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Les fotes d’orthographe dans la publicité

Avis à tous les maniaques de l’orthographe, les pointilleux, les sourcilleux, frénétiques, scrupuleux du respect de la langue de Molière. Une faute dans un e-mail vous agace déjà, une faute d’un professeur de français vous fait régurgiter votre café par le nez, vous êtes au bord de l’asphyxie. Qu’en est-il de ces fautes d’orthographe trônant fièrement sur les publicités ?

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Société

Tinder, Grindr, etc. : la drague 2.0 fête ses cinq ans

 
C’est fini ce temps-là. Le temps où on convoitait l’être cher pendant des semaines, où on suait à pleine gouttes rien qu’à l’idée de s’en approcher et où on bégayait au moment où – enfin ! – on avait réuni le courage nécessaire pour lui proposer un rancard.
Aujourd’hui, la drague ressemble de plus en plus à ça :
« – Je peux recevoir now. T’es chaud ?
– Ouais, à fond.
– Tiens mon adresse et mon tel, à toute ».
Ou comment nous sommes passés d’une communication traditionnelle romantique à une consommation charnelle chronophage.
Retour sur un phénomène qui fête tout juste son anniversaire.
Déjà cinq ans de bons et loyaux services
La première application qui s’est lancée dans la brèche a aujourd’hui cinq ans : Grindr, l’application de drague phare du milieu gay, apparaît en effet sur l’App Store le 25 mars 2009.
Le principe est simple : « l’homme idéal est à portée de clic ». Il suffit d’accepter que le programme ait accès au service de géolocalisation de votre téléphone et vous avez soudainement accès aux profils de tous ceux qui sont connectés autour de vous. C’est alors qu’un nouvel éventail de possibles s’offre à vous : soit vous décidez d’engager la conversation ou de vous laisser aborder ; soit vous échangez quelques photos ou bien vous prenez le courage d’esquisser deux-trois mots ; soit vous vous rencontrez autour d’un verre ou alors vous vous retrouvez pour un moment chaud.
Chacun est libre de faire ce qu’il veut de son corps, après tout.
Un concept repris par des dizaines de concurrents
Fière de son succès, Grindr compte pas moins de six millions d’utilisateurs dans les 192 pays où l’application est disponible. Chaque jour, pas moins de 10 000 nouveaux utilisateurs se joignent au mouvement. L’ampleur est telle que pendant les jeux olympiques de Londres en 2012, l’application tombe en panne suite à l’affluence d’athlètes sur le réseau.
Sans surprises, il n’a pas fallu longtemps pour que le phénomène quitte le gaytto pour entrer dans le quotidien de tout-un-chacun. Entre copies et innovations, place aux tristement célèbres AdopteUnMec, Blendr et autres Tinder.
C’est aujourd’hui un fait, les sites de rencontre sont devenus has been : les utilisateur ne veulent plus passer des heures à éplucher les profils que proposent Meetic ou eDarling. Avec l’explosion du numérique et des réseaux sociaux, ce que l’individu lambda attend, c’est que l’instantanéité qu’il observe au quotidien s’exprime également dans les sphères où il ne la trouve pas encore.
L’amour manquait à l’appel, mais il en fait aujourd’hui partie et ce succès est indéniable. Les athlètes de Sotchi en témoignent d’ailleurs de manière édifiante : « tout le village olympique est sur Tinder ! », raconte Jamie Anderson, qui vient tout juste de remporter la médaille d’or de snowboard slopestyle.
Un changement en devenir des relations
Auparavant, s’il fallait maîtriser les codes de la spontanéité, de la conversation et de la galanterie pour toucher l’autre, c’est désormais à travers d’autres enjeux que la communication amoureuse s’instaure et fonctionne.
Tout d’abord, il faut noter que le premier contact se fait maintenant à travers une simple photographie, nourrissant toujours davantage cette société du « spectacle dans l’image et [de] la spectacularisation de l’image », comme la qualifie Maria Giulia Dondero. En effet, l’essentiel de notre temps consiste désormais à nous entr-observer, à nous exposer, à voir si nous sommes vus et – bien sûr – à espérer l’être.
Puis, c’est l’usage des mots qui sont déterminants. Olivier Aïm insiste sur cette dimension en disant que « le mobile consacre […] le fantasme d’une communication totalement contrôlée ». Catalina Toma, professeure de Communication à l’Université du Wisconsin, affirme que ces échanges virtuels manquent cruellement de ces signes non-verbaux, comme le sourire, qui permettent aux interlocuteurs d’indiquer que le courant passe. Sur ces réseaux, il devient donc indispensable de savoir manier à la fois l’humour mais aussi la créativité et la répartie pour marquer l’écran de l’autre.
Substituer à la recherche de l’amour celle du sexe facile
Bien que l’ensemble de ces applications se présentent comme un intermédiaire entre vous et votre âme-sœur, il n’en demeure pas moins que les bonnes vieilles méthodes ne sont pas – encore – à jeter. Et oui, comme en témoignent ces avis, la seule chose que puisse vous apporter votre smartphone, c’est vraisemblablement du sexe.

Plus qu’une aide à la communication romantique, ces applications sont des tremplins à la consommation physique. Décomplexés, ludiques, rapides, addictifs et terriblement efficaces, ces nouveaux outils de communication ont tout pour vous satisfaire – ou pas.
 Il n’empêche que ce succès est révélateur d’une mutation de la société. Pascal Lardellier, professeur en sciences de l’Information, dit de ces applications qu’« on a envie de [les] regarder tout le temps, d’aller dans les quartiers où il y a du monde », si bien que l’on serait dans une « forme de réhabilitation de l’instinct sexuel, de la pulsion ».
 Il s’agirait ainsi d’être prêt à chaque instant : le tout est de savoir si vous, vous l’êtes.
David Da Costa
Sources :
Lexpress.fr
20min.ch
Lapresse.ca
Persee.fr 
Crédits photos :
Bannière : HBO

Vitrine Adopteeunmec.com et Opération Marketing 2012
Société

Adopteunmec : coupdecom'

 
Lèche- vitrine improbable
Alors que le store éphémère « Adopteunmec.com » ouvrait ses portes le 11 septembre dernier, Libération.fr publiait, le 17 septembre, une interview du sociologue et professeur à l’Université Paris-Descartes, François de Singly sur la logique du marché appliquée au sexe et notamment autour de ce site Internet de rencontres plutôt décalé.
La boutique AdopteUnMec, qui prenait place 15 rue des Halles, rebaptisée pour l’occasion « Rue du Bonheur », était, à en croire la couverture médiatique dont elle a bénéficiée, « the place to be » à Paris. Prolongement du projet du site, la logique de marché et le champs lexical du commerce constituaient la principale stratégie de communication de l’événement.  Baignées dans un imaginaire au carrefour de celui de l’animalerie et du magasin de jouet, les clientes sont parfois venues dans la ferme intention d’adopter leurs prochains compagnons présentés dans leurs emballages d’origine façon poupées Barbie ou seulement par curiosité.
Le « fake pure player » fait une première tentative de matérialisation à coup de happening et se constitue en véritable marque à contre courant du consensuel rapport de forces homme- femme que l’on constate au sein de nos sociétés soit disant émancipées. Si l’on a souvent vite fait de considérer la femme comme objet, c’est ici l’homme qui se réifie à la seule différence que lui « se [fiche] d’être pris pour des biens de consommation » [François de Singly]
Paradoxes
Alors que le ton se veut humoristique et détendu, Thomas Pawlowski, le dir’com’ et marketing du projet qui prône l’autodérision, n’est pas à un paradoxe près. En effet, la parole est en réalité totalement verrouillée : impossible notamment d’interviewer les deux créateurs du site lors de l’événement. Alors que l’équipe affirme que les hommes présentés en vitrine sont venus sur leur propre initiative et sans être rétribués, face aux caméras les prétendants assurent le contraire, de même que les marraines très Canal +, Bérangère Krief et Chantal Lauby.
Gros coup de maître pour le site Adopteunmec.com dont l’opération aurait coûté « moins chère qu’une semaine de publicité sur une chaîne de la TNT » dixit Pawlowski et aura bénéficié d’une couverture trans-médiatique importante : petit écran, réseaux sociaux, presse en ligne, presse magazine…  Chacun en a fait mention début Septembre.
Qu’on adhère ou non, il faut reconnaître qu’il s’agit là d’une stratégie marketing bien rodée !

Harmony Suard
Crédits photo : © Photos Thomas Humer, Source : Next.liberation.fr
Crédits video : © Par Laëtitia Krupa, diffusé le dimanche 16 septembre 2012 dans Médias le magazine