Taxis manifestation
Société

Taxis : dérapage incontrôlé ?

 
Retour sur les multiples raisons de la grogne des taxis et regard sur les conséquences des dérapages des manifestations de lundi.
Augmentation de la TVA, concurrents de plus en plus variés, les taxis ont la vie dure et subissent une crise technologique qui remet le pouvoir de décision entre les mains du client via son smartphone. Se retrouvant souvent en situation de précarité, les chauffeurs ont du mal à faire face à la souplesse et à l’innovation dont font preuve leurs concurrents. En tant que profession réglementée, ils sont contraints par de nombreuses normes, notamment de contrôle de qualité, auxquelles ne sont pas soumis les VTC.
Le mouvement a cependant pris des dimensions plus graves aux regards des dérapages lors des manifestations. Ainsi, on dénote deux types de violence :
1. Des taxis non-grévistes ont fait les frais des jets de pierres de certains de leurs confrères, érodant l’aspect collectif censé être porté par l’acte de manifestation.
2. L’attaque d’un VTC dans la matinée est venue compléter ce tableau de chasse. Véritable désastre communicationnel pour les taxis grévistes, elle a permis à leurs concurrents de récupérer la parole médiatique en étant naturellement positionnés comme victimes, et dans le cas du chauffeur du VTC en question, comme un héros puisqu’il a défendu ses clients et cherché à les éloigner du danger.
En plus de rendre compte du peu de cohésion de la profession dans ses revendications, ces deux aspects très négatifs sont venus ternir un peu plus encore l’image des chauffeurs de taxis. Image d’une profession qui aurait plutôt eu besoin d’une réhabilitation dans l’esprit de ses clients que de ce coup peu éclatant (si ce n’est en morceaux de verre).
 
Lorraine de Montenay
Sources :
LeMonde.fr (1)
LeMonde.fr (2)
Liberation.fr
LesEchos.fr

Société

CES 2014 : la communication Homme-Machine à l’honneur

 
Mardi 7 Janvier s’est ouvert à Las Vegas le Consumer Electronic Show (CES), le rendez-vous incontournable des marques et start-up high-tech. Magnétoscopes, caméscopes, CD, TV Plasma, Blu-Ray…tous ont été présentés pour la première fois dans ce salon qui a lieu tous les ans depuis 1967..
Cette année, malgré l’absence remarquée de quelques unes des grandes figures du secteur, Google, Apple, Amazon ou Microsoft qui préfèrent privilégier l’organisation d’événements individuels (Keynotes), il n’en reste pas moins une occasion pour certaines start-up de briller par leur créativité.
Pour cette édition, 40% des stands concernent les objets connectés. Ils sont au centre de toutes les attentions depuis quelque temps. En effet, L’Internet des choses (Internet of Things) est un secteur en pleine croissance, il représenterait plus de 5 Milliards de dollars à partir de 2015.
Vous aimeriez que votre plante vous dise qu’elle a soif, que votre fourchette vous signale que vous mangez trop vite ou même comment avoir un cycle de sommeil optimal ou de quelle manière vous brosser les dents plus efficacement ? Les objets intelligents sont là pour cela. Le principe est globalement le même pour tous : un objet ordinaire du quotidien est repensé de manière à être connecté à Internet pour pouvoir rassembler des données qu’il sera possible de consulter sur votre terminal afin de vous renseigner sur vos pratiques ou améliorer votre quotidien.

Les produits les plus en vogue pour l’instant restent ceux liés au bien-être et à la santé avec l’objectif à chaque fois d’améliorer l’usage de l’objet et de mieux l’adapter au mode de vie actuel.
Ce qui peut apparaître à première vue comme de simples gadgets représente pour beaucoup la technologie de demain, d’où la mobilisation de nombreuses entreprises européennes qui ne souhaitent surtout pas rater le tournant de l’Internet Of Things. Le nombre de ces objets aurait déjà atteint 15 Milliards d’unités et celui-ci devrait doubler d’ici 2020, de quoi garantir de belles perspectives pour le secteur.

Ces dispositifs sont rendus autonomes grâce aux données que nous leur confions volontairement. Celles-ci circulent dans le monde parallèle du Cloud, stockées dans des data centers un peu partout dans le monde. Et si la question de la protection des données personnelles commence à soulever des interrogations, les acteurs du secteur s’empressent déjà de rassurer en insistant sur la fiabilité de leurs procédures de sécurité et sur la possibilité « d’anonymiser » les informations s’ils venaient à les partager.
Ceci dit, cette tendance nous impose inévitablement de penser notre rapport à l’objet dans sa quotidienté vécue, encore plus avec l’objet connecté celui-ci étant décrit comme intelligent.
Si le gain en efficacité peut être appréciable, il pose néanmoins la question de savoir si l’objet devenait intelligent, est-ce l’homme dépendant de ce dernier qui le serait moins ? The Internet of things serait-il le début d’une sorte d’infantilisation au profit de la technologie ? Jean Baudrillard semblait le dire déjà dans Le Système Des Objets  en 1968 : « Le spectacle de la machine qui produit du sens, dispense l’homme de penser ». Par ailleurs, dans le cas d’une défaillance de la machine, l’homme devrait pouvoir reprendre la main, en sera t-il toujours capable ?
On peut dire que l’on assiste véritablement à une mutation qui viendra renégocier le statut de l’objet et l’importance ou la confiance qu’on lui accorde. Néanmoins, le sentiment partagé d’hyper-connectivité qui semble déjà susciter quelques réserves et les récents événements d’exploitation commerciale ou piratage des données personnelles sont autant de raisons qui peuvent  venir enrayer l’avènement de l’ère du « tout connecté ».
 
Salma Bouazza
Sources
Libération
LeMonde

Dieudonné faisant la quenelle
Société

Une quenelle indigeste ?

Cherchez dans le dictionnaire et vous verrez que la quenelle est « une boulette légèrement allongée. » Cherchez dans l’actualité et vous verrez que cette boulette est un dérapage à la mode qui ne cesse de grossir.
Un arrière-goût amer
La quenelle est le plat du moment, sans que l’on sache vraiment de quoi il s’agit.
Créée il y a une dizaine d’années par l’humoriste Dieudonné, elle serait une sorte de bras d’honneur contre les médias et les gens de pouvoir qui lui ont peu à peu tourné le dos. Plus largement, il s’agirait donc d’un signe de contestation antisystème très imagé, visant à dire : « Voyez ce qu’on vous met dans le c**. » Mais au-delà de cette simple marque de protestation, la paternité de ce geste nourrit beaucoup d’autres interprétations, certains y voyant un véritable salut hitlérien inversé. Car si l’humoriste se garde bien d’en donner le sens précis, on ne peut oublier que la critique du système qu’il développe dans ses spectacles se fonde essentiellement sur une dénonciation d’un prétendu lobby juif au pouvoir. Par ailleurs, la quenelle qu’il réalise lui-même en 2009 sur l’affiche du parti antisioniste pour les élections Européennes, comme celle faite par Bruno Gollnisch et Jean-Marie Le Pen en octobre dernier, sont autant d’éléments qui ajoutent à l’ambiguïté du geste.
Et c’est justement cette ambiguïté qui en fait l’inquiétant succès.
Les ingrédients du succès
Comme en témoigne tout dernièrement la quenelle faite par Nicolas Anelka lors de la célébration d’un but en Premier League anglaise, le succès médiatique de ce geste est en grande partie dû au fait que de nombreuses personnalités le réalisent.  Mais si certains, à l’image du footballeur, l’assument pleinement comme geste de soutien à Dieudonné et comme critique du système, beaucoup semblent bien être victimes d’une manipulation. C’est justement là que joue à plein le côté pernicieux de l’ambiguïté de ce geste. Difficile en effet de penser que des garçons comme Teddy Riner ou Tony Parker aient pu le réaliser en ayant à l’esprit ses relents antisémites. Pourtant, les exemples se multiplient et les photos réapparaissent en nombre sur la toile, touchant bien souvent, et de manière très habile, des personnalités très appréciées des Français, telles qu’Omar Sy ou Jean-Marie Bigard. Yann Barthès lui-même vient d’en être victime, et a dû s’empresser de stipuler qu’il avait réalisé ce geste en juillet 2012 à la demande d’un inconnu, sans en comprendre le sens.
Un plat populaire ou populiste ?
C’est justement le rôle de ces « inconnus », citoyens lambda, qui constitue la deuxième clé essentielle du succès de la quenelle. Peu à peu, et controverse faisant, le geste est en effet devenu un véritable effet de mode au sein d’une frange toujours plus élargie de la population. On a ainsi vu des quenelles faites par des employés du parc Astérix, des pompiers, des militaires, ou encore des étudiants, lors de nombreuses photos de classe. Ce dernier exemple est le plus inquiétant, puisqu’il semble que ce phénomène soit devenu une sorte de jeu, de défi à l’autorité, chez les populations les plus jeunes. La quenelle faite par des adolescents lors d’une photo avec Manuel Valls montre d’ailleurs que l’on assiste désormais à une sorte de concours, dont la mise en place des quenelles d’or par Dieudonné et les  félicitations sur sa page Facebook sont les récompenses.
Plus largement, cela n’est pas sans rappeler des gestes analogues, comme le W des rappeurs de la côte ouest américaine qui a souvent été repris comme effet de style, sans penser qu’il était en même temps le signe d’une vraie guerre de gangs. C’est donc bien la diffusion massive de la quenelle, souvent par simple mimétisme, qui est aujourd’hui problématique ; car là encore, il demeure très difficile de différencier ceux qui en font un signe de ralliement idéologique, de ceux qui la voient comme une provocation souvent potache. Cette tendance, et les amalgames qu’elle draine se nourrissent alors d’une contestation forte à l’égard du pouvoir, conjointement à la montée des partis extrémistes.
Une recette atypique
Ce qui est sûr c’est que cette histoire représente un phénomène communicationnel tout à fait atypique car en apparence totalement contradictoire. Celui-ci joue en effet à la fois sur une opacité quasi-totale quant à la signification du geste, et sur une diffusion parfaitement maîtrisée, grâce notamment à l’usage des réseaux sociaux et du très actif blog Dieudosphère. Le maître mot de cette communication est donc l’ambiguïté, sous-tendue par un fort imaginaire nourri de clichés divers et souvent flous. L’effet de mode et l’attrait pour un geste à la fois simple à effectuer et synonyme de provocation masquée viennent compléter la recette de ce succès.
C’est pourquoi, même si le Gouvernement tente d’interdire les spectacles de Dieudonné, le phénomène sera très dur à endiguer, car il se nourrit précisément du rejet des dirigeants, de leurs mesures, et d’un prétendu « système » en place.
Ce qui est sûr, c’est que d’une quenelle à l’autre, il s’agit toujours d’un plat dont on ne connaît pas vraiment la composition, mais dont les odeurs sont souvent dérangeantes.
 
Grégoire Larrieu
Sources
L’internaute
PagefacebookdeDieudonné

Société

Jacques a dit : digitalisons le e-commerce !

 
En juin 2011, l’assemblée générale de la FEVAD (Fédération  e-commerce et Vente à Distance) organise un débat de fond : quel avenir pour le e-commerce ? Les quelques 250 experts renommés et porte-paroles apportent des conclusions globales sur le devenir du commerce électronique et sur ses acteurs : les acteurs centraux du e-commerce (Google, Amazon, Apple) disposant de barrières solides à l’entrée sont, en principe, assurés de durer, lorsque l’apparition d’acteurs passagers (Groupon, Facebook, Twitter…) dans le domaine soulève plus de questions quant à leur durabilité. Au regard de ce débat lié à des plateformes digitales, la protection des données centralise aussi les interrogations : quel est le rôle de l’utilisateur ? Toutes les enquêtes le montrent, en 2011 les utilisateurs adoptent des comportements et des usages nouveaux, liés à la fois à l’évolution des sites et à l’adoption de nouvelles technologies, mais aux retombées encore floues.
 Et le commerce physique? Toujours selon cette assemblée, le commerce physique n’est pas voué à disparaitre, mais le e-commerce contribue d’une manière qui lui est propre à développer les marques et à renforcer les émotions liées à l’acte d’achat chez le consommateur, principes au cœur de sa réussite. Deux ans après, où se situe le commerce électronique ?
En 2013, les choses semblent s’être accélérées pour le e-commerce : frontières brouillées, et désintermédiation toujours plus poussée. Et les premières victimes sont les points de vente physiques : contraints de déposer le bilan, Virgin et Surcouf sont des exemples significatifs. Avec les comparateurs en ligne, les consommateurs sont par exemple dans la capacité de mettre en concurrence les enseignes. Thèse d’un consommateur tout-puissant ? C’est l’idée centrale du VRM (Vendor Relationship Management ), plateforme fournissant au consommateur des outils pour gérer ses relations avec les marques, une sorte d’outils CRM inversé qui lui permet de choisir les informations qu’il partage. Dans les faits, la réappropriation de ses données est plutôt compliquée. Mais les marques sont averties : pour contourner ces possibilités offertes au consommateur, elles redoublent d’imagination et multiplient les canaux. En 2013 donc, « personnalisation » et « émotion » ont ainsi été au centre des préoccupations des acteurs du commerce électronique et de façon surprenante : en investissant les espaces physiques !

Dans cette optique et avec le plébiscite des écrans tactiles par les consommateurs, les nouvelles plateformes et applications digitales se multiplient pour faire de la vente une expérience globale : l’application Bondsy, par exemple, ambitionne de devenir le « nouveau Ebay de l’ère « Instagram ». L’application entend repenser l’achat et la vente online en la réservant uniquement au réseau d’amis de ses utilisateurs, sous forme de troc. Toujours plus innovant, la start-up finlandaise Uniqul rend possible, via une tablette équipée de détecteurs biométriques, la synchronisation du visage du client en grande surface. Celui-ci, une fois identifié, appuie sur un bouton pour valider le paiement. Le principe de reconnaissance faciale a aussi été testée par Mondelez (biscuits Oreo) : des détecteurs, installés dans les rayons, identifient l’âge et le sexe du consommateur et la marque réceptionne les données pour réagir immédiatement avec un coupon de réduction ou une pub personnalisée. Dans la même lignée, la start-up russe Synqera permet, avec ses écrans tactiles installés aux caisses, une détection en temps réel des émotions faciales des clients une fois leurs courses terminées. Ensuite, la somme d’informations récupérées produit des publicités personnalisées et permet à fabricants et distributeurs de persuader les consommateurs qu’ils « ont besoin » de tel ou tel produit… Inquiétant ?

La Russie ne s’arrête pas là et propose un e-paiement par les réseaux sociaux, via l’application Instabank : chaque client reçoit une carte bancaire virtuelle et peut y créditer son argent réel pour simplifier ses paiements en ligne et envoyer de l’argent à ses « amis » Facebook s’il le souhaite. Ingénieux quand on sait qu’il y aura 10 milliards de téléphones connectés d’ici 2016… Plus récemment, la main et même le doigt ont été mis à l’honneur dans la simplification du processus d’achat : le « Secret HandShake », qui permet de payer ses achats avec de simples mouvements de main, ou encore le « Finger Scanner » qui se porte comme un dé à coudre, indique le prix de chaque produit et permet de réduire le temps de scannage de chaque achat.
Chacune de ces tentatives, souvent au stade expérimental, assure que les logiciels utilisés ne reconnaissent pas de données essentielles, tels que les visages ; et que les images des clients ne sont pas conservées. Alors que le Big Data fait beaucoup parler de lui, ces affirmations laissent un peu sceptique. Réinventer le processus d’achat oui, mais dans le respect de nos données ? Au commerce digital de jouer.
Céline Repoux
Sources :
FEVAD

L’Expansion
Les Echos Business

Journal du Net

Influencia
Crédits Photos:
Commerce Digital
Tesco

Société

Walt Disney retourné dans sa tombe

 
Si Walt Disney était encore en vie, il serait sans doute ravi de voir que la compagnie qu’il a fondée continue à produire des dessins animés à succès près de 50 ans après sa mort. Le dernier en date, La Princesse des Glaces, est encore un succès et trône sur le box-office américain en prenant la première place devant des concurrents tels que Le Hobbit : La désolation de Smaug et Hunger Games – L’Embrasement.
Peut-être aurait-il également aimé se voir en héros du biopic Saving Mr. Banks, qui lui est consacré car dans ce film sorti en 2013, le célèbre entrepreneur américain est incarné par Tom Hanks et montré sous un jour plutôt flatteur : on ne le montre jamais en train de fumer par exemple. De plus, le film a reçu une critique positive et Emma Thompson a même été récompensée pour son rôle d’un prix de la meilleur actrice décerné par la National Board of Review.
Néanmoins si Walt Disney était encore en vie, il est peu probable qu’il ait apprécié la mauvaise presse que lui a faite Meryl Streep lors de la cérémonie new yorkaise de remise des prix de la NBR. En effet, l’actrice ne s’est pas contentée d’une louange de sa collègue lors de son discours, elle a profité de ses 9 minutes de prise de parole pour qualifier Walt Disney de « sexiste sectaire », d’antisémite et dénoncer l’image flatteuse que le biopic donne de lui.
Geste déplacé ou engagé ? A vous de trancher. Cet audacieux discours se révèle en tout cas une opération de communication réussie car l’affaire n’a pas fini de faire parler d’elle.
Alexia Maynart
Sources :
Theguardian.com
Lemonde.fr
Image :
Gala.fr

Société

Nymphomaniac : Sexe, Mensonges et Vidéo(s)

 
Annoncé depuis 2011, le drame érotique Nymphomaniac est enfin sur nos écrans et, une fois de plus, la sortie d’un des films de Lars von Trier s’accompagne de son lot de polémiques.
 Un adepte de la controverse
On se rappelle du scandale qu’avait suscité son Antichrist au Festival de Cannes en 2009, où Charlotte Gainsbourg avait été insultée de « sale pute ! » pendant la projection d’une scène où elle se masturbait.
Rebelote lors de l’édition de 2011, qui avait choqué par les propos antisémites qu’avait tenus le réalisateur lors d’une conférence de presse pour Melancholia, où il avait affirmé sa sympathie envers Hitler.
Immédiatement déclaré persona non grata du Festival, où il avait pourtant présenté la majeure partie de ses œuvres depuis sa consécration avec Dancer in the Dark, on ne sait aujourd’hui toujours pas s’il pourra de nouveau présenter un de ses longs-métrages dans la sélection cannoise. Toujours est-il qu’après avoir été maintes fois repoussé, Nymphomaniac ne devrait logiquement pas figurer dans la compétition cette année, de quoi supposer que Thierry Frémaux, délégué général du Festival, n’est peut-être toujours pas décidé à le réintégrer parmi les habitués.
Pourtant encensé par la critique depuis ses débuts, le Danois aime toujours autant déranger, comme il le prouve avec son dernier film, où il repousse une fois de plus les limites. Ce faisant, il pose de nouveau cette interrogation cruciale : doit-on lire une œuvre artistique à travers le prisme de son créateur ?
On ne saurait que trop vous conseiller de vous faire votre propre avis sur ce réalisateur si singulier, dont l’œuvre ne peut laisser indifférent.

Une campagne promotionnelle résolument suggestive
Le buzz commence au mois de mai dernier, où la première affiche du film est dévoilée. Après un synopsis énigmatique, étayant que le film relate le parcours poétique et érotique d’une femme depuis sa naissance jusqu’à ses cinquante ans, le ton du film se précise grâce à ce qui deviendra l’emblème de la communication qui entoure le film : deux parenthèses formant manifestement l’appareil génital féminin. À noter que le titre du film change peu après pour s’approprier cette symbolique, en devenant Nymph()maniac. La mention qui l’accompagne, « Forget about love », se passe de commentaires…

S’ensuit une longue période de rumeurs, qui commence par l’évocation d’une série télévisée, pour prolonger le plaisir, avant que les acteurs ne s’y mettent. Shia LaBeouf n’hésite ainsi pas à affirmer ne pas avoir simulé les scènes de sexe et va même jusqu’à se vanter d’avoir décroché le rôle grâce à une sextape qu’il aurait confiée au réalisateur. Balivernes pour un buzz réussi, des doublures issues de l’industrie pornographique ayant été en charge des scènes en question.
Tous ces tapages permettent ainsi au film de faire parler de lui plus d’un an avant sa sortie en salles. Et comme le sexe fait vendre, il n’est pas question d’en rester là. À quelques semaines de la sortie en salles, la promotion s’intensifie via une série d’affiches et d’extraits tous plus allusifs les uns que les autres : l’ensemble de l’excellent casting est ainsi mis à contribution pour s’afficher en plein orgasme.

D’ailleurs, là où des campagnes promotionnelles du même acabit avaient été interdites sur la voie publique, à l’instar de celles d’artistes comme Saez, Étienne Daho, ou celles du film Les Infidèles, ces affiches-ci ne posent visiblement pas problème, étant donné qu’elles sont placardées dans chaque rue de la capitale.
Mais l’interdiction au moins de 12 ans est venue briser ces faux-semblants : Nymphomaniac n’est pas l’œuvre sulfureuse qui a été vendue depuis deux ans au public et à la presse, qui ne manquent d’ailleurs pas de se plaindre du mensonge qu’a constitué la campagne de promotion du film, ce qui ne l’a pas pour autant sauvé d’un échec. Mais n’est-il pas encore trop tôt pour parler d’arnaque ?
 Deux versions d’un même film
Si vous vous êtes rendus dans les salles obscures, vous n’avez pas pu passer à côté de cet avertissement, avec lequel s’ouvre le long-métrage : « Ce film est une version abrégée, et censurée, de la version originale de Nymph()maniac de Lars von Trier. Il a été réalisé avec sa permission, mais sans autre implication de sa part ».
Le film sorti en France est donc une version raccourcie, le director’s cut ayant une durée de 5h30 (4h00 chez nous, déclinées en deux volumes de 2h). La rumeur fait état d’un refus du metteur en scène de tailler dans son œuvre, dont le final cut aurait été confié aux producteurs du film. Dès lors, que penser du premier volume sorti en salles ? Difficile de répondre, précisément parce que le film projeté actuellement ne correspondrait pas à la vision qu’en a son créateur…Mais une nouvelle fois, cela semble faire partie des stratégies mises en place pour accroître le succès du film puisque, comme l’a récemment indiqué sa productrice, Lars von Trier a bien consenti aux deux versions de son œuvre : une hard et une soft, pour obtenir une meilleure visibilité internationale.
Personne n’a encore eu accès à la version intégrale, qui devrait être projetée en première exclusivité au prochain Festival international du film de Berlin, mais une chose est sûre, vous n’avez pas fini d’entendre parler de Nymphomaniac…
 
David Da Costa
Sources :
Nymphomaniacthemovie.com
Lemonde.fr
Lexpress.fr
Telerama.fr
Crédits photos :
Les films du losange
Zentropa

Dieudonné
Société

Circulez, Dieudonné

 
Manuel Valls s’en est mêlé : le 6 janvier, il envoyait une lettre aux préfets afin de leur rappeler les voies légales pour faire interdire les spectacles de Dieudonné, ce contre quoi l’humoriste a répondu qu’il contesterait en justice toute interdiction de son spectacle.
 Que contenait plus particulièrement cette circulaire ?
 Tout d’abord, plusieurs rappels concernant le trouble de l’ordre public. En témoigne un résumé du communiqué du ministère de l’intérieur, le trouble à l’ordre public peut se traduire par « des troubles matériels qu’un tel spectacle est susceptible d’induire » ou par le fait que « le spectacle constitue en lui-même un trouble à l’ordre public, dès lors qu’il porte atteinte par sa teneur à la dignité de la personne humaine. »
 Ensuite, la circulaire précisait les motifs de la « condamnation » de Dieudonné. Les spectacles de l’humoriste contiendraient « des propos antisémites et infamants à l’égard de plusieurs personnalités de confession juive (…) et des atteintes virulentes et choquantes à la mémoire des victimes de la Shoah. »
 La question qui se pose alors est celle de la liberté d’expression. Manuel Valls irait-il à l’encontre de l’un des grands principes de notre République ? Certes, le ministre nie cette idée-là. Néanmoins, si le juge administratif donne tort aux maires et aux préfets suite à la déposition par Dieudonné d’un référé au tribunal administratif pour contrer les interdictions, ce sera bien une atteinte à la liberté d’expression. Certes, « la liberté est la règle. » Néanmoins, « l’interdiction est l’exception » ainsi que l’affirme Emmanuel Daoud,  avocat au barreau de Paris et membre de la Fédération internationale des droits de l’Homme.
 
Juliette Courtillé
Sources :
Lexpress.fr
Crédit photo :
Huffingtonpost.fr
 

Twitter
Société

Twitter : 140 signes mais combien de maux ?

C’est par ces mots que François Hollande a fait son grand retour sur le réseau social Twitter. Muet depuis dix-huit mois, le compte personnel du Président de la République avait été laissé vacant pour préférer le compte Twitter officiel de l’Elysée,  plus institutionnel.
Si certains estiment qu’il s’agit d’une bonne résolution en terme de stratégie de communication, d’autres soulignent au contraire que cette manifestation de modernité n’est pas un moyen de communication qui améliore le niveau de crédibilité, et donc « l’image en berne de l’actuel locataire de l’Elysée ».
Autant adulé que décrié, Twitter ne laisse pas indifférent. Ce nouveau moyen de communication intrigue la plupart des sociologues et analystes politiques sur l’impact qu’il a  à travers la représentation du politique et de son imaginaire.
Entre deux étages, entre deux réunions, à l’assaut d’un nouveau monde virtuel, tous les sujets sont bons. Cependant l’usage de Twitter tend à se professionnaliser chez les responsables politiques. Pour le plus grand désespoir des  followers de Cécile Duflot qui ne pourront plus contempler avec gourmandise son chili con carne… L’époque des tweets uniquement basés sur la vie privée laisse place à une communication plus revalorisante avec des contenus informationnels.

Twitter ne va pas façonner l’image du responsable politique
« Si l’on n’est pas sur Internet on est invisible » – certes, mais beaucoup des victimes de la Twittosphère auraient parfois préféré le rester tant l’amplification d’un dérapage, d’une faute d’orthographe, peut engendrer des dégâts considérables pour l’image du responsable politique.
Ghyslaine Pierrat, Spin Doctor, Docteur en communication politique et économique, auteur du livre La Communication n’est pas un Jeu, est confrontée au quotidien aux problématiques de la communication et aux externalités positives ou négatives de l’utilisation de Twitter chez les responsables politiques.
Ghyslaine Pierrat : Je constate  un  engouement constant de la classe politique pour Twitter. Et aujourd’hui il y a même un engouement assez généralisé. Beaucoup de politiques annoncent ou commentent les faits politiques. C’est un canal de communication qui s’est ajouté aux canaux traditionnels de communication.
Quelle utilisation de Twitter conseillez-vous ? Est-elle obligatoire pour un responsable politique ? :
Ghyslaine Pierrat : C’est un outil que les Spin-Doctors et les responsables politiques utilisent désormais dans le cadre d’une stratégie. Plus personne ne s’aviserait de faire une campagne sans prendre en compte Twitter. Aujourd’hui, nous pouvons voir une véritable institutionnalisation de l’outil Twitter. Ce médium est considéré à part entière pour sa différence stratégique.
Peut-on réellement créer l’image d’un candidat avec Twitter ? Est-ce un outil qui peut faire évoluer sensiblement l’imaginaire du politique ?

Ghyslaine Pierrat : Aucunement, Twitter ne va pas façonner l’image du responsable politique, j’ai l’habitude de dire que l’image se forme lentement, en clin d’œil à Stendhal, j’aime employer ce vocabulaire de « cristallisation de l’image ». Twitter ne façonne pas l’image sauf bévues. On ne fabrique pas une image avec Twitter. Mais Twitter augmente juste la transparence de l’intelligence ou non des individus.
Pensez-vous que la nouvelle génération de responsables politiques va encore accentuer la proximité avec les citoyens, désacraliser encore plus une fonction en mal d’autorité ?

Ghyslaine Pierrat : J’aimerais que nous nous dirigions vers des représentations politiques beaucoup plus respectueuses, pleines d’exemplarité et de dignité. Le vocabulaire est quelque chose d’essentiel pour la représentation d’une fonction politique. Chacun épouse une fonction et doit l’honorer.
Twitter ou la négation de la politique ?
Stéphane Zumsteeg, directeur du département opinion chez Ipsos, estime que Twitter désacralise l’image des responsables politiques qui se doivent d’être dans la réflexion.
Avec Twitter, les responsables politiques deviennent des gens comme les autres et cèdent à la petite phrase. Cela a tendance à engendrer une véritable dévalorisation symbolique liée à l’imaginaire du politique. Là où ils sont attendus dans le futur, dans la proposition, sur le terrain des idées, ils restent une variable du présent. Cette perte de réflexion du point de vue de la stratégie politique a un impact substantiel sur le fonctionnement de notre démocratie.
Mark Blevis, chercheur en affaires publiques et communication, a réalisé une étude « House of Tweets » sur la popularité de Twitter chez les politiciens. Pour lui, la capacité de pouvoir s’adresser aux gens à toute heure et en tout lieu est une chance pour nos responsables politiques. Mais cette mobiquité est-elle assez convaincante pour prendre le risque de désacraliser une fonction et par extension une nation tout entière ?
Twitter doit, comme tous les autres outils communicationnels, s’astreindre à une règle stricte : celle de s’immiscer au sein d’une stratégie bien établie.
Nos responsables politiques doivent prendre le pari de la resacralisation du politique et pourquoi pas à travers des outils comme Twitter. L’exemple d’audace du Président Obama qui avait fait de sa campagne sur Internet un point tournant pour Twitter et les médias sociaux en politique, nous prouve qu’avec des contenus de qualité riches en informations cela fonctionne, et qu’ainsi par sa force d’audience dans le cadre d’une bonne communication, Twitter peut être un véritable « pharmakon » pour notre société politique contemporaine.
 
Romain Souchois
Sources :
La communication n’est pas un jeu, Ghyslaine Pierrat
House of Tweets, Mark Blevis
Le Figaro
Europe 1
Crédits photos :
The drum – Jennifer Faull

Communication humanitaire - médecin du monde
Société

Mea Culpa et course aux likes : les nouveaux ressorts de la communication humanitaire

 
Deux regards noirs, presque accusateurs. Voilà comment Médecins du monde s’associe à l’agence Meanings pour sa nouvelle campagne de communication lancée début décembre 2013. Des yeux qui nous fixent et un slogan évocateur – « Médecins du monde, médecins de tout le monde » – qui permettent d’interpeller le public, de l’inclure, de le faire se sentir concerné. Les ONG l’ont bien compris : la période des fêtes est un moment clé pour faire appel à la générosité des gens, en témoigne la présence massive des bénévoles les plus convaincants à la sortie des magasins dans lesquels on vient de se ruiner en cadeaux. Se servir de « la magie de Noël » pour stimuler les dons, une pratique certes efficace, mais aussi dérangeante.
A qui la faute ?
Dans le cas de la campagne de Médecins du Monde, il semble surtout que l’on cherche à nous rappeler à l’ordre, voire à nous faire culpabiliser. Or cette culpabilisation des publics paraît être un levier de mobilisation de plus en plus utilisé par les ONG, seul moyen d’escompter une réaction suffisante. Face à un public extrêmement sollicité, presque blasé, et pour répondre à des prérogatives financières de taille, on n’hésite plus à tomber dans le pathos quitte à perdre de vue l’objectif d’information sur l’action menée. De plus en plus minimaliste, cette partie purement indicative qui permet de comprendre le champ d’action d’une organisation est délaissée au profit de slogans laconiques sur fond d’images choc. C’est d’abord d’un point de vue éthique qu’il faut interroger ces méthodes de sensibilisation qui font d’un citoyen un acteur cynique transformé en « juge pénitent » à l’image de J.-B. Clamence (cf. La Chute, de Camus).
Cette question est d’autant plus délicate qu’elle amène à parler conjointement d’humanitaire et de « stratégie » marketing et communicationnelle, des termes qu’il semble malsain d’associer. Diabolisée et assimilée à de la manipulation pure, la communication est pourtant centrale pour les ONG qui existent grâce aux dons et qui sont donc tributaires de leur image. Nombreuses à intervenir dans l’urgence, elles sont obligées d’être réactives pour mobiliser rapidement (on pense à Haïti ou aux Philippines cette année).
L’humanitaire 2.0
Heureusement, les avancées technologiques font bien les choses, et les réseaux sociaux représentent aujourd’hui un terrain privilégié pour sensibiliser l’opinion publique. Ils permettent à la fois de donner une voix aux organisations dans l’instant, pour le cas des catastrophes naturelles par exemple, et de maintenir un lien permanent avec les utilisateurs qui « suivent » ou « aiment » leur page. Les ONG prouvent par là qu’elles sont dans l’air du temps et leur approche les rend plus susceptibles de capter un large panel de personnes, lesquelles sont par là très accessibles. En un simple « like », chacun peut affirmer son soutien, voire parfois même « donner » un euro à une cause. L’emploi des guillemets est bien de circonstance puisqu’on ne donne pas directement d’argent à titre individuel, comme on le voit pour le partenariat entre la Fondation de France et l’entreprise américaine de médicaments Vicks. Ici, à chaque « like », l’entreprise s’engage à verser un euro à la Fondation de France. On se doute que le geste du citoyen n’a pas de réelle incidence et que le partenariat financier est déjà scellé entre les deux protagonistes, qui se sont accordés sur la somme maximale de 30 000 euros (cf. en bas à droite de l’affiche). Cette campagne « participative » sert simplement de vitrine à ce mariage de courte durée (nous n’avons qu’un mois et demi pour cliquer !).

De l’activisme désengagé
Si elle permet de fédérer un plus grand nombre de personnes pour une cause, cette pratique achève aussi de dématérialiser l’action humanitaire. On en vient à réduire l’engagement à un simple « like », purement fictif donc quelque part futile. Ce militantisme exclusivement virtuel est désigné sous le nom de slacktivisme, contraction de « slacker » – comprenez « fainéant » en anglais – et d’activisme. Par le simple fait de publier une photo, de signer une pétition en ligne ou de re-tweeter, on peut se donner bonne conscience en se satisfaisant d’avoir fait un geste soi-disant solidaire. Déculpabilisé, l’internaute peut donc s’en retourner à sa vie réelle sans scrupules après avoir effectué sa BA du jour.
Le grand expert en la matière, c’est le site avaaz.org, ONG cybermilitantiste qui « permet aux citoyens de peser sur les décisions politiques » par le biais notamment de pétitions. Si la méthode peut effectivement se montrer efficace (Amnesty International l’a prouvé maintes fois), elle n’offre pas de réponse concrète aux populations en détresse, ce qui est peut-être la véritable priorité.
Cette course aux likes fait dévier les campagnes de sensibilisation vers une communication du vide, qui, passée l’émulation des débuts, pourrait finalement nuire aux ONG.
 
Elsa Becquart
Sources :
AVAAZ.org
Owni.fr – Gladwell, réseaux sociaux et slacktivisme
Cassandria.wordpress.com – Quand la com des ONG dessert les humanitaires
Meanings.fr
Crédits photos :
Campagne d’affichage Meanings (Nicolas Moulard)
Campagne Vicks « Soigner, soulager et accompagner les nouveau-nés, les enfants et les adolescents gravement malades ou en fin de vie »

Société

Communication de recrutement : à la recherche du candidat idéal

 

 
Nous le savons, poursuivre des études est moins un moyen de se réaliser qu’un enjeu stratégique : c’est un investissement sur l’avenir. Accumulation des stages, évitement de certains cursus qui n’auraient pas assez de débouchés professionnels, allongement des années d’études… Avant même d’y entrer, le marché de l’emploi semble être une jungle hostile où l’offre doit rivaliser d’ingéniosité pour avoir le Curriculum Vitae le plus original, le plus fourni, le plus international, afin de séduire une demande toujours plus exigeante.
Face à cette morosité ambiante, le nouveau bureau de FastNCurious a voulu analyser la question du recrutement sous un autre angle : les entreprises, elles aussi, adoptent de véritables stratégies de communication afin de recruter le candidat idéal. A l’occasion du 9ème Forum des Entreprises organisé par le CELSA le 3 décembre dernier, nous sommes allés à la rencontre des exposants professionnels afin de bénéficier de leur expertise dans le domaine des ressources humaines. 64 entreprises s’étaient spécialement déplacées pour rencontrer les étudiants du CELSA.
Rappelons que le recrutement est, pour l’entreprise, la base d’un fonctionnement interne optimal. Il est même essentiel en ce qu’il représente une perte d’argent et de temps considérable en cas d’incompatibilités entre la personne engagée et les objectifs de l’entreprise. La communication de recrutement sert donc à attirer les profils les plus adaptés à ses métiers et ses valeurs, mais aussi à valoriser et à positionner l’entreprise comme un futur employeur de choix auprès de sa cible : les étudiants et les jeunes diplômés.
On pourrait penser que la communication de recrutement se scinderait en deux types d’approches : l’une massive élaborée par les grandes entreprises et institutions déjà bien connues du grand public, et une autre négligée par les PME ayant peu de moyens à lui consacrer. Pourtant, les choses sont bien plus complexes.
Les vecteurs d’attractivité des entreprises
Créer un lien à la source
Dans certains cas, la communication de recrutement permet d’engager une relation « gagnant-gagnant » entre les employeurs et les futurs candidats. La plupart des entreprises sélectionnent des écoles cibles dont elles connaissent la qualité de l’enseignement et l’efficacité des étudiants. Puisque ces derniers sont très convoités au sortir de leur formation, il s’agit de communiquer et de créer du lien avec eux très rapidement, à la source si possible. Ainsi, les étudiants des écoles reconnues dans leur domaine peuvent être amenés à rencontrer tout au long de leur cursus des salariés, devenus ambassadeurs de leur entreprise. Ces rencontres peuvent être pédagogiques avec l’organisation de sessions de simulation d’entretiens ou encore la réalisation d’un plan de communication. Ceci permet aux étudiants d’appliquer leurs connaissances à des problématiques réelles et à l’entreprise de bénéficier d’un nouveau regard gratuitement.
Les Forums Entreprises : le choix d’un recrutement qualitatif
La solution la moins chronophage pour aller à la rencontre des étudiants et qui reste avantageuse pour les deux parties, c’est une présence sur un Forum Entreprises organisé par une école. Cet espace spécifiquement dédié au recrutement facilite la procédure de recrutement grâce à un contact direct avec l’étudiant-candidat et permet de cibler les profils spécifiques recherchés par l’entreprise. C’est le choix du qualitatif face au quantitatif. A l’image de TNS Sofres qui reçoit des centaines de candidatures sans grand renfort de campagnes de recrutement, il lui est cependant essentiel de participer aux Forums des grandes écoles pour dénicher les profils véritablement en adéquation avec les postes proposés.
De la même manière, l’agence de communication WordAppeal, a adopté une stratégie de recrutement ciblée sur ce qu’elle désigne comme étant les 5 grandes écoles françaises : HEC, l’ESCP, l’ESSEC, Sciences Po et le CELSA.
Chaque entreprise présente sur le Forum des entreprises du CELSA avait ses problématiques propres. Ainsi, la Banque Postale et la Société Générale voient dans la communication de recrutement un moyen de compenser la faible attractivité du secteur bancaire et financier auprès des étudiants des écoles de communication. Ces derniers ne pensent pas spontanément à effectuer leur stage dans une banque alors que de nombreuses offres existent. Plus qu’un objectif de visibilité, les banques ont la volonté de communiquer sur leurs métiers et les opportunités qu’elles peuvent offrir à ce public étudiant.
Pourtant, participer au Forum d’une grande école n’est pas la solution miracle à toutes les problématiques de recrutement. Cela reste un investissement qui ne s’avère rentable que si l’entreprise a un nombre suffisant d’offres à proposer.
 
Qu’en est-il du recrutement 2.0 ?
Pour l’ensemble des annonceurs et agences interrogés, investir dans des actions de communication de recrutement est une stratégie payante notamment en termes de gain de temps. Las de recevoir en entretien des candidats peu ou pas informés sur les spécificités de leurs métiers ou de leur cœur d’activité, beaucoup préfèrent opter pour une présence en ligne sur les « jobboards ». Ainsi, en plus de leur site institutionnel, il est devenu courant de retrouver des fiches métiers ou des témoignages d’employés sur des sites tels que Studyrama ou JobTeaser.
Il est intéressant de noter que, même pour les structures les plus importantes, le recrutement sur les réseaux sociaux n’en est qu’au stade du balbutiement. Interrogées à ce sujet, entreprises et agences avancent l’explication suivante : investir le Web demande beaucoup de temps et donc une personne qui maîtrise ces questions. De plus, utiliser Viadeo, LinkedIn ou les réseaux sociaux traditionnels pour valoriser sa marque-employeur nécessite d’être continuellement à jour, au risque d’être inefficace. Enfin, cette présence sur les réseaux sociaux professionnels doit répondre à une véritable stratégie, et toutes les structures n’ont pas vocation à les intégrer dans leur communication de recrutement.
 
Les nouveaux acteurs et enjeux de la communication de recrutement
Les jobboards
De nouveaux acteurs du marché de l’emploi comme Studyrama ou JobTeaser ont compris l’enjeu stratégique de la communication de recrutement et ont investi le secteur, proposant leurs services aux entreprises qui ont pris conscience de l’importance de leur communication de recrutement.
Le dynamisme de JobTeaser représente bien cette tendance, principalement en ligne. Depuis sa création en 2008, il ne cesse d’élargir son offre afin de répondre aux nouveaux enjeux dans le recrutement des étudiants. Là où il se distingue des autres jobboards, c’est par son implantation directe dans les grandes écoles, via l’intranet et la constitution d’ambassadeurs, afin de proposer aux entreprises d’être au plus près de leur public cible.
Les labels employeurs comme plus-value
La communication de recrutement s’adresse en priorité à de potentiels futurs collaborateurs mais aussi à ses actuels et anciens employés qui en sont les premiers représentants en dehors de l’entreprise. Alors, comment valoriser leur expérience ? Les classements et labels « meilleur employeur » se multiplient et constituent une véritable plus-value pour les entreprises qui y figurent. A titre d’exemple, Le « Label Stage Advisor » de JobTeaser plébiscite les employeurs les plus appréciés par les stagiaires tandis que le classement Universum désigne les entreprises qui font le plus rêver les étudiants. Ainsi, grâce à ces nombreux sondages, il devient possible d’évaluer l’efficacité d’une stratégie de communication de recrutement ainsi que son potentiel de marque-employeur.
Même si l’éventail des actions de communication de recrutement semble large, il faut noter que les politiques engagées par les grandes entreprises s’adressent à un public cible restreint et hautement qualifié. De nos multiples entretiens, il en ressort que CELSA reste une valeur sûre lorsqu’une entreprise recherche des profils d’étudiants en communication. Une conviction fondée sur les classements et la réputation historique de l’école, mais aussi et surtout sur un retour d’expérience des stages des Celsiens, qui « se passent en général très bien ».
Alexandra Ducrot et Camille Primard

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