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Aimez vos courbes… mais pas trop !

Le culte voué à la maigreur dans la mode ainsi que le manque de représentativité des mannequins font aujourd’hui débat dans notre société. Preuve d’une certaine prise de conscience en la matière, certaines marques montrent une volonté de progrès, comme Michael Kors qui a fait défiler Ashley Graham, mannequin aux courbes généreuses, lors de la Fashion Week prêt-à-porter à Paris fin février, ou encore H&M qui a offert une véritable ode à la diversité dans la publicité pour sa collection automne 2016. La nouvelle campagne Zara, accompagnée du tendancieux slogan « Love your curves », soit « Aimez vos courbes », semblait donc s’inscrire dans la même logique…
Retour sur l’échec d’une campagne, qui suscita aussi bien l’incompréhension que l’irritation ou le rire.
Dissonance
Récemment, le groupe de prêt-à-porter espagnol lançait une nouvelle campagne pour promouvoir sa ligne « Body Curves Jeans », des pantalons censés mettre en valeur les courbes de celles qui les portent. Sur l’une de ses affiches, Zara met en scène deux jeunes femmes de dos, avec un cadrage et des jeux de lumières travaillés pour attirer l’attention du consommateur sur les courbes sublimées par ces jeans. L’idée est d’expliciter le bénéfice produit : procédé tout à fait habituel dans la publicité.
Mais la marque ne s’arrête pas là, décidant de faire inscrire sur cette même affiche une catchline bien choisie, qui parle à toutes les femmes : « Love your curves ». À l’heure où les complexes féminins sont plus que jamais répandus et persistants, Zara décide de véhiculer l’image d’une marque s’affranchissant des standards de beauté, aimant les femmes telles qu’elles sont et leur donnant l’envie d’assumer leur corps.
Le bémol ? Les deux jeunes femmes sur l’affiche sont filiformes et portent au maximum du 36 (si ce n’est un 34). Aujourd’hui, la taille moyenne du jean des Françaises est un 40 et 50% d’entre elles font entre un 40 et un 44. La question de la représentativité se pose et l’ironie est frappante — les réseaux sociaux se déchaînent.

Les réseaux sociaux : un jugement sans appel
Interloqués. Choqués. Amusés. Quelques soient les réactions des différents consommateurs confrontés à cette publicité, elles ne se sont pas faites attendre. La première critique visant la campagne Zara est venue de Muireann O’Connell, présentatrice radio irlandaise qui a prise en photo l’affiche puis l’a partagé sur la toile.

En quelques heures, son post était retweeté plusieurs milliers de fois. Le bad buzz né à Dublin, n’a pas tardé à faire le tour du monde, comme en témoignent les différents détournements et reprises du print, tantôt parodié, tantôt ouvertement critiqué. Un seul constat pour la marque : la campagne est ratée.

 

L’effet papillon : quand un print entache l’image de marque

Cette campagne est incontestablement néfaste : Zara est très loin de véhiculer l’image souhaitée et la marque est même accusée de favoriser des standards de beauté reposant sur la maigreur, voire même, d’encourager l’anorexie chez la femme.
Les internautes parlent d’ironie, de cynisme, voire d’insensibilité de la part de Zara. Certains se questionnent sur l’énormité de cette affiche : comment est-il possible que personne ne se soit rendu compte d’une telle incohérence ? Et si la réponse à cette question était simplement que cela était voulu ? C’est du moins ce que supputent certains internautes, accusant Zara d’avoir volontairement créé ce bad buzz.

Aujourd’hui, les campagnes associées à des polémiques ou à des flops sont davantage médiatisées et les consommateurs ont bien plus de réactions à leur vue, ce qui favorise finalement et paradoxalement une mémorisation du produit et de la marque, comme ce fut le cas dernièrement pour les campagnes Yves Saint Laurent et SuperGurl pour le Black Friday. Pourtant, même si quantitativement, ce coup médiatique peut sembler intéressant, il ne l’est pas du tout qualitativement, puisqu’il nuit grandement à l’image de la marque.
Alors, véritable échec ou campagne marketing parfaitement calculée ? Sans nul doute, nous sommes face à un échec cuisant.
Lucille Gaudel
 
Crédits  :
• Logo Zara
• Captures d’écran recueillies sur Twitter
 
Sources :
• BERTHET Anne Caroline, 20 Minutes, « A quoi ressemble le Français moyen ? », 4/07/2010, consulté le 02/04/2017
• BOULT Adam, Telegraph, « Zara criticised for ‘love your curves’ campaign – featuring slim models », 1/03/2017, consulté le 30/03/2017
• DUSSERT Margaux, L’ADN, « “Love Your Curves” : quand Zara dérape », 1/03/2017, consulté le 30/03/2017
• LE GALL Elodie, Femmes Actuelles, « Quelles sont les mensurations des Françaises ? » , 7/07/2016, consulté le 01/04/2017
• TRICHOT Ludivine, Huffington Post, « Elles rappellent la définition de « courbes » à Zara qui semble l’avoir oubliée », 1/03/2017, consulté le 5/04/2017
 

Flops

Allo… rthographe ?

L’orthographe est un sujet épineux. Si elle est vue comme un simple outil de sélection par certains, elle est discriminante pour d’autres. En France, la tendance favorise le premier point de vue : écrire correctement va de soi, et l’opinion ne pardonne pas. La ministre de l’Éducation nationale en a récemment fait les frais.
À vos stylos…
La dictée est encore un exercice auquel se plient des millions d’écoliers. En novembre dernier, le ministère de l’Éducation nationale a publié une étude sur les performances en orthographe des élèves en CM2. La même dictée est soumise aux classes à plusieurs années d’intervalle : 1987, 2007 et 2015. Au fil de ces trois évaluations, il est indéniable que le niveau orthographique a chuté — considérablement chuté même. Sur une dizaine de lignes sans grande difficulté, 10,6 fautes étaient comptées la première année. À l’occasion du deuxième test, en 2007, on dénombrait 14,3 fautes. Jusqu’à 17,8 erreurs en 2015.
Ainsi, les élèves qui s’apprêtent à rentrer au collège ont une maîtrise de plus en plus faible de la langue française. L’exercice adoré ou redouté qu’est la dictée est ensuite relayé au second plan, et les fautes s’installent durablement dans les habitudes des étudiants. Comme le note Loïc Drouallière dans son ouvrage Orthographe en chute, orthographe en chiffres, les élèves ayant une moins bonne maîtrise en orthographe subissent une « spirale régressive ». Autrement dit, « les faibles deviennent encore plus faibles alors que les bons se maintiennent à leur niveau d’origine. »
Outil de sélection
Si l’orthographe se détériore pendant le collège, il en est de même durant les études supérieures. Quel que soit le niveau auquel l’élève arrête ses études, arrive le moment de l’entrée dans la vie active qui nécessite, de ce fait, les envois de lettres de motivation et du CV.
L’orthographe est un des critères sur lesquels l’employeur juge les candidatures. Tout simplement parce que l’orthographe apparaît comme un outil de sélection. Et la liste des arguments soutenant qu’il est normal de bien écrire est longue. L’orthographe n’est-elle pas essentielle pour toute personne voulant intégrer le monde du travail ? Pour être crédible, ou bien même compréhensible ?
Rappelons qu’à l’occasion de la réforme de l’orthographe, beaucoup de Français ont joué sur l’importance des accents. Ils ont rappelé celle de l’accent circonflexe, qui, s’il est omis, peut donner lieu à un changement de sens… radical. Un exemple cocasse a été ainsi très utilisé par les opposants à la réforme : « Je vais me faire un petit jeûne. » mis en parallèle avec « Je vais me faire un petit jeune ».
L’orthographe sinon le flop
Au-delà, tout comme un employeur ne prend pas au sérieux une lettre de motivation qui contient des fautes, les articles avec des coquilles sont moqués, et les campagnes de publicité avec la moindre erreur sont taclées. Le flop, lui, guette.
En 2013, le Bled, véritable ouvrage de référence, a lui-même perdu toute crédibilité en laissant passer une énorme faute de conjugaison sur une de ses affiches. « Bled en français, en langues, en philo, pour vous *accompagnez toute l’année », peut-on lire. Quand un « z » remplace le « r », le scandale éclate !

Les fautes d’orthographe peuvent également coûter cher… Très récemment, la librairie du Congrès a dû arrêter la vente en ligne du portrait officiel de Donald Trump car une erreur s’était glissée dans la citation. Un « o » manque et c’est le flop présidentiel.

Outil de discrimination
L’orthographe est une aptitude, au même titre que savoir compter. Cette capacité fait appel à la mémoire visuelle, plus ou moins développée en fonction des individus. Certains ont des difficultés pour retenir des règles de grammaire, d’autres sont mauvais en calcul mental. Et pourtant, le calcul mental n’est pas un facteur déterminant dans l’embauche !
Mais le fait est que la langue française apparaît comme un patrimoine qu’il faut défendre, protéger, et respecter. Récemment, la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud- Belkacem, s’est, malgré elle, réessayée à la dictée. Un ancien professeur de français a collecté ses fautes d’orthographe, les a mises en ligne sur Twitter, et a souligné l’ironie de la situation.
Mal écrire est mal vu. L’orthographe confère une valeur sociale. Selon un sondage, 84% des Français sont en effet gênés lorsqu’ils commettent une faute : cela renverrait une mauvaise image. Presque autant d’individus sont choqués de repérer une erreur dans un texte officiel (enquête Ipsos pour les Editions le Robert). De l’exigence d’une graphie irréprochable est née cette discrimination.

Eh bien… Après avoir écrit cet article, une seule envie m’anime. Celle de vous avouer que je discrimine moi-même. Au menu des restaurants, j’aime chercher la faute d’orthographe – car il y en a souvent une. Et fréquemment, je la trouve en commandant des profiteroles écorchées.

Victoria Parent-Laurent
Sources :
• DEBORDE Juliette, « Réforme de l’orthographe : ce qui change vraiment », Libération, 04/02/2016, consulté le 21/02/2017
• 20 minutes, « Etats-Unis : Une faute d’orthographe dans le portrait officiel du président Donald Trump », 20 minutes, 14/02/2017, consulté le 21/02/2017
• RATOUIS Alix, ROLAND-LEVY Fabien, « La grande injustice de l’orthographe », Le Point, 27/08/2009, mis à jour le 03/09/2009, consulté le 21/02/2017
• LE GAL Thibaut, « L’orthographe est un marqueur social qui donne une image de soi », estime le linguiste Alain Rey, 20minutes, 04/09/2014, mis à jour le 05/09/2014, consulté le 22/02/2017
Crédits  :
• Photo 1    de    couverture    :    L’Obs
• Photo 2 : saramea
• Photos 3 et 4 : captures d’écran Twitter

Médias

Le syndrome Malaise TV : fascination et répulsion de la gênance 2.0

Le respect est mort, vive MalaiseTV ! De l’hymne improbable d’une prépa scientifique au fameux « tout le monde debout » lors du Téléthon, MalaiseTV recense les plus grands « bides » du PAF et des réseaux sociaux. Du contenu vidéo sélectionné, volé, coupé, compilé et diffusé sans commentaire voix off : MalaiseTV, c’est avant tout un format qui séduit, sorte d’héritage hybride des « Best Of » et du défunt « Zapping Canal ». Illustration même de la métaphore quasi « digestive » proposée par McLuhan, le nouveau média dominant (Internet) a une nouvelle fois « absorbé » le média précédent (la télévision et même la radio) pour en faire son contenu. Originellement lancé l’année dernière par un trolleur du forum jeuxvideo.com, le compte Twitter a depuis donné lieu à de nombreux rejetons. MalaiseTV, malaisetele ou encore malaisant.fr: bienvenue au Pays du Malaise 2.0.

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MAYDAY, MAYDAY, FASTN NE REPOND PLUS

Si vous êtes un lecteur assidu de FastNCurious, vous l’aurez sûrement remarqué : depuis plusieurs semaines déjà, le blog d’actualités de la communication tenu par les étudiants du CELSA rencontre quelques problèmes qui en déstabilisent plus d’un. Toujours curious, mais plus très fast, un flop temporaire, où FastNCurious est victime de son succès. Retour inédit sur cette complication.
Des blessures difficiles à panser…
Un site qui met trop de temps à charger le contenu ? Une page internet qui ne s’ouvre pas ? Des articles difficiles à lire sur mobile ? Le ralentissement du site provoque de nombreux petits problèmes qui peuvent gêner la bonne lecture d’un article. Cependant, il faut savoir que les ingénieux Webmasters de FastNCurious, Guillemette Trognon et Dylan Langlois, œuvrent au nettoyage complet du site pour nous assurer un retour à la normale dans les semaines à venir. En effet, c’est bien d’une question d’assainissement qu’il s’agit puisque depuis sa création en 2011, les spams et autres désagréments n’ont pas été traités. Malgré l’aide d’ingénieurs er d’informaticiens extérieurs, le problème stagne et aucune solution n’a pu être trouvée. Les Webmasters se voient donc attribuer une charge de travail conséquente !

Pas de panique : les articles restent accessibles !
Mais rassurez-vous, bien que le site en lui-même soit un peu difficile d’accès par moments, les liens directs vers les articles sont LA solution. Pour les trouver, rien de plus simple : l’équipe de Community Management composée de Laura Sébert et Caroline Dos Santos, accomplit un travail impressionnant de relais des articles et des actualités sur les réseaux sociaux. Chaque jour, sur Twitter et Facebook, les liens directs aux articles sont relayés et fonctionnent à merveille. Pour les trouver, il suffit de suivre votre blog préféré sur ces réseaux sociaux. De plus, les articles publiés chaque samedi sur Le Monde sont accessibles sans aucune difficulté.
Un lectorat attristé
Qui dit problème d’accès, dit tristesse de nos lecteurs… et on les comprend ! Il faut savoir que le cœur de FastNCurious bat aussi à travers un lectorat de plusieurs milliers de personnes comprenant en majorité des étudiants, mais aussi des professionnels du métier. Et vous, qui êtes-vous ? De plus, ayons une pensée pour les candidats se présentant au concours du CELSA qui ont soif de connaissances et de billets pertinents quant à la communication, car tout le monde le sait : FastNCurious c’est l’une des clés pour le réussir ! Les lecteurs sont déçus de ne pas avoir leur dose hebdomadaire – voire quotidienne – de FastNCurious.
Ces problèmes ne sont pas passés inaperçus et la frustration est aussi ressentie par les rédacteurs qui chaque jour, font battre votre cœur de lecteur !
Pour expliquer et comprendre ce sentiment que nous avons perçu chez eux, nous avons réalisé une courte vidéo. Arpentant les couloirs du CELSA, nos caméras ont suivi les lecteurs et rédacteurs dans leur relation à FastNCurious :

Vous l’aurez compris, le problème rencontré par notre plate-forme n’est que temporaire et ne fait pas le poids face à votre détermination à lire les articles qui vous intéressent le plus ! Si malgré tout, vous êtes effondré par ces complications, FastNCurious serait heureux de recevoir ses premiers dons, afin de se remettre à neuf ! Cela dit, si vous sentez que vous pouvez être, personnellement, le remède aux maux de FastNCurious, l’équipe serait ravie d’accepter l’aide précieuse d’un informaticien aguerri (gratitude à la clé).
Steffi Noël

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Sylvain-Pierre Durif ou le mariage du buzz et du flop

Comme pour 66 millions de Français, le 6 décembre 2016 a peut-être été pour vous une date synonyme d’espérance. C’est à ce moment précis que celui qui se surnomme lui-même Le Christ Cosmique ou encore Le Grand Monarque, de son vrai nom Sylvain-Pierre Durif, a fait part aux électeurs français de son intention de se présenter aux élections présidentielles de 2017. Une annonce aux allures officielles qui n’aura pas manqué de faire rire des milliers d’internautes.
Du fond de son petit village de Bugarach, ce candidat lambda sans aucun background politique a pourtant trouvé un écho médiatique retentissant dès les premières heures de sa surprenante annonce. Sylvain-Pierre Durif, entre flop et buzz, une star des réseaux sociaux…
Un parcours de vie atypique
C’est en 2012 que l’extravagant Sylvain-Pierre Durif fait pour la première fois son apparition dans la vie des internautes et téléspectateurs français. La première rencontre entre la presse et le Christ Cosmique se fait dans un contexte historique, rappelons le, pour le moins « inquiétant ». Nous sommes en décembre 2012 et le monde entier est plongé dans la terreur d’une supposée Apocalypse imminente, prévue pour le 21 du mois. Selon certains théoriciens, seule la paisible bourgade de Bugarach dans le Sud de la France sera épargnée par le cataclysme. Cette ville attire l’attention des médias et notamment du Figaro qui, dès juin 2011, titre « Bugarach, village de l’Aude pris d’assaut par les illuminés ».
C’est précisément à cet endroit que Sylvain-Pierre Durif décide donc de venir prêcher la bonne parole. Lors de son premier passage à la télévision, avant la supposée Apocalypse, celui-ci assure avec aplomb « il y aura zéro cataclysme, ça je peux vous le garantir puisque j’ai observé les vaisseaux de la Vierge Marie (…) Et donc moi, je suis simplement le messager de ces énergies, de la Vierge Marie et de Jésus, qui sont mes guides, qui m’accompagnent. » Ces propos ne manquent pas d’amuser les téléspectateurs et très vite, il se fait remarquer par les journalistes et devient l’emblème des Illuminés de Bugarach.
Son ton et sa voix sont posés, son regard fixé vers l’interviewer. C’est sa sincérité qui étonne au premier abord. L’homme semble honnête et persuadé des faits qu’il avance. Sur Youtube, nous retrouvons d’autres vidéos du personnage, où celui-ci retrace un parcours de vie pour le moins étonnant. Enlevé au plus jeune âge par l’un des vaisseaux de la Vierge Marie, il aurait ensuite été emmené sur la planète Aldebaran dans des laboratoires de préparation de surhomme. Plus tard, au Québec, il rencontrera un Roumain doté du don de double vue qui lui fera réaliser qu’il a une grande mission à mener pour l’Humanité : la guider vers la 5ème dimension.
Vous l’aurez compris, Le Christ Cosmique possède un atout majeur qu’il utilise pour asseoir sa renommée sur les réseaux sociaux : une imagination débordante et délirante.

C’est cette vidéo qui marque le début de la notoriété de Sylvain-Pierre Durif sur le web. Postée sur Youtube le 29 décembre 2012 après son apparition dans le journal d’RTL et la diffusion de l’une de ses interviews sur Europe 1.
Le Grand Monarque a-t-il décidé de surfer sur son buzz dans le but de servir une cause en laquelle il croit réellement ou est-ce un un homme simplement attiré par la célébrité ? Le Christ cosmique est-il un très bon acteur ou un réel illuminé ? Le mystère reste entier.
Une candidature loufoque
Si Sylvain-Pierre Durif n’a jamais disparu de la Toile pendant toutes ces années, continuant de produire du contenu pour sa chaine Youtube et réunissant une petite communauté de fans prête à partager ses vidéos, c’est lors de sa candidature aux élections présidentielles de 2017 que le Buzz est reparti de plus belle.

Il est désormais difficile de distinguer le vrai du faux en ce qui concerne les messages émis par le Grand Monarque. Une foule d’usurpateurs lui ont créé de fausses pages Facebook, Youtube, ou encore Twitter. Ce phénomène de « création d’usurpateurs » semble indissociable du succès à l’heure du web 2.0 puisque régulièrement de nombreux influenceurs sont obligés de dénoncer des comptes « fake » à leur image. C’est au tour de Sylvain-Pierre Durif d’en faire les frais et par conséquent son message se perd dans une cacophonie de faux profils toujours plus loufoques les uns que les autres. Dans sa vidéo de présentation pour les présidentielles, Le Christ Cosmique, qui s’est aperçu de ce phénomène, précise en description « Je ne suis plus sur Facebook excepté sur la page officielle Elvita. Je ne suis pas sur Twitter. Je ne suis pas sur Instagram ni sur Snapchat. »
Petit best of des meilleurs posts émis par les « faux grands monarques »:

Mais ce sont aussi des messages de soutien plus ou moins ironiques qui sont émis à l’attention du Grand Monarque:

Message de soutien à Sylvain-Pierre Durif reçu par le compte @TheSylvainDurif
Une communication entretenue par les fans eux-mêmes

Si plusieurs médias renommés comme Europe 1, Le Quotidien de Yann Barthes ou encore Touche pas à mon poste, ont consacré du temps d’antenne au Christ Cosmique, Sylvain-Pierre Durif doit avant tout sa célébrité à sa personnalité extravagante et à ses fans et détracteurs qui alimentent en permanence le buzz autour de lui. Des mèmes reprenant ses propos ou des montages à sont effigie sont régulièrement créés et circulent sur le net. Le Grand Monarque serait devenu un personnage quasi collectif, les internautes s’appropriant son image et la transformant à leur guise.
Le détournement humoristique de l’image d’une personne par les réseaux sociaux est le phénomène le plus créateur de buzz pour un inconnu. Rappelez-vous par exemple du « bad buzz » de Jawad à la suite des attentats de novembre 2015. C’est d’ailleurs lors des attentats de novembre 2015 que Sylvain-Pierre Durif est revenu pour un court instant sur le devant de la scène médiatique. Un internaute aurait posté ce tweet : « #rechercheparis mon oncle Sylvain depuis hier plus de nouvelle selon lui il aurai rejoin les vaisseau dla vierge marie » accompagné d’une photo du Grand Monarque.

Plusieurs médias nationaux et internationaux reconnus comme le Nine News Australia, se sont faits avoir en relayant ce tweet. Cette anecdote prouve à quel point il n’a plus à lancer lui même un buzz autour de sa personne. Les internautes s’en chargent pour lui, donnant à la virilité du phénomène une ampleur internationale.
Quel intérêt a cette notoriété pour le Christ Cosmique ? En ce qui concerne la rémunération qu’il pourrait toucher pour ses activités, Direct matin affirme qu’il « tente désormais de monnayer sa soudaine notoriété en proposant ses interviews et multiplie les vidéos, reprises régulièrement par des milliers d’internautes pour en rire. »
Le succès du buzz Sylvain-Pierre Durif serait donc dû à divers paramètres. Premièrement : un mystère qui nous fait douter, est-on face à un imposteur ou un réel illuminé ? Le sérieux du personnage s’oppose à l’absurdité de ses propos, toujours plus surprenants à chaque vidéo. Deuxièmement, une habilité communicationnelle : Le Grand Monarque revient sur le devant de la scène lors de grands moments d’actualité comme l’Apocalypse de 2012, les attentats, les présidentielles… Troisièmement : à lui seul, il incarne une dérive humoristique très actuelle qui surfe sur l’adhésion aux théories du complot et sur la méfiance généralisée envers la classe politique et les médias.
Le Christ Cosmique, désormais capable de monnayer sa célébrité, devra tout de même être capable d’assumer la rançon de sa gloire. Son image est détournée à des fins loin d’être flatteuses, sa crédibilité professionnelle et sa vie privée sont de fait entachées par sa e-réputation. Ne vivra t-il jamais les moqueries des internautes et des médias comme un harcèlement ? Ne risque t-il pas de le regretter un jour ?
Une chose est sûre, si Sylvain-Pierre Durif ne réussit pas à incarner le Messie qui guidera l’Humanité vers la cinquième dimension, celui-ci aura tout de même réussi à conquérir les réseaux sociaux.
Alice Rolland
LinkedIn
Sources :
• À Bugarach, village de l’Aude pris d’assaut par les illuminés – Le Figaro – 14/06/16 – Angélique Négroni
• Présidentielle 2017 : Sylvain Durif, «le Christ cosmique», est candidat – Direct Matin – 07/12/16
• Attentats de Paris: attention aux (nombreuses) rumeurs et fausses infos – Buzzfeed – Adrien Sénécat – 14/11/2015
• Sylvain Durif candidat aux présidentielles de 2017 : « Après un président comique, un président cosmique » – Nordpresse – 21/12/2016 – « Tyrzou »
Crédits  :
• nordpresse.be
• Captures d’écrans des sites buzzfeed.com
• Captures d’écran des comptes Twitter (@TheSylvainDurif) et Facebook (Sylvain Pierre Durif, The Cosmic Christ, The Great Monarch)

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Fillon et la refonte de la Sécurité Sociale : le premier faux-pas.

Fin novembre et contre toutes attentes, François Fillon l’emportait à la primaire de la droite et du centre, devenant ainsi le présidentiable du parti Les Républicains (LR). Cette victoire a sans doute été possible grâce à la réaffirmation d’une ligne droitière forte portée par un candidat aux convictions conservatrices assumées. Parmi les propositions de son programme, celle portant sur la modification des remboursements de la sécurité sociale a très rapidement fait du bruit dans le Landerneau.
Une remise en cause historique
Pour pallier le déficit de la sécurité sociale, Fillon a exprimé le souhait que seules les maladies chroniques et les infections longue durée soient remboursées par la sécurité sociale; le reste devrait dès lors être pris en charge par les mutuelles. Ce système implique donc des remboursements plus ou moins importants selon l’organisme auquel on souscrit. En somme, il s’agit de faire un pas vers la privatisation de la sécurité sociale en se rapprochant du modèle américain. Seuls les plus nécessiteux, c’est-à-dire les personnes aux revenus trop modestes pour se munir d’une mutuelle, seraient éligibles à une sorte de bouclier sanitaire qui leur fournirait une couverture maladie accrue gratuitement, les préservant ainsi de ce grand recul social.
Avec cette proposition, au départ bien inscrite dans son programme, Fillon est le premier candidat à remettre en question le système de santé français, pourtant plébiscité et pris en tant que modèle par d’autres pays. Ce projet n’a rien d’anecdotique puisque c’est l’esprit et la lettre d’une conquête sociale emblématique de après-guerre qui se trouvent menacés d’extinction. Dans l’article qui lui est consacré dans le journal Libération du 19 décembre 2016, Henri Guaino, député LR des Yvelines, dit à propos de cette réforme : « C’est une purge comme jamais proposée depuis la Seconde Guerre mondiale […] peut-être le pire programme de casse sociale qui a été imaginé depuis 1944 ». Fillon fait donc des mécontents dans tous les camps, y compris le sien. Sans doute parce que sa proposition tente d’effacer le socle du modèle social républicain établi.

Une idéologie libérale en guise de faux-semblant
En lieu et place du modèle actuel dans lequel chaque citoyen consent à un effort financier pour les autres, François Fillon propose de substituer une idéologie de responsabilisation et de souci des grands équilibres. Au point, là encore, de troubler son propre camp et de s’attirer les remontrances de ceux qui y voient une vision moralisatrice du salut par la souffrance. Aujourd’hui tout le monde a le droit à la même pres- tation sanitaire quel que soit sa situation financière. En cela, la sécurité sociale fran- çaise repose sur des valeurs de solidarité. Privatiser, entièrement ou partiellement la sécurité sociale, c’est défaire un pilier de l’État-providence. Donner la priorité aux mutuelles signifie effacer l’égalité entre tous et défavoriser davantage les plus précaires. En effet, d’après Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, cette réforme coûterait des milliers d’euros supplémentaires par an à chaque foyer. C’est donc l’instauration d’un système à deux vitesses que Fillon plébiscite : d’une part se trouveraient ceux qui ont les moyens de se payer le luxe d’être en bonne santé et d’autre part, ceux pour qui ce serait impossible.

L’homme rattrapé par son image
Les primaires républicaines s’adressaient à une fraction de la population. Mais une fois la victoire acquise, la véritable compétition implique de brasser un public bien plus large. Le jeu de la surenchère à droite n’est donc plus autant permis. Dans un souci de réalité et pour ne pas hypothéquer ses chances à la présidentielle, Fillon opère un renoncement malgré lui. Avec ce recul, c’est le spectre de l’homme transparent, pointé du doigt comme tel, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, dont le courage et l’audace ne sont pas les premières vertus, qui revient. Quoi qu’il en soit, ce renoncement aura tôt fait d’apparaître aux yeux d’un grand nombre de citoyens comme le premier faux pas du grand favori de cette élection, mieux vaudrait alors pour lui que ce soit le seul !
Déborah MALKA
LinkedIn
Sources
BOFF Céline, « Sécurité Sociale : non, François Fillon ne fait pas marche arrière sur ses promesses », 20Minutes, publié le 13/ 12/ 2016, consulté le 21/ 12/ 2016. http:// www.20minutes.fr/economie/1980055-20161213-securite-sociale-non-francois-fillonfait-marche-arriere-promesses
BREZET Alexis, « Sarkozy-Fillon : cinq ans d’humiliations », Atlantico, mis en ligne le 23/ 12/ 2014, consulté le 21/ 12/ 2016. http://www.atlantico.fr/decryptage/sarkozyfillon-cinq-ans-humiliations-1919292.html
EQUY Laure, Interview d’Henri Guaino, Libération, publié le 19/ 12/ 2016, consulté le 21/ 12/ 2016.
FARGUES Laurent, « Sécurité sociale : pourquoi Fillon tarde tant à expliquer son programme », Challenges, mis en ligne le 09/ 12/ 2016, consulté le 21/ 12/ 2016. http:// www.challenges.fr/cs-articlebig/securite-sociale-pourquoi-fillon-tarde-tant-a-expliquer-son-programme_442102
France Info, « Quatre propositions de François Fillon sur la sécurité sociale », France Télévisions, mis en ligne le 12/ 12/ 2016, consulté le 21/ 12/ 2016. http://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/quatre-propositions-de-francois-fillon-sur-la-securite-sociale_1965995.html
GODELUCK Solveig, « Santé : les propositions de Fillon font polémique », Les Echos, mis en ligne le 25/ 11/ 2016, consulté le 21/ 12/ 2016. http://www.lesechos.fr/ elections/primaire-a-droite/0211532561992-sante-les-propositions-de-fillon-font-polemique-2045768.php
LANDRE Marc, « Une pétition anti-Fillon de médecins « pour sauver la Sécu » cartonne sur le net », Le Figaro, mis en ligne le 21/ 12/ 2016, consulté le 21/ 12/ 2016. http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/12/21/20002-20161221ARTFIG00009-unepetition-anti-fillon-de-medecins-pour-sauver-la-secu-cartonne-sur-le-net.php
« La réforme de la sécurité sociale vue (et revue) par François Fillon », Sciences et Avenir, mis en ligne le 14/ 12/ 2016, consulté le 21/ 12/ 2016. http://www.sciencesetavenir.fr/politique/la-reforme-de-la-securite-sociale-vue-et-revue-par-francoisfillon_108889
Crédits photo : Guillaume TC
Crédits dessins : Charles Fery

Pooductive
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Pooductive: réinventez votre expérience utilisateur des… WC

L’intimité ? C’est so 2012…
À l’ère du digital, il apparaît que les réseaux sociaux, jeux en ligne et applications en tout genre aient révélé un mal profond de notre société contemporaine : la peur de la solitude. Pour y remédier, les ingénieurs et autres geeks s’évertuent à créer de plus en plus de plateformes de rencontre et de communication, si bien qu’il n’existe désormais que peu de moments de notre quotidien pendant lesquels nous sommes obligés et forcés de rester seuls, face à nos proches ou à nous-mêmes. Que ce soit dans le but de rencontrer l’amour, de sympathiser avec TrollSympadu34 dans un monde parallèle ou de battre Monique87 au Scrabble, tout est fait pour que votre vie sociale soit comblée par de multiples avatars, et pour que vous épanchiez vos émotions dès que vous en ressentez le besoin, que ce soit en Comic Sans MS sur MSN ou à coup d’ « autocollants » sur Facebook.
Partager le trône

Depuis août, un pas de plus a été fait vers l’ère du social diktat. Pour vous, on a créé un nouvel agora, un nouveau lieu de partage et de communion, facile d’accès, cosy et tranquille : vos toilettes. Il s’agissait peut-être du dernier lieu sur terre où vous ne ressentiez pas le besoin d’avoir une vie sociale trépidante – sauf vous les filles, quand vous y allez toutes ensemble en soirée. Vous n’aurez plus à faire de choix entre développer votre vie sociale et satisfaire vos besoins naturels : Pooductive est là pour vous apprendre à concilier les deux. Le principe est simple : vous prenez place sur le trône, et souhaitant contrecarrer l’ennui, vous vous connectez à l’appli qui se résume à un simple chat, connectant des gens dans la même position que vous. Plusieurs choix s’offrent à vous : chat global ou local – vous pouvez choisir la distance entre vous et votre interlocuteur – chat à deux ou en groupe. Selon ses créateurs et comme indiqué sur leur site web, l’application est faite pour que ses utilisateurs « philosophent, partagent des idées et jouent à des jeux », le petit coin étant le lieu parfait pour s’adonner à ces activités puisqu’il serait un « incubateur de créativité ».

L’appli tombe à l’eau
Pooductive est un flop, pour plusieurs raisons. En premier lieu, tout porte à croire que la majorité des gens a téléchargé l’application pour en rire, ou poussé par une curiosité obscure et inavouable ; quoi qu’il en soit, ceux-là n’y sont sûrement pas restés plus d’une journée, voire plus de 15 minutes. Il existe pourtant une cible réelle, un public enthousiaste et dont la créativité déborde au moment d’utiliser les toilettes, un public qui attendait et rêvait d’appartenir à une communauté de pooductive people. Oui, ils existent (selon les créateurs de l’application). Malheureusement, ces publics enthousiastes ont été fortement déçus par la lenteur de l’application, qui met effectivement un certain temps à trouver des partenaires et à vous mettre en contact – pas pratique si on était parti sur une courte pause pipi. Qui plus est, l’application n’offre pas beaucoup de possibilités, outre le chat. On ne peut pas envoyer de photos (c’est peut-être pour le mieux d’ailleurs), mais seulement des extraits de chansons aux noms évocateurs comme Booty in the air, Who let the dogs out ou encore Drop the bombshell. Amusant, mais tout de même un peu lassant. Certaines personnes se servent donc uniquement de l’appli comme d’un tremplin, permettant de rencontrer des gens pour ensuite les recontacter sur d’autres plateformes comme Snapchat ou Facebook… Au contraire de LinkedIn ou Tinder, personne ne sait vraiment ce qu’il vient faire sur Pooductive, et les échanges en pâtissent, ne pouvant s’accorder. Ce que l’on cherche dans une application s’apparentant à un réseau social, c’est qu’elle devienne le moteur de nos rencontres mais conduise à quelque chose d’extérieur à sa simple utilisation. Un réseau social comme Clowdy par exemple est intéressant en ceci qu’il permet d’établir des liens entre des créatifs (musiciens, vidéastes, graphistes, etc.), afin qu’à terme des collaborations puissent voir le jour. Mais quand le seul point commun des utilisateurs d’un chat est le lieu où ils se trouvent, la rencontre n’a plus rien de constructif. Et si l’objectif est simplement de passer le temps aux toilettes, autant aller vers d’autres applications plus distrayantes et ayant un fond réel comme PoopFiction qui dirige ses utilisateurs vers des extraits plus ou moins long d’oeuvres littéraires, de Tolstoï à James Baldwin.
Une bombe sur Pooductive
En vraie journaliste d’investigation, j’ai tout de même décidé de voir par moi-même de quoi il s’agissait, en menant anonymement une enquête de terrain. Flop ou pas, l’application a tout de même connu un certain battage médiatique à sa sortie (cf. photo ci-dessus). Incognito (et dans le thème) sous le pseudonyme de « ThePooPope » j’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes très différentes, du « fart & poo fetishist » au père de famille très concerné par les exploits de sa fille sur le pot.
 
 
 
 

 
De manière générale, les conversations sont des plus banales et n’entrent pas forcément dans des délires scatophiles – tant mieux ? dommage ? à vous de voir. Je n’ai pas eu la chance de philosopher, ni d’exprimer ma créativité, et la plupart des gens à qui j’ai parlé étaient là par curiosité, ce qui a donné lieu à des conversations inconsistantes, voire emmerdantes (passez-moi l’expression).
Pooductive va donc avoir du mal à réunir de nouveaux utilisateurs et à les fidéliser. Toutefois, les têtes pensantes de ce bijou post-moderne sont en train de le faire évoluer, y installant de nouvelles activités et re-travaillant sa performance… Affaire à suivre. Sur ce, je retourne à ma « morning training potty session », ThePooPope’s kisses.
Merci à Victoire Coquet de m’avoir servi de wingwoman dans mon investigation.
Alix Leridon 
Source :

Crédits photos : 
http://provocateur.gr/manners/10458/wtf-an-exeis-moysi-empaine
Application Pooductive 

Invités

Marseille 2013, potentiel buzz ou flop avéré ?

On n’en entendait pas parler. Et, si l’on n’avait pas un œil outrageusement attentif, on aurait pu passer à côté. Alors oui, « Marseille 2013, capitale européenne de la culture », ne date pas d’hier. Le projet a été déposé en 2004 et officialisé en 2008, mais il est pour demain. On nous avait discrètement promis que la campagne de communication serait pour bientôt, nous en avons aujourd’hui les premières ébauches.
 
Marseille 2013, c’est avant tout fonder la communication sur le capital culturel déjà présent de la future capitale culturelle ; un constat qui, à l’écrit, a de quoi embrouiller l’esprit, mais qui est loin d’être incohérent. Marseille mérite son futur titre et c’est à la ville et à ses habitants de le prouver. Quand on pense à la cité phocéenne, on plante calanques pour décor, cigale et accent du sud pour fond sonore. Mais au fond, la culture marseillaise, non, l’Olympique Marseillais n’est pas une bande d’artistes. Ce n’est pas cela qui nous vient spontanément à l’esprit lorsque l’on pense à Marseille. Et pendant de longues années, Marseille n’a rien fait de visible, en termes de communication, pour légitimer son statut de 2013. Le logo, pourtant vite affiché par les localités, n’a apparemment pas marqué les esprits, malgré le choix des couleurs vives et de la typographie simple et percutante, tout à fait déclinable.
 
Cependant, elle se rattrape, petit à petit. Si l’on fouille un peu, en particulier sur le net, où les sites dédiés à Marseille 2013 fleurissent, et où les premiers extraits de la campagne de communication annoncent la couleur : humour et clichés sont au rendez-vous. S’il s’agit de donner mon avis, je dirais que l’accroche est osée, mais pas désagréable, puisque Marseille affiche désormais sur Internet un fier slogan « Descendez à la capitale » sur fond de paysages de carte postale – choix tout à fait délibéré selon Christophe Imbert, directeur de la communication de l’association Marseille-Provence 2013.

 
Suivent des vidéos d’une trentaine de secondes publiées au compte goutte, où là aussi, la vision pastis et soleil est de rigueur. La première vidéo par exemple, nous présente des joueurs de pétanque, dont l’un d’entre eux pose la sempiternelle question « Tu tires ou tu pointes ? ». C’est là qu’on est surpris ; le joueur répond par une réflexion philosophique dithyrambique, dont l’incongruité est soulignée lorsque son compagnon rétorque que, lui, aurait sans doute « pointé ». Re-belotte (sans insister sur les clichés), une deuxième vidéo nous présente deux femmes sous une pergola méditerranéenne, dont l’accent marseillais presque trop prononcé (aurait-on demandé à des parisiennes de jouer des provinciales ?!), est couvert par des bruits de travaux, et les deux protagonistes en parlent comme d’une symphonie riche en émotions. De quoi traiter les clichés avec humour, en mêlant réflexions culturelles et vision parisienne de la région.
 

 
On aurait pu craindre que le manque budgétaire pour la communication conduise à un irrémédiable flop, et j’y ai pour ma part cru pendant un temps. Mais la campagne ne manquera probablement pas de réussir si elle gagne en visibilité, car le pari du projet « Marseille Provence 2013 » ne manque pas d’attraits. Le contenu, plus de 400 évènements, est audacieux dans la mesure où il joue sur l’histoire culturelle extrêmement riche de la cité phocéenne et du pourtour méditerranéen et sur l’image, plus actuelle mais tout à fait justifiée, d’une forte identité urbaine, propice au street art. Des projets solidaires, comme l’OFF Marseille 2013, visant à promouvoir des artistes méconnus, ont été mis en place. Et pourtant, le quasi silence médiatique relatif à l’évènement, a failli nous faire rater ce programme prometteur.
 
Mais à l’approche de 2013, si bien sûr, nous survivons à la fin du monde, « Marseille 2013 » gagne enfin petit à petit ses lettres de noblesse. Les premiers souffles de la campagne de communication, bien que discrets, ne manqueront pas de séduire les plus attentifs : si l’humour n’atteint pas des sommets de finesse, il reste plaisant et tend à ménager la susceptibilité légendaire des Marseillais ; cependant certains d’entre eux semblent sceptiques. Si l’on observe un peu les commentaires marseillais relatifs à la campagne, on se rend compte que les plus outrés, ce sont les Marseillais, d’autant plus qu’on ne sait pas si le directeur de la campagne est marseillais (se moque-t-il de l’œil parisien ?) ou parisien (affirme-t-il les clichés parisiens comme justifiés ?). Christophe Imbert travaillant en Rhône-Alpes, il préfèrerait sans doute qu’on lui prête la première intention.
On compte d’ailleurs probablement sur le sens de l’autodérision des parisiens pour accepter la petite boutade provinciale, qui reste une modeste revanche sur la monopolisation culturelle de Paris du point de vue touristique. Car Marseille, dans sa campagne, vante aussi bien son patrimoine culturel que son identité pittoresque. Sur certains encarts publicitaires, ce ne sont pas des œuvres qui sont présentées, mais des paysages, présentés comme des œuvres. Marseille et toute la Provence sont une œuvre qui en abrite d’autres, nous hurle cette campagne, et malavisé serait celui prompt à  contredire cela.

 
Il est donc sans doute trop tôt pour parler d’un flop de la campagne, même si elle ne fait pas l’unanimité, en particulier auprès des Marseillais. Il en va de même pour affirmer un buzz, mais n’était-il pas la finalité de l’arrivée tardive de la campagne ? La suite nous le dira, et je l’attends avec impatience, d’autant plus que les premières affiches ne devraient pas tarder à fleurir sur les quais de métro, arrêts de bus et autres gares.
 
Noémie Sanquer
http://www.mp2013.fr/

http://www.culturecommunication.gouv.fr/Actualites/Dossiers/Marseille-Provence-2013-capitale-europeenne-de-la-culture

http://www.marsactu.fr/culture-2013/marseille-provence-2013-la-capitale-des-boules-29532.html

http://www.mediaterranee.com/0312012-france-marseille-provence-2013-lance-sa-campagne-de-communication.html#.UMDhAGfSE_I

http://www.marseille2013.com/