Environnement, Société

Le véganisme: mode de vie du futur ou mode communautaire?

Le Veggie World, plus grand salon végan d’Europe, se définit lui-même comme « LA destination végan Européenne : cool, branchée, trendy – et sans souffrance animale ». Comme lui, de nombreux évènements surfent sur cette vague végane qui emporte avec elle de plus en plus d’adeptes. Véritable religion du manger respectueusement, le véganisme est partout, sur tous nos médias. Sur Instagram, le hashtag #vegan est un des hashtags les plus populaires et les plus utilisés, montrant bien à quel point le véganisme devient de plus en plus une des thématiques majeures de notre époque. Comme tout mouvement, celui-ci divise et suscite de nombreuses critiques et polémiques.


Une des principales critiques que ses détracteurs aiment opposer au mouvement, c’est son aspect de mode. On ne peut en effet pas nier qu’il est de bon ton aujourd’hui de se qualifier de végan et cela les marques l’ont bien compris; il y a un réel business du végan puisque qu’au cours des derniers 12 mois, la vente de nourriture végan a augmenté de plus de 1 500%. Sachant que ce mode d’alimentation revient bien plus cher qu’un régime plus traditionnel, les marques mettent le paquet en termes de marketing, et elles ont bien raison : elles tablent sur toute une thématique branchée et jeune, avec des packagings travaillés et une communication amusante.

Pourtant, plus qu’une mode ou qu’un filon commercial à exploiter, le véganisme traduit un véritable changement dans les mentalités. Il serait exagéré de dire que cela ne date que des cinq dernières années, puisque le mouvement existe depuis les années 50. Pourtant on constate aisément que c’est aujourd’hui qu’il touche le plus de personnes. Sensibilisée à la cause animale par tous les scandales liés à l’exploitation du bétail et à la défense de l’environnement, la nouvelle génération est enthousiasmée par le véganisme qui propose bien plus qu’un régime alimentaire.
C’est en effet tout un mode de vie qui est construit autour de ces convictions, un mode de vie qui semble bien plus pérenne et qui s’élève en opposition à une société de consommation effrénée. Les végans aspirent à une société plus respectueuse des animaux, de l’écologie et de la santé humaine ; projet on ne peut plus louable.

Une communauté qui peine à se diffuser plus largement

Et malgré cela, le véganisme a toujours du mal à réellement se démocratiser et on ne peut blâmer ceux qui restent insensibles voire tout à fait réfractaires au mouvement. Ce mode de vie a du mal à séduire une plus large partie de la population et pas uniquement parce qu’il implique de changer radicalement son quotidien, son alimentation, ses habitudes de consommation en général. S’il reste encore limité à certaines franges de la population c’est surtout parce que la manière dont il est présenté reste encore trop restrictive.
De nombreux porte-paroles majeurs du mouvement prônent un changement qui peut sembler excessif : il n’y a pas de demi-mesure dans leur discours ce qui le rend très clivant. Nous pouvons prendre le cas de la YouTubeuse Et Pourquoi Pas Coline, qui est d’abord connue pour son blog mode et beauté : « convertie » récemment au véganisme, elle raconte dans certaines de ses vidéos le chemin qu’elle a parcouru avant d’y arriver, pourquoi elle a choisi de changer de mode de vie mais aussi les difficultés qu’elle traverse, avec une grande lucidité. Pourtant, quand elle arbore une robe en soie qu’elle avait commandée sans savoir dans quelle matière elle était faite, elle reçoit de nombreuses critiques intransigeantes et parfois très virulentes.

La tolérance c’est plus végan

Le problème aujourd’hui avec le véganisme est bien son aspect parfois totalitaire. Car c’est bien une communauté à part entière dont certains membres ont tendance à juger et à condamner ceux qui n’ont pas les mêmes convictions qu’eux. Cela donne lieu à de réels clashs, parfois assez violents : il suffit d’aller voir sur Youtube le nombre de vidéos où les non végans insultent les végans et vice-versa ou, de manière plus humoristique, des sketchs parodiques. Il faut bien constater que tout le monde ne peut pas devenir végan : certains n’ont pas l’argent nécessaire pour se payer des produits qui restent très coûteux, d’autres ne se sentent pas en adéquation avec le mouvement.
Le philosophe Peter Singer, philosophe en faveur d’une réforme de la société via le véganisme, affirme que le mouvement végan devrait faire preuve de plus de tolérance envers les personne non-véganes, à partir du moment où ces dernières consomment intelligemment et s’assurent du bon traitement des animaux dont proviennent les produits qu’elles utilisent. Le véganisme tend définitivement à rassembler de plus en plus d’adeptes, ce qui témoigne d’une forte et honorable volonté de la part de la nouvelle génération de trouver un nouveau mode de vie. Cette prise de conscience de la nécessité de faire évoluer nos habitudes de consommation est admirable mais ne pourra pas progresser sans un discours plus tolérant.

Laura Laarman

Sources :
Veggie World, visité le 04/12/2016
Wikipédia, publié le 02/11/2016, visité le 04/12/2016
Jack Peat, publié le 01/11/2016. Consulté le 04/12/2016
https://www.youtube.com/watch?v=3TTnNpi1YKs
Photos :
Montreal’s Vegan Food Festival, Expos Manger Sante
Publicité Shiner Smokehouse
Parodie Youtube de Gangnam Style « Vegan Style »
Site web « For the animals »

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