JK Rowling vs Romain Gary
Culture

J.K Rowling, ou le syndrome Romain Gary

 
Au printemps dernier, le livre The Cuckoo’s Calling, ou L’Appel du Coucou, du soi-disant Robert Galbraith paraissait en Grande-Bretagne et n’obtenait pas un grand retentissement. Bien que salué par quelques critiques, le roman n’engendre guère un enthousiasme intarissable, ne cumulant ainsi que 1500 ventes.
Or, quelle n’est pas la surprise générale des médias et lecteurs (potentiels) de découvrir, via un simple post Twitter, le pot aux roses : le dénommé Galbraith n’est tout autre que Maman Harry Potter. Ben ça alors ! Joli tour de magie ?
Pourquoi tous ces mystères ? R n’assumerait-elle plus son succès, ou cherchait-elle un moyen de communication pour le moins extra-ordinaire ? Et que nous dit ce phénomène, à une échelle bien plus large, de la littérature aujourd’hui ?

Beauté de l’écriture ou peur de l’étiquette ?
Rowling cherchait-elle un point de vue impartial sur son écriture afin de revenir aux débuts du lancement d’Harry Potter – pour lequel elle s’était longuement battu, ou bien dans le but de se relever du malheureux échec de son dernier livre, Une Place à Prendre ?
Changer de nom permettait à l’œuvre d’être appréciée pour ce qu’elle était, et de ne pas être propulsée en tête des ventes par le simple usage de sa signature. L’aura d’un écrivain – que l’on peut ici qualifier de star internationale, incontestablement, – influe considérablement sur son chiffre de vente. Sinon, quelle raison y’aurait-il à ce que les mêmes personnalités se retrouvent sans cesse dans les Hits de toutes les librairies ? Et ce bien malheureusement.
Mais, paradoxalement, peut-être est-ce également pour fuir les mauvais côtés de « l’étiquette » que Rowling a pris la peine d’arracher celle qu’elle arborait jusqu’alors. Car son passé Voldemorien, bien qu’ayant séduit une majorité du public mondial, ne l’a pas pour autant aidée à obtenir les faveurs des critiques. Bien au contraire. Aussi, le nom d’un auteur nous influence-t-il sur la perception même de son œuvre. Un immense héritage culturel pèse sans cesse sur notre lecture, et/ou l’élève.
Dans son livre Et si les œuvres changeaient d’auteur, Pierre Bayard démontre bien le changement de perspective de l’étude d’une œuvre selon l’auteur qui la réalise. Il prend notamment l’exemple de Dom Juan : si Corneille avait écrit la pièce, l’on pourrait relever dans cette dernière la présence fondamentale d’une multitude de dilemmes, d’importance chez le dramaturge mais peu pertinente dans un cadre moliérien.
Quoiqu’on en dise, un nom influe toujours sur une perception, et construit des a priori sur un sujet considéré.
Coup de Comm’ ou projet artistique ?
Il est évident que l’on pense d’emblée ici à une stratégie communicationnelle. En effet, c’est un tweet à l’origine suspecte qui a averti le Sunday Times du subterfuge, propulsant, sans surprise, le livre de la 5076e place à la 1e place des ventes d’Amazon en une journée.  Nous ne pouvons que saluer un énorme coup de pub qui n’a engendré aucun coût. Tous les médias parlent désormais du livre, gratuitement. Et comme le précise bien Julien Gracq dans La Littérature à l’estomac, une fois que la critique installe un auteur dans le doux cocon du succès, il est difficile de l’en déloger.
Pourtant, Rowling demeure multimillionnaire, et la recherche d’un profit financier de sa part semble peu probable. Peut-être pourrait-on penser, à la limite, au désir ardent d’une remontée en haut de l’affiche, maintenant que la fièvre Harry Potter paraît bel et bien révolue.

Ce phénomène ne peut que nous rappeler l’emprunt par Romain Gary du pseudonyme Emile Ajar, il y a de cela des dizaines d’années ; mystère révélé dans la lettre de suicide de l’auteur. Mais il s’agissait là de retrouver une liberté d’expression que la conservation de son identité, des plus populaires, ne permettait plus. Gary voulait, semble-t-il, adopter un regard nouveau, un style ne répondant pas nécessairement au précédent, et aborder des thématiques délicates et polémiques. La Vie devant soi, par exemple, dénonçait tout à la fois la ghettoïsation des immigrés en France, le rejet des prostituées, ou encore l’interdiction de l’euthanasie.
Or, JK Rowling conserve, dans The Cuckoo’s Calling, un univers assez similaire aux précédents. Elle reste très loin de la dénonciation politique, ou de la réflexion sociale et idéologique, comme l’effectua sublimement Gary. Ce qui nous montre, quelque part, l’immense distance entre l’emprunt d’un faux nom au regard d’un projet littéraire d’un côté – création d’une œuvre – et le faussement d’une identité ayant, très probablement, un rapport avec le monde de la communication – création d’un livre, dans le sens commercial du terme.
Cet évènement ne manque pas de nous dire quelque chose de grandement inquiétant sur la littérature aujourd’hui. La dictature du nom semble bel et bien installée, incitant à la réflexion communicationnelle plus qu’à la qualité de l’écriture.
« Je me suis bien amusé, au revoir et merci. »
Romain  Gary
 
Chloé Letourneur
Sources :
Firstpost.business
The Sunday Times
L’Express
Crédits photos :
Image de Une : JK Rowling et Romain Gary (t-as-vu-ma-plume.over-blog.com)
Image 2 : Hypable.com
Image 3 : OneMinuteNews

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Didier Deschamps porté par les joueurs de l'équipe de France
Société

Malheureusement pour certains, ils ont gagné …

 
Comme souvent en France, le football déchaîne les passions. Mais certains avaient mis en jeu beaucoup plus que d’autres sur ce coup-là…
Les paris se sont enchaînés sur les plateaux de télévision et surtout sur Twitter. Ce genre de choses se répand très vite sur la toile. Mais attention à ne pas parler trop vite … C’est ce qu’a découvert la société Dorcel (productrice de films pornographiques) à la fin du match. Cette société avait promis sur son compte Twitter un accès gratuit à sa VOD toute la nuit si les bleus gagnaient, et n’a pas pu tenir parole… Parce que les serveurs ont été complètement noyés sous l’affluence massive des internautes.
Pas besoin d’être connu pour que ses paris soient retenus, en témoigne ce tumblr  créé juste pour l’occasion, et qui va faire regretter très vite à ces tweetos d’avoir tweeté trop vite !
Antoines De Caunes a introduit l’émission en anglais, Augustin Trapenard a dû dire du bien du livre de Nabilla, Doria a fait sa météo dans la charmante ville de Poil (mais aussi à poil !), Cyril Hanouna s’est teint en blond… Bref, tout le monde a tenu son pari.

Tous ces éléments ont été rappelés allègrement tout au long de la journée d’hier sur les pages de ces émissions, pour tenir le public en haleine et pour s’assurer d’une très, très belle audience hier soir. Ou quand les réseaux sociaux, loin de réduire l’audience, sont un moyen de la maintenir, voire de l’augmenter en de grandes occasions. Une nouvelle façon pour les chaînes de télévision d’utiliser leurs pages Facebook, Twitter, Instagram, voire bientôt Bitstrips ?
 
Paola Paci
Sources
Lemonde
Legrandjournal

Mcdonald
Publicité et marketing

PSG : sur place ou à emporter ?

 
Début septembre, le club de football de la capitale a signé un contrat de partenariat avec l’enseigne américaine Mcdonald’s. La marque de fast food vient ainsi s’ajouter à la longue, et lucrative, liste des sponsors officiels de ce nouveau PSG « made in Qatar ».  Cet accord entre les deux partis qu’a priori, et a priori seulement, tout oppose, vient mettre sur le devant de la scène une question communicationnelle évidente : dans quelle mesure deux marques – puisque c’est dans ce cadre que s’inscrit désormais le PSG –, aux profils opposés, peuvent-elles tirer profit d’une opération de partenariat ?
Association (d)étonnante
Le premier, populaire à souhait, distribue des calories en menus et se voit constamment raillé par des hordes d’opposants à la malbouffe. Ce qui ne l’empêche pourtant pas, soyons honnêtes, de servir plus d’1,7 millions de repas chaque jour en France.
Le second, figure récente mais déjà emblématique du football franco-qatari, véhicule, par définition, l’idée que vie saine et réussite sont intimement liées.
Et pourtant, preuve peut-être que les contraires s’attirent, Mcdonald’s et le PSG viennent de se dire oui, signatures à l’appui.
Après Emirates, Nike, Qatar National Bank, Orange ou plus récemment Ooredoo – une grande compagnie de télécommunication qatarienne – et Qatar Tourism Authority, c’est donc le géant américain qui vient agrandir la famille des « Fournisseurs officiels du PSG ».
Au menu ? En contrepartie d’une somme financière plus que conséquente, qui reste pour l’instant sous silence, « Macdo » pourra proposer dès le 1er décembre 2013, et ce dans 209 de ses restaurants franciliens, un Menu PSG. Grâce celui-ci, et pour 5€ supplémentaires, les clients pourront repartir avec un ballon ou un chèche aux couleurs de leur club. La marque de fast food pourra également apposer son célèbre logo jaune sur la panneautique du Parc des Princes lors de rencontres importantes.

Gagnant-gagnant
Mais parce que « business is business », et que les géants financiers tels que ces deux-là ne font jamais rien au hasard, l’accord commercial scellé profite très largement aux deux partis.
Si les deux groupes se différencient quant aux produits proposés, ils se réunissent néanmoins sur leurs valeurs phares. Fabrice BUISSON, Directeur Mcdonald’s de la région Ile-de-France explique ainsi : « Associer notre marque à celle du Paris Saint-Germain était pour nous une évidence tant nos publics se retrouvent à la fois dans leur diversité et leur recherche de sensations fortes et de vrais moments de plaisir partagés ».
Par là même, l’enseigne américaine vise certes à réaliser un profit important, mais également à poursuivre sa politique – de communication ? – consistant à promouvoir le sport, et la pratique d’une activité physique régulière, notamment chez les jeunes. Dans cette optique, Mcdonald’s est par exemple partenaire des Jeux Olympiques depuis 1976, et sera l’an prochain sponsor officiel de la coupe du monde de football. Ce partenariat avec le PSG n’est pas non plus son coup d’essai dans la capitale puisque que la marque est déjà sous contrat avec le Stade Français et la JSF Nanterre.
Côté PSG, on explique ce choix par le fait qu’il « associe le Paris Saint-Germain à une marque dynamique qui a su séduire un très large public partout en France ». Outre donc, de nouveau, l’aspect financier, qui évidemment prime, le club souhaite profiter de ce partenariat pour atteindre un public toujours plus nombreux et hétérogène. Exit l’image de l’inaccessibilité matérialisée par le prix élevé des places au stade ou des maillots floqués, le PSG se veut populaire et fédérateur.
Réactions sauce piquante
Sur la Toile, les critiques quant à la mise en place du partenariat en question ne se font pas attendre et très vite, les amateurs de football ont répondu. Tous ironisent sur cet improbable duo et lancent les pronostics quant aux appellations potentielles des futurs produits macdo.

 
La parole la plus sage reste sûrement celle de Laurent Blanc, actuel entraîneur du Paris Saint-Germain, qui espère simplement que certains joueurs n’aient pas accès à des « prestations personnelles » de la part de Mcdonald’s puisqu’ils se battent pour les faire maigrir, « et que là, ce n’est pas la meilleure façon de maigrir ». Indéniablement.
A l’instar du blanc et du noir, de Laurel et Hardy, d’Astérix et Obélix, Mcdonald’s et le PSG forment un duo étonnant mais auquel, il est fort à parier, l’avenir sourira.
Céline Male
Sources
LeFigaro
RTL
France3
PSG

Stop au hashtag
Société

#Overdose ?

 
Jouons à un nouveau jeu : éviter de croiser un hashtag durant toute une journée. Perdu ?
Le hashtag est un marqueur de métadonnées originellement utilisé par IRC (Internet Relay Chat) dans les années 1990. Rendu populaire par son utilisation sur Twitter à partir de 2007, il permet de classifier sur les réseaux sociaux des mots-clefs lorsqu’ils sont précédés d’un croisillon : le « # » (créant des liens hypertextes). Il apparaît ensuite sur de nombreux autres sites, comme Instagram, Tumblr, Linkedin… et récemment les géants YouTube (2011) et Facebook (2013).
Son succès est tel qu’en 2013, le hashtag ne se cantonne plus à Internet. Perdant son utilité première, il devient un véritable symbole communautaire. Ainsi la publicité et l’événementiel se sont stratégiquement emparés de ce nouveau phénomène. D’innombrables affiches et spots publicitaires utilisent désormais les hashtags.
Citons comme exemple le spot publicitaire de Subway :

Ou encore les affiches du BHV Marais :

Il est désormais courant de voir des hashtags s’afficher en bas de l’écran lorsque l’on regarde des émissions de télévision. Des présentateurs (cf. cérémonie des Grammys) en ponctuent naturellement leurs phrases, démocratisant leur usage.
C’est bien cela le plus troublant, son apparition dans la culture et le langage oral. Dans la musique par exemple : le célèbre rappeur Kanye West parle même d’un « hashtag rap » (une métaphore, une pause, une « one-word punchline »).
Cela prend une telle ampleur que le commun des mortels s’y met aussi. Faire un croisillon avec ses doigts et insérer un hashtag dans la conversation : pas si absurde ?
Phénomène de mode à son apogée ? Indéniablement. Un tel usage du hashtag est-il supposé durer ? Cela est moins sûr. Quand les smileys, lol et autres mdr sont sortis de la sphère Internet pour envahir notre quotidien, ces derniers se sont ringardisés.
Aussi… Gare à l’#overdose.
 Justin Timberlake et Jimmy Fallon sont d’accord 
 
Maud Espie
Sources
TwitteRadar
Wikipédia
Crédits photos :
 Image de Une : Ilétaitunepub.fr

Campagne d'une actrice contre le viol des femmes
Société

Souriez, vous êtes violées !

 
« It’s your fault » dure quatre minutes.
En Inde, un viol survient toutes les deux minutes.
Le calcul est superflu mais si l’on en croit les statistiques, deux femmes indiennes seront violées  au cours de ce visionnage. 

Des cris, des larmes, des manifestations en pagaille ; le viol collectif d’une étudiante de 23 ans dans un bus de New Dehli au cours de l’hiver dernier semble avoir joué un rôle de catalyseur dans la crise sécuritaire qui ébranle aujourd’hui l’ensemble de la nation. Un vent de panique souffle sur l’Inde et ni l’insistance des médias, ni les revendications de la population ne semblent en mesure d’ébranler les convictions jugées archaïques du gouvernement conservateur au pouvoir. Porte-parole d’une société encore profondément tournée vers le patriarcat, les responsables religieux et politiques du pays multiplient les déclarations sexistes et persistent à faire peser la responsabilité des crimes sexuels sur les victimes elles-mêmes. Excédé par l’incapacité de leurs dirigeants à conduire des mesures préventives, consterné par l’indifférence et la misogynie de leurs concitoyens, le collectif d’humoristes AIB (All India Backchod) fait valoir son droit de réponse dans une vidéo postée sur Youtube le 19 septembre dernier. En langue anglaise et volontairement subversive, cette satire de l’extrême entend lutter contre une forme de « surdité collective »  et s’adresse à  un public resté hermétique aux autres supports de sensibilisation.  Si l’usage de l’implicite dans l’écriture du script n’est pas novateur, le choix d’en confier la lecture à deux actrices connues du monde Bollywoodien est  on ne peut plus judicieux. Massivement partagée sur les réseaux sociaux indiens, « It’s your fault »  crée rapidement le buzz et attire l’attention des médias du monde entier.

Le sarcasme et l’ironie se mêlent au grotesque dans cette diatribe à l’humour sombre, très sombre, à la hauteur du sujet qu’elle traite.  Adeptes d’une violence toute en euphémismes, les membres d’AIB se livrent à un exercice périlleux : marier le viol à la plaisanterie. Le pari, bien qu’osé, est néanmoins relevé par ces féministes d’un nouveau genre  qui ne s’écartent jamais de leur intention communicationnelle initiale: on ne rit pas du viol, on se rit de l’absurdité des considérations qu’il suscite ;  l’alliance entre les deux antagonistes  fonctionne. Des propos du gourou Asharam invitant les victimes à fraterniser avec leur violeur aux revendications des détracteurs de l’industrie bollywoodienne, en passant par un retour sur les lois du pays, les stéréotypes prononcés par des hommes d’influence au cours des dix derniers mois sont successivement démantelés. Au fil des minutes, une logique de l’absurde s’instaure, en apparence imparable, le raisonnement sexiste joue sur l’évidence et s’appuie sur de prétendus arguments d’autorité. Les chiffres, manipulés, démontrent l’indémontrable et révèlent une culpabilisation  incohérente des victimes.
Perçu au travers du prisme de la caricature, le spectacle soumis au regard de l’internaute n’en est pas moins troublant. Attaquées face caméra, de plus en plus marquées par les coups à mesure que les secondes défilent, les actrices, qui ne se détachent  jamais de leur sourire forcé, intériorisent les propos de leurs bourreaux et  deviennent pareilles à des automates.
Les textes, sciemment provocateurs, sont déclamés sur un air enjoué si bien que le contraste établi entre la brutalité des images et la légèreté du ton confère une atmosphère malsaine à la séquence.  Quant aux derniers plans filmés, ils font office de révélation : l’hypocrisie s’envole, l’énonciation gagne en profondeur. Le rideau tombe, les comédiennes s’effacent et laissent place à des femmes pour qui il n’est plus question de jouer. Un renversement sémantique s’opère, prononcé par elles, « It’s my fault » se veut accusateur : « c’est votre faute à vous, les violeurs ».
En termes de visibilité, le succès de cette vidéo n’est plus à prouver. Avec plus de 2 300 000 vues à son actif, la parodie d’AIB suscite pourtant des réactions mitigées. Si la plupart des critiques reconnaissent la portée pédagogique du média (les fans du collectif ont entre 12 et 30 ans), elles sont nombreuses à lui reprocher une certaine forme d’élitisme. Cette problématique n’est pas sans rappeler les questions soulevées  par Jeremy Rifkin dans l’Âge de l’accès. En Inde, l’accès fixe à l’internet reste marginal et l’anglais n’est maîtrisé que par une minorité de la population. D’autant que le public branché, privilégié et instruit d’AIB ne semble pas répondre aux critères  de la « cible majoritaire » définie par les campagnes de sensibilisation au viol. Ce dernier argument est contestable mais il a le mérite de relancer le débat de l’universalité en termes de prévention. Considérer qu’il existe un « violeur type »  est en effet aussi dangereux que de dresser le portrait d’une « victime idéale ».  De plus, ces considérations apparaissent contraires à l’esprit de la vidéo qui présente des violeurs masqués et de toutes couleurs de peau.
Au-delà de l’originalité de la forme,  c’est bien l’universalité du thème choisi qui confère une résonance particulière au message du collectif. En Grande Bretagne, dix femmes sont violées chaque heure. Il y a un an, les propos du député américain Todd Aikin sur les « viols légitimes » déclenchaient une vive polémique aux Etats-Unis.
« STOP BLAIMING THE VICTIMS » ; à défaut de pouvoir changer la mentalité de ses dirigeants, la revendication du collectif AIB est parvenue aux oreilles du monde entier. Comment ? En résolvant une simple énigme. «Le point commun entre l’humour et le viol ? » Ils sont apatrides.
 
Marine Bryszkowski
Sources
HuffingtonPost
TheIndependant
ABC
Courrierinternational
IndianExpress
MSMagazine

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Facebook, j'aime ou j'aime pas ?
Société

Les réseaux sociaux : WHO’S NEXT ?

 
Au secours, Facebook devient has been ?
Une récente étude américaine montre que Facebook séduit moins les jeunes adolescents aujourd’hui que leurs aînés.
Il semble que les jeunes utilisateurs commencent à se lasser de partager leurs photos librement, de liker les pages de leurs films préférés, et préfèrent les mini-messages vifs de 140 caractères.
Sur 8 600 interrogés, 26% préfèrent Twitter, contre 23% pour Facebook et sa filiale Instagram.
De plus, on ne peut ignorer l’entrée fracassante de l’Oiseau bleu à Wall Street, qui semble être au passage bien mieux réussie que celle de son concurrent en son temps.

Facebook et Twitter co-existent depuis plusieurs années déjà, alors pourquoi ce revirement en 2013?
Aujourd’hui, la tendance semble être celle du commentaire. Il faut réagir et interagir sur un article, une émission… et bien sûr dans l’instant.
Alors, Twitter a-t-il déjà remplacé Facebook dans le cœur des ados ? Les tweets ont-ils remplacé les statuts, et les followers les amis ?
Twitter semble bien « follow » les traces du succès de Facebook. Alors faisons une hypothèse un peu folle : après The Social Network, pour quand un film sur la création de Twitter ?
Les réseaux sociaux n’ont pas le temps de s’essouffler qu’ils se trouvent déjà soi-disant remplacés.
Alors chers curieux, à vos Smartphones : Mais pourquoi faire au juste ? Actualiser son statut, retweeter ou pourquoi pas envoyer un Snapchat à un ami ?
Avouez qu’on s’y perd un peu. Who’s next ?
 
Sophie Cleret
Sources :
Stratégies.fr – Twitter détrône Facebook chez les adolescents américains
Slate.fr – Les adolescents se lassent de Facebook
Crédits photos :
Image de une : BeGeek.fr
Image 2 : brandaroundtheweb.fr

Snapchat
Société

Jacques a dit : Snapchat tout ce que tu veux !

 
A l’instar de Facebook, immense réseau social fondé par le très jeune Mark Zuckerberg, Snapchat démarre comme projet d’étude de deux étudiants de Stanford : Evan Spiegel et Bobby Murphy. Il est lancé en septembre 2011 et très vite, début 2013, la société de capital risque Benchmark, prend le pari d’investir 13,5 millions de dollars dans la start-up, ainsi que Facebook qui tente de racheter l’application pour 3 milliards de dollars, des sommes qui en disent long sur l’enthousiasme que suscite cette invention.
Le fonctionnement est simple. Il s’agit d’un système de partage de photos et de vidéos, que l’on envoie à un cercle d’amis – des contacts que l’on ajoute – comme sur Facebook ou Instagram. Ce qui diffère radicalement cependant, c’est qu’une fois la photo prise, sa durée de visualisation est modifiable de 1 à 10 secondes par l’expéditeur et « l’existence » de l’image ou pour ainsi dire sa conservation, est limitée pour le destinataire.
Comment interpréter les différents enjeux de ce média apparemment innovant qui promeut le côté éphémère des publications en sous-entendant une sécurité des données ?
En 2013, il semblerait que la photo communique plus de chose que les mots. Que ce soit sur Facebook ou sur Instagram, les images dominent et inondent la page d’actualité.
Sur Snapchat, le modèle se différencie en ce qu’il possède un caractère éphémère, trait particulièrement recherché chez les utilisateurs en quête de sécurité et de confidentialité. Dans un monde où toute donnée est conservée, les internautes craignent la divulgation d’informations personnelles, de laisser leur image sans aucun contrôle ou de se voir trahis par des photos compromettantes qui, une fois postées sur la toile, n’y seront pas retirées de sitôt. La disparition en quelques secondes de ces dernières est donc la panacée pour bon nombre d’addicts au partage compulsif de photos.
Snapchat a trouvé la solution : partager, puis supprimer. Le fait de ne pas garder de traces outrepasse l’autocensure que chacun se pose à soi-même. Il en ressort une plus grande liberté dans la prise d’images et la spontanéité n’en est que plus accrue. Avec Snapchat, les barrières n’existent plus, chacun n’envoie que ce qu’il contrôle et ne reçoit que ce que l’émetteur a choisi de lui faire parvenir. Plus question de tags, ni de profil visible pour 200 ou 300 « amis », il n’y a un lien qu’entre l’émetteur et le récepteur, tous deux avec la même volonté : faire partager des instants de vie sélectionnés et envoyés sans crainte.
Le paradoxe est notable : la photo en temps qu’objet, qui n’en est déjà plus un avec les nouvelles technologies, n’est donc plus faite pour être conservée, mais doit absolument être supprimée. Il n’est donc plus question de souvenirs, mais de flux constants de partage en quelque sorte.
De nos jours, tout semble pouvoir être partagé, sans limites. Innombrables sont les internautes capturant chaque moment de leur vie. Comment faire la distinction entre ce qui doit ou non être posté?
Le monde est saturé d’images et Snapchat n’est qu’une application de plus tournant autour de la monstration. Dans la prise de photo, même confidentielle ou éphémère, le côté voyeur est sous-jacent. Et Snapchat ne fait qu’accroître cette tendance. Le voyeurisme est occulté par le sentiment de confiance diffusé par l’application et incite donc inconsciemment les utilisateurs à prendre de plus en plus d’images sans censure, et ainsi perdre peu à peu toute perception d’intimité.
Snapchat veut se différencier des autres médias. Par la suppression de chaque photo envoyée, l’application donne une certaine garantie de sécurité, mais pour combien de temps encore ? Et peut-on véritablement parler de sécurité sur internet ?
En effet, tout utilisateur, même le moins aguerri, sait comment faire une capture d’écran : communément appelé un « screen shot ». Cette fonction neutralise en partie l’aspect éphémère dont l’application se targue. En envoyant une image, même à des amis, qui soit dit en passant, ne le sont parfois pas réellement, la capture d’écran est incontrôlable.
Comment savoir si le récepteur va photographier l’image que l’on envoie, comment alors juger ce qui se doit d’être éphémère ou ne pas l’être ? Comment maîtriser la notion de propriété ? Lorsqu’un utilisateur fait une capture d’écran d’une photo, cela est signalé à l’envoyeur, mais il est alors trop tard, et l’envoyeur n’est plus le seul en possession de sa photo qui devait, au départ, disparaître à jamais.
De plus, très récemment, une nouvelle fonctionnalité « Snapchat Stories » est apparue, discréditant le fondement même de l’application. On peut en effet conserver l’historique commenté de nos photos, en illimité pendant 24 heures. Même si les destinataires peuvent être sélectionnés et limités, ce qui restreint grandement la diffusion de ces photos, le système commence à changer. À partir de là, il est difficile de ne pas penser au géant Facebook, qui est passé d’inoffensif réseau social à vendeur d’informations à destination de la publicité ou encore de la NSA.
Les snaps sont effacés très rapidement après leur ouverture et après 30 jours s’ils n’ont pas été lus. Mais Micah Schaffer, chef de la confiance et de la sécurité chez Snapchat a avoué, il y a peu, avoir dû fournir certaines photos aux autorités dans le cadre d’enquêtes. Est-ce un bien ou un mal ? À chacun de juger en fonction de ce qu’il décide d’envoyer.
Snapchat est divertissant, innovant, tout beau, tout nouveau. Pour le moment. Comment savoir en effet si la NSA n’est pas en train de collecter les quelques 350 millions de clichés pris par jour ? Personne ne pourra se plaindre a posteriori, les cas Facebook et LinkedIn ayant fait assez de bruit comme cela, mais ce qui est certain c’est que la servitude à ces applications, toutes autant qu’elles sont, est en réalité tout à fait volontaire.
 
Agathe Gindele
Sources :
Le site Clubic.com

racism
Société

L’e-mail, média actif du racisme

 
« La nouveauté, ce n’est pas la banalisation des propos racistes, c’est la circulation par  Internet qui leur ouvre un espace », notait le sociologue Michel Wieviorka dans Libération le 5 novembre dernier. Si l’on constate aisément l’ampleur du phénomène sur les réseaux sociaux et les blogs, dans des commentaires d’utilisateurs souvent anonymes, une autre face de cette circulation sur Internet est bien moins médiatique : celle de chaînes d’e-mails aux tendances racistes ambigües.
L’espace qu’investissent ces chaînes est particulier : de par la régularité du phénomène et la multiplication de ses contenus, il pourrait s’inspirer du principe des Newsletters, notamment dans l’attente qu’il crée chez les personnes qui les reçoivent. Cependant son format est invariablement celui de la chaîne que l’on transmet à tout son réseau, ou du moins ceux qui ne s’élèvent pas contre cette transmission.
Au-delà des nombreux glurges et hoax souvent relayés par cette stratégie de push, il s’agit de conforter le destinataire-diffuseur dans son sentiment d’avoir raison et de ne pas être seul (au vu du nombre de destinataires du message). Cela se fait notamment à l’aide de citations, véritables arguments d’autorité, surtout lorsqu’il s’agit de personnalités frappant l’imaginaire collectif tel que De Gaulle.
Les personnes qui cautionnent ces messages en les retransmettant ne se considèrent pas comme racistes, ainsi leurs rédacteurs jouent sur cette légitimation d’une pensée flirtant pourtant bien avec un racisme décomplexé.
Si le contenu de ces chaînes est effectivement peu crédible pour qui est accoutumé au fact-checking et aux hoax, sa méthode reste pourtant prospère aujourd’hui.
Lorraine de Montenay
Source :
Hoaxbuster.com

Publicité et marketing

Google + Facebook : la publicité, terrain d’entente entre frères-ennemis

 
Véritables Caïn et Abel 2.0, Google et Facebook affichent une rivalité marquée, source de multiples dissensions publiques dont l’affaire Burson-Marsteller / Google fut la manifestation la plus éclatante . Marquante également fut la décision prise par Facebook au lancement en juin 2012, de Facebook Exchange (FBX), sa plate-forme d’achat publicitaire en temps réel reposant sur le reciblage; d’interdire aux clients de DoubleClick, la régie publicitaire en ligne de Google, d’acheter les espace proposés par Facebook via cet outil, en les contraignant de facto à utiliser d’autres plates-formes que DoubleClick pour réaliser de pareilles opérations.
Cette mesure est toutefois appelée à disparaître, et il sera bientôt possible aux utilisateurs de DoubleClick d’acheter des espaces publicitaires sur Facebook via FBX. Ce revirement n’est toutefois pas le fruit d’une décision de justice comme l’a priori pourrait autoriser à le penser, mais bien d’un accord entre les deux frères-ennemis.
Retour sur les logiques sous-tendant ce rapprochement.
Le déclin de l’hégémonie de Google dans la pub digitale
Les qualificatifs trompeurs de « moteur de recherche », et de « réseau social », respectivement attribués à Google et à Facebook, ont conduit à l’évanouissement dans la perception collective, de l’importance de leurs activités publicitaires. C’est pourtant sur ce marché – seule véritable source de revenus des deux acteurs – que se cristallise la tension concurrentielle au cœur de cette rivalité.
Estimés à près de 39 milliards de dollars pour 2013, les revenus publicitaires en ligne de Google représenteraient plus d’un tiers du marché. Toutefois l’avance prise sur Facebook et ses 6,4 milliards de dollars, n’est que relative tant ce dernier chiffre tend à croître de manière exponentielle, bondissant de 66 % entre 2012 et 2013.

 
Google doit donc se préparer à continuer de partager le marché avec Facebook, qui devrait de surcroît poursuivre sa croissance notamment grâce à FBX, qui lui a permis d’étendre avec succès le champ de ses activités publicitaires.
En effet les publicités de Facebook étaient traditionnellement axées vers la seule création de demande : des publicités présentant un produit donné à un prospect qui, eu égard à certaines de ses informations personnelles (âge, sexe, profession), serait susceptible d’être intéressé par ledit produit. Ainsi, le recours au reciblage via FBX a permis à la firme de se lancer dans un secteur qui était historiquement l’exclusivité de Google, la publicité de réalisation de demande : la publicité présentant à un prospect un produit pour lequel il a déjà manifesté un intérêt plus ou moins direct, détecté via ses cookies.
Or c’est ce second type de publicité qui tend à remporter les faveurs de nombre d’annonceurs, d’abord en raison de la meilleure qualité du ciblage inhérente au cookie-tracking ; mais également en raison de leur nature même, qui permet de mieux mesurer le retour sur investissement, dans la mesure où ces publicités sont souvent le dernier clic avant l’achat.

Partialité au conditionnel
Face à ces données, la tentation est grande d’avancer une lecture mettant en scène un Google en danger pactisant avec l’ennemi bien qu’il apparaît toutefois difficile de mettre en lumière un déséquilibre manifeste entre les parties à cet accord, qui semble profiter également aux deux firmes.
D’abord parce que tous deux devraient en retirer une hausse significative de leurs revenus publicitaires. En accédant à la possibilité de servir d’intermédiaire dans la vente d’espaces publicitaires proposés par Facebook, Google devrait augmenter le volume global des commissions perçues via DoubleClick, tandis que Facebook doperait la demande pour ses espaces, désormais accessibles via DoubleClick, qui est de loin la plate-forme la plus usitée. Facebook touchera certes davantage sur chaque opération, mais Google a désormais accès à une source de revenus nouvelle et non négligeable.
Plus fondamentalement cet accord permet d’assurer la pérennité de DoubleClick, qui aurait perdu de sa pertinence s’il avait continué à fonctionner sans la possibilité pour ses clients d’acheter de l’espace sur Facebook, tandis qu’il permet à ce dernier de limiter le risque de perdre des budgets publicitaires.
Mais cette profitabilité commune farde l’ascendance de Facebook dans cet accord, décelable à trois niveaux :
– D’abord, parce que les gains de Facebook sur chaque opération réalisée via DoubleClick sont largement supérieurs à ceux de Google qui ne perçoit qu’une simple commission.
–  Ensuite, l’augmentation de la demande consécutive à cette opération devrait entraîner une hausse importante du prix desdits espaces, qui restent disponibles à l’achat via d’autres plates-formes que DoubleClick.
–  Il semble enfin que l’éventualité de ce revirement avait été envisagée par Facebook, et ce, à l’instant même où fut prise la décision d’exclure Google de la plate-forme FBX (i.e. à son lancement). Il est certes indéniable que ce faisant, Facebook confesse son échec dans la bataille qui l’a opposé à Google, qu’elle avait initialement tenté de concurrencer en se positionnant sur le même segment qu’eux avec FBX ; mais décaler l’arrivée de Google sur cette plate-forme a eu le mérite de permettre à Facebook de laisser à une foule de petits acteurs opérants via FBX (Critéo, AppNexus, AdRoll…), le temps de parfaire leur développement et de se consolider, brisant ipso facto l’omnipotence totale qu’aurait connu Google en entrant en lice l’an passé. Seul au milieu de petites structures encore fragiles, il les aurait rapidement absorbées ou écartées du marché, asseyant très rapidement un monopole total.
Toutefois, la fragilité de cette ascendance – qui n’est d’ailleurs point encore caractérisée – force à la prudence, d’abord parce qu’elle repose sur le présupposé très hypothétique du maintien sur le long terme de ces petites structures toujours fragiles. Sans cela, la partialité présentée supra prendra le dessus.
Nuance à nouveau, en cela que ce rapprochement induit une perte de statut de Facebook qui, après avoir tenté de se positionner sur le même segment que Google avec FBX, revient en arrière pour revêtir à nouveau son habit de simple éditeur.
Quoiqu’il en soit, cet accord devrait prendre concrètement effet d’ici quelques mois. Peut-être sera-t-il ensuite étendu à d’autres secteurs. Aucune certitude en ce domaine, bien que la vidéo en ligne semble être un terrain particulièrement fertile.
 
Teymour Bourial
Sources :
Stratégies.fr
Slideshare.net
Statista
Facebook.com
 

Une Minutes
Société

La Une de Minute ou la stratégie des Unes à scandale

 
Mardi 12 novembre, le controversé hebdomadaire d’extrême droite Minute choisissait de mettre en titre de sa Une « Taubira retrouve la banane », un sujet faisant directement écho aux attaques à caractère raciste dont avait récemment été victime la ministre de la justice. Il ne fallut que très peu de temps pour que cette couverture ne fasse scandale, au point que le sujet soit devenu dans la journée même un « trending topic », la France entière s’insurgeant contre ce titre scandaleux relayé par tous les médias.
Au regard du petit nombre d’abonnés du magazine et de sa faible distribution en kiosques, c’est un coup de buzz réussi pour ses rédacteurs, dont l’un confiait de façon anonyme « L’objectif, c’était de faire parler de nous. On voulait se payer un coup de pub pour zéro euro, le contrat est rempli au-delà de nos espérances ».
Outre le fait qu’il faudra, au regard de l’embrasement autour de cette Une, donner malheureusement raison à cette déclaration, c’est un problème sous-jacent que révèle cette affaire : la stratégie de plus en plus remarquée des Unes à scandale.
Or, si Minute indigne par son racisme clairement affiché, il est important de souligner que cette stratégie de la provocation est de plus en plus utilisée par nos médias actuels, à coup de phrases chocs et d’illustrations explicites. L’Express ou encore Le Point se sont déjà prêtés à ce jeu dangereux. Mais si cette tendance apparaît comme une réponse à la mauvaise santé de notre presse moderne, on peut se demander si le sensationnel à tout prix est vraiment la solution.

 
Justine Spitzer