Flora Coquerel miss france 2014
Société

La belle et les bêtes

 
Depuis le 7 décembre 2013, la France a sa nouvelle Miss : Flora Coquerel, jeune étudiante de 19 ans. Si la plupart des Français approuvent ce choix (ou s’en fichent), c’est plus la nationalité franco-béninoise de l’ancienne Miss Orléanaise qui intéresse l’opinion publique que sa beauté incontestée.

On s’y est habitué : A chaque concours Miss France son scandale. Rappelons-nous seulement du litige autour du concours de 2010 entre la société Miss France (appartenant à Endemol France) et l’emblématique Geneviève de Fontenay.
Or, cette fois-ci, « le scandale Miss France 2014 » prend une dimension politique. Dès son couronnement, Flora Coquerel a été la cible d’attaques racistes, surtout sur les réseaux sociaux (à retrouver sur Buzzfeed), espaces protégés par l’anonymat. « Elle n’est même pas blanche celle qui représente la France » compte hélas parmi les commentaires les plus cléments…
De plus, de soi-disant trucages du vote du public auraient fait gagner une fille métissée en guise de réponse du Comité Miss France à Alain Delon qui, suite à ses propos favorables au Front National, n’est plus le bienvenu au Comité dont il était pourtant le parrain « à vie. »
Pourquoi ce concours est-il toujours accompagné d’une polémique ? Serait-ce surtout pour faire parler à chaque fois d’un évènement dépassé qui perd de plus en plus l’attention de la population ?
Cependant, l’élection Miss France 2014 soulève une deuxième question : celle de la légitimité de la parole sur internet, une sphère encore peu contrôlée. Les auteurs de propos racistes publiés sur la toile ne devraient-ils pas être condamnés comme dans la vie réelle ?
 
Teresa Spurr
Sources :
Le Nouvel Observateur, Le plus
Lepoint.fr
Huffingtonpost.fr
Linternaute.com
Photos :
Une : TF1
Sacre Flora Coquerel : metronews.fr

Greenpeace
Société

Killstarter, ensemble pour détruire la planète

 
Greenpeace a encore frappé ! Pas d’escalade de grands édifices ou d’irruption dans une centrale nucléaire. A travers un site web dédié, c’est une action moins périlleuse mais tout aussi pertinente que l’organisation a entreprise.
Killstarter est le nom de la plate-forme. Certains d’entre vous reconnaitront une parodie du site américain Kickstarter, la célèbre plate-forme de crowdfunding (financement collaboratif), qui met en lien des porteurs de projets innovants avec une communauté d’internautes qui peut les soutenir financièrement.
Sur Killstarter.fr, on peut soutenir la création d’une centrale nucléaire en Namibie, installer un fondeur de banquise ou élaborer un poulet OGM hexapode. Ceci sous le slogan « Avant qu’elle ne meurt, épuisons la planète » ! Suivant la même logique qu’un site de crowdfunding, chaque projet est présenté de manière crédible, accompagné d’une vidéo explicative, de la somme nécessaire à sa réalisation incluant même le montant déjà récolté. Alors qu’on s’apprête à sortir le porte-monnaie, la page disparaît et laisse place à celle du site de Greenpeace qui présente ses vraies démarches ainsi que la possibilité de faire un don.
Greenpeace brille encore une fois par l’originalité de sa communication. L’organisation, dont la seule source de fonds provient de particuliers, essaie de réactiver l’envoi de dons en redirigeant l’opinion publique vers des projets d’envergure planétaire. Ce coup de com’ met en lumière les controverses que le crowdfunding peut parfois susciter en ce qui concerne le type de projets soutenus ou le réel emploi des sommes récoltées. Greenpeace met clairement en avant son éthique ainsi que son intégrité garantissant à chaque contributeur une participation responsable et effective face à des enjeux environnementaux de la plus haute importance.
 
Salma Bouazza
Sources :
Meltybuzz.fr
Rue89.com

protestation contre les tests sur les animaux
Société

Jacques a dit : vert-ueux ?

 
Le phénomène est loin d’être nouveau : depuis que certains consommateurs se sont rendus compte qu’ils n’avaient aucune idée de ce qui pouvait bien se cacher derrière la liste des composants inscrite sur le papier d’emballage, un besoin de transparence a vu le jour. Madame veut savoir ce qu’il y a dans son beurre pour le corps, Monsieur exige la traduction de mots obscurs comme « anthocyanes », « tartrazine » ou « sulfure de sélénium. »
Les différentes marques l’ont vite et bien compris. Loin de cantonner l’envie du bio à la population bobo parisienne, de nombreuses entreprises ont au contraire décidé d’alimenter la tendance et d’en profiter pour viser cette toute nouvelle population. Au point d’en faire un peu trop ?
Si la publicité éco-friendly a rapidement envahi les médias, il existe des marques qui, dès le début, ont choisi de jouer la carte de la transparence. Ainsi, Lush propose ses cosmétiques végétariens et « testés sur les Anglais » depuis 1994. Des noms d’ingrédients intelligibles pour tout être normalement constitué, une possibilité pour les clients de gagner un masque en ramenant cinq pots pour qu’ils soient recyclés, utilisation de la carte de l’humour so British jusque dans le nom des crèmes et des shampoings (Jasmine hair’oïne, Hot en couleur, Mieli mielo ou encore Les fleurs du mâle)… Tous les ingrédients sont réunis pour faire du bio hype et rigolo.
Cependant, Lush est aussi l’illustration d’une surenchère communicationnelle, ce qui lui vaut parfois un retour de bâton de la part des consommateurs, en témoigne la promotion de leur engagement pour la cause des animaux, qui donnerait presque à la marque l’image de filiale de la SPA. Par exemple, Lush s’oppose brutalement au gavage des oiseaux sur son site officiel ou lors de mises en scène dans certains magasins.

Il en va de même pour la dénonciation de la cruauté des tests sur les animaux, lorsqu’est exposée en vitrine une comédienne subissant les mêmes traitements. Autant de situations qui peuvent parfois choquer les clients et ne pas avoir les conséquences escomptées. Il en résulte une surenchère qui peut, à terme, lasser les clients vaguement adeptes du principe.

Le premier biais que rencontre l’éco-friendly dans la publicité actuelle découlerait alors de cette volonté des marques d’en faire toujours plus. Cela se vérifie d’autant mieux que la majorité des entreprises en question a décidé de surfer sur la vague de la com’ verte sans que leurs produits aient un quelconque rapport au bio.
Devant l’engouement pour les produits green, beaucoup d’annonceurs n’ont eu d’autre choix que de prendre ce tournant, ou du moins faire semblant. Est apparu alors un nouveau phénomène, celui de « greenwashing » (traduisez « écoblanchiment »). Le concept est assez basique : prenez un bien de consommation qui n’a pas la moindre qualité écologique apparente et faites en sorte qu’il apparaisse au contraire comme le dernier-né tout beau tout bio.
Si le consommateur est fatigué de voir du vert partout, c’est bien parce qu’il s’agit d’une véritable tendance actuelle : l’air du temps est au sauvetage des arbres et des bébés phoques. Les marques cherchent à verdir leur image.
L’OIP (l’Observatoire Indépendant de la Publicité) donne d’ailleurs un classement des pires campagnes en termes de greenwashing, aux rangs duquel figurent Le Chat, Mercedes, Audi ou encore Herta. L’OIP analyse les différents procédés auxquels a recours  la publicité : certains mots induisant le consommateur en erreur, la composition graphique, l’absence de preuves ou simplement l’exagération de la composante verte du produit.  La possibilité est également donnée aux internautes de voter ou bien même de créer leur propre publicité mensongère sur le site.
Entre une surabondance de bonne volonté – qui entraine parfois un ras-le-bol des consommateurs – et la mise en avant parfois illégitime de produits loin d’avoir l’étiquette bio, il semblerait possible que le verdure… pas tant que ça.
Annabelle Fain
Sources
Stratégies
MPJ2009
Observatoiredelapublicité
Dailymail
Lush
Crédits photos
Dailymail
Lush
Animaux

Foot
Société

Du sexe et du foot, que demande le peuple ?

 
  Le 19 novembre 2013, La France se qualifie pour la Coupe du Monde 2014, à l’issue d’un match contre l’Ukraine remporté à trois buts contre zéro. Un miracle pour les Français, qui bien loin de s’y attendre, avaient abandonné leurs rêves de conquêtes footballistiques depuis quelques années. Au fur et à mesure que le match se rapproche, différents people et entreprises s’amusent à jouer sur cette vague de défaitisme national, et y trouvent un terrain idéal pour un comique de répétition bon enfant, qui fait mouche. Ainsi, Carrefour s’engage à rembourser à 100% les téléviseurs achetés si les Bleus gagnent la finale, mais Doria Tillier, la miss météo du Grand Journal de Canal +, se montre encore plus audacieuse en annonçant la veille du match qu’elle présentera la météo du lendemain « à poil » si l’équipe de France sort victorieuse. Internet s’empare du phénomène, comme le prouve le Tumblr « Si les bleus gagnent », qui recense les promesses des peoples, tandis que de nombreux anonymes se lancent des défis personnels, comme aller acheter ses croissants en tenue de ski.
Une initiative mérite cependant d’être étudiée de plus près, au-delà de l’engouement potache d’un Cyril Hanouna teint en blond — il s’agit de celle de la société de production de films pornographiques Marc Dorcel. À 20h55, le compte de Dorcel tweete une annonce en forme de blague : si les Bleus l’emportent, leurs films seront disponibles en téléchargement gratuit toute la nuit. Le défi est pris au sérieux, retweeté plusieurs milliers de fois, et c’est sans surprise que le réseau du site se trouve saturé à 22h54, alors que la France exulte de sa victoire. Le site plante, certes, les responsables n’ayant pas eu le temps de préparer le terrain pour une telle affluence, mais ce n’est pas ce qui importe le plus dans cet immense coup de communication, au demeurant très réussi.

 Un tel phénomène interroge à nouveau les rapports qu’entretient un peuple avec l’équipe qui le représente, mais aussi la conception qu’il se fait de ce sport, dans son imaginaire collectif. À travers les hashtags #FRAUKR, #AllezLesBleus, #SiLesBleusGagnent, le match France-Ukraine a été un des évènements les plus commentés : à titre d’exemple, on dénombre plus de 1 244 161 tweets à son sujet, sans compter les milliers d’articles ou de statuts Facebook publiés. Nous assistons donc à une réelle ferveur, qu’il ne serait pas abusif de qualifier de patriotique, qui touche tout le monde, du supporter endurci au Français lambda qui ignore les règles les plus basiques du football. Dans un pays divisé comme la France, au cœur duquel les écarts sociaux ne cessent de s’accentuer, comment expliquer une telle cohésion, le temps d’un soir ? Le désir de prestige international gagné sur un terrain parvient-il à créer l’unité là où la politique échoue ? En serait-on donc toujours aux problématiques du pouvoir de l’empire, dont la portée s’étend au monde entier, à travers l’affrontement de l’autre ?
 D’autre part, le succès d’une plateforme pornographique à un tel moment réactive un stéréotype vieux comme le monde : celui de l’homme qui regarde la télé, les pieds posés sur la table, et sa femme… eh bien sa femme qui attend que ça passe. Il est tentant de voir dans la passion pour le football un épanchement de la virilité, une nouvelle façon de vivre en tant qu’Homme, celui qui porte un grand H, qui inspire le respect et marque son territoire à travers la guerre, la lutte pour son statut de mâle dominant. En 2013, à l’heure de stratégies communicationnelles toujours plus sexistes (que l’on songe en effet à la campagne de publicité de Darty au moins de novembre, qui faisait son miel d’une imagerie douteuse, mi-érotique mi-glauque), de tels clichés ont malheureusement la peau dure. La satisfaction sexuelle solitaire (c’est du moins l’acception que l’on se fait généralement du film porno) serait-elle le prolongement naturel d’un exploit sportif, un exploit permis justement par le corps ? Soutenir son équipe, une forme de sublimation comme une autre, si l’on s’en remet aux théories freudiennes ? Qu’en est-il alors de la femme ? Ceci expliquerait-il que le milieu du sport soit en général très majoritairement masculin, particulièrement en ce qui concerne le foot ?
 Marc Dorcel est bien le second vainqueur du match, en ce mardi de novembre. En proposant de faire durer le plaisir de la victoire de façon, disons, plus intimiste, il parvient à faire exploser son nombre de visites. N’oublions pas que Dorcel a toujours revendiqué une esthétique porno-chic, bien loin des films crus de seconde zone, assaisonnant ainsi des codes de publicité conventionnels à un imaginaire glamour et polie, mettant un scène des plastiques sans défauts rehaussées par des accessoires souvent luxueux. Alors, la recette d’un coup de communication réussi serait donc aussi simple qu’une déclinaison des aspects les plus valorisants du corps ? La victoire est un plat qui se mange chaud, très chaud.
 
Agnès Mascarou
Sources :
Libération
Le Figaro
Football.fr
Sexpress.fr

Stylist
Société

Portrait d’une femme Stylist ?

 
Lancé au printemps dernier, l’hebdomadaire gratuit Stylist a déjà dû tomber entre vos mains. J’ai exploré ce petit nouveau, et je n’ai pas été déçue.
Pas si nouveau
En effet Stylist vient d’Angleterre, et a été crée par le groupe Short List Media en 2009. Fort de son succès outre manche, le groupe britannique s’est associé au groupe Marie Claire français pour distribuer à travers l’hexagone ce premier magazine féminin gratuit à destination des femmes de 25 à 49 ans. Le magazine tiré à 400 000 exemplaires est distribué tous les jeudis dans dix villes françaises. Il ne risquait pas de passer inaperçu lors de son lancement !
Stylist est un « magazine intelligent destiné au femmes actives et CSP + » déclare Jean-Paul Lubot, directeur général délégué du Groupe Marie Claire. Souhaiteraient-ils donc grappiller le lectorat si fidèle des autres féminins ? Les vilains…
Le gratuit débarque sur un marché où la concurrence se fatigue : Envy c’est fini, BE est passé en mensuel, Grazia mène une bataille des prix qui a obligé le géant Lagardère à réduire le prix de ELLE à deux euros. Dans ces conditions, c’est quand même plus facile.
20 millions d’euros de budget, cela fait peur. Ils prennent de vrais risques et on ne va pas les pointer du doigt pour ça, bien au contraire. Pour ce qui est de leur définition de la femme active, c’est autre chose…
Une belle remise en forme
Quand j’ai ouvert le numéro 25 du 14 novembre 2013 en son milieu, je suis directement tombé sur les pages Mode :

Ma première réaction a été de penser que c’était une campagne pour dénoncer les retouches photos excessives qui tombent presque dans le caricatural et dont on parle si souvent. Je tourne donc les pages pour savoir de quoi il s’agit, et là, à ma grande surprise :
« REMISE EN FORME, la femme active court partout, et c’est en alliant pragmatisme et élégance qu’elle met le monde à ses pieds »
 Je me suis donc bien plantée. Je ne sais pas si elle peut encore courir avec des jambes pareilles ! Pour ce qui est de l’élégance je ne savais pas que l’aspect malingre, presque malade, était chic. On a tous bien compris le jeu de mots et la réalisation originale qui va de pair, mais pourquoi la rendre si mince ? Sa poitrine s’est faite la malle, toute sa chair aussi apparemment et on nous l’expose comme un modèle à suivre, le modèle de la femme « active » qui fait du sport, qui « met le monde à ses pieds » – mais qui manifestement ne mange pas.
Un peu de rêve n’a jamais tué personne
Les magazines féminins ont toujours été là pour nous faire rêver, nous montrer la femme que l’on a envie d’être, celle à qui on a envie de ressembler. Qui a envie de voir dans les magazines féminins Madame tout le monde en maillot de bain ? Pas moi en tout cas.
Ces magazines ont toujours véhiculé une certaine image de la femme moderne. Une image qui s’est transformée à travers le temps, en allant de la femme au foyer à l’entrepreneuse, et en passant par la militante. La femme active moderne est donc, selon le magazine gratuit, avachie sur un tabouret, le squelette apparent ou assise sur un gros ballon. Et elle attend. Cette femme là ne nous fait pas rêver. Le magazine Stylist nous livre ici une banalisation de la minceur plus que choquante et l’expose comme norme de beauté unique. Le NO ANOREXIA choc d’Oliveiro Toscani est bien loin derrière lui.
Stylist nous propose une alternative au modèle de la femme forte selon ELLE, qui peut être un tantinet agaçant – parce que trop forte. Ce nouveau magazine féminin a au moins le mérite d’innover, de nous montrer autre chose. Cependant Stylist présente un modèle à l’autre extrême de celui proposé par ELLE, peut-être serait-il bon de trouver un juste milieu !
 
Sibylle Pichot de la Marandais
Sources :
Stylist.co.uk
« Stylist, le pari féminin gratuit » : Le Monde – 17/04/2013
« Stylist, le féminin qui descend dans la rue » : L’express Styles – 19/04/2013
Crédits photos :
Image de Une : Stylist N°10 du 23 Juin 2013
Tumblr du photographe Jean Pacôme Dedieu

Selfie
Société

Me, my selfie and I

 
Le selfie, vous en avez sûrement entendu parler, ou pu lire, circonspect, les 15 conseils pour réussir le vôtre. Pourtant, il est temps de s’attarder sur ce phénomène devenu planétaire. Le selfie consiste comme son nom l’indique à se prendre en photo ou en vidéo soi-même. Bras tendu, sourire plus ou moins crispé, voici la façon 2.0 de se montrer. Le selfie n’est pas si récent : on en trouve déjà en 2004 sur des sites comme Flick’r ou MySpace. Mais l’engouement autour de ce mode de communication se concrétise en 2010 avec la sortie de l’iPhone 4, qui intègre une caméra frontale. Les usages sont nombreux, mais pour la plupart il s’agit d’une simple volonté de se montrer sur des réseaux sociaux comme Vine, Snapchat ou encore Instagram. Le succès de ces plateformes est aujourd’hui incontestable. Instagram recense 25 millions de photos « #selfie », et pas moins de 70 millions de de « #me » *1.
Le selfie entre déjà dans le milieu professionnel
D’autres en font un usage différent : pour les mannequins il s’agit de leur CV numérique, pour des artistes comme Kennard Phillips d’une manière d’être créatif *2. Le selfie apparaît avant tout comme une manière de faire la promotion de soi. Il n’est pas rare ainsi que les meilleurs utilisateurs de Vine soient sollicités ensuite par des marques pour faire des selfies publicitaires. Les stars, égéries de la mode ont senti la possibilité de communiquer sur leur vie quotidienne tout en maîtrisant leur image. Le selfie est devenu le lien entre la vie privée des stars et leurs fans. Ce type de promotion a l’avantage de se faire spontanément par la célébrité, qui y trouve du plaisir, et considère cette activité comme un divertissement plus que comme un travail de promotion.
Le selfie est progressivement entré dans le domaine de la communication professionnelle, et dans les domaines de la mode, nous l’avons dit. Mais récemment c’est dans le jeu vidéo que le selfie a marqué un grand coup. Le jeu GTA V, produit par Rockstar, intègre la possibilité de faire un selfie de son avatar. Les joueurs rivalisent d’originalité et les clichés deviennent viraux sur internet. C’est un grand coup de communication pour le jeu, mais là encore, l’ironie est de mise. Pour que le selfie soit réussi, on pose devant des accidents de voiture, des scènes de meurtres, des situations incongrues.

Le selfie, médiatisation du mauvais goût ?
La photo prise par un tiers surprend, et impose souvent en soirée un flash peu flatteur sur votre peau blanche de novembre. Avec le selfie il n’en est rien. Libre à vous de vous abriter à une table avec vos ami(e)s, de remettre vos cheveux en place, ou de vérifier si votre eyeliner ne se fait pas la malle avant de prendre la photo. Le selfie c’est le contrôle de A à Z de l’individu sur sa photo.
Le selfie vient combler un besoin moderne, celui de la médiatisation de la vie privée. Plus de surprise, l’image de soi est maîtrisée de manière professionnelle. Enfin, le selfie vient rendre médiatique un moment jadis tabou. Se regarder dans le miroir, moment de narcissisme littéral, devient une activité de groupe tendance.
Faire brûler les selfies-addict sur le bûcher du bon goût serait une erreur. Ces personnes sont, pour beaucoup, pleinement conscientes du caractère profondément ironique de ce mode de communication. Il n’est pas rare de les voir se caricaturer en tant que personnes narcissiques. La feinte est double ici : le selfie rend le naturel artificiel, mais le selfie est détourné lui-même par les utilisateurs. Il faut avoir conscience de cette artificialité. Les utilisateurs se moquent souvent de ces « noobs » du selfie qui l’utilisent au premier degré.
Mais jusqu’où cette ironie peut-elle être tenable ? L’ironie peut-elle justifier le mauvais goût ? Car cela ne concerne plus uniquement Booba ou Jay-Z, l’ego trip du selfie est devenu planétaire. La génération Y ne serait-elle pas simplement devenue la génération « et moi, et moi ! » ? Le selfie dans sa salle de bain ne devrait (vraiment) pas côtoyer sur Vine celui de Kanye West en concert.
Car il ne s’agit plus seulement ici d’obscénité mais bien d’une image de soi qui va se retourner contre l’utilisateur. Le selfie, roman de soi, deviendrait alors petite encyclopédie de nos vanités. Enfin, quel avenir pour les marques qui utilisent un moyen de communication dont il faut comprendre le cercle infini de private jokes ? La tendance se payant au prix de l’intelligibilité, la visibilité au prix du bon goût.
 
Arnaud Faure
Sources :
*1 L’express Le selfie ou le « moi jeu » Géraldine Catalano
*2 The Guardian
Crédits photos :
Image de Une : Kennard Phillips – Catalyst Contemporary Art and War Imperial War Museum, Manchester, UK
Image 2 : un joueur anonyme

Scroogled
Société

KEEP CALM WHILE WE STEAL YOUR DATA

 
« Don’t get Scroogled » (comprenez: ne vous faites pas arnaquer par Google): voici ce que les chargés de communication de Microsoft ont décidé d’écrire sur de nombreux produits dérivés en vente sur l’e-shop de la marque depuis mercredi 21 novembre. En effet, le géant américain de l’informatique a décidé de ne pas y aller de main morte dans sa campagne anti-Google, qu’il avait déjà amorcée cet été.
C’est donc à grands renforts de mugs, de T-shirts ou encore de casquettes où l’on peut lire des catch phrases plutôt savoureuses – du type « Google is watching you » ou encore « Step into our web » – que la firme s’inscrit dans une opération de communication plutôt risquée, entre humour et agressivité. Ce qui tend à nous laisser plus que perplexes… Alors, pari communicationnel plutôt gagné ou perdu pour Microsoft?
Reprenons depuis le début. L’origine de la controverse est connue de tout le monde: en juillet dernier, le scandale qui avait eu lieu après la révélation par Edward Snowden du programme nord-américain PRISM, dont le rôle est d’espionner le Web (y compris en Europe), avait déclenché une vague d’inquiétudes et de protestations de la part des gouvernements comme des particuliers, hostiles à l’idée de voir leurs données récoltées sans leur consentement. Sur le papier, rien de bien méchant pour le célèbre moteur de recherche. Mais en réalité, cela avait permis à Microsoft de saisir une opportunité plutôt intéressante et de surfer sur la vague de l’espionnage informatique pour accuser son grand concurrent de se servir des données personnelles des utilisateurs pour gagner de l’argent, notamment en cernant les mots-clés récurrents employés sur Gmail par les particuliers pour mieux cibler les publicités leur étant destinées.
Au mois de mai, c’est donc plutôt gentiment que Microsoft avait entamé sa critique vivace de Google et de son moteur de recherche Google Chrome, qui n’en finit plus de séduire les internautes, largement préféré à Internet Explorer, en publiant des parodies des publicités faites par Google. Mais depuis quelques semaines, la firme a décidé de reprendre l’offensive. Après avoir lancé au début du mois de novembre une pétition priant Google d’arrêter de tirer profit de ses utilisateurs, Microsoft reprend donc de plus belle avec le lancement de ces nombreux goodies.

Cependant, cette campagne de dénonciation n’est-elle pas un peu osée? Il faut dire que tant d’acharnement de la part d’un géant de l’informatique censé être infaillible suscite de nombreuses réactions de la part des internautes. Si certains sont enthousiasmés par cette opération marketing à l’humour noir, il se trouve que beaucoup demeurent indécis, et n’hésitent pas à y voir un geste désespéré de la part de Microsoft, qui s’acharnerait à descendre son concurrent principal pour mieux se valoriser. Ce qui n’est pas toujours du goût de tous…
Cela se voit encore plus lorsqu’il s’agit de s’intéresser à ce que pourrait cacher ce marketing « humoristique ».
Ainsi, beaucoup ne voient en cette campagne qu’un ultime moyen de diversion de la part de Microsoft, qui, par ces produits dérivés et par la campagne « Scroogled » en général, tenterait simplement de faire oublier le fait que Google le devance très largement au niveau du capital sympathie généré chez les internautes, mais également sur le plan des avancées techniques. N’oublions pas qu’un événement technologique de taille à venir dans les prochains temps est la sortie des Google Glasses, qui constitueront à elles seules un élément capable de nous faire faire un bond en avant dans l’univers du high-tech.
Du coup, forcément, les tasses à café de Microsoft font difficilement mouche… Pire encore, elles fournissent de l’eau au moulin des détracteurs de la firme, qui s’amusent beaucoup de cette situation. On pourrait même se demander si ce merchandising anti-Google acharné ne rendrait pas l’image de ce dernier plus sympathique. D’autant plus que Microsoft, qui se veut grand dénonciateur des pratiques douteuses de son concurrent, n’est pas non plus tout blanc dans le scandale d’utilisation des données personnelles d’utilisateurs, et est lui aussi soupçonné d’avoir recours à de telles pratiques, même si cela reste à vérifier.
Ironie de l’histoire: il paraît chez les mugs « Keep calm while we steal your data » remportent un franc succès… Auprès des employés de Google.
 
Camille Gross
Sources
L’express
01net
Scroogled

Le père Fouettard - Saint Nicolas
Société

Le père Fouettard en sursis

 
Le père Fouettard, stéréotype raciste ? C’est le débat dont s’est emparé récemment le comité des droits de l’homme de l’ONU, après que de nombreuses plaintes – aux Pays Bas notamment – ont été déposées à l’encontre du personnage folklorique.
Mais revenons un peu en arrière. Pour nombre d’habitants du nord de la France, belges, hollandais, et luxembourgeois, le 6 décembre célèbre l’arrivée de Saint Nicolas, le patron des écoliers, accompagné son fidèle acolyte, le père Fouettard, ou Zwarte Piet (Pierre le Noir).
Seulement voilà, tandis que Saint Nicolas, évêque à la peau blanche, s’occupe de récompenser les enfants obéissants, Zwarte Piet, noir de peau et à la coupe afro, punit les moins dociles. Aussi depuis quelques années, mais cette saison en particulier, les voix s’élèvent contre ce personnage, qui allierait à ses prétendues origines africaines un côté répressif (débat complexe car il existe une confusion sur l’origine du personnage).
Et ce n’est pas la première fois qu’une institution se fait taper sur les doigts : en 2012, c’est la bande dessinée d’Hergé Tintin au Congo qui avait fait l’actualité ; au tribunal cependant, les juges avaient estimé qu’il n’y figurait « aucune volonté de véhiculer des idées à caractère raciste, vexantes, humiliantes ou dégradantes à l’égard des Congolais ni d’inciter les lecteurs à la discrimination et à la haine ».
A l’instar de la disparition du tirailleur sénégalais des boîtes de Banania, le père Fouettard, tradition occidentale datant du XIXe siècle, serait-il, lui aussi, menacé d’extinction ?
Une question pourtant reste entière : que fait l’ONU dans cette galère ?
Eléonore Péan
Sources :
L’avenir.net – Qui est vraiment le père Fouettard ?
France24 – Pas de racisme dans Tintin au Congo
Crédits photo :
Le Point.fr
 

Invisible girlfriend
Société

« Invisible Girlfriend » : Love Story Sur Mesure

 
On a Meetic, pour une relation stable entre gens bien pensants, on a Gleeden pour une relation extra conjugale torride, on a Tinder pour des rencontres 100% sans râteaux, on a tout ça et bien d’autres. Les réseaux sociaux ne cessent de se réclamer de l’amour, avec la volonté de s’amuser et d’éradiquer la solitude sexuelle ou sentimentale. Et si  on était bien, simplement célibataire célibataire ? D’ici fin décembre, la nouvelle application « Invisible Girlfriend » vous proposera une relation virtuelle qui fera enfin taire les mauvaises langues de votre entourage.
« Invisible Girlfriend » est la nouvelle application dévoilée il y a quelques jours lors du Startup Weekend St.Louis, aux Etats-Unis. Après avoir remporté le concours, l’application a été développée en seulement 54 heures par une équipe de 10 professionnels. Le concept ? Donner l’illusion à votre entourage d’être en couple en simulant une relation auprès de vos proches. Son créateur Matt Homann explique « Notre audience peut être très diverse, que ce soit un homosexuel obligé de contenter sa famille avec une fausse relation hétérosexuelle, un salarié qui ne veut plus des avances de ses collègues au bureau, ou alors un employé qui entend se consacrer entièrement à sa carrière sans devoir justifier son célibat ».

Evidemment, le service est payant (entre 9,99$ et 49$99) et en fonction de la formule à laquelle vous souscrirez, on vous accordera SMS, appel automatique, poste Facebook, message vocaux et autres douceurs de la part de votre chère et invisible dulcinée. Plus vous payez, plus votre « Invisible Girlfriend » semble réelle. En effet, pour le pack « presque fiancé » à 49,99 dollars américains, vous pourrez customiser votre « Grilfriend », et scénariser de toute pièce la relation.

Affronter la pression sociale
En prévision de la saint Valentin, le CNRS titrait en 2013 « L’amour est un lien social incontournable. Il s’étale à la une de nos médias, il accapare nos conversations, il transporte ou accable les corps et les esprits ». Aux yeux de la société, l’absence d’amour est synonyme de solitude, d’isolement, de tristesse, mais aussi d’égoïsme et d’individualisme. Il est vrai que l’amour, considéré comme une victoire de la communication, est une construction sociale difficilement évitable. Selon « Invisible Girlfriend », il devient donc préférable de mentir pour se débarrasser de cette pression sociale plutôt que de risquer de faire mauvaise figure. Et pour ça, l’application se présente comme l’élément parfait pour donner de la consistance à vos mensonges et les rendre infaillibles.

Bien entendu, l’application se passe d’évoquer les conséquences que pourraient avoir un tel mensonge sur la vie de ces esseulés. D’accord, vos proches ne vous tapent plus sur les nerfs mais n’est-il pas plus lourd de porter un mensonge de cette ampleur que de seulement assumer sa solitude ou sa différence. D’autant plus que cet « Invisible Girlfirend » ne permettra au final qu’à se conforter dans un malaise, se réfugier dans des mensonges pour peu à peu se renfermer sur soi même.

Toujours Plus De Solitude ?
Cette application serait-elle révélatrice d’une solitude de plus en plus prononcée au sein de la société moderne ? On ne peut pas vraiment dire ça. Moyennant un abonnement de 19 euros par mois environ, l’application « Rentafriend » lancée en juillet  2010 permet de louer des amis et met à disposition un fichier de plus de 250 000 personnes dites « Amis » à l’intention de « Sans Amis ». Quelques temps après le lancement de l’application, une journaliste du LA Times s’est rendu compte que peu de personnes avaient eu recours à cette application proportionnellement aux « Ami » rémunérés par le site qui proposaient leurs services. Ainsi, « RentaFriend » révèle moins un manque d’amitié qu’un besoin d’argent avec un surplus de volontaire prêts à tout pour gagner quelques sous et que très peu de « Sans amis » en Europe. En espérant que « Invisible Girlfriend » ne prenne pas la même tournure.

Ainsi, on attend avec impatience Noel où certains pourront enfin s’offrir des « Invisible Girlfriend ».

Et surtout ne soyez pas jalouses mesdames, « Invisible Boyfriend » ne devrait  pas tarder.

 
Filipine Guyonnaud
Sources
Huffingtonpost
Time

Bitstrips par Clémence
Société

Bitstrips, une nouvelle manie(re) de raconter sa vie ?

 
Si vous l’ignoriez encore, Bitstrips n’est ni une plateforme frauduleuse de téléchargement, ni un mauvais porno.
Bitstrips, ce sont ces jolies tranches de vie sous forme de bandes dessinées que nos amis partagent allègrement et massivement sur les réseaux sociaux depuis bientôt un mois. Vous avez passé novembre dans une grotte sans connexion WiFi et voulez à tout prix rattraper votre retard ? Rien de plus simple.
1- Téléchargez l’application.
2- Créez votre avatar (vous avez tout intérêt à le faire plus grand, plus mince et plus musclé. Au mieux personne ne remarquera rien, au pire tout le monde pensera que vous êtes myope).
3- Choisissez une mise en situation, remplissez les bulles, trouvez un titre catchy.
Et voilà, le tour est joué !
Si Bitstrips est numéro 1 des téléchargements iPhone depuis le 7 novembre, l’application n’est pourtant pas une nouveauté. Créée en 2007 par le canadien Jacob Blackstock, cette interface marrante et accessible était déjà utilisée, en particulier par des professeurs pour rendre leurs cours plus ludiques. Pour son créateur, Bitstrips a vocation à devenir un nouveau moyen de communication. Ambitieux ? Oui. Un peu mégalo ? Aussi. Loin du compte ? Pas si l’on se fie à l’explosion du nombre d’utilisateurs depuis la sortie des applications mobile et Facebook : Bitstrips revendique aujourd’hui 20 millions d’utilisateurs, 55 millions de vignettes échangées et plus de 3 milliards d’utilisateurs exposés.
Le nombre grandissant d’abonnés sur Instagram et la chute des ventes de livres auraient pu nous mettre la puce à l’oreille : nous sommes une génération d’artistes (pour ne pas dire de feignants) et préférons communiquer en images plutôt qu’avec des mots. Pénélope Jolicoeur l’avait compris aussi, malheureusement nous sommes peu à être aussi doués qu’elle avec des crayons de couleurs et un stylo Bic noir.
Bitstrips, c’est une application gratuite, simple d’utilisation, les vignettes sont faciles à créer, elles se parcourent extrêmement rapidement sur un fil d’actualité et c’est bien là ce qui fait toute sa force. Bitstrips envahit tout, de la presse avec la publication dans L’Express des Fabuleuses aventures de Nathalie Kosciusko-Morizet dans le métro parisien à Pôle Emploi avec le CV, en image s’il vous plaît, du Suisse Tarik Dlala.

Pourtant l’application a une faiblesse : tout comme le Grand Big Mac, elle est victime de son succès. Les internets ne cessent de nous le prouver, le trop est l’ennemi du bien. Un mois à peine et nous frisons déjà l’overdose de bande dessinée, les puristes convulsent devant leur écran et ceux à qui il reste quelques forces se ruent sur des tutos expliquant comment faire disparaître Bitstrips de leur fil d’actualité. Nous le savons bien pourtant, que lorsqu’une tendance se propage trop rapidement, touche trop d’utilisateurs en même temps, devient visible partout, elle anéantit tous ses espoirs de pérennité et finit par imploser.
Petit Bitstrips a bien grandi, mais peut-être un peu vite. Il ne nous reste qu’à attendre patiemment le seuil où, las de tous nous mettre en scène dans les mêmes décors, nous ressortirons la mine contrite nos Bescherelle. Souhaitons également à Tarik Dlala de bien s’amuser en rédigeant son nouveau CV.
 
Clémence Lépinard
Sources :
Rue 89
Konbini
Melty Buzz
L’Express
Le blog de Penelope Jolicoeur