JMLP Jean Marie Le Pen
Flops

Keep calm and…

Vendredi 9 janvier, lors des prises d’otages dans un supermarché casher ainsi que dans une imprimerie de la ville de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) par des terroristes islamistes, Jean-Marie Le Pen, président d’honneur du FN a fait publier sur son compte Twitter ce message : « Keep calm and vote Le Pen ».
On assiste ainsi à un très bel exemple de récupération politique des événements qui se sont déroulés il y a déjà deux semaines. Ce tweet a d’ailleurs provoqué un véritable tollé sur la Toile.
Mais pourquoi ces propos font-ils au juste polémique ?
Selon Libération, l’intéressé aurait déclaré : «Ainsi il y aurait des manifestations républicaines et maintenant des convenances républicaines qui font qu’on ne pourrait pas parler d’élections pendant une prise d’otages. Ce fait divers est un fait social qui aura des conséquences politiques. Ce que l’on nous reproche, c’est d’avoir raison avant tout le monde. Nous n’allons pas nous taire aujourd’hui pour laisser certains jouer les parangons des vertus républicaines en défilant dans la rue.»
On pourrait en effet ne pas s’en offusquer il pratique la liberté d’expression. N’est-ce pas d’ailleurs un des enjeux majeurs au centre des événements de ces dernières semaines ?

A propos du message…
Plusieurs raisons peuvent expliquer la majeure partie du rejet de ce type de message. Il y a tout d’abord, comme l’explique le philosophe Xavier Landes sur Slate, « un temps pour le recueillement, la compassion, le soutien sans condition et un autre pour l’analyse critique ».
Egalement dans deux ans reprend la campagne pour les élections présidentielles. Jean-Marie Le Pen a donc ainsi sauté sur l’occasion, sur un moment où des vies humaines étaient en jeu, profitant de cette période de terreur, de désarroi et de colère pour communiquer son message. Un message qui se veut une réponse aux sentiments et à la situation de la population française, surfant ainsi sur une idéologie divulguée à demi-mot.
Aussi le message diffusé sur le compte de Jean-Marie Le Pen reprend celui d’une célèbre affiche de 1939, « Keep Calm and Carry On », qui aurait dû être publiée par le gouvernement britannique afin de rassurer la population en cas d’invasion ennemie… L’équipe de communication de Jean-Marie Le Pen avait-elle conscience du contexte d’énonciation dans lequel cette affiche aurait dû servir ? Il faut toutefois ajouter qu’elle n’est pas la seule à avoir réutilisé ce message. Il a en effet beaucoup été repris pour différents usages commerciaux. Or, il s’agit ici d’un contexte politique et idéologique grave. Les terroristes s’en sont pris à la liberté d’expression, à l’autorité incarnée par des policiers ainsi qu’à une partie de la population de confession juive. Ils incarnent une idéologie à la violence évidente, une véritable menace pour les valeurs et les principes qui se veulent défendus par la France. Ainsi dans le cas présent, l’équipe de communication de Le Pen a publié, non l’affiche, mais le tweet. Elle a donné ainsi l’impression d’avoir accompli ce que le gouvernement britannique n’a pas fait durant la Seconde Guerre Mondial, en cas d’invasion. Invasion. Le mot est lâché et peut être n’est-il pas si anodin.
Dire que ce message a été diffusé en prenant consciemment en compte cette référence historique serait trop hâtif. Or il paraît évident que ce message joue sur les peurs et les amalgames qui voudraient établir un lien entre terroristes islamistes, musulmans et immigration, d’autant lorsque l’on connaît la politique que défend le parti d’extrême droite.
Il ne faut toutefois pas être naïf : connaissant le personnage de Jean-Marie Le Pen, et se douter qu’il y a sûrement eu une volonté de polémiquer en usant d’un discours simplifiant les événements à son avantage.
Il faut pouvoir entendre tous les avis, toutes les opinions car elles sont le reflet d’une partie de la société et nous devons les prendre en considération. Cependant entendre, écouter ne veut pas forcément dire approuver. La liberté d’expression est également un moyen de lutter contre certaines idéologies extrémistes et de montrer tout la bêtise et l’absurdité qui peuvent en découler.
Hélène Hudry
Sources :
liberation.fr
huffingtonpost.fr
slate.fr
Crédits photos :
liberation.fr
francetvinfo.fr

Les Fast

Le Front National entre en guerre médiatique

 
En politique, tout le monde se renseigne forcément sur son adversaire avant un débat. Le Front National, lui, change de cible, et se renseigne maintenant sur les journalistes qui parlent du FN. Apolline de Malherbe, journaliste de BFMTV exerçant auparavant chez Canal +, semble avoir été la victime d’une guerre d’un nouveau genre.
En effet la journaliste a été attaquée sur son parcours et ses convictions politiques par Marine Le Pen sur le plateau de BFM le 11 mai.

Cela fait écho à des déclarations récentes de Philippe Martel, le chef de cabinet de Marine Le Pen, qui aurait déclaré, selon Le Point « Notre plan média, c’est de vous attaquer à mort », en parlant de « ces connards » de journalistes institutionnels.
Coup de bluff ou véritable « plan média » ? L’hésitation reste grande, surtout que les cadres du parti n’hésitent jamais à parler fort. Ce nouvel angle s’intègre parfaitement à la stratégie du FN en termes de discours. Après le fameux « UMPS », c’est le « tous les mêmes, et les journalistes avec ». Il s’agit de montrer que politiques et journalistes viennent du même milieu. Apolline de Malherbe s’est faite attaquée sur son parcours à Sciences Po par Marine Le Pen qui affirme que L’ENA ou Sciences Po seraient des « pouponnières ». Le FN reste alors sur cette communication autour du « eux » contre le « nous » : le système des personnes ayant fait les grandes écoles et qui sont loin des problèmes contre les vrais Français, auxquels le FN affirme appartenir. En bref, le FN est victime d’un vaste complot d’une classe qui ne les accepte pas, d’une catégorie de personnes bien loin des « vraies personnes » et des « vrais problèmes ».
Il s’agit également de montrer que tous les journalistes ont un parti-pris idéologique qui a des répercussions sur leur manière de traiter le FN. En effet, Marine Le Pen a également attaqué Apolline de Malherbe sur son passé chevènementiste.
Cette nouvelle stratégie sera-t-elle payante ? En tous cas, soyons sûrs que les journalistes ne se laisseront pas attaquer, et surtout pas par le Front National.
Paola Paci
Sources
LeFigaro
LeMonde