Flops, Publicité

Imbéciles heureuses, ou la représentation des femmes dans la publicité

« Qu’on lui coupe la tête ! », hurlait la Reine de Cœur d’Alice au Pays des Merveilles. Les publicitaires ajoutent en chœur « de toute façon, elle ne lui sert à rien, on va plutôt lui coller un flacon de parfum entre les deux seins. »
Et quand la femme des publicités a le luxe d’être dotée d’une tête, elle n’est pas toujours bien faite : le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a rendu le 30 octobre un rapport accablant sur la représentation des femmes dans les publicités télévisées.

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Flops

Touché… Coulé !

Si les bad buzz de Touche Pas à Mon Poste font bien souvent le buzz, celui du 18 mai s’abat tel une épée de Damoclès sur l’émission phare de C8 et en particulier sur le présentateur Cyril Hanouna. L’affaire secoue les médias, les annonceurs, les associations LGBT, les téléspectateurs, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA)… posant ainsi la question de la survie de l’émission ou du moins de la légitimité du présentateur à garder sa place. Il n’est pas ici question d’entrer dans le débat de savoir si oui ou non le canular de Cyril Hanouna était homophobe mais bien d’adopter une vision communicationnelle des faits.
« J’aime charrier, c’est même devenu ma marque de fabrique » Cyril Hanouna
Comme le confie le présentateur, la provocation est emblématique de TPMP. Malgré son succès que l’on évalue à 1,5 million de téléspectateurs chaque soir, les limites sont trop souvent franchies, ce qui confère à l’émission une réputation de plus en plus controversée. Un des faits les plus marquants fut le baiser (forcé) du chroniqueur Jean-Michel Maire sur les seins de Soraya Riffi. Mais pourquoi l’émission continue-t-elle à jouer avec le feu vous demandez-vous ? C’est en partie parce que cette « prise de risque » demeure un moyen efficace de maintenir l’audience pour une émission dans laquelle le contenu n’a pas de réel fondement.

Quel mécanisme se cache derrière tout ça ? Ce modèle s’inscrit dans une stratégie bien construite, qui rappelle notamment celle de la télé-réalité et qui consiste en la mise en scène du clash. En effet, le scandale, le voyeurisme ou encore le croustillant sont autant d’éléments qui attirent les téléspectateurs et qui incitent par la même à la critique. TPMP ne cherche pas l’adhésion de tous mais bien au contraire la confrontation, les élans médiatiques ou encore le bouche-à-oreille ; et c’est en cela que l’émission est alimentée jour après jour comme si de rien n’était. Ce mécanisme participe d’une forme d’économie du remplissage incarnée par l’omniprésence du commentaire que l’on retrouve également dans les émissions de télé-réalité.
 
L’heure est grave !

Lu, Chanel, EasyJet, DisneyLand, Petit Navire, Bosch, Décathlon, Pringles, Guerlain, Orange, SFR, et bien d’autres encore ont ancré sur Twitter dès le lundi 22 mai leur volonté de retirer leurs publicités du créneau horaire de l’émission. Une des questions que l’on se pose est : l’émission phare de C8 va t-elle survivre ? Le monde médiatique est orchestré de telle sorte que sans l’apport financier des annonceurs, il est compliqué de survivre.
Pour avoir un ordre d’idée, TPMP coûte à la chaîne 80 000 euros par jour et les rentrées quotidiennes des investissements publicitaires s’élèvent d’ordinaire à 150 000 euros (selon les chiffres du journal Le Monde). Suite à l’annonce mercredi 24 mai de la régie publicitaire de Canal +, Touche Pas à Mon Poste a été diffusée sans aucune publicité. Cyril Hanouna prend la situation avec le sourire. Néanmoins, comme le soulève Pierre-Jean Bozo, directeur général de l’Union des annonceurs, « les marques vont demander des engagements du producteur et de la chaîne pour qu’il n’y ait plus ce genre de dérapages » avant de revenir.

 
Un déferlement médiatique

 

Si lors des précédents scandales le malaise était déjà présent, la donne n’est pas de la même ampleur pour celle du 18 mai. Les articles fusent dans la presse généraliste, les internautes se déchaînent sur les réseaux sociaux, le CSA intervient sur Twitter, les youtubers n’hésitent pas à manifester leur avis cinglant sur les faits, les associations LGBT suivent l’affaire de près, les chroniqueurs radio rebondissent sur le scandale… Vous l’aurez compris, le monde médiatique (au sens large) a les yeux rivés sur cette affaire.
Il suffit simplement de se rendre sur l’outil Google Trends pour se rendre compte statistiquement que le l’intérêt pour le sujet a subi une montée faramineuse.
Si à première vue l’émission semble être au plus bas, il est possible que la médiatisation massive de ce bad buzz serve finalement la promotion de l’émission et permette une rétention des plus fidèles téléspectateurs.

 

Un rythme d’accusation contrasté
Le contraste entre les délais d’instruction du CSA et les réactions sur les réseaux sociaux, ainsi que le retrait massif des publicités des annonceurs est frappant. Dans un monde où l’information passe par une oreille et ressort immédiatement par l’autre, une mise en cause tardive de TPMP aura nécessairement un impact moindre que si elle était effectuée à « chaud ». Le CSA n’a pas attendu d’utiliser Twitter pour diffuser un message de redirection vers sa page destinée aux plaintes mais désormais les 25 000 individus veulent des résultats.

 

Nous observons alors une contradiction temporelle entre la viralité que permet le réseau social et les moyens d’actions du CSA. En effet, comme nous pouvons le constater sur le communiqué de presse du 23 mai, il ne peut agir sans l’intervention d’un rapporteur indépendant.
 
Une tentative d’apaisement ?
La lettre ouverte de Cyril Hanouna publiée dans Libération le 23 mai a été tardive mais entendue, de même que les excuses de la patronne de la régie, Francine Mayer, auprès des annonceurs. La nouvelle secrétaire d’État, Marlène Schiappa, a de son côté annoncé vouloir rencontrer Cyril Hanouna : « au lieu d’appeler à sa démission, je souhaite être dans un dialogue avec lui » affirme t- elle. Marlène Schiappa considère que devant une audience composée en grande majorité de jeunes, l’homme a une grande responsabilité à tenir.
À suivre…
 
Pauline Baron
www.linkedin.com/in/pauline-baron-45826a136
Sources
Joël Morio, « C8 à la merci de Cyril Hanouna », Le Monde, 26/05/17, http://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2017/05/26/c8-a-la-merci-de-cyril-hanouna_5134483_1655027.html

Cyril Hanouna : «Ce sketch n’avait pas lieu d’être», Libération, 23/05/17, http://www.liberation.fr/futurs/2017/05/23/cyril-hanouna-ce-sketch-n-avait-pas-lieu-d-etre_1571758
Marin Chassagnon & Anthony Berthelier, « La liste des annonceurs qui lâchent Hanouna et TPMP s’allonge, C8 essaye de sauver les meubles », Huffington Post, 23/05/17, http://www.huffingtonpost.fr/2017/05/23/la-liste-des-annonceurs-qui-lachent-hanouna-et-tpmp-sallonge-c_a_22105066/
« Affaire Hanouna, que fait le Conseil supérieur de l’audiovisuel ? », Le Monde, 27/05/17, http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/05/27/affaire-hanouna-que-fait-le-csa_5134727_3232.html
Jamal Henni, « La publicité dans les émissions de Cyril Hanouna suspendue « pour un temps » », BFM Business, 25/05/17 http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/la-publicite-dans-les-emissions-de-cyril-hanouna-suspendue-pour-un-temps-1171788.html
« Homophobie dans TPMP : la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa veut rencontrer Hanouna », Le Parisien, 27/05/17, http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/tv/homophobie-dans-tpmp-la-secretaire-d-etat-marlene-schiappa-veut-rencontrer-hanouna-27-05-2017-6988647.php
 
Crédits photo
http://www.lexpress.fr/actualite/medias/hanouna-et-l-homophobie-l-animateur-multiplie-les-sequences-jugees-humiliantes_1909903.html
http://images.midilibre.fr/images/2017/05/23/1511371_772_une-hanouna_667x333.png?v=1 Capture d’écran Twitter Orange France https://twitter.com/Orange_France/with_replies Capture d’écran Twitter Guerlain, https://twitter.com/Guerlain/with_replies

Capture d’écran Google Trends, https://trends.google.fr/trends/explore?date=today%203-m&q=%2Fm%2F0h96rwf
Captures d’écran Twitter CSAudiovisuel, https://twitter.com/csaudiovisuel

Flops

Touche pas à mon poste, une recette gagnante au goût amer

« Bonsoir les petits chéris, merci d’être là, vous savez que je vous kiffe ! ». Ton hystérique et public survolté, le maître incontesté de la blague lourde accueille ainsi chaque soir ses quelques 1,5 millions de téléspectateurs. Voilà près de six ans que l’émission Touche Pas À Mon Poste, lancée sur France 4 puis basculée sur C8, réunit de plus en plus de fidèles… et condense autant de polémiques. Les écarts répétés commis par ses chroniqueurs font un peu trop souvent le bad buzz, et révèlent une transformation assez préoccupante de la télévision de divertissement. En novembre dernier, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) se décidait enfin à prendre des mesures, en dépit d’une impunité indicible et perverse accordée à l’émission par la loi de l’audience. Mais est-ce suffisant ?
Du simple mauvais goût au vrai dérapage
Faire chaque soir un tour d’horizon du paysage télévisuel et médiatique aurait pu être drôle et impertinent, si Touche Pas À Mon Poste n’avait pas rapidement sombré dans le divertissement facile et vulgaire. Le pseudo talk show se présente comme un lieu de débats, mais refuse méthodiquement toute argumentation. En témoignent les cartons « Oui »/« Non » que brandissent les chroniqueurs quand on leur demande leur avis sur un sujet. Surtout, pas de nuances, que des avis binaires : il ne faudrait pas que le téléspectateur se fatigue à réfléchir. De même, les chroniqueurs (qui ne font pas vraiment de chroniques) sont aussi identifiables que des personnages de dessins animés : on trouve tour à tour l’insolent snob (Jean-Luc Lemoine), la vieille voisine fofolle toujours prête à dire une énormité (Isabelle Morini-Bosc), le souffre douleur favori (Mathieu Delormeau), ou encore le lourdeau un peu obsédé (Jean Michel Maire). Cyril Hanouna, en « Baba » omnipotent de ce joyeux petit monde, n’hésite pas à interrompre immédiatement par une vanne plus ou moins légère toute tentative d’argumentation un peu trop longue. Et c’est là, la triste recette du succès version C8.

Les écarts sont quant à eux nombreux et quotidiens, à tel point qu’on ne les compte plus. L’émission classée « tout public » banalise pourtant le sexisme, l’humiliation, l’homophobie ordinaire, et en fait des ressorts humoristiques admis et assumés. C’est d’autant plus problématique qu’elle revendique expressément le choix de s’adresser à un public de jeunes, qui entre eux « ne font que se vanner, se charrier », et donc comprennent l’humour de l’émission, argue Cyril Hanouna.
On retrouve dans l’émission tout ce qu’on interdirait à des enfants dans une cour de récréation : blagues franchement limites (on se souvient du « On va les niquer les trisomiques », à propos de l’Eurovision), vulgarité, jeux avec de la nourriture, agressivité sous couvert d’éclats de rire forcés, humiliations répétées (« NRJ12, ils vous ont mis dehors comme une merde, et qui c’est qui est venu dans mon bureau en juillet comme une pleureuse ? Mais ferme ta gueule », balance froidement Hanouna à Delormeau, qui s’était permis une remarque). Le tout bien sûr rarement puni, parce qu’où avions nous la tête : c’est de l’humour !
Dites-moi que c’est un flop ?
Alors on aimerait pouvoir dire flop. Sauf qu’avec son million de téléspectateurs quotidien (en moyenne 6 % de parts d’audience), l’émission est incontestablement un top d’audience, et mobilise aussi un grand nombre de fidèles sur les réseaux sociaux. Hanouna compte personnellement plus de quatre millions de followers sur Twitter. Dans une tranche horaire où l’on a le choix entre les JT de TF1 et France 2, Le Grand Journal, C à Vous et Plus Belle la Vie, Touche Pas À mon Poste bat tous les records en se plaçant sur le registre du total divertissement. Depuis la rentrée 2016, le petit nouveau Quotidien l’a cependant un peu mis en difficulté, empiétant sur ses plates bandes humoristiques et impertinentes (avec des résultats, on en conviendra, assez différents). Touche Pas À Mon Poste est un tel succès qu’on peut depuis la rentrée en voir au Liban la réplique parfaite. La recette est reprise, même pas adaptée : même plateau et chroniqueurs, répliques conformes de leurs modèles français.
CSA vs Hanouna
Alors le succès rendrait-il intouchable ? Triste constat, mais qui semblait jusqu’à il y a peu pertinent. Le CSA est en effet resté de marbre après une séquence où l’un des chroniqueurs voyait son pantalon rempli de spaghetti par l’animateur star, malgré ses refus répétés de participer au petit « jeu ». L’instance s’enfonce alors dans un gouffre de paradoxes : elle examine la scène « en tenant compte de son contexte humoristique », décide de ne pas sanctionner l’émission, tout en rédigeant une lettre au patron de D8 l’invitant à ne pas réitérer ce genre de séquences « pouvant être perçues comme une forme d’humiliation » et produire auprès du jeune public une « banalisation de telles pratiques »…
Mais en novembre dernier, c’est une avalanche de plaintes qu’a reçu le gendarme de l’audiovisuel, à la suite de plusieurs séquences tristement connues (Jean Michel Maire embrassant les seins d’une invitée contre son gré, ou assénant à son collègue chroniqueur homosexuel Mathieu Delormeau qu’il « passe bien deux heures sur une teub, lui »). Ce même chroniqueur est victime des multiples marques d’agressivité d’Hanouna, qui en a fait son souffre douleur préféré. L’impunité de l’animateur tout-puissant semblait alors devoir toucher à sa fin, puisque le CSA décide de prononcer contre l’émission une mise en garde et une mise en demeure (qui ne sont cependant, que des sortes d’avertissements formels). Mais c’est ignorer les infractions bien plus insidieuses que commet quotidiennement l’émission. Le journaliste Bruno Donnet le montre parfaitement dans une chronique pour France Inter, parlant d’humiliations qui sont « sans précédent dans l’histoire de la télévision ».
Alors que les chroniqueurs s’insurgent contre l’acharnement du Conseil, hurlent à la censure, le CSA a même fini par souffrir l’humiliation d’être « remercié » en direct par Hanouna, qui, grand prince, a affirmé trouver leur travail très important et apprécier que le conseil des sages « s’inquiète » pour son émission.
Alors certes, il ne s’agit pas de rejouer ici une querelle de la bienséance. Il s’agit plutôt de refuser que la télévision « tout public » à des horaires d’access prime time ne devienne un gouffre d’inculture et de vulgarité frisant le hors la loi. Cependant, ce refus contrecarre le bon vouloir des annonceurs, des actionnaires de l’émission (Bolloré est majoritaire) et de la chaîne. Mais peut-être serait-il sage pour le CSA, instance neutre, de ne pas ignorer plus longtemps ce genre de violences quotidiennes devenues, malheureusement, trop ordinaires.
Violaine Ladhuie
Crédits :
Captures d’écran de l’émission
Sources :
• La décision du CSA du 23/11/2016. Consultée le 10/01/2017.
• Samuel Gontier, « Grand seigneur, Hanouna dit merci au CSA pour les sanctions ». Télérama, le 24/11/2016. Consulté le 10/01/2017.
• « Se faire mettre des pâtes dans le slip chez Hanouna, est ce de l’humiliation ? », Le monde.fr, le 02/02/2016. Consulté le 10/01/2017.
• Allyson Jouin-Claude, « A quoi ressemble la version libanaise de Touche pas à mon Poste » . Le figaro.fr, le 05/01/2016. Consulté le 10/01/2017.
• Ricard Sénéjoux « Des nouilles dans le slip chez Hanouna, le « oui mais » du CSA ». Télérama, le 03/05/2016. Consulté le 10/01/2016.
• Bruno Donnet, chronique pour France Inter sur la normalisation de l’humiliation dans Touche pas à mon Poste, le 01/02/2016.

Médias

Les célébrités misent sur une com bourrée d'authenticité

Pour embellir toujours plus leur image les célébrités misent sur une communication originale fondée sur l’authenticité. Le succès de l’émission « Les Recettes Pompettes » qui met en scène des personnalités s’alcoolisant à l’écran est le signe d’une stratégie de communication nouvelle dans laquelle les stars ne montrent plus l’exemple.
Alcool, célébrités et plateaux TV
Alcool, célébrités et plateaux TV font depuis toujours bon ménage. Ce n’est pas un secret: la production met à disposition de l’alcool aux invités en coulisse. Marc-Olivier Fogiel explique « qu’il y a un peu de champagne en coulisses car on sait recevoir convenablement les gens » mais Thierry Hardisson, avec beaucoup moins de tact ou beaucoup plus d’honnêteté affirme que « torcher les invités c’est LE secret des talk-shows. » Il avoue même avoir être ivre au bout d’un quart d’heure sur le plateau des « Enfants de la télé ».
Le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) qui veille à ce que les contenus diffusés à la radio ainsi qu’à la télévision n’incitent pas à la consommation d’alcool ou de drogue a voté en 2008 une délibération relative à l’exposition des drogues illicites à la télévision et à la radio. Cependant elle ne mentionne pas les personnalités qui pourraient être sous l’emprise de l’alcool en plateau.
L’alcool en scène
Si l’alcool avait pour habitude d’être présent mais caché, avec les « Recettes pompettes », les personnalités s’alcoolisent devant la caméra. Adaptée de l’émission québécoise « Les Recettes Pompettes d’Eric Salvail » le concept est simple : l’invité tente de réaliser une recette de cuisine en buvant des shots d’alcool proposés par Monsieur Poulpe.

La promesse de ce divertissement est d’obtenir des réactions inattendues, des maladresses, des dérapages linguistiques. Approchant le demi-million d’abonnés sur YouTube, le format plait. Une des clés du succès: l’invité. Bien sur celui-ci doit se prêter au jeu et plus sa notoriété est élevée, plus cela attire l’attention. On pourrait se demander quel est l’intérêt de la personnalité à s’adonner à un tel spectacle, au risque de perdre le contrôle. La réponse est simple, la décontraction est à la mode.
Outre-atlantique nous le constatons avec « The Ellen DeGeneres Show », talk-show américain dans
lequel des célébrités se prennent au jeu et montrent leur visage le plus fou, Adam Devine et sa mère se sont par exemple prêtés au jeu de la pie face.

Avec les « Recettes Pompettes » l’alcool est là pour désinhiber les célébrités. Ainsi en ne contrôlant plus trop leur langue et leur cerveau, des vérités sont avouées et des personnalités sont découvertes. Les dérapages seraient donc le prix à payer pour une communication plus efficace, plus percutante et adressée à un public plus jeune, très actifs sur les réseaux sociaux; cette émission choc assure un relais des extraits sur les réseaux sociaux et une visibilité plus grande pour ces célébrités à la recherche de toujours plus d’influence.

Prenons l’exemple de Stéphane Bern, institution de la télévision française à l’image lisse, l’humour
contrôlé et la communication bien huilée. Sa présence dans cette émission surprend, lui qui est plus familier des maisons royales. D’autant plus qu’il est le premier à se lancer. Aux côtés de Monsieur Poulpe, son image est « écornée » mais c’est un homme plus proche de son public que l’on découvre, drôle et détendu. Le spectateur ressent une forme d’honnêteté de la part de l’invité, ce qui apporte une nouvelle dimension aux interviews traditionnelles.

« Recettes Pompettes »: alcool dans le verre, CSA sur le dos

La mise en scène de l’alcool par les « Recettes Pompettes » n’est pas vue d’un très bon œil ni par le CSA ni par de nombreuses associations notamment l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA) qui dénoncent une apologie de la consommation excessive d’alcool. Dans l’émission « C à vous », diffusé sur France 5, les invités ainsi que les animateurs et chroniqueurs sont autorisés à boire du vin autour d’un repas. On voit donc que le problème en soit ce n’est pas la consommation d’alcool mais sa consommation excessive et surtout la mise en scène sous forme de jeu. Il y a dans les « Recettes pompettes » une déresponsabilisation des producteurs et des intervenants vis à vis des dangers de la consommation d’alcool.

Phénomène à la mode, la décontraction et le lâcher prise poussent les personnalités à se conformer à cette nouvelle mode et pour cela ils s’adonnent à des activités qui peuvent les pousser au dérapage. Le public veut de l’authenticité; avec les « Recettes Pompettes » les spectateurs se sentant plus proches de l’invité arrivent mieux à s’identifier à eux; « TPMP » sur C8 en est la preuve puisque malgré les procès et mises en garde du CSA, l’audience n’a jamais été aussi élevée. On peut donc dire que les « Recettes Pompettes » sont le symptôme d’une communication décontractée, à la recherche de buzz et d’authenticité qui alertent cependant sur les dérives d’une communication sensationnelle.
Xuan NGUYEN MAZEL
LinkedIn

Sources :

• CW, Stéphane Bern réagit à la polémique sur les «Recettes pompettes». 20minutes.fr. Mis en ligne le 07/04/2016. Consulté le 03/01/2017.

• Le rôle et les missions du CSA. CSA République Française. Consulté le 03/01/2017.
 
• Franceinfo avec AFP, Une nouvelle émission diffusée sur YouTube provoque la colère d’une
association anti-alcool. francetvinfo.fr. Mis en ligne le 04/04/2016. Consulté le 03/01/2017.
 
• 20minutes, L’alcool coule-t-il à flots sur les plateaux de télévision ?.
jeanmarcmorandini.com. Misen ligne le 20/03/2008. Consulté le 03/01/2017.
 
• Henri Poulain, STUDIO BAGEL PRODUCTIONS. Séphane Bern – Les Recettes Pompettes.
youtube.com. Mis en ligne le 13 avril 2016. Consulté le 02/01/2017.
 
Crédits :

© Salvail & Co 2014
© STUDIO BAGEL PRODUCTIONS 2016
© theellenshow 2016

 

Société

L’association Promouvoir – entre protection et censure, il n’y a qu’un pas.

On a fini 2016 avec un article sur la polémique autour de la sortie de Sausage Party (film retraçant le périple initiatique d’une saucisse entre deux ou trois connotations pornographiques). On commence donc 2017 en s’intéressant à André Bonnet, figure de proue de l’association « Promouvoir », déboutée le 14 décembre dans sa charge judiciaire contre le film controversé. Ou comment un seul homme fait trembler tout le cinéma français actuel.

Archives

Jacques se repose

 
« Halte à l’invasion publicitaire dans le métro ! ». On le sait, les affiches sont les publicités les plus agressives. Il est impossible de s’y soustraire…sauf en fermant les yeux. Or pour trouver son chemin dans les labyrinthes de la RATP, avoir des yeux attentifs et grands ouverts est conseillé !
Impossible de se soustraire à la publicité dans le métro. En effet celle-ci est omniprésente : les couloirs, les quais, les métros semblent tapissés d’affiches. Chaque station contient en moyenne 144 m²de ces panneaux publicitaires. Les Parisiens le savent bien, les panneaux de 3 sur 4 mètres font partie du paysage souterrain. Que l’on soit de l’autre côté du quai ou placé de biais, la publicité s’impose à nous. Le métro parisien détient ainsi le record de la surface publicitaire. Ce phénomène tend à prendre de l’ampleur avec le développement des panneaux lumineux.
« La pub me fatigue ». Nous, grands habitués du métro, ne faisons plus guère attention à ces pubs. Elles font désormais partie de notre quotidien. Le groupe des Reposeurs, en disant leur désaccord avec ce modèle publicitaire, nous donne l’occasion de réfléchir sur ces panneaux. Ce groupe antipub mobilise principalement des jeunes qui se sont réunis tous les jours à 18h du 13 au 26 octobre, devant la Sorbonne.
Leur but : Faire réagir la RATP pour une réduction de la surface publicitaire. Selon eux, des affiches de 50 cm sur 70 sont suffisantes. Il s’agit là des dimensions des affiches associatives. Ils expliquent, en effet, que cette taille laisse le choix au voyageur de s’arrêter pour en savoir plus. De cette façon, il cesserait d’être la victime des annonceurs. L’affichage publicitaire serait ainsi réduit à 8m² par station.
Leur moyen : L’utilisation massive de papiers repositionnables, ou de feuilles A4. Encore une fois, il faut laisser le choix au voyageur de s’approcher pour en savoir plus. Ces affichettes sont constituées de slogans et donnent l’adresse du site : une information minimale. Par leur moyen-même, qui n’est pas agressif, les Reposeurs manifestent leur désir de lutter contre le « matraquage publicitaire ».
Leurs résultats : 57% des Franciliens sont favorables à une réduction de la taille des panneaux publicitaires et à une réduction de leur nombre.
Tel est le résumé de leur action. Cependant, le même sondage montre que 52% des personnes interrogées percevaient les affiches comme « dignes d’intérêt », non pas comme des « agressions visuelles ». Les Reposeurs restent tout de même optimistes. Notons que la RATP n’a toujours pas réagi… Il semble que l’année prochaine, nous aurons droit à une autre campagne à base d’affichettes !
En somme, les Reposeurs développent une campagne sympathique, qui amène le voyageur à sortir de sa torpeur. Mais, il faut le dire, ils ne sont pas près d’obtenir gain de cause… Le développement des panneaux lumineux, certes moins grands en surface, accroit l’agression publicitaire dans les métros. Il semble en effet que nous soyons dans un processus d’innovation des formes publicitaires qui deviennent toujours plus agressives. Eh oui, il faut réveiller la cible pour qui les panneaux publicitaires deviennent partie intégrante du quotidien. Les yeux glissent sur ces surfaces colorées, s’y attardant de moins en moins. Les Reposeurs ont d’ailleurs été un élément perturbateur dans la douce monotonie de nos trajets en métro, nous sortant de nos habitudes… On peut alors s’interroger sur cet ultime renversement : les agents publicitaires devront-ils utiliser la même méthode que les Reposeurs, à savoir réveiller les passagers et attirer de nouveaux regards curieux ?
 
Clothilde Varenne
Sources :
Le rapport du CSA
Le site des Reposeurs
Crédits photo : ©Les Reposeurs
 

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Archives

Jacques a dit chut !

 
Les élections présidentielles sont enfin terminées, après presque un an de campagne – un répit bien mérité. Sans vouloir répéter ce qui a déjà été dit ni commenter les commentaires des commentateurs, qui se sont plaints en continu des bavardages incessants autour des débats et des chiffres – ces fameux sondages –, je souhaitais simplement vous inviter à savourer ce silence – enfin, ce silence tout relatif, maintenant que les législatives approchent…
Outre les enjeux politiques – le « outre » est de taille, je vous l’accorde –, cette campagne aura permis d’interroger la pertinence d’un certain nombre de règles médiatiques. On a beaucoup critiqué les obligations auxquelles le CSA avait soumises les chaînes de télévision et les radios : l’équité, suivie de l’égalité du temps de parole et des conditions de programmation, et enfin l’interdiction de diffuser pendant le weekend électoral des commentaires ou des propos engagés, qui risqueraient potentiellement de perturber les votants juste avant leur choix.
Je voudrais revenir sur cette dernière règle, qui a conduit les télés et les radios à exécuter de spectaculaires exercices de gymnastique médiatique, souvent cocasses, parfois un peu pathétiques – pirouettes habiles ou pitreries, destinées à combler le temps de parole jusqu’à ce que sonne 20h…
Car samedi et dimanche, impossible pour les journalistes de parler du programme des candidats ; alors même que les élections occupaient la plupart des esprits, il leur était interdit de faire un sujet de fond sur la campagne. Les émissions épluchant, décortiquant les propositions, n’ont certes pas manqué durant les semaines et les mois précédents : les électeurs ne peuvent pas se plaindre sans faire preuve de mauvaise foi d’avoir manqué d’informations pour faire leur choix en toute connaissance de cause… Ce qui est en revanche plus singulier, et qu’il faut noter, c’est que cette interdiction du CSA a forcé les média à proscrire le nom même des deux candidats : ils n’avaient plus le droit, à l’antenne, de prononcer « François Hollande » ou « Nicolas Sarkozy ». La raison : cela aurait pu influencer le vote – et les télés et radios auraient pu se voir accusés d’être partisans…
Un bon nombre de journalistes s’en sont amusés, notamment sur les ondes radio : je retiens la chronique d’un humoriste d’Europe 1, qui se demandait justement quel sujet il pourrait traiter et comment il parviendrait à combler son temps d’antenne – mise en abîme, métadiscours ! Et ne trouvant d’autre matière que les présidentielles pour alimenter sa chronique, il choisit le parti pris d’utiliser des surnoms tel que le fameux « Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom », que l’on doit à Harry Potter, pour évoquer les candidats, ou encore de se servir de métaphores cardinales – est, ouest – pour parler de la droite et de la gauche. Tout cela, bien évidemment, pour souligner la gêne à laquelle était confronté l’ensemble des télés et des radios, alors qu’un bon nombre d’entre elles avait justement et paradoxalement bâti leur programme éditorial du weekend autour des élections… Reprenons l’exemple d’Europe 1, qui avait prévu une spéciale « 40h non-stop » – « Coulisses, réactions, premiers résultats. Pendant 40 heures, Europe 1, ses envoyés spéciaux et ses correspondants vous livreront toutes les informations sur le scrutin » –, créant même pour l’occasion le hashtag « #40h »…
Résultat ? Les média ont été réduit au commentaire du dispositif électoral sans pouvoir traiter des élections elles-mêmes – les idées, les dernières tendances de vote, etc. On a vu les journalistes se rendre aux bureaux de vote stratégiques pour filmer les électeurs – les citoyens ! –, et espérer recueillir des images des électeurs un peu spéciaux – candidats et anciens candidats éliminés au premier tour… Ont été également retransmis des « reportages » sur la préparation et l’attente fébrile au sein des QG de campagne – reportages qui n’ont sans doute du reportage que le nom…
On a comblé le « silence » imposé par le CSA aussi bien que l’on a pu.
Faut-il donc remettre en question les règles imposées par l’organisme ? Car si d’un côté la parole médiatique tenait davantage de la communication phatique – ne pas rompre le contact avec les téléspectateurs/auditeurs jusqu’aux 20h – que de l’information, on peut trouver du bon à cette prescription. Elle forcerait en effet les électeurs à se poser et à prendre le temps de réfléchir par eux-mêmes, pour faire le tri entre les messages émis en continu et par l’intermédiaire de tous les types de canaux par les journalistes, analystes, commentateurs, etc. de tous bords politiques… Eviter que l’électeur ne se décide au dernier moment, sur un coup de tête, parce qu’il aurait entendu une remarque qui lui aurait particulièrement plu ou déplu.
Faire en sorte que le choix ne soit pas soumis au zapping.
 
Elodie Dureu

Micro et chronomètre
Société

Le CSA comme arbitre des joutes médiatiques de 2012

2012 ! La rubrique Asymétrie vous souhaite une très bonne année ! Profitez bien de ces trois centaines de jours à venir, on entend certains dire que ce sont les derniers… Mais avant la fin du monde, les citoyens prendront le temps d’élire celui ou celle qui présidera la  France jusqu’en 2017. Le pays ne prendra pas tant de temps que ça puisque le scrutin a lieu dans moins de cinq mois maintenant !
Dans un souci de démocratie et de représentation du pluralisme politique, le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) a défini les règles de la campagne de 2012. Elles sont entrées en vigueur hier !
 
Les règles* 
 
Pour les quelques temps à venir, l’opposition n’a donc plus seulement le droit à 50-70 % du temps de parole de la majorité (N. Sarkozy + UMP) :
• Jusqu’au 20 mars, les candidats « déclarés » et « présumés » doivent avoir un temps d’antenne (c’est-à-dire une visibilité médiatique) et un temps de parole (c’est-à-dire d’expression directe de leurs messages dans les médias) équitables (« en rapport avec leur notoriété et leur influence, leur représentativité et leurs activités de campagne » selon les mots de l’ancien président du CSA, Dominique Baudis).
• Ensuite, jusqu’au 9 avril, les candidats ayant obtenu au moins 500 signatures devront disposer de temps d’antenne équitables et d’un temps de parole égaux.
• Enfin, le 10 avril s’ouvre officiellement la période de campagne officielle pendant laquelle temps d’antenne et temps de parole devront être rigoureusement identiques. Les conditions de programmation devront évidemment être comparables (pas de candidat à 3h du matin pour compenser un prime time sur un autre candidat…).
Cette équité se fait au sein de chaque chaîne sur des périodes bien délimitées. En somme, ce sont les mêmes règles que pour la campagne de 2007 à cette différence près que ces règles avaient été appliquées un mois plus tôt lors du précédent scrutin présidentiel.
Ah non, il y a un changement !
 
Une nouveauté importante
 
Jusqu’à hier, les temps de parole des soutiens  des candidats n’étaient pas comptabilisés s’ils n’appartenaient pas au parti du candidat. Maintenant : si ! Toutes les expressions d’opinion, toutes les analyses exprimées qui sont « manifestement favorables » à un candidat, que celles-ci émanent d’un spécialiste politique ou non sont comptabilisées.
Cette règle peut contribuer à améliorer la visibilité des « petits » candidats qui ont moins de soutien de grande notoriété que les principaux candidats. Le CSA espère peut être ainsi rééquilibrer la visibilité de tous les candidats.
 
Les choses sérieuses démarrent
 
Jusqu’au scrutin, la distribution du temps de parole va être surveillée avec plus de précision par le CSA, et ce de manière accrue à mesure que l’on approchera des échéances. On peut donc espérer que les candidats tenteront de rationaliser leur temps d’apparition médiatique en jouant moins le jeu des petites phrases -parfois amusant, certes, mais dont l’aspect guéguerre est indigne de l’importance du scrutin à venir- et en insistant d’avantage sur les questions de fond. Autrement dit, avec l’arbitrage du CSA qui vise à plus d’équité puis à plus d’égalité, un candidat ne peut plus s’en tenir aux phrases futiles pour se démarquer. En ces temps de crise, peut-être faut-il mieux briller par les compétences plutôt que par le succès lors des joutes verbales parfois superficielles et enfantines.
 
Thomas Millard

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