Twitter
Société

Twitter : 140 signes mais combien de maux ?

C’est par ces mots que François Hollande a fait son grand retour sur le réseau social Twitter. Muet depuis dix-huit mois, le compte personnel du Président de la République avait été laissé vacant pour préférer le compte Twitter officiel de l’Elysée,  plus institutionnel.
Si certains estiment qu’il s’agit d’une bonne résolution en terme de stratégie de communication, d’autres soulignent au contraire que cette manifestation de modernité n’est pas un moyen de communication qui améliore le niveau de crédibilité, et donc « l’image en berne de l’actuel locataire de l’Elysée ».
Autant adulé que décrié, Twitter ne laisse pas indifférent. Ce nouveau moyen de communication intrigue la plupart des sociologues et analystes politiques sur l’impact qu’il a  à travers la représentation du politique et de son imaginaire.
Entre deux étages, entre deux réunions, à l’assaut d’un nouveau monde virtuel, tous les sujets sont bons. Cependant l’usage de Twitter tend à se professionnaliser chez les responsables politiques. Pour le plus grand désespoir des  followers de Cécile Duflot qui ne pourront plus contempler avec gourmandise son chili con carne… L’époque des tweets uniquement basés sur la vie privée laisse place à une communication plus revalorisante avec des contenus informationnels.

Twitter ne va pas façonner l’image du responsable politique
« Si l’on n’est pas sur Internet on est invisible » – certes, mais beaucoup des victimes de la Twittosphère auraient parfois préféré le rester tant l’amplification d’un dérapage, d’une faute d’orthographe, peut engendrer des dégâts considérables pour l’image du responsable politique.
Ghyslaine Pierrat, Spin Doctor, Docteur en communication politique et économique, auteur du livre La Communication n’est pas un Jeu, est confrontée au quotidien aux problématiques de la communication et aux externalités positives ou négatives de l’utilisation de Twitter chez les responsables politiques.
Ghyslaine Pierrat : Je constate  un  engouement constant de la classe politique pour Twitter. Et aujourd’hui il y a même un engouement assez généralisé. Beaucoup de politiques annoncent ou commentent les faits politiques. C’est un canal de communication qui s’est ajouté aux canaux traditionnels de communication.
Quelle utilisation de Twitter conseillez-vous ? Est-elle obligatoire pour un responsable politique ? :
Ghyslaine Pierrat : C’est un outil que les Spin-Doctors et les responsables politiques utilisent désormais dans le cadre d’une stratégie. Plus personne ne s’aviserait de faire une campagne sans prendre en compte Twitter. Aujourd’hui, nous pouvons voir une véritable institutionnalisation de l’outil Twitter. Ce médium est considéré à part entière pour sa différence stratégique.
Peut-on réellement créer l’image d’un candidat avec Twitter ? Est-ce un outil qui peut faire évoluer sensiblement l’imaginaire du politique ?

Ghyslaine Pierrat : Aucunement, Twitter ne va pas façonner l’image du responsable politique, j’ai l’habitude de dire que l’image se forme lentement, en clin d’œil à Stendhal, j’aime employer ce vocabulaire de « cristallisation de l’image ». Twitter ne façonne pas l’image sauf bévues. On ne fabrique pas une image avec Twitter. Mais Twitter augmente juste la transparence de l’intelligence ou non des individus.
Pensez-vous que la nouvelle génération de responsables politiques va encore accentuer la proximité avec les citoyens, désacraliser encore plus une fonction en mal d’autorité ?

Ghyslaine Pierrat : J’aimerais que nous nous dirigions vers des représentations politiques beaucoup plus respectueuses, pleines d’exemplarité et de dignité. Le vocabulaire est quelque chose d’essentiel pour la représentation d’une fonction politique. Chacun épouse une fonction et doit l’honorer.
Twitter ou la négation de la politique ?
Stéphane Zumsteeg, directeur du département opinion chez Ipsos, estime que Twitter désacralise l’image des responsables politiques qui se doivent d’être dans la réflexion.
Avec Twitter, les responsables politiques deviennent des gens comme les autres et cèdent à la petite phrase. Cela a tendance à engendrer une véritable dévalorisation symbolique liée à l’imaginaire du politique. Là où ils sont attendus dans le futur, dans la proposition, sur le terrain des idées, ils restent une variable du présent. Cette perte de réflexion du point de vue de la stratégie politique a un impact substantiel sur le fonctionnement de notre démocratie.
Mark Blevis, chercheur en affaires publiques et communication, a réalisé une étude « House of Tweets » sur la popularité de Twitter chez les politiciens. Pour lui, la capacité de pouvoir s’adresser aux gens à toute heure et en tout lieu est une chance pour nos responsables politiques. Mais cette mobiquité est-elle assez convaincante pour prendre le risque de désacraliser une fonction et par extension une nation tout entière ?
Twitter doit, comme tous les autres outils communicationnels, s’astreindre à une règle stricte : celle de s’immiscer au sein d’une stratégie bien établie.
Nos responsables politiques doivent prendre le pari de la resacralisation du politique et pourquoi pas à travers des outils comme Twitter. L’exemple d’audace du Président Obama qui avait fait de sa campagne sur Internet un point tournant pour Twitter et les médias sociaux en politique, nous prouve qu’avec des contenus de qualité riches en informations cela fonctionne, et qu’ainsi par sa force d’audience dans le cadre d’une bonne communication, Twitter peut être un véritable « pharmakon » pour notre société politique contemporaine.
 
Romain Souchois
Sources :
La communication n’est pas un jeu, Ghyslaine Pierrat
House of Tweets, Mark Blevis
Le Figaro
Europe 1
Crédits photos :
The drum – Jennifer Faull

Société

Communication de recrutement : à la recherche du candidat idéal

 

 
Nous le savons, poursuivre des études est moins un moyen de se réaliser qu’un enjeu stratégique : c’est un investissement sur l’avenir. Accumulation des stages, évitement de certains cursus qui n’auraient pas assez de débouchés professionnels, allongement des années d’études… Avant même d’y entrer, le marché de l’emploi semble être une jungle hostile où l’offre doit rivaliser d’ingéniosité pour avoir le Curriculum Vitae le plus original, le plus fourni, le plus international, afin de séduire une demande toujours plus exigeante.
Face à cette morosité ambiante, le nouveau bureau de FastNCurious a voulu analyser la question du recrutement sous un autre angle : les entreprises, elles aussi, adoptent de véritables stratégies de communication afin de recruter le candidat idéal. A l’occasion du 9ème Forum des Entreprises organisé par le CELSA le 3 décembre dernier, nous sommes allés à la rencontre des exposants professionnels afin de bénéficier de leur expertise dans le domaine des ressources humaines. 64 entreprises s’étaient spécialement déplacées pour rencontrer les étudiants du CELSA.
Rappelons que le recrutement est, pour l’entreprise, la base d’un fonctionnement interne optimal. Il est même essentiel en ce qu’il représente une perte d’argent et de temps considérable en cas d’incompatibilités entre la personne engagée et les objectifs de l’entreprise. La communication de recrutement sert donc à attirer les profils les plus adaptés à ses métiers et ses valeurs, mais aussi à valoriser et à positionner l’entreprise comme un futur employeur de choix auprès de sa cible : les étudiants et les jeunes diplômés.
On pourrait penser que la communication de recrutement se scinderait en deux types d’approches : l’une massive élaborée par les grandes entreprises et institutions déjà bien connues du grand public, et une autre négligée par les PME ayant peu de moyens à lui consacrer. Pourtant, les choses sont bien plus complexes.
Les vecteurs d’attractivité des entreprises
Créer un lien à la source
Dans certains cas, la communication de recrutement permet d’engager une relation « gagnant-gagnant » entre les employeurs et les futurs candidats. La plupart des entreprises sélectionnent des écoles cibles dont elles connaissent la qualité de l’enseignement et l’efficacité des étudiants. Puisque ces derniers sont très convoités au sortir de leur formation, il s’agit de communiquer et de créer du lien avec eux très rapidement, à la source si possible. Ainsi, les étudiants des écoles reconnues dans leur domaine peuvent être amenés à rencontrer tout au long de leur cursus des salariés, devenus ambassadeurs de leur entreprise. Ces rencontres peuvent être pédagogiques avec l’organisation de sessions de simulation d’entretiens ou encore la réalisation d’un plan de communication. Ceci permet aux étudiants d’appliquer leurs connaissances à des problématiques réelles et à l’entreprise de bénéficier d’un nouveau regard gratuitement.
Les Forums Entreprises : le choix d’un recrutement qualitatif
La solution la moins chronophage pour aller à la rencontre des étudiants et qui reste avantageuse pour les deux parties, c’est une présence sur un Forum Entreprises organisé par une école. Cet espace spécifiquement dédié au recrutement facilite la procédure de recrutement grâce à un contact direct avec l’étudiant-candidat et permet de cibler les profils spécifiques recherchés par l’entreprise. C’est le choix du qualitatif face au quantitatif. A l’image de TNS Sofres qui reçoit des centaines de candidatures sans grand renfort de campagnes de recrutement, il lui est cependant essentiel de participer aux Forums des grandes écoles pour dénicher les profils véritablement en adéquation avec les postes proposés.
De la même manière, l’agence de communication WordAppeal, a adopté une stratégie de recrutement ciblée sur ce qu’elle désigne comme étant les 5 grandes écoles françaises : HEC, l’ESCP, l’ESSEC, Sciences Po et le CELSA.
Chaque entreprise présente sur le Forum des entreprises du CELSA avait ses problématiques propres. Ainsi, la Banque Postale et la Société Générale voient dans la communication de recrutement un moyen de compenser la faible attractivité du secteur bancaire et financier auprès des étudiants des écoles de communication. Ces derniers ne pensent pas spontanément à effectuer leur stage dans une banque alors que de nombreuses offres existent. Plus qu’un objectif de visibilité, les banques ont la volonté de communiquer sur leurs métiers et les opportunités qu’elles peuvent offrir à ce public étudiant.
Pourtant, participer au Forum d’une grande école n’est pas la solution miracle à toutes les problématiques de recrutement. Cela reste un investissement qui ne s’avère rentable que si l’entreprise a un nombre suffisant d’offres à proposer.
 
Qu’en est-il du recrutement 2.0 ?
Pour l’ensemble des annonceurs et agences interrogés, investir dans des actions de communication de recrutement est une stratégie payante notamment en termes de gain de temps. Las de recevoir en entretien des candidats peu ou pas informés sur les spécificités de leurs métiers ou de leur cœur d’activité, beaucoup préfèrent opter pour une présence en ligne sur les « jobboards ». Ainsi, en plus de leur site institutionnel, il est devenu courant de retrouver des fiches métiers ou des témoignages d’employés sur des sites tels que Studyrama ou JobTeaser.
Il est intéressant de noter que, même pour les structures les plus importantes, le recrutement sur les réseaux sociaux n’en est qu’au stade du balbutiement. Interrogées à ce sujet, entreprises et agences avancent l’explication suivante : investir le Web demande beaucoup de temps et donc une personne qui maîtrise ces questions. De plus, utiliser Viadeo, LinkedIn ou les réseaux sociaux traditionnels pour valoriser sa marque-employeur nécessite d’être continuellement à jour, au risque d’être inefficace. Enfin, cette présence sur les réseaux sociaux professionnels doit répondre à une véritable stratégie, et toutes les structures n’ont pas vocation à les intégrer dans leur communication de recrutement.
 
Les nouveaux acteurs et enjeux de la communication de recrutement
Les jobboards
De nouveaux acteurs du marché de l’emploi comme Studyrama ou JobTeaser ont compris l’enjeu stratégique de la communication de recrutement et ont investi le secteur, proposant leurs services aux entreprises qui ont pris conscience de l’importance de leur communication de recrutement.
Le dynamisme de JobTeaser représente bien cette tendance, principalement en ligne. Depuis sa création en 2008, il ne cesse d’élargir son offre afin de répondre aux nouveaux enjeux dans le recrutement des étudiants. Là où il se distingue des autres jobboards, c’est par son implantation directe dans les grandes écoles, via l’intranet et la constitution d’ambassadeurs, afin de proposer aux entreprises d’être au plus près de leur public cible.
Les labels employeurs comme plus-value
La communication de recrutement s’adresse en priorité à de potentiels futurs collaborateurs mais aussi à ses actuels et anciens employés qui en sont les premiers représentants en dehors de l’entreprise. Alors, comment valoriser leur expérience ? Les classements et labels « meilleur employeur » se multiplient et constituent une véritable plus-value pour les entreprises qui y figurent. A titre d’exemple, Le « Label Stage Advisor » de JobTeaser plébiscite les employeurs les plus appréciés par les stagiaires tandis que le classement Universum désigne les entreprises qui font le plus rêver les étudiants. Ainsi, grâce à ces nombreux sondages, il devient possible d’évaluer l’efficacité d’une stratégie de communication de recrutement ainsi que son potentiel de marque-employeur.
Même si l’éventail des actions de communication de recrutement semble large, il faut noter que les politiques engagées par les grandes entreprises s’adressent à un public cible restreint et hautement qualifié. De nos multiples entretiens, il en ressort que CELSA reste une valeur sûre lorsqu’une entreprise recherche des profils d’étudiants en communication. Une conviction fondée sur les classements et la réputation historique de l’école, mais aussi et surtout sur un retour d’expérience des stages des Celsiens, qui « se passent en général très bien ».
Alexandra Ducrot et Camille Primard

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Politique

« GREAT PEOPLE », la dernière campagne choc de RSF

 
Le 21 décembre dernier, Reporters Sans Frontières dévoilait sa dernière campagne pour l’indépendance de la presse, intitulée « Great People ».
Durant 40 secondes, on y voit défiler des clichés attendrissants qui feraient passer Xi Jinping, Robert Mugabe ou Kim Jong-Un pour des enfants de chœur. Un diaporama se concluant avec la phrase suivante « Voici ce qui resterait de l’information, sans journalistes indépendants ». RSF souhaite ainsi rappeler que sans liberté d’expression et sans le travail et l’indépendance de ces journalistes, il suffirait d’un rien pour que Vladimir Poutine passe pour un amoureux des animaux, Bachar El-Assad pour un père affectueux comme les autres et Silvio Berlusconi uniquement pour un amateur de bonne musique.

“Nous avons choisi les fêtes de fin d’année pour sensibiliser le grand public à l’importance de défendre la liberté d’informer et d’être informé, alors que dans le monde, en Syrie, au Mali, en Russie et d’une autre manière au cœur de nos démocraties, les dangers auxquels s’exposent les acteurs de l’information s’intensifient”, estime Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.

Une campagne réalisée en partenariat avec l’agence BETC et diffusée quelques jours seulement après la parution du dernier bilan annuel[1] de RSF, faisant état de 73 journalistes morts au cours de l’année 2013.
Elsa Mahouche
Sources :
Rsf.org
Iletaitunepub.fr

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Hollande
Politique

L’humour du chef

 
Le président Hollande a fait une blague lundi soir à l’occasion du retour de Manuel Valls après son voyage en Algérie, précisant que celui-ci était rentré « sain et sauf. » Les réactions ont été vives en Algérie, les journaux nationaux y ont critiqué le mépris du président Français pour l’Algérie. Le ministre algérien des affaires étrangères Ramtame Lamamra a qualifié cette plaisanterie « d’incident regrettable. » Au delà de la simple maladresse, une véritable question se pose : un président peut-il être drôle ? L’humour, mode de communication perçu de manière positive dans la vie quotidienne, peut-il être porté à la tête de l’État ? La parole présidentielle concernant un nombre important de personnes, le président doit-il sacrifier au prix de certains un humour qui plaira à d’autres ? Et il semble qu’aujourd’hui le second de degré et l’humour aient laissé place à la vexation et aux regrets. Plus symptôme de relations diplomatiques tendues que d’une maladresse communicationnelle, cet incident vient illustrer une communication politique de plus en plus pointilleuse. L’humour doit être encadré, extrêmement contextualisé, comme on peut l’observer lors du dîner de la presse après l’investiture des présidents américains.
Car au-delà de ce simple incident communicationnel c’est bien la personnalité du président, connu pour son humour, qui rentre ici en jeu. Du rire consensuel, à la vexation susceptible, faire rire au sommet de l’État aujourd’hui n’est pas une mince affaire.
 
  Arnaud Faure
Sources
Lejdd.fr
Libération.fr
Lexpress.fr
Crédit photo : Alain Jocard, AFP

Politique

Un beau projet boit la tasse

 
Le 10 décembre 2013 le Parlement européen a rejeté la proposition visant à interdire le chalutage en eaux profondes et ce malgré une communication rondement menée par l’ONG Bloom.
Petit rappel des faits
Vous avez forcément vu cette pétition précédée d’une BD très drôle et très pédagogique postée par Pénélope Bagieu sur son blog. Vous ne l’avez pas forcément signée, mais il y a au moins une de vos supers copines trop impliquée qui l’a fait. Cette pétition a beaucoup tournée sur les réseaux sociaux, générant quelques 799 749 signatures. Cette pétition appelait à la mobilisation du Président de la République contre cette pratique du chalutage en eaux profondes, un appel laissé lettre morte par le Président.
L’association avait toutes les chances de son côté grâce à la très talentueuse Pénélope Bagieu. Fini le texte de pétition barbant, Pénélope impose son style et son humour tout en expliquant très clairement ce qu’est cette pratique, et surtout ses conséquences.

La victoire semblait assurée, raconte l’ONG Bloom sur son site internet, alors quelle ne fût pas la surprise de voir la proposition rejetée<
Une communication trop axée sur le public ?
Faire signer une pétition c’est bien, faire voter les députés européens, c’est mieux. Ce focus sur les électeurs aurait pu être bénéfique s’il avait été mieux suivi par une pression sur les députés concernés. Ces derniers sont sous pression mais après-coup, l’ONG a révélé que ce vote était en fait « une erreur » : des députés se seraient trompés de vote. Mais ce recomptage de la part de l’ONG n’a aucune valeur aux yeux de la loi, même si elle annonce la victoire par 343 contre 330, après 20 corrections de vote, sur son site internet. L’explication détaillée que Bloom donne sur son site internet : les députés ne savaient pas qu’il fallait rejeter l’amendement 62 de la proposition pour pouvoir amener l’interdiction. Ils l’ont donc accepté, et cet amendement a fait tomber les autres, faisant passer à la trappe l’interdiction. Facile de s’y perdre, n’est-ce pas ? Encore plus facile de se perdre dans le site du Parlement Européen, mais voici le fameux amendement :

Difficile de savoir exactement à qui revient le flop dans cette histoire. Bloom avait mené cette affaire d’une main de maître, mais a, par principe, refusé de jouer complètement au jeu du lobbying, ce que des grandes entreprises comme Intermarché ne se sont pas privées de faire. L’association affirme avoir « fléché » le parcours aux députés, mais pas suffisamment, par manque de temps et peut-être d’organisation.
Flop pour les députés qui se discréditent face aux électeurs ? Ce genre de communication n’est pas la bienvenue avec une élection de députés européens en 2014. Cet écart entre opinion public et vote des députés pourrait finir de détourner totalement les électeurs des urnes, pensant qu’ils n’ont de toute façon aucune prise sur les décisions prises au Parlement européen. Cette complexité du vote européen pourrait aussi finir de détourner les citoyens de cette institution qu’ils ne comprennent pas et qui semble prendre des décisions trop complexes et trop contraignantes sur de nombreux points.
Mais derrière chaque flop se cache un ou plusieurs vainqueurs … Et dans ce cas c’est du côté des entreprises qu’il faut tourner la tête. Intermarché est plus qu’impliqué dans le chalutage en eaux profondes car 6 des 11 navires européens le pratiquant lui appartiennent. Magnifique occasion pour les concurrents, Casino en tête, de prendre le contrepied. Casino affiche une politique de pêche responsable et informe ses consommateurs qu’à partir du 1er janvier 2014 l’enseigne ne vendra plus cinq espèces de poissons vulnérables vivant en eau profondes. Les entreprises veulent montrer l’exemple et montrer leur réactivité face à l’opinion publique. Ce qui profite à tout le monde, quand on y réfléchit : les entreprises font des efforts de transparence et gagnent des clients. De l’autre côté il est plus facile pour une ONG de faire pression sur des entreprises que sur le gouvernement, le Président ou le Parlement, parce que les associations environnementales peuvent assez facilement mobiliser les associations de consommateurs… Ou quand l’argent est source de pouvoir reposant sur un talon bien fragile.
 
Paola Paci
Sources
LeMonde
Libération
Parlementeuropéen
PénélopeJolicoeur

personal branding - be a brand !
Publicité et marketing

Jacques a dit : « Brand Youself !! »

 
La notion de « Personal Branding » est introduite en 1997 par Tom Peters, un spécialiste américain du management. Il s’agit d’appliquer des méthodes de communication et de marketing non plus à un produit mais à soi-même.
L’exemple le plus connu et fameux est sûrement celui d’Alain Affelou qui capitalise son nom pour vendre ses produits. Dans les années 1980, Affelou casse les codes de la communication en se mettant en scène dans la saga publicitaire : « il est fou Affelou, il est fou !»

Le personal branding : une norme du XXIème siècle ?
Attention, n’oublions pas que le « personal branding » est vieux comme le monde. Repensez donc aux rois qui travaillaient leur image avec leur peintre.
Aujourd’hui, les hommes politiques ont un tas d’experts en communication à leur disposition, on parle de « marketing politique », les entreprises ont toutes un service de communication, de marque employeur, etc…
Mais le Personal Branding n’est plus seulement réservé à une petite partie de professionnels : avec l’arrivée du web 2.0 (les blogs, les pages persos et bien sûr les réseaux sociaux) tout le monde peut « développer sa marque personnelle ».
Le « Personal Branding » est très proche de l’e-réputation car il s‘agit de gérer son image, son nom sur la toile. Qui n’a jamais réfléchi à la manière dont il allait formuler un statut, ou à quelle photo de profil choisir ?
Le web 2.O : outil extraordinaire ou nid à catastrophes ?

L’instantanéité d’Internet semble merveilleuse car elle permet une réactivité phénoménale, un impact très important, une visibilité et un partage de contenus très rapide. Mais  à la moindre faute d’orthographe, photo inappropriée ou contenu douteux, c’est la catastrophe.
Il faut donc une maîtrise parfaite : on doit y être actif et réactif. Ainsi, on remarque que le double usage des réseaux sociaux s’est multiplié : un usage récréatif et un usage professionnel. Donc, il y a bien ici une stratégie de gestion de son nom et de son image.
Certains twittent de manière anonyme et possèdent un compte LinkedIn très complet. L’un n’empêche pas l’autre.
Ainsi « l’individu 2.0 » s’organise autour d’une double vie : la virtuelle et la réelle. Pour cela, rien n’est acquis. Cet individu est en perpétuel apprentissage du « comment communiquer » dans un monde immédiat qui ne pardonne rien.
On apprend tous de nos erreurs.
Où en est le Personal Branding aujourd’hui ?
Aujourd’hui, exister numériquement devient une norme. En effet, qui ne vous dit pas que vous vous tirez une balle dans le pied en n’ayant pas de compte Viadeo ou LinkedIn ?
Pour être plus fort, il faut des soutiens d’experts, donc se constituer un réseau. C’est bien lui qui permet d’exister numériquement et cela les réseaux sociaux l’ont bien compris. Rappelez vous de la campagne « BrandYou » lancée par LinkedIn en 2010. Un groupe avait été créé pour échanger avec des experts et un jeu ludique permettait d’évaluer votre attractivité sur le réseau.
La devise : « Understand how to brand yourself ».
Effectivement, savoir gérer son image et son nom sur la toile, mettre en avant ses compétences, expertises et expériences est devenu un passage presque obligé pour les étudiants en recherche d’emplois ou de stages par exemple.
Tout le monde doit avoir LinkedIn/ Viadeo, Facebook, Twitter, Google +… Pourquoi ? Pensez aux recruteurs qui n’ont plus du tout de CV papier entre les mains car tout se fait sur la toile : ils ne sont pas si marginaux !
Le problème du Personal Branding chez les jeunes est le suivant : comment se distinguer si l’on fait tous pareil et qu’on est tous sur les mêmes réseaux ?
Si le Personal Branding est partout, il faut « sortir du lot », être original :
En voici un exemple parmi tant d’autres :

N’oubliez pas chers Curieux, Internet c’est la visibilité à portée de clic. Alors soyez créatifs et intelligents dans l’usage de votre image et de votre nom sur la toile.
 
Sophie Cleret
Sources :
Commentcamarche.net
LesEchos.fr
Crédits photos :
36creative.com
20 Minutes
Makemelaugh.com

le petit journal
Société

Yann Barthes : l’arroseur arrosé ?

 
« Je suis surpris que vous soyez si négatif (…) Quel genre d’entraineur êtes-vous ? » assénait la semaine dernière Mac Maharaj à Yann Barthes, lors de l’émission « Spéciale Afrique du Sud » de ce dernier. Le présentateur du Petit Journal, penaud, n’y avait pas trouvé grand-chose à redire. Mais, en diffusant cette leçon donnée habilement par un responsable de communication des plus hauts placés, c’est aux médias en général que l’émission renvoie la critique. Du négatif, du clash, des larmes, de l’appréhension quant à l’avenir… Ras-le-bol ! Les obsèques de Mandela ont bien prouvé une chose : regarder des gens danser dans les rues, chanter et rire n’apporte guère de désinformation, point de baisse d’audience,  et nous donnerait d’avantage envie de regarder la télévision – plutôt que d’attraper d’un même mouvement Télécommande et Tranxène.
La journaliste Clara Schmelck expliquait dans CB News le mois dernier en quoi la colère représente un « vecteur d’information » en tant qu’elle est « la manifestation (…)  la plus universellement partageable » (ici, sur Twitter). Certes, mais peut-être cette utilisation de sentiments négatifs est-elle, très précisément, influencée par la ligne édito-sentimentale des médias environnants.
Le site Influencia titrait avant-hier «  Média : 2014, année positive et créative ! ».
ALLELUIA !
On croise les doigts, on ouvre les yeux et… Cheeeeese ?
Le Petit Journal du 9 Décembre 2013
 
Chloé Letourneur
Sources:
CB News N°25, Novembre 2013
Influencia.net

manifestations foot
Culture

L’image du football en danger

 
A 6 mois de la Coupe du Monde de football au Brésil, l’image de ce sport tend à se dégrader de jour en jour : que ce soit son image en France ou son image mondiale. Le football est le sport le plus populaire au monde. La dernière finale de la Coupe du Monde (Espagne – Pays-Bas) a été suivie par 700 Millions de téléspectateurs ! En France, nous avons 2 millions de licenciés. Autant dire qu’il est primordial que le ballon rond montre l’exemple.
La FIFA donne l’image d’un football au-dessus de tout
C’est paradoxal. La mauvaise image du football est véhiculée par l’instance footballistique suprême : la FIFA. C’est elle qui départage les candidatures pour l’organisation d’une Coupe du Monde. Ainsi, nous savons qu’en 2018, elle sera organisée en Russie et en 2022 au Qatar. En terme de communication, choisir ces 2 pays pour une Coupe du Monde, c’est déjà se mettre dans une position inconfortable. Dès l’annonce des lieux d’organisation, la FIFA est déjà fortement critiquée. Organiser une Coupe du Monde dans un pays où les gays n’ont pas droit de cité . Organiser une Coupe du Monde au Qatar alors qu’en été les températures peuvent atteindre les 50 degrés ! Néanmoins, une solution apparaît : créer des stades climatisés. Quoi de plus écologique ! Tout cela véhicule une image d’un football qui se moque des problèmes sociétaux.
En témoignent les manifestations qui ont eu lieu lors de la Coupe des Confédérations en juin dernier au Brésil. Si cette compétition devait à l’origine être une répétition de la Coupe du Monde 2014, elle est devenue un signal d’alarme ! Ce pays qui ne vit que pour le football a osé, pendant une compétition internationale, reléguer celui-ci au second plan. L’enjeu, protester contre les sommes colossales investies pour le Mondial : 11 milliards d’euros ! Des sommes qui auraient pu (dû) être utilisées dans le domaine social. Pendant les manifestations, Sepp Blatter, Président de la FIFA, met en place une communication surréaliste et affirme les propos suivants : « Je suis sûr que les manifestations vont s’apaiser. Le football est plus fort que l’insatisfaction des gens . La FIFA, au lieu de tenter de justifier les sommes investies et ce qu’elles peuvent apporter au Brésil, décide par la voix de son Président de provoquer les Brésiliens. Le message est le suivant : le foot est plus fort que vous. Le foot plus important que l’éducation. Pourquoi ne pas avoir communiqué en montrant que les deux pouvaient être intimement liés ? A l’inverse, ici, le football semble être une arme de manipulation.
Veille de sa déclaration : 250 000 Brésiliens dans les rues. Quelques jours après : 1 million de Brésiliens manifestaient ! Sepp Blatter découvre alors que le foot passe après l’éducation, le coût des transports en commun, la sécurité, la qualité des services publics… Eh oui ! Le football, même au Brésil, passe après de nombreuses conditions essentielles à toute population.
Cet évènement aura servi à prévenir la FIFA : pour les trois prochaines Coupes du Monde il est nécessaire de mettre en place un système communicationnel qui permettra de prévoir tout aléa. Par conséquent, une communication de crise dont le but n’est pas de communiquer pour se sortir d’une crise mais de l’éviter, même pour la Coupe du Monde 2022, peut (doit) dès aujourd’hui débuter !
Communiquer à travers les femmes
De plus, une communication locale doit se mettre en place en partenariat avec les Fédérations de football nationales. En France, l’image du football est de plus en plus négative : reportage de Cash Investigation (France 2), interview (en partie censurée) sur fond de règlement de compte de Patrice Evra, affrontements au stade entre des supporters de Saint-Etienne et Nice. Aujourd’hui, plusieurs stades peinent à se remplir. Mais avec cette image négative, comment attirer de nouveaux supporters ?
Certains clubs ont trouvé la parade. Améliorer l’image du foot à travers la Femme. Le foot est le sport le plus populaire au monde, mais est connoté comme un sport masculin

Même si certaines publicités sont osées, les clubs communiquent enfin vers ou à travers la Femme.
Casser cette image pour attirer les supportrices au stade et communiquer à travers le football féminin, davantage associé à ce qui relève du sport amateur. Et ce n’est pas péjoratif ! Car cette représentation donne l’impression d’un football sain, non soumis aux lois de l’argent. Communiquer à travers l’image stéréotypée de la Femme : douce, aimante. Loin de celle des supporters qui s’insultent et se battent.
Nul doute que la Coupe du Monde sera suivie par de nombreux spectateurs. Peu importe le pays, le nombre de morts et les conditions de travail pour la construction des stades, nous serons devant notre télé pour supporter l’équipe de France. Et c’est précisément ce comportement qui conduit la FIFA à ne pas changer de stratégie. Attention ! Au foot tout va vite. On croît à la victoire, et à la dernière seconde on peut tout perdre.
 Pierre-Yves Halin
Sources :
Lemonde.fr
Libération.fr
Huffingtonpost.fr
Crédits photos :
Paris St Germain Féminines
Stade Rennais
Le Figaro

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Publicité et marketing

Jacques a dit : (dés)enchante toi avec WestJet !

 
Vous l’aurez sûrement remarqué, la visibilité des compagnies aériennes pullule au sein de notre société et notamment lors des fêtes de fin d’année.
Tout est bon pour concurrencer ses adversaires dans cette course effrénée à la recherche de clientèle et de la fidélisation de celle-ci.
On ne peut que penser à la dernière trouvaille de la compagnie aérienne WestJet, qui cela va sans dire, est l’une des plus belles opérations de Noël pour cette fin d’année 2013.
Le buzz WestJet Christmas Miracle :
Avant l’embarquement pour les vols de Toronto et d’Hamilton vers Calgary, les passagers ont eu la surprise de pouvoir parler au Père Noël et lui confier leurs envies de cadeaux de fin d’année.
A l’arrivée, au lieu de récupérer uniquement leurs bagages sur le tapis prévu à cet effet, les passagers ont eu la chance de trouver également des cadeaux à leurs noms, contenant tout ce qu’ils avaient demandé.

Un processus de création bien rodé :
 Richard Bartrem, Vice-President des communications et relations communautaires de WestJet explique que cette opération avait pour but de transmettre la culture d’entreprise de la compagnie aérienne basée sur un esprit de partage, de sympathie et d’attention.
 Ce projet, réalisé avec l’agence Studio M, a débuté en août dernier et a pu être mené à bien avec l’aide de 150 employés de la compagnie et par le biais des nouvelles technologies, notamment grâce aux bornes d’enregistrement équipées de scanner et à l’utilisation de quelques 200 caméras cachées.
 En plus de créer une interaction très personnalisée avec sa clientèle, WestJest va plus loin en promettant de soutenir l’organisme Ronald McDonald Canada, dès que la vidéo de cette opération aura atteint les 200 000 vues sur Youtube.
En effet, la compagnie s’est engagée à fournir des vols gratuits à l’organisme dédié aux familles d’enfants atteints de maladies graves ou de handicaps afin qu’ils puissent passer un meilleur Noël.

Réel partage ou simple coup marketing ?
Alors que la compagnie aérienne prône sur son site internet que : « Chez WestJet, nous avons toujours pris soin des gens qui nous entourent et nos investissements dans les collectivités en sont un bon exemple. »
 On peut tout de même se demander si cette belle opération n’est pas qu’un simple coup marketing afin d’améliorer et de développer le capital sympathie de la marque. En effet, des opérations similaires, déjà mises en place par les compagnies aériennes Spanair et KLM en 2010, avaient montré leurs preuves. Certes, un buzz moindre que chez WestJet mais qui leur avaient permis, tout de même, un joli coup de pub !
A l’heure de l’apologie de la consommation, toutes les entreprises, sans exception, sont en recherche constante d’une clientèle toujours plus importante.
Quoi de mieux que d’utiliser et mettre en avant sa propre clientèle pour la développer ? En effet, la compagnie aérienne WestJet a bien compris qu’un client heureux mais aussi multiconnecté peut-être un réel atout et un très bon investissement.
WestJet, par cette opération et la vidéo qui en a suivi, a réussi habilement à arriver à ses fins en plaçant bon nombre de sa clientèle comme ambassadeur de marque. Autrement dit, sa propre clientèle fera spontanément la promotion de la compagnie auprès de ses pairs consommateurs.
Cet avènement est d’autant plus important grâce à l’usage grandissant des réseaux sociaux. Ainsi ce nouveau marketing viral permet une plus grande visibilité, une meilleure communication de la marque et ce à moindre coût.
Plus généralement, on peut donc se demander si un nouveau créneau publicitaire ne serait pas en train de s’ouvrir et de se développer à travers les individus eux-mêmes, de part leurs relations avec les réseaux sociaux ?
Adeline Reux 
Sources :
Iletaitunepub.fr
Marketing20.fr
Westjet.com

Foot
Société

Du sexe et du foot, que demande le peuple ?

 
  Le 19 novembre 2013, La France se qualifie pour la Coupe du Monde 2014, à l’issue d’un match contre l’Ukraine remporté à trois buts contre zéro. Un miracle pour les Français, qui bien loin de s’y attendre, avaient abandonné leurs rêves de conquêtes footballistiques depuis quelques années. Au fur et à mesure que le match se rapproche, différents people et entreprises s’amusent à jouer sur cette vague de défaitisme national, et y trouvent un terrain idéal pour un comique de répétition bon enfant, qui fait mouche. Ainsi, Carrefour s’engage à rembourser à 100% les téléviseurs achetés si les Bleus gagnent la finale, mais Doria Tillier, la miss météo du Grand Journal de Canal +, se montre encore plus audacieuse en annonçant la veille du match qu’elle présentera la météo du lendemain « à poil » si l’équipe de France sort victorieuse. Internet s’empare du phénomène, comme le prouve le Tumblr « Si les bleus gagnent », qui recense les promesses des peoples, tandis que de nombreux anonymes se lancent des défis personnels, comme aller acheter ses croissants en tenue de ski.
Une initiative mérite cependant d’être étudiée de plus près, au-delà de l’engouement potache d’un Cyril Hanouna teint en blond — il s’agit de celle de la société de production de films pornographiques Marc Dorcel. À 20h55, le compte de Dorcel tweete une annonce en forme de blague : si les Bleus l’emportent, leurs films seront disponibles en téléchargement gratuit toute la nuit. Le défi est pris au sérieux, retweeté plusieurs milliers de fois, et c’est sans surprise que le réseau du site se trouve saturé à 22h54, alors que la France exulte de sa victoire. Le site plante, certes, les responsables n’ayant pas eu le temps de préparer le terrain pour une telle affluence, mais ce n’est pas ce qui importe le plus dans cet immense coup de communication, au demeurant très réussi.

 Un tel phénomène interroge à nouveau les rapports qu’entretient un peuple avec l’équipe qui le représente, mais aussi la conception qu’il se fait de ce sport, dans son imaginaire collectif. À travers les hashtags #FRAUKR, #AllezLesBleus, #SiLesBleusGagnent, le match France-Ukraine a été un des évènements les plus commentés : à titre d’exemple, on dénombre plus de 1 244 161 tweets à son sujet, sans compter les milliers d’articles ou de statuts Facebook publiés. Nous assistons donc à une réelle ferveur, qu’il ne serait pas abusif de qualifier de patriotique, qui touche tout le monde, du supporter endurci au Français lambda qui ignore les règles les plus basiques du football. Dans un pays divisé comme la France, au cœur duquel les écarts sociaux ne cessent de s’accentuer, comment expliquer une telle cohésion, le temps d’un soir ? Le désir de prestige international gagné sur un terrain parvient-il à créer l’unité là où la politique échoue ? En serait-on donc toujours aux problématiques du pouvoir de l’empire, dont la portée s’étend au monde entier, à travers l’affrontement de l’autre ?
 D’autre part, le succès d’une plateforme pornographique à un tel moment réactive un stéréotype vieux comme le monde : celui de l’homme qui regarde la télé, les pieds posés sur la table, et sa femme… eh bien sa femme qui attend que ça passe. Il est tentant de voir dans la passion pour le football un épanchement de la virilité, une nouvelle façon de vivre en tant qu’Homme, celui qui porte un grand H, qui inspire le respect et marque son territoire à travers la guerre, la lutte pour son statut de mâle dominant. En 2013, à l’heure de stratégies communicationnelles toujours plus sexistes (que l’on songe en effet à la campagne de publicité de Darty au moins de novembre, qui faisait son miel d’une imagerie douteuse, mi-érotique mi-glauque), de tels clichés ont malheureusement la peau dure. La satisfaction sexuelle solitaire (c’est du moins l’acception que l’on se fait généralement du film porno) serait-elle le prolongement naturel d’un exploit sportif, un exploit permis justement par le corps ? Soutenir son équipe, une forme de sublimation comme une autre, si l’on s’en remet aux théories freudiennes ? Qu’en est-il alors de la femme ? Ceci expliquerait-il que le milieu du sport soit en général très majoritairement masculin, particulièrement en ce qui concerne le foot ?
 Marc Dorcel est bien le second vainqueur du match, en ce mardi de novembre. En proposant de faire durer le plaisir de la victoire de façon, disons, plus intimiste, il parvient à faire exploser son nombre de visites. N’oublions pas que Dorcel a toujours revendiqué une esthétique porno-chic, bien loin des films crus de seconde zone, assaisonnant ainsi des codes de publicité conventionnels à un imaginaire glamour et polie, mettant un scène des plastiques sans défauts rehaussées par des accessoires souvent luxueux. Alors, la recette d’un coup de communication réussi serait donc aussi simple qu’une déclinaison des aspects les plus valorisants du corps ? La victoire est un plat qui se mange chaud, très chaud.
 
Agnès Mascarou
Sources :
Libération
Le Figaro
Football.fr
Sexpress.fr