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Bonnes Nouvelles

 
L’actualité brûlante de ces dernières semaines ne semble pas s’apaiser. Une partie de la Suède est en flammes, Londres a été coupée au couteau, le Niger baigne dans le sang des attentats, et ainsi en est-il de la Guinée, du Liban, de l’Inde, du Pakistan, de la Syrie et de tous les pays du monde.
Nous sommes bombardés d’informations sur la haine et sur la violence. Nous mangeons des revendications et du « fait divers » dès le matin au réveil. Les combats de gladiateur se déroulent dans notre télévision et on en trouve des résumés ou des commentaires sur les sites d’informations.
Le monde est en crise, il hurle à la mort et tape sur la vie ! D’ailleurs, les médias se plaisent à nous en montrer ce sombre aspect, entrecoupé de publicités sur le bien-être.
Et alors qu’on en appelle hypocritement au calme, plutôt qu’à la paix, les médias semblent choisir leur angle d’attaque. Quand les technologies de l’information et de la communication influent un peu trop sur la parole du monde, quitte à ne laisser transparaître que ses penchants extrêmes.
Dépourvus de scoop, déboussolés de tendances, les médias s’accrochent aux « news ».
Dans la rubrique international du Monde.fr, on recense différents articles qui dressent le noir portrait de l’atmosphère ambiante : « Chemical warfare in Syria », « L’extrême droite britannique réclame un « printemps anglais », « Vague d’attentats à Bagdad, une cinquantaine de morts », etc.
Chez Libération, même ambiance : « Des attentats à la bombe font près de 60 morts en Irak », « Soldat tué à Londres : trois des interpellés libérés sous caution », « Effet papillon : le graffiti d’un ado chinois en Égypte fait scandale en Asie », « Une journaliste syrienne tuée près de Qousseir ».
En dehors de la France, le ciel est d’ébène, aussi dur et aussi sombre. Que dis-je ? Ah mais non, tout n’est pas si noir : « New York lance son programme de vélos en libre-service » ! Entre trois articles sur les guerres ethniques et cinq sur celles biochimiques, ça nous redonne le sourire !
Si l’Homme attend ou retient peut-être mieux les mauvaises nouvelles, les médias devraient éduquer leurs lecteurs ou téléspectateurs à recevoir les bonnes. Il n’est pas question d’oublier les cris de tristesse, de peur, d’indignation, de protestation, ou de revendication. Mais il est à l’ordre du jour d’entendre les cris de joie et ceux de surprise, car l’information devrait aussi s’établir sur le réjouissement : au delà de la Patrouille de France, des célèbres anniversaires mortuaires ou des merveilleuses larmes oscarisées.
Des initiatives ont déjà été mises en place comme « Reporter d’Espoir », « Courant Positif », « Newzitiv » ou encore « Bonnes nouvelles ». Cette communication différente reste pourtant un phénomène de petite ampleur médiatique qui vise principalement ceux qui ont le moral à zéro.
Mais devons-nous attendre et atteindre la limite vers le suicide ou la paranoïa ? En effet, l’idéal serait peut-être de faire de la bonne nouvelle une information à part entière, ayant une place aussi intégrante et de même amplitude que la mauvaise.
Alors comment s’explique cette dévalorisation de la « bonne nouvelle » dans les médias ? Aurait-elle trop de ressemblance avec la publicité ? Son rayonnement serait-il moins attrayant ? Question, aussi et surtout, d’habitude, ce sont alors les enjeux des pratiques et usages qui se soulèvent.  Le comble de l’ironie serait quand même d’avoir peur des bonnes nouvelles.
 
Maxence Tauril
Sources :
Le Monde
Libération
Et autres médias positifs : http://www.reportersdespoirs.org/wordpress/, http://www.newzitiv.com/, etc.

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