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Jacques a dit : A la recherche de l'intimité digitale perdue

 
On nous annonçait il y a quelques jours que Snapchat s’était fait pincer : bye-bye les photos éphémères, et bonjour l’archivage massif.
Pourtant, malgré les failles de sécurité et de confidentialité qui se succèdent, le nombre de réseaux sociaux et d’applications perso continuent leur ascension. Pour longtemps ? Car les bugs répétés ont effectivement eu vocation à éveiller chez l’utilisateur l’aspiration à une expérience différente. Une tendance qui s’est illustrée lors de la publication par Influencia de l’Observatoire des tendances 2014 d’M6 : d’un côté l’homme bionique, porté par l’arrivée des Google Glass, les avancées M2M, mais également les séries d’anticipation comme Black Mirror et Real Humans ; le tout confronté à une envie significative de déconnexion, de « retour à la patience », à l’état « undigitalised ». Un véritable grand écart, en somme, lequel s’observe à travers différents phénomènes.
Pour partager mieux, partageons cachés
Lequel n’a d’entre nous n’a jamais songé à disparaitre définitivement de la surface des réseaux sociaux (de la surface seulement, inutile de se fourvoyer sur un complet nettoyage de nos données sur le web). Une tendance qui ne date pas d’hier, puisque dès 2013, l’application Social Roulette nous enjoignait à mettre en jeu la vie de notre compte Facebook, et par là-même d’une partie de notre identité virtuelle : une réaction hypodermique à la place qu’avait pris la communauté Zuckerberg dans nos vies. Mais qui peut se targuer d’en avoir réellement été sevré ? Au contraire, chaque réseau additionnel s’est évertué à devenir indispensable. Twitter, LinkedIn, Instagram, Pinterest, Foursquare… et même Google+ ; une horde de réseaux à l’émergence rapide, lesquels ont fini par s’agglomérer dans l’éventail d’applications du smartphone de l’utilisateur. Une dépendance chronophage, néfaste pour certains, et qui pousse le marché à trouver des alternatives digitales.
Adieu présentations de profil, expérience, groupes d’amis… L’anonymat, nouvelle promesse des applications dites « anti-Facebook », antres de la parole libérée et des données – prétendument – dissimulées. Whisper et Secret, pour n’en citer deux, font partie de cette liste. Pas grand-chose de plus que des photos et des phrases cinglantes, brèves, drôles, pour confesser ses petites zones d’ombre, secrets honteux, ou amuser la galerie. Le partage et le like demeurent, mais l’utilisateur ne saura (jamais ?) qui a professé ces dires. Une solution qui semble avoir trouvé son public aux Etats-Unis. « A place where you can be yourself » comme se présente l’application Whisper, lancée en France fin avril, et qui se targue déjà d’afficher dans son pays natal un nombre de publications mirobolant.
Veuillez patienter, déconnexion en cours…
Une montre qui mesure votre pouls, des colliers qui déterminent l’état de santé des animaux qui les portent, des caisses de vins connectés pour garantir leur conservation… Il faut l’avouer, la technologie et les objets connectés ont du bon. Pour certains en revanche, le burn-out est proche. Comment alors réussir à retrouver la valeur du temps, le plaisir d’une minute hors de l’exaspérante vitesse de notre environnement ? On connaissait les voyages proposant un break digital, les cures de « désintoxication » au numérique. Aujourd’hui ce sont les marques que l’on retrouve à l’origine de ces initiatives, l’exemple en est de KitKat, qui a instauré à Amsterdam le temps d’une campagne en 2013 des « Free No-Wifi Zones », grâce à l’utilisation de brouilleurs, permettant ainsi aux passants de profiter d’une pause déconnectée, loin de l’agitation de leurs appareils électroniques.
Un engouement qui séduit son public, comme le montre la vidéo « Look Up », publiée récemment sur Youtube par un anglais, Gary Turk, véritable critique contemporaine d’un monde où l’homme est trop obnubilé par son téléphone pour saisir l’essence de sa vie, et qui comptabilise aujourd’hui près de 39 millions de vues.

Les pulsions antagonistes donc, d’un monde à l’évolution étourdissante, où l’on s’imagine déjà vivre l’expérience d’un épisode de la série britannique Black Mirror (diffusée actuellement sur France 4), en recréant l’humanoïde d’un proche disparu, grâce à son utilisation des réseaux sociaux alors qu’il était encore en vie. Une perspective fascinante autant qu’effrayante, dans une réalité qu’il nous est désormais possible de toucher du doigt.
 
Eléonore Péan
Sources :
Influencia.net.net
LeMonde.fr
Digitalbuzzblog.com
Crédits photos :
SoWhatFace.com
HerCampus.com
DesignTaxi.com

Flops

UFC QUI PUNIR ?

 
L’association de consommateurs UFC Que Choisir a assigné devant le tribunal de grande instance de Paris Facebook, Twitter et Google+ pour clauses jugées « abusives ». L’association s’est attaquée aux plus grands et pointe du doigt leur manque de transparence quant à la gestion des données personnelles des internautes.
L’association avait déjà mis en demeure ces géants de l’internet en juin 2013, et déplore l’avancement des discussions depuis l’année dernière : « Après plusieurs mois de discussions, malgré nos avertissements, ils s’entêtent à maintenir des clauses que l’association juge abusives ou illicites, et ont fait le choix de maintenir les clauses problématiques de leurs conditions générales d’utilisation ».
En effet, il n’y a eu aucun progrès concernant la transparence des accusés. « Les conditions sont toujours aussi inaccessibles, illisibles, remplies de liens hypertextes – entre 40 et 100 liens hypertextes – renvoyant parfois à des pages en langue anglaise », « Pire, les réseaux persistent à s’autoriser très largement la collecte, la modification, la conservation et l’exploitation des données des utilisateurs et même de leur entourage. Ils s’octroient toujours, sans l’accord particulier des utilisateurs, une licence mondiale, illimitée et sans rémunération, d’exploitation et de communication des données à des partenaires économiques » déplore l’UFC.
Alors que des millions d’internautes partagent des messages, des photos ou des vidéos, l’association demande à Facebook, Twitter et Google+ de respecter le code de la consommation ainsi que la loi Informatique et des libertés. La politique de ces derniers permettrait une utilisation tentaculaire et à l’infini de nos données personnelles, un véritable enjeu et une vraie problématique à l’heure où l’information est devenue une véritable monnaie d’échange.
Selon Alain Bazot, patron de l’UFC, l’assignation en justice est justifiée par le fait que le plus souvent les internautes ignorent que ces réseaux peuvent utiliser leurs informations, les transmettre ou les vendre. L’UFC prend l’exemple de l’icône de partage d’un message ou d’un article via Twitter, Facebook ou Google+. « Ce sont des icônes espions qui permettent de savoir que vous avez visité la page et qui suivent votre comportement sur Internet ». Le but serait de favoriser la publicité ciblée. Vous savez, cette fameuse publicité qui mettent en avant un appareil photo ou des chaussures devant lesquelles vous bavez depuis des mois, et qui apparait innocemment sur votre compte Facebook, cette publicité qui enrage et qui nous alerte sur la disponibilité de nos informations personnelles.
Certains bugs informatiques, comme les messages privés qui apparaissent sur les murs Facebook de chacun, nous rappellent que ces informations sont stockées et utilisables sans que l’on puisse avoir une quelconque emprise sur celles-ci. C’est pourquoi les internautes – de moins en moins dupes – se posent de réelles questions sur la protection de leurs informations personnelles. Selon un récent sondage de CSA pour Orange, 42 % des Français pensent que la protection s’est détériorée et 85 % déclarent être dans l’impossibilité d’effacer d’Internet des informations les concernant.
L’association a donc mis en ligne une pétition intitulée « Je garde la main sur mes données » illustrée par des vidéos « Sur les réseaux vous êtes vite à poil » :

L’association française n’est pas la première à faire état du manque de transparence des réseaux sociaux. Le 31 décembre 2013, Techbrunch a publié un article révélant le piratage de l’application Snapchat par le site SnapchatDB.info. Les informations de 4,6 millions d’usagers de Snapchat ont alors été rendues publiques. Le but premier de ce piratage était de pointer du doigt la faible protection des informations des usagers de l’application. Snapchat a immédiatement réagi en annonçant une nouvelle version sécurisée afin de rassurer ses usagers. Le piratage de cet outil de communication a fait ressurgir bien évidemment des débats sur la limite de la vie privée sur les réseaux sociaux.
Le signal d’alarme a été enclenché : il serait temps que les géants commencent à faire preuve de plus de transparence.
Sibylle de la Marandais

Sources :
Lemonde.fr
Leparisien.fr
Quechoisir.org

Mark Zucherberg
Les Fast

MARK ZUCKERBERG, ENCORE COOL ?

 
Mark Zuckerberg, fondateur et PDG de Facebook, et qu’il est désormais inutile présenter depuis que le biopic du réalisateur David Fincher (The Social Network) le fait figurer au Panthéon des plus grands Self-Made Men de ce monde, vient de racheter le casque de réalité virtuelle Oculus pour plus de deux milliard de dollars. Mais cette fièvre effervescente, cet engouement pour des nouvelles technologies de pointe et des programmes prometteurs n’est pas non plus sans susciter un tollé général parmi les internautes. Que dire de l’image du patron de Facebook, après les réactions qu’ont suscité son récent rachat d’Oculus Rift, casque de réalité virtuelle conçu par le jeune prodige Luckey Palmer ?
 En effet, à l’annonce de ce rachat, mardi 25 mars, Mark Zuckerberg et Luckey Palmer ont dû faire face à un déchaînement de commentaires plus amers les uns que les autres. Facebook, dans son appétit démesuré, ne se contenterait plus d’Instagram, de Whats App, mais chercherait à conquérir également le domaine de la réalité virtuelle. Que penser des dérives tentaculaires de Facebook lorsqu’il cherche à investir un tout nouveau domaine et à s’arroger une découverte qui semblait réservée au gamers ? Se pourrait-il que des dérives publicitaires du casque de réalité augmentée ne viennent occulter ce côté « cool », initial dont il semble que peu à peu Facebook se détache via sa progressive monétarisation et publicitarisation ?
 Serait-ce parce qu’on est en avril qu’une des plus jeunes fortunes du classement Forbes, Mark Zuckerberg, intègre l’adage ne te découvre pas d’un fil en cherchant à se vêtir de tous nouveaux vêtements virtuels ? C’est la question que se posent les internautes, Facebook, n’est-il plus vraiment « cool », frais, sans pub, du tout ?
 Matthieu Parelon

Twinstagram
Les Fast

Quand le petit oiseau bleu ne gazouille plus trop

 
C’est une petite nouvelle qui en dit beaucoup sur l’état des réseaux sociaux à l’heure actuelle, du moins aux États-Unis. Twitter serait en train de se faire devancer par l’application Instagram. En effet, un sondage réalisé par le cabinet d’analyse E-marketer et commandé par le Financial Times nous rapporte qu’au cours de l’année 2013, près de 35 millions d’utilisateurs américains se sont servis d’Instagram au moins une fois par mois par le biais de l’application mobile, contre 30,8 millions pour Twitter. Un fossé de près de 5 millions d’utilisateurs qui se creuse de plus en plus chaque jour, si l’on en croit la réalité des faits.
Il est vrai que depuis quelques temps, on avait un peu l’impression que Twitter s’effaçait derrière des réseaux sociaux comme Snapchat ou Instagram, dont les mécanismes reposent sur une importance de l’image ; éphémères pour l’un, filtrées pour l’autre. Et l’application Instagram, rachetée par Facebook il y a pile un an, a assez vite été rendue populaire par la diffusion et la vulgarisation de ses propres codes. Même le hashtag, qui relevait d’abord avant tout du « jargon Twitter » s’y est vu repris plusieurs fois, avec pléthore de petites expressions récurrentes telles que le fameux #nofilter ou #selfie. Instagram a développé et mis au centre de sa stratégie ce que Twitter avait esquissé: une manière branchée de raconter sa vie à la face du monde. Et maintenant que Twitter ne conserve parmi ses utilisateurs plus que, pour la plupart, des personnes davantage intéressées par la diffusion d’informations, il est difficile pour ce réseau social de conserver son importance dans une société de l’image, où les réseaux sociaux sont aussi et surtout beaucoup utilisés pour se mettre en valeur, parler de soi et donner une bonne image de soi à la face du monde, à grands renforts de selfies. Ainsi, un sondage réalisé auprès des Américains ( rappelons que 54 % des utilisateurs de Twitter sont américains ) place l’oiseau bleu en 11ème position de leurs réseaux sociaux préférés, loin derrière Facebook et Instagram ( respectivement premier et deuxième ). Constat d’autant plus inquiétant pour Twitter puisque, désormais, les annonceurs et les agences de publicité se tournent vers Instagram pour véhiculer et mettre en valeur leurs produits. Le 10 mars dernier, Instagram a ainsi signé un contrat avec Omnicom, un grand groupe de publicité américain.
Trop compliqué, pas assez fun… Beaucoup de reproches sont aujourd’hui faits à Twitter. Comment le réseau social va-t-il pouvoir s’en sortir face à la compétition accrue menée par Instagram, Vine, Snapchat et toutes ces applications de l’image? L’avenir de Twitter, qui semblerait néanmoins assez assuré grâce à ses 240 millions d’utilisateurs, est tout de même incertain. Et si l’oiseau bleu finissait par se brûler les ailes?
Camille Gross
Sources :
Stratégies

oculus rift
Com & Société

Réalité virtuelle par Facebook : lubie ou stratégie ?

Oculus VR, une start-up visionnaire
Deux milliards de dollars, c’est la somme déboursée par Facebook pour l’acquisition d’Oculus VR, jeune start-up californienne dont le principal produit est le casque Oculus Rift, outil de réalité augmentée permettant une véritable immersion dans un monde virtuel. Autant dire que le fantasme de tous les amateurs de science fiction devient possible.
Palmer Luckey, 21 ans, est le jeune prodige derrière ce premier prototype. Dans son garage californien, lieu de toutes les grandes innovations faut-il croire,  le jeune homme ne s’attendait pas à voir son projet se concrétiser aussi vite.
Initialement conçu et imaginé pour le monde des « gamers », le rachat par Facebook ouvre de nouvelles possibilités avec des applications aussi diverses que celle d’assister à un cours, à des concerts,  permettre le contact entre proches, ou même effectuer des consultations médicales, etc.
Si des objets similaires existent déjà, leur champ d’application reste souvent limité à quelques domaines tels que la médecine ou même l’armée américaine, vu les coûts élevés que cette technologie exige. Palmer Luckey voulait promouvoir la réalité augmentée auprès du grand public, l’offre de Facebook vient peut-être exaucer ce souhait.

Ce à quoi pourrait ressembler une application de l’Oculus Rift à Facebook
Facebook, le serial buyer
En quelques mois, Facebook a fait plusieurs fois la Une pour ses récentes acquisitions  aux prix effarants. En effet, après 750 millions déboursés pour Instagram en 2012, 19 milliards pour Whatsapp en début d’année, sa tentative ratée de l’achat de l’application Snapchat puis les rumeurs d’achat autour de Titan Aerospace*, l’entreprise de Palo Alto semble s’être lancée dans une course à l’armement. Il est vrai que ses rachats semblent éloigner le réseau social de sa principale activité. On pourrait se demander alors, quelle stratégie vient sous-tendre cette frénésie ?
D’un côté, le fondateur de Facebook est le premier à prédire la saturation des réseaux sociaux, d’où le besoin d’élargir son périmètre d’actions. L’objectif étant d’anticiper les nouvelles tendances, investir dans celles-ci afin de s’assurer un avenir pérenne. Facebook souhaite donc renforcer sa présence aux côtés des géants du secteur (Google, Amazon…) qui semblent adopter une stratégie similaire**.
C’est ainsi que  Mark Zucherberg déclarait après le rachat d’Oculus : « Le mobile est la plateforme d’aujourd’hui, et maintenant nous nous préparons pour les plateformes de demain. »
 Par ailleurs, au delà d’acquérir des start-up, leurs innovations ou leurs brevets technologiques, Facebook investit surtout dans des équipes d’ingénieurs talentueux qui seront amenés à terme à développer leurs idées au sein de l’entreprise mère.
 Facebook ne redoute-t-il simplement pas de tomber dans la désuétude ?
A un moment où l’inventivité bat son plein, où les réseaux sociaux thématiques fleurissent et où les jeunes semblent quelque peu se désintéresser de cet ancêtre du social, le défi est de taille.
Néanmoins, le réseau social reste fort de sa base d’abonnés et de la quantité d’information qu’il détient. Monnayée à prix d’or, la publicité représente la majorité de ses revenus et lui assure le « cash flow » lui permettant d’enchainer les conquêtes.
Avec Oculus Rift, il vise désormais à être aux avant-postes de la prochaine révolution, celle des interfaces immersives. Cet achat, qui représente le premier investissement dans le Hardware, est sans doute la réplique aux Google Glass bientôt disponibles sur le marché. Cependant, les lunettes de géant de Mountain View semblent avoir une longueur d’avance : plus fonctionnelles, plus connectées, plus discrètes sur le nez, notamment après un récent partenariat avec Ray Ban.
 En fin de compte, personne ne peut prédire le prochain bouleversement du monde des nouvelles technologies. La stratégie de Mark Zucherberg sera-elle payante ? Elle a tout du moins le mérite d’assurer un portefeuille de brevets qui ne risquera plus de tomber entre les mains d’un concurrent. Il est bien là le nœud de la guerre, la concurrence farouche que se livre les géants du secteur leur impose de constamment se remettre en question, de se réinventer sans cesse. Conscient que sa puissance est éphémère, Facebook cherche à se diversifier, à explorer de nouveaux marchés, au risque parfois de surprendre.
 *fabricant de drones solaires pour son projet Internet.org destiné à étendre l’accès Internet aux endroits isolés de la planète.
**En 10ans Google a réalisé 230 acquisitions.
 Salma Bouazza
Sources :
Lemonde.fr
Nouvelobs.fr

Société

CURIEUSEMENT EMOTIONNEL

 
Comment institutionnaliser nos émotions ? Ces sentiments qui nous envahissent lorsqu’on regarde des images sur la situation en Ukraine, ou lorsqu’après un an de dressage, on a enfin réussi à faire ramener la balle notre toutou chéri. Tant d’affluence qu’on ne peut même plus la contrôler, qu’on ressent le besoin immédiat de l’exprimer, de la partager, pour rien ou pour réjouir l’autre, se plaindre ou demander compassion. Bref. Un sacré phénomène cette extériorisation. Surtout depuis que le Web 3.0 l’a rendu visible et publiquement partagée. Il n’a d’ailleurs pas fallu attendre longtemps pour que la recherche s’en empare : Le partage social des émotions, de Bernard Rimé (2005), traduit parfaitement cette évolution. Mais les milieux davantage professionnels n’ont, eux non plus, pu s’empêcher d’y voir une porte ouverte à la connaissance du consommateur. Ajoutons à cela des jeunes téméraires bien rodés et voilà, Wifeel est né.
Wifeel, c’est ce réseau social qui a compris (plus vite que les autres manifestement) que le « like » de Facebook était devenu trop frustrant pour tous les naissants petits adeptes de l’expressivité virtuelle. Wifeel c’est donc 50 émoticônes pour transcrire son émotion du moment et « émotionnaliser » son statut : émerveillé, séduit, coupable, bloqué, vide, bizarre…

 « La vie est un monde d’émotions que nous avons besoin de partager avec notre entourage. Et si possible à plusieurs. » Tel est le crédo du fondateur du réseau, Xavier de Fouchécour, qui semble avoir tout compris puisque selon une étude commentée par Bernard Rimé dans son ouvrage, « 96% des personnes âgées de 12 à 72 ans disent partager avec d’autres les causes de leurs émotions. 60% le jour même, 84% à plusieurs reprises ». Neuf personnes sur dix ressentiraient ainsi un « besoin naturel très fort » de partager leurs émotions et d’en exprimer la cause.  Avec l’émotion comme « porte d’entrée principal » (Influencia) le réseau Wifeel s’ancre jusqu’au bout dans cette expressivité. On y parle alors de feeltag (i.e. post), de feelspots (i.e. des lieux les plus émotionnels), de flux, de sujets, de cartes, de statistiques, tous suivis (évidemment) de l’adjectif « émotionnel ». Et tout ce petit champ lexical s’inscrit dans un ton ludique, digne de tout monde d’émotions qui se respecte.
 Si en 2005, Bernard Rimé écrivait déjà que « les personnes qui ont vécu un événement émotionnel majeur manifestent un besoin parfois insatiable d’être écoutées, de parler et de reparler de cet événement », Wifeel cristallise ce constat en s’érigeant médiateur de ce partage social, et donc en l’institutionnalisant. Mais est-ce là la seule vocation de Wifeel ? Si le réseau semble s’entourer d’une aura altruiste, n’oublions pas que l’idée de Xavier de Fouchécour lui est initialement venue « suite à la demande d’un client de son agence de communication Beaurepaire qui cherchait un moyen de comprendre comment les gens s’expriment sur leur santé lorsqu’ils sont à domicile » (alternatives blog Le monde). Fort de cette demande, Xavier de Fouchécour a pour ambition de faire de Wifeel la première plateforme universelle d’expression & de statistiques émotionnelles, puisqu’ « avec Wifeel, les émotions deviennent des données auxquelles les utilisateurs peuvent attacher #sujets, commentaires, images, lieux ». Parmi les grandes originalités de Wifeel on a donc la possibilité de cartographier émotionnellement un quartier, ou encore de proposer en retour une statistique des émotions exprimées avec la comptabilisation du nombre total d’émotions partagées et la répartition de ces dernières entre positive, négative et neutre.

Evidemment, une telle collecte de données n’est pas sans intérêt pour les professionnels, et Wifeel ne s’en cache pas puisqu’il permet de fournir aux marques une mesure tangible au capital émotionnel. Ainsi « dans une approche B to B, Wifeel permettra aux producteurs, éditeurs, marques – en ligne ou dans la vie réelle – d’offrir à leur public la possibilité de qualifier émotionnellement leur contenu et/ou d’y accéder via le ressenti des autres » dixit son fondateur. Cette même logique anime les options (payantes) « Wifeel Média » et « Wifeel In Situ ». La première permet ainsi de réagir au contenu d’un site alors que la deuxième apparaît comme un véritable « système permettant de capter et donner en temps réel un feedback visuel du ressenti associé à l’événement » sur le lieu culturel ou événementiel sur lequel l’option a été installée. L’exemple parfait d’une telle utilisation se retrouve avec l’exposition The Happy Show, de Stefan Sagmeister, qui a constitué le plus grand succès de la Gaité Lyrique depuis sa réouverture en 2011, où les visiteurs pouvaient réagir émotionnellement à plusieurs questions.
 Une campagne « happiness » Coca Cola qui avait placé l’émotion au cœur de son message (précurseur d’un mouvement amorcé par Wifeel ?), un « Happy Show » décortiquant, grâce à des phrases parfois naïves, les secrets du bonheur, un réseau social faisant du partage de l’émotion sa marque de fabrique… Le XIXème siècle fait primer la passion et on en est fier. De manière générale, confier ses émotions à ses proches n’est pas nouveau. Moins que l’expression en elle-même, c’est le moyen et surtout la portée de cette dernière qui change radicalement. Out la sphère privée et le partage « intime ». Avec le Web 3.0, les sentiments s’affichent, presque comme conséquence logique de l’affichage public permis par Facebook de l’opinion, des photos ou encore des relations.
Associé à notre ère du Big Data, Wifeel pourrait presque apparaître comme l’invention inévitable en matière de réseau. Wifeel, c’est ce besoin des annonceurs de toujours viser plus précisément, c’est ce besoin de qualitatif, c’est cette ère du social networking, c’est cette logique du participatif et du crowdsourcing. En bref, Wifeel, avouons-le, a tout compris.
 Cependant, alors qu’on s’indigne que nos données personnelles de Facebook soient partagées, pourquoi Wifeel fonctionne ? Peut être parce que, dans notre imaginaire, nos émotions sont plus dangereuses en nous que dans les bases de données des autres. Pas faux. Mais ne serait-ce pas là une ignorance du « pouvoir » de la data ?
Eugénie Mentré
Sources :
Lemonde.fr
Influencia.net
Scienceshumaines.com

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Jacques a dit : « Zuckerberg Mania »

 
Pour l’année de ses 10 ans, Facebook est en complète effervescence.
Alors que des sondages récents se sont multipliés pour montrer son recul face à d’autres réseaux tels que Twitter, Zuckerberg, lui est partout.
Entre l’échec du rachat de Snapchat, l’acquisition récente de Whatsapp et enfin sa présentation la semaine dernière du projet internet.org à l’occasion du Mobile World Congress, Mark Zuckerberg se fait star des médias depuis quelques temps.
Alors 10 ans, l’âge de raison ? Peut-être simplement le moment de se demander qu’est-ce qu’on fait là et de se concentrer sur une vision à long terme.
Le buzz de Whatsapp
Rappelons que Zuckerberg vient d’acheter l’application WhatsApp, créée en 2005 par Jan Koum, qui compte 450 millions d’utilisateurs, dont 70% qui l’utilisent quotidiennement, pour une modique somme de 19 milliards de dollars.
On constate également à cette occasion le triomphe du modèle « freemium » : tout comme l’application de photos Instagram, rachetée 715 millions de dollars en 2012, WhatsApp conservera son nom et son indépendance.
 La particularité de cette application ?
«Ni publicité, ni jeux vidéo, ni bla-bla» indique une note affichée dans le bureau de Koum. Le message est clair donc, WhatsApp sert uniquement à envoyer des messages, des photos et des vidéos à ses contacts.
Il semble d’ailleurs que le CEO de Facebook garde cet esprit.

L’objectif est clair pour Facebook : « purely connecting more people ».
« Chacun de nous, n’importe où, connectés »:
Cette vision du « One connected world» se retrouve dans internet.org,  un projet un peu fou lancé par Facebook en partenariat avec six autres membres (Ericsson, MediaTek, Nokia, Opera, Qualcomm et Samsung). Il s’agirait de connecter à Internet ceux qui n’y ont pas encore accès, soit 2/3 de la population mondiale.
En effet, selon Facebook seules 2,7 milliards de personnes (soit un peu plus du tiers de la population mondiale) ont accès à Internet, une proportion qui augmente de moins de 9% chaque année.
Il est important de rappeler que le réseau social a déjà investi plus d’un milliard de dollars pour connecter des personnes dans les pays émergents au cours des dernières années.
Internet.org : c’est quoi ?

L’idée est de permettre aux populations défavorisées d’avoir accès à des applications web qui deviendraient gratuites et que Zuckerberg juge indispensables comme Wikipedia, la météo ou encore son propre réseau social Facebook.
Mark Zuckerberg constate que « 80% des habitants de la planète vivent dans un endroit qui a déjà la 2G ou la 3G, mais seulement un tiers de l’humanité est connecté et des milliards de personnes pourraient en bénéficier, seulement ils ne savent pas à quoi cela sert ». Ce qui est visé ici est une stratégie à long terme, d’évolution des pratiques et des modes de vie.
Bien sûr, tout ne serait pas gratuit et c’est là que l’idée n’est pas naïve. Ainsi, il demande aux opérateurs mobiles de faire un effort et d’offrir quelques applications gratuitement. En échange, les nouveaux internautes « gratuits » qui seront convaincus finiront à terme par prendre un forfait Internet mobile et ainsi participer à l’économie de ces fournisseurs d’accès.
Il s’agit d’un projet sympa sur le papier et qui tend à se vérifier dans la pratique avec deux essais réalisés au Paraguay avec Tigo et aux Philippines avec l’opérateur Globes qui ont permis à ces deux fournisseurs de téléphonie mobile de doubler leur nombre d’abonnés en seulement un trimestre.
Alors la gratuité, le sans pub une nouvelle tendance ?
Cependant, amener Internet quand des pays où une partie de la population ne bénéficie même pas d’accès à l’eau potable, n’est-ce pas un projet trop ambitieux ?
Même si Zuckerberg reconnaît et accepte la nécessité de perdre de l’argent au début, les opérateurs de la téléphonie mobile comme Stéphane Richard pour Orange seront-ils du même avis?
En tout cas, même si l’idée du « One World Connected » semble un peu utopique à l’heure actuelle, n’est-il pas rafraîchissant de voir de jeunes entrepreneurs avec tant d’ambition et surtout d’audace mener des projets et porter une vision globale et sur le long terme ?
Sophie Cleret
Sources :
Lepoint.fr
Lemondeinformatique.fr
Internet.org

Facebook
Les Fast

Facebook, notre meilleur « ami »

 
Depuis début février, Facebook convie ses quelques 1,2 milliards d’usagers actifs à son dixième anniversaire, et le réseau social numéro un ne ménage pas ses efforts pour intégrer ses invités à la fête. La nouvelle activité phare de cette période de célébration ? La possibilité de visionner une petite vidéo rétrospective, retraçant le parcours de chacun sur le site.
Le principe est simple, attractif et permet la mise en place d’une stratégie de communication des plus efficaces. Sur fond de musique émouvante, Facebook nous permet à nous, simples utilisateurs généralement anonymes, de nous remémorer nos « premiers moments », nos « publications préférées » et autres « photos que [nous avons] partagées. » Et justement, c’est là tout l’intérêt d’une telle démarche. Le rythme de la vidéo, la succession d’images et le zoom final sur notre photo de profil actuelle nous donnent l’agréable impression d’être quelqu’un d’important, d’unique au milieu de la masse d’usagers inscrits sur le réseau social. Chacun peut, le temps d’une minute, se rêver une vie palpitante, pleine de rebondissements et de bonheurs quotidiens.
Mais surtout, Facebook réussit à s’accorder une place non négligeable dans ce conte de fée que ses usagers sont censés vivre. Toujours présent, il serait là pour les accompagner à chaque moment clé de leur vie. Ce nouveau tournant communicationnel est d’ailleurs cohérent avec les efforts précédents visant à faire de Facebook un véritable journal intime (pensons à la mise en place de la Timeline en 2009 par exemple). Une telle stratégie de communication joue ainsi sur l’émotion et cette méthode semble s’avérer judicieuse, notamment pour un site dont le succès s’appuie sur les relations sociales, la fonction « like » ou encore le « partage » de photos et d’informations.
Plus qu’un réseau social, Facebook serait donc un « ami » qui nous accompagnerait et nous épaulerait tout au long de notre vie. Une stratégie que l’on « like », sur le papier du moins.
Margaux Putavy

Twitter
Les Fast

Rétrospective ou recyclage ?

 
C’est dans la joie et la bonne humeur que 2013 s’achève, emportant avec elle son lot de guerres, d’attentats, de consécrations et de morts célèbres. Vous l’avez compris, l’heure est à la rétrospective, et ce depuis quelques semaines déjà.
 En 2013, les récapitulatifs qui étaient habituellement réservés aux artistes et organisés dans des musées, des galeries ou des cinémas sont partout : Google, Facebook, Pinterest, dans le Huffington Post, Libération. Si les listes de mots les plus recherchés sur Google dans le monde et par pays se basent sur des statistiques et présentent un certain intérêt, les résumés de l’année 2013 présentés par des journaux ou des sites d’information en ligne ne tiennent-ils pas plutôt du recyclage ? Un journal est un lieu d’information où l’on traite de sujets d’actualité, et c’est justement là que la question de la pertinence d’une rétrospective se pose. Depuis plusieurs semaines, chacun des sites mentionnés nous propose un panorama de l’année écoulée. Or, plutôt que de nous présenter les moments forts de 2013, certains se démarquent en mettant en avant leurs articles les plus marquants de l’année, ceux qui comptabilisent le plus de like, de partages. Nous resservir ces articles, ce n’est pas célébrer l’information mais fournir du réchauffé.
 Il en va de même pour les rétrospectives que chaque personne inscrite sur un réseau social peut télécharger et partager avec ses amis, abonnés, followers : nos publications ayant recueilli le plus de « like » méritent-elles véritablement que nous les publiions ? 2013 a été une année chargée et internet n’aime pas le vide, mais en ces périodes de fêtes, ne ferions-nous pas mieux de cesser de communiquer sur des actus qui n’en sont plus et d’arrêter le recyclage ?
 
 Clémence Lépinard
Crédit photo :
Branchez-vous.com

Burger King vs. Big Mac
Les Fast

Burger King veille au grain

 
La course au « Like » sur Facebook est une problématique installée : que signifie-t-elle réellement pour les acteurs du réseau social ? Conduit-elle à des répercussions tangibles pour les marques et à un véritable engagement des utilisateurs ?
Le 5 décembre dernier, Burger King résout le problème chez ses fans norvégiens et leur fait passer un test de fidélité, via la page WhopperSellOut.com (désormais inaccessible). L’utilisateur est alors invité à cliquer sur le pouce « Like » s’il se considère comme un vrai fan. En revanche, s’il clique sur le Big Mac, il accepte alors d’être banni de la page de Burger King, avec, pour compensation, un Big Mac posté directement par… Burger King lui-même.
L’opération peut faire sourire, en ce que Burger King, s’il veut limiter le nombre de passagers clandestins sur sa page (ceux-ci pouvant bénéficier de menus gratuits), perd avec cette opération 80% de ses fans en Norvège (de 38 500, ils sont aujourd’hui passés à 10 500). Burger King assure cependant avoir conservé ses fans norvégiens les plus dévoués et revendique « un taux d’engagement cinq fois supérieur à ce qu’il était avant »… Difficile à appréhender.
Dans tous les cas, il est clair que Burger King s’est offert avec cette opération un joli coup de publicité, chapeautée par l’agence Dist Creative.
 
Céline Repoux
Sources :
Slate.fr
Journaldunet.com
Crédits photo :
Burger King