Campagne d'une actrice contre le viol des femmes
Société

Souriez, vous êtes violées !

 
« It’s your fault » dure quatre minutes.
En Inde, un viol survient toutes les deux minutes.
Le calcul est superflu mais si l’on en croit les statistiques, deux femmes indiennes seront violées  au cours de ce visionnage. 

Des cris, des larmes, des manifestations en pagaille ; le viol collectif d’une étudiante de 23 ans dans un bus de New Dehli au cours de l’hiver dernier semble avoir joué un rôle de catalyseur dans la crise sécuritaire qui ébranle aujourd’hui l’ensemble de la nation. Un vent de panique souffle sur l’Inde et ni l’insistance des médias, ni les revendications de la population ne semblent en mesure d’ébranler les convictions jugées archaïques du gouvernement conservateur au pouvoir. Porte-parole d’une société encore profondément tournée vers le patriarcat, les responsables religieux et politiques du pays multiplient les déclarations sexistes et persistent à faire peser la responsabilité des crimes sexuels sur les victimes elles-mêmes. Excédé par l’incapacité de leurs dirigeants à conduire des mesures préventives, consterné par l’indifférence et la misogynie de leurs concitoyens, le collectif d’humoristes AIB (All India Backchod) fait valoir son droit de réponse dans une vidéo postée sur Youtube le 19 septembre dernier. En langue anglaise et volontairement subversive, cette satire de l’extrême entend lutter contre une forme de « surdité collective »  et s’adresse à  un public resté hermétique aux autres supports de sensibilisation.  Si l’usage de l’implicite dans l’écriture du script n’est pas novateur, le choix d’en confier la lecture à deux actrices connues du monde Bollywoodien est  on ne peut plus judicieux. Massivement partagée sur les réseaux sociaux indiens, « It’s your fault »  crée rapidement le buzz et attire l’attention des médias du monde entier.

Le sarcasme et l’ironie se mêlent au grotesque dans cette diatribe à l’humour sombre, très sombre, à la hauteur du sujet qu’elle traite.  Adeptes d’une violence toute en euphémismes, les membres d’AIB se livrent à un exercice périlleux : marier le viol à la plaisanterie. Le pari, bien qu’osé, est néanmoins relevé par ces féministes d’un nouveau genre  qui ne s’écartent jamais de leur intention communicationnelle initiale: on ne rit pas du viol, on se rit de l’absurdité des considérations qu’il suscite ;  l’alliance entre les deux antagonistes  fonctionne. Des propos du gourou Asharam invitant les victimes à fraterniser avec leur violeur aux revendications des détracteurs de l’industrie bollywoodienne, en passant par un retour sur les lois du pays, les stéréotypes prononcés par des hommes d’influence au cours des dix derniers mois sont successivement démantelés. Au fil des minutes, une logique de l’absurde s’instaure, en apparence imparable, le raisonnement sexiste joue sur l’évidence et s’appuie sur de prétendus arguments d’autorité. Les chiffres, manipulés, démontrent l’indémontrable et révèlent une culpabilisation  incohérente des victimes.
Perçu au travers du prisme de la caricature, le spectacle soumis au regard de l’internaute n’en est pas moins troublant. Attaquées face caméra, de plus en plus marquées par les coups à mesure que les secondes défilent, les actrices, qui ne se détachent  jamais de leur sourire forcé, intériorisent les propos de leurs bourreaux et  deviennent pareilles à des automates.
Les textes, sciemment provocateurs, sont déclamés sur un air enjoué si bien que le contraste établi entre la brutalité des images et la légèreté du ton confère une atmosphère malsaine à la séquence.  Quant aux derniers plans filmés, ils font office de révélation : l’hypocrisie s’envole, l’énonciation gagne en profondeur. Le rideau tombe, les comédiennes s’effacent et laissent place à des femmes pour qui il n’est plus question de jouer. Un renversement sémantique s’opère, prononcé par elles, « It’s my fault » se veut accusateur : « c’est votre faute à vous, les violeurs ».
En termes de visibilité, le succès de cette vidéo n’est plus à prouver. Avec plus de 2 300 000 vues à son actif, la parodie d’AIB suscite pourtant des réactions mitigées. Si la plupart des critiques reconnaissent la portée pédagogique du média (les fans du collectif ont entre 12 et 30 ans), elles sont nombreuses à lui reprocher une certaine forme d’élitisme. Cette problématique n’est pas sans rappeler les questions soulevées  par Jeremy Rifkin dans l’Âge de l’accès. En Inde, l’accès fixe à l’internet reste marginal et l’anglais n’est maîtrisé que par une minorité de la population. D’autant que le public branché, privilégié et instruit d’AIB ne semble pas répondre aux critères  de la « cible majoritaire » définie par les campagnes de sensibilisation au viol. Ce dernier argument est contestable mais il a le mérite de relancer le débat de l’universalité en termes de prévention. Considérer qu’il existe un « violeur type »  est en effet aussi dangereux que de dresser le portrait d’une « victime idéale ».  De plus, ces considérations apparaissent contraires à l’esprit de la vidéo qui présente des violeurs masqués et de toutes couleurs de peau.
Au-delà de l’originalité de la forme,  c’est bien l’universalité du thème choisi qui confère une résonance particulière au message du collectif. En Grande Bretagne, dix femmes sont violées chaque heure. Il y a un an, les propos du député américain Todd Aikin sur les « viols légitimes » déclenchaient une vive polémique aux Etats-Unis.
« STOP BLAIMING THE VICTIMS » ; à défaut de pouvoir changer la mentalité de ses dirigeants, la revendication du collectif AIB est parvenue aux oreilles du monde entier. Comment ? En résolvant une simple énigme. «Le point commun entre l’humour et le viol ? » Ils sont apatrides.
 
Marine Bryszkowski
Sources
HuffingtonPost
TheIndependant
ABC
Courrierinternational
IndianExpress
MSMagazine

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Facebook, j'aime ou j'aime pas ?
Société

Les réseaux sociaux : WHO’S NEXT ?

 
Au secours, Facebook devient has been ?
Une récente étude américaine montre que Facebook séduit moins les jeunes adolescents aujourd’hui que leurs aînés.
Il semble que les jeunes utilisateurs commencent à se lasser de partager leurs photos librement, de liker les pages de leurs films préférés, et préfèrent les mini-messages vifs de 140 caractères.
Sur 8 600 interrogés, 26% préfèrent Twitter, contre 23% pour Facebook et sa filiale Instagram.
De plus, on ne peut ignorer l’entrée fracassante de l’Oiseau bleu à Wall Street, qui semble être au passage bien mieux réussie que celle de son concurrent en son temps.

Facebook et Twitter co-existent depuis plusieurs années déjà, alors pourquoi ce revirement en 2013?
Aujourd’hui, la tendance semble être celle du commentaire. Il faut réagir et interagir sur un article, une émission… et bien sûr dans l’instant.
Alors, Twitter a-t-il déjà remplacé Facebook dans le cœur des ados ? Les tweets ont-ils remplacé les statuts, et les followers les amis ?
Twitter semble bien « follow » les traces du succès de Facebook. Alors faisons une hypothèse un peu folle : après The Social Network, pour quand un film sur la création de Twitter ?
Les réseaux sociaux n’ont pas le temps de s’essouffler qu’ils se trouvent déjà soi-disant remplacés.
Alors chers curieux, à vos Smartphones : Mais pourquoi faire au juste ? Actualiser son statut, retweeter ou pourquoi pas envoyer un Snapchat à un ami ?
Avouez qu’on s’y perd un peu. Who’s next ?
 
Sophie Cleret
Sources :
Stratégies.fr – Twitter détrône Facebook chez les adolescents américains
Slate.fr – Les adolescents se lassent de Facebook
Crédits photos :
Image de une : BeGeek.fr
Image 2 : brandaroundtheweb.fr

Snapchat
Société

Jacques a dit : Snapchat tout ce que tu veux !

 
A l’instar de Facebook, immense réseau social fondé par le très jeune Mark Zuckerberg, Snapchat démarre comme projet d’étude de deux étudiants de Stanford : Evan Spiegel et Bobby Murphy. Il est lancé en septembre 2011 et très vite, début 2013, la société de capital risque Benchmark, prend le pari d’investir 13,5 millions de dollars dans la start-up, ainsi que Facebook qui tente de racheter l’application pour 3 milliards de dollars, des sommes qui en disent long sur l’enthousiasme que suscite cette invention.
Le fonctionnement est simple. Il s’agit d’un système de partage de photos et de vidéos, que l’on envoie à un cercle d’amis – des contacts que l’on ajoute – comme sur Facebook ou Instagram. Ce qui diffère radicalement cependant, c’est qu’une fois la photo prise, sa durée de visualisation est modifiable de 1 à 10 secondes par l’expéditeur et « l’existence » de l’image ou pour ainsi dire sa conservation, est limitée pour le destinataire.
Comment interpréter les différents enjeux de ce média apparemment innovant qui promeut le côté éphémère des publications en sous-entendant une sécurité des données ?
En 2013, il semblerait que la photo communique plus de chose que les mots. Que ce soit sur Facebook ou sur Instagram, les images dominent et inondent la page d’actualité.
Sur Snapchat, le modèle se différencie en ce qu’il possède un caractère éphémère, trait particulièrement recherché chez les utilisateurs en quête de sécurité et de confidentialité. Dans un monde où toute donnée est conservée, les internautes craignent la divulgation d’informations personnelles, de laisser leur image sans aucun contrôle ou de se voir trahis par des photos compromettantes qui, une fois postées sur la toile, n’y seront pas retirées de sitôt. La disparition en quelques secondes de ces dernières est donc la panacée pour bon nombre d’addicts au partage compulsif de photos.
Snapchat a trouvé la solution : partager, puis supprimer. Le fait de ne pas garder de traces outrepasse l’autocensure que chacun se pose à soi-même. Il en ressort une plus grande liberté dans la prise d’images et la spontanéité n’en est que plus accrue. Avec Snapchat, les barrières n’existent plus, chacun n’envoie que ce qu’il contrôle et ne reçoit que ce que l’émetteur a choisi de lui faire parvenir. Plus question de tags, ni de profil visible pour 200 ou 300 « amis », il n’y a un lien qu’entre l’émetteur et le récepteur, tous deux avec la même volonté : faire partager des instants de vie sélectionnés et envoyés sans crainte.
Le paradoxe est notable : la photo en temps qu’objet, qui n’en est déjà plus un avec les nouvelles technologies, n’est donc plus faite pour être conservée, mais doit absolument être supprimée. Il n’est donc plus question de souvenirs, mais de flux constants de partage en quelque sorte.
De nos jours, tout semble pouvoir être partagé, sans limites. Innombrables sont les internautes capturant chaque moment de leur vie. Comment faire la distinction entre ce qui doit ou non être posté?
Le monde est saturé d’images et Snapchat n’est qu’une application de plus tournant autour de la monstration. Dans la prise de photo, même confidentielle ou éphémère, le côté voyeur est sous-jacent. Et Snapchat ne fait qu’accroître cette tendance. Le voyeurisme est occulté par le sentiment de confiance diffusé par l’application et incite donc inconsciemment les utilisateurs à prendre de plus en plus d’images sans censure, et ainsi perdre peu à peu toute perception d’intimité.
Snapchat veut se différencier des autres médias. Par la suppression de chaque photo envoyée, l’application donne une certaine garantie de sécurité, mais pour combien de temps encore ? Et peut-on véritablement parler de sécurité sur internet ?
En effet, tout utilisateur, même le moins aguerri, sait comment faire une capture d’écran : communément appelé un « screen shot ». Cette fonction neutralise en partie l’aspect éphémère dont l’application se targue. En envoyant une image, même à des amis, qui soit dit en passant, ne le sont parfois pas réellement, la capture d’écran est incontrôlable.
Comment savoir si le récepteur va photographier l’image que l’on envoie, comment alors juger ce qui se doit d’être éphémère ou ne pas l’être ? Comment maîtriser la notion de propriété ? Lorsqu’un utilisateur fait une capture d’écran d’une photo, cela est signalé à l’envoyeur, mais il est alors trop tard, et l’envoyeur n’est plus le seul en possession de sa photo qui devait, au départ, disparaître à jamais.
De plus, très récemment, une nouvelle fonctionnalité « Snapchat Stories » est apparue, discréditant le fondement même de l’application. On peut en effet conserver l’historique commenté de nos photos, en illimité pendant 24 heures. Même si les destinataires peuvent être sélectionnés et limités, ce qui restreint grandement la diffusion de ces photos, le système commence à changer. À partir de là, il est difficile de ne pas penser au géant Facebook, qui est passé d’inoffensif réseau social à vendeur d’informations à destination de la publicité ou encore de la NSA.
Les snaps sont effacés très rapidement après leur ouverture et après 30 jours s’ils n’ont pas été lus. Mais Micah Schaffer, chef de la confiance et de la sécurité chez Snapchat a avoué, il y a peu, avoir dû fournir certaines photos aux autorités dans le cadre d’enquêtes. Est-ce un bien ou un mal ? À chacun de juger en fonction de ce qu’il décide d’envoyer.
Snapchat est divertissant, innovant, tout beau, tout nouveau. Pour le moment. Comment savoir en effet si la NSA n’est pas en train de collecter les quelques 350 millions de clichés pris par jour ? Personne ne pourra se plaindre a posteriori, les cas Facebook et LinkedIn ayant fait assez de bruit comme cela, mais ce qui est certain c’est que la servitude à ces applications, toutes autant qu’elles sont, est en réalité tout à fait volontaire.
 
Agathe Gindele
Sources :
Le site Clubic.com

racism
Société

L’e-mail, média actif du racisme

 
« La nouveauté, ce n’est pas la banalisation des propos racistes, c’est la circulation par  Internet qui leur ouvre un espace », notait le sociologue Michel Wieviorka dans Libération le 5 novembre dernier. Si l’on constate aisément l’ampleur du phénomène sur les réseaux sociaux et les blogs, dans des commentaires d’utilisateurs souvent anonymes, une autre face de cette circulation sur Internet est bien moins médiatique : celle de chaînes d’e-mails aux tendances racistes ambigües.
L’espace qu’investissent ces chaînes est particulier : de par la régularité du phénomène et la multiplication de ses contenus, il pourrait s’inspirer du principe des Newsletters, notamment dans l’attente qu’il crée chez les personnes qui les reçoivent. Cependant son format est invariablement celui de la chaîne que l’on transmet à tout son réseau, ou du moins ceux qui ne s’élèvent pas contre cette transmission.
Au-delà des nombreux glurges et hoax souvent relayés par cette stratégie de push, il s’agit de conforter le destinataire-diffuseur dans son sentiment d’avoir raison et de ne pas être seul (au vu du nombre de destinataires du message). Cela se fait notamment à l’aide de citations, véritables arguments d’autorité, surtout lorsqu’il s’agit de personnalités frappant l’imaginaire collectif tel que De Gaulle.
Les personnes qui cautionnent ces messages en les retransmettant ne se considèrent pas comme racistes, ainsi leurs rédacteurs jouent sur cette légitimation d’une pensée flirtant pourtant bien avec un racisme décomplexé.
Si le contenu de ces chaînes est effectivement peu crédible pour qui est accoutumé au fact-checking et aux hoax, sa méthode reste pourtant prospère aujourd’hui.
Lorraine de Montenay
Source :
Hoaxbuster.com

Une Minutes
Société

La Une de Minute ou la stratégie des Unes à scandale

 
Mardi 12 novembre, le controversé hebdomadaire d’extrême droite Minute choisissait de mettre en titre de sa Une « Taubira retrouve la banane », un sujet faisant directement écho aux attaques à caractère raciste dont avait récemment été victime la ministre de la justice. Il ne fallut que très peu de temps pour que cette couverture ne fasse scandale, au point que le sujet soit devenu dans la journée même un « trending topic », la France entière s’insurgeant contre ce titre scandaleux relayé par tous les médias.
Au regard du petit nombre d’abonnés du magazine et de sa faible distribution en kiosques, c’est un coup de buzz réussi pour ses rédacteurs, dont l’un confiait de façon anonyme « L’objectif, c’était de faire parler de nous. On voulait se payer un coup de pub pour zéro euro, le contrat est rempli au-delà de nos espérances ».
Outre le fait qu’il faudra, au regard de l’embrasement autour de cette Une, donner malheureusement raison à cette déclaration, c’est un problème sous-jacent que révèle cette affaire : la stratégie de plus en plus remarquée des Unes à scandale.
Or, si Minute indigne par son racisme clairement affiché, il est important de souligner que cette stratégie de la provocation est de plus en plus utilisée par nos médias actuels, à coup de phrases chocs et d’illustrations explicites. L’Express ou encore Le Point se sont déjà prêtés à ce jeu dangereux. Mais si cette tendance apparaît comme une réponse à la mauvaise santé de notre presse moderne, on peut se demander si le sensationnel à tout prix est vraiment la solution.

 
Justine Spitzer

pub Barilla
Société

QUELLE NOUILLE…OU L’HISTOIRE D’UNE COMMUNICATION MALADROITE

 
Le fameux fabricant de pâtes Barilla a réagi le 4 novembre dernier au tollé international qu’avait déclenché son président avec des dires homophobes concernant l’image de la famille. Barilla annonce désormais la «diversification de l’entreprise» et des campagnes de publicité plus «ouvertes».
«Créez chaque jour votre histoire d’amour… ». Valable pour tout le monde ?
Mamma mia! Vraisemblablement, Guido Barilla, l’arrière-petit-fils du fondateur de la marque, n’avait pas imaginé le vent d’indignation qu’il allait provoquer suite à une émission de radio italienne diffusée le 25 septembre dernier.
A la question « Pourquoi ne voit-on pas de couples homosexuels dans les publicités Barilla? », le président de la marque a répondu (de manière complètement opposée aux valeurs d’amour que véhiculent les publicités Barilla – « Créez chaque jour votre histoire d’amour ») : « La marque ne ferait jamais de publicité avec une famille d’homosexuels. »
En ajoutant : « Nous aimons la famille traditionnelle où la femme joue un rôle fondamental. (…) Si les homos aiment nos pâtes et notre communication, ils peuvent les manger, sinon ils peuvent manger d’autres pâtes. On ne peut pas toujours plaire à tout le monde ».
Un jugement qui s’avère être une grosse erreur communicationnelle.
Les consommateurs ont une (al-)dent(e) contre Barilla
Ces propos ont fait l’effet d’une bombe, premièrement sur les réseaux sociaux, l’arme immédiate et suprême des consommateurs. Sur les comptes Facebook et Twitter de la marque, on a immédiatement vu apparaître de multiples « va fan culo, Barilla » et d’autres expressions de fort mécontentement. Avec le hashtag #boycottbarilla, de nombreux consommateurs ont appelé au boycott de la marque, involontairement suscité par M. Barilla lui-même.
Evidemment, les réponses humoristiques ne se sont pas faites attendre. Certains internautes créatifs ont parodié les publicités Barilla pour les utiliser à leurs fins. En France notamment, avec les opposants au mouvement de « La Manif Pour Tous ».

Twitter boycotte Barilla 
Dans le même esprit, Arcigay, une association italienne luttant pour les droits des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), a lancé une contre-campagne intitulée « Nous sommes tous faits de la même pâte », qui accuse Barilla d’« arriération culturelle » en donnant l’image « d’une Italie qui n’existe plus ». Ils font ainsi référence à l’image patriarcale de la mamma italienne, centrale dans les publicités Barilla, qui sert le reste de la famille à table.
Plus intéressant encore, les concurrents ont immédiatement sauté sur cette opportunité communicationnelle. Ainsi, Buitoni a fait savoir : « Chez nous, il y a de la place pour tout le monde », montrant le piège que Barilla s’est tendue à elle-même.
 Barilla met la main à la pâte
Qu’a donc fait Barilla suite à l’énorme lapsus de son directeur ? Malheureusement pour la marque, pas grande chose. « Je m’excuse si mes mots ont généré de la controverse, de l’incompréhension, ou s’ils ont heurté la sensibilité ».
Voilà les excuses que présente M. Barilla dans la journée sur le compte Facebook de la marque. Excuses « forcées », comme vont le titrer les médias.
Première maladresse de communication : en laissant la parole au directeur éponyme, cause de la crise, Barilla sème la confusion et se distancie de toute responsabilité. Une prise de position ferme de la marque elle-même aurait été nécessaire.
Cinq jours plus tard, Barilla ajoute sur son site internet un communiqué peu convaincant, ne présentant aucune excuse ou explication concrète, fuyant même, en évoquant d’autres sujets plus honorables, comme l’écologie.
Plus maladroit encore : la fuite de Barilla qui s’empêtre dans des explications incompréhensibles, fondées sur les stéréotypes italiens. Dans une vidéo publiée peu après, Guido Barilla déclare innocemment « avoir encore beaucoup à apprendre sur le débat vivace qui existe autour de l’évolution de la famille ». Etonnant qu’un président d’entreprise ne découvre ce débat qu’aujourd’hui…
Enfin, le 4 novembre dernier, plus d’un mois après l’irréparable, Barilla a pris des dispositions concrètes pour redéfinir la marque et ses valeurs. Après un tel lapsus, il est impossible de regagner la confiance des consommateurs seulement avec des mots conciliants. Les actes doivent suivre les paroles. Dans ce but, Barilla a annoncé la création d’un Comité pour la diversité et l’intégration qui fera intervenir des experts afin d’aider la marque à établir des buts et stratégies pour améliorer la diversité et l’égalité au sein de l’entreprise. De plus, la marque préparait une campagne de publicité plus ouverte, mais sans en préciser plus.
Un réel changement est-il possible ?
C’est cette imprécision qui intrigue. Certes, l’entreprise avance maintenant dans la bonne direction mais tout cela pourrait aussi bien n’être que superficiel. Comment alors l’entreprise aurait-elle dû réagir pour mieux gérer cette crise ? Dans tous les cas, elle aurait dès le début dû prendre ses distances, déclarer fermement que les idées de Guido Barilla ne sont en aucun cas celles de l’entreprise et s’excuser plus rapidement auprès de ses consommateurs. Peut-être aurait-il tout simplement fallu que la marque réagisse dans les médias de manière plus efficace.
Ou comme le rappelle le vice-président de l’association LGBT GLAAD[ : « L’homophobie est mauvaise pour le business, […] M. Barilla va vite comprendre que la nouvelle famille traditionnelle accepte les couples gay et lesbiens et ne soutient pas des entreprises qui promeuvent la discrimination », faisant ainsi référence à ce principe de communication élémentaire : « Mieux vaut fédérer qu’exclure ».
Teresa Spurr
Sources :
Reuters.com
Huffingtonpost.fr
Barilla.fr
Lefigaro.fr
CNN.com
Tf1.fr
Crédit photo : Photo de couverture du compte Facebook du site de rencontres homosexuelles Gayvox
 

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Elle Man
Société

ELLE MAN : parlez-moi d’Eux, je vous parlerai d’Elle(s)

 

Après être apparue dans de nombreux pays (dont 11 en Asie), c’est en France que la version masculine d’ELLE a été lancée en octobre. Mais si ce magazine est un des seuls bimestriels, il ne lui sera pas aisé de s’imposer dans un marché qui compte près de 2 500 titres. D’autant plus que son positionnement semble soulever quelques interrogations sinon craintes qu’il est bon de résumer.
Parlez-moi d’Eux…
Des articles sur la politique (Manuel Valls et Bill Clinton), sur le viagra et la taille du pénis, sur le nouveau GTA, des photos de mode mettant en scène de grosses cylindrées, des contributeurs presque exclusivement masculins… pas de doutes, ce nouveau magazine est avant tout une affaire d’hommes ! D’ailleurs, a l’inverse de nombreux autres pays restés proches de la version féminine, la couverture affiche ici fièrement « MAN » en gros caractères, reléguant sur le côté et en plus petit le fameux « ELLE ». Le magazine se veut donc original et centré sur un homme s’assumant à la fois comme gendre idéal et jeune papa branché. Mais attendez. Tout cela semble un peu trop simple !
Reprenons depuis le début.
…et je vous parlerai d’ELLE(s)
Des articles sur les grands créateurs de modes, sur Hillary Clinton, sur des séducteurs comme Manuel Valls ou Matthias Schoenaerts (couverture), sur les dangers de l’amour 2.0 (de Tinder notamment), une équipe de rédaction à 80% féminine… pas de doutes, ce nouveau magazine est avant tout une affaire de femmes !
Oups ! On a dit « femmes » ? C’est là que tout se complique.
Une chose est sûre, c’est bien la marque Elle qui porte le magazine et lui assure sa visibilité. La patte du magazine féminin se retrouve en effet partout, imposant ses traceurs de référence. Aussi, une comparaison s’impose :
–       La publicité d’abord (environ un quart des pages), qui est très axée sur les cosmétiques pour la version féminine et se veut donc exclusive, s’articule au contraire pour la version masculine autour de marques et de produits plus mixtes : lunettes, casques audio, prêt-à-porter (Adidas, Zara, Celio…), petites voitures citadines, etc.
–       La culture ensuite, deuxième traceur majeur, concerne environ un tiers des articles. Malgré une rapide allusion au rap, ELLE MAN s’adresse là encore, comme sa grande sœur, à une population « hype » plutôt indifférenciée.
–       Le thème « lifestyle » est celui ou les lecteurs d’Elle se reconnaitront le mieux. Il s’articule immanquablement autour de bon plans restos, cuisine, déco et de problématiques sur le sexe et l’éducation, pour un public bobo et citadin de 25-50 ans.
–       L’information enfin, qui correspond aux articles les plus longs (3-4 pages) sur les faits sociaux et la politique, est le traceur le plus dérangeant. Alors qu’Elle traite clairement de la place de la femme entre domination subie et portraits de celles qui prennent le pouvoir, la version masculine ne parvient pas pour sa part à mettre l’homme en avant. Deux exemples pris dans ce premier numéro le montrent.
Le premier, un article s’intitulant « Bill Clinton first lady », est en fait centré sur Hillary, imaginée comme future Présidente des Etats-Unis en 2016. Bill n’est ici qu’un prétexte, l’auteur de cette fiction écrivant que sa femme « tient sa revanche sur toutes ses années où elle a réprimé sa colère et sa honte ».
Le deuxième exemple est donné par l’interview de Manuel Valls. Celui avec qui près d’un quart des Françaises souhaiteraient avoir une aventure y apparaît plus mannequin qu’homme politique dans une description ou les termes de « fort » et « viril » sont envahissants. Pas de politique donc mais une approche très fantasmée !

Quel public et pour quel succès ?
Quid du discours officiel ? Le rédacteur en chef d’ELLE MAN est Edouard Dutour, chroniqueur mode féminine de l’émission Comment ça va bien ? sur France 2. Il annonce dans l’édito de ce premier numéro qu’ELLE MAN est le magazine « d’un garçon qui assume son style, qui dépasse son genre », d’un « rétrosexuel ». Avant d’ajouter : « C’est l’histoire d’un mec. Alors, qui est-il ? Il n’en sait rien et il s’en fout ». Troublant n’est-ce pas ?
Ce que l’on peut deviner c’est que si le magazine drague avant tout les hommes qui représentent 20% du lectorat d’ELLE, l’analyse préalable indique que les femmes sont plus qu’invitées à la lecture. L’édito annonce d’ailleurs la couleur : « l’ultime plaisir serait de voir une femme lire ELLE MAN ». Pour cause, n’oublions pas que si ce premier numéro a été tiré à 200 000 exemplaires et espère en vendre la moitié, la version féminine en écoule en moyenne 400 000 par semaine. Le lectorat féminin risque donc bien d’être l’issue de secours d’un magazine qui va devoir affronter sur le créneau des masculins, la domination de GQ et l’arrivée de LUI. Il n’est malgré tout pas certain que la renommée d’ELLE suffise. Il y a une quinzaine d’années déjà, le magazine avait lancé, sans succès, un supplément masculin alors baptisé Il.
Alors, fausse gémellité ou simple schizophrénie ?
Il semblerait pour résumer que le magazine ne parvienne pas à masculiniser sa posture assumée de féministe, se laissant aller à une caricature d’hommes, souvent introduite par le biais d’une caricature de femmes. Pas sûr donc qu’ELLE MAN apporte un regard neuf sinon nécessaire. Alors, peut-être s’agit-il d’abord d’un magazine pour les femmes qui veulent entrevoir l’idéal masculin, comme ELLE peut être un magazine apprécié d’hommes en manque de beautés parfaites. Notons d’ailleurs que la plupart des pays étrangers titrent ELLE MEN là où la version française se contente d’user du singulier. Ce ne sont donc pas les hommes mais bien l’Homme, idéal type ou type idéal, que l’on cherche ici.
Ce qui est sûr, c’est que ce magazine atypique aime brouiller les pistes en cherchant à plaire à tout le monde. Mais à ne pas vouloir choisir dans un marché du magazine où les succès se font avant tout sur le partage d’identités particulières pour des groupes définis, il est à craindre qu’ELLE MAN ne rencontre pas son public.
Toutefois rassurez-vous messieurs, ELLE reste encore là pour nous.
LARRIEU Grégoire
 
Sources
ELLEMAN
Lesblogsmédias
Inaglobal

Société

Zappe-t-on encore aux US ?

 
L’éternel duel opposant la télévision à Internet n’a pas fini d’animer les débats. Aux Etats-Unis, une récente étude vient de confirmer ce qui a longtemps été prédit : le temps de visionnage de la télévision baisse au profit des autres supports numériques (smartphones, pc portables et tablettes)
Les Américains de 18 à 49 ans passent ainsi en moyenne 5h09 devant différents supports contre 4h31 pour le petit écran, une première !
 L’argument qui l’emporte est celui de la portabilité qu’offre ces nouveaux supports. L’image du « Couch potato » n’est plus d’actualité, désormais on choisit de consommer en mobilité. L’offre élargie et l’accessibilité grandissante aux tablettes y sont pour quelque chose. L’explosion des ventes de ces supports vient en effet confirmer ce changement de pratiques.
 Il n’y a pas si longtemps, la télévision représentait LE médium capable de fédérer autour d’un programme alors qu’Internet était considéré uniquement comme lieu de flânerie occasionnelle, de hasard et de buzz. La donne est en train de changer affirme cette étude. L’on pourrait être tenté d’affirmer sans nuance le déclin de la télévision, ceci dit, les programmes télé sont très souvent commentés à travers un second écran dans une démarche dite de second-screening ou de multitasking. Comprendre par-là, l’action combinée de regarder une émission tout en utilisant un deuxième terminal afin de partager sur les réseaux sociaux ce que l’on est en train de faire ou son avis sur ce qui est diffusé.
 Néanmoins, en réalité, le contenu télévisé n’est pas moins consommé, il est juste consommé en majeure partie, ailleurs : en ligne. La SVOD (Subscription Video on Demand) a fait des ravages, des plateformes de streaming vidéo telles que HULU ou Netflix gagnent de plus en plus de parts de marchés par rapport aux chaînes du câble. Un abonnement moins coûteux, la possibilité de visionner un contenu  à tout moment, des programmes de qualité qui peuvent se vanter d’avoir remporté un Emmy Award (House of Cards), autant d’avantages qui séduisent de plus en plus. Ainsi, le chiffre d’affaires de Netflix qui comptabilise 31 millions d’abonnés aurait bondi d’un quart en un an pour atteindre 1,1 milliard de dollars.

Netflix se réjouit et tente de renforcer sa position en tant qu’acteur dans le monde du cinéma notamment en s’alliant à la maison de production de Sony, puis en négociant un accès au câble. Ainsi, il viendrait se frotter de plus près à ses plus gros concurrents qui eux tentent d’effectuer le chemin inverse pour être là où leur public semble leur échapper, sur la toile.
 La SVOD sonne-t-elle le glas de la télévision traditionnelle ? Nombreux sont ceux qui le pense, toutefois, ce serait sans compter sur la réactivité des grands groupes télévisés, et l’énergie qu’ils mettent pour rester dans la course. S’adapter est le maître mot. S’adapter au progrès des supports technologiques, leur multiplication et à l’autonomie qu’ils offrent à chacun à travers Internet. Dans le cas échéant, ce sont les annonceurs qui risqueraient d’aller chercher le consommateur potentiel là où il sera le plus probable de se trouver.
 L’avantage pris par le numérique aux Etats-Unis vient corroborer des hypothèses émises il y a de cela quelques temps. Si ce pays semble être la référence en matière de tendances, un service tel que celui offert par Netflix ne saurait, pour le moment, trouver sa place en France, en témoigne la réticence qu’avait suscitée l’arrivée des nouvelles chaines de la TNT. De plus, les habitudes de consommation du médium TV ainsi que l’organisation des grands groupes médias ne sont pas les mêmes. Sans oublier les instances concernées telles que le CSA qui jouit d’une influence certaine pour tout ce qui se passe dans le paysage audiovisuel français.
 
Salma Bouazza
Sources :
Lesechos.fr
Lesechos.fr
Zdnet.fr

Catalogue Super U Noël 2014
Société

La guerre des sexes en cadeau

 
Vous souvenez-vous de votre enfance où, dès le mois de novembre, vous partiez à la chasse aux catalogues de jouets pour faire votre liste au père Noël ?
Les filles allaient dans la partie rose intitulée « jouets pour filles » chercher leurs poupons, dinettes et autres appareils  électroménagers en plastique fuchsia, pendant que les garçons allaient dans la partie bleue intitulée « jouets pour garçons », afin de choisir leurs jeux de construction, de guerre et leurs petites voitures.
Ce système pourtant bien rodé est bousculé depuis 2 ans par l’enseigne de grande distribution Super U qui propose des catalogues de jouets sans catégories de genre. Or, si le catalogue de 2012 était passé inaperçu, celui de cette année a fait parler de lui.

En effet, les militants anti-mariage-homosexuel du Printemps Français expriment sur Tweeter leur mécontentement et leurs craintes de voir leurs enfants perdre leurs repères. Certaines féministes, en revanche, se réjouissent à l’idée qu’une marque prenne le risque de se mettre à dos les familles nombreuses avant Noël, pour lutter contre les stéréotypes sexués.
On peine toutefois à croire que Super U prenne des risques de façon désintéressée, d’autant plus que leur site continue d’opérer des distinctions de genre, comme le font remarquer les journalistes de Sud-Ouest.
Ne s’agirait-il pas, finalement, d’une opération de communication du distributeur visant, avant tout, à faire parler de lui ?
 
Alexia Meynart
Sources :
Sud Ouest
Le Nouvel Obs
Crédits photos :
Catalogue de jouets de Noël des magasins U. (Capture d’écran)

Consommation collaborative
Société

Jacques a dit : du green et du Sharing !

 
Un désir à l’initiative des consommateurs… qui n’est pas si nouveau
Le désir d’une consommation renouvelée chez le consommateur – qui obéirait à de nouveaux codes à la fois dans ses objets et dans ses modes – n’est pas une nouveauté : le commerce équitable et le développement du bio sont des phénomènes bien ancrés chez le consommateur depuis les années 2000. La rentrée 2013 est toutefois riche en expériences innovantes pour répondre à ces nouvelles requêtes que sont le décloisonnement et la ré-humanisation de la consommation, la recherche d’une consommation plus locale (les « locavores », les SEL…), plus engagée et qualitative. Il s’agirait en même temps de faire respirer ces lieux de grande consommation que sont les centres commerciaux, grands magasins, grandes surfaces… considérés comme « anxiogènes » par les Français.
La « Sharing economy » et le consommateur-vendeur
Et la réponse doit être rapide. En pratique, la vente à domicile, le recyclage, et particulièrement le « sharing » (économie du partage) sont des modes de consommation bien installés, les consommateurs n’ayant pas attendu les marques pour organiser une consommation collaborative d’ampleur. Loin d’être un phénomène de mode, ce nouveau type de consommation est au contraire voué à se développer dans les prochaines années.  Définie comme une « une pratique qui augmente l’usage d’un bien ou d’un service, par le partage, l’échange, le troc, la vente ou la location de celui-ci, avec et entre particuliers » par l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie (ADEME), la consommation collaborative est bien le corollaire de la crise économique qui favorise la recherche de produits moins coûteux. En parallèle, la consommation responsable explique aussi  la montée des préoccupations écologiques dans l’acte d’achat. Pour reprendre l’économiste américain Jeremy Rifkin, le principe de l’économie de « l’accès » expliquerait ce nouvel engouement : la notion de propriété dans l’univers des consommateurs s’efface au profit de la notion « d’accès », en lui-même, aux biens et aux services. Dans ce contexte, la consommation collaborative s’érige comme une tendance sociétale importante, créatrice de lien social, que les entreprises se doivent alors de prendre en considération.

Quelles réponses du côté des plateformes communautaires et des marques ?
Mais quelles sont les conséquences pour les entreprises en mal de digital ?
La consommation collaborative constitue une niche formidable en termes d’opportunités et de business. Des plateformes digitales l’ont vite compris et se sont déjà multipliées pour permettre au consommateur de s’improviser vendeur. Les exemples sont nombreux et il serait inutile de développer l’exemple du déjà célèbre site Covoiturage.fr devenu Blablacar.fr. Mais le concept ne s’arrête pas au covoiturage : l’économie du partage s’installe dans toutes nos habitudes. Citons à ce titre Airbnb qui permetde louer une de ses chambres, ou encore Walmart qui propose à ses clients de livrer eux-mêmes les commandes réalisées par leurs voisins, en échange de bons de réductions et de cadeaux.
Mais qu’en est il des marques non dédiées au digital ? Celles-ci se sont attelées, pour certaines, à leur propre « recyclage ». Dans les faits, cela se traduit par la « végétalisation » des lieux de consommation, la sacralisation du « rooftop » comme le lieu dédié au carré de verdure dans l’espace urbain. L’exemple récent du centre commercial Beaugrenelle, ouvert le 23 octobre dernier, atteste bien de la prise en compte de cet impératif : du vert (7000m2 de toits végétalisés) et des lieux de partage, de sociabilité, spécialement dédiés au consommateur au sein du centre. Le BHV Marais, qui a fait entièrement peau neuve, propose de réinventer la quincaillerie en abandonnant ses rayons du multimédia pour des espaces dédiés au bricolage, art créatif et cuisine, afin de rassembler les adeptes (de plus en plus nombreux) de l’écologie et du « Do It Yourself ». Ainsi, le consommateur récupère, répare, fabrique, grâce à des ateliers à sa portée. Ikea ou encore H&M sont d’autres exemples de ce désir d’afficher une bonne conscience citoyenne chez la marque, en récupérant des meubles (« Donnez une seconde vie à vos meubles ») ou des vieux vêtements. Fait étonnant enfin, le moteur de recherche Ecosia lancé en 2009 à Berlin, qui reverse 80% de ses revenus publicitaires pour la protection de la forêt tropicale : ses remaniements et sa version française sont censés lui permettre, à terme, de planter 1 million d’arbres en 2014… Pas bête.
Que penser finalement de ces innovations « green », dédiées au renforcement du lien social, mais un peu fourre-tout ? Un risque d’essoufflement est à craindre du côté des entreprises : pour survivre et continuer à se développer, elles devront être en capacité de créer encore et toujours des expériences productrices de lien social. Attention enfin, ce n’est pas en instituant une « ville verte » de façade que l’on sauvera l’écologie. Là encore, l’entreprise de demain doit travailler au service de la ville et innover en terme de trio « végétal/social/urbain ».
 
Céline Repoux
Sources :
Influencia.net
Lesechos.fr
Lefigaro.fr
Ecocitoyens.ademe.fr
Pour aller plus loin :
La vie share – mode d’emploi, d’Anne-Sophie Novel

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