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La Trudeau Mania, ou comment devenir l’homme politique le plus populaire et sexy en 3 minutes

Ce qui nous plait chez nos politiciens c’est qu’ils soient distants, qu’ils apparaissent comme inaccessibles, qu’ils vivent comme des pachas sans connaître le prix d’une chocolatine. FAUX, comme dirait Norman. Aujourd’hui, ce qui plait aux électeurs ce sont des hommes politiques accessibles. Des hommes politiques comme nous, qui nous ressemblent.
Les ingrédients
Alors comment ressembler aux électeurs ? Il suffit d’analyser la stratégie de Justin Trudeau. Considéré comme la personnalité de l’année 2015, Trudeau a lancé une vague de Trudeau mania au Canada et dans le monde.
Trudeau c’est l’humaniste. C’est la politique « optimiste ». Trudeau c’est le cœur sur la main, illustré par les 25 000 Syriens qui ont pu trouver refuge au Canada. Trudeau c’est l’arrêt des frappes aériennes en Syrie et en Irak dans le but de protéger les civils. Trudeau c’est un féministe moderne. C’est soutenir les communautés LGBT. C’est légaliser le cannabis. Mais Trudeau c’est aussi un boxeur, un sportif, un ancien étudiant à la fois de littérature et de sciences de l’ingénieur, un ancien professeur. Trudeau c’est un ancien citoyen, c’est nous. Il incarne l’égalité de genre, de religion, d’orientation sexuelle, l’engagement et la jeunesse. Trudeau a été élu l’homme politique le plus sexy de l’année 2015. En somme, c’est une douce bouffée d’air frais dans une démocratie beaucoup trop verticale qui s’essouffle.
Son principal outil de communication : sa sincérité. Souvent critiqué pour sa candeur, c’est pourtant elle qui l’a porté au poste de Premier Ministre du Canada. Trudeau incarne une gentillesse pure et simple. Pas d’esclandre — sa communication est claire et honnête ; un tweet illustré par une photo, effet escompté garanti.

Un nouveau postulat démocratique ?
La société actuelle est lasse des mensonges et de la malhonnêteté des politiciens. Les électeurs ne croient plus à leurs discours. Ils sont fatigués de ces dirigeants qui semblent nés dans la politique et dont la seule ambition est l’accès au pouvoir. Un seul mot ressort : déception. Les hommes politiques n’inspirent plus. Les campagnes électorales ressemblent davantage à une cour de récréation de maternelle plutôt qu’à une véritable campagne.
Cette mise en spectacle infernale et ces règlements de compte font que les électeurs sont déçus et ne croient plus aux discours politiques ; pour 71% des 18-25 ans, la cause principale d’abstention est le mensonge des politiques, 45% ne votent pas car ils considèrent que les politiciens ignorent les préoccupations réelles des campagnes électorales, et la troisième cause d’abstention est due à la malhonnêteté des hommes politiques.
L’art de la maîtrise des réseaux sociaux
La tendance aujourd’hui, c’est la démocratie horizontale dont l’ingrédient crucial est la maîtrise des réseaux sociaux et des codes 2.0.
Pour être compris et ce n’est pas nouveau, il faut savoir communiquer et donc parler la langue de l’autre comme dit Bourdieu dans Ce que parler veut dire. Aujourd’hui, il faut parler la langue des internautes, et c’est là, tout l’art de Trudeau. Il maîtrise à la perfection la langue d’Instagram comme lorsqu’il met en scène sa famille ou quand il pose avec des pandas qui ont fait craquer plus d’une de ses fans. Celle de Twitter également, où il plaisante avec la Reine d’Angleterre ou participe à l’Invictus Games (tournoi organisé pour les soldats blessés), ou encore Youtube, où il présente sa politique.
Subtile et malin, il se sert également des réseaux sociaux pour maintenir ses relations internationales ou pour atteindre un nouveau public. Il a même un compte sur les deux médias sociaux les plus répandus en Chine : WeChat et Weibo (le Messenger et le Twitter chinois).
Ce premier ministre canadien a aussi été très habile quant à sa stratégie face à Trump; après l’attentat de la mosquée à Québec, il avait répondu indirectement au protectionnisme trumpiste vis-à-vis de l’immigration et du multiculturalisme par un tweet tout simple : [Le Canada accueillera] « les réfugiés indépendamment de leur foi, au lendemain de la décision de la Maison Blanche d’interdire l’entrée des USA aux ressortissants de sept pays musulmans ». Trudeau doit gérer ses relations avec les États-Unis afin d’éviter tout conflit dans les accords commerciaux, comme par exemple Aléna.

Une stratégie 2.0 égale pour tous ?
La maitrise des réseaux sociaux : l’unique ingrédient pour être aimé ? Il semblerait que non ou alors pas autant comparé à Obama et Trudeau. On ne peut pas reprocher à nos politiciens d’avoir essayé, à l’instar de Mélenchon et sa page Youtube ou plus récemment son meeting holographique. Mais notre jeune pimpant Macron ? Marchera, marchera pas ? Il semblerait qu’il ne tienne pas ses promesses avant même que la campagne présidentielle ne commence.
Alors, à quand un Obama/Trudeau à la française ?
Maëlys Le Vaguerèse
@lvgmaelys
Sources :
• « Pourquoi tout le monde aime Justin Trudeau », 7sur7 publié 10/03/2016 et consulté le 14/03/2017.
• « Démocratie verticale ou démocratie horizontale, que voulons-nous ? », Alternatives Pyrénées, publié le 20/02/2015, consulté le 14/03/2017
• « L’utilisation des réseaux sociaux en politique », Ambasdr, publié le 21/04/2015, consulté le 14/03/2017
Crédits :
• @JustinTrudeau
• « Chevelure soyeuse, sourire ravageur, look de bad boy… Les internautes ont le cœur qui fait boom », @RachelLeishman

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Les Fast

La colère des étudiants des Beaux Arts de Paris face au mécénat et aux donateurs privés

 
« L’École n’est pas à vendre ». Voici ce qu’on pouvait lire sur les banderoles mises en place dans la cour des Beaux Arts le 4 octobre. Les étudiants dénoncent la mise en place de politiques de mécénat sans concertation des élèves. Les faits survenus ont prouvé les difficultés de faire concilier les activités des Beaux-Arts avec les évènements organisés par différents donateurs. En échange du financement de la rénovation de l’Amphithéâtre d’Honneur, Ralph Lauren a organisé un gala où les VIP ont pu déguster des petits-fours et… déposer leurs vêtements dans un des ateliers transformés en vestiaires. Ainsi, 12 ateliers d’étudiants sur 24 ont été fermés, sans qu’ils n’aient pu s’organiser.
Si le mécénat est un des moyens fondamentaux de soutenir l’École et ses étudiants, en rénovant des bâtiments et en payant du matériel et des voyages scolaires, il permet aux entreprises de trouver des avantages communicationnels et fiscaux indéniables :
Nespresso, Lanvin ou Neuflize investissent à l’ENSBA au moyen de 60% de déduction fiscale sur la somme avancée. Plus que la défiscalisation, ces opérations s’intègrent dans une stratégie de communication bien ancrée. Ralph Lauren y voit l’occasion de s’assimiler à la culture et le luxe français, en associant ses activités au patrimoine parisien. Les entreprises mécènes attendent de leur hôte une compensation symbolique, dont ces évènements huppés accompagnent l’image fastueuse de la marque donatrice.
Or c’est l’image même de l’École que les étudiants souhaitent conserver. Ils pointent du doigt ces financements privés qui cherchent à soutenir les projets les plus voyants, sans tenir compte des véritables travaux qui pourraient être utiles à la vie de l’école. Rénover une salle somptueuse est plus « communicable » que de financer la mise en place d’une isolation performante permettant aux étudiants de mieux travailler l’hiver…
Ainsi les valeurs des donateurs pourraient être repensées, en s’adaptant plus profondément aux valeurs de leurs bénéficiaires autour d’une communication plus pertinente qu’une communication de façade.
Joséphine Dupuy-Chavanat
Sources :
Slate.fr
Lemonde.fr