randomness
Société

Vivez heureux, vivez hasardeux

 
Tout est prévu : le clic, la recherche, tout se trouve, ce que vous voulez vous l’avez, et si vous n’en avez pas les moyens, l’on peut toujours vous le prêter. Toutes les avancées technologiques se sont fixées l’objectif d’accroître le contrôle qu’ont les hommes sur leur vie – voiture, téléphone portable et Internet en sont quelques exemples. Marshall McLuhan nous l’a montré, les nouveaux médias ne sont que des extensions du corps humain. Alors, dans une époque où les moyens d’action de l’homme se sont sans cesse accrus, comment surprendre un homme qui contrôle tous ses choix de A à Z ?
Le « random », une forte chance de succès
Le « random » en anglais, à la base des jeux de hasard, ennemi de la science et des religions, il reste un objet fascinant pour l’homme ;  mais pourquoi le hasard ?
Le hasard vient fournir ce qu’aucune des inventions technologiques n’a pu produire, ce frisson de l’inconnu. Plusieurs moyens de communication ont intégré l’aléatoire dans leur fonctionnement. On peut citer entre autres des sites comme Bazookam, Chatroulette, ou encore Stumble Upon. Ces sites connaissent un véritable succès car ils proposent une aventure numérique. Stumble Upon vous fait voyager d’une page internet à une autre selon vos goûts de manière aléatoire.  Ce site a été racheté par eBay pour 75 millions d’euros, il compte en 2013 30 millions d’inscrits. Enfin, la fonction aléatoire d’Apple pour la musique est la fonction la plus utilisée. Elle permet de vous surprendre même si vous connaissez tous les morceaux de votre iPod. L’aléatoire a réussi à fournir ce que nombre d’inventions ne peuvent fournir : de la surprise.

Reddit, propose sur sa page d’accueil des sujets aléatoires, où des débats entre personnes quasi anonymes ont lieu. La force de ce site réside dans la possibilité de sortir de son paradigme quotidien. L’anonymat et l’aléatoire permettant une liberté d’expression, une liberté de surprise quasi infinie. Car le « random », par son caractère fugace, permet une plus grande spontanéité, une plus grande liberté d’expression. Il ne s’agit plus de défendre son opinion diplomatiquement avec un ami, un membre de votre famille, mais plutôt de dire tout ce que vous pensez, sans concession, à un parfait étranger.
L’aléatoire ne doit plus être considéré uniquement comme le « bruit » par les sciences de l’information et de la communication. Il porte un véritable sens, vouloir l’aléatoire c’est vouloir quelque chose. Le hasard a un sens. Réduire l’aléatoire à l’inefficacité, à l’inutile ou au contingent est une erreur. Le « random », c’est l’errance, l’inconnu, l’aventure certes, mais qui mène à la découverte du trésor caché. Intégrer l’aléatoire à la communication, c’est intégrer le bonheur du jeu et de la surprise. De plus, le hasard a toujours été source de fascination pour l’homme – les religions et les sciences n’ont eu de cesse de vouloir l’expliquer. Le consommateur essaiera de faire de même. Ainsi, la musique aléatoire de son iPod viendra expliquer l’humeur de celui qui écoute le morceau. Faire vivre l’aléatoire à un public de consommateurs c’est faire vivre une expérience produit introspective. Celle de l’inédit continuel, et de la découverte de l’autre et de soi. Apple a parfaitement réussi cela avec l’iPod.
Pour une réhabilitation du « random » contre l’hyper ciblage du consommateur
Le « random » a déjà acquis sa place dans l’art. L’art génératif est par exemple un art numérique qui se base sur des algorithmes pour concevoir des œuvres d’art qui se génèrent elles-mêmes. André Breton avait initié le mouvement du dessin automatique, qui avait pour but de révéler le subconscient. Il s’agissait de laisser sa main guider le dessin. Il publia en 1933 Le message automatique, livre qui venait expliquer son approche artistique. Aujourd’hui la démarche est la même, hormis qu’elle passe par l’intermédiaire de l’ordinateur. L’objectif est le même : expliquer l’homme et son subconscient à travers le hasard. On peut observer ci-dessus (cf. Bannière) 3 créations aléatoires dans le « Brute Force Method » d’Andreas Nicolas Fischer.
A quoi bon toujours plus cibler, à quoi bon conforter les utilisateurs dans une routine intellectuelle ? Les vidéos YouTube proposées à droite de la fenêtre de navigation ne sont que des suggestions affinées par des centaines de recherche. Le charme, la surprise, voilà ce que peut proposer le « random » face à la routine de l’hyper choix sur internet.
De l’aléatoire naît la surprise et de la surprise la curiosité, meilleur levier de la connaissance. Après tout, le bonheur d’une bibliothèque réside surtout dans l’errance et la découverte de l’inconnu, et c’est ainsi que l’on progresse, lorsque l’on sort de son paradigme quotidien. Wikipédia a compris le potentiel du « random » en intégrant une fonction « aléatoire » qui nous transporte d’une page Wikipédia à une autre. L’aléatoire a un rôle à jouer dans les processus d’apprentissage.
Enfin, comment envisager la vente sur internet sans utiliser l’aléatoire, pourquoi essayer de vendre ce que le consommateur connaît déjà ? Ce qu’il tape dans la barre de recherche sur Amazon ou eBay, les articles similaires qui lui sont proposés, tout lui est connu d’avance. Il sait déjà s’il en a besoin, s’il veut l’acheter. Alors que proposer, des articles dont il ignore l’existence, est le meilleur moyen de créer le désir et donc la vente.
Dans une ère de l’hyper choix, il est bon de délester l’individu d’une routine quotidienne dont il est lui même l’acteur. Libre à nous de refaire d’Internet une mer sur la laquelle surfer et non une autoroute balisée.
 
Arnaud Faure
Sources :
The Guardian
The Time Science & Space
Distilled
Crédits photos :
3 tableaux d’Andreas Nicolas Fischer Brute Force Method
Distilled

Société

Rooftopping, serez-vous à la hauteur ?

 
Se promener dans les villes d’Amérique du Nord le nez en l’air, c’est dépassé ! Désormais, on les admire les pieds dans le vide, au bord du gouffre, cheveux au vent. Tel est le leitmotiv du rooftopping. A l’origine, il s’agit d’un mouvement artistique urbain dont Tom Ryaboi est le précurseur. Ce photographe canadien s’est fait connaître grâce à ses photographies vertigineuses prises depuis le sommet de gratte-ciels.

Grâce à internet, il n’a pas fallu longtemps à ce phénomène pour s’exporter de l’autre côté de l’Atlantique. De cette façon, le rooftopping devient une dynamique urbaine portée  principalement par les jeunes. Cette diffusion le fait passer du statut de pratique d’avant-garde à celui de tendance. Si la jeunesse canadienne et américaine possède le terrain de jeu idéal pour « rooftopper », ce sont les jeunes russes qui passent maître de cet art. Deux d’entre eux Vitaly Raskalov et Alexander Remnev ont été remarqués pour leur goût du risque sans pareil. Et pour cause, toute mesure de sécurité leur semble superflue. Sans câble, ni gants, se tenant d’une seule main, ils narguent l’objectif le corps suspendu dans le vide. Leur escalade ne se limite pas aux gratte-ciels, ils grimpent au sommet de grues ou de ponts. Ils prennent une photographie et la partagent sur les réseaux sociaux. Rappelant les Yamakasis, ce gang de jeunes hommes agiles qui escaladent les buildings dans le film d’ Ariel Zeitoun sorti en 2001, ces Russes sont sans cesse à la recherche de montées d’adrénaline plus extrêmes.

Quelles sont les motivations du rooftopping ? L’engouement développé par la jeunesse pour ce mouvement montre qu’il répond à leurs aspirations ; à la fois leur désir de dépasser leurs limites et leur besoin de reconnaissance. La preuve immatérielle de l’exploit accompli, la photographie joue un rôle primordial car elle engendre une rétribution symbolique sous forme de nombre de vues, de « likes » ou de « tweets ». Une mise en scène de soi est évidemment en jeu. Il s’agit de montrer son audace, sa témérité voire son inconscience face au danger.
Mais, plus généralement, le rooftopping s’inscrit dans une logique d’individualisation et de personnalisation. Il permet à l’individu de se réapproprier l’espace urbain. Il traduit le désir de s’extraire de la masse qui grouille au sol, de retrouver une individualité, presque une âme en se rapprochant de son lieu de prédilection, le ciel. D’être reconnu en tant qu’individu singulier.
Le rooftopping a pris une ampleur. Il s’est diffusé au sein de la société, entraînant sa mutation. Il devient une simple expérience : celle d’investir les toits, d’avoir une vue imprenable sur la ville, de la dominer. Ainsi, il n’est plus réservé à un cercle restreint d’aventuriers, mais peut être pratiqué par chacun. En allant, par exemple, au Perchoir. Situé à vingt-trois mètres d’altitude, ce restaurant gastronomique ouvert cet été est le premier rooftop parisien.

Progressivement, cette tendance passe dans le « mass market » puisque les marques l’intègrent à leur stratégie de marketing  Nissan, par exemple, crée l’événement, du 16 au 21 janvier 2014, en invitant le grand public à découvrir le nouveau Nissan Qashqai autour d’une exposition au bord du vide. Pour l’occasion, Nissan investit la terrasse du Publicis Drugstore des Champs-Elysées, avec vue plongeante sur l’Arc de Triomphe. Les nouvelles technologies permettent de vivre pleinement cette expérience hors du commun en diffusant des images ultra haute définition de rooftopping sur un écran de près de 13 m² au sol.
Parallèlement, Lacoste lance sa nouvelle campagne publicitaire : « Life is a beautiful sport ». Le visuel est celui d’une ville américaine vue de haut avec un homme marchant sur le toit d’un immeuble. Cet homme assuré et audacieux au bord du précipice incarne les valeurs de la marque. En effet, celle-ci déclare dans son communiqué de presse que « ces visuels urbains et minimalistes sont la simple métaphore de ‘l’esprit Lacoste’ qui reste sport et décontracté face aux défis ».

Le rooftopping est donc vendeur. Il suscite l’enthousiasme des foules. Plus qu’un point de vue ou qu’un état d’esprit, il se définit finalement comme une expérience. Et vous, irez-vous rooftopper ?
 
Miléna Sintic
Crédits photos
Tom Ryaboi
Vitaly Raskalov
Aude Boissaye/studio Cui Cui
Jacob Sutton/BECT

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Cristina
Société

Il était une fois une princesse, qui fit tomber la couronne

 
Ce sont des temps difficiles qu’est en train de vivre la couronne espagnole : l’Infante Cristina, fille cadette du roi Juan Carlos, duchesse de Palma de Majorque, septième dans l’ordre de succession au trône d’Espagne, est invitée à comparaître le 8 mars prochain devant la justice de son pays, soupçonnée, entre autres, d’avoir blanchi de l’argent. Qu’une princesse soit ainsi suspectée de malversations financière, c’est bien une première dans l’Histoire de la Péninsule, qui pourrait bien coûter son titre à son père, dont la couronne est déjà vacillante et souffrant d’un gros déficit de popularité.
L’ancienne star du handball espagnol, Iñaki Urdangarin, co-fondateur d’une société patrimoniale spécialisée dans l’organisation de congrès sur le sponsoring sportif, et accessoirement époux de l’Infante, est en prise avec la justice espagnole depuis près de trois ans. Il est accusé d’avoir réussi à réunir près de six millions d’euros grâce à l’institut Noos, détenu en moitié par sa royale épouse. En novembre dernier, le juge Majorque en charge de l’affaire avait saisi le « petit palais » des époux princiers, une sobre maison de 2 000m2 située dans le très chic quartier de Pedralbas à Barcelone. Après neuf mois d’une enquête minutieuse, l’Infante va devoir justifier  sa position et son implication dans les affaires illégales de son mari. Le juge la soupçonne d’avoir blanchi et géré l’argent obtenu illégalement par ce cher Iñaki et il est certain d’avoir entre les mains les preuves nécessaires pour mettre la duchesse dans ses geôles.
Les médias espagnols sont eux aussi convaincus de l’implication de l’héritière, désignant l’amour comme motif de cette trahison. Quant aux Espagnols, ils attendent avec impatience que le couple royal s’explique, et notamment sur le train de vie des époux, rendu public par l’enquête, que l’on pourrait qualifier de scandaleux en ces temps de crise économique. Amoureuse ou non, l’implication de la princesse héritière dans de louches transactions financières et la façon dont elle semble en profiter si allègrement porte quoiqu’il en soit préjudice à l’image de la famille royale et devrait mobiliser une armée de communicants. Mais celle-ci est déjà bien entachée par ailleurs et la communication du palais semble ne se limiter qu’à de rares coups de com sans logique d’ensemble.

En effet, cette nouvelle, parue le 7 janvier dernier dans la presse, tombe comme un couperet sur la tête du roi, et prolonge « l’annus horribilis » de Juan Carlos, déjà en disgrâce auprès de son peuple et roi maudit depuis de longs mois : le sceptre avait failli lui glisser des mains lorsqu’il s’était rendu en avril dernier au Botswana pour aller chasser l’éléphant, safari au cours duquel il s’était fracturé la hanche. Si des excuses publiques, encore une première dans l’histoire de la royauté, avaient un peu réussi à redorer son image, la balle que son petit-fils de 13 ans s’était tirée dans le pied avait douloureusement rebondit médiatiquement dans le sien et trainé derrière lui comme un boulet. Par ailleurs, l’auto-proclamation d’enfants naturels et ses frasques amoureuses possibles qui avaient fait couler beaucoup d’encre à la parution d’une biographie de son épouse, la reine Sofia, ont concouru à entacher, peut-être définitivement, sa crédibilité auprès de ses sujets.
Aussi, le roi qui ne peut plus marcher sans béquille, s’était appuyé sur une communication politique en apparence solide mais qui n’est pas parvenu à endiguer sa chute dans les sondages, peut-être à cause de son caractère trop épisodique: seuls 50,1% des Espagnols ont une bonne image de leurs suzerain contre 76,4% il y a moins d’un an. Ce n’est pas en multipliant ses déplacements dans le pays et à l’étranger ou par à la création d’un site internet en 2012 ou encore d’une nouvelle émission hebdomadaire rendant compte chaque semaine des activités des Bourbons, que sa Majesté a réussi à établir un nouveau contact avec son peuple, et notamment avec les plus jeunes : 57,8% des moins de trente ans estiment qu’un meilleur système politique pourrait être mis en place. C’est dire si les quelques actions de com du palais ont payé.
Mais avant qu’un nouveau régime soit inauguré, c’est le peuple qu’il conviendrait de fédérer à nouveau et c’est la tête du roi que 45% des Espagnols demandent pour mettre sur le trône son fils Felipe. Une étude parue en début d’année dans le quotidien El Mundo révèle que près de 60% des Espagnols estiment qu’il est temps pour le roi de se retirer.
Ainsi, après 37 ans de règne et de services rendus à la nation, c’est bien l’abdication qui menace le souverain aujourd’hui. Malgré son rôle décisif dans la transition démocratique après Franco, les Espagnols ne soutiennent plus un roi aujourd’hui vieillissant et malade, l’invitant à prendre exemple sur la reine Beatrix des Pays-Bas qui a laissé sa couronne le 30 avril dernier à son fils, ou sur Albert II, roi de Belgique, qui le 21 juillet a pris sa retraite, ou bien sûr, sur le Pape Benoît XVI.
De là, on peut se demander si l’opinion publique n’est pas la nouvelle autorité divine des puissants. On pourrait tirer de ces abdications en série l’enseignement suivant : alors que leurs illustres prédécesseurs jouissaient d’un droit divin séculaire, les monarques de notre ère doivent désormais répondre de leurs actes devant la sphère publique et tirent aujourd’hui leur légitimité de leur cote de de popularité et de l’amour de la foule. La communication politique, nouvelle épée dont doivent s’armer les rois modernes ? Quoi qu’il en soit, celle de Juan Carlos semble coincée dans son fourreau, au moment même où il devrait déjà être en croisade !
 
Inès Garmon
Sources
LeMonde
HuffingtonPost
CourrierInternational
Crédits photos
Esmatouristic
GHI

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Google nest
Société

L’objet Google

 
Depuis le début des années 2000, Google n’a cessé d’acheter des entreprises dans le but d’améliorer ou de développer ses services. Ces nombreuses acquisitions ont permis au géant américain d’être présent dans de nombreux domaines en rapport avec internet et son application web au sens large. Google est à présent un acteur majeur du monde numérique. Néanmoins, depuis quelques temps, l’esprit de Google est au réel. Le moteur de recherche veut désormais élargir son niveau de compétence en dehors du logiciel et produire de l’objet. En cela, l’achat de Nest Labs mi-janvier, troisième plus gros investissement jamais fait par Google, n’est pas anodin.
Pour le comprendre, il faut se pencher sur ce qu’est Nest Labs et saisir en quoi cette entreprise symbolise les volontés nouvelles de son acquéreur.
Nest Labs est une jeune entreprise fondée en 2010 spécialisée dans la domotique ou “maison intelligente”. Créée par deux anciens employés d’Apple, Tony Fadell et Matt Rogers, la société californienne fabrique des thermostats et détecteurs de fumée connectés qui apprennent des habitudes de leurs utilisateurs. Mais pourquoi payer 3,2 milliards de dollars pour, si l’on empreinte la formule à un lecteur du Monde, “un thermostat et une puce wifi”?
Trois raisons à cela :
1- Nest Labs est une société en expansion, dont les produits sont achetés en grande quantité dans le marché nord-américain (plus d’un million de thermostats déjà vendus selon Tony Fadell). La force de Google rendrait possible une croissance nationale et internationale facilitée ce qui permettrait à son investissement d’être tout à fait rentable à moyen terme.
2- L’équipe de Nest Labs est composée de nombreux ex-employés d’Apple. Google a acheté des compétences. Sa volonté à devenir global passe obligatoirement par la capacité à créer des objets sans avoir besoin de lier des partenariats. C’est encore le défaut de Google actuellement : la firme a du mal à produire des objets attrayants, aussi intéressante qu’en soit la technologie. Les Google Glass en sont un exemple parlant. Google a besoin de penser design, et ses dirigeants en sont conscients.
3- C’est le point le plus important : on comprend très bien l’intérêt de Google à entrer sur le marché de la domotique et à plus grande échelle dans celui des objets connectés (même si c’est déjà en partie le cas avec les Google Glass). L’objectif principal étant évidemment de ne pas rater la prochaine vague technologique, voire de devancer ses concurrents directs. On pensera par exemple à Apple qui, avec l’IPhone et IOS, avait forcé Google à jouer les rattrapages et à proposer Androïd gratuitement. Ici, Google veut se placer en premier sur le marché. Le but étant, on le devine, de fournir un système complet, de relier tous ses anciens services et terminaux aux nouveaux afin de maximiser l’écosystème Google auprès de l’utilisateur.
Car c’est là tout l’enjeu de ce nouveau marché pour les entreprises de services web. Si l’utopie des objets connectés parlant directement entre eux a peu à peu été abandonnée, la capacité des objets parlants entre eux par l’intermédiaire d’un opérateur web devient bien réelle. Et c’est là que Google pourrait tirer remarquablement son épingle du jeu. Dans l’hypothèse non pas d’un internet des objets mais d’un web des objets, Google a ainsi la possibilité de créer un système complet (voir fermé), regroupant par exemple équipements de domotique, wearable technology (objets connectés portables sur soi comme une montre ou une paire de lunettes), smartphones, tablettes et ordinateurs, tous utilisables à partir d’un compte Google et tous connectés entre eux. Cette possibilité explique le peu d’énergie déployée par Google et par les autres entreprises impliquées dans les objets connectés à essayer d’en réduire le nombre.
On comprend dès lors mieux le nouveau leitmotiv de l’entreprise californienne, “Computing everywhere”, mettre des ordinateurs partout.
Recueillir, proposer et classer les informations, fondements de l’activité du moteur de recherche, ne pourraient plus se penser dans l’avenir sans ce “web augmenté”. “Web augmenté” qui par ailleurs ouvrirait tout un nouveau champ de possibilités en termes d’interactions, d’usages, de marketing et de publicité. Google ne perdrait donc quand même pas de vue sa principale source de revenus, la publicité.

Thomas Luck
Sources :
Nouvelobs.com
Lemonde.fr
Wired.com
Crédit photo :
Gizmodo

Société

Non commandé ? Aussitôt livré !

 
L’entreprise a déposé un brevet en décembre pour un nouveau système d’organisation. Ce dernier tire pleinement parti de la collecte monstrueuse d’informations sur Internet et d’algorithmes pour pouvoir anticiper les envies de ses clients. En fonction des pages que vous visitez, des recherches que vous faites ou du panier que vous constituez, Amazon s’occupe déjà des colis alors que vous n’êtes pas « passé à la caisse ». Cela remet au centre des préoccupations des consommateurs la collecte de données sur internet, sujet qui génère beaucoup d’interrogations et d’inquiétude.
Le but ? Gagner du temps et vous dissuader toujours davantage d’aller en magasin. Les produits seront préemballés et acheminés vers une plateforme afin de parvenir au client le plus rapidement possible. Les colis expédiés alors que vous n’avez pas payé vous seront, visiblement, offerts. Jolie façon de fidéliser la clientèle, mais aussi un moyen de perdre de l’argent.
Info ou intox ? Amazon n’a pas souhaité commenter pour le moment. Après son annonce selon laquelle les commandes seront livrées par drones dans quelques années, l’entreprise fait encore parler d’elle. En effet, le PDG d’Amazon Jeff Bezos annonçait début décembre un nouveau système de livraison sous la forme de drones possible dans quelques années pour livrer en 30 minutes dans les zones urbaines grâce à des drones électriques et écologiques. De nombreux journaux et économistes se sont penchés sur la question, trouvant le projet irréalisable, les Etats-Unis comme la France interdisant l’utilisation de drones à des fins commerciales.
Les journalistes et consommateurs s’enflamment déjà à propos de ce nouveau projet, on parle d’achat forcé et de flicage sur internet. Difficile à dire, il faudra attendre l’explication d’Amazon.
Quoi qu’il en soit, cette stratégie semble présenter beaucoup de risques en terme de coûts et en terme d’image (déjà relativement mise à mal par divers reportages sur les conditions de travail au sein de l’entreprise). Pour beaucoup Amazon s’apparente déjà à une sorte de « big brother » car l’entreprise américaine utilise énormément la publicité ciblée très précisément sur les goûts et intérêts des consommateurs en fonction de leurs recherches sur le site. Ce projet ne risquerait-il pas de donner du crédit à cette représentation de l’entreprise ?
 
Paola Paci
Sources
LeMonde
LeMonde
20minutes

pièces jaunes 2014
Société

De l'esprit de famille au don : l'opération pièces jaunes

 
Du 8 janvier au 15 février 2014 se déroule l’opération Pièces Jaunes. L’emblématique collecte à l’initiative de Bernadette Chirac se tient chaque année et permet de récupérer des fonds afin d’améliorer la qualité de vie des enfants hospitalisés. Quelles sont donc les valeurs que souhaite véhiculer une telle opération ?

 
 
 
Un cadre jaune, faisant immédiatement penser aux couleurs de l’opération, met en valeur la photographie. Cette dernière montre un enfant seul, perdu, au milieu de l’environnement hostile qu’est ici l’hôpital : on joue ici sur la corde sensible des parents. La phrase en blanc introduit un doute auprès de ces derniers. Par l’usage du conditionnel « pourrait », elle crée une interrogation. A cela fait immédiatement échos l’impératif qui jalonne l’ensemble de l’affiche : « ne le laissez pas seul… aidez-nous… faites un don ». Au doute répond la solution : le don. Le message est clair et efficace.
Un bémol cependant : il s’agit ici de créer des chambres « mère-enfant ». A priori, rien de négatif. Mais à l’heure où l’égalité homme-femme est un sujet brûlant, n’est-il pas dommage d’oublier dans cette affaire, le père ? Le lien maternel est ici très simplement mis en valeur par le tiret entre « mère » et « enfant », mais un père ne pourrait-il pas avoir le même statut ?
Au risque d’apparaître tatillonne, rappelons que c’est par de telles expressions, bien trop ordinaires, que se perpétuent ce type de vision de la famille.
Néanmoins, et pour conclure sur une note positive, n’oublions pas que l’important est d’inviter chacun à apporter sa pièce à l’édifice, et en cela, la campagne semble plutôt convaincante.
 
Mathilde Vassor
Crédits photos :
Une – TF1.fr
RTL.fr

16 ans et enceinte
Société

De la téléréalité à la natalité

 
Voilà une nouvelle qui devrait enchanter  les parents américains ! Si l’on en croit les résultats d’une enquête menée par deux économistes du NBER (National Bureau of Economic Research) de Chicago, la téléréalité n’aurait pas que des désavantages et serait même un excellent vecteur de sensibilisation.
Relayée par le très sérieux New York Times dans un article paru le 13 janvier dernier, cette étude établit une corrélation entre  la réduction rapide et significative du nombre de grossesses précoces dans certaines régions des Etats-Unis et les records d’audimat réalisés par MTV dans ces mêmes  régions. Depuis le lancement de sa série phare « 16 and pregnant »  (16 ans et enceinte) en 2009, la chaîne la plus plébiscitée par les ados aurait permis d’éviter plus de 20 000 naissances non désirées par la seule influence de son programme.
Le pitch de cette émission qui attire plus de 3 millions de téléspectateurs par épisode?  Une immersion si réaliste dans le quotidien de jeunes américaines tombées enceintes par accident qu’elle en deviendrait presque intrusive. Parents au bord de la crise de nerfs, petits-copains absents, manque de sommeil et problèmes financiers, rien n’est épargné à ces anciennes cheerleaders aujourd’hui dépitées par leurs vergetures.  On s’émeut et surtout, l’on apprend des erreurs de la jolie Mackenzie. Elle qui refusait de prendre la pilule par peur de grossir est aujourd’hui surnommée «  la baleine » par ses camarades de lycée. On s’insurge et plus encore, l’on compatit au tragique destin de ce pauvre Josh contraint d’arrêter le rodéo pour trouver un travail alimentaire alors même qu’il peine à retenir la date prévue pour l’accouchement de sa copine.
Si le contenu d’un tel programme peut prêter à sourire, il n’en est pas moins digne d’intérêt. Quoi qu’en disent les mauvaises langues, l’enregistrement des taux records de tweets  et de recherches Google ayant trait à la contraception coïncide avec les horaires de diffusion du programme.
Interrogée sur la question, Sarah S. Brown, directrice générale du programme américain de prévention de la grossesse chez les adolescentes, s’enflamme et déclare «  Les gens n’ont simplement pas conscience de l’impact qu’ont les médias d’influence sur les jeunes ! ».
Aux vues des vagues de fanatisme que suscitent certaines émissions, on est nécessairement tenté de lui donner raison…
Le plus étonnant dans cette histoire ? Le show,  longtemps critiqué par les progressistes qui l’accusaient de prêcher la bonne parole républicaine à travers un discours censé diaboliser l’avortement et encenser la merveilleuse expérience de la maternité, fait désormais la joie… de ses principaux détracteurs !
S’il est vrai que les adolescentes ayant participé à l’émission sont devenues de véritables stars outre Atlantique, ce qui pourrait inciter les téléspectatrices à suivre leur exemple, elles ne font pas figures  de modèles pour autant. Farrah Abraham, qui a connu la gloire le temps d’une sextape, suit désormais une « Thérapie de couple » dans une émission éponyme diffusée sur VH1. Janelle Evans fait davantage la Une des tabloïds que celle des grands magazines et la presse à scandale qui se délecte de ses problèmes d’addiction ne manque pas de médiatiser la moindre de ses arrestations. Quant à Kaylin Lowry, qui regrette de n’avoir jamais obtenu son baccalauréat, elle profite de ses apparitions publiques pour rappeler combien élever un enfant est difficile quand on n’en a ni la maturité, ni les moyens.
Loin d’encourager les jeunes américaines à devenir mère et avoir beaucoup d’enfants, « 16 and pregnant » fait davantage office de « cautionary tale » (avertissement) que de « fairytale » (conte de fées) pour reprendre une expression chère à  nos amis anglo-saxons.
Quel meilleur moyen en effet de sensibiliser la jeunesse aux conséquences de rapports non protégés si ce n’est en leur montrant la réalité à laquelle d’autres ados ont été confrontés avant eux? « Ça pourrait très bien m’arriver » semblent se dire des milliers d’adolescents peu enthousiasmés à l’idée de devoir un jour assumer pareilles responsabilités.  Même âge, même vie ;  scotchés à leurs écrans, les téléspectateurs ne pourraient se sentir plus proches des personnages de leur show télévisé. Le processus d’identification fonctionne et va jusqu’à briser certains tabous, déliant les langues et incitant les jeunes à parler librement de contraception.
Offrir du divertissement aux ados pour les inciter à se protéger ? Encore fallait-il y penser !
Si  les résultats de l’étude menée par les économistes de NBER sont à manipuler avec précaution, ils ont le mérite de poser la question de l’influence des médias sur notre quotidien. Les créateurs de  « 16 and pregnant » n’avaient rien planifié et c’est sans doute la raison du succès de leur programme en matière de prévention. La morale de cette success story à l’américaine ? Le miroir de la réalité se révèle plus efficace qu’un discours moralisateur ou préfabriqué.
Faut-il pour autant  envisager la téléréalité comme un nouveau moyen de communication à visée pédagogique ? A méditer.
 
 Marine Bryszkowski
Sources
NYTimes
NBER
Grazia
Wikipédia

Médiapart
Société

MEDIAPART ET LES AUTRES (PART 2/2)

 
Hier nous avons vu comment le modèle industriel de masse permit à la presse française de conquérir les foules et de connaître ce faisant, son âge d’or de 1870 à 1939. Néanmoins, celui-ci ne fonctionne plus aussi bien aujourd’hui. Les chiffres de diffusion payée se sont effondrés depuis 1947, suite à la diminution du lectorat des titres explicitement destinés aux classes populaires d’une part, et à la baisse de l’attrait des annonceurs pour la presse écrite.

Aux antipodes de ce système, Mediapart refuse d’accueillir une quelconque forme de publicité, ne perçoit aucune subvention étatique, et son capital est aux mains des seuls journalistes qui y participent. Le site ne vit que des recettes générées par les abonnements de ses lecteurs qui représentent 95% de son chiffre d’affaire (le reste vient de la vente de contenus à l’unité), loin devant les 20% de moyenne de ses concurrents.
Il aura fallu trois ans au site pour devenir rentable. En 2013, le site a dégagé plus d’un million d’euros de bénéfices, pour un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros, là où Libération essuie une perte nette de 1,3 millions d’euros. Faut-il pour autant en conclure à l’obsolescence du modèle girardien ? Pas sûr.
Quoiqu’il en soit, Mediapart estime – à raison – tirer de cette situation, une indépendance sans pareille, et c’est sur cette dimension que s’axe l’ensemble de la communication du site, comme on peut le remarquer dans leur dernière campagne.

Viralité antisystème conjoncturellement maximisée
Intitulée « A qui appartient votre journal ? » cette campagne se compose d’un spot radio, et d’un spot TV de 30 secondes qui seront tous deux diffusés à partir du 16 janvier, et pour une durée de trois semaines.
Toutefois si la date de départ de ladite est campagne est officiellement fixée le 16 janvier, quelques prémices avaient été publiées dès le 13 janvier sur Vine via un compte Twitter crée pour l’occasion.
Le support Vine a été manié avec adresse. Jusque-là les marques qui ont eu recours à ce support l’ont essentiellement fait sous l’angle du brand-content. A l’inverse TBWA est parvenu à se servir des six maigres secondes que lui offrait ce support pour faire passer un authentique message publicitaire.
« Mediapart est à part et l’assume ». Déjà en 2008, deux mois après son lancement, le ton était le même. Mais le discours est aujourd’hui mieux maîtrisé, et surtout ce-même discours est aujourd’hui susceptible d’avoir un impact beaucoup plus important, tant en terme de mémorisation et d’augmentation du capital sympathie du média, qu’en terme de viralité.
La conjoncture aidant, la sensibilité du public aux messages militants, un brin antisystème, est accrue. Leclerc, MAIF, Free, ou encore Intermarché l’ont d’ailleurs bien compris. Toutefois la différence en matière d’information, c’est que cette-dernière se prête bien plus volontiers au partage. Ce partage, conçu par l’internaute comme un geste citoyen, conscient et revendicatif, le met à l’aise, lui donne l’impression d’agir contre les maux de sa société. On peut donc s’attendre à une certaine viralité de cette campagne, qui a par ailleurs avoir été conçue dans cette optique, comme le rappelle Mediapart :
« Pour vous qui êtes attachés à ce journal, à ses contenus de qualité, à ses espaces participatifs, à l’indépendance qui réunit ici journalistes et lecteurs, et à notre succès collectif au nom de cette indépendance, cette campagne est aussi la vôtre. N’hésitez pas à vous en emparer (…) nous n’avons pas d’autre moyen de nous faire connaître que le soutien de nos lecteurs, l’abonné faisant l’abonné par sa recommandation auprès de nouveaux lecteurs potentiels. Une page spécifique est donc dédiée sur Internet à cette campagne pour que vous puissiez la partager auprès de vos amis, relations et parents ».
Reste maintenant à savoir si Mediapart parviendra à atteindre l’objectif (affiché) qui était le sien avec cette campagne : passer de 83.000 abonnés à plus de 100.000, pour « mettre Mediapart définitivement à l’abri des aléas et des accidents ».
 
Teymour Bourial
Sources :
I. Chupin, N. Hubé, N. Kaciaf, Histoire politique et économique des médias en France, Repères, 2012
Direction du Développement des Médias
Le Figaro
Le Figaro
Communiqué Médiapart 2008
Mediapart
Mediapart

Médiapart
Société

MEDIAPART ET LES AUTRES (PART 1/2)

 
Parce qu’en son absence, le peuple souverain ne peut pas décider de manière éclairée, la liberté de la presse est une donnée cruciale qui conditionne la validité de tout régime qui se veut démocratique.
Placés sous la tutelle des pouvoirs politiques à travers toute l’Europe dès la naissance du premier périodique au monde à Anvers en 1605, les organes de presse manifestèrent très tôt une forte volonté d’émancipation. Ce mouvement qui naquit au Royaume-Uni, où il fut rapidement couronné de succès, ne tarda pas à gagner la France.
Censure étatique contre autocensure
Garantie par l’article XI de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789, et organisée par la célèbre loi du 29 juillet 1881, cette liberté se définit comme la « libre communication des pensées et des opinions ». Elle offre ainsi à chacun, le droit de faire entendre et publier ses idées, sans risquer d’être inquiété pour cela.
Cette loi offre donc a priori une garantie d’indépendance à l’égard des pouvoirs publics. Or ils ne sont pas les seuls à pouvoir entraver le jeu de la liberté de la presse. Les « puissances d’argent », parce que souvent propriétaires de titres de presse, ou acheteuses d’espaces publicitaires en leur sein, représentent elles aussi a priori une menace potentielle pour cette liberté dont découle deux grands périls : l’autocensure et la concentration. Des réglementations anti-concentration ont pourtant été élaborées, mais toutes ont jusque-là été allégrement contournées.
Le problème de l’autocensure n’est aujourd’hui toujours pas résolu, peut-être est-il même plus grave que jamais tant la situation financière très délicate des titres de presse quotidienne nationale, les dissuade de toute initiative informative pouvant conduire à la perte d’un annonceur.
Le risque de partialité est lui aussi toujours maintenu, de par le fait que les propriétaires des titres soient encore souvent des investisseurs ayant des activités annexes. C’est le cas d’Edouard de Rothschild propriétaire de Libération, tout comme celui de Serge Dassault propriétaire du Figaro.
Mediapart et les autres
Lancé il y a maintenant six ans, le site d’information en ligne Mediapart part en croisade – main dans la main avec TBWA Corporate – pour défendre l’indépendance de l’information, mise à mal par la vénalité de ses concurrents, lesquels seraient – à en croire le site d’information – soumis, dans leur traitement de l’actualité, aux pressions politico-financières inhérentes à leur modèle économique.
Ce modèle, c’est celui né à la moitié du XIXe siècle celui de la presse industrielle de masse ; celui d’Emile de Girardin, de Moïse Millaud, de Jules Mirès, de Robert Hersant et de Jean Prouvost pour ne citer qu’eux.
Fondé par Emile de Girardin en 1836, La Presse fut le premier titre à l’adopter. Le journal y est vendu en dessous de son prix de revient, le déficit étant alors comblé par la vente d’espace publicitaire au sein de la publication. Il découle ensuite naturellement de cette baisse du prix de vente, une augmentation du lectorat, de laquelle naît tout aussi naturellement une augmentation du prix des espaces publicitaires au sein du journal. C’est ce mouvement qui a entraîné la mutation de ces espaces initialement occupés par de petites annonces entre particuliers, qui furent ensuite investis par des commerçants et des industriels, pour devenir « réclame », puis « publicité ».
C’est à cette même époque que l’on date l’entrée du « grand capital » dans le secteur de la presse, et la constitution des premiers grands groupes de presse qui accompagna ce phénomène. La foulée d’innovations techniques qui apparaissent à cette époque y est pour beaucoup. Très vite, certaines deviennent cruciales pour la survie des titres, qui ne disposent toutefois pas du capital nécessaire pour en faire l’acquisition, et doivent donc faire appels à des investisseurs. Riches banquiers et industriels s’offrent alors des titres de presse, dans une optique de rentabilité, tant économique que de réputation. La presse industrielle de masse était née.
 
Teymour Bourial
Références  :
Aeropagitica, discours de John Milton au Parlement pour la liberté « d’imprimer sans autorisation préalable, ni censure », 1644
 Chupin, N. Hubé, N. Kaciaf, Histoire politique et économique des médias en France, Repères, 2012
F. Balle,Les médias, PUF, Que sais-je ?, 2012.

ARTE
Société

1914 : Dernières nouvelles

 
Adepte des webproductions et active sur les réseaux sociaux, Arte propose à ses téléspectateurs des immersions dans des univers à part.
Après La fabrique à candidat, un jeu où l’on crée le chancelier idéal à l’Allemagne  et son partenariat avec le « jeu documentaire » Fort Mcmoney de David Dufresne (un serious game sur l’industrie pétrolière au Canada), Arte lance en cette année centenaire de la Première Guerre Mondiale 1914 : Dernières nouvelles.

Tous les jours, le site Internet de Arte nous propose une photo et plusieurs articles retraçant le quotidien d’il y a 100 ans, une idée qui apporte une nouvelle vision de la guerre et de la vie d’antan. Pour la chaîne franco-allemande, ce dispositif est un teasing sur de futurs documentaires et permet d’associer le Web à ses programmes.
Arte apparaît comme la chaîne de télévision qui intègre le mieux le numérique dans sa stratégie. Ainsi, pour la série Real Humans (l’histoire d’un futur où humains et robots humanoïdes vivent ensemble), la chaîne avait créé une fausse boutique en ligne de robots : quand Internet devient prolongement de la télévision.
 
Pierre Halin
Sources :
Arte.tv
Future.arte.tv
1914derniesnouvelles.arte;tv