Le Thigh Gap par Eleonore Péan
Société

Jacques a dit : Et mon thigh gap, tu l'aimes mon thigh gap ?

 
Le thigh gap, il y a celles qui l’ont… et celles qui le veulent. Véritable raz de marée depuis quelques mois sur les réseaux sociaux, on ne finit pas, sur la toile et ailleurs, de voir s’étaler photos, conseils, exercices minceur, mises en garde, ou encore bashing de la fameuse pratique. Chez les adolescentes, depuis plusieurs mois déjà, il est l’objectif suprême, le saint Graal. Les réseaux sociaux en sont le terrain de jeux privilégié : Facebook, Twitter, Instagram, Tumblr, Pinterest, aucun n’échappe à la vague.
Le thigh gap dans son plus simple appareil

Communément décrit comme l’écart qui sépare le haut des cuisses en position debout (les pieds joints), on pourrait le placer sans céder aux raccourcis comme le descendant glamour de la lignée pro-ana, aux côtés de ses amis #Thinspiration, #Fitspiration ou encore #Ana-mia (comprenez Anorexia-Boulimia). Seulement voilà, derrière ce thigh gap se cachent des techniques qui relèvent, disons le clairement, de la torture. Parce qu’effectivement, manger des cotons imbibés de confiture ou des glaçons pour tromper la satiété, c’est donner une toute autre dimension au mot « originalité » ; pour autant, ça n’en reste pas moins une pratique qui mériterait d’être remise en question, de par sa singulière ressemblance avec les « astuces » des pro-ana. Sur Twitter, @Chiboui a beau dire qu’ « une fille anorexique c’est horriblement moche mais le thigh gap c’est trop beau », le chemin pour y arriver reste le même. On découvre d’ailleurs avec stupéfaction sur le même réseau que certaines continuent d’arborer leur poids en pseudo, tout en martelant des encouragements… dont elles sont les uniques destinataires.

Les réseaux sociaux, des nids d’épidémies ?
Sur Internet, plus question de se comparer à ses copines ; aujourd’hui sur Tumblr, c’est avec le mannequin le plus en vue du moment que vous entrez en rivalité. Cara Delevigne, Snejana Onopka, autant de comptes Twitter qui ont de quoi faire rêver des ados complexées à l’ère numérique de l’obsession de soi. Difficile alors de ne pas faire le rapprochement entre la publication régulière de ses photos (très) personnelles et l’exhibitionnisme. Non sexuel, peut être, mais un exhibitionnisme de groupe qui ancre un mouvement et imprime sa norme au reste des utilisatrices. Parce que toutes ces photos sont autant de potentiels déclencheurs pour les non initiées. Au début, il y a une photo, un idéal peut-être, une comparaison. Puis un complexe, une humiliation, une adhésion. Une adhésion qui pour certaines se révèle adopter une maladie comme mode de vie, une vie où l’on comptabilise chaque calorie ingérée, où l’on se pèse 10 fois par jour, où l’on s’enferme dans une quête dont le moteur ne tient qu’à un nombre de followers ébahis devants les résultats, mais incapables de vous raisonner. Un programme somme toute assez ahurissant, d’autant qu’il séduit des filles de plus en plus jeunes, n’excédant pas les 11 ou 12 printemps.
Et les réactions de la plèbe dans tout ça ?
Dans les médias, la pratique se retrouve largement décriée par les médecins, qui voient en cette quête de la minceur une porte ouverte à l’anorexie mentale. Ils rappellent d’ailleurs que cet attribut dépend en réalité de la morphologie de chacune – certaines, aussi minces soient elles, ne pourront jamais obtenir le précieux écart ! –
Sur les réseaux sociaux, rien n’y fait : ni les détracteurs, ni les tentatives des plateformes d’interdire certains hashtags ou mots clés, comme #anorexia ou #thinspiration. Un engagement qui mérite pourtant d’être salué, qu’il s’agisse d’une action sociale, ou simplement de la volonté de se protéger de l’image peu valorisante qu’apporte une telle publicité. Malheureusement, ces mesures n’auront su arrêter le phénomène, Internet ayant cette précieuse faculté de donner libre champ aux opprimés sur les forums périphériques, blogs perso, ou autres espaces difficiles à surveiller.
Chez les stars, Robyn Lawley, la célèbre mannequin australienne taille 42, a tiré la sonnette d’alarme cette semaine. Elle monte au créneau alors qu’il y a un peu moins d’un an, une photo d’elle en lingerie s’est retrouvée sur une page Facebook « Pro thigh gap ». Commentaires humiliants, insultes, autant de mots inacceptables qu’elle condamne dans une interview fin octobre 2013. Elle y déclare vouloir « des cuisses plus grosses et musclées […] nous voulons toutes des choses différentes, mais les femmes ont déjà suffisamment de pression pour avoir à subir en plus la pression d’avoir un thigh gap ».

Endiguer le phénomène, mais comment ?
Face à la dangerosité d’une telle mode et surtout à la vitrine que constituent les réseaux sociaux pour la diffuser, de quels outils disposons-nous ? En 2008, pour tenter d’enrayer le courant de l’anorexie, le Ministère de la Santé a signé une charte d’engagement volontaire et d’interdiction de l’apologie de l’anorexie sur Internet, sans plus d’effet que la campagne de pub qui avait mis en scène Isabelle Caro (décédée depuis) sous l’objectif d’Oliviero Toscani. Cette campagne de sensibilisation avait suscité un vif débat (publicité retirée de l’espace public à Milan car son affichage coïncidait avec la semaine de la Fashion Week), mais sans notable changement des mentalités.
En 2010, le CNRS s’est intéressé à son tour à l’incidence du réseau social sur l’épidémie des troubles alimentaires, en effectuant une étude sociologique comparative de sujets ana-mia en France et aux Etats Unis, à travers une restitution de leurs réseaux sociaux en ligne et hors ligne, en vue de la conception de campagnes d’information et de politiques d’intervention en matière de santé publique.
Quand on sait qu’en mars 2013, The Lancet a publié une étude prônant la stimulation cérébrale profonde – en d’autres termes, des électrodes dans le cerveau – comme traitement de l’anorexie, on redoute la suite. À mode extrême, solutions extrêmes ?
 
Eléonore Péan
Sources :
L’étude de l’Institut Interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain sur la sociabilité « Ana-Mia »
TheDailyBeast – Interview de Robyn Lawley
La Nouvelle Edition du Grand Journal du 29/10
L’étude parue sur The Lancet, revue scientifique médicale britannique
Photos :
Une – Journald-unerondeastucieuse
Photo Robyn Lawley – The Daily Beast

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Société

Va-t-on bientôt pouvoir tweeter son décollage?

 
Grande nouvelle pour les Américains : la FAA (Federal Aviation Administration) a rendu hier son verdict quant à une question qui se posait depuis quelques temps déjà. En effet, il sera désormais possible pour les passagers empruntant les compagnies aériennes américaines de pouvoir utiliser leur smartphone ou autres appareils électroniques (ordinateurs portables exclus) pendant le décollage et l’atterrissage de l’appareil.
Alors, pure magnanimité ou concession face à la pression de certains ? Pour beaucoup de consommateurs mais surtout pour les chefs de file du lobbying des fabricants d’électronique américains comme le géant Amazon, c’est une véritable avancée qui présente de nombreux avantages après tant d’années passées à tester la dangerosité de la chose en faisant, par exemple, « décoller des avions remplis de Kindle ». Finie, en effet, la frustration ressentie par les passagers ne pouvant pas utiliser ces appareils pendant le vol qui peut s’avérer long et ennuyeux.
Le fait qu’une telle contrainte soit à présent levée à des moments si anxiogènes représente un événement marquant qui présente toutefois quelques limites. S’il sera progressivement possible d’envoyer des fichiers par Bluetooth ou encore de jouer à des jeux, difficile cependant d’imaginer pouvoir utiliser Internet. De plus, il s’agira tout de même pour les passagers de se cantonner au mode avion, et de devoir accepter le fait que leur batterie se vide à une vitesse record.
Il n’est donc pas venu le temps des profils Facebook mis à jour en direct de la piste d’atterrissage.
La question reste à savoir pour combien de temps encore ?
 
Camille Gross

Société

Sophia Aram, rien ne va plus pour France 2

 
Le talkshow, animé par l’ex chroniqueuse de France Inter, est un fiasco. Dans sa longue chute aux enfers, l’émission entraîne outre un bashing acharné contre la personne de Sophia Aram, un coût très significatif pour France 2.
D’abord en direct, puis enregistré durant l’après-midi et remodelé à maintes reprises. Cela ne suffit toujours pas pour faire de ce talkshow « hybride », hésitant entre un stand-up amateur et une revue d’actualité bâclée : l’Access prime time espéré de cette rentrée 2013.
Les 943 000 téléspectateurs du 16 septembre, première de l’émission, se retrouvent en cercle restreint un mois plus tard à 386 000.
Comble de malchance ? Erreur de casting ? Irresponsabilité du Directeur de l’antenne et des programmes, Philippe Vilamitjana qui a été limogé cette semaine ?
L’inquiétude est telle que certains accusent cette émission d’être à l’origine d’un effet domino, entrainant une baisse d’audience jusqu’au journal de 20h.
Une situation financière délicate :
Cette inquiétude est d’autant plus légitime, qu’avec la suppression de la publicité après 20 heures, ce créneau est plus que stratégique pour France 2. L’Access prime time rapporte habituellement à France 2 près de 30% de ses recettes publicitaires.
Mais, depuis le désastre entrainé par l’émission de Sophia Aram, le compte n’y est plus. Ainsi, alors que TF1 se targue de vendre les 30 secondes de publicité après son Access prime time entre 14 400 et 26 800 euros, à la même heure sur France 2 le prix est au rabais, entre 4 900 et 7 400 euros.
« France Inter, ce n’est pas la France »
Sophia Aram propulsée comme anchorman de ce talk-show « à la française » ne semble pas être autant à l’aise que lorsqu’elle était chroniqueuse sur France Inter.
Vous vous souvenez ? Le bon temps où elle pouvait médire sur le Tout-Paris, et faire de ses lynchages radiophoniques une tribune personnelle, ce temps est désormais révolu.
Tout comme la radio, la télévision demande une expérience bien particulière afin de capter son public. Il faut faire preuve d’adaptabilité, gage de durée, mais surtout de succès. Et c’est bien là où Sophia Aram a failli à sa mission, comme le rappelait Laurent Ruquier « France Inter ce n’est pas la France, c’est à dire que France Inter, c’est Télérama, les Inrocks … A France 2 il faut pouvoir toucher un public beaucoup plus large ».
L’irresponsabilité de France 2 :
« Le bashing » que connaît Sophia Aram est justifiable et ce n’est pas pour déplaire à certains, l’arroseuse est enfin arrosée. Cette dernière est pourtant loin d’être la seule fautive. Anne Roumanoff avait déjà échoué l’année dernière sur le même créneau horaire. La candidature de Sophia Aram a été retenue après un grand nombre de refus de la part entre autres de Stéphane Bern, Ariane Massenet ou Flavie Flament.
Pourquoi un tel choix, de la part du désormais ex Directeur de l’antenne et des programmes, Philippe Vilamitjana ? A l’heure où l’ambiance est plus à la « planification », afin de répondre aux contraintes financières qui s’imposent à tous les opérateurs publics.
Combien ça coûte :
D’après l’Observatoire des subventions, l’émission couterait par semaine 70 000 euros, avec un contrat représentant 14 millions d’euros pour la société de production Morgane. Cependant, il existe une clause de sortie si l’émission ne rencontre pas son public. Cette clause de 3 à 6 mois impose une indemnité à la société de production qui s’élèverait aujourd’hui à 50%, de dédommagements sur le contrat initial, soit 7 millions d’euros selon le syndicat de l’audiovisuel public. Un montant exorbitant, surtout lorsqu’il s’agit de nos deniers publics !
Là où la télévision devrait divertir, c’est un échec. Là où le service public devrait être performant et doublement exemplaire sur ses investissements, c’est raté.
Dites « Stop ou encore » :
Cette semaine vient d’être nommé un nouveau Directeur de l’antenne et des programmes Thierry Thuillier, excellent professionnel de l’information, mais saura-t-il relever le défi d’une grille des programmes digne de l’audiovisuel public ?
A savoir plus proche de la ligne éditoriale de la BBC avec des programmes de qualité et de divertissement. Comme avait su le faire avec talent l’ancien Président de France Télévision et présentateur de «  Des Racines et des ailes », Patrick de Carolis. Il est nécessaire pour France 2 de s’éloigner de ces talk-shows « délirants » dignes de la télévision italienne.
Cher Monsieur Thuillier, outre le désastre financier qu’elle engendre, cette émission ne redonne pas le moral aux français, il est encore temps de réagir ! Comme le rappelait, si justement, Georges Pompidou, « arrêtons d’emmerder les Français » ! Faites ce geste de salut public : Dites « Stop ou encore ».
 
Romain Souchois
Sources :
Europe 1
Le Monde
L’Observatoire des subventions
Le Parisien
Photo à la Une :
Le Huffington Post

Société

BlackBerry Messenger : le coup de com de la dernière chance

 
Et non, aujourd’hui on ne parle plus de la chute du géant BlackBerry, mais du buzz inattendu de la firme canadienne qui a annoncé le lancement de son application BBM (BlackBerry Messenger) disponible pour les Smartphones Androïd et IPhone. Après un premier essai raté en Septembre, le constructeur a annoncé la reprise de son application avec plus de 10 millions de téléchargements en seulement 24h.

Les internautes n’ont pas eu à se faire prier pour prendre part à ce démarrage en force. Sans prévenir, les pages Facebook et autres fils d’actualité ont été envahis de postes pin BBM provoquant chez les internautes cet étrange sentiment de déjà vu. Sur Twitter, chacun y va de son commentaire critiquant tour à tour l’inutilité de l’application pour les téléphones androïdes et iPhone disposant déjà d’une quantité de messageries instantanées, ou encore  l’illégitimité du retour de BlackBerry considéré  comme dépassé.
Bien qu’au cœur des discussions, la firme canadienne n’aurait-elle pas vendu son âme au diable en voulant élargir sa communauté ? Les plus déçus sont les fidèles de la marque qui se voient désormais dans l’obligation d’ouvrir leurs  portes à de nouveaux utilisateurs de BBM appartenant à la concurrence. Néanmoins, malgré la critique dominante et le mécontentement général, chacun cède progressivement au mouvement et de plus en plus nombreux sont les adhérents.
Avec ce coup de com, il semblerait que BlackBerry soit revenu au devant de la scène. Mais malgré ce vent de fraicheur, l’avenir se présente incertain.
 
Filipine Guyonnaud

Société

Jacques a dit : Stop au massacre de la presse écrite

 
Tout commence en Juillet dernier, lorsque la Commission Européenne décide de ne pas renouveler l’appel d’offres pour la gestion du site multilingue Presseurop.eu qu’elle finance entièrement. En 2009, Courrier International avait contribué à la création de ce site unique en son genre[i], et en avait la gestion depuis 5 ans. C’est ce manque-à-gagner pour le magazine estimé à 2,5 millions d’euros par son président Antoine Laporte (soit 10% de son chiffre d’affaire) qui a entraîné, le 10 octobre dernier, l’annonce d’un plan de licenciement.
11 journalistes étaient dédiés au site Presseurop.eu au sein de la rédaction mais, sa fermeture[ii] ayant eue des conséquences sur le groupe tout entier (selon Antoine Laporte), 26 postes seraient concernés au total, correspondant au tiers de l’effectif du magazine, tous services confondus.
Pourtant, Courrier International est loin d’être mort : même si les ventes au numéro ont enregistré une baisse de 17% fin septembre 2013 par rapport à septembre 2012, le nombre d’abonnés est en hausse (+ 120 000 environ). Quant aux abonnés purement numériques, leur nombre a fait un bond de plus de 40% sur un an, atteignant le chiffre de 7000. Par ailleurs,  Antoine Laporte lui-même reconnait que « le journal est en bonne santé, les abonnements sont en hausse, la publicité est dans les clous du marché » et que « côté numérique, la publicité et les abonnements sont en croissance ».
Alors, pourquoi une telle décision a-t-elle été prise? Aucune annonce officielle n’est venue clarifier la position de la direction (rappelons que le magazine appartient au groupe Le Monde) malgré la grève générale qui a conduit à l’absence en kiosque d’un des derniers numéros (daté du 17 octobre). Cela faisait 23 ans que ce n’était pas arrivé ! Le mouvement de protestation a également conduit à la paralysie du site Internet ainsi que des comptes Twitter et Facebook de l’hebdomadaire pendant quelques jours.

Les fidèles du magazine se sont pourtant mobilisés en masse : des groupes de soutien ont été créés sur Facebook (10 000 « like » pour le plus important), des illustrations ont été envoyées par des dessinateurs du monde entier, et un hashtag dédié a même vu le jour sur Twitter (#SauverCourrier).
On pourrait rétorquer qu’il faut, pour qu’un journal payant puisse continuer à exister, qu’il apporte un point de vue, un commentaire ou un ton véritablement novateur sur l’actualité par rapport aux gratuits. Or, quel autre journal est mieux placé pour le faire que Courrier International? Pour le moins atypique dans le paysage médiatique français, il a la particularité de traduire et regrouper des articles issus du monde entier. Unique en son genre, il permet ainsi aux lecteurs d’adopter un point de vue différent sur des sujets pourtant actuels, tout en quittant l’actualité franco-française rabâchée dans le même temps partout ailleurs. Les salariés ne sont plus en grève depuis le 22 octobre dernier, même si aucun compromis ne semble avoir été trouvé.
Quelques jours plus tard, l’on apprenait grâce à l’AFP que Lagardère Active souhaite se séparer d’une dizaine de titres (dont Be, Auto Moto, Campagne et Décoration, Le Journal de la Maison, Maison & Travaux, Mon Jardin Ma Maison, Psychologies Magazine, Union, Première et Pariscope) pour recentrer son activité autour de ses marques phare : Elle, Paris Match et Télé 7 Jours entre autres. Ici, le chiffre fait froid dans le dos : 350 emplois sont menacés, puisque les magazines qui ne seront pas repris seront purement et simplement supprimés. Cette annonce a été suivie par une grève générale et à un arrêt de travail de la part des salariés, qui pourrait également mener à l’absence de certains titres en kiosque. Rappelons que Lagardère Active est le premier groupe de presse magazine en France et qu’il a réalisé en 2012 un chiffre d’affaire de 1,014 milliards d’euros.
Les hebdomadaires comme Courrier International et les magazines ne sont pas les seuls touchés, puisque Ouest France, premier quotidien national (avec 750 000 exemplaires) prévoit également de procéder à plus d’une centaine de suppressions de postes, sous forme de départs volontaires.
Toutes ces annonces s’inscrivent dans un contexte devenu malheureusement bien connu, puisqu’on parle de « crise de la presse » française mais aussi européenne –The Guardian, El Pais ou encore Frankfurter Rundschau sont en grande difficulté. Ainsi, il existait 30 quotidiens français jadis, il n’en reste que 7 aujourd’hui (avec la disparition l’année dernière de France Soir et de La Tribune).
Il faut donc plus que jamais nous interroger sur la nécessité de trouver un nouveau modèle économique viable pour l’ensemble de la presse écrite, quelle que soit sa périodicité. Les investissements doivent être nombreux : Ouest-France met actuellement en place un « laboratoire » d’une dizaine de personnes qui sera en charge du lancement de nouveaux produits sur la toile. Le quotidien souhaite aussi créer une « newsroom », afin que les informations puissent être reçues et circuler plus rapidement : la notion de temporalité est au cœur de la problématique actuelle. A l’heure où la multiplication des écrans et des supports de transmission de l’information dépasse tout ce que l’on aurait pu prévoir, il faut impérativement que tous les acteurs majeurs de la presse écrite s’adaptent au virage -pour le moins brutal- du digital et mettent en place des outils correspondants. Les enjeux sont énormes, et il en va de l’avenir de la presse tout entière.
 
Elsa Mahouche
Sources :
Huffingtonpost.fr
Lesechos.fr
Boursorama.com
Lacroix.com

Image de Une :
Joe Magee
 

[i] Presseurop.eu publie une sélection d’articles tirés de la presse européenne et internationale sur la politique, la société, l’économie, l’environnement, la culture et la perception de l’Union européenne dans le monde. Le site est éditorialement indépendant et fait partie d’un projet de la Commission européenne qui vise à créer des réseaux d’information européens multilingues sur les principaux supports (Internet, radio et télévision)

[ii] Sa fermeture effective prendra effet le 31 décembre 2013

Société

Vend bébé pour un Iphone… ou pas !

« Ca coûte un bras », disait l’autre. Un couple chinois est actuellement poursuivi par le tribunal de Shanghai pour avoir vendu aux enchères leur fille tout juste née pour faire l’acquisition d’un IPhone dernière génération et de chaussures de sports de marque.
Selon le Jiefang Daily les parents au chômage, appelés M. Teng et Mme Zhang, ont posté en ligne juin 2013 une annonce qui laissait entendre qu’ils se sépareraient de leur bébé contre 50,000 yuans (3600€). Après une grossesse cachée, un accouchement maison et une petite transaction, ils ont utilisé leur carte bancaire fraîchement créditée pour une série d’achats sur internet, ce qui a permis aux enquêteurs chinois de les retrouver facilement.
Ce qui interpelle, c’est bien l’achat de l’IPhone, et on ne manque pas de rappeler dans la presse cet autre fait divers sordide du jeune garçon chinois qui avait vendu son rein pour pouvoir s’acheter un IPhone 5. Rapprochement maladroit ? En effet, un lien de causalité étrange apparaît : le prix de vente l’IPhone pousserait les gens, et particulièrement les Chinois à commettre le pire. Plus ? En Chine un smartphone coûte en moyenne 75 euros contre 5288 yuan (652 euros) pour le 5s et 4488 yuan (553 euros) pour le 5c.
« La faute à Apple » ?
Rimond Leïla
Sources :
www.telegraph.co.uk
www.lexpress.fr
www.washingtontimes.com
www.lefigaro.fr
Images :
www.gizmodo.fr
www.lci.tf1.fr

Société

Une drôle de tempête qui se prépare sur Pyongyang

 
La marque suédoise de sous-vêtements Björn Borg s’apprête à lâcher sur Pyongyang plusieurs centaines de… petites culottes ! En effet, afin de promouvoir ses sous-vêtements, la firme a lancé sur son site un appel aux internautes : ceux-ci doivent voter pour la ville sur laquelle ils souhaiteraient voir s’abattre le 31 octobre une pluie de culottes et de boxers sexys. La capitale nord-coréenne remporte à ce jour haut la main le vote des participants, qui se sont eux-mêmes permis d’ajouter la capitale fortifiée à la liste des villes en course. On découvre ici la bienveillance – ou l’humour – des sud-coréens qui se sont mobilisés en masse pour voir la place forte de leurs chers voisins bombardée de sous-vêtements.
On pourrait croire que la marque renoncerait à son opération, mais ils tentent de faire croire le contraire : le directeur marketing rebondit sur le succès de la mobilisation pour se payer une opération de communication supplémentaire, martelant son désir de tout mettre en œuvre pour apporter « un peu de séduction » à une ville qui en aurait bien besoin. On sourit aisément à l’idée de la réussite d’un tel projet : qu’un avion pénètre dans la zone aérienne la plus sensible au monde, fasse pleuvoir ses armes de séduction massive sur une population qui ignore tout de ce que le monde capitaliste a fomenté dans son dos, et surtout la perspective d’une photo volée de Kig Jong-un avec une culotte en guise de couvre-chef surprise, voilà ce qui fait déjà le premier succès de la campagne. Pour ce qui est de sa mise en œuvre, c’est une affaire qui reste à suivre…
 
Inès Garmon

Société

N'est pas Dieu qui veut…

 
Il n’aura sûrement échappé à personne (pour les autres, pas de panique, je vous mets au parfum dans un instant), mais il y a au moins une personne à Paris qui ne connaît pas Kanye West. On a pu découvrir cela en regardant le Petit Journal de Yann Barthès il y a quelques jours.
Dans cette vidéo, une parisienne tombe sur Kanye West qui se fait photographier devant un immeuble. Intriguée, elle demande le plus simplement du monde qui est cette personne. Kanye West comprend et se présente, puis rentre dans le bâtiment, visiblement très vexé…
Que vient faire ici Kanye West me demanderez vous ? Et bien cette vidéo très amusante est la preuve de l’échec total de sa communication. En effet, Kanye West ne cesse depuis quelques mois de se proclamer devant toutes les chaînes de télévision la « number one rock star on the planet ». Il est « Jim Morrisson and Jimi Hendrix ». J’en passe et des meilleures.
Or, cette femme est la preuve vivante, et loin d’être la seule, qu’il n’est pas la rock star qu’il prétend être. Coup dur pour cette star mégalo qui pense que tout le monde sait qui il est et ce qu’il fait. C’est le risque de tenir ce genre de propos devant toutes les chaînes télévisées. Pas sûr que Kanye West ait un service de communication à proprement parler, mais cette vidéo Youtube est pour lui une humiliation et un flop magistral.
Le rire est la preuve la plus visible de cet échec communicationnel. Ce rire vient sûrement du fait que Kanye West tombe de son piédestal. Il ne peut contrôler ses réactions, un peu comme un enfant à qui on vient de dire quelque chose qui ne lui plait pas, il prend cela très sérieusement. La tête de Kanye West lorsqu’il est face à son propre flop fait rire d’elle-même. Le pire ennemi de ce king quelque peu autoproclamé réside dans le rire, arme fatale brandie contre lui depuis quelques temps.
Le flop de Kanye West est manifeste. Mais cet échec lui sera peut-être bénéfique malgré tout. Yann Barthès et surtout Ophélie Menier (sa nouvelle comparse à l’écran) ont retrouvé cette fameuse « femme qui ne connaît pas Kanye West » et son mari. Maintenant, elle le connaît, et l’équipe du Petit Journal l’a montrée en train d’écouter sa musique. Le mari de cette femme surtout, qui a vivement approuvé, rejoignant l’ironie très souvent proposée par Yann Barthès. Ils ont donc diffusé sur la chaîne des extraits de ses chansons. Ironie ou non, ces morceaux sont passés à l’antenne, pour ceux qui ne connaissaient pas Kanye West non plus… Cela reste à relativiser car le Petit Journal vise avant tout un public jeune, mais la présence de Kanye West et de ses chansons restent pour lui un avantage. Quel est le but de se proposer comme la rock star du monde sinon qu’on parle de soi ?
Et ensuite que voyons-nous en suivant les nouvelles ? Eminem, pour la sortie de son nouvel album très attendu, prend exactement le même chemin… Bataille ridicule pour la suprématie ou stratégie bien sentie ?
Dans le cas d’Eminem comme de Kanye West, le but est très certainement de mobiliser les fans sur les réseaux sociaux. Les réactions aux déclarations d’Eminem ne se font pas attendre, le gagnant est alors le rappeur qui aura les fans les plus mobilisés. Alors, flop ou pas ? La question mérite d’être quelque peu reposée. Cette quête de la couronne est forcément vouée à l’échec car mettre tout le monde d’accord est impossible, cela ajouté au fait qu’une grande partie de la population ne s’y intéresse pas. Du point de vue de la mobilisation des fans déjà conquis, l’échec n’est peut-être pas si important. Kanye West et Eminem ne se lancent pas dans une campagne de conquête d’un nouveau public, ils se lancent dans la quête de contact avec leurs fans déjà existants. Ils rechercheraient alors une sorte de « feed back », chose qui était plus difficile à obtenir avec Internet qui commençait seulement à s’imposer au début de leur carrière. Tireraient-ils ainsi pleinement partie des nouvelles possibilités des réseaux sociaux ?
 
Paola Paci
Sources :
http://www.lefigaro.fr/musique/2013/10/15/03006-20131015ARTFIG00413-eminem-se-prend-pour-le-dieu-du-rap.php

La minute pop du 07/10

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Société

Caisse d'épargne : l'échec d'une stratégie digitale

 
La Caisse d’Épargne Auvergne-Limousin a fait parler d’elle, ces derniers jours, en détournant trivialement son animal emblématique sur sa page Facebook. Présenté les testicules coincés dans une mangeoire, l’écureuil-victime accompagne de manière sarcastique le slogan de l’enseigne : Parce que les accidents n’arrivent pas qu’aux autres, la Caisse d’Épargne prend aussi en charge les séquelles temporaires… 
Le message décalé qu’a voulu véhiculer l’institution n’a pas été apprécié par ses clients, qui ont associé cette ironie triviale à une preuve de médiocrité et à un manque de sérieux et de professionnalisme : Vous vouliez être drôle ? Mais alors que faites-vous avec notre argent ? Vous rigolez avec ? (1). Comment comprendre une telle consternation face à une opération de communication pourtant originale et audacieuse ? Suite à cet afflux de commentaires négatifs, la banque a supprimé son post et présenté ses excuses. Cette stratégie du mea culpa sonne comme l’aveu d’une erreur communicationnelle.
La dérision et le ton décalé sembleraient être en incohérence avec les codes communicationnels du secteur bancaire, à tel point que les internautes ont d’abord cru à un piratage du compte Facebook de la banque. L’image corporate de la banque semble se heurter aux codes particuliers du Web 2.0, marqués par des jeux de détournement et de second degré.
Au risque de se voir décrédibilisées, les institutions bancaires sont-elles vouées à conserver une posture communicationnelle sobre et minimaliste ? Sans l’humour, pilier de la créativité, comment peuvent-elles innover dans leur stratégie communicationnelle ?
 
 Alexandra Ducrot
(1) Un des commentaires sur le compte Facebook de la Caisse D’Épargne Auvergne-Limousin
Sources :

https://www.facebook.com/Caisse.dEpargne.Auvergne.Limousin?fref=ts
 
 
 
 

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flux de donnees
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Données numériques, un enjeu stratégique majeur

 
Edward Snowden, l’informaticien américain assure que de nombreuses informations numériques venues du monde entier sont, chaque jour, interceptées par la NSA et d’autres entreprises privées américaines. Suite à cette révélation de détention de données européennes par les Etats-Unis, les Sénateurs français appellent à la mise en œuvre d’un projet européen de réglementation des données numériques.
L’Union Européenne doit absolument maîtriser les données relatives à son territoire, il en va de sa souveraineté. Outre une protection de la vie privée des citoyens européens, cela représente également un manque à gagner pour les entreprises européennes. La collecte de données permet, en effet, d’établir le profil de millions d’individus monnayables ensuite auprès des annonceurs ; ce qui constitue une manne financière considérable.
La solution serait de stimuler l’émergence d’un cloud européen – un ensemble de serveurs accessibles par internet qui traitent et stockent les données – car un texte de réglementation resterait insuffisant. En effet, actuellement le cloud produit par des entreprises américaines est soumis à la législation de ce pays. Ceci permet aux Etats-Unis d’user des données comme bon leur semble. A l’ère du numérique, il s’agit d’entrer dans la danse de gouvernance de l’internet mondial, élément incontournable de la puissance étatique. Parallèlement, il est nécessaire de développer une base industrielle de cyberdéfense des données numériques. La route reste longue avant que l’Union ne devienne un acteur prépondérant dans le domaine numérique.
 
Miléna Sintic