans les paroles de hip-hop. D’où cette collaboration avec Nas. »
 
Ainsi, par la musique ou par l’art, la marque entre en contact avec le public d’une manière différente, plus originale. Cette nouvelle facette rend la marque plus attractive aux yeux des consommateurs. Le seul risque demeure l’effacement du produit au profit de son emballage ou de son mode distribution original. Valoriser le contenu d’un produit devenu une œuvre d’art signée semble en effet s’apparenter à une opération complexe.
 
Quelles sont les réactions associées à ces événements ?
Dans le monde musical, si les consommateurs rejettent la publicité, ils acceptent l’association entre marques et manifestations culturelles en raison de la gratuité des concerts qu’elle entraîne.
Les festivaliers rejettent la communication Heineken mais sont de plus en plus nombreux à participer aux événements Green Room. En effet, 65,2% des festivaliers pensent que les marques permettent une meilleure expérience du festival.
Pourtant, les effets de cette présence sont nuancés : en effet selon une étude Green Room, seulement 31% des festivaliers se déclarent plus sensibles aux marques après leur présence sur un festival.
 
Ainsi, ces partenariats répondent à des exigences plus stratégiques et commerciales que réellement artistiques. Ils ont pour but principal une hausse des ventes et de la reconnaissance de la marque par le public. A terme, on peut se demander si une bouteille de designer n’en chasse pas une autre en emportant avec elle l’acte d’achat de nouveaux consommateurs ?
Le véritable enjeu demeurant l’évaluation de la visibilité de ces actions et leurs répercussions en termes d’achat et d’image de marque.
Clarisse de Petiville
@: Clarisse de Petiville
 
Sources :
e-marketing.fr
guycouturier-mcmanagement.com
lemonde.fr
slideshare.net/constancegros
toutelaculture.com
greenroomsession.fr
 
Crédits photo :
ftape.com
designboom.com
ruinart.com
particuledeluxe.com
whitewallmag.com
greenroomsession.fr
danstapub.com
observer.com
chateau-mouton-rothschild.com
brasseries-kronenbourg.com

Politique

Copwatching : la surveillance de la surveillance

Scènes d’interventions gendarmesques musclées, de policiers tabassant sans vergogne ceux qu’ils interpellent ou d’affrontements verbaux entre forces de l’ordre et citoyens… Elles sont devenues légion sur le net et prolifèrent sous l’étendard du “copwatching”. Comprenez : “la surveillance des flics”.

Ce mouvement militant, auto-qualifié “observatoire citoyen des pratiques policières”, institue des bénévoles lambda – les copwtachers – au rang de surveillants des surveillants dans le but de dénoncer et médiatiser les éventuels dérapages des autorités policières.
Cette mission citoyenne passe principalement par la collecte puis la diffusion d’images – photographies ou vidéos – de policiers dans l’exercice de leur fonction, afin de détenir des preuves accablantes en cas de bavures, vices de procédures ou violences. Cette démarche encourage également la demande d’enquêtes, le dépôt de plaintes et les pétitions, recoupant ainsi un débat social de plus large envergure : celui du rôle et de la nature d’une police “idéale et démocratique”.
L’idée générale qui justifierait le copwatching est “que la population et les médias ont un rôle de surveillance vis-à-vis de la police, qui doit sans cesse leur rendre des comptes” (Michaël Meyer, sociologue spécialiste des relations entre police et médias).

Le copwatching est officiellement né en 1991 aux Etats-Unis à Berkeley après la diffusion d’une vidéo amateur montrant le passage à tabac d’un citoyen noir par des policiers blancs. Ce réseau d’associations s’est depuis étendu à d’autres pays (France, Canada et Royaume-Uni principalement) et prend aujourd’hui une ampleur inédite grâce à l’essor des nouveaux supports et techniques médiatiques.
Le citoyen journaliste

Dans la pratique du copwatching, le citoyen ordinaire joue de son droit à filmer/photographier légalement les policiers et gendarmes en exercice pour devenir un agent de dénonciation et d’information. Armé de son smartphone ou appareil photo, le voilà transformé en un reporter d’investigation à l’ère 2.0., capable de mettre à mal les dérives xénophobes, racistes, liberticides, sexistes ou dégradantes des forces de l’ordre.
Bien que le copwatching ait d’abord été la capture spontanée par un témoin d’une scène d’intervention policière, soit une pratique ponctuelle et isolée, c’est la formation en termes de réseau et de plateforme participative qui prévaut désormais. L’objectif est de centraliser des informations, des témoignages ou des images relatives à l’action policière et de constituer une large base de données.
Et si les copwatchers traquent quelque chose, c’est davantage un idéal de justice et d’éthique que les brigades policières en elles-mêmes.
Le surveillant surveillé
Via le copwatching, les policiers, acteurs de la surveillance et voyeurs de la population, se retrouvent dans la position d’être vus et surveillés à leur tour. Quand les observateurs deviennent potentiellement observés, les rapports de hiérarchie et d’autorité se brouillent et s’inversent. Si la surveillance ne provient plus uniquement d’un rapport hiérarchique en top-down, elle s’exerce désormais horizontalement en tout temps et en tout lieu.
L’autorité policière, à travers cette pratique médiatique, se voit alors érodée par l’autorité iconique : la photo ou vidéo devient une ressource stratégique pour son détenteur, qui jouit du pouvoir condamnant de l’image “réelle” et peut faire pression contre une figure sociale perçue jusque là comme intouchable.

L’image au sens large se positionne ainsi comme enjeu au coeur d’une confrontation médiatique. Au travers du copwatching, la bévue la plus anodine comme la dérive la plus violente est susceptible de devenir un événement médiatisé et public. Le policier agit désormais en envisageant la possibilité d’une remédiation de son intervention par les médias et de l’élargissement de la visibilité de ses actions à un public absent physiquement (la hiérarchie directe, les associations militantes, les protagonistes politiques…). Cette anticipation d’images potentiellement dégradantes induit un changement dans le déroulement pratique des opérations : elle incite le policier à un légalisme strict et une approche plus drastique des procédures à suivre.
Les dégâts collatéraux
Cette pratique médiatique engagée questionne nécessairement le rapport entre force publique, médias et perception sociale.
L’un des problèmes à souligner, concernant ce type d’images amateurs, est l’interprétation et l’unicité du point de vue proposé qui y sont convoqués : le copwatcher donne à voir une scène telle qu’il l’a perçu (vision plus ou moins proche de la scène, son plus ou moins audible…). La scène filmée ou photographiée est observable telle quelle par les internautes mais peine à s’inscrire dans un contexte d’action plus large. Si nous prenons en compte le fait que le copwatcher se met bien souvent à filmer quand la situation dégénère de manière visible, on comprend que tous les éléments précédents le “dérapage”, déclencheurs ou non, sont tronqués.
Cette inexistence du hors-champ induit donc une vision purement descriptive des faits qui demanderait à être enrichie par des données complémentaires. Le point de vue unilatéral du témoin de la scène est rarement accompagné de celui de la “victime” et du policier “fautif”, ce qui nous prive de clés de compréhension. Puisque qu’il s’agit d’un regard isolé, porté sur un événement précis à un moment donné, nous pouvons comprendre dès lors le danger qu’il y a à se limiter au strict champ visuel de l’image.
De plus, la performance du policier dans la rue se voit transformée (par sa captation et sa diffusion) en image médiatique qui va ensuite induire une perception sociale du policier dépréciée. Le copwatching en tant que représentation médiatique de la police se dresse à l’encontre d’autres imaginaires policiers aux récits et aux “personnages” déjà forgés : les fins experts des Enquètes impossibles, les bons flics défendant la veuve et l’orphelin des séries américaines à l’ancienne, les policiers sans foi ni loi des films de mafieux…
A ces représentations établies vient s’ajouter la vision véhiculée par le copwatching : celle d’une police violente et injuste. Le danger est de tomber dans l’amalgame et la généralisation : rappelons qu’il s’agit là d’une des multiples représentations médiatiques policières.
Enfin, si la pratique du copwatching s’inscrit dans une volonté de dissuader et réguler les dérives policières, elle peut s’apparenter dans ses formes les plus radicales à un mouvement anarcho-libertaire, purement contestaire face à l’establishement. Cette dérive du mouvement vers une brigade anti-flics a notamment abouti à des dépôts de plaintes par le Ministère de l’intérieur en France, à l’encontre de sites jugés diffamatoires envers les autorités. D’autres dérapages, comme la publication de photographies personnelles ou d’informations privées (adresse, numéro de téléphone…) de policiers soupçonnés d’”abus de pouvoir”, sont régulièrement recensés et rappellent les limites à respecter.
Face à cette pratique médiatique ambivalente, l’indispensable est donc de rester extrêmement prudent et de s’interdire tout jugement précipité. Car, si la frontière est mince entre le bon flic et le mauvais flic, elle l’est tout autant entre le justicier bénévole et le diffamateur malveillant.
Tiphaine Baubinnec
@: Tiphaine Baubinnec
Sources :
ethnographiques.org
copwatch.fr
amnesty.org
boursorama.com
youtube.com
Crédits photos :
https://libcom.org/library/why-copwatch-doesnt-work-arturo
http://www.newyorker.com/magazine/2014/09/01/cop-watch
http://cqfd-journal.org/Tout-flic-flique-flippe
https://www.google.fr/search?tbm=isch&oq=&gs_l=&q=copwatching
 

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Société

iStrat ou la fabrique d'intox

Le 2 janvier dernier, l’homme d’affaires milanais Andrea Bonomi met un terme à la bataille boursière qui s’est livrée pour l’acquisition du Club Med (Emmanuel nous en parlait dejà ici). En effet, il renonce à doubler le conglomérat chinois Fosun sur l’OPA qu’il a lancée visant le groupe dirigé par Henri Giscard-d’Estaing.
Cette actualité pourrait, a priori, passer inaperçue dans la jungle financière. Pourtant, le JDN (Journal Du Net) nous révèle qu’elle serait le fruit d’une campagne de manipulation d’opinion déloyale. Le 5 janvier, il est relaté qu’une opération de dénigrement, visant directement Adrea Bonomi, aurait été orchestrée par une société aux méthodes peu orthodoxes. Le cabinet d’intelligence économique en question, iStrat, a été mis en cause par Challenges et le JDN.

iStrat : l’éthique en moins
Le procédé est simple, iStrat l’a bien compris. Pour infiltrer les médias et ainsi orienter l’opinion, le cabinet génère une quantité de textes signés sous des identités fictives puis encensés par de faux universitaires. Le tout est liké, partagé par d’autres comptes appartenant à la société. L’opération a, en apparence, tout d’une communication virale réussie. Des avatars choisis au hasard sur le net sont même détournés à l’aide de logiciel de retouche d’image pour apporter aux comptes artificiels toute leur crédibilité. C’est ainsi que la promesse d’iStrat est conçue : influer sur l’e-réputation de ses clients en décrochant des articles favorables à leurs intérêts.
Cependant, l’affaire ne s’arrête pas là. Non contents d’utiliser les réseaux sociaux, Mathieux Creux et Arnaud Dassier, les deux dirigeants associés du cabinet, ont vu en Wikipédia l’opportunité de maitriser les notices de ses clients. A force de contributions sur des sujets divers, l’équipe d’iStrat a gravi astucieusement la hiérarchie des rédacteurs et peut désormais s’appliquer à flatter n’importe quelle notice de l’encyclopédie en ligne.
Ce business semble fleurissant car si le JDN a autant tenu à remonter la source de ces faux avis d’expert c’est qu’il s’y est laissé prendre et a manqué de vigilance quant à la teneur des textes proposés par ces contributeurs extérieurs. En l’occurrence, sans doute dans un soucis de réactivité, Les Echos, Challenges et le JDN se sont laissés berner par les contributions favorables au groupe chinois de Marc Fortin, un prétendu analyste financier dont le compte LinkedIn, CV compris, ont été monté de toute pièce.
Finalement, grâce aux adresses IP récupérées par le JDN, le lien avec iStrat a été rapidement révélé.
Pourtant, une fois contacté non sans peine, Arnaud Dassier récuse toute implication de son cabinet. Il explique que sa société offre une simple prestation de veille et de formation sur le net à ses clients. Il va même jusqu’à confesser qu’il ne connait pas l’identité des auteurs de la plupart des billets qu’il lit et que c’est chose monnaie courante sur la toile. On serait tenté de croire en la bonne foi du responsable si plusieurs modifications suspectes n’avaient pas été remarquées. D’une part, la page de présentation de l’équipe de direction d’iStrat a été supprimée juste après la parution de l’article du JDN. D’autre part, le compte twitter de Mathieu Creux ne mentionnait plus iStrat dans sa présentation pendant qu’Arnaud Dassier supprimait un tweet dans lequel il exprimait son contentement suite à la victoire de Fosun dans la prise de contrôle du groupe.

L’opinion : le nerf de la guerre des lobbystes
Malgré cette prise de conscience, l’activité d’iStrat n’en demeure pas moins perturbée par la méfiance dans grands hebdomadaires. En effet, les sites moins exposés tels que Sharknews ou 24hactu représentent pour elle une proie idéale : bien référencés et plus ouverts, ils offrent une certaine visibilité aux tribunes fabuleuses.
Au fait de l’affaire, Arnaud Bonomi émet la possibilité de déposer plainte. On peut manifestement supposer que l’affaire ne demeurera pas un cas isolé. A l’heure où chaque internaute représente un potentiel émetteur d’information, le cas d’iStrat apparait comme une piqûre de rappel : un œil critique et avisé doit éclairer la lecture de l’information en ligne. Il est clair que les cabinets de lobbying n’ont pas finis d’infiltrer la toile en usant d’un outil infectieux et modelable à souhait : l’opinion.
Thelma Cherpin
@thelma_chp
Crédits photos :
www.liberation.fr
www.challenges.fr
www.anaislailler.com
Sources :
lemonde.fr
challenges.fr
journaldunet.com
lefigaro.fr

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Retour sur les tweets de janvier 2015

Le Pape François
La #communication du #Pape François : simplicité, proximité du langage…
Depuis qu’il a été élu pape, le 13 mars 2013, Jorge Mario Bergoglio ne cesse de se faire des amis. Comme l’écrit le Blog du Communicant : « Qui aurait pu imaginer un jour qu’un homme de religion en la personne du Pape puisse autant susciter d’adhésion et d’enthousiasme œcuménique au-delà des ouailles pratiquantes de l’Eglise catholique ? ». Très peu de temps après son élection, il s’est attiré les grâces de nombreux médias prestigieux, n’étant pas par définition des médias religieux, ni même chrétiens. En 2013, soit très peu de temps après son élection, le magazine américain Time le choisit pour être l’homme de l’année. Mais ce n’est pas tout, le magazine décalé Rolling Stones et le magazine militant pour les droits de la communauté homosexuelle The Advocate ont régulièrement pris le parti du pape.
En 2014, l’enthousiasme ne semble toujours pas être retombé. Pour expliquer cela, le Blog du Communicant a deux théories : « simplicité et proximité du langage » et « des paroles qui entraînent des actes ». Si le Pape François est devenu si fédérateur c’est qu’il a fait des efforts sur le langage et ce à la fois sur la forme et sur le fond. Sur la forme, il a abandonné le style traditionnel et hermétique du Vatican pour un langage plus moderne et concret. De même, il a pris l’habitude de prendre la parole sur des problèmes concrets, qui parlent à la société contemporaine, tels l’homosexualité et la curie ecclésiastique. Ensuite, ses paroles entraînent des actes. Elles ne restent pas des paroles en l’air, de la langue de bois et cela change tout dans l’image du Vatican. Ainsi, il a mené deux grandes réformes dernièrement, la première a visé à faire le ménage dans les finances opaques de la place Saint-Pierre. Tandis que la seconde a visé à épurer la classe ecclésiastique de tous les prêtres soupçonnés de pédophilie. Alors c’est probablement en modernisant la parole, dans la forme et dans le fond, et en la faisant suivre par des actes que le Pape a réussi à rendre l’Église plus « sympathique », selon le terme de Bernard Lecompte.
Le reste à lire ici via @olivcim.
Ce que font réseaux sociaux à l’info
Ce que les #réseauxsociaux font à la production de l’#information : viralité, manipulation, vérification ?
Le développement d’Internet et des réseaux sociaux a permis à de plus de plus d’internautes d’avoir les mêmes outils de travail que les journalistes. Les nouveaux médias brouillent ainsi de plus en plus les frontières entre le journaliste et l’internaute, l’un se prêtant au jeu des blogs, l’autre devenant un journaliste citoyen. Avec la viralité des réseaux sociaux, on craint la propagation d’une information fausse et, ou manipulée. Jérôme Deiss développe trois domaines dans lesquels les nouveaux médias, en la présence des réseaux sociaux, peuvent influencer la production de l’information : « Twitter le canal de la viralité », « La manipulation photographique » et « La manipulation vidéo ». Pour Twitter, Jérôme Deiss évoque l’exemple de David Eun. Alors qu’il vient d’être victime crash d’un avion de l’Asiana Airlines, le 6 juillet 2013, il partage une photo de l’appareil sur Internet. La photographie est retweetée 31 648 fois et reçoit 35 000 réponses. Victime du crash et premier témoin, la photo de David Eun est reprise dans de nombreux médias. En ce qui concerne la manipulation photographique, la suite est à lire sur le blog.
Le reste à lire ici.
BFM
#MEDIAS La production de l’information par #BFMTV. 
BFM TV c’est 1/3 d’actualité factuelle (31% du temps d’antenne), 1/3 d’actualité décryptée (34%) et 1/3 de publicité (25%). Comme toutes les chaînes d’information en continu, BFM TV se targue d’être une chaîne qui délivre l’information brute. Une beau discours qui séduit une bonne partie des français, qui ont une relation traditionnelle défiante envers les médias et les journalistes. C’est en tous cas ce que démontrent les enquêtes que mène, depuis des années le journal La Croix, sur cette question. Pourtant, selon Michaël Pichat, la « chaîne toute info » livrerait une vision beaucoup moins factuelle et beaucoup moins neutre des informations qu’elle le laisse penser.
Par exemple quand BFM TV traite d’un sujet, elle a tendance à adopter l’angle le plus émotionnel, celui qui suscitera le plus de réactions : le choc, le stress, la peur. Il y a une logique de « catastrophisation » et de « maximilisation du négatif ». La chaîne noircit et dramatise volontairement le tableau pour donner aux téléspectateurs l’impression qu’il se passe quelque-chose de grave et qu’il faut rester sur la chaîne pour connaître la suite.
Michaël Pichat dénonce également la présence permanente d’un envoyé spécial, laisse entendre que la chaîne aurait accès aux dernières informations. Ce qui n’est pas toujours le cas, comme le montre très bien cet exemple de Médias le Mag (6min30). Dans cet extrait la journaliste travaille pour iTélé mais les chaînes d’information en continue travaillent toutes sur le même modèle. Une bonne partie des dernières news viendrait en réalité du siège de la chaîne. En définitive, la chaîne ne formate pas moins ses téléspectateurs que n’importe quel autre média.
Le reste à lire ici.
140 journos
#Turquie lutter contre la #corruption des #médias en pratiquant le journalisme citoyen @140journos. 
Depuis que la Turquie est dirigée par Recep Tayyip Erdogan, ses médias sont beaucoup moins libres qu’avant. Lorsque, en juin 2013, des manifestations ont eu lieu autour de la place Taksim, aucune chaîne de télévision n’est allée couvrir l’évènement. Finalement, c’est la couverture par les médias étrangers qui a poussé les médias turcs au pied du mur. Et les a forcés, sous la pression sociale de leur profession, à parler eux aussi de cette actualité.
Si les médias étrangers ont été informés  de ces manifestations, c’est grâce aux réseaux sociaux, et en particulier à “140 journos”. Ce collectif s’est formé il y a quelque temps pour contrecarrer l’assujettissement des médias au pouvoir en place, en faisant du journalisme citoyen.
Une fois de plus, c’est l’histoire du journalisme qui s’extirpe des bras harnachés au pouvoir des médias traditionnels pour aller recouvrer sa liberté sur Internet et les réseaux sociaux. En 2012, un journaliste réalise un reportage sur un bombardement qui a fait une trentaine de morts mais aucun média ne veut endosser sa publication. Il finit par publier son reportage sur Twitter et Instagram. Pour quelques citoyens c’est le déclic. Un collectif décide de créer un compte Twitter “140 journos” pour parler de tout ce qui n’est pas, ou trop peu, traité par les médias traditionnels. Ils prennent comme slogan “The revolution will not be televised, it will be tweeted.”, en écho à une chanson de Gil Scott-Heron.
Aujourd’hui, le collectif fonctionne toujours et il ne compte toujours pas de journalistes, mais des centaines de lycéens, d’étudiants, d’avocats, d’artistes, d’activistes, et d’hommes et de femmes de tous horizons. C’est près de 300 contributeurs réguliers à l’année qui gravitent autour d’une dizaine de rédacteurs.
Tant et si bien que “140 journos” est devenu un véritable objet d’étude pour les universitaires. Dernièrement ils ont été invités par les prestigieuses universités américaines Princeton et Harvard. Pour un média qui n’est pas composé de diplômés d’écoles de journalisme, et n’est pas institutionnalisé dans son pays, c’est une bonne preuve de la reconnaissance de ses pairs, et c’est déjà beaucoup.
Le reste à lire ici.
Rétrospective FB
#Rétrospective #Facebook 2014 ou la pitoyable obsession de la communication algorithmique
Cette année encore, la traditionnelle rétrospective de Facebook est venue se poser sur notre timeline, au lendemain de la Saint-Sylvestre. Le réseau social nous propose de commander aux millions de petits bots de faire le tour l’année que nous venons de passer, telle que nous l’avons exposée sur Facebook et telle qu’elle a été reçue par le réseau social, afin de nous donner un petit récapitulatif. Loin de trouver cela amusant, les internautes ont plutôt l’impression d’être infantilisés par l’entreprise de Mark Zuckerberg. Comme si le fait de fréquenter quotidiennement des écrans avait lobotomisé leur cerveau et réduit à néant toute capacité de mémoire allant plus loin que notre dernier like.
Mais si le problème restait du domaine de l’inconfort ou de l’agacement chez les internautes, il s’est couvert d’une ampleur toute particulière et beaucoup plus grave en ce passage à l’année 2015. La rétrospective 2014, “Year in Review” en anglais, de l’Américain Eric Meyer a en effet fait affiché la photo d’une splendide petite fille, la même que la Mort était venue faucher quelques mois plus tôt avec son ami le cancer, et dont M. Meyer n’était autre que le papa.
À cela on aurait pu répondre : il ne faut pas tenter le diable. Mais ce n’est pas qu’Eric Meyer a fait. Il n’a pas cherché à revisiter l’une des pires années de sa vie, si ce n’est la pire. C’est l’algorithme lui-même qui, dans toute son ingénuité, a placé la photo de son enfant en aperçu de ce à quoi ressemblerait sa rétrospective 2014 s’il cliquait dessus. C’est la bonne vieille technique de l’échantillon. Malheureusement pour M. Meyer, de toutes les données personnelles que Facebook a collecté sur lui au cours de ces dernières années, sur sa vie, sur ses habitudes, sur ses goûts… pour pouvoir les revendre à des annonceurs ; il semble que les algorithmes n’aient pas calculé le fait que sa petite fille lui ai été arraché. Un détail.
Le reste à lire ici.
Global Shakespeare
Global #Shakespeare : comment le dramaturge anglais est devenu un auteur mondialisé et numérique.
Non, le numérique ne signe pas la mort du livre. Non, Internet n’a pas tué la littérature. Encore moins le théâtre. Bienvenue dans l’ère du Shakespeare 2.0.
Shakespeare est traditionnellement connu comme l’un des auteurs les plus élitistes de la langue anglaise. Par conséquent, et c’est le revers de la médaille de tout grand auteur, il est aussi vu comme un auteur difficile et peu accessible. Et ce, parfois même sans avoir ouvert une seule de ses pièces.
Pourtant depuis quelques temps, le grand auteur est de plus en plus lu et en ce sens on pourrait dire, est de plus en plus démocratisé. Mille excuses à tous les professeurs qui aimeraient voir en cela le fruit de leur dur labeur. Tout ceci n’est dû qu’à Internet. C’est l’expérience d’un Internet vecteur de mondialisation de la connaissance et de ludification de celle-ci. Francesca Marini, responsable du Stratford Shakespeare Festival, au Canada, avait raison, “Internet ne va pas concurrencer le théâtre.” Il le nourrit.
Au jour d’aujourd’hui, toute l’oeuvre de Shakespeare est disponible gratuitement en ligne. Entre Google Books, The Complete Work of Shakespeare du MIT, PlayShakespeare et Project Gutenberg, ce ne sont pas les sites qui manquent. Quant aux nouveaux écrans, l’auteur de l’article, Frédéric Martel, spécialiste des industries créatives qui anime sur France Culture le magazine hebdomadaire Soft Power, affirme avoir comptabilisé 441 applications sur Shakespeare pour iPhone, 197 pour iPad, 124 pour Blackberry et une centaine pour Android.
Enfin, comment ne pas terminer ce petit papier sans évoquer la fabuleuse histoire d’Edd Joseph. En mars 2014, ce Britannique réalise une transaction de particulier à particulier sur Internet, pour l’achat d’une Playstation. L’argent envoyé, il attend son précieux sésame qui ne viendra jamais. Si ce genre d’arnaque en ligne est extrêmement répandu, au point d’être référencé fraude 419 ou scam 419, c’est la vengeance d’Edd qui l’est moins. Il a trouvé un moyen d’envoyer la totalité des oeuvres de Shakespeare, et tout ceci par SMS de 160 caractères chacun.
Le reste à lire ici via #fredericmartel
Marie Mougin
@mellemgn

maison connectée
Société

Embarquez pour le futur : votre maison vous y emmène !

Il semblerait que notre vieux monde empreint d’objets inanimés ait évolué. Il serait aujourd’hui en passe de devenir « pan-digitaliste » : les objets deviennent des émanations de cette substance suprême à laquelle on voue un véritable culte qu’est l’Internet. Son omniprésence concerne désormais ce qu’il y a de plus quotidien et de plus personnel à savoir notre maison.
Objets connectés, en veux-tu en voilà !
Youpi, je peux envoyer des SMS à mon four ou à mon frigo avec LG HomeChat ! Hourra mon aspirateur 360 Eye de Dyson sait tout seul où il doit nettoyer ! Génial mon Nest Learning Thermostat peut se réguler tout seul ! Que de beaux objets performants, utiles et sophistiqués, tous reliés entre eux et à mon smartphone ! Rappelons-nous cette publicité de SFR pour sa Box Home qui met en scène cette mère de famille, obligée de travailler dur et tard pour nourrir toute sa petite maisonnée, mais désormais capable de gérer à distance sa maison et donc de veiller au grain malgré l’orage qui gronde et une réunion qui n’en finit pas.

La maison connectée est à l’écoute, la maison connectée prend soin de vous, la maison connectée prévient des dangers, la maison connectée c’est l’avenir les amis !

La smart home ou maison intelligente ou encore maison connectée, bref cette maison du futur dans laquelle peut-être nous vivrons un jour (à condition d’être riche cela va de soi) est le pari que se donnent les nouveaux prédicateurs d’internet. Mais une telle innovation domestique fait débat. Se doter d’objets intelligents, capables de parler entre eux et d’anticiper les besoins de leurs consommateurs provoque le « oui » enthousiaste et confiant comme le « non » réprobateur et inquiet : la maison intelligente peut soit améliorer notre existence en nous facilitant la vie, soit la détériorer en nous rendant fainéants (sans compter les problèmes d’espionnage avec la collecte des données personnelles qu’elle requiert). Cependant, la maison intelligente et les objets connectés posent d’autres problèmes qui questionnent l’ensemble de la société.
Pourquoi connecter ses objets et sa maison ? Quand la curiosité est un vilain défaut.
Une question : pourquoi vouloir à tout prix connecter sa maison ? D’aucuns diront que c’est la recherche absolue du confort ou de la sécurité. En effet, quand on regarde le site materiel.net, la maison intelligente permet de sécuriser son habitation, la piloter, maîtriser sa consommation et garder un œil sur sa maison. Mais il y aurait d’autres explications.
D’abord, de tels objets ne sont pas d’une utilité nécessaire et vitale : rien ne m’empêche réellement d’ouvrir mon frigo pour me rendre compte de ce dont j’ai besoin. Par conséquent, démis de toute utilité fonctionnelle, les objets connectés entrent dans une logique de mode et de prestige. Bien plus que de l’utilité, on consomme une symbolique : celle de la « distinctivité ». C’est pour être différent et en quelque sorte supérieur que l’on consommerait les objets connectés.
Par ailleurs, de telles innovations domestiques témoignent de ce que l’on pourrait appeler une « gadgétisation » rendant le lien qui unit la maison à ses habitants fondamentalement magique. Pour Baudrillard, l’objet devient gadget quand « la technique est rendue à une pratique mentale de type magique ou à une pratique sociale de mode ». Expliquons-nous. Le rapport entretenu avec ces objets devient magique parce-que hautement fasciné. Il permet à son utilisateur de sortir de l’ordinaire et de pénétrer ainsi dans l’extra-ordinaire, c’est-à-dire rejoindre une autre réalité : celle de la science à laquelle il ne comprend rien mais dont il a l’impression de s’en faire le porte-parole légitime par le fait même qu’il achète ces innovations. Qui, à part le physicien agrégé, comprend réellement comment le radiateur peut se réguler seul ? Détenir de tels objets, c’est participer, à son échelle, aux trouvailles inédites et scientifiques en matière de « futurité ». C’est vouloir se faire le chantre de la modernité, du progrès et de ses valeurs. Un chantre un peu ignorant sans doute.
La ré-invention du quotidien
Avec la maison intelligente, c’est donc la vie quotidienne qui est transformée, rendue bien plus fascinante qu’elle ne l’est d’ordinaire. L’extraordinaire n’est plus seulement au coin de la rue, il est définitivement chez soi. Mieux, l’homme devient cet être extraordinaire, capable de recréer, réordonner, réagencer son quotidien comme il l’entend. Encore mieux, l’homme a désormais le don d’ubiquité. Il est à la fois ici et là, à son bureau et dans sa maison, il maîtrise l’espace comme jamais il ne l’a maîtrisé. Il n’y a plus ce que Bachelard dans La poétique de l’espace appelle « la dialectique de l’ouvert et du fermé » qui caractérise la structure même de la maison. Ici, la maison intelligente est réinventée, réorganisée selon une logique proprement ubiquiste. Le temps et l’espace semblent désormais malléables pour et par l’homme. L’homme aurait-il les cartes en main pour devenir cet être « divin » ? Par ailleurs, les objets connectés réinventent la notion de temps car ils en permettent une économie. Baudrillard, déjà, parlait des objets techniques comme du « temps cristallisé ». La maison connectée permet de satisfaire la volonté toute moderne de « gagner du temps ». Le temps est optimisé et optimal. Et le temps, on le sait, c’est de l’argent. La maison intelligente en faisant gagner du temps à son propriétaire, lui permet de consommer plus et mieux.
Mais la maison est toujours bien cette « puissance d’intégration pour les pensées, les souvenirs et les rêves de l’homme » dont Bachelard parlait. Surtout pour les rêves dirait-on aujourd’hui.
Jeanne Canus-Lacoste
Sources :
ANousParis #667
Courrierinternational.com
Jean Baudrillard, La Société de consommation
Gaston Bachelard, La Poétique de l’espace
 Crédit image :
homo-connecticus.com

Culture

Hypothèses post-tragiques sur le héros de série contemporain

Dans cet article, il sera question de quelques représentations très actuelles du héros de série contemporain. Sans pouvoir tous les analyser, nous nous intéresserons ainsi aux titres marquants de cette dernière saison : The Knick, Halt and catch fire, Masters of Sex, The Americans, Homeland, Leftovers, The Affair, Manhattan, entre autres.

Société

Quand commence 2015…

Pour célébrer ce début d’année, nous avions préparé un petit éditorial pour vous présenter nos meilleurs vœux, vous parler de nos beaux projets à venir, en se remettant doucement de tous les excès attenants à ces fêtes de fin d’année. Celui qui aurait alors tiré la fève début Janvier se serait vu remis une belle couronne et aurait désigné notre blog comme roi incontesté de cette nouvelle année.
En effet, rien de plus séduisant qu’un blog qui revêt ses plus beaux habits pour commencer 2015 sous le signe d’une plateforme plus ergonomique et intuitive, afin de faciliter la navigation de ses rubriques.
Mais les récents évènements ont quelque peu bouleversé l’édito Royal que nous souhaitions publier. A notre échelle, nous partageons l’émotion qui envahit la France depuis ce 7 Janvier.
En tant que membres de ce blog, nous sommes chaque jour confrontés aux opinions de nos rédacteurs, plus ou moins tranchées et incisives, toujours propres à chacun. Certes, notre rôle est de modérer certains propos pour ne pas bafouer les valeurs de laïcité et de tolérance de notre école – le Celsa – mais il est aussi (et surtout) d’aider nos rédacteurs à affirmer leur identité via un style d’écriture et à exprimer leur convictions par le choix de tel ou tel sujet.
Nous sommes Charlie
Ainsi, « Nous sommes tous Charlie » en ce qu’il représente pour la liberté d’expression d’un pays pionnier en matière de démocratie, de liberté, de fraternité et de tolérance les uns envers les autres.
L’humilité nous pousse à dire que nous ne sommes peut-être pas encore Charlie en ce qu’il faut de courage et de ténacité pour oser affronter des menaces réelles et persistantes, qui plus est quotidiennes, en vertu de choix éditoriaux pointés du doigt parce que parfois acerbes.
De toute évidence, certains condamneront quelques propos de l’hebdomadaire parfois considérés comme insultants. Tout le monde n’a pas le discernement nécessaire pour savoir prendre de la distance et recevoir ces prises de position au second degré.
Cependant, on ne demande pas d’être d’accord avec tout ce que Charlie diffusait, mais simplement de voir, qu’au-delà d’un journal satirique, c’est la liberté de presse, la liberté d’expression et la liberté d’opinion qui sont entachées.
« Chers terroristes, nous sommes des milliers de gros lourds, à l’humour déplorable dans une salle de rédaction appelée Internet. Bonne chance… » @ploum
Ce tweet correspond en tout point au message que nous souhaitons vous faire passer : vous inciter, plus que jamais, à cliquer, twitter, partager, réagir, commenter, participer, vous affirmer et continuer à vivre cette belle aventure à nos côtés, dans le respect des individualités de chacun.
2015, année de la ?…
… Ainsi, nous aimerions profiter de cet espace pour vous souhaiter à tous, chers lecteurs, une très belle année 2015, qu’elle soit l’année de toutes vos réussites.
2014 fut une année extrêmement riche sur tous les plans, puisque FastNCurious n’a pas cessé de gagner en visibilité, et ces réussites nous poussent à poursuivre dans cette même lignée : les conférences Buzz Off ont repris, les dossiers également, et nous projetons de nouvelles surprises à venir dans les prochaines semaines.
Pour tout cela, nous vous adressons donc un grand MERCI puisque l’assiduité dont vous faites preuve à notre égard nous permet de continuer à faire vivre ce blog.
Et Monsieur FastNCurious nous l’a murmuré à l’oreille : ce n’est pas lui mais bien VOUS, les rois et les reines de cette histoire. Alors, vous reprendriez bien une petite part de galette, n’est-ce pas Monsieur Balkany ?
Charlotte Bavay, Mathis Bienvenu et Cloé Bouchart