Sarkozy D8
Flops

« Campagne Intime, Nicolas Sarkozy » : simple documentaire ou véritable outil de communication ?

 
La diffusion de « Nicolas Sarkozy, Campagne intime » sur D8, mardi dernier, aura fait couler beaucoup d’encre. Le programme, présenté comme un documentaire inédit sur la campagne présidentielle de l’ancien chef de l’Etat, a en effet suscité de nombreuses réactions sur la toile. Décrié sur les réseaux sociaux, ressassé et analysé par les chaînes d’information et dans la presse, le programme a tout de même rassemblé 1,5 millions de téléspectateurs et enregistré 5,2% de part d’audience, à tel point qu’il devient légitime de se demander quel a été le véritable enjeu de sa diffusion. Stratégie de communication ou simple documentaire à regarder avec recul et second degré ? La question se pose, d’autant plus qu’il s’agit bien ici d’un reportage ambivalent.

Information ou communication ?
« Campagne Intime » retrace les mois de campagne précédant l’élection présidentielle de 2012 avec un objectif affiché : montrer ce que ni le public ni les journalistes n’auraient vu jusqu’ici.
Caméra à l’épaule, Farida Khelfa a en effet suivi le couple présidentiel dans des moments de vie quotidienne, ou intime, comme le titre du programme l’indique. Il est néanmoins possible de se demander si l’intimité n’est pas ici la grande absente, car bien qu’il soit présenté comme un film à caractère documentaire, le programme fait montre d’une subjectivité affichée. La réalisatrice, ex-mannequin et amie de Carla Bruni Sarkozy, nous donne ainsi à voir l’image d’un couple quasi parfait : elle, soutien sans faille toujours prête à pousser la chansonnette, lui, père attendrissant et homme politique engagé.
Une vision sans recul et pour le moins subjective qui nous laisse penser qu’il pourrait bien s’agir d’un outil de communication politique. Difficile en effet d’envisager qu’un homme politique puisse réellement être naturel face aux caméras, et c’est en cela qu’il devient légitime de se demander si la communication n’aurait pas ici pris le pas sur l’information.

De plus, si le but de ce documentaire n’est pas clairement établi, le choix de sa période de diffusion pourrait aussi être questionné. Dans le cas où l’on serait face à un reportage purement informatif, quel pourrait être l’intérêt pour la chaîne de le diffuser maintenant ?
L’hypothèse de l’outil de communication semble d’autant plus plausible si l’on tient compte du contexte politique actuel. Ainsi, dans le cadre d’une stratégie politique, il semblerait opportun pour Nicolas Sarkozy de véhiculer l’image d’un homme proche du peuple et digne de confiance, alors même que la communication du président actuel semble lui faire défaut et ne cesse de faire augmenter son impopularité. La chaîne affirme néanmoins qu’il ne s’agit pas ici d’une stratégie de communication ni d’une commande des équipes de Nicolas Sarkozy, accentuant ainsi l’ambivalence du programme.
Un relai médiatique pour le moins surprenant
 Qualifié de « film de propagande, tourné avec le cœur et filmé avec les pieds » par Médiaslemag, « Campagne Intime » aura donc été vivement critiquée et tournée en dérision par les téléspectateurs et les journalistes.

Pourtant, le dispositif médiatique mis en œuvre autour du reportage semble lui conférer la légitimité et le sérieux d’un véritable événement politique. Un teasing important a ainsi été mis en place sur la chaîne D8, mais le reportage a surtout fait l’objet d’une analyse postérieure sur la chaîne d’information i>télé. Un débat a ainsi été proposé en seconde partie de soirée, décryptant le documentaire et rappelant les analyses proposées lorsqu’un événement politique important survient.
Et les chaînes publiques n’étaient pas en reste puisqu’au lendemain de sa diffusion, France 2 commentait le programme dans son journal de 13 heures, mettant en exergue son caractère exclusif. Le reportage a été relayé et commenté par les chaînes d’information, au même titre que les évènements politiques majeurs. Ce qui peut sembler paradoxal puisque toute ambition politique est ouvertement niée.
Nicolas Sarkozy, le retour ?
En conclusion, il semble important de souligner l’ambivalence d’un tel documentaire qui, malgré une volonté affichée de simplement faire découvrir au public la face cachée d’un homme politique, participe au retour de Nicolas Sarkozy dans la conscience collective. En témoigne notamment la réapparition du hashtag #SarkoNostalgie le soir même de la diffusion du reportage.
Un caractère ambivalent qui pourrait notamment expliquer les critiques virulentes des téléspectateurs et autres journalistes, habitués à ce genre d’exercice communicationnel. En effet, l’initiative de dévoiler les coulisses d’une campagne n’a rien de novateur. Bon nombres d’hommes politiques avaient déjà jugé judicieux de se mettre en scène durant leur campagne. Car il s’agit véritablement ici d’un exercice de mise en scène au travers duquel l’acteur principal cherche à véhiculer une certaine image ; en l’occurrence celle d’un homme serein, engagé et authentique aussi bien en politique que dans l’intimité.
Les enjeux communicationnels d’un tel outil semblent ainsi avoir été identifiés par le public, conscient que ce qu’on lui donne à voir ne reflète pas nécessairement une réalité objective, mais qui semble pourtant se prêter au jeu, comme en témoignent les scores d’audiences.
Néanmoins, le documentaire « Nicolas Sarkozy, Campagne intime » semble se différencier nettement de ses prédécesseurs dans la mesure où l’enjeu politique et communicationnel n’y est pas assumé. Il semble donc légitime de se demander s’il s’agissait ici de préparer un possible retour en politique de l’ex président.
 Amandine Verdier
Sources :
Europe1.fr
Nouvelobs.com
Huffingtonpost.fr
 
 
 

Invités

Le Triduum pascal de Sarkozy

 
Sarkozy a-t-il envie de revenir ou le fera-t-il par devoir ? Sera-t-il le dernier recours pour redresser la France, ou finira-t-il de l’achever ? Les convictions de chacun répondront à ces questions et l’histoire jugera ces réponses. Mais quelque soit l’avenir ou le non-avenir politique de Nicolas Sarkozy, il est intéressant d’observer la manière dont le récit de son retour se met en place… Un récit quasi « christique » si on en croit la dernière Une de Charlie Hebdo. Une caricature qui fait écho à l’entrée des chrétiens dans le « Triduum pascal » dès ce jeudi. Risquons-nous à pousser l’analogie de Charlie Hebdo jusqu’au bout, et regardons d’un peu plus près le « Triduum » de Nicolas Sarkozy.
Jour 1 : le dernier repas ou le discours de la mutualité
Pour les chrétiens, le premier jour du Triduum pascal est la célébration de “l’ultime repas du Christ avec ses disciples, où il leur annonce le don qu’il va faire de sa vie, librement et par amour.”[1] Jésus, lors de son dernier repas, lave les pieds de ses disciples et nous montre par ce geste l’image d’un Dieu au service de son peuple [2]. Nous pouvons donc distinguer trois messages-clés de ce passage de la vie du Christ : le don de soi, le service des autres et l’amour.
Le discours de Nicolas Sarkozy le soir de sa défaite se construit lui aussi autour de ces trois axes majeurs. D’abord le don de soi :  « je me suis engagé totalement, pleinement. » [3] Ensuite le service : « cela fait dix ans que chaque seconde, je vis pour les responsabilités gouvernementales au plus haut niveau. » Et à ce moment, il redevient un « français parmi les français. » Enfin, l’amour. L’amour pour la France : « j’ai l’amour de notre pays inscrit au plus profond de mon cœur. » et l’amour pour les français : « vous êtes la France éternelle, je vous aime ! »
Concernant son avenir politique, il nous livre un mystérieux message : « Une autre époque s’ouvre. Dans cette nouvelle époque, je resterais l’un des votre. […] Mais ma place ne pourra plus être la même. » Alors que Jésus, en son temps, expliquait à son apôtre Pierre : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » (Jean, 13).
Ainsi, en 10 minutes de discours, Nicolas Sarkozy a posé les bases sur lesquelles pourront s’appuyer le récit de son retour…
Jour 2 : la passion du Christ ou l’acharnement politico-mediatico-judiciaire
Le deuxième jour est celui de la passion du Christ… L’humiliation publique et la souffrance physique de Dieu fait homme, jusqu’au sacrifice ultime : la crucifixion. « Dans ce geste radical d’humilité, qui renverse la vision païenne d’un dieu dominateur, les chrétiens reçoivent la révélation d’un Dieu qui n’est qu’amour. » [4]
Nicolas Sarkozy renverse aussi son image. Avant sa défaite, et de plus en plus aujourd’hui, il se présentait comme une « victime » : « Et puis, regardez comment j’ai été traité ! » [5] Victime de l’acharnement de ses adversaires politiques qui ont surfé sur la vague du « tout sauf Sarko ». Victime de l’acharnement médiatique « sans précédent » pour un président de la République. Victime aujourd’hui d’un acharnement judiciaire à travers sa mise en examen, une « accusation infamante, insultante » [6] selon Henri Guaino. Nicolas Sarkozy déclare lui-même qu’il fait  « face à l’épreuve d’une mise en examen injuste et infondée. » [7]
L’analogie entre le récit christique et le récit sarkozien se poursuit. Jésus a été crucifié alors que son juge Ponce Pilate ne voyait lui-même aucun élément justifiant une quelconque condamnation. Il n’y a alors qu’un pas à franchir pour expliquer que la seule motivation du peuple de France à choisir François Hollande était le rejet de Nicolas Sarkozy, de la même manière que la foule a préféré libérer Barabas à la place de Jésus. Non par sympathie pour ce criminel, mais par rejet de Jésus. Nombreux sont les supporters de Nicolas Sarkozy et les analystes politiques qui ont déjà franchi ce pas [8] et qui décrivent l’accession de François Hollande comme un « accident de l’histoire ».
Jour 3 : la résurrection d’entre les morts ou la reconquête
Le dernier jour du Triduum pascal « est un jour de silence et de recueillement, un jour d’attente », juste avant la célébration de Pâques : « la résurrection de Jésus, son « passage » de la mort à la vie. » [9]
Nicolas Sarkozy entretient méthodiquement la présence médiatique de son absence et s’attache à conforter le récit christique de sa reconquête : le nouveau président accueilli comme un Roi en 2007 (l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem) ; le rejet virulent d’un homme jusqu’à l’humiliation publique (la passion du Christ) ; ses amis qui, soit le renieront (plus de trois fois), soit témoigneront de ses bienfaits jusqu’au bout (les apôtres)…
La partie la plus importante de cette histoire reste à écrire : celle de la reconquête, celle de la victoire de la vie sur la mort, l’histoire de la résurrection, de l’homme descendu au plus bas pour remonter au plus haut et promettre la vie éternelle à chacun. Une histoire qui passionne déjà les journalistes qui sont impatients d’en écrire la fin. Mais l’élément le plus central de l’histoire du Christ est surement l’élément que Nicolas Sarkozy aura le plus de mal à obtenir : la Foi. Les français, au moment venu, auront-il encore foi en lui ?

Pierre-François Jan
[1] : http://www.croire.com/Definitions/Fetes-religieuses/Semaine-sainte/Qu-est-ce-que-le-Triduum-pascal
[2] : http://viechretienne.catholique.org/meditation/10077-le-lavement-des-pieds
[3] : Discours de Nicolas Sarkozy à la Mutualité – 6 mai 2012
[4] : http://www.croire.com/Definitions/Fetes-religieuses/Semaine-sainte/Qu-est-ce-que-le-Triduum-pascal
[5] : http://www.atlantico.fr/rdvpresse/sarkozy-dans-valeurs-actuelles-qu-dit-exactement-marcela-iacub-au-tribunal-nouvel-obs-accusee-levez-revelations-mag-liaison-avec-659669.html#hCKEG3pyZWvrk6pP.99
[6] : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/03/25/01016-20130325ARTFIG00460-henri-guaino-le-juge-gentil-salit-la-france.php
[7] : Communiqué de Nicolas Sarkozy sur sa page Facebook, le 25 mars 2013
[8] : “Cette dimension de vote de «rejet» est sensible, 55 % des électeurs de François Hollande disent qu’ils sont allés voter en sa faveur pour «barrer la route à Nicolas Sarkozy»”
[9] : http://www.croire.com/Definitions/Fetes-religieuses/Semaine-sainte/Qu-est-ce-que-le-Triduum-pascal

1
Tweet sur Ponce Pilate et le débat Sarkozy Hollande 2012
Agora, Com & Société

« Ponce Pilate ! », mais pourquoi ?

 
Ce moment du débat présidentiel en a surpris plus d’un et à juste titre. Les deux candidats étaient alors parvenus à ce moment de leur « discussion », où était ressorti l’affaire DSK. M. Sarkozy accusait M. Hollande de très bien connaître la nature des vices de Dominique Strauss-Kahn, il lui répond donc : « comment vouliez-vous que je connaisse la vie privée de Dominique Strauss-Kahn ? Vous aviez des informations ? Moi je n’en avais pas ». Son débit oratoire est alors très rapide, et cela fait déjà plus de deux minutes qu’ils parlent en même temps et luttent pour prendre le dessus. On atteint clairement un moment où la tension culmine, et la réponse de M Sarkozy tombe alors, assortie d’un air désabusé : « Ponce Pilate ».
Petit rappel historique. Car, même pour nos lecteurs qui connaissent leurs références, il est important en l’occurrence de revenir sur ces détails. Il faut partir du principe qu’ici la référence est biblique, et non pas historique, et qu’elle est employée comme expression figée. Ponce Pilate est donc, selon l’évangile de Luc (3,1), gouverneur de Judée et il est resté célèbre grâce au rôle qu’il a joué dans l’arrestation et la condamnation de Jésus Christ. En effet, Jésus après avoir été trahi par Judas et condamné par l’assemblée législative traditionnelle du peuple juif (le Sanhédrin), doit encore être jugé par le tribunal romain, dont les autorités occupent Jérusalem. Ponce Pilate est le préfet en charge de ce procès, mais il reste sceptique quant aux motifs d’accusation : Jésus Christ est accusé d’avoir excité la révolte du peuple et d’être « le roi des juifs ». Se joue alors une scène d’une injustice flagrante d’absurdité ; Ponce Pilate lui demande : « Es-tu le roi des Juifs? » et « Jésus lui répondit: Tu le dis. » (Matthieu 27 :11). Il refuse ensuite de répondre à toutes les autres questions de Ponce Pilate, qui déclare alors : « Je ne trouve rien de coupable en cet homme. » (Luc 23 :4). Cependant il existe une coutume qui laisserait la liberté au peuple, durant les jours de fête, de libérer un prisonnier et un seul. Comme c’est le jour de Pâques, Ponce Pilate s’adresse à la foule et demande s’ils souhaitent libérer le « roi des juifs », et la foule excitée par le grand conseil et « les sacrificateurs » crie : « Qu’il soit crucifié! » ; le gouverneur ajoute: « Mais quel mal a-t-il fait? Et ils [crient] encore plus fort: Qu’il soit crucifié! » (Matthieu 27 :22-23). Alors Ponce Pilate se lave les mains devant eux et dit : « Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde », et le peuple en accepte la responsabilité (Matthieu 27 :24).
Après cet examen poussé de l’histoire biblique, revenons au débat. La première remarque sans doute à faire, est que M. Sarkozy a comparé Dominique Strauss-Kahn à Jésus. Outre ce non-sens, on comprend cependant qu’il sous-entendait que M. Hollande défendait intérieurement Jésus Strauss-Kahn, mais qu’il « s’est lavé les mains » de sa condamnation et en a reporté la responsabilité sur autrui, de manière lâche et faible. Dans notre cas très particulier, on peut même comprendre, que dans un sens très large, Nicolas Sarkozy accusait François Hollande de faire lâchement l’ignorant en taisant sa complicité et sa connaissance des vices de DSK.
Et c’est après toutes ces explications que vient la véritable question que veut soulever cet article : POURQUOI ? Quels étaient les potentiels électeurs visés par cette accusation ? Est-elle volontairement allusive ? Quelles sont les personnes qui ne l’ont pas perçue comme pédante et/ou mystérieusement incompréhensible ? Pourquoi, en bref, Monsieur Sarkozy a cessé pendant quelques secondes de faire du « grand public » a un moment qui l’était pourtant tellement ?!
Solution n°1 : M. Sarkozy s’adressait à l’élite cultivée de cette nation, et même à la gauche caviar et sceptique, à ses bobos invétérés qui ont hurlé au scandale durant les épisodes du Sofitel, et qui sont allés au catéchisme quand « ils étaient jeunes ».
Solution n°2 : M. Sarkozy espérait qu’on admire aveuglément sa culture, pour contrecarrer l’image du –pourtant indélébile- « cass’toi pov’ con ».
Solution n°3 : il s’est laissé emporter par la tension qui grandissait alors dans le débat, il s’est laissé tenter par le clash, par la joie de la petite phrase charmante et bien placée, une que, même Giscard d’Estaing n’aurait pas osée, au temps de la première « petite phrase » médiatique. C’est bien une « vanne », et du clash, dans la mesure où ce n’est pas expliqué et soutenu par un réel argument, c’est simplement une « pique » comme on n’en fait plus. Intellectuellement c’était justifié, médiatiquement c’était un échec (et le pire des échec pour une vanne du débat présidentiel : l’indifférence et le silence de l’incompréhension).
La leçon de l’histoire ? La France laïque ne connaît plus la Bible ni ses Evangiles et Sarkozy ne sait plus « clasher ». De quoi « s’en laver la main »…
 
Marine Gianfermi
Sources :
Les passages des Evangiles cités (Matthieu ; Luc)
L’extrait du débat
La page Wikipédia de Ponce Pilate (à consulter si on s’intéresse réellement à l’histoire de Ponce Pilate, qui est tout de même considéré comme un saint par l’Eglise orthodoxe éthiopienne et les Eglises coptes)
Crédits Photo : les meilleures tweets sur Ponce Pilate avant et pendant le débat.

4
Campagne Homoparentalité Lepen
Archives

Jacques a dit « Eva aussi aurait pu avoir deux papas gays »

 
Bon d’accord, ce n’est pas Jacques qui l’a dit. On vous explique :
Période électorale oblige, les candidats à l’élection présidentielle ont  été vus partout, dans tous les médias et dans toutes les situations, plus ou moins réelles. Après avoir vu François Bayrou ou Nicolas Sarkozy à l’agonie dans une campagne en faveur de la légalisation de l’euthanasie, on retrouve six des dix candidats dans la peau, pour le moins surprenante, d’enfants et adolescents épanouis.
Cette idée peut prêter à sourire (ou au contraire être plutôt effrayante) mais elle traite un sujet bel et bien sérieux. Ces images ont en effet été réalisées dans le cadre d’une campagne web lancée par SOS homophobie pour défendre les droits des familles homoparentales.
François Bayrou, François Hollande, Eva Joly, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Sarkozy auraient pu, comme le répète la campagne, être eux aussi élevés dans des familles homoparentales et être heureux. Voilà le message simple véhiculée par l’association qui se bat depuis 18 ans pour l’égalité des droits des couples.
Le recours aux candidats pour cette campagne relève d’un double intérêt : tout d’abord, certains électeurs, ou du moins ceux qui n’ont pas fait une overdose, ont été à l’affût de toute apparition des aspirants présidents. Dans un tel contexte, la visibilité de leur message est assurée auprès d’un large public. Public dont faisaient à coup sûr partie les principaux concernés par cette campagne : les candidats.
SOS Homophobie avait auparavant sollicité chaque candidat sur douze de leurs revendications essentielles (mariage homosexuel, don du sang, sensibilisation à la diversité des relations amoureuses dans les programmes scolaires…) et mené plusieurs actions pour médiatiser ses problématiques. Et c’est cette campagne, relayée également par Le Monde, qui constitue le point d’orgue de la mobilisation. Ces images à la fois choquantes et drôles devaient interpeller les candidats sur un thème particulièrement discret, voire absent de cette (longue) campagne, bien qu’il divise très clairement les différents candidats. Liberté et ouverture pour les uns, respect des traditions pour les autres, la question des droits des lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT) a été relayée au second plan lors des débats mais gagne de l’importance grâce à cette nouvelle campagne bien ancrée dans l’actualité.
Même si les candidats se voient interpelés par cette campagne, ils peuvent également en bénéficier. Après tout, qui résisterait à un bébé Eva ou teenager François ? L’image des candidats devient de plus en plus importante. Le futur président se doit d’être présentable, souriant et d’être un citoyen lambda. Mathieu de Martignac, photographe pour Le Parisien, l’a bien compris, en proposant même aux candidats d’être pris en photo par… eux-même ! Quoi de mieux pour maîtriser sa propre image ?
La vidéo à voir ici >> laparisien.fr
En bref  l’ancrage dans l’actualité du message de SOS homophobie, qui lui reste intemporel, augmente l’impact de la campagne et vise directement les premières cibles visées. Mais le recours à l’image des candidats est-il une nouvelle tendance ou est-il amené à retomber dans l’oubli (et avec lui les thèmes abordés) dès la fin de la campagne et de sa couverture médiatique ? Les médias montrent ici une fois de plus leur pouvoir en s’adressant, quasiment sans intermédiaire aux candidats de l’élection.  Les enseignements à tirer de ce type de campagne publicitaire sont nombreux.  Et quel que soit son avis sur la question, on ne peut qu’apprécier de voir enfin des candidats souriants !
 
Manon Levavasseur
Sources :
Sos-homophobie
Lemonde.fr

1
Campagne ADMD pour l'euthanasie avec Sarkozy mars 2012
Société

Une campagne qui fait mourir les candidats à la présidentielle

 
L’euthanasie : voilà un mot qui fait peur, une idée qui fait frémir, un droit contesté. L’euthanasie, c’est le droit de mourir dignement quand il n’y a plus d’autre espoir que la souffrance et l’agonie. L’euthanasie est autorisée légalement en Belgique pour les patients en phase terminale mais elle est tolérée de manière plus ou moins explicite dans de nombreux pays européens tels que le Luxembourg, les Pays-Bas ou encore la Suisse. En France en revanche, l’euthanasie est considérée comme un assassinat, un empoisonnement prémédité passible de la peine de prison à perpétuité ; des textes législatifs élargissent néanmoins les possibilités de cessation de l’acharnement thérapeutique.
Selon un sondage réalisé en 2000, 70% du corps médical français se déclare favorable ou très favorable à l’exception d’euthanasie. Le 24 novembre 2009, les députés français ont cependant rejeté une proposition de loi présentée par le député socialiste Manuel Valls visant à légaliser l’euthanasie dans certaines conditions.
Si la majorité de l’ordre des médecins est prête à tolérer l’euthanasie pour les patients en phase terminale, il semble que les politiciens soient plus difficiles à convaincre. L’euthanasie est un sujet polémique ; l’idée d’autoriser la mort assistée d’un patient est souvent considérée comme amorale et assimilée à la violation de la loi sacrée de la vie humaine. Cependant quand il n’y a plus d’espoir, quand l’agonie se fait longue et douloureuse et que la mort n’est plus qu’une question de temps, le droit de mourir dignement est alors compréhensible.
C’était d’ailleurs le sujet de la dernière émission Sept à Huit au cours de laquelle les journalistes de TF1 recevaient le mari de Marie Deroubaix laquelle, atteinte de plusieurs tumeurs au cerveau, avait pris la décision de se faire euthanasier en Belgique pour éviter de souffrir et de faire souffrir son entourage. Quelques jours avant de s’éteindre, elle avait accordé une interview aux journalistes de TF1 pour expliquer les raisons de son choix : elle voulait ainsi montrer aux gens, et plus particulièrement aux hommes politiques français, les raisons de son choix pour permettre aux gens dans sa situation de bénéficier du droit de mourir dans les meilleures conditions possibles, dans la dignité et avec le soutien de ses proches.
C’est donc un acte militant que Marie Deroubaix a accompli peu avant sa mort. Comme elle, de nombreuses associations militent en faveur de l’euthanasie comme l’ADMD en France ou Dignitas en Suisse.
En période de campagne pour les présidentielles, ces associations tentent le tout pour le tout pour convaincre les hommes politiques de s’intéresser à la question de l’euthanasie et faire des propositions précises. L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité organise d’ailleurs un rassemblement le 24 mars prochain sur la place de la République et encourage les malades à réclamer leur droit à la fin de vie dans la dignité. Comme on peut le lire sur leur site internet « l’ADMD entend obtenir qu’une loi légalisant l’aide active à mourir (euthanasie et auto-délivrance assistée) soit votée par le Parlement, comme le réclament 94 % des Français interrogés par l’institut de sondage Ifop en août 2011 ».
Il y a moins d’une semaine, l’ADMD lançait une campagne publicitaire choc interpelant le président de la République et certains candidats à la présidence de la République (tels que François Bayrou, candidat centriste du Modem et Marine Le Pen, candidate pour le Front National) en les représentant sur leur lit de mort.
« M. le candidat, doit-on vous mettre dans une telle position pour faire évoluer la vôtre sur la question de l’euthanasie ? » demande le message d’accompagnement des affiches publicitaires parues cette semaine dans Les Inrockuptibles.
La campagne choc de l’association cherche avant tout à susciter une réaction de la part des politiques qui délaissent littéralement cette question depuis l’échec de la proposition de loi de 2009. « Même si la population est largement en faveur de nos demandes, ces politiciens continuent de ne pas écouter » affirme Jean-Luc Romero, le président de l’ADMD. La campagne pour la présidentielle apparaît donc comme une opportunité à saisir pour parler de l’euthanasie et tenter de la replacer au cœur des débats.
Cette campagne a été beaucoup critiquée ces derniers jours ; les images ont été qualifiées « d’indignes » par Jean Leonetti, ministre des Affaires européennes et auteur de la loi actuellement en vigueur. De plus, l’absence de François Hollande sur les affiches suscite l’incompréhension et la suspicion d’un favoritisme envers le candidat socialiste.
Suite au lancement de la campagne, le président de l’ADMD convoque les candidats à la présidentielle à une rencontre publique à la fin du mois pour débattre de l’euthanasie. Si François Hollande a récemment affirmé qu’il était favorable à une révision de la loi pour les patients en phase terminale d’une maladie incurable, Nicolas Sarkozy reste quant à lui très ferme sur ces positions.
Quoiqu’il en soit, s’il est incontestable que cette question continue de faire des émules, il paraît peu probable de voir un réel changement dans les mentalités des politiques.
 
 Charlotte Moronval

2
Le compte twitter de la campagne de Sarkozy en 2012
Société

@PrésidentdelaRépublique

Ça y est, la campagne est officiellement lancée ! Nicolas Sarkozy vient de se déclarer candidat à sa réélection à la tête de l’Etat. Les communicants sont contents. On peut enfin activer la machine, sortir l’artillerie, bref se servir de tout ce matériel sur lequel on lorgnait depuis de longs mois. Ainsi, est ouvert depuis le 15 février le nouveau compte Twitter du Président de la République (@NicolasSarkozy), sur lequel il nous fallait impérativement aller faire un petit tour.
Notre regard s’est évidemment porté tout d’abord sur le papier peint. Rien de surprenant de ce côté là : un beau bleu monochrome, tout à fait UMP, tout à fait rassurant, mais un peu électrique, un peu numérique parce qu’on est quand même sur Twitter. La photo, ensuite, ne nous a pas étonnés non plus, c’est celle au bord de cette mer d’huile sur laquelle la France entière rêve de naviguer, au calme, vers de lointains et prometteurs horizons, guidée et sécurisée par ce Président serein et tout entier habité par sa fonction. Le slogan va d’ailleurs dans le même sens. « La France forte », cela accompagne bien la figure du capitaine et on serait presque entièrement rassuré sans un petit bémol, d’ordre typographique. « Forte » est en effet plus gros, beaucoup plus gros que « France ». Le nom est plus petit que son adjectif qualificatif, du coup la « France » paraît être moins forte que « forte ». Mais, ceci est un détail et il est temps de passer aux choses sérieuses.
La chose sérieuse, c’est la spécificité de la communication élyséenne sur Twitter. Là, on a été surpris ! Dès l’arrivée sur le profil du candidat, on vous indique que ce n’est pas lui qui vous parle : « Compte officiel de Nicolas Sarkozy. Ce compte est piloté par mon équipe de campagne », du moins la plupart du temps ( « Mes tweets personnels seront signés -NS »). Évidemment, on s’en serait douté, et c’est justement un des intérêts de la manœuvre. Nicolas  Sarkozy est honnête avec vous. Comme en 2007, il dit ce qu’il fait et il fait ce qu’il dit. Mieux encore, il est très occupé en ces temps de crise et Twitter n’est évidemment pas sa priorité. Il est responsable, déterminé, travailleur. Ce n’est pas un geek immature et à demi oisif. Néanmoins, il est aussi moderne. Il tweete de temps à autre, pour remercier @whitehouse notamment. Et, cette rareté, c’est aussi la distance, la distinction. Ce qui est rare est cher, précieux. De même que ce qui est loin. Ainsi, les guillemets encadrant les phrases clés de son discours les isolent-elles dans une solennité en contraste avec la  trivialité des autres posts sur le compte. Le discours est grandi, isolé, comme doit l’être le pouvoir, surtout présidentiel.
Globalement, c’est de la bonne com’, et dans com’ il y a aussi communion. La force du candidat Sarkozy est peut-être avant tout là, et ça se retrouve sur Twitter. « J’aime vos valeurs, j’aime vos montagnes. », « c’est par le travail et l’effort que nous garantirons notre modèle social », « s’il y a un blocage, je me tournerai vers le peuple et je lui demanderai de trancher », ces phrases extraites du discours d’Annecy ont été twittées en direct sur le compte officiel par l’équipe de campagne. Pas de chiffres, pas de pure rationalité mais de la croyance. Être en accord avec l’idéologie ou plutôt avec les idéologies, c’est la méthode ici. Ainsi, on retrouve toutes les thématiques qui fondent l’inconscient de la droite française mais aussi de beaucoup d’autres citoyens : traditionaliste, avec les montagnes, libérale, avec le travail et l’effort, ou gaulliste, avec la référence au référendum et au système de protection sociale. Ces thématiques, le Chef de l’État en devient en cette campagne l’incarnation, le garant. On retrouve la figure du héros, c’est-à-dire de l’homme qui porte sur lui les valeurs d’une société et les fait vivre. Ça avait marché en 2007, avec « la valeur travail » notamment. Nicolas Sarkozy était alors un homme frais, comparé à Jacques Chirac surtout, dont il avait pris grand soin de bien se démarquer. Mais, le contexte est désormais différent et on peut se demander si, aujourd’hui très bas dans les sondages, il a les moyens et le temps d’incarner de nouveau ces valeurs, de se refaire héros pour aller battre François Hollande, le candidat normal, le 6 mai prochain ? De la réponse à cette question dépend peut-être grandement le résultat de cette élection.
 
Romain Pédron

3