Publicité pour Yummypets représentant un chien triste de ne pas avoir son profil
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Jakadi qu’il fallait inscrire son minou sur Yummypets…

Il n’est pas véritablement le premier réseau social pour animaux, comme on a pu le lire ou l’entendre dans les médias. Yummypets arrive après Woopets, Zanibook, ou encore Mypety – autant de plateformes qui permettaient déjà aux internautes de créer une sorte de profil Facebook à leurs minous, toutous, et autres bêbêtes. En cela, il semble que l’agence de communication bordelaise Octopepper qui a lancé le projet ait plutôt réussi son coup : de nombreuses chaînes télévisions y ont consacré un mini reportage (pas très fouillé, puisque toutes ont présenté le réseau comme un concept absolument innovant), et l’information a également été relayée sur le web. Mais pourquoi 150 maîtres de plus chaque jour y inscrivent-ils leur Médor, et pourquoi cela a-t-il tant intéressé les médias ?
La plateforme de Yummypets est bien plus accueillante, plus séduisante que celle des réseaux concurrents – si l’on peut parler de concurrence. Le design est agréable, les diverses catégories apparaissent clairement et le tout semble très simple d’utilisation. Aucun internaute un peu familier des réseaux sociaux n’aurait de mal à comprendre comment l’utiliser, ni à s’approprier ses fonctionnalités. Le propriétaire, après avoir renseigné quelques informations personnelles, établit un profil pour son animal, exactement comme il l’aurait fait pour lui-même : pseudo, description, photos, etc. Les rubriques livres, émissions et films favoris, grâce auxquels nous nous caractérisons sur Facebook, ont été remplacées par « plats », « jouet préféré », « place préférée » ou encore « plus grosse bêtise »… Je vous passe les florilèges et vous laisse le soin d’aller voir par vous-même, les Curieux…
A côté de cela, les utilisateurs ont la possibilité de se faire des amis, ou encore de devenir fan d’autres animaux – de les « suivre », un peu comme sur Twitter. D’ailleurs, certains profils « privés » sont accessibles uniquement si l’on est inscrit sur Yummypets et que l’on suit l’animal en question. Restreindre les contenus visibles, ou augmenter la part d’invisible : une manière d’inciter les simples visiteurs curieux à s’inscrire… D’autant que le réseau social propose plusieurs fonctionnalités invitant les internautes à interagir, tel que le « cute or not cute », qui permet d’élire parmi deux toutous/minous/pioupious le plus mignon ; le nombre de participations s’élève déjà à 20 000. Les concepteurs organisent également chaque mois un concours photo à thème – en ce moment, c’est « le plus bébé du mois »… Le but de toutes ces manœuvres est bien évidemment d’augmenter le temps passé sur le réseau à chaque visite : aujourd’hui, les membres y restent en moyenne 15 minutes par jour ! Cela pourrait sembler peu, mais c’est déjà considérable compte tenu la jeunesse de Yummypets et le nombre encore assez réduit de membres et de fonctionnalités. Et le virus est amené à se propager grâce à la page Facebook et au compte Twitter dédiés au réseau, qui sont incroyablement bien animés.
Le potentiel du réseau social apparaît donc plutôt intéressant. Si pour l’instant les fondateurs d’Octopepper disent ne pas vouloir « monétiser très vite » – « on n’est pas des marchands d’animaux. On veut conserver l’affect. » –, le concept pourrait devenir rapidement rentable. Les entreprises exerçant dans le secteur animalier devraient y voir un support publicitaire formidable – quel meilleur endroit qu’une communauté complètement dingo des bêbêtes pour trouver de nouveaux clients ? –, et M. Glayrouse parle déjà de la mise en place éventuelle d’une boutique en ligne… Ingénieux. D’autant que l’application pour Iphone est prévue pour fin février…
Mais mettons entre parenthèses ce que Yummypets rapporte d’un point de vue stratégique et économique pour se pencher sur ce qu’il apporte aux utilisateurs. « On s’est dit que, comme ça, les gens allaient beaucoup plus se lâcher », déclare le concepteur. Et il n’avait pas tort : le réseau social animalier rapproche ses membres, et il les rapproche certainement plus que Facebook ou Twitter, sur lesquels ils s’efforcent souvent d’entretenir une certaine image, promouvant leur profil dans une logique de personal branding. Sur YP, les utilisateurs se permettent des réactions plus spontanées – plus « bêtes » aux deux sens du terme ! – parce qu’ils savent qu’ils sont entre eux, entre grands amateurs d’animaux, et qu’ils parlent et agissent de toute façon derrière le masque de leurs compagnons poilus. Non non non, ce n’est pas moi qui fait/dit cela, c’est Caramel, mon cochon d’Inde !
Si tout cela apparaît fort sympathique, et fort commode, il reste un risque important : celui de commencer à se voiler la face et vivre par procuration…
 
Elodie Dureu
Crédits photo : ©Yummypets