Com & Société

Les Pays-Bas et le vélo : une histoire qui marche comme sur des roulettes

Quand on pense à Amsterdam, ce qui vient immédiatement à l’esprit, après la fameuse plante médicinale et les jeunes femmes peu vêtues, c’est bien évidemment le vélo. Force est de constater que le vélo est bien plus qu’un mode de transport écologique et intéressant, c’est en effet un véritable mode de vie, une manière d’être. L’immense majorité des Néerlandais l’ont adopté et se déplacer à vélo fait désormais partie de la culture du pays et nous ne pourrions pas imaginer les Pays-Bas sans vélo. Pourtant, le gouvernement voit encore la nécessité de continuer à mettre en place des campagnes de sensibilisation afin de démocratiser encore plus ce mode de transport.
Le vélo : un véritable mode de vie
À Amsterdam, plus de la moitié des habitants se déplacent à vélo, preuve que cette pratique est bien inscrite dans les mœurs. Il n’est donc pas étonnant de constater que le gouvernement consacre chaque année un budget conséquent à l’amélioration des infrastructures dédiées aux cyclistes et à l’amélioration des conditions de sécurité. Il a d’ailleurs été montré qu’il y a avait très peu d’accidents mortels impliquant des vélos aux Pays-Bas puisque tout est fait pour garantir la bonne entente sur la route entre vélos et véhicules motorisés. Anecdote quelque peu cynique ; la majorité des accidents à Amsterdam est due à des touristes bien moins au fait de la conduite de vélos. Il est vrai que pour des étrangers qui ne sont pas des habitués des Pays-Bas, la place consacrée aux vélos peut être quelque peu surprenante. Il est en effet parfaitement courant de voir des immenses superficies uniquement occupées par des parkings réservés pour les vélos — parkings bien plus importants que ceux dédiés aux voitures, moins pratiques dans la ville des cyclistes.
Malgré le succès que rencontre le vélo, le gouvernement continue sa communication sur les bienfaits de la bicyclette. Ainsi, il encourage les écoles mais aussi les entreprises à sensibiliser les élèves et les employés. Un grand nombre d’entre eux viennent donc travailler à vélo et les entreprises l’ont bien compris puisque de plus en plus de bureaux mettent à disposition un vestiaire pour se changer et des douches afin de ne pas arriver ruisselant à la machine à café.

Un modèle à l’étranger
Ces incitations ne sont pas uniquement faites dans le but de pousser les Néerlandais à faire du sport, bien que, comme pour la plupart des pays occidentaux, ils sont en moyenne 10% à souffrir d’obésité. En effet, le vélo fait intégralement partie de l’image du pays à l’international, tout comme la baguette et la Tour Eiffel pour la France. Le vélo constitue une sorte de vitrine pour les Pays-Bas, vitrine qui montre bien l’engagement du pays tout entier au service du développement durable et d’une économie plus respectueuse de l’environnement. Cette image est grandement bénéfique pour l’économie touristique du pays car les préoccupations environnementales touchent un public de plus en plus large et pour ce public, quel pays européen représente mieux les avancées écologiques que les Pays-Bas ?
Dans un contexte politique et social, où la question du respect de l’environnement est de plus en plus présente, il n’est pas étonnant de voir que les Pays-Bas font figure de modèle pour leurs voisins et notamment pour la France. Cette figure de pionnier est loin de déplaire aux Pays-Bas puisque cela fait partie des ambitions du pays à l’international. En effet, le Ministère des Transports avait mis en place une grande étude analysant les effets de la pratique du vélo depuis 1993. Les résultats sont sans appel ; le vélo c’est bon pour tout. Le bilan élogieux de cette étude a donc poussé les Néerlandais à vouloir exporter leur modèle et force est de constater qu’ils ont un public de plus en plus important.
Les autres pays européens, conscients des enjeux liés aux transports et à la santé, font fréquemment appel à la contribution du gouvernement néerlandais lors de l’élaboration de politiques cyclables. Parmi ces pays il y a la France ; cette dernière tente de mettre en place des mesures similaires, comme les systèmes de location de vélos en agglomération ; par exemple Vélib’ à Paris ou Métrovélo à Grenoble. Cependant, le manque d’infrastructures se fait cruellement sentir et les problèmes de sécurité freinent quelque peu le développement de ces projets qui ne parviennent pas toujours à avoir l’ampleur escomptée.
Si les Néerlandais semblent gérer parfaitement la problématique des vélos, cela n’est pas encore le cas pour leurs voisins européens qui peinent encore à effectuer leur transition. Ce constat ne doit pas pour autant occulter l’avenir radieux que le vélo a devant lui. Mettre toute une nation sur une selle cela ne se fait pas en une poignée d’années et il faut bien plus que la construction d’infrastructures ; c’est bien un changement dans les mentalités et dans les habitudes qui est nécessaire à cette mutation sociétale.
Laura Laarman
Sources :
Elles font du vélo ; Consulté la 01/03/2017, écrit par La Rédaction le 29 août 2014 http://ellesfontduvelo.com/2014/08/la-bicyclette-est-reine-des-debats-politiques-en-hollande/
Veille action ; Consulté le 01/03/2017, écrit par Veille Action le 13 mai 2014 http://veilleaction.org/fr/laveille/transport-actif/2051-pour-des-deplacements-a-velo-plus-securitaires-exempleamsterdam.html
Le vélo aux Pays Bas Consulté le 01/03/2017 Édité par le Ministère des Transports, des Travaux publics et de la Gestion des Eaux Directorat-General des Transports des Passagers, publié en 2009 http://www.fietsberaad.nl/library/repository/bestanden/Leveloauxpaysbas2009.pdf
Photos :
Photo ebay ; http://www.ebay.fr/itm/Publicite-velo-Pays-Bas-Amsterdam-vintage-REPRO-AFFICHEART-PRINT-792pylv-/400989989170?rmvSB=true
Pop my bike ; http://weboptimisation.fr/minutecom/wp-content/uploads/2014/04/POP-MY-BIKE-hollandepays-bas-paris-v%C3%A9lo-minute-com-blog-communication-marketing-publicit%C3%A9-event-4.jpg

1
Danseuse Opération Stop the Traffick Amsterdam
Com & Société

Dans le port d'Amsterdam, il n'y a pas que les marins qui dansent.

 
Si Amsterdam est aussi connue et visitée par les touristes du monde entier, c’est en partie pour son Quartier rouge, ou Red Light District (qui a même inspiré un dialogue culte de Pulp Fiction sur le « Royal with Cheese »). Quartier historique d’Amsterdam, la législation des Pays-Bas concernant le cannabis et la prostitution a fait de ses coffee shops et de ses vitrines, de véritables attractions touristiques. Le Red Light District attire donc de nombreux visiteurs, clients de ces établissements atypiques ou simple curieux trouvant, dans ces vitrines où l’on expose l’interdit, le dépaysement, l’étrange, l’insolite.
Parmi les 8000 prostituées que compte la ville, 3000 travaillent dans les vitrines aux néons rouges qui ont inspiré le nom du Quartier Rouge. Si s’exposer en petite tenue derrière la vitre constitue un appât pour les clients potentiels, cela attire également des masses de touristes intrigués. Malheureusement, l’étrangeté de la pratique aux yeux des curieux fait souvent oublier la réalité qui se trouve derrière. Dans cette étendue de coffee shops, de smart shops et de « live sex show », où tout semble autorisé, on s’imagine que chacun fait ce qu’il veut, en oubliant que trop de femmes dans le quartier n’ont pas voulu ce qu’elles font. La vitrine, en agissant comme un écran, donne aux travailleuses du sexe un statut de comédiennes, et conforte le passant dans un rôle de spectateur passif.
L’association Stop the Traffik a donc choisi d’utiliser la « scène » que sont les vitrines du Quartier Rouge pour exposer son message de la meilleure façon possible. Imaginez le Red Light District et ses touristes. Soudain dans une vitrine, les prostituées se mettent à danser, créant le spectacle. Amusés par le show, les curieux commencent à se rassembler autour du bâtiment, à applaudir avec entrain… Jusqu’à ce que s’affiche un message, la raison d’être de cette opération : « Chaque année, des milliers de femmes sont promises à une carrière de danseuse en Europe de l’Ouest. Malheureusement, elles se retrouvent ici. ». Les comportements changent alors brutalement. Les passants sont soudainement arrachés à leur passivité, et mis face à l’histoire de filles qu’ils observaient uniquement à travers le prisme de la vitrine, et des apparences de liberté totale du Quartier Rouge.

Cette opération de street marketing, signée par l’agence belge Duval Guillaume, utilise plus qu’efficacement l’effet de surprise et le retournement de situation, pour lutter contre l’exploitation sexuelle des femmes. Elle souligne le fossé qui existe entre la légalisation de la prostitution, et le libre choix de la part des femmes de se prostituer. En effet, une majorité de prostituées indique encore être dans ce milieu sous la contrainte. Les touristes touchés par l’opération sont ainsi pris en faute, de même que les internautes regardant la vidéo intitulée « Girls going wild in red light district » sans connaître le message que la fin dévoilera, et la soudaineté de la prise de conscience en accentue la portée. Un flagrant délit relayé sur Youtube, et qui fait un outil de communication sûrement plus efficace pour atteindre les consciences qu’une distribution de tracts dans les ruelles du Quartier Rouge.
 
Esther Pamart
Crédits :
* Agence Duval Guillaume
* http://nuwave-marketing.com

1