Publicité et marketing

La gastronomie française ou le positionnement de marque

Pour débuter ce dossier sur le Made in France, Com’ des chefs, le pôle gastronomie du CELSA nous propose son point de vue sur ce label ambigu. Parce qu’il fait partie du patrimoine immatériel français dans le cas de la gastronomie, il est réputé authentique. Cette authenticité, enviée par certaines marques, devient alors un véritable positionnement stratégique de marque.
Historiquement, la cuisine pré-existe à la gastronomie. La singularité française provient de la richesse de ses sols et de la diversité des produits qui en découle, mais aussi de l’aspect politique de la bonne cuisine française. Elle était celle des châteaux, des cours royales et des moines rabelaisiens. Nicolas Fouquet réunissait les grands chefs pour Louis XIV comme le célèbre François Vatel. Ce dernier symbolise la perfectionnisme gastronomique français dans la mesure où il n’a pas hésité à mettre fin à ses jours voyant que le poisson du dîner du roi avait du retard.
De manière générale, la gastronomie serait l’appréciation de la nourriture, mais elle renvoie en fait à l’écriture sur la cuisine. Elle est l’art de faire un bon repas et naît à partir du moment où les écrits sur la cuisine se développent au XVIIIe siècle. Selon l’historien Pascal Ory, elle serait donc à la cuisine ce que le critique est à la littérature.
Ainsi la gastronomie française s’est construite sur tout un imaginaire collectif, lui donnant un rôle essentiel de relais de l’idée nationale auprès des villages que rien n’unissait encore. Avec entre autre le désenclavement des campagnes, l’unification de la langue dans une lutte contre les patois, la gastronomie participe à l’élaboration de la nation française. La gastronomie française est donc (comme la nation) un discours unificateur, sujet à une instrumentalisation politique, idéologique ou culturelle.
Dès lors, le Made in France en gastronomie est d’autant plus important qu’il permet d’ancrer une marque dans une tradition vieille de plusieurs siècles et reconnue dans le monde entier. Le film de Sofia Coppola (Marie Antoinette) et ses scènes de banquets fastueux témoigne bien de l’imaginaire bien présent autour de la cuisine française.

Le label Made in France, une étiquette ambiguë
Avec la gastronomie, le Made in France devient véritablement patrimoine immatériel. Le vin, le fromage, le pain, les pâtisseries font incontestablement partie de la culture française. Pour ce type de produits, le besoin de se rattacher à un label se fait peu sentir puisqu’ils sont la tradition.
Mais certaines marques ont bien compris la dimension politique (au sens large) actuelle de la nourriture et ont choisi de surfer sur la tendance du made in France. Par exemple, Michel et Augustin, marque au nom très français, n’ont pas à proprement parler le label Made in France mais ils se revendiquent « experts du goûts » et soulignent sur leur package l’origine hexagonale de leurs produits. Ils jouent en fait sur l’authenticité. Même sans label, c’est bien cet argument développé en introduction du dossier qui est mis en avant. L’authenticité, la promesse de vérité et de proximité est argument de vente, elle est présentée comme une garantie d’un bon goût, car d’un goût d’une qualité française.
Au contraire, la marque Charles et Alice (yaourts aux fruits) possède bien le label Made in France mais le met peu ou moins en avant, sur son site comme sur son packaging.
Finalement, le Made in France est avant tout devenu un choix de positionnement par rapport aux autres produits, aux concurrents.
En effet, l’imaginaire autour de la cuisine française possède une force de persuasion indéniable. Nous l’avons vu, il est le fruit d’une culture vieille de plusieurs siècles. Et surtout, il s’est popularisé et ne concerne plus uniquement une élite châtelaine, ou uniquement les femmes. La gastronomie est devenue une culture populaire, comme le démontre le succès des émissions comme Top Chef, Un dîner presque parfait ou Master chef. Les marques ont bien compris cet engouement, largement exploité dans leurs stratégies marketing.
Ladurée ou le made in France comme success story
La Success Story de Ladurée est là pour en témoigner. Fondée en 1862 par Ernest Ladurée ce n’est au départ qu’une petite boulangerie qui va devenir l’un des premiers salon de thé de la capitale, puis proposer ses célèbres macarons. Il compte aujourd’hui 800 employés dans le monde et compte 14 maisons dans 5 pays, dont 6 en France. Si son PDD refuse de donner son chiffre d’affaires actuel, il est estimé à près de 80 millions d’euros en 2010.
 

Le logo de Ladurée perçu de l’étranger s’ancre dans le Made in France, pourtant aucun label n’y figure, ni même un drapeau tricolore. En effet Ladurée cherche plutôt par son esthétique à s’ancrer dans le Paris du Second Empire. Ce sont des feuilles de lauriers qui viennent rappeler le règne de Napoléon III, avec en dessous un “Paris” qui fait gage de qualité dans le milieu du luxe, parce que oui, Ladurée est une marque de luxe.
Car c’est aussi ce que véhicule cette marque française au grand savoir-faire : la légitimité de prix très élevés. C’est ce que Ladurée cultive avec ce style propre au Second Empire, et ces différents symboles qui savent rappeler régulièrement au consommateur qu’il s’agit d’une expérience unique.
Rien de mieux que d’apparaître dans le film de Sofia Coppola déjà cité plus haut pour s’inscrire dans une tradition de luxe, d’excellence et de raffinement typiquement français aux yeux du monde entier.
Sur le site internet http://www.laduree.fr/ c’est aussi le parisianisme et le caractère français de la marque qui sont mis en valeur. La page d’accueil est une immersion dans la boutique parisienne, nous sommes sur les Champs Elysées et pouvons interagir avec les divers éléments présents.
Made in France ou Made in Local ?
Mais si ce n’est pas le Made in france en lui-même qui est à l’honneur dans une marque aussi importante que Ladurée, et plutôt un certain raffinement lié à la parisienneté, il faut dès lors se poser la question de la résurgence du local.
La notion de terroir est de ce point de vue un élément fondamental. Elle revient sur le devant de la scène depuis une dizaine d’années. Il s’agit de redonner sa place au savoir-faire des régions. Face à des produits alimentaires lissés par la mondialisation, et toutes les angoisses qu’elle provoque, le consommateur se tourne vers ce qui est fiable : le local.
La marque Reflets de France et son histoire sont à cet égard particulièrement significatifs. Elle est créée en 1997 par le groupe Pomodès qui veut redécouvrir les recettes propres à chaque région de France. Aujourd’hui la marque fait figure de succès en tant que marque de distributeur facteur de fidélisation de la clientèle de Promodès et Carrefour.  Ses consommateurs types sont les plus prisés par les grandes marques nationales : jeunes, urbains et intéressés par une assiette plus ancrée dans la culture française.
Un enjeu de légitimation de l’entreprise et du prix
L’enjeu est important, aussi bien pour les entreprises que pour les régions. Pour Pomodès, et pour les grands groupes distribution, il s’agit de légitimer territorialement une gamme de produits mais aussi un groupe de distribution d’échelle nationale qu’il faut réhumaniser. Considérant l’explication de la fonction de la légitimité selon Laufer : « une organisation a besoin de se justifier comme étant au service du groupe et d’assurer ses responsabilités en tant qu’acteur ayant une influence sur la société », c’est bien ce qui résulte de cette préférence du consommateur pour le local, qui lui fait acheter français et positionne la marque comme acteur responsable sur le plan social et environnemental. Les recettes de nos grands-mères n’ont jamais pollué la planète et en plus, créent de l’emploi. C’est aussi une question de rapprochement avec le consommateur, qui est à même de prouver son attachement à la culture locale en achetant en moyenne un produit deux fois plus cher que la gamme traditionnelle des distributeurs. Cela n’est pas sans rappeler le mécanisme à l’œuvre chez les produits bio, mais il est rare de rencontrer un produit qui fasse les deux.
Les produits Reflets de France et autres mets des locavores, avec leurs appellations d’origine contrôlée et certifications origine France en tous genres, sont exemptés de toute justification sur le plan environnemental, et on ne compte plus sur la toile le nombre de blogs de nos amis écolos cherchant désespérément comment manger local et bio avec les mêmes produits. Le site des 2 Vaches pose ainsi dans un article datant du 29 janvier la question du choix entre bio et local, qui pour le cas des produits laitiers est vite résolue puisque la production de lait est concentrée dans 4 régions en France. D’où cette simple question : le « France washing » n’est-il pas la suite du green-washing et aussi un aveu d’échec de ce dernier ?
Anne-Gaëlle Nicole, Judicaëlle Moussier
 
Sources :
http://www.lecommercedulevant.com/affaires/h%C3%B4tellerie-amp-tourisme/none-liban/david-holder-%C2%AB-les-libanais-m%E2%80%99ont-donn%C3%A9-envie-d%E2%80%99ouvrir-%C3%A
http://www.francetvinfo.fr/video-le-made-in-france-devient-tendance-dans-l-alimentation_159583.html
http://institut-gestion.univ-larochelle.fr/IMG/pdf/Les_MDD_du_terroir_facteurs_de_Legitimation_le_cas_Reflets_de_France.pdf
http://www.strategies.fr/actualites/marques/179067W/2-6-4133/le-renouveau-du-made-in-france.html

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Société

Le vin français, le 100% made in France

 Dès ce matin, nous débutons notre dossier avec l’association de dégustation de vins du CELSA – Wine not ? – qui nous livre son point de vue sur ce symbole du patrimoine immatériel français.
Dans le contexte de mondialisation d’aujourd’hui, le « made in France » est revenu au goût du jour.  Ce fut même un des arguments le plus utilisé lors de la campagne présidentielle de 2012.
Cependant, on remarque que les deux chantres du « made in France », Arnaud Montebourg et François Bayrou, ont semblé avoir oublié lors de leurs argumentaires engagés de mentionner l’importance qu’occupe le vin dans ce processus. Et pourtant, je ne pense pas qu’il puisse exister quelque chose de plus français que le vin français lui-même justement.
Le vin, un des symboles de la culture française
La France est bien souvent considérée dans le monde comme le pays du vin, où les paysages et terroirs viticoles sont aussi bons que variés. C’est d’ailleurs en France que la consommation de vin par habitant est la plus forte, puisqu’elle s’élève à 52,6 litres par an et par habitant en moyenne[1]. Ce n’est pas un hasard : le vin fait partie de notre culture, il a participé au développement de notre économie dans l’histoire et au rayonnement de notre pays à travers le monde. Aucun autre pays au monde ne possède autant d’appellations, de producteurs et de terroirs si divers. Le climat fait que la France est comme la terre promise du vin, on y trouve presque de tout.
Le terroir, cette « usine » qu’on ne peut pas délocaliser
Le vin, c’est du raisin, du soleil, de l’eau, de l’homme, mais aussi un terroir. Tous ces éléments sont très importants à la fabrication du vin, mais le terroir, qui se concrétise dans l’appellation d’origine contrôlée, est sûrement l’un des plus importants. En effet, à l’achat d’un vin, c’est souvent à cela que l’on se réfère, on peut vouloir un bordeaux, ou plutôt un bourgogne, etc – attention ici, je prends la notion de terroir dans son sens (très) large.
Ce terroir il est donc impossible de le délocaliser. Jamais on n’a vu, et jamais on ne verra du Côtes-du-Rhône fait en Chine. D’abord parce qu’il est quasiment impossible de retrouver exactement le même terroir à plusieurs endroits, bien que certains puissent avoir de nombreux points communs. Puis parce que l’on n’en a tout simplement pas le droit. En attestent, par exemple, les longues disputes qui ont eu lieu lorsque les producteurs champenois se sont insurgés contre ceux qui inscrivaient la mention « Champagne » sur leur bouteille pour qualifier le vin mousseux qu’ils produisaient.
Pour pallier à cette impossible délocalisation, dans ce contexte de mondialisation, certains essaient tout de même de reproduire des vins similaires dans d’autres conditions, en utilisant notamment les mêmes cépages. Par exemple, les californiens et les sud-américains utilisent beaucoup de cabernet sauvignon afin de produire des vins qui pourraient se rapprocher le plus possible des châteaux bordelais. A défaut de délocalisation il reste donc toujours l’imitation.
Chaque terroir illustre une appartenance régionale qui ne fait que renforcer l’appartenance nationale, déjà mentionnée par le « Product of France » qui se doit d’apparaître sur n’importe quelle bouteille de vin français.
Le poids du vin dans l’économie française
 Le vin est donc impossible à délocaliser, et est en plus un des produits français qui s’exporte le mieux. En ces temps de crise, il m’apparait tout de même étonnant que M. Montebourg ne lui ait pas donné une part plus importante. En effet, le vin supporte l’effort national : le chiffre d’affaire des exportations de vin s’élevait à 11,5 milliards en 2012 ce qui en fait le second secteur d’exportation français[2]. De plus, le vin est non seulement le deuxième poste excédentaire de la balance commerciale française talonnant ainsi l’aéronautique, mais il représente aussi 83% de l’excédent dans le domaine de l’agroalimentaire[3].
Il s’exporte quand même mieux que le slip français… Rappelons-nous de cela pour que l’un des rares secteurs qui n’est que faiblement touché par la crise ne se laisse pas aller lui aussi.
 
Le Conseil interprofessionnel des vins du Roussillon s’est d’ailleurs permis d’interpeller directement en 2012 les membres du gouvernement en leur offrant une bouteille, et en leur rappelant bien que le vin « made in France » tel qu’ils le disent eux même, mérite d’être soutenu de par son importance dans l’exportation, et le fait qu’il représente 250 000 emplois[4]. Et l’on se souvient bien de la campagne de 1980 : « nos emplettes sont nos emplois ».
Le vin « made in France » devient un véritable atout commercial, on consomme « responsable », et on consomme « local ». Cela rassure le consommateur, et lui enlève un sentiment de culpabilité qui pourrait le retenir de faire l’acquisition d’un produit.
Le vin illustre ainsi très bien l’art français, l’art au sens de savoir-faire. Ce n’est bien sûr pas le seul représentant de ce savoir-faire, mais son poids n’est plus à prouver. Dans un contexte où la France perd peu à peu de sa splendeur et grandeur passées, montrons que l’excellence française existe encore tout en contribuant à la relance économique interne du pays. Car dans ce produit impossible à délocaliser, toute la valeur ajoutée reste localisée en France.
La réussite du modèle « made in France »
Le vin pour le « made in France » est donc le symbole d’une réussite économique de ce modèle, et une image positive de l’excellence du savoir-faire français à travers le monde. Les deux intérêts du modèle « made in France » sont bien réunis.
Pourtant nos gouvernants ne semblent pas vouloir pleinement supporter et encourager la réussite de ce secteur, comme en témoignent les candidatures des vignobles de Bourgogne et de Champagne au patrimoine mondial de l’Unesco au profit de la sombre grotte du Chauvet…
On se rappelle bien aussi de Nicolas Sarkozy oubliant de passer du côté des vins lors du salon de l’agriculture. François Hollande, lui, semble avoir au moins compris l’importance de la filière, puisqu’il a promis qu’il ne « diaboliserait pas le vin ». Mais bon, on connaît bien la conception qu’ont les politiques de la notion de « promesse ». Il aura au moins rassuré quelques vignerons surpris pour la première fois depuis cinq ans par la visite du président au salon de l’agriculture.
La mondialisation nous confronte directement aux autres pays, et au dessus de nos têtes pèse la menace de voir s’abattre sur nous l’uniformisation du vin comme une épée de Damoclès. L’identité géographique du vin supposée par son terroir s’impose donc comme un argument très important de la diversité du vin face à cette crainte d’uniformisation. Il s’agit simplement de la mettre en valeur. C’est là toute la beauté d’un produit 100% made in France.
François Philipponnat – Wine Not ?

[1]  http://lexpansion.lexpress.fr/economie/les-plus-gros-buveurs-de-vin-du-monde-sont_287321.html

[2] Source : France Agrimer

[3] http://www.leparisien.fr/flash-actualite-culture/vins-et-spiritueux-made-in-france-nouveau-record-des-exportations-en-2012-14-02-2013-2567575.php

[4] http://www.reussir-vigne.com/actualites/communication-jouer-la-carte-du-made-in-france&fldSearch=:GP0H055C.html

 

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Société

Le Made in France façon FastNCurious

 
En Janvier dernier, FastNCurious s’intéressait aux Revenants, dans le cadre de sa nouvelle rubrique, les « Dossiers ». Nous avions vu dans quelle mesure Canal+ et Haut & Court façonnaient un modèle de série française. Cela ouvrait la voie à un sujet plus large sur les productions made in France. Ce mois-ci, nous vous proposons notre second dossier qui vient prolonger cette réflexion et nous nous intéresserons donc au Made in France dans son ensemble.
Le made in France a, avant tout, une définition juridique. C’est une appellation, un label, sur l’origine d’un produit. A son origine, il ne désigne rien d’autre qu’une étiquette « fabriqué en France ». L’appellation se positionne en effet par rapport au bien connu made in China. Elle marque donc le retour au local, la réponse à la mondialisation. Elle serait un réflexe identitaire, une mise en avant de la culture française comme unique et solide. Mais cette définition est partielle. En effet, ce label a rapidement pris une toute autre envergure.
A priori, le made in France est culturel. Uniquement et sincèrement culturel ? Non. C’est avant tout un objet de communication. Communication politique, médiatique, marketing. Il est objet politique car, revêtu d’une apparence culturelle, il offre une belle légitimation à un discours communautariste. Peur de l’autre, peur de la mondialisation, peur de la consommation débridée, auxquelles répond le made in France et son aspect communautaire, équitable, sain, authentique. L’appropriation politique du sujet, par la droite comme la gauche, montre bien à quel point il est dépendant de discours et d‘un contexte ou d‘une atmosphère politique et sociale particulière. Le Slip Français au moment des débats sur l’identité nationale aurait eu une toute autre saveur.
Puisqu’il s’agit de mettre avant tout l’authenticité en exergue, celle-ci désigne un objet dont l’origine et l’auteur sont certifiés, et dont la réalité et la sincérité sont incontestables. Ce sont donc des valeurs de transparence, d’exactitude, de pureté et de véracité qui sont ici à l’œuvre. Mais dans ce contexte complexe des problématiques de traçabilités et de repli sur soi, la culture fait aussi partie intégrante du soft power. Le made in France serait alors un moyen d’affirmer la place du pays sur l’échiquier mondial, un outil. C’est en tout cas ce qu’ont compris les politiques ou les marketeurs qui tentent de l’imposer sur le marché global, mais aussi sur le marché intérieur. Paradoxalement, les premiers à convaincre de la sincérité du sujet, sont bien les français eux-mêmes.
On se demande alors comment le made in France peut garder son aspect authentique alors qu’il fait aussi l’objet d’une construction communicationnelle, médiatique et politique. D’autant plus que la conception que les Français ont de la culture suppose qu’elle ne doit pas être souillée. On nous vend un label spontané et authentique, mais n’est-il pas une construction, une œuvre de communication ?
Pour répondre à ce paradoxe, nous avons décidé de faire appel aux associations du CELSA et à quelques rédacteurs. Contrairement aux Revenants, nous avons fait le choix de nous intéresser à différents objets, tout en traitant la question du made in France de manière transversale. Lundi, Wine Not nous présentera les particularités du vin français et Com’ des Chefs traitera des délices de la gastronomie française. Mardi, nous analyserons la stratégie du Slip Français, emblème du made in France. Mercredi, la French touch sera à l’honneur avec le Gorille, Jeudi nous verrons en détail les enjeux qui se cachent derrière le nouveau moteur de recherche Qwant. Vendredi, nous laisserons la parole à Sybille Rousselot, Alice Nieto, Pauline Saint Macary, Marine Miquet et Alicia Poirier N’Diaye qui ont travaillé sur le Made in France dans le cadre de leur travail d’initiation à la recherche de L3.  Pour terminer en beauté nous vous réservons une invité de marque qui portera un regard original et plus global sur la question.
Camille Sohier et Arthur Guillôme

Société

Objectif Mars

 

Lancée le 26 Novembre 2011 et atterrit le 6 Août 2012, la sonde Curiosity chapeautée par la NASA est surtout l’écrin rêvé d’une stratégie de communication de la part de l’agence. Cependant, elle en dit long sur les dérives de la médiatisation des affaires scientifiques. Analyse.
Redevenir un des symboles du soft-power Américain.
 
La NASA, créée en 1958 est l’agence Étasunienne en charge du développement spatial du pays. Elle est financée par le budget fédéral, voté annuellement par le Congrès. En perte de notoriété depuis le début des années 2000, elle joue actuellement son avenir même avec la mission Curiosity. En effet, le programme spatial coûte très cher. Les États-Unis ont déboursé 2,5 milliard de dollars pour cette mission. Or, dans cette période de coupes budgétaires, c’est 900 000 millions de dollars qui pourraient lui être retirés. C’est donc l’avenir même de l’agence dont il est question ici.
L’enjeu pour elle est donc de légitimer l’octroi de subventions. Pour cela, la NASA tente de redevenir un des fers de lance des États-Unis, une vitrine diplomatique montrant que le pays garde une certaine hégémonie sur les affaires spatiales.
Une stratégie de communication inspirée de la publicité
 
Pour que Curiosity ne soit pas sa dernière mission, la NASA orchestre toute une stratégie de communication autour de la sonde. Dans le but de rajeunir son image, elle occupe les réseaux sociaux et étaye l’actualité médiatique d’annonces sensationnelles, dans le but d’entretenir l’intérêt général soulevé par la mission.
Un compte Twitter a été lancé pour Curiosity en 2008, mais ce dernier a vraiment explosé lors de l’atterrissage en Août dernier. Sa particularité ? Les tweets sont à la première personne, ponctués de références culturelles plus ou moins destinées aux internautes de moins de quarante ans.

Pour 1 317 225 followers, on peut dire que c’est un succès. Créer un intérêt pour un sujet a priori poussiéreux, attirer et fidéliser des Internautes en instaurant des liens de connivence, savamment entretenus par un ton humoristique… Autant d’indices d’une stratégie de communication qui n’a rien à envier aux publicités classiques. C’est dans cette logique qu’il faut analyser la médiatisation d’un des scientifiques de la mission, le directeur de vol Bobak Ferdowsi. Ce jeune scientifique à la carrière brillante s’est fait remarqué par sa coiffure excentrique. Arborant une crête teintée en rouge et des étoiles taillées à la tondeuse, il est rapidement devenu un mème Internet. Voilà un moyen efficace de montrer la NASA sous un nouveau jour, constituée d’équipes jeunes, dynamiques, bien loin des clichés habituels.
Mais ces deux éléments paraissent bien anecdotiques à côté des annonces sensationnalistes effectuées par l’agence pour occuper l’espace médiatique. Car pour attiser l’intérêt, la NASA n’hésite pas à produire des communiqués présentant les avancées de Curiosity comme des révolutions scientifiques. Début Novembre, la NASA a effectué un teasing sur une annonce qui allait « entrer dans les livres d’histoire » (John Grotzinger, responsable de la mission Mars Science Laboratory) dans le but évident de créér un buzz. L’agence précise très vite que cette découverte sera révélée durant une conférence, le 3 Décembre. Pendant plus de deux semaines, l’agence entretient le buzz, avec, par exemple, ce tweet et cette délicieuse vidéo (ponctuée de références geek)

Très vite, cependant, les scientifiques tentent de calmer le jeu, et déçoivent ceux qui croyaient qu’on avait, enfin, découvert les petits hommes verts. Au lieu de cela, la découverte de quelques molécules organiques « d’origine inconnue » sera annoncée lors de la conférence. Or, elles proviennent sans doute d’une contamination terrestre des instruments de Curiosity. Le buzz est alors tué dans l’oeuf, et l’information très peu reprise dans les médias. Cependant, ce fut pour l’Agence l’occasion de vanter la précision des instruments et de rappeler que la mission, qui était alors prévue pour durer deux ans [1], allait apporter bon nombre de découvertes. On peut alors déceler un certain opportuniste dans ce buzz puisque le budget pour la NASA est fixé fin Décembre… Se montrer indispensable, faire preuve de ses avancées et de sa légitimité scientifique était donc, à ce moment là, absolument nécessaire. Et cette stratégie de communication fut loin d’être un flop.
Des annonces reprises médiatiquement sans recul, jouant sur l’imaginaire spatial
 
En revanche, c’est bien dans le traitement médiatique de ces annonces que se situe le problème. Début Mars, la NASA a récidivé. Dans un courrier envoyé à des journalistes, elle a annoncé la tenue d’une conférence de presse le 12 Mars. Dans cette conférence, elle a annoncé en grande pompe que les conditions nécessaires au développement de la vie étaient présentes sur Mars. Annonce largement reprise dans les médias, présentée comme révolutionnaire.
Or, comme le démontre Pierre Barthélemy sur son excellent blog, cela fait des années que c’est un fait scientifique. Elle surf avec cette « non annonce » sur les imaginaires spatiaux. C’est ici la clé de voûte de toute sa stratégie : par l’usage des mots, des divers communiqués publiés, par les tweets de Curiosity, elle laisse sans cesse présager de la découverte des martiens. C’est, bien sûr, le but de la mission : mais l’agence utilise sans cesse l’intérêt que susciterait une telle découverte pour communiquer et se légitimer.
Le bât blesse dès le moment où ces annonces sont reprises dans les médias. Car ceux-ci suivent, les yeux fermés, ces annonces sensationnalistes sans vérifier les antécédents, sans prendre de recul. Les médias utilisent ces annonces pour justement faire du bruit en jouant sur les imaginaires et faire vendre. Car l’astronomie nous fascine toujours autant. Et ça, la NASA l’a bien compris, c’est bien pour cela qu’elle a ici prévenu les journalistes et non la communauté scientifique. Ce traitement journalistique est bien révélateur de la tendance actuelle des journaux à vouloir publier une information pas forcément vérifiée, mais qui fera grand bruit, dans le but de créer le buzz et de vendre ou d’attirer du trafic sur Internet. En attendant de se trouver un modèle économique viable, elle se réfugie dans un sujet sans risque, facile à traiter et suscitant un grand intérêt.
 
Arthur Guillôme
 
[1] : elle a ensuite été allongée pour une période indéfinie
Sources :
http://web-tech.fr/curiosity-une-decouverte-revolutionnaire-annoncee-par-la-nasa/
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/astronomie/d/curiosity-des-molecules-organiques-mais-dorigine-inconnue_43175/
http://web-tech.fr/succes-de-curiosity-la-nasa-prepare-deja-la-prochaine-mission/
http://sciencesetavenir.nouvelobs.com/curiosity/20121122.OBS0238/curiosity-speculations-autour-d-une-vraie-fausse-annonce-de-la-nasa.html
http://www.huffingtonpost.fr/2012/08/30/bobak-ferdowski-nasa-punk-curiosity-mars_n_1842095.html
http://www.thethreesheep.com/1/post/2012/08/sticking-the-landing-nasa-launches-a-superb-communications-strategy-for-mars-curiosity.html

Société

Vous avez-dit sexisme ?

Le 25 avril prochain, le jugement sera rendu pour le rappeur Orelsan traduit en justice pour une énième affaire « d’incitation à la haine » et « injures ». La plainte déposée par plusieurs associations féministes, dont Les Chiennes de Garde, devant le tribunal correctionnel de Paris, n’a pour le moment abouti qu’à une relaxe, mais l’affaire n’est pas encore enterrée. On se souvient de la polémique suscitée en 2011 par le titre rendu tristement célèbre par ces débats « Sale Pute ». Le combat des féministes perdure mais pour le public cela reste une discorde nauséeuse. Aurélien Cotentin, alias Orelsan, faisait à l’époque couler l’encre de nombreux titres. La chanson, purement fictionnelle, lui aura tout de même couté cher : interdit de séjour dans de nombreuses salles de concerts, évincé de divers festivals et interdiction d’interpréter ce morceau jusqu’à nouvel ordre. La polémique lui aura certes, offert une certaine notoriété mais le chanteur est tout de même pris pour cible et devient le bouc émissaire d’une lutte qui ne semble finalement pas le concerner.
Aujourd’hui ce sont huit de ses chansons qui sont concernées par la plainte du collectif féministe contre le viol, la Fédération Nationale Solidarité Femmes, l’association Femmes solidaires, les Chiennes de garde et le Mouvement français pour le planning familial. Une attaque de front pour mieux faire tomber le rappeur. Réduire huit petites phrases de textes fictionnels, dont la part de sens critique ou de second degré n’est pas à exclure, semble donc un peu facile et triste aussi ; l’ensemble du travail d’un auteur ne se résume pas à 3% de ses chansons sorties de leur contexte. Une polémique inutile qui pointe pourtant des questions plus profondes et plus encrées dans l’inconscient collectif franco-français. Bouc émissaire d’une réalité pourtant plus complexe. La lutte, si légitime soit elle, des Chiennes de garde, semble pourtant parfois prendre pour cible les mauvais protagonistes, à l’image de ce rappeur dont les textes fictionnels sont clairement à mettre à distance (et c’est précisément ce que fait le public, pas si bête). La question des cibles semble primordiale dans la lutte féministe. On ne peut pas parler à tout bout de champ de sexisme lorsque le second degré ou la fiction est de mise. En revanche, le sexisme ordinaire, lui, perdure. Il continue presque paisiblement son bout de chemin. Sexisme ordinaire vs combat « moral », à l’image de l’expérience de Damien Saez : les affiches de l’album « J’accuse », en 2010, placardées dans les souterrains du métro parisien avaient été rapidement retirées (l’affiche, dite « sexiste », présentait une jeune femme nue, aux talons hauts, posant langoureusement dans un chariot de supermarché, voir photo ci-dessus). Il a une nouvelle fois été censuré par la RATP Medias Transports jugeant les derniers élans artistiques de la pochette de l’album Miami trop scandaleux (voir l’image ci-dessus).  Mais si les tentatives de prises de position de certains artistes restent incomprises, les véritables clichés sexistes, diffusés plus ou moins subtilement, s’inscrivent durablement dans le paysage médiatique.
Combien d’affiches présentes dans ces mêmes souterrains dévoilent sous notre nez les corps dénudés, des femmes aux postures « suggestives », des ménagères soumises ?
Question bête. On retrouve aujourd’hui une forme de sexisme faussement masqué partout, et sans complexe dans les jeux vidéos, voir l’article de Virginie Béjot à ce sujet.
Nos affiches, nos couloirs de  métro, nos publicités, nos jeux vidéos etc. C’est dans une sorte d’enlisement général dans un ensemble de clichés héréditaires que nous stagnons. À l’heure du mariage pour tous, il serait de bon ton de faire reculer quelque peu le sexisme invisible qui nous impose encore des plafonds de verre et autres comportements moyenâgeux. Mais si les français sont de plus en plus sensibilisés aux questions du sexisme, il s’avère que seulement 12% repèrent les stéréotypes sexistes dans une publicité, un sondage réalisé à l’occasion d’une étude menée par l’institut de sondage Mediaprism qui révèle clairement le problème des enjeux actuels de la lutte féministe. En ce qui concerne les campagnes de communication justement, on ne peut plus s’attaquer aux faux problèmes. Lorsqu’un artiste comme Damien Saez pointe clairement le problème avec un angle critique, on devrait se réjouir plutôt que de se désintéresser des réalités faussement masquées, qui continuent de propager un sexisme invisible.
Margot Franquet
Sources :
Capucine Cousin, « Le sexisme invisible », Stratégies n° 1714 7/03/2013
Clémentine Mazoyer, 14/03/2013, http://lci.tf1.fr/culture/musique/la-pochette-de-l-album-de-damien-saez-refusee-par-des-annonceurs-7880729.html
Alice Moreno, 21/03/2013, http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/la-justice-juge-le-sexiste-orelsan_1233740.html#article_comments

Société

Vous reprendrez bien un peu de Candy ?

 
La dernière production de Wes Anderson vient de sortir. Il ne s’agit pas d’un film racontant les aventures de deux jeunes adolescents ou d’une fratrie égarée mais d’un clip publicitaire pour le parfum Prada Candy L’Eau. Prada rentre ainsi dans le cercle très privilégié des marques qui peuvent se payer la contribution d’un réalisateur connu pour mettre en avant leur image/produit.
La marque italienne ne se contente pas de se payer un des réalisateurs indé/hollywoodiens les plus reconnus de sa génération mais, comme lors de son précédent clip, elle propose Léa Seydoux comme égérie de sa fragrance.
Julius et Gene
Le film publicitaire possède une forme hybride, à mi-chemin entre le clip promotionnel usuel et le court-métrage. Prada Candy ne déroge pas à la règle et le film dure 3mn 30.
Séparé en trois parties, il nous présente les pérégrinations amoureuses de Léa Seydoux alias Candy avec deux jeunes hommes prénommés Julius et Gene. Ces deux hommes sont amis et se déchirent pour conquérir le cœur de la belle avant d’accepter de faire ménage à trois.
Les prénoms des héros masculins ne sont bien sûr pas sans rappeler le titre d’un des films les plus emblématiques de la Nouvelle Vague Jules et Jim. Réalisé en 1962 par François Truffaut, le film raconte l’histoire d’un amour à trois entre Jules, Catherine (interprétée par Jeanne Moreau) et Jim. A propos de son film, Truffaut disait « Jules et Jim c’est l’histoire d’une femme qui aime deux hommes et qui en meurt ». Mais la marque italienne fait bien évidemment fi de cette fin tragique. A la fin du clip, Candy, en pleine séance de manucure pédicure chez sa coiffeuse, est prise d’une crise de doute et interroge ses deux partenaires sur l’avenir de leur relation : « Je me demande encore combien de temps on pourra être heureux tous ensemble » Cette question est aussitôt feintée par ses compagnons qui lui répondent philosophiquement « Qui sait ? » « Est-ce important ? »
Prada Candy n’a pas tant pour but de faire réfléchir les jeunes femmes sinon de les faire rêver grâce à l’univers rétro et décalé de Wes Anderson. Au contraire, il les incite à dévorer la vie (et les hommes) si l’on en croit l’appétit gargantuesque de Léa Seydoux à chacune de ses interventions.
Une initiative ratée
Si Prada souhaitait, grâce à l’intervention de Wes Anderson, faire de son film un objet cinématographique digne d’intérêt, c’est raté. Certes, les publicités de parfum nous présentent régulièrement des histoires édulcorées mais là, on atteint des sommets. Esthétiquement, il n’y a rien à reprocher à ce clip. Mais Wes Anderson n’utilise pas son talent pour tourner en dérision les lieux communs. Au contraire, le réalisateur de Moonrise Kingdom nous propose ici une vision plus que stéréotypée de la capitale. Et si le spectateur venait à oublier que l’histoire se déroule à Paris, la chanson Paris s’éveille de Jacques Dutronc retentit toutes les 30 secondes afin de le lui rappeler.
Quant à Léa Seydoux, fort heureusement, son talent d’actrice ne se résume pas à la prestation qu’elle donne dans ce film, car elle ne cesse de sur-jouer ses répliques. Cette manière d’être est probablement censée donner l’impression que la jeune femme profite de la vie. Au lieu de ça, le spectateur a l’impression d’avoir à faire à une douce hystérique.
Quel(s) bénéfice(s) pour les marques ?
Bien que les marques ne communiquent pas sur le prix auquel elles ont rémunéré les réalisateurs qui acceptent d’associer leur nom à un produit, on peut aisément imaginer que ce type de collaboration est particulièrement coûteux. Dans leur volonté d’être présentées comme des objets de luxe, les marques s’approprient les grands noms du cinéma afin de se distinguer des formats publicitaires classiques.
Refn pour Saint-Laurent, Coppola pour Dior ou Jeunet pour Chanel, le but est moins pour ces publicités d’être réussies (et bien souvent elles ne le sont pas) que de retenir l’attention du public. Au cœur d’un marché saturé par la publicité, ces objets prestigieux sont plébiscités par les médias. Le talent est moins important que la notoriété et l’essentiel est donc de créer l’évènement.
Si tel était le souhait de Prada alors leur pari est réussi.
 
Angélina Pineau
Vers les trois vidéos

Société

Ford en marche arrière

 
JWT, la filiale indienne du groupe de publicité WPP, vient de licencier plusieurs employés pour avoir publié sur Internet des projets de publicités pour la « Figo » de Ford. Publicités à l’état d’ébauche dont ni la direction de l’agence, ni Ford n’avaient connaissance.
Il s’est écoulé une longue semaine avant que les internautes ne comprennent que Ford ignorait la teneur des publicités dévoilées par l’agence. Visualisez tout d’abord l’ancien Président du Conseil italien Silvio Berlusconi tout sourire, au volant de la Figo, avec trois jeunes femmes très dénudées, ligotées et bâillonnées dans le coffre. Puis Paris Hilton avec – également dans le coffre de sa voiture et dans le même « état » – les trois sœurs Kardashian, connues pour leurs apparitions dans des émissions de télé-réalité. Enfin Michael Schumacher transportant en otages trois de ses concurrents que sont Lewis Hamilton, Sebastian Vettel et Fernando Alonso, et toujours dans le coffre…
« Laissez vos soucis derrière avec le coffre extra-large de la Figo », un slogan en parfaite adéquation avec les images !
Les réseaux sociaux pris d’assaut accusent Ford « dans le meilleur des cas » de comparer la femme à un « souci », de la réduire à un simple bagage, un objet que l’on veut cacher en la mettant dans le coffre. Au pire Ford s’engagerait dans la voie SM : attacher et donc maltraiter, bâillonner et ainsi faire taire. En un mot chez Ford, la femme est quantité négligeable, elle ne fait pas partie de sa cible. C’est le consommateur masculin qui est décisionnaire. Retour à la case départ des publicités sexistes des années 60.
Un consommateur masculin au style pour le moins douteux : celui de Silvio Berlusconi, l’homme des soirées « bunga bunga », celui des relations sexuelles tarifées avec des jeunes filles mineures : de la corruption et de l’argent facile à tous les étages. La publicité ne consiste-t-elle pas à « entrer par effraction dans l’esprit de quelqu’un pour y déposer une opinion sans que l’on sache qu’il y a eu effraction » comme l’explique Philippe Breton dans La Parole manipulée ? La publicité de Ford, même si elle n’a pas été voulue par l’entreprise elle-même, transforme l’imaginaire du client de telle manière que le facteur sympathie de celui-ci en est immédiatement entaché. « Si c’est ce que représente Ford, je n’achèterai plus jamais de Ford et je ferai le maximum pour ne pas m’asseoir dans une de leurs voitures », a ainsi écrit un utilisateur de Facebook.
Cette histoire pose la question du professionnalisme des publicitaires de JWT. Publier le projet avant d’avoir eu l’aval de la direction était une grave erreur à l’encontre des règles de déontologie et de respect à l’égard de Ford. De plus s’il y a dix ans de cela, cette histoire serait sans doute passée inaperçue ou restée au niveau local, aujourd’hui la vitesse de propagation des nouvelles sur les réseaux sociaux démultiplie les effets négatifs d’une histoire de ce genre.
Cependant quand bien même cette image serait restée en Inde, qu’est-ce qui a poussé les publicitaires indiens à utiliser Silvio Berlusconi pour promouvoir la « Figo » et véhiculer cette image de l’entreprise ? Est-ce le côté sulfureux du dessin ? Car pour concevoir une publicité et son message, il faut se mettre à la place du consommateur et se demander ce qu’il attend, ce dont il a envie. Alors à la suite d’incidents majeurs en Inde concernant les violences faites aux femmes, ne serait-ce pas l’expression d’un subconscient refoulé ?
Ce projet d’affiche faisait partie d’une série publiée quelques jours seulement après l’adoption d’une nouvelle loi réprimant les crimes sexuels, suscitée par le décès en décembre d’une jeune fille victime d’un viol collectif dans un bus. En mars, une touriste suisse a été violée par plusieurs hommes dans le pays. Ces événements graves ont donné lieu à des manifestations contre les violences faites aux femmes. Avec la publicité, ils soulèvent le problème de la société indienne très machiste, qui pense que seule la génitrice d’un garçon est considérée comme une vraie femme. La naissance d’une fille est condamnée alors que celle d’un garçon est célébrée. L’Inde manque de plus de 40 millions de femmes et le désir sexuel devient alors l’esclave de la misère.
Cela pose la question de la place de la femme dans la société orientale qui apparaît être en décalage avec la société occidentale. La publicité est révélatrice des mentalités de la société indienne. Ce qui paraissait normal à tous dans les publicités sexistes des années 60, semble désormais être la norme en Inde. La déontologie s’efface sous le poids des images qui laissent entrevoir les mentalités d’un pays…
 
Félicia de Petiville
Sources :
Reuters France
Huffington Post: « Ford s’excuse pour son affiche avec Berlusconi »
Libération : « Naître ou ne pas naître fille en Inde »

Politique

Jacques a dit : « le silence est d’or »

 
Combler le vide
Le 2 mai 2012, les quinze « moi président » prononcés en trois minutes et vingt-et-une secondes ont rendu célèbre son orateur. Le 28 mars 2013, le candidat, devenu président,  reprenant la même recette qui avait fait ses preuves, parsème son discours de dix « je suis le président. »
Jeudi dernier, en effet, François Hollande a décidé de faire une intervention télévisée afin de rassurer les Français… et se rassurer lui-même après la baisse inquiétante de sa cote de popularité. Il est venu chercher les Français afin leur expliquer son action et ainsi regagner leur confiance. Un beau projet de communication qui ne se résume pas à cette seule intervention sur France 2. En effet, il semblerait bien que le président de la République veuille occuper la scène médiatique pour quelques semaines encore. Selon son entourage, « le président sera amené à s’exprimer dans les prochaines semaines, avant sa conférence de presse du 15 mai. »
(Cette soudaine volonté d’occuper l’espace médiatique ne serait-elle pas, en outre, un moyen de centraliser les regards, les pensées des Français ? Les détourner d’autres luttes qui ébranlent la société ?)
Un dialogue inexistant
Toutefois, même si Monsieur Hollande souhaite parler jusqu’à être entendu, je doute que des paroles suffisent à regagner la confiance, l’estime du peuple qui l’a élu. Notons que, parce que David Pujadas interroge François Hollande, il y a, de prime abord, un dialogue. Mais il s’agit en réalité d’un dialogue mis en scène, factice donc. Hollande ne quitte guère Pujadas des yeux… lui qui est pourtant venu parler aux Français. Le visage de biais, jamais il ne se retrouve de face. Fuite ? À moins que David Pujadas ne soit censé incarner l’ensemble du peuple français, tout dans le dispositif médiatique indique comme un refus d’entrer en relation avec les téléspectateurs.
En outre, les « je suis le président » semblent montrer que François Hollande a conscience de la charge qui lui incombe. Pourtant, la prédominance des pronoms personnels de la première personne souligne aussi une focalisation du président sur lui-même. Rassurer les Français devient synonyme de défendre sa fonction.
L’invitation au dialogue devient monologue.
Un rendez-vous mondain
Le président avait pourtant choisi un beau créneau horaire : il est venu au journal télévisé de France 2 et a réussi à rassembler huit millions de téléspectateurs (moins nombreux qu’en septembre dernier tout de même). Une belle réussite semble-t-il. On peut d’ailleurs se demander s’ils sont tous restés jusqu’au bout : 1h15 d’intervention, c’est long, surtout pour un public habitué au zapping.
Au-delà de la quantité, intéressons-nous à la qualité de l’auditoire : selon un sondage BVA, 66% des téléspectateurs n’ont pas été convaincus. Chiffre à prendre avec distance bien sûr… surtout lorsque l’on sait que les Français sont râleurs ! L’auditoire, qui connaît désormais François Hollande depuis un an, était plus critique, plus méfiant. Il connait déjà les belles paroles, la mise en scène simple voulue par un président, qui se définit comme un « homme normal » avant tout. Il lui faut quelque chose de plus percutant… Hollande, à vous de jouer !
En France, cette intervention ne fut finalement positive qu’aux yeux des socialistes. Dans ce contexte difficile, rester solidaire est une nécessité. Que ce soit de la part de François Copé (UMP) ou de Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), les critiques sont nombreuses et se retrouvent même à l’étranger (notamment en Allemagne).
Clothilde Varenne
 
Source :

Société

Les jeux vidéo : un truc de filles

 
Il y a quelques semaines est sorti un article qui a secoué un peu la « geekosphère ». Plus qu’un article, c’était presque un mémoire : 65 pages word, près de 22 000 mots, et, selon son auteure @Mar_Lard, 6 mois de travail d’écriture. Publié sur un blog : cafaitgenre.org, il a généré 1 885 commentaires au moment où j’écris ; aussi peu tendres que courts. Quel était donc le sujet de cet article pour créer une polémique de cette envergure ? (Rappelons que les articles des grands médias : le Monde, le Figaro, ou même des plus provocateurs comme le Huffington Post ou Rue 89 récoltent rarement plus d’une trentaine de commentaires par papier, voire une centaine quand l’article est polémique.)
Il traitait simplement de ce problème : « Sexisme chez les geeks : pourquoi notre communauté est malade, et comment y remédier. »
Voilà la mission que s’était donné cet article : recenser tous les cas – et ils sont vastes et variés – de sexisme sur Internet et dans les jeux vidéos, les dénoncer et tenter d’y apporter des solutions. Bien sûr, je ne pourrai vous en faire le résumé ici, d’abord parce que cela a déjà été – mal – fait (il est en effet difficile de résumer un tel travail sans exagérer les positions, ce qu’ont fait les médias qui l’ont relayé, et je vous encourage, si vous voulez vraiment comprendre les enjeux, d’aller lire l’article à sa source plutôt que ces communiqués), mais en plus parce que cela ne me paraît pas très pertinent. Je vous propose alors de nous intéresser à un point particulier, et qui convient bien à notre ligne éditoriale : la communication autour des jeux vidéos.
Près de 50% des joueurs sont… des joueuses.[1] Cela vous étonne ? Moi oui. Car rien dans la publicité, dans la manière qu’ont les jeux vidéo de s’adresser au public, ne me laissait suspecter un si grand nombre. La réponse évidente et salvatrice serait de dire que les femmes ne jouent qu’aux Sims et autres jeux qui consistent à s’occuper d’une famille ou d’animaux de compagnie. Pourtant, il suffit de regarder les chiffres de vente de ces jeux, et le nombre de joueurs total, pour se rendre compte qu’ils sont loin de rassembler 50% de joueurs. Il faut donc en conclure que des jeux comme Call of Duty et Fifa (les deux jeux les plus vendus en France en 2011) ont un public plus varié qu’on serait tentés de croire.
Il y a quelques temps déjà, l’histoire du « girlfriend mode » avait fait scandale : c’était en effet ainsi que le lead designer de Borderlands 2 avait appelé leur mode de jeu le plus facile, suivi ensuite de « moyen », « avancé », etc.
Mais ce sont dans les publicités que cette manière de penser est la plus déplacée. Ainsi, Nintendo affichait, pour la sortie de Super Mario Bros 2, des slogans tels que « l’or : une affaire de femmes » ou « couvrez-la d’or pour gagner son cœur ! » afin de séduire un public féminin…

Quant à Sony, voilà la publicité que l’on pouvait trouver dans des magazines pour la Playstation Vita : une femme sans tête, mais avec deux paires de seins.

Et lorsque ces entreprises ont à essuyer des critiques virulentes – venant des femmes et des hommes, car loin de moi le désir d’assimiler l’homme « geek » à sexiste puisque la grande majorité est las de ces stéréotypes – leur défense, en plus d’être humiliante, est déplacée : « ces publicités s’adressent à un public masculin ».
Cet oubli des femmes se retrouve évidemment dans les jeux mêmes, où rares sont les personnages féminins, l’argument étant que cela déconcentrerait les hommes et qu’elles sont forcément moins acrobatiques. Quand ils sont présents, c’est sous forme très stéréotypée[2], malgré quelques efforts (cf. le « Top 5 : Les héroïnes féministes du jeu vidéo » sur Le Journal du Gamer), qui suscitent automatiquement des vagues de critiques assez peu élégantes ; ainsi cet article de Joystick s’offusque de la réduction de la taille de poitrine de Lara Croft, qualifiés de « pectoraux ». (Si si !)
L’industrie du jeu vidéo se trouve donc enlisée dans un ensemble de clichés qu’elle a du mal à secouer. Sa communication est au niveau de Bic qui sortait un « stylo pour femme » (sur ce sujet, voir l’article de Clémentine Malgras) ou de l’ePad, la tablette pour femme avec une coque rose et des applications pour faire du yoga, ses courses et la cuisine ![3] A l’heure où les jeux vidéos ne cessent de prendre de l’importance et son public de se diversifier (comme le disait déjà Clément Francfort au début de l’année sur notre blog), ce décalage communicationnel est donc surprenant, très questionnable, et aurait intérêt à être corrigé faute de perdre un public qui n’est plus minoritaire.
 

Virginie Béjot

[1] http://www.snjv.org/fr/industrie-francaise-jeu-video/sociologie-joueurs.html

[2] Regardez à ce propos la très intéressante vidéo d’Anita Sarkeesian et son projet qui a récolté bien plus d’argent que qui était demandé : http://www.kickstarter.com/projects/566429325/tropes-vs-women-in-video-games

[3] http://www.gizmodo.fr/2013/03/12/epad-femme.html

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Politique

Le Triduum pascal de Sarkozy

 
Sarkozy a-t-il envie de revenir ou le fera-t-il par devoir ? Sera-t-il le dernier recours pour redresser la France, ou finira-t-il de l’achever ? Les convictions de chacun répondront à ces questions et l’histoire jugera ces réponses. Mais quelque soit l’avenir ou le non-avenir politique de Nicolas Sarkozy, il est intéressant d’observer la manière dont le récit de son retour se met en place… Un récit quasi « christique » si on en croit la dernière Une de Charlie Hebdo. Une caricature qui fait écho à l’entrée des chrétiens dans le « Triduum pascal » dès ce jeudi. Risquons-nous à pousser l’analogie de Charlie Hebdo jusqu’au bout, et regardons d’un peu plus près le « Triduum » de Nicolas Sarkozy.
Jour 1 : le dernier repas ou le discours de la mutualité
Pour les chrétiens, le premier jour du Triduum pascal est la célébration de “l’ultime repas du Christ avec ses disciples, où il leur annonce le don qu’il va faire de sa vie, librement et par amour.”[1] Jésus, lors de son dernier repas, lave les pieds de ses disciples et nous montre par ce geste l’image d’un Dieu au service de son peuple [2]. Nous pouvons donc distinguer trois messages-clés de ce passage de la vie du Christ : le don de soi, le service des autres et l’amour.
Le discours de Nicolas Sarkozy le soir de sa défaite se construit lui aussi autour de ces trois axes majeurs. D’abord le don de soi :  « je me suis engagé totalement, pleinement. » [3] Ensuite le service : « cela fait dix ans que chaque seconde, je vis pour les responsabilités gouvernementales au plus haut niveau. » Et à ce moment, il redevient un « français parmi les français. » Enfin, l’amour. L’amour pour la France : « j’ai l’amour de notre pays inscrit au plus profond de mon cœur. » et l’amour pour les français : « vous êtes la France éternelle, je vous aime ! »
Concernant son avenir politique, il nous livre un mystérieux message : « Une autre époque s’ouvre. Dans cette nouvelle époque, je resterais l’un des votre. […] Mais ma place ne pourra plus être la même. » Alors que Jésus, en son temps, expliquait à son apôtre Pierre : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » (Jean, 13).
Ainsi, en 10 minutes de discours, Nicolas Sarkozy a posé les bases sur lesquelles pourront s’appuyer le récit de son retour…
Jour 2 : la passion du Christ ou l’acharnement politico-mediatico-judiciaire
Le deuxième jour est celui de la passion du Christ… L’humiliation publique et la souffrance physique de Dieu fait homme, jusqu’au sacrifice ultime : la crucifixion. « Dans ce geste radical d’humilité, qui renverse la vision païenne d’un dieu dominateur, les chrétiens reçoivent la révélation d’un Dieu qui n’est qu’amour. » [4]
Nicolas Sarkozy renverse aussi son image. Avant sa défaite, et de plus en plus aujourd’hui, il se présentait comme une « victime » : « Et puis, regardez comment j’ai été traité ! » [5] Victime de l’acharnement de ses adversaires politiques qui ont surfé sur la vague du « tout sauf Sarko ». Victime de l’acharnement médiatique « sans précédent » pour un président de la République. Victime aujourd’hui d’un acharnement judiciaire à travers sa mise en examen, une « accusation infamante, insultante » [6] selon Henri Guaino. Nicolas Sarkozy déclare lui-même qu’il fait  « face à l’épreuve d’une mise en examen injuste et infondée. » [7]
L’analogie entre le récit christique et le récit sarkozien se poursuit. Jésus a été crucifié alors que son juge Ponce Pilate ne voyait lui-même aucun élément justifiant une quelconque condamnation. Il n’y a alors qu’un pas à franchir pour expliquer que la seule motivation du peuple de France à choisir François Hollande était le rejet de Nicolas Sarkozy, de la même manière que la foule a préféré libérer Barabas à la place de Jésus. Non par sympathie pour ce criminel, mais par rejet de Jésus. Nombreux sont les supporters de Nicolas Sarkozy et les analystes politiques qui ont déjà franchi ce pas [8] et qui décrivent l’accession de François Hollande comme un « accident de l’histoire ».
Jour 3 : la résurrection d’entre les morts ou la reconquête
Le dernier jour du Triduum pascal « est un jour de silence et de recueillement, un jour d’attente », juste avant la célébration de Pâques : « la résurrection de Jésus, son « passage » de la mort à la vie. » [9]
Nicolas Sarkozy entretient méthodiquement la présence médiatique de son absence et s’attache à conforter le récit christique de sa reconquête : le nouveau président accueilli comme un Roi en 2007 (l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem) ; le rejet virulent d’un homme jusqu’à l’humiliation publique (la passion du Christ) ; ses amis qui, soit le renieront (plus de trois fois), soit témoigneront de ses bienfaits jusqu’au bout (les apôtres)…
La partie la plus importante de cette histoire reste à écrire : celle de la reconquête, celle de la victoire de la vie sur la mort, l’histoire de la résurrection, de l’homme descendu au plus bas pour remonter au plus haut et promettre la vie éternelle à chacun. Une histoire qui passionne déjà les journalistes qui sont impatients d’en écrire la fin. Mais l’élément le plus central de l’histoire du Christ est surement l’élément que Nicolas Sarkozy aura le plus de mal à obtenir : la Foi. Les français, au moment venu, auront-il encore foi en lui ?

Pierre-François Jan
[1] : http://www.croire.com/Definitions/Fetes-religieuses/Semaine-sainte/Qu-est-ce-que-le-Triduum-pascal
[2] : http://viechretienne.catholique.org/meditation/10077-le-lavement-des-pieds
[3] : Discours de Nicolas Sarkozy à la Mutualité – 6 mai 2012
[4] : http://www.croire.com/Definitions/Fetes-religieuses/Semaine-sainte/Qu-est-ce-que-le-Triduum-pascal
[5] : http://www.atlantico.fr/rdvpresse/sarkozy-dans-valeurs-actuelles-qu-dit-exactement-marcela-iacub-au-tribunal-nouvel-obs-accusee-levez-revelations-mag-liaison-avec-659669.html#hCKEG3pyZWvrk6pP.99
[6] : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/03/25/01016-20130325ARTFIG00460-henri-guaino-le-juge-gentil-salit-la-france.php
[7] : Communiqué de Nicolas Sarkozy sur sa page Facebook, le 25 mars 2013
[8] : “Cette dimension de vote de «rejet» est sensible, 55 % des électeurs de François Hollande disent qu’ils sont allés voter en sa faveur pour «barrer la route à Nicolas Sarkozy»”
[9] : http://www.croire.com/Definitions/Fetes-religieuses/Semaine-sainte/Qu-est-ce-que-le-Triduum-pascal

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