Flops

Quand New Balance perd pied

Baskets brûlées, jetées dans la cuvette des toilettes, voire embrochées … Mais pourquoi de telles réactions ? Une phrase de la marque New Balance interprétée comme un soutien au nouveau Président des États-Unis, Donald Trump, met le feu aux poudres. Les consommateurs s’enflamment et expriment leur rejet de la marque au travers de critiques qui déferlent sur les réseaux sociaux. La question qui se pose ici, est celle de la sur-interprétation des faits mais surtout du malaise de la marque face à ce feedback incontrôlable.
Rappel des faits
Au lendemain de l’élection de Donald Trump, Matthew LeBretton, responsable des affaires publiques de New Balance, est interviewé par Sara Germano, journaliste du Wall Street Journal, sur la question du Partenariat Trans-pacifique (Trans-Pacific Partnership ou TPP). Ce dernier vise à libéraliser le commerce et les investissements entre ses douze États-membres par le retrait des barrières tarifaires et entraîne, par conséquent, une délocalisation de la production des entreprises. Les dirigeants de New Balance s’opposent à ce dernier point dans la mesure où la mise en avant du « Made in USA » demeure pour eux primordiale. Dans ce contexte, Matthew LeBretton déclare : « L’administration Obama ne nous a pas écoutés et sincèrement, nous avons le sentiment qu’avec le président Trump les choses vont aller dans le bon sens ». Le responsable des affaires publiques aurait probablement dû réfléchir à deux fois avant de « parler politique ».
Un embrasement sur les réseaux sociaux
Les propos de Matthew LeBretton sont immédiatement relayés sur la toile, et les utilisateurs de Twitter et de Facebook accusent New Balance de soutenir Donald Trump. Même si cette déclaration n’a pas pour vocation d’afficher un véritable soutien et relève d’un simple constat à l’égard de la politique économique du nouveau Président des États-Unis, peu importe, les anti-Trump y voient une raison légitime de se retourner contre la marque et utilisent pour cela massivement les réseaux sociaux qui portent et décuplent leurs réactions. L’écho se fait ressentir jusque dans les grands médias. La notion de viralité prend alors tout son sens : l’histoire se propage, contamine, et mobilise les individus à une vitesse phénoménale.

Le pouvoir de l’interprétation
Il aurait été judicieux que Matthew LeBretton anticipe ces réactions et s’exprime autrement sur le sujet.
En effet, rares sont les internautes qui se lancent dans des analyses pointues et distancées de la situation. Au contraire, ils réagissent à chaud sur les faits et leur « décodage », si l’on reprend le terme de Stuart Hall, est nécessairement différent de celui souhaité par la marque. L’interprétation demeure souvent « négociée » voire « oppositionnelle » d’autant plus que les individus souhaitent faire valoir leur opinion face à ces grands empires que sont les marques. Ils ont conscience que leur parole a désormais un poids.
Aujourd’hui, n’importe quel individu peut jouer le rôle de leader d’opinion, et par là même, tout consommateur peut exercer une influence sur les autres consommateurs. Ces derniers se sentent en retour plus en confiance avec des individus qui n’ont pas un avis dicté par une ambition de profit comme c’est le cas des entreprises. Les consommateurs créent ainsi l’image de marque ou du moins l’entretiennent par le biais d’une influence mutuelle. Ils prennent en ce sens le pouvoir sur la marque qui devient elle-même dépossédée de son identité et de ses convictions. Sans le consommateur, cette dernière n’est rien, d’où la nécessité qu’elle expose le meilleur d’elle-même et qu’elle ne se risque pas dans des paroles plus ou moins hasardeuses qui pourraient être mal interprétées.

 
La cerise sur le gâteau
Comme si la situation n’était pas assez compliquée à gérer, il a en plus fallu qu’un blogueur néonazi reprenne au pied de la lettre les propos de Matthew LeBretton. Sur son blog, Andrew Anglin publie un article intitulé « Your Uniform: New Balance Just Became the Official Shoes of White People » et affirme que New Balance est « la marque officielle de la Révolution Trump ». La sur-interprétation est ici à son comble et réduit considérablement la marge de manœuvre de la marque dans la mesure où celle-ci représente une désastreuse réappropriation de son discours. Certes, il était difficile pour New Balance d’envisager de telles répercussions suite à cette phrase prononcée de manière quasi innocente.
Néanmoins, la politique est un domaine dans lequel une marque n’a pas à s’immiscer. Si elle souhaite réellement « parler politique », il est nécessaire qu’elle prenne en compte toutes les éventualités afin de connaître les risques auxquels elle s’expose. La politique est un domaine clivant dans nos sociétés, c’est pourquoi politique et marques ne font pas bon ménage (un des derniers bad buzz en date étant le scandale Michel et Augustin)
Une communication de crise trop formelle
Désemparée face à ces réactions quelque peu excessives, la marque soumet deux communiqués dans lesquels elle défend sa position vis-à-vis du TPP mais précise qu’elle ne partage en aucun cas les propos controversés de Trump. Elle rappelle également que l’opposition au TPP ne concernait pas que ce dernier mais aussi Hillary Clinton et Bernie Sanders. Néanmoins, le mal est fait. Proposer une telle explication est banal et n’a pas beaucoup d’intérêt pour les consommateurs. Ce qu’il faut, c’est avancer et chercher sans attendre à redorer son image en s’écartant des moyens traditionnels. Tout est question de timing et d’ ingéniosité.
Pour que les traces ne viennent pas entacher New Balance sur le long terme et impacter le comportement d’achat futur des consommateurs, pourquoi ne pas rebondir sur ce bad buzz et s’orienter vers une solution plus créative qui viendrait pallier ce discours ? C’est dans des coups durs comme celui-ci qu’une marque possède paradoxalement une grande visibilité sur la scène médiatique. Le moment est parfait pour faire preuve d’un grand pragmatisme. La marque a l’opportunité de pouvoir retourner la situation à son avantage. Ne serait-il pas gratifiant pour elle de se lancer dans une communication originale et innovante telle qu’une campagne sous le signe de l’autodérision par exemple?
En réaction à cette haine, il faut se battre à armes égales et ce n’est pas un communiqué formel qui va résoudre la situation. D’autant plus qu’en attendant, certains concurrents se lèchent les babines, dont Reebok qui profite explicitement de cette mauvaise passe pour proposer aux ex-adeptes New Balance les modèles Reebok Classic.

Pauline Baron
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Sources :
• Inconnu « États-Unis. New Balance, Trump et les néonazis : décryptage d’une étrange polémique », Courrier International, 15/11/16, consulté le 15/11/2016
• BABIN Justine, « Trump, néonazis et baskets brûlées… le “bad buzz“ de New Balance », Les Echos, 17/11/2016,    consulté    le    17/11/2016
• PARKINSON Hannah Jane, « Does New Balance really support Trump? », The Guardian, 15/11/2016, consulté le 16/11/2016
• WOOLHOUSE Megan, « Reebok engages in some social media teasing of New Balance », The Boston Globe, 18/11/2016, consulté le 19/11/2016
• ANGLIN Andrew, « Your uniform New Balance just became the shoes of white people », The Daily Stormer, 12/11/2016, consulté le 15/11/2016
Crédits :
• twitter
• diplomatie-digitale.com
 

Com & Société

=3 : l'apprentissage de la démocratie 2.0

Les origines
Youtube naît en 2005 et avec lui la deuxième génération d’Internet : celui des réseaux sociaux, des memes, des lolcats. Le site est d’abord empli de vidéos courtes d’animaux, de chutes plus ou moins drôles dignes de Vidéo Gag, bref de vidéos qui se distinguent par leur aspect brut, sans aucun montage.   
Pourtant, dès l’automne, deux individus décident brusquement d’utiliser la plateforme pour se mettre en scène et de diffuser leur talent d’humoristes, ou plutôt d’entertainers. C’est ainsi que naît la chaîne SMOSH, création de Ian Hecox et Andrew Padilla qui connaît un succès fulgurant : ce sont les premiers youtubeurs. Ils lancent un phénomène qui marque durablement notre utilisation d’Internet, une forme de stand-up renouvelé grâce à la liberté totale de format dont ils bénéficient.
Un concept novateur
En 2009, un inconnu, héritier de SMOSH, crée sa chaîne et publie sa première vidéo, avec en guise de vignette, un dessin fait sur Paint et comme titre « Kick his a$$ » (« botte-lui le cul »). Il s’agit de Ray William Johnson qui crée là un nouveau concept : le commentaire de vidéos issues d’Internet. Cette formule connaît un énorme succès et en fait une des chaînes les plus regardées et suivies au monde ; plus particulièrement, son concept novateur va être repris et décliné par des milliers de youtubeurs, comme Mathieu Sommet ou Antoine Daniel en France.

Le roi est mort, vive le roi
Après cinq années de gloire, Ray William Johnson provoque en 2014 un coup de tonnerre sur Youtube en annonçant son départ : il ne présentera plus le désormais célébrissime show « Equals Three ».

La raison invoquée ? Ray pense avoir fait le tour de son personnage et veut passer à quelque chose de nouveau. Toutefois il ne souhaite pas abandonner un projet qui est toujours très populaire et annonce donc être à la recherche d’un nouveau présentateur. L’épisode récolte plus de 10 millions de vues et des milliers de commentaires éplorés sur le départ de Ray. Le nombre impressionnant d’articles et de vidéos consacrés à son départ montre que =3 était devenu un incontournable de la pop culture. Le Daily Dot va jusqu’à affirmer: « It’s the end of an Internet era.” (“C’est la fin d’une époque sur Internet”).

La relève
C’est finalement plus de quatre mois plus tard qu’Equals Three revient, avec comme nouveau présentateur le jeune inconnu Robby Motz, dans un épisode en partenariat avec Jenna Marbles, youtubeuse américaine renommée.

Si le début fut difficile pour Robby, largement critiqué et considéré comme un présentateur de niveau inférieur à Ray, finalement le jeune homme parvient à s’imposer et à trouver son rythme. De plus en plus populaire, son départ au terme de son contrat d’un an au sein du studio Equals Three provoquera à nouveau tristesse et nostalgie chez les amateurs du show.

La pomme de la discorde
Ray William Johnson avait prévu que tous les humoristes faisant part du Equals Three Studios feraient au moins une saison de =3. Robby devait donc laisser sa place.
Ray publie alors une vidéo qui est probablement la plus grande erreur de communication de sa carrière puisqu’elle nourrira un fort ressentiment de sa communauté envers le créateur du show.

Dans « Who’s gonna host Equals Three ? » Ray laisse entendre qu’au lieu de passer par des fastidieuses auditions comme il a dû le faire pour recruter Robby Motz, cette fois il va laisser le choix à ses abonnés qui pourront choisir entre tous les humoristes qui font un sketch dans la vidéo. Les deux noms les plus récurrents dans les commentaires sont alors soit Jules (la jeune femme blonde) soit Carlos (le jeune homme brun en veste orange).
En fait, ces mots exacts sont : « Je vais laisser les acteurs de Booze Lightyear  [une autre production des studios] jouer, et vous pourrez voir qui vous aimez ». Seulement, les internautes se sont enthousiasmés et ont cru qu’ils auraient leur mot à dire. Ainsi, Ray William Johnson aurait pour la première fois sur Youtube laissé les viewers faire un choix décisif pour le contenu de la chaîne.
 

La vidéo suivante « And the New Host is… », très attendue, paraît le 28 juillet et déçoit énormément les abonnés. En effet, le nouveau présentateur n’est autre que Kaja Martin, une des créatrices du studio, qui avait été très peu plébiscitée dans l’épisode précédent.
Ray W. Johnson avait choisi la présentatrice d’avance, sans tenir compte des avis des abonnés qui étaient à ses yeux purement consultatifs. Ceux-ci ne lui pardonneront pas de leur avoir laissé croire qu’ils pouvaient être partie prenante dans la création du studio. L’énorme déception est visible à travers les votes, qui pour la première fois dans l’histoire de la chaîne sont très majoritairement négatifs.

L’incompréhension domine dans les commentaires, les internautes se plaignant que leur choix n’ait pas été pris en compte :

Seulement, beaucoup affirment que comme Robby à ses débuts, Kaja doit faire face à une vague de rejet qui par la suite s’éteindra.
 
Un âpre combat
Et Kaja reprend cet argument à de nombreuses reprises dans ses vidéos suivantes, affirmant ne pas s’inquiéter outre mesure des commentaires négatifs qu’elle reçoit. Pourtant, loin de disparaître, le mécontentement grandit : si les vidéos qui suivent obtiennent une majorité de votes positifs, ce n’est que de justesse. D’ailleurs, la seule vidéo véritablement plébiscitée est celle dans laquelle elle annonce son départ en tant que présentatrice du show.
Le nombre d’abonnés baisse également, tout comme le nombre de vues. Un épisode de Ray atteignait jusqu’aux 10 millions de vues, ceux de Kaja ne parviennent jamais au million. Quant aux commentaires, ils sont en très grande majorité négatifs.
Un tournant s’opère dès mi-septembre 2015, quand le nombre de dislikes redevient plus élevé et que les abonnés expriment de plus en plus leur lassitude envers Kaja. Une certaine mode apparaît, celle de commenter à chaque vidéo de Kaja « Came, disliked, left ».

 
 
Malgré ce constat préoccupant pour le show, de manière inexplicable, Ray William Johnson s’obstine à maintenir son amie en place. Les viewers s’étonnent de plus en plus du silence assourdissant du créateur de la chaîne, au moment où l’impopularité du show devient criante : aucune vidéo n’a un ratio de votes positif depuis le 15 septembre. Les internautes montrent leur incompréhension (pour ceux qui persistent à regarder les vidéos du studio) à travers les commentaires.

 
Le nombre de vues ne cesse de s’effondrer et les abonnés perdent clairement patience :

 
La pérennité de ces critiques est  exceptionnelle : alors que tout « bad buzz » finit en général au bout d’un certain temps par s’éteindre sur Youtube, le phénomène persiste depuis des mois sur la chaîne, c’est-à-dire une éternité sur Internet.
L’happy ending de Noël
La situation devenait intenable : d’abord pour les fans qui ne comprenaient pas que leur avis soit à ce point ignoré, mais aussi pour le studio, qui ne peut pas continuer à exister si le nombre de vues et d’abonnés s’effondrent sans cesse. Finalement, après cinq mois de présentation et malgré une manifeste répugnance à mettre ainsi fin au contrat de Kaja Martin, celle-ci annonce son départ.

La vidéo, intitulée « Big Announcement », amène plus de vues que d’habitude et pour la première fois depuis des mois est largement plébiscitée.

Enfin, le nouveau présentateur prend place : ce n’est autre que Carlos, l’humoriste le plus apprécié lors de la vidéo du vote. Deux semaines avant Noël, il présente pour la première fois =3.

Et c’est un véritable succès ! Le nombre de dislikes est très faible alors que les commentaires félicitent unanimement le nouveau présentateur. Seulement, =3 a du mal à se remettre du ravage causé par Kaja Martin : les vues, si elles sont un peu plus nombreuses, n’atteignent toujours pas le million. Carlos a réussi à enrayer les critiques et probablement la disparition programmée du show, mais il reste encore beaucoup à faire pour que =3 retrouve son lustre d’antan.
Le sort d’Equals Three montre les ravages que peut faire une erreur de communication ; si Ray n’avait pas laissé croire qu’un choix était possible, peut-être que Kaja Martin aurait été accueillie bien plus favorablement. Toutefois, la persistance des critiques montre qu’elle n’était réellement pas de taille à présenter le show, et Ray a commis alors une deuxième erreur. En s’enfonçant dans un silence obstiné qui lui permettait d’ignorer le problème, il a suscité incompréhension et colère chez ses fans dont beaucoup ont préféré arrêter de suivre le show. Or une émission ne vit que grâce à son public et ne peut donc se permettre de l’ignorer. Toutefois, l’histoire d’Equals Three montre que Youtube reste un média démocratique où les spectateurs parviennent, de gré ou de force, à se faire entendre.
 
Myriam Mariotte
Source
https://en.wikipedia.org/wiki/YouTube
https://www.youtube.com/channel/UCGt7X90Au6BV8rf49BiM6D
https://www.youtube.com/watch?v=ygufbVxFvcw
 

Réseaux et internet
Agora, Com & Société

Qui a le pouvoir sur Internet ?

Un récent article du Monde a mis en lumière Jukin, une compagnie américaine fondée en 2009 qui se charge de repérer des vidéos à fort potentiel de viralité mais encore méconnues sur internet, puis d’organiser leur diffusion à des fins commerciales, notamment sur YouTube. Le succès de cette compagnie prouve que sur internet, la viralité (soit le phénomène de diffusion rapide d’un contenu via internet et les réseaux sociaux) est un processus tout sauf spontané et qu’il ne relève que partiellement de l’action des internautes eux-mêmes.
De telles organisations doivent-elles nous faire sentir tous petits ? Est-ce que nous – les internautes – avons tout de même de l’influence sur internet ? Deux questions se posent : pouvons-nous peser dans le phénomène de médiatisation d’un contenu, et notre jugement est-il lui aussi influencé par les médias sur internet ?
Avons-nous de l’influence sur internet ?
Aujourd’hui les médias sociaux insistent sur la notion d’individualité : tout est personnalisé et personnalisable. Nous avons notre mur Facebook, notre compte Twitter, notre page d’accueil personnelle sur YouTube avec des recommandations… A travers l’utilisation de ces médias nous sommes vus sur la toile comme des êtres originaux, uniques, qui partagent ensemble. Avec la fonction retweet, chaque personne a de l’influence et contribue à la viralité d’un contenu.
Pourtant cela n’est pas tout à fait vrai : des compagnies ont pour objectif de nous rendre un contenu attractif, nous amenant sans que nous ne nous en rendions vraiment compte à le partager pour le rendre omniprésent sur internet.

Ainsi des entreprises comme Jukin ont pour fond de commerce de rendre des contenus viraux, de nous les faire aimer, car cela rapporte de l’argent. Le fonctionnement de Jukin est simple : il effectue une veille continue sur internet pour détecter des vidéos à fort potentiel de viralité, mais encore méconnues, puis en rachète les droits de distribution exclusifs et à perpétuité à leurs auteurs pour ensuite les diffuser, et surtout monétiser cette diffusion. En effet Jukin gagne de l’argent de deux manières : avec un clip publicitaire avant que l’on n’accède à la vidéo sur YouTube, et en vendant ses vidéos à des médias. Son plus gros succès, ‘‘Pizza Rat’’, avec huit millions de vues en un mois, a par exemple été racheté par de nombreux journaux américains comme le New York Daily News 
 

Ce business est très rentable. Jonathan Skogmo, PDG de Jukin et producteur de télévision à Hollywood, explique dans son interview au Monde que son entreprise bénéficie du développement de deux marchés. Celui des vidéos en ligne, avec des sites comme YouTube qui « à lui seul reçoit chaque minute plus de 400 heures d’images, dont la plupart seront très peu regardées », et celui des technologies numériques : « Avec l’explosion mondiale des smartphones, des mini-caméras GoPro et de la vidéosurveillance, notre choix s’élargit de jour en jour ». L’entreprise de Jonathan Skogmo grossit sans qu’il ne dépense le moindre centime.
Comment sommes-nous influencés sur internet ?
Ainsi nous n’avons qu’une influence relative dans le processus de viralité d’un contenu, qui se décide avant même sa promotion et sa diffusion sur internet. Cela fait surgir une autre interrogation : parvenons-nous à garder notre opinion, notre jugement propre sans être influencé par les médias ? Autrement dit, l’avis des médias sur la qualité d’un contenu nous influence-t-elle plus que nous ne le pensons ?
De nombreux médias ont en effet une grande influence sur l’appréciation que l’on a d’un contenu – leur avis fait figure d’argument d’autorité. Cela est très visible sur les sites qui proposent une notation : AlloCiné note les films avec des étoiles allant de 1 à 5 par exemple, ou le site Pitchfork spécialisé dans la musique propose une notation sur 10 des albums et des singles.

Ces deux exemples sont édifiants car ils interrogent notre manière de consommer des contenus sur internet. Par exemple, lorsqu’elles veulent choisir un film, de plus en plus de personnes se tournent vers la rubrique des films ‘‘Les mieux notés’’ d’AlloCiné. Dans ce cas la notation seule donne une valeur au film, qui va soit nous inciter à le regarder, soit nous en dissuader. De même le site Pitchfork a un grand poids dans le domaine de la musique indépendante, autant que des magazines comme Rolling Stone ou Spin. La notation qu’il propose d’un album a une grande influence sur le jugement de l’internaute, avant même qu’il ne l’écoute. En effet la note est plus mise en avant que la critique musicale elle-même sur le site : lorsque l’on clique sur un album, la note apparaît à droite de l’image de la pochette de disque, comme un label de qualité ; l’article ne vient qu’ensuite.
Le pouvoir relatif des internautes
Malgré tout, il n’est pas possible de penser que nous n’avons aucun discernement et aucune influence sur internet.
La preuve de l’existence bien réelle de ce discernement, et de la capacité de réaction de chacun est également présente sur internet : les blogs, les fonctions ‘‘Commentaires’’ des sites, les pouces verts ou rouges sur YouTube, la possibilité de répondre sur Twitter sont autant de preuves qu’il n’y a jamais consensus sur internet, et qu’on ne nous impose jamais un contenu – nous avons le choix.
Par ailleurs les internautes ont eux aussi de l’influence, et c’est pour cela que leurs réactions sont recherchées par les médias. A la télévision, par exemple, les émissions sont nourries par les interventions des téléspectateurs sur internet et c’est pour cela qu’elles ont chacune un hashtag rappelé en début de programme.
L’exemple le plus évident de l’influence des internautes à la fois sur le fonctionnement et sur le contenu des médias, démontrant au passage leur attractivité, est très certainement la création de la Europe 1 Social Room en septembre dernier. La ‘‘Social Room’’ est une pièce créée depuis la rentrée où les invités de la station vont prolonger leur interview en dialoguant avec les internautes. Ces derniers sont le cœur de cible d’Europe 1, qui est la radio française la plus présente sur les réseaux sociaux.

La question de l’influence des internautes est donc épineuse. Elle heurte notre fierté car il est légitime de penser que notre parole a du poids, et cette recherche constante de feedback des médias à la fois sur internet et en-dehors en est la preuve. Il serait pourtant naïf de ne pas voir derrière le succès d’un contenu sur internet des stratégies pour nous le rendre attractif, à la fois dans sa production et dans sa diffusion multi-supports. Ce n’est en effet pas par hasard si le PDG de Jukin est également producteur de télévision pour Hollywood.
Clément Mellouet
Sources :
Le Monde
Jukin.com 
YouTube
Twitter
Crédits images :
Google Images
Twitter
Pitchfork.com
Europe1.fr

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Société

"OMG" : Buzzfeed bientôt en français

 
Si vous cherchez désespérément une liste des 18 chats les plus ennuyeux/agaçants sur Instagram ou 20 idées de déguisement d’Halloween pour briller malgré votre timidité maladive, alors n’attendez plus : Buzzfeed est fait pour vous.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Buzzfeed : c’est un site américain né en 2006 et devenu un véritable phénomène dans le monde anglophone avec ses 85 millions de spectateurs uniques par mois en août dernier. Un score qui le situe entre les géants Amazon et Twitter. Le site connaît d’ailleurs une croissance exponentielle : c’est en effet 3 fois plus qu’il y a un an et le nombre de visiteurs ne cesse de grandir.
Pourquoi un tel succès ? Tout d’abord parce que Buzzfeed a un positionnement des plus originaux. Le site se définit volontiers comme une « base virale du buzz » : les contenus sont faits pour être partagés et se propager sur le net. En effet, habilement conçus, ils envahissent les réseaux sociaux, une des raisons de la très forte fréquentation du site. Mi-website éditorial classique, mi-réseau social, ce site hybride possède ses petites spécificités : des « badges » emblématiques permettent par exemple aux utilisateurs de donner leur avis sur les articles, à la manière d’un « like » Facebook en plus diversifié. Le site se veut réactif et interactif : ainsi la publication continue de nouveaux posts et articles est signalée comme une notification (« raw feed »), les contenus les plus appréciés et prometteurs du moment sont mis en avant pour optimiser le buzz, de grandes compétitions sont organisées entre les « users » qui sortent ainsi de la passivité et se transforment momentanément en éditorialistes… Ainsi Buzzfeed est un site polyvalent où on peut donc consulter, interagir, commenter, partager et publier des contenus.

BuzzFeed
Succès également parce que le site joue la carte de la diversité à travers ses différentes rubriques : « informations, divertissement, life, vidéo, more ». Buzzfeed s’est rendu célèbre grâce à ses fameuses « listes », souvent déjantées (un concept repris par des sites français très populaires, tels que Topito.fr) et propose des gifs à la manière d’un tumblr, des sélections de vidéos, de liens etc. Toutefois, il se positionne également aujourd’hui comme un site d’information sérieux, ambitieux et légitime. De grands reporters y proposent des articles de fond et de nombreuses exclusivités sur les thèmes suivants : monde, politique, business, technologies, sports, idées et « longform ». Rien de très surprenant finalement quand on apprend que son co-fondateur n’est autre que Jonah Perrepeti du Huffington Post (un des quelques 300 sites partenaires de Buzzfeed) et qu’entre autre Ben Smith, journaliste de Politico collabore au site. Ces articles prennent parfois une tonalité humoristique : pour Buzzfeed « sérieux » et « amusant » n’ont rien de contradictoires et le site prend un malin plaisir à se jouer des codes en « décoinçant » la presse politique. Une approche qui, de surcroît, attire plus de jeunes soi-disant « délaissés » par les autres sites d’information classiques.
Résolument innovant, volontairement concis, fait sur mesure pour les réseaux sociaux, flexible sur les contenus pour un multi-usage et une foule de visiteurs aux attentes et profils très éclectiques… si Buzzfeed est un succès c’est finalement parce que le site incarne un nouveau modèle pour la presse. Un modèle qui marche puisque le site devrait réaliser cette année environ 60 millions de recettes, soit 20 millions de plus que prévus. Tout cela sans héberger de publicité venant de l’extérieur puisque le site se finance largement grâce aux « native advertising » ou aux « advertials », mélanges de publicité « ad » et d’édito « editorial ».
Buzzfeed pique votre curiosité ? Si le site américain ne s’est pas encore imposé en France (100 000 visiteurs par mois), ce dernier a bien l’intention de conquérir les internautes non anglophones : c’est pourquoi il lancera en octobre la version espagnole et portugaise de son site, après le projet d’un Buzzfeed UK sur mesure pour les British et leur humour si… particulier. Pas de jaloux : les articles les plus populaires seront traduits en français par des équipes de traducteurs, faisant appel à des internautes, des étudiants utilisateurs de Duolingo, une plate-forme gratuite d’enseignement de langues étrangères. Il faut donc espérer que les traductions seront de qualité. Buzzfeed a cependant le projet de recruter une équipe d’éditeurs professionnels pour surveiller les opérations et permettre de publier des articles plus adaptés aux pays ciblés. Les Frenchies pourront donc expérimenter Buzzfeed dans la langue de Molière à partir du 4 novembre 2013.
Beaucoup d’OMG, LOL et WIN en perspective !
 
Maud Espie
Pour patienter :
http://www.buzzfeed.com/hannahkw/20-reasons-you-wish-you-were-at-hogwarts-during-ha-fncg
http://www.buzzfeed.com/samir/this-bad-lip-reading-of-game-of-thrones-is-the-best-thing-yo
Sources :
Le Monde, Marianne

Flops

CM is the new SAV

 
Avec le développement d’Internet et des réseaux sociaux, les marques ont investi dans le digital. De nouvelles stratégies de communication se sont développées, centrées sur l’interaction directe entre l’entreprise et l’utilisateur. Cette logique a vu apparaître un nouveau métier, entièrement dédié à la gestion des communautés : le community manager.
Si ce métier a pris une si grande importance, c’est qu’il est révélateur des caractéristiques du Web 2.0. L’essor des réseaux sociaux a permis aux entreprises d’entrer directement en contact avec l’utilisateur. Dans un monde où le contact ne se faisait que par le produit ou par la publicité et dans un sens unique, celui de la marque vers l’utilisateur, les réseaux ont façonné une nouvelle communication à deux sens, fondée sur l’interaction.
Or, cela change la chronologie publicitaire. Auparavant, les marques s’offraient de manière ponctuelle une campagne de communication, pour un lancement de produit, dans le cadre d’un repositionnement ou bien pour augmenter sa notoriété. Avec le Web 2.0, la marque doit être sans arrêts présente sur les réseaux. Elle doit sans cesse proposer des contenus puisque les réseaux s’inscrivent dans un processus de flux continus – ils sont sans cesse actualisés. La publicité devient permanente, d’où l’importance de ce nouveau métier. Le community manager (aussi appelé « social guru » ou « social media strategist ») est en charge de produire ce contenu continuel.
Il devient l’une des vitrines de la marque, en faisant office d’intermédiaire entre cette dernière et l’utilisateur. Il analyse la notoriété de l’entreprise, l’image qu’elle offre auprès de ses utilisateurs et prolonge celle-ci dans les contenus qu’il met en ligne.
 La proximité avec les utilisateurs augmente largement l’image de marque. Celle ci propose un contenu divertissant, bien éloigné de campagnes de publicités harassantes, matraquant les consommateurs. C’est par exemple le cas d’Oasis, cas d’école français en la matière, spécialisé dans les jeux de mots fruitiers. On passe d’une publicité imposée à un contenu récréatif, agréable et apprécié – ce qui augmente donc la notoriété de la marque. La preuve en est qu’Oasis propose maintenant des tee-shirts reprenant ses meilleurs jeux de mots. Si les marques s’orientent vers le divertissement, c’est pour mieux s’insérer dans les usages des réseaux : il est bien plus facile de partager une publication amusante sur Facebook qu’une publicité. Faire le buzz sur les réseaux sociaux c’est peut être cela, finalement : créer un contenu publicitaire qui ne dit pas son nom, dans une logique de dépublicitarisation [1], facile à partager.
Mais paradoxalement, cette proximité pose de gros problèmes aux marques. Maintenant que le community management est bien ancré dans les pratiques et usages, des phénomènes nouveaux apparaissent. Car l’interaction est à double sens. Se positionner sur un réseau social, c’est façonner un cadre de parole pour l’utilisateur. Celui-ci a désormais le pouvoir de s’adresser directement à la marque. Le consommateur devient « consommacteur ».
Jusqu’ici, on pouvait voir les récriminations des utilisateurs dans les critiques de produits ou de marques sur les sites de vente en ligne par exemple. Désormais, cette prise de parole est publique. Mais puisqu’elle se déploie sur le réseau de la marque, on attend d’elle qu’elle réponde. Les marques ne peuvent plus se permettre d’ignorer les critiques, elles doivent y apporter une réponse. C’est l’avènement du service après-vente 2.0 qui a désormais lieu sur la place publique.
Or comme dans tout service après-vente, les utilisateurs prennent la parole pour, le plus souvent, se plaindre et signaler un problème. Mais puisqu’il s’agit d’un phénomène public, les marques doivent alors faire face au pendant négatif du buzz, le bad-buzz, impulsé par les utilisateurs.
C’est une nouvelle dimension que les community managers des grandes marques ne peuvent plus ignorer. Car le web demande une grande transparence de la part des marques, et supprimer une récrimination d’un réseau est souvent la pire des idées, puisqu’elle mène irrémédiablement à la création d’un effet Streisand [2].
L’enjeu est important, car le manque de notoriété à perdre est grand. Le community manager doit apporter une réponse claire et publique à ces récriminations, tout en conservant une certaine image de marque.
La semaine dernière, sur la page Facebook de la FNAC, une utilisatrice a fait part d’un problème qu’elle a rencontré suite à l’achat d’un ordinateur portable. Confiant l’ensemble de ses démarches et de ses problèmes, elle utilise la page publique de l’entreprise dans le but clairement exprimé [3] de nuire l’image de la marque. Il s’agit d’une forme de chantage extrêmement efficace. La FNAC ne peut que répondre positivement et aller dans le sens de la consommatrice, puisqu’elle s’est confiée publiquement, attirant l’attention des utilisateurs de Facebook face à la situation injuste qu’elle a vécue. La viralité des réseaux est donc bel et bien à double sens, servant d’écrin au buzz et au bad-buzz.
La prise de parole publique des utilisateurs dans le but d’attirer l’attention des marques sur leurs dysfonctionnements et prenant à parti l’ensemble de la communauté sociale est un phénomène qui va sans doute se généraliser. Cela fera évoluer le travail des community managers, qui devront alors prendre en charge une partie du service après-vente des marques.
 
Arthur Guillôme
[1] L’expression est empruntée à Valérie Patrin-Leclerc dont vous trouverez un interview chez l’excellente revue Effeuillage
[2] L’effet Streisand est une loi d’Internet selon laquelle la censure d’un contenu sur Internet ne peut que favoriser son partage et attirer l’attention des internautes. Plus d’informations ici
[3] « je suis 100% disponible pour vouer toute mon énergie à vous faire un bad buzz, tellement je suis outrée par votre incompétence ». L’ensemble du message ainsi que la réponse de la FNAC sont visibles dans cet article complet
Pour plus d’informations :
Cet article du site mycommunitymanager propose un tour d’horizon efficace et intelligent du communty management
Ce Tumblr nous propose une belle sélection de fails de Communty Managers

Flops

So cute and disabled

 
Mignon, c’est bien. Mignon et handicapé, c’est encore mieux.
Qu’entends-je au fond ? Du mauvais goût ? Certainement. Mais comment ne pas céder au cynisme devant la célébrité Web unanimement relayée du moment, Ray Charles le bien nommé Golden Retriever aveugle.
Cette adorable créature connaît en effet un succès fulgurant, avec 38k Likes à son actif sur Facebook (pour une page créée le 5 Mars). Certes, nous sommes bien loin de Boo, son rival et modèle dans la catégorie canine, qui caracole  avec 7 millions de Likes. Mais Boo tient plus de l’exercice de viralité, ayant pour maîtresse une employée du réseau social.
C’est plus une véritable appropriation par les utilisateurs qui a eu lieu ici, sans planification ni établissement de contact maturé par une entreprise. Une sorte de Fruit d’Oasis, sans Oasis.
Il faut dire que Ray a tout pour faire fondre les cœurs. Né en décembre dernier, il était promis à l’euthanasie. Son handicap et sa santé fragile n’aidant pas, le centre animalier qui l’hébergeait avait peu d’espoir de pouvoir lui offrir un destin très éloigné des cages de ses locaux. Jusqu’à ce qu’un preux amoureux des animaux, Andrew Fales, lui fasse rejoindre les trois Goldens Retriever qu’il possédait déjà.
Depuis, l’heureux propriétaire s’est livré à un Community Managing effréné, alimenté d’innombrables clichés – tous commentés de sincères « cuteness overload ! » [1] – et de courtes phrases which wewe spewed wike dat [2]. Lui-même a été surpris par son succès, comme il l’a confié au Today Show de NBC. A l’heure actuelle, il fait gonfler une pétition pour que Ray puisse lâcher la « puck » (le palet, dont la libération cérémonielle marque le coup d’envoi d’un match de Hockey) lors de la prochaine performance des Boston Bruins, son équipe fétiche.
Grumpy blind spaghetti puppy-cat monster
Évidemment, ni Ray ni Boo ne sont exactement les premiers animaux à être devenus célèbres sur Internet, avec ou sans réseaux sociaux. Grumpy Cat, ou Maru en son temps, ont déjà pleinement illustré la terrible vérité : le Web n’est pas composé à 60% de pornographie, mais, en vérité, de chats.
En marketing, on parle parfois d’une multiplication par six des vues d’une vidéo Youtube ou d’une publication Facebook dès lors que leur aperçu intègre un chat. FastNCurious l’a d’ailleurs vérifié récemment.
L’originalité de ces stars web-sociales est cependant de répondre aux utilisateurs, là où les félins cités plus haut n’étaient que des memes. Le fait d’admettre une forme d’anthropomorphisme est devenu monnaie courante pour quiconque est sensible au discours d’une marque à travers ses personnages fétiches. Mais rien n’avait jusqu’alors été fait pour que les particuliers bénéficient du même contrat de lecture.
Pourtant, les publics se prêtent spontanément au jeu. Les visiteurs de Ray ne se l’approprient pas en le détournant comme un meme, ils ne l’associent pas à un attirail de valeurs ou de blagues répétitives, pas plus qu’ils n’attendent que son propriétaire produise un contenu centré sur autre chose que sur son délicieux chiot. Les commentateurs lui répondent comme à une personne réelle, mettant à bas toute conception qui voudrait que Facebook soit encore plus engageant que Twitter, et empêche à ce titre de répondre avec enthousiasme aux messages d’à peu près n’importe quelle entité – de l’animal à l’objet inanimé.
Bien sûr, il ne s’agit là que d’un engouement éphémère. Le filon a son côté novateur, mais est tout sauf profond. Cela étant, ces nouveautés forment comme un bruissement. Un très léger décalage de pratiques. A l’heure où les professionnels de la « relation client » (du centre d’appels à l’assistance technique) redéfinissent leurs métiers pour s’adapter à un utilisateur voulant toujours plus d’autonomie, c’est un signe de changement bien plus large qui se dessine.
Il y aurait presque matière à penser que, une mode « so cute » [3] après l’autre, Internet revient progressivement à l’état fantasmé, véritable transposition macluhanienne, qui lui était attribué avant le Net 2.0. Celle du village, où les goûts des utilisateurs font force de loi spontanée.
 
Léo Fauvel
[1] « surcharge d’attendrissement ». Oui eh bien si vous avez une meilleure traduction, dites-le.
[2] « which were spelled like that », soit « qui étaient écrites comme ça » avec une prononciation supposément infantile et irrésistible. Urk.
[3] « si mignonne »