Claude Sérillon
Politique

« Les bonnes idées n’ont pas d’âge, elles ont seulement de l’avenir » ?*

 
Depuis le 10 février, l’ancien présentateur du 20h, Claude Sérillon, considéré comme l’un des « Spin Doctor » du Président François Hollande, s’occupe de la communication web de l’Elysée. L’annonce par Le Monde de son accession à la tête de la stratégie Internet fait beaucoup rire sur Twitter.
Qu’en disent les professionnels ? En nommant Claude Sérillon à ce poste clé, François Hollande montre son ambition de mieux contrôler sa communication. Cependant cette volonté semble se heurter au fait que Claude Sérillon n’est ni expert, ni même utilisateur des réseaux sociaux.
Le principal reproche auquel Claude Sérillon est confronté, c’est son âge. Journaliste du temps de l’ORTF en 1973, il n’est pas de bon goût pour les internautes qu’une personne d’une soixantaine d’années représente la communication Internet de l’Elysée.
Sur la forme, si la nomination de Claude Sérillon avait pour but une meilleure maitrise de la communication Internet, elle est apparue au contraire comme un délaissement voire un mépris de la communication web, poussant certains à aller jusqu’à considérer qu’il s’agit d’une mise au placard. De quoi ravir les internautes…
Cependant, sur le fond, il est bien trop tôt pour mettre en cause cette décision de manière factuelle. D’autant plus que Claude Sérillon a, à sa disposition, une équipe de jeunes militants ayant œuvré durant la campagne présidentielle, de quoi sûrement apporter un peu de sagesse et de recul à un médium de l’instantané et de l’hyper réactivité.
 
Romain Souchois
Sources : 
LCP.fr
*Robert Mallet

M6
Société

M6 à la recherche d’un nouveau talent cousu main

« On aura tout vu », comme dirait l’autre. Ces dernières années on observe un véritable essor des émissions du type « Le meilleur… » cherchant le talent culinaire, musicale, acrobatique… On connaît bien ces émissions à la croisée du télé-coaching et de la télé-réalité telles que « Top Chef » ou « The Voice ».
 Et dire qu’en voyant « Le meilleur pâtissier », petite dernière dans cette lignée interminable d’émissions « talents », on se disait que « maintenant, ils n’ont vraiment plus d’idées ». Et cependant, l’Italie nous a déjà détrompé en lançant un programme cherchant le meilleur écrivain. 
De même, M6 nous surprendra de nouveau à la rentrée 2014 avec  « Cousu Main », une émission – le titre le laisse facilement deviner – dédiée à la couture, l’autre pilier du savoir-faire français. Dans une adaptation du programme britannique « The Great British Sewing Bee » présentée par l’emblématique Cristina Cordula, il s’agira de « prouver qu’il est possible de confectionner à moindre coût les vêtements tendances que tout le monde aime porter ».
On remarque ici clairement la tendance actuelle du « récup’ » mais on distingue également la continuation d’une télévision « low-cost » rendue possible par la mise en scène d’anonymes et d’un programme déclinable en épisodes sur plusieurs semaines. Ainsi dans « Cousu Main » la dramaturgie sera fondée sur l’élimination, de fil en aguille, des participants par un jury d’experts.
L’avenir nous dira si la France s’intéresse à la couture, néanmoins, un but sera sûrement atteint : enchanter la consommation de produits liés à la mode.

Teresa Spurr
Sources :
Cbnews.fr
Lefigaro.fr
Crédit photo :
Marianne ROSENSTIEHL/M6 dans le NouvelObs

Rennes FN
Politique

Antifasciste tu perds ton sang froid

 
A Rennes, une manifestation anti-FN a dégénéré. Profitable à la communication du FN, mais défavorable à l’égard de l’image des antifascistes.
Un message contradictoire
Gérard de Mellon est candidat FN aux prochaines élections municipales à Rennes. Le 8 février il organise un meeting. Les antifascistes préparent alors un rassemblement. Malheureusement, la manifestation dérape.
La Bretagne est une terre hostile au FN, et par conséquent un territoire important pour ce parti qui cherche à s’y implanter durablement. Comme l’illustre cet article de Rue 89, depuis 2002, sur les 20 villes françaises qui votent le moins FN, 13 sont bretonnes et sont situées majoritairement dans la banlieue de Rennes. Que ce soit le FN ou les antifascistes, des deux côtés l’objectif était de faire passer un message fort. Ainsi, le lieu où se déroule le meeting de Gérard de Mellon est la salle de la Cité, considérée comme « la Maison du Peuple, symbole du mouvement ouvrier », le but étant d’inscrire le FN dans l’histoire de la ville de Rennes. Dans un communiqué de presse diffusé le 9 février, le maire PS de Rennes, Daniel Delaveau, qualifiera ce choix de lieu comme une « provocation ».
Le FN touche alors au symbole de trop pour des antifascistes échaudés par une forte présence médiatique de l’extrême droite. La peur que le FN s’implante en Bretagne et peut-être le ressenti d’une percée des idéaux de ce parti ont conduit les antifascistes à répliquer par un message fort.
Cependant, cela n’explique en rien leur comportement violent qui a entraîné des affrontements avec les forces de l’ordre et des dégâts matériels. Pourquoi ne pas avoir manifesté dans le calme pour communiquer en opposition de la violence morale des idées du FN dénoncée par les antifascistes ? Cette manifestation violente a été couverte localement… et nationalement (notamment sur les sites web des grands médias). De plus, les images diffusées sont celles de personnes cagoulées, avec des barres de fer, des pavés, brisant des vitres, brûlant une voiture, caillassant un commissariat, se battant avec des CRS dans un nuage de lacrymogènes. Certes, on parle de leur action mais tout ceci écorne l’image des antifascistes.

Le message est alors contradictoire : où se situe la différence entre la violence des groupuscules d’extrême droite dénoncée par les antifascistes, et les méthodes de ces derniers ?
Des dérapages qui servent la communication du FN
Ainsi, le grand bénéficiaire de ces dérapages semble être Gérard de Mellon, qui se félicite dans 20 minutes.fr, le 12 février dernier, d’avoir profité sans efforts d’une communication nationale : « Lundi, j’ai vu mon nom dans tous les journaux de France, sans rien demander ». Un communiqué du candidat, diffusé le lendemain des incidents, dénonce « des manifestants professionnels (sic) ultra violents ». Ce dernier en profite pour lancer une pique aux antifascistes en réaffirmant son « plus grand respect à la démocratie » ; sous-entendu que les manifestants eux ne la respectent pas. Stratégie de communication pertinente. Ce candidat milite pour un parti reconnu légalement, et les antifascistes empêchent sa campagne à travers l’intimidation. Communiquer sur les valeurs de la démocratie et de la République apparaît logique, et les arguments sont recevables.
Toutefois, des partis politiques communiquent à leur tour pour péricliter les messages du FN, comme l’illustrent les propos de Daniel Delaveau, maire PS de Rennes : « Le Front National, qui n’est pas un parti comme les autres, a choisi de tenir un meeting salle de la Cité, avec le sens de la provocation dont il est coutumier. Ses mensonges et son esprit polémique ne sauraient duper personne. (…) Si les idées d’extrême droite doivent être combattues sans relâche, ce combat ne saurait être mené en-dehors du cadre démocratique et du débat d’idées ».
Enfin, le FN clôt sa communication par un message de soutien aux citoyens rennais. Gérard de Mellon exprime ainsi « sa plus sincère compassion aux riverains et commerçants victimes de ces agissements et les forces de police de sa sympathie devant leur détermination ». Un message pour montrer que le parti veille aux intérêts et au bien-être des Rennais, et qui attaque les antifascistes en sous-entendant qu’eux n’agiraient qu’à travers des actes égoïstes et ne se soucieraient pas, par conséquent, de la population rennaise. Une communication logique au vu des dégâts matériels provoqués par la manifestation.
Un retour de bâton douloureux pour les antifascistes qui, à travers leurs actions, ont finalement servi la communication du FN.
 
Pierre Halin

Sources :
Le Monde
Atlantico
Rennes TV
Rue89
Francetvinfo.fr
Rennes.fr
Crédits photos :
Rennes TV
Le Télégramme

google
Société

Un Google à deux visages ?

 
Les Jeux Olympiques d’Hiver, édition 2014, ont débuté ce vendredi 7 février à Sotchi. Une ouverture que Google a tenu à célébrer… à sa façon.
Un logo revisité
En effet, c’est avec un doodle aux couleurs du drapeau gay – impossible à rater en page d’accueil – que le célèbre moteur de recherche a décidé de fêter l’événement. Ce logo revisité s’accompagne d’un message extrait de la Charte Olympique.

Une prise de position politique
Il est vrai que Google a habitué ses utilisateurs à marquer différentes occasions avec ses fameux doodles, mais ceux-ci s’apparentent plus fréquemment au registre de la célébration, de la commémoration et de l’hommage. A titre de comparaison, en janvier 2014, l’entreprise a par exemple effectué, parmi tant d’autres, un doodle pour célébrer la nouvelle année, un pour le nouvel an chinois ou encore un doodle-hommage pour commémorer la naissance de Simone de Beauvoir.
Un doodle surprenant
De fait, le doodle en question apparaît comme inhabituel. Les couleurs choisies, en référence au drapeau gay, auraient pu être celles, traditionnelles, des anneaux olympiques. Ce choix révèle la volonté d’une dénonciation politique des abus du gouvernement russe qui, depuis quelques mois, a remis le thème de l’homosexualité et de ses droits au cœur du débat public. C’est dans cet omni discours que le gouvernement a massivement légiféré, adoptant les désormais devenues célèbres lois (du 11 juin 2013) visant à « punir tout acte de propagande homosexuelle » et à réprimer « l’offense aux sentiments religieux ».
D’autres incriminent déjà Google pour son côté opportuniste. Il lui est en effet reproché d’adopter une telle position dans le principal but de redorer son image, laquelle a lourdement souffert de son implication dans le scandale de la NSA. Les données révélées, qui proviendraient entre autres du moteur de recherche, ont mis en lumière ce monde où la surveillance est omniprésente. Google, déjà critiqué par la pertinence et l’abondance de données intimes sur ses utilisateurs, s’est trouvé au cœur d’une tempête médiatique dans laquelle il est apparu comme ce Big Brother que nous prédisait Orwell. Google n’apparait donc pas forcément comme le candidat idéal pour émettre un discours sur les libertés.
Réelle sincérité ou coup de com’ de la part du géant du web ?
Pour les moins convaincus d’entre vous, il convient de s’intéresser au contexte. En effet, Google n’en est cependant pas à sa première implication pour la cause homosexuelle.
La firme de Mountain View bénéficie déjà d’une image plutôt gay-friendly, comptant de nombreux homosexuels parmi ses employés et s’étant déjà maintes fois exprimée pour la cause gay. En 2012, la campagne « Legalize Love », qui ciblait une soixantaine de pays particulièrement réputés pour leurs lois sévères concernant l’homosexualité, avait pour objectif de créer un soubresaut, du changement au vu de l’état de la législation.

La position de Google vis à vis de la cause n’en reste pas moins controversée. Une application baptisée « Setting Captives Free » n’en finit plus de faire scandale depuis sa mise en téléchargement sur Google Play. Cette application, lancée par une organisation religieuse américaine, s’est en effet dotée du but particulier de « libérer de leurs addictions les personnes du même sexe que le leur ». Celle-ci, en somme, inscrit en filigrane l’homosexualité du côté de la maladie, puisqu’une guérison apparait nécessaire. Ce type d’application n’a toujours pas disparu de la plateforme de téléchargement en ligne de la firme, malgré les nombreuses signatures de pétitions en ligne qui réclament leur suppression.
Le géant du web semble donc plutôt essayer de satisfaire son ensemble de publics, quitte à verser parfois dans la contradiction. Cependant, ces actes militants pour la cause, effectués pour de bonnes ou de mauvaises raisons, n’en restent pas moins utiles dans un monde où les homosexuels souffrent de discrimination quotidienne.
Ce mal d’image et de réputation n’empêche pas le géant de grandir et de conquérir encore et toujours plus de marchés : la firme est en effet devenue, ce lundi 10 février, la deuxième capitalisation boursière du monde, juste derrière Apple.
 
Adeline Mateus
Sources :
Leblogducommunicant2-0.com
Lemonde.fr
20minutes.fr
Crédits photos :
Captures d’écran page d’accueil Google

Société

L'innovation des outils de collecte de fonds

 
Le mois dernier, le Centre d’Études et de Recherche sur la Philanthropie (CerPhi) publiait une étude sur « Les financements innovants des associations et des fondations », en analysant l’état des lieux de ce secteur et les perspectives à venir et à explorer.

Cette innovation apparaît dans un premier temps comme “une nécessité, une urgence et une opportunité” pour ces associations, porteurs de projets ou fondations. L’appel à la solidarité du public, réelle nouveauté permet d’augmenter les chances de ces associations de récolter plus d’argent et ainsi d’asseoir leur légitimité en diffusant plus largement leur image. Enfin, cela répond également à l’évolution de notre société, maintenant majoritairement connectée.
Or, pour des raisons multiples, comme le manque d’implication des gouvernances des associations, l’absence de la prise de risque et de budget pour la Recherche et le Développement, une non-habitude à l’expérimentation en matière de financement, l’innovation est quasiment absente du monde associatif et philanthropique, principalement dans les grosses structures dont les administrations sont verrouillées et peu ouvertes à l’extérieur.
Pourtant, une dynamique d’innovation s’est développée, avec l’émergence de nouvelles démarches et outils qui ont souvent prouvé leur efficacité : le micro-don dit “indolore” (avec des cartes de paiement solidaires, des cartes de dons, des arrondis sur salaires ou en caisse) qui permettent, au quotidien de démocratiser et de banaliser ce geste solidaire.
Mais c’est surtout avec l’omniprésence d’Internet, des réseaux sociaux et le perfectionnement technologique que l’innovation en matière de financement des associations s’est particulièrement développée. De plus, elle s’est ancrée dans le paysage de la philanthropie individuelle, en donnant à co-construire ensemble des outils performants entre les porteurs de projet et les donateurs.
Avec les plateformes de crowdfunding comme My Major Company ou Ulule, nous assistons à une nouvelle pratique de donation, en faisant de celle-ci un challenge et une expérimentation aussi bien individuelle que collective.
Un réel changement s’est donc opéré depuis quelques années. Selon le CerPhi, “Le don change de nature et de registre, l’expérience du don se diversifie”. Le processus, est non seulement dédramatisée, mais il est également banalisé. Les offres, (en même temps qu’elles) se multiplient et sont désormais plus accessibles au quotidien. L’offre est grandissante, et l’information circule plus rapidement et plus efficacement, permettant à ces donateurs de choisir plus pertinemment les projets qu’ils décident de soutenir. Ainsi les associations visent, plus que des “donateurs”, une “communauté de supporters” et ce dans une logique de mobilisation, “de recherche de visibilité et d’adhésion”.
La diversification et la multiplication des opportunités d’actes de générosité sont manifestes, mais on constate également une émergence concrète d’une nouvelle habitude solidaire des jeunes générations. La plateforme de financement participatif, Kiss Kiss Bank Bank a ainsi récolté 12 500 000€ grâce à plus de 243 000 donateurs, à partir d’un système de démultiplication des réseaux depuis sa création.
Toutefois, comme pour les problématiques du mécénat, l’impact de ces nouveaux outils et de leurs retombées financières sont difficiles à évaluer. C’est pourquoi le CerPhi pointe du doigts le manque d’études sur le sujet afin de créer et de mettre en place des opérations plus viables. La fin de cette analyse propose des pistes pour favoriser l’innovation dans le domaine du fundraising, à savoir :

la co-construction des outils et ce à plusieurs échelles : celle des associations, des donateurs et des entreprises.
la mise en place d’action de lobbying et les moyens de mutualiser ces approches auprès des entreprises.
la sensibilisation des administrations et des gouvernances des associations, souvent trop rigides et réticences à l’innovation en matière de financement et dont les budgets Recherche & Développement sont moindres
le développement d’une culture de l’innovation et de son financement, afin d’engager une prise de risque et une meilleure transversalité des actions.

 
Ces nouveaux outils et démarches participatives ont bousculé le paysage philanthropique. Ils ont ainsi eu de véritables effets notamment sur les donateurs, mais également sur l’image des associations. Enfin, c’est principalement le rapport du public à la solidarité qui a évolué, avec une assimilation de la notion de don à celle de participation citoyenne ou “réflexe de participation”, presque plus qu’à un acte de générosité.
 
Joséphine Dupuy-Chavanat
 
Sources:
Cerphi

can't remember to forget you shakira rihanna
Culture

Shakira & Rihanna : quand chanson rime avec provocation

 
Alors que nous sommes emmitouflés dans nos manteaux, écharpes et bonnets, Rihanna et Shakira nous réchauffent avec leur duo muy caliente, Can’t Remember To Forget You. Se hissant au sommet des charts dans plus de 30 pays, le duo est un véritable succès commercial. Si les paroles et la musique de la chanson n’ont rien de sulfureux (il s’agit d’une histoire d’amour tumultueuse entre un homme et une femme), le vidéo-clip qui accompagne le titre fait l’objet de nombreuses polémiques à travers le monde. Qualifié de choquant et dérangeant par la presse, il a cependant été visionné près de 100 millions de fois sur Youtube en seulement 10 jours. Provoquer serait-il devenu synonyme de communiquer ?

Shakira n’avait pas sorti d’album depuis maintenant trois ans, préférant se consacrer à son fils et son mari. Elle revient aujourd’hui aux côtés d’une autre machine à tubes, Rihanna. Le 13 janvier dernier, les deux chanteuses ont dévoilé Can’t Remember To Forget You, titre qu’elles qualifient comme un cocktail « de pop-rock et de ska » tandis que les critiques musicaux le définissent surtout comme un mélange improbable de sonorités. Même les fans de Shakira se disent déçus par la chanson et surtout par la performance de Rihanna. Reine du scandale, cette dernière ternirait l’image de l’artiste colombienne. En effet, Rihanna a pour habitude d’utiliser la provocation comme stratégie de communication – on peut notamment penser au succès des clips de S&M mettant en scène des pratiques sadomasochistes ou de We Found Love, où la chanteuse se drogue et se mutile. Shakira, elle, communique tout autrement. Mère de famille exemplaire, égérie de la marque de dentifrice Colgate, interprète de l’hymne officiel de la Coupe du Monde de Football en Afrique du Sud et défenseure des droits des enfants en Amérique Latine, Shakira adopte une stratégie de communication autour de son mode de vie sain. Dans le vidéo-clip de Can’t Remember To Forget You, la chanteuse a choisi d’utiliser une toute autre méthode pour communiquer : la provocation.
Le clip, réalisé par Joseph Kahn, met en scène les deux chanteuses, très légèrement vêtues, dans des situations plutôt ambiguës. La vidéo ne raconte pas d’histoire, il s’agit d’une succession d’images montrant Shakira et Rihanna, plus sexy que jamais, s’enlaçant, se déhanchant contre un mur et se caressant sur un lit. Néanmoins, afin de donner à la vidéo une dimension musicale (il s’agit tout de même de promouvoir une chanson), le réalisateur a mêlé à toutes ces images sensuelles, une scène semblant sortir de nulle part, où Shakira joue de la guitare. Choqué par le caractère érotique de la vidéo, le conseiller de la Famille de Colombie, Marco Fidel Ramirez, s’est mis en tête d’interdire sa diffusion. Il a particulièrement insisté sur le fait que les étreintes des deux chanteuses encourageaient l’homosexualité, ce qui lui semble intolérable – il faut rappeler que l’État colombien s’est formellement opposé au projet de loi pour l’instauration du mariage entre personnes du même sexe. Marco Fidel Ramirez a par ailleurs déclaré que Shakira donnait un « exemple pitoyable à la jeunesse du pays ». Toute cette polémique questionne les limites et la pertinence de cette stratégie de communication. Pour des artistes maintstream comme Rihanna ou Shakira, provoquer peut s’avérer être un jeu dangereux. On peut notamment penser que si l’État colombien venait à censurer la clip de Can’t Remember To Forget You, d’autres mesures pourraient être prises comme l’annulation des concerts de Shakira dans le pays. Cela représenterait un manque à gagner pour la star et surtout pour sa maison de disques. A trop vouloir être caliente, Shakira pourrait se brûler…
 
Lisa Brunet
Sources :
chartsinfrance.net
Crédits photos :
huffpost.com
Fan 2

Vermibus
Culture

Passage sous acide : quand Vermibus dissout les affiches de pubs

 
Le projet « Dissolving Europe », la mise à mal des affiches publicitaires de l’adbuster Vermibus
Dissolving Europe est le nouveau projet d’art public du street artiste berlinois, Vermibus. Dans un road trip de 18 jours, il s’est muni de ses pinceaux et de dissolvant afin de s’attaquer aux affiches des panneaux publicitaires et de les modifier à sa guise. Comme il l’explique sur son site web, le cœur de son projet a pour objectif de « détourner physiquement et temporellement le monde occidental des affiches publicitaires au nom des beaux-arts ».
Ainsi, il est intervenu dans 6 pays européens différents et a réalisé une centaine d’œuvres.

Dissolving Europe : au cœur d’un processus « anti-pub »

On pourrait dire que le projet du street artiste Vermibus se présente sous la forme d’une chronologie d’actions permettant, ainsi, une réelle immersion dans sa campagne de sensibilisation sur la pollution publicitaire.
Dans un premier temps, Vermibus choisit soigneusement l’espace urbain dans lequel il souhaite opérer, s’attaquant le plus souvent à des panneaux publicitaires proches de grands magasins de luxe.
Il récupère et rassemble les affiches publicitaires laissant, en apparence, vide de sens ces grands panneaux d’affichage lumineux. La première phase de son projet est enclenchée : un souffle d’air frais est créé et notre environnement urbain devient, le temps d’une journée, plus lisse, plus épuré.
En même temps, il retravaille dans son atelier les affiches récupérées à coup de pinceaux et de dissolvant. Les modèles, beautés plastiques et imaginaires de la perfection, sont alors déformés, voire même déshumanisés, se transformant tels des spectres aux silhouettes effrayantes.
Une fois satisfait de son œuvre, les publicités sont replacées dans leurs environnements initiaux et ainsi dévoilées au consommateur.
A travers son œuvre, notre espace urbain, excessivement rempli d’affiches publicitaires similaires et fades, retrouve un second souffle où le regard du consommateur est hypnotisé par cette dénaturalisation, parfois extrême, des modèles. Les photographies originales prennent un tout autre sens et deviennent de réelles œuvres d’art.
Un acte anti-consumériste et bien plus !
Dans un environnement où le matraquage publicitaire est devenu monnaie courante, Vermibus s’attaque à cette pollution visuelle et s’engage dans un processus créatif anti-consumériste. Télévision, Internet, mur, métro, building, etc., tout est devenu bon pour pousser le citoyen à dépenser et à consommer.
En plus d’être omniprésente, la publicité est construite de manière insidieuse, elle s’ancre en nous et reste bien présente dans nos esprits.
A travers les différentes techniques de marketing, elle joue sur nos affects et surtout nous transmet des représentations sociales, des normes et des critères physiques qui cadrent nos vies ; présentés comme le seul protocole valide de mode de vie.
Ainsi, l’œuvre de Vermibus va bien au-delà de la simple critique consumériste, elle nous transporte et dénonce publiquement notre aliénation à ce protocole.
Ce street artiste rompt avec les traits d’une génération hautaine et sans vie en effaçant la froideur macabre des mannequins.
Avec ses solvants, il s’improvise chirurgien et éclate les représentations sociales et physiques qu’on souhaite nous faire intérioriser, en remodelant à sa guise les corps et les expressions des modèles.
La plupart des logos sont effacés incitant directement à démanteler la suprématie des marques. La chair semble dissoute, les visages sont défigurés, marqués par des regards à la fois perçants et vitreux, créant une sensation de malaise, sans pour autant que le consommateur ne puisse détacher son attention de l’affiche.
Ces spectres sombres et torturés nous envoûtent, nous fascinent mais surtout nous permettent de nous interroger et de nous mettre face à notre propre aliénation afin de nous faire réagir et de nous faire prendre conscience de la prééminence purement capitaliste qui régit nos sociétés.
Les spots publicitaires fades des marques de vêtements ou de parfums, qui s’accumulent et s’amoncellent indéfiniment au sein de notre société, sont alors manipulés, détournés et acquièrent pleinement leur caractère dénonciateur et engagé.
En s’improvisant poseur d’affiches, Vermibus crée un vrai chef d’œuvre et nous transporte pleinement au sein de sa campagne de sensibilisation.
Chapeau bas l’artiste !
 
Adeline Reux
Sources :
Konbini.com
Brooklynstreetart.com
Opnminded.com
Crédits photos :
Thomas von Wittich

Société

Enfants ou gouvernement : qui faut-il sensibiliser aux usages d’internet ?

 
Depuis que l’espionnage à grande échelle mené par la NSA a été révélé au grand public par un scandale sans précédent, les peurs liées à la protection de la vie privée sur internet semblent s’être aggravées. Cela explique peut-être pourquoi la journée consacrée à l’internet sûr à fait parler d’elle sur beaucoup de médias cette année. Cette journée aussi appelée « Safer internet Day », a eu lieu le 11 février et comme son nom l’indique, il s’agit d’une journée consacrée à la protection des internautes.

L’objectif principal de cette initiative, approuvée par la consommation européenne, est la sensibilisation des enfants aux dangers du cyber-harcèlement et à la nécessité de protéger les données personnelles. Toutefois, ces deux points relèvent de l’initiative personnelle, et il ne faut pas oublier que la question de la sûreté d’internet s’insère dans une problématique plus large où les gouvernements ont un rôle à jouer. Les législateurs réussissent-ils à s’adapter à ces nouveaux enjeux ? Rien n’est moins sûr.
Des magistrats perdus
Il semble en tout cas qu’en France les tribunaux aient du mal à s’adapter – ou même à comprendre – la révolution numérique. En effet, le 5 février un blogueur a été condamné à 3 000 euros d’amende pour vol de documents après avoir téléchargé des documents non protégés accès qu’il avait trouvé en utilisant le moteur de recherche Google.
Ces documents de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) auraient dû être confidentiels mais étaient en libre accès sur le site de l’agence susnommée qui n’a d’ailleurs pas souhaité se porter partie civile. La condamnation d’Olivier Laurelli, plus connu sous le pseudonyme de Bluetouff, semble ainsi résulter d’un quiproquos avec le parquet dont le représentant avoue qu’il n’a « même pas compris la moitié des termes qu[’il a] entendus aujourd’hui ».
Des débuts difficiles pour la CNIL
C’est sans doute pour pallier aux lacunes de ces tribunaux ordinaires, dépassés par l’avènement d’un média qu’ils ne comprennent pas, qu’une autorité judiciaire indépendante spécialisée dans l’application de la loi informatique et libertés a été fondée. La Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) a pourtant elle aussi ses failles comme l’a montré récemment le cas Google.

Dans cette affaire, le problème n’était pas tant la condamnation mais l’application de celle-ci, car en obligeant le célèbre moteur de recherche à afficher sur sa page d’accueil le verdict du procès, la Cnil n’avait pas prévu que son site serait saturé par les visites d’utilisateurs de Google, intrigués par l’encart inhabituel. Le site de la commission est alors resté inaccessible pendant plusieurs heures, prouvant par-là que même l’organisme judiciaire le plus spécialisé de France avait encore beaucoup à apprendre.
Malgré les problèmes rencontrés par la Cnil, sa création montre qu’il y a quand même de la part de l’Etat un effort d’adaptation. Cependant, la compréhension du problème par le gouvernement et en particulier par le chef de l’Etat reste relative comme le prouvent les propos plutôt stéréotypés de ce dernier lors de son voyage dans la Silicon Valley. Il se focalise en effet sur les aspects négatifs du média à qui il reproche notamment d’être un grand vecteur de rumeurs et d’attaques personnelles – ce qui est assez étonnant au vu de ses récents démêlés avec la presse papier. Finalement, on en vient à se demander qui des enfants nés à l’heure d’internet ou du gouvernement a le plus besoin de sensibilisation à ce média.
Alexia Maynart
Sources :
Safeinternet.fr
Numerama.com
Cnil.fr
Lemonde.fr
Crédits photos :
Huffingtonpost.fr
Saferinternet.org.uk

Play to Cure cancer
Société

Si jouer pouvait guérir

 
On nous annonçait il y a encore quelques jours que les jeux vidéos n’avaient pas d’impact négatif sur « les performances scolaires et cognitives » de ses joueurs. Aujourd’hui, le Cancer Research UK (institut de recherche mais aussi association caritative) fait mieux, en vous proposant de les aider à vaincre la maladie en installant un jeu intergalactique sur votre Smartphone.
Play to Cure – Genes in Space : un moyen de mettre à contribution le moins scientifique d’entre nous dans le traitement de données utiles à l’analyse des gènes responsables des dysfonctionnements cellulaires à l’origine du cancer.
Le message du Cancer Research UK est simple : nous pouvons tous contribuer à faire avancer la recherche sur le cancer – avec ou sans blouse -, et plus étonnamment, avec ou sans don*.
L’occasion de donner bonne conscience aux plus réticents à apporter leur contribution financière à la recherche, ou réelle campagne de sensibilisation ?

« The more players we have, the quicker we get the results, bring forward the day, when all cancers are cured »
 
Eléonore Péan
Sources :
CancerResearchUK.org
LaReclame.fr
* une application gratuite, disponible uniquement en anglais à l’heure actuelle

Facebook
Société

Facebook, notre meilleur « ami »

 
Depuis début février, Facebook convie ses quelques 1,2 milliards d’usagers actifs à son dixième anniversaire, et le réseau social numéro un ne ménage pas ses efforts pour intégrer ses invités à la fête. La nouvelle activité phare de cette période de célébration ? La possibilité de visionner une petite vidéo rétrospective, retraçant le parcours de chacun sur le site.
Le principe est simple, attractif et permet la mise en place d’une stratégie de communication des plus efficaces. Sur fond de musique émouvante, Facebook nous permet à nous, simples utilisateurs généralement anonymes, de nous remémorer nos « premiers moments », nos « publications préférées » et autres « photos que [nous avons] partagées. » Et justement, c’est là tout l’intérêt d’une telle démarche. Le rythme de la vidéo, la succession d’images et le zoom final sur notre photo de profil actuelle nous donnent l’agréable impression d’être quelqu’un d’important, d’unique au milieu de la masse d’usagers inscrits sur le réseau social. Chacun peut, le temps d’une minute, se rêver une vie palpitante, pleine de rebondissements et de bonheurs quotidiens.
Mais surtout, Facebook réussit à s’accorder une place non négligeable dans ce conte de fée que ses usagers sont censés vivre. Toujours présent, il serait là pour les accompagner à chaque moment clé de leur vie. Ce nouveau tournant communicationnel est d’ailleurs cohérent avec les efforts précédents visant à faire de Facebook un véritable journal intime (pensons à la mise en place de la Timeline en 2009 par exemple). Une telle stratégie de communication joue ainsi sur l’émotion et cette méthode semble s’avérer judicieuse, notamment pour un site dont le succès s’appuie sur les relations sociales, la fonction « like » ou encore le « partage » de photos et d’informations.
Plus qu’un réseau social, Facebook serait donc un « ami » qui nous accompagnerait et nous épaulerait tout au long de notre vie. Une stratégie que l’on « like », sur le papier du moins.
Margaux Putavy