Cher Voisin de Transport - page d'accueil
Les Fast

Le retour du défouloir des urbains !

 
Si tout comme moi vous êtes sortis des transports en commun ce matin avec de fortes envies de meurtre, ce site créé par la RATP est pour vous… Après un large succès l’année dernière, la plateforme « Cher Voisin de Transport » revient pour le plus grand plaisir de ces coups de gueule qui se sont tus. Il semblerait que l’ambition de notre transporteur adoré (Rentre Avec Tes Pieds pour les intimes) fut celle de mettre à disposition de ses voyageurs un espace pour exprimer aussi bien ses prises de têtes que ses coups de cœur. On voit aisément de quel côté penche la balance. De quoi faire évoluer le discours sur les incivilités dans les transports ? Et peut-être même dans la vie quotidienne ? La RATP n’en est pas à sa première campagne sur le sujet comme nous avions pu le voir, ici, dans l’article d’Héloïse Hamard en novembre dernier. Pourtant qui peut prétendre avoir vu de véritables changements depuis ? Peut-on vraiment espérer faire évoluer les comportements avec une campagne de communication ? Hélas, c’est là le grand dilemme des campagnes sociales. En attendant ce renversement surprenant, cela nous donne tout de même à voir de belles campagnes.
Si la campagne d’affichage (très réussie à mon humble avis) n’a pas eu l’effet escompté, le site « Cher Voisin de Transport » aura, lui, fait beaucoup d’heureux. Le concept était très simple : les voyageurs frustrés de ne pas avoir pu exprimer leur joie ou leur mécontentement pouvaient enfin se lâcher sous la forme d’un billet joliment tourné. Celui-ci était ensuite publié sur la page d’accueil du site qui s’apparentait alors plus à un blog. Les internautes se prêtaient ensuite au jeu des likes et des commentaires pour élire les pamphlets les plus populaires.
Cette année, le procédé a évolué vers des « mèmes » ou, plus simplement, vers des photographies représentant les situations les plus communes d’incivilités sur lesquelles les internautes peuvent inscrire le message de leur choix, le tout avec humour s’il vous plait !
Voici les trois plus populaires à ce jour :

Si ces mèmes sont plutôt comiques, il reste qu’ils ne sont pas tout à fait conformes à l’intention première du dispositif. Le coup de gueule comme le coup de cœur sont absents mais le détournement est, lui, bien présent. Maintenant vous savez où vous défouler,  n’hésitez pas à nous faire partager vos œuvres en commentaires.
 
Marion Mons
Sources & Crédits photo :
RATP.fr
CherVoisindeTransport.fr

Peugeot 208 Expérience Interactive par BETC EURO RSCG
Edito

Parce que le monde roule

 
Comme vous le savez, le secteur automobile est un poids non négligeable dans l’économie du pays. Le marché français compte peu d’acteurs qui se battent férocement pour voir monter leur taux de pénétration. Deux groupes tiennent tête à la concurrence étrangère : PSA Peugeot Citroën et Renault comme le montrent les chiffres du dernier rapport CCFA* en date (janvier 2012) :

VUL** à gauche et VP** à droite.
 
 
 
 
 
 
Non seulement les deux groupes doivent rester concurrents face aux compétiteurs étrangers, mais aussi  l’un vis-à-vis de l’autre ce qui n’est pas pour déplaire aux publicitaires. En effet, le marché automobile représente une grosse part des investissements publicitaires donnant lieu à des campagnes toujours plus spectaculaires et en grand nombre. De magnifiques campagnes d’images, de drôlissimes campagnes produits et surtout, depuis maintenant plusieurs années, d’innovantes campagnes digitales.
Après un petit tour d’horizon des différents sites de marques les plus populaires en France, deux dispositifs ont retenu mon attention. Le plus étonnant est sans aucun doute celui de Peugeot pour sa nouvelle 208. Plusieurs agences du groupe BETC EURO RSCG ont imaginé pour la marque une campagne intitulée « Let Your Body Drive »*** comportant notamment une forte présence sur le web en trois temps :
• Le jeu interactif « Body Way » comme première mise en bouche…
• Suivi d’une e-card « Body Painting » pensée par BETC Digital :
Pour envoyer ses vœux en light-painting,  Peugeot a mis à disposition des internautes un mini-site web très simple à utiliser : rédiger, signer, prévisualiser, envoyer ! Le tout sur les pas de danses d’ Aurélien Kairo et chorégraphié par Kader Attou.

• Enfin la dernière addition nous vient tout spécialement de BETC EURO RSCG Worldwide et Euro RSCG South Africa.  Pour boucler la boucle, l’expérience va plus loin avec une aventure interactive qui peut faire penser à la campagne Tipp-Ex par Buzzman ou la campagne Mennen par l’agence H. L’internaute est invité à choisir la suite de l’histoire en répondant par « Yes » ou « No ». Le corps et les sensations physiques sont bien entendu au centre de l’intrigue avec un scénario, disons le, assez comique et grotesque :

Ce concept m’est apparu très ludique même si ce n’est pas la première fois que j’y participe, c’est la première fois que cela a eu comme effet de me rappeler un souvenir d’enfance. Rien de pervers dans mes placards ne vous inquiétez pas ! Juste un livre de dessins Disney sur La Belle au Bois Dormant. C’était plus qu’un livre, c’était quasiment un jouet. Il avait cette particularité d’offrir au lecteur la possibilité de découvrir une suite différente à chaque lecture. Les carrefours de choix étaient nombreux  et les alternatives multiples !
Quand on y pense, cela pourrait être une façon intelligente d’assurer un taux de reprise en main élevé…
Dans le cas de Peugeot, c’est un peu le même système : le spectateur va consacrer 7 minutes de son précieux temps à cette expérience sans même vraiment s’en rendre compte car l’action opère son effet hypnotiseur, puis une fois qu’il aura fini pourra se prêter au jeu de recommencer pour tester les suites des réponses inverses. Le spectateur se transforme en joueur et tire du plaisir de l’expérience, ce qui peut aider à renforcer le pouvoir affinitaire de la marque. Sans compter que cela crée un véritable univers prometteur autour de la 208.
Le deuxième dispositif retenu fut celui de Mercedes pour sa nouvelle Classe M. Certes, moins extraordinaire que celui de Peugeot, il n’en reste pas moins remarquable par le travail et le soin qu’il aura demandé :
Découvrez la Machine à Voyager…
On se croirait presque sur un site d’agence de voyages avec les grandes photographies de paysages occupant tout l’écran et le texte descriptif du lieu situé à droite de la voiture. Le Classe M emmène l’internaute dans un tour du monde extrêmement rapide. Le site est soutenu par un film invitant à découvrir les voyages imprévus :

Bonne route !
 
Marion Mons
 
*Comité des Constructeurs Français d’Automobiles
**VUL – Véhicules Utilitaires, VP – Voitures Particulières
*** Traduction : « Laissez votre corps conduire »
Sources :
CCFA.fr
BETC-Life.com
Crédits photo et video : ©CCFA – ©Peugeot – ©Mercedes

Photo du site La Redoute
Flops

The Naked Man, quand le bad buzz devient positif

L’affaire de l’homme nu de la Redoute ne vous a certainement pas échappé. Ou alors c’est que vous vivez enfermé depuis deux mois, sans la présence d’un quelconque média autour de vous. Dans le doute, et avec ma grande bonté, je vous la résume : début janvier, un homme nu a fait son apparition en arrière-plan d’une photo de vêtements pour enfants, sur le site du magazine de vente par correspondance : la Redoute.
Le gag paraît tellement énorme qu’on se demande comment personne n’avait pu s’en rendre compte jusqu’ici. La Redoute s’est platement excusée et a supprimé la photo – objet de la honte – de son site internet.
 
L’écho retentissant de l’affaire
 
Mais le mal était fait, et les internautes se sont hâtés de se saisir de cet énorme fail, pour s’en amuser, le détourner à n’en plus finir, glisser ce malheureux homme nu dans toutes les photos possibles. L’homme nu a vite basculé du côté des mèmes, aux côtés de Chuck Norris ou du Nyan Cat, et autres éléments que le web ne se lasse pas d’utiliser et d’utiliser encore, jusqu’à plus soif.
Plus d’un mois après son étonnante apparition, l’homme nu ne cesse de sévir, certains l’auraient même vu sur l’affiche de campagne de notre président candidat…

Mais les internautes n’ont pas été les seuls à se saisir de ce Bad Buzz, d’autres enseignes ont également sauté sur l’occasion, comme Les 3 suisses, le concurrent direct de la Redoute, qui a rhabillé l’homme nu avec un de ses maillot de bain, mais aussi Tipp ex (parce que, comme ils l’ont très justement dit, « On Redoute tous de faire des erreurs »), Orangina, etc.
L’histoire aurait pu s’arrêter là : l’affaire de La Redoute plus ou moins excusée, son homme nu continuant de tourner sur le web en souvenir d’un incident qui fait plus sourire qu’autre chose.
 
La réponse de La Redoute
 
Mais La Redoute en a décidé autrement, et, pour redoubler le buzz, a rebondi sur l’affaire avec une vidéo au second degré plutôt réussi, que je vous laisse découvrir.

Insister sur ses propres erreurs, c’était un choix de communication risqué à un moment où l’affaire avait encore toute ses chances d’être plus ou moins enterrée et où La Redoute pouvait reprendre ses activités normales, sans avoir perdu trop de clients. Mais c’était tout de même un pari à tenter, une bonne manière de montrer son sens de l’humour et de l’autodérision, de prouver son ancrage dans l’air du temps et sa compréhension de la culture web : de la viralité, des buzz, des mèmes, de ce besoin constant des internautes de se moquer ou tout simplement de rire de tout, de détourner sans jamais s’arrêter.
 
Le bilan
 
Alors, la stratégie de La Redoute a-t-elle été bonne ou mauvaise ? La marque aurait-elle mieux fait de se taire ? La vidéo au ton solennel, mais dont on comprend vite qu’il s’agit d’humour, de la marque a très rapidement tourné sur la toile, donnant à l’affaire de l’homme nu un nouveau rebondissement, un nouveau buzz qui a surpris les internautes d’une manière plutôt positive, sans doute attirés par le côté ludique que proposait la vidéo. Le jeu a réellement été mis en place : La Redoute avait caché dans son site 14 photos truquées que les internautes devaient retrouver.
Et en effet, il semble que le bilan ait été plutôt positif pour La Redoute. D’après le Petit Web*, la mise en place du jeu aurait généré un trafic croissant sur le site de la marque, une augmentation du nombre de fans sur sa page Facebook, ainsi que de nombreux échanges de tweets aux contenus en grande partie positifs.
Produire du commentaire et de la conversation, n’est-ce pas le principe d’un buzz réussi ?
Il semble donc que s’emparer de son propre bad buzz pour le tourner à son avantage ait été un succès pour la marque : elle a montré son sens de l’humour et a généré un important trafic sur son site internet. Tout bénef pour elle.
Elle peut donc remercier le monsieur qui se baladait tout nu les pieds dans l’eau ce jour-là, et on peut en faire autant : on n’ira pas forcément s’acheter des vêtements chez La Redoute grâce à lui, mais au moins, on a bien rigolé !
 
Claire Sarfati
Source :
Petitweb.fr
Crédits photos et vidéos :
©La Redoute

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Capture d'écran du site bayrou.fr pour les présidentielles 2012
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Jacques a dit qu’il fallait que la campagne soit “participative”

Ce n’est pas Jacques qui l’a dit, mais François – François Bayrou. Zoom sur son site de campagne plutôt… Etonnant.
A première vue, l’interface graphique ne semble pas des plus ergonomiques : si les cinq grandes rubriques apparaissent assez clairement en haut à droite de notre écran – « Actu », « Portrait », « Projet », « Méthode » et « Participez » –, on ne comprend pas très bien comment s’articule l’ensemble des éléments présents sur la page d’accueil du site.  Difficile d’un coup d’œil rapide de déceler la logique globale d’organisation, tant lesdits éléments sont nombreux et de nature diverse…
Le haut de l’espace est monopolisé par une bannière aux dimensions pour le moins imposantes : y défilent les photos des temps forts de l’actualité de campagne du candidat – ses dernières « initiatives »…
Vient ensuite un espace proprement dédié à l’actualité, dont on peut suivre « le fil », ou que l’on peut trier en fonction de thèmes. En termes de contenus, il s’agit à la fois de vidéos et d’articles plus classiques.
Si l’on continue à scroller, on arrive sur un espace nous proposant de « participer à changer la France » – rien que ça ! – en devenant « volontaire de campagne » – Quésako ? Les champs lexicaux de l’action et de l’interaction y sont abondamment développés – « prendre la parole et agir » ! –, et l’internaute est directement interpellé, comme le suggèrent les nombreuses apostrophes verbales – « Menez », « Proposez », « Devenez » ! Quand l’invitation se fait invective… Mais nous y reviendrons. Notons également à droite la présence d’une plateforme permettant de poster des messages de soutien. Si ce genre de dispositif apparaît de plus en plus courant sur internet, sa valeur symbolique est d’autant plus forte qu’il s’agit ici d’un site à caractère politique : François Bayrou laisse la possibilité au peuple de s’exprimer…
Il faut remarquer la manière étrange dont fait rupture l’espace qui suit – « Portrait ». Déjà, la couleur de fond change : du noir, nous passons au blanc. Si l’internaute ne perçoit pas nécessairement le changement de manière claire et consciente, il le ressent forcement : l’ambiance semble d’un coup plus solennelle. L’espace apparait comme une sorte d’îlot rassurant au milieu d’autres plus dynamiques, vantant l’action. D’ailleurs, le lexique employé est radicalement différent : « ses racines » et « ses combats » attirent immédiatement le regard et on retrouve des termes forts véhiculant des valeurs d’équilibre et de stabilité – « Les racines de François Bayrou sont pyrénéennes, terriennes et culturelles. L’éducation qu’il a reçue et les rencontres qui ont émaillé sa jeunesse ont forgé sa personnalité ». Ou l’art d’élever un mythe…
Les deux derniers espaces sont dédiés à « son projet » et à « l’agenda ». Ici, le discours et les dispositifs apparaissent plus classiques. On retrouve notamment les trois grands axes du projet du candidat, ainsi que ses positions concernant les thèmes « clés » de la campagne.
On comprend donc lorsqu’on arrive enfin en bas (parce que, point négatif, il faut beaucoup scroller) que la page d’accueil décline les cinq grandes rubriques présentées en haut à gauche. De manière habile, soit dit en passant : la diversité des éléments et des contenus, leur forme et leur lexique, tout cela participe à véhiculer une image dynamique autour des valeurs de l’action, de la coopération et de la prise d’initiative. Le tout tempéré par la rubrique « portrait », qui donne un ancrage au candidat.
Le paroxysme de ce parti pris « participatif » est cependant poussé très loin. La rubrique « Participez » (qui ressort en orange) porte un concept particulièrement innovant : le site propose aux internautes de se porter « volontaires » pour tout un tas d’actions allant de l’impression/diffusion des propositions de Bayrou sur l’Ecole au téléchargement de l’application iPhone Bayrou 2012, en passant par le partage de vidéos de campagne sur Youtube ou l’adhésion à sa page Facebook… Et pour chaque action accomplie, pour chaque prise d’initiative, l’internaute – qui est devenu un « volontaire » – gagne des badges ainsi que des points, ou « décibels , qui lui permettent d’ « augmenter la puissance de sa voix »… Tout un programme.
Que penser d’une telle manière d’aborder l’engagement politique ? Que gagne François Bayrou à en faire une sorte de jeu ? Présenter les choses de façon ludique appelle certes à la mobilisation et rend la politique plus abordable ; et à travers une telle stratégie de gamification, l’équipe Communication de Bayrou lui donne les moyens de toucher un public plus jeune, friand de jeux en tout genre, et surtout d’interactivité. Quand engagement se confond avec participation…
 
Élodie Dureu
Source et crédits photo : bayrou.fr

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