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Viser la Lune ? Ça ne lui fait pas peur !

Donald Trump est le président le plus impopulaire que l’histoire des Etats-Unis ait connu : 60% de la population américaine se déclare insatisfaite de son action selon l’institut de sondage Gallup. Depuis quelques mois, des personnalités de son administration démissionnent comme Mike Dubke, l’ex directeur de communication de la Maison Blanche, ou encore Mickael Flynn, son ex conseiller à la sécurité intérieure. Une ambiance d’instabilité règne dans les plus hautes sphères du pouvoir. Pourtant, lundi 11 décembre 2017, le président a fait une déclaration pour le moins ambitieuse : à l’occasion du 45ème anniversaire de la dernière mission habitée sur la Lune (Apollo 17), il signe un décret où il accorde à la NASA d’accentuer ses efforts pour officialiser un retour des Etats-Unis sur la scène galactique : la Lune, puis Mars, voire même au-delà.

Is that making America great again ?

Le projet d’un retour des astronautes américains sur la Lune n’est pas nouveau, Trump n’invente rien. Les précédents présidents américains l’avaient déjà énoncé. Barack Obama voulait ouvrir le chapitre de la conquête martienne à la fin de son second mandat, et George W. Bush avait annoncé en 2004 une éminente détermination à refaire marcher les américains sur la Lune d’ici 2020. Sans succès, car faute de budget.
Par la signature de ce décret, Trump acte une politique de recentrage sur les Etats-Unis. Cela entre en totale cohérence avec son leitmotiv « America first » : il souhaite que les américains demeurent les leaders mondiaux dans tous les domaines. Dans son discours lors de la cérémonie de signature, il affirme que ce projet « va redonner des emplois et que nous adorons les emplois ! ».
Stratégiquement parlant, cette reconquête spatiale est une occasion en or pour Donald Trump : il redore son blason en réactivant les perpétuels fantasmes de retourner sur la Lune. Ainsi il enorgueillit l’esprit pionnier des Américains, qui aiment être les premiers dans tout et « rêver grand ». Au cours d’une cérémonie au ton solennel, derrière son pupitre, il utilise un vocabulaire mélioratif et simple : « great », « big », « strong ». Il cherche ici à toucher le plus grand nombre de personnes avec des outils de communication efficaces, spécifiques à la plupart des discours politiques américains.
Sa déclaration n’est pas qu’un simple « coup de com’ », elle s’axe sur des objectifs scientifiques précis et ancre l’Amérique dans une course polarisée face à la Chine, qui de son côté, est déterminée à envoyer des humains sur la Lune d’ici 2036. Pourtant, le financement et le coût de ce projet restent flous, nous en saurons sûrement plus dans les mois à venir. Ce qui est certain, c’est qu’il va coûter très cher, car la distance jusqu’à Mars est d’environ 76 millions de kilomètres, donc ce projet relève autant de la prouesse technique que de la prouesse budgétaire.

Sciences will always be our future

Il faut également comprendre que cette volonté de retourner sur la Lune, et même de voir plus loin n’est pas une lubie mégalomane, comme on pourrait le penser venant de Trump. C’est un projet scientifique gigantesque certes, mais soutenu par des sociétés privées telles que SpaceX ou Moon Express, qui elles, auraient les moyens de le financer.
A long terme, installer une base lunaire fixe pourrait aider les scientifiques à obtenir des images plus précises de la Terre et ce serait donc un moyen de mieux étudier les risques auxquels elle est exposée. Aussi, selon certains spécialistes, engager une mission habitée conséquente sur la Lune pourrait permettre de mieux viser Mars, qui serait alors à une distance moins importante par rapport à la Terre.
Les opportunités y seraient éminemment nombreuses, mais celle qui retiendrait notre attention serait la potentielle présence d’eau qui pourrait être exploitable, dans le sens où elle pourrait créer de nouvelles (hypothétiques) activités comme le tourisme spatial, la production d’oxygène et de nourriture.

Peu importe ce que l’on pense par rapport à Trump, son projet de reconquête spatiale ne tombe pas des nues et s’inscrit dans une véritable volonté de faire avancer la science et de placer les Etats-Unis sur un espace géostratégique majeur. Il faut savoir que sans les explorations de l’espace, nous ne pourrions pas vivre comme nous le faisons actuellement. Les satellites, Internet, le téléphone : tout vient de là-haut…
Malgré tout, quelques objections pourraient être formulées. Le projet est grandiose, mais est-il réellement viable pour les Etats-Unis actuellement, compte tenu les nombreuses polémiques qu’engendre la gestion du président ? Est-ce véritablement une priorité quand on sait que des millions de personnes n’ont pas de sécurité sociale et vivent dans une précarité alarmante ?

Florence Arnaud

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Sources

 

Crédits photo

  • Photo 1 (Couverture) : Carlos Barria / REUTERS
  • Photo 2 : Carlos Barria / REUTERS
  • Photo 3 : Robert Viglasky / National Geographic Channels
  • Photo 4 : NASA

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