Société

Le retard de Watchdogs, stratégie commerciale ?

 
Mardi 15 octobre, Ubisoft annonçait qu’il s’attendait à une perte opérationnelle comprise entre 40 et 70 millions pour l’année à venir suite notamment au retard de lancement de Watch Dogs, jeu majeur aux résultats de l’entreprise. Suite à cette déclaration, l’action de la société a chuté de 23%, témoignant des doutes des investisseurs quant à la stratégie du développeur français.
Car on pourrait bien parler de stratégie. En effet, si la raison invoquée pour expliquer ce délai est un développement pas encore tout à fait terminé, il est apparu que les motivations d’Ubisoft pourraient être plus diverses.
Tout d’abord, cette décision aurait avoir avec GTA V, lui aussi repoussé plusieurs fois avant sa sortie définitive (le best-seller de Rockstar étant déjà accusé d’avoir causé le flop de FIFA 14, titre pourtant en tête des ventes chaque année).
Une autre raison évoquée serait un marché des consoles nouvelle génération plus important l’année prochaine ce qui permettrait à Watch Dogs de remplir pleinement sa vocation de best-seller. Enfin, l’actualité créée autour du jeu lui donne une visibilité qu’Ubisoft ne saurait mésestimer.
Néanmoins, cette décision empêche la sortie du pack PS4/Watch Dogs ainsi que sa présence dans les rayons pour les fêtes de fin d’année, ce qui pourrait être catastrophique en terme de vente.
Ubisoft aura-t-il donc eu raison de repousser la date de sortie de son titre phare ? Réponse en début d’année prochaine.
Thomas Luck
 

Société

Jacques a dit « Vapotez ! » (ou pas ?)

 
Chers curieux,
Vous avez tous entendu parler de la cigarette électronique. Cet appareil composé d’une capsule remplie d’un liquide, d’un système de chauffage et d’une batterie.
Qu’y a-t-il dans ce liquide ? De l’eau, des arômes divers et parfois de la nicotine à différentes concentrations. Elle a été créée à la base comme substitut à la cigarette qui aujourd’hui tue environ 50% de ses fidèles consommateurs -ce qui est une intention plus que louable ; en plus d’être dite moins nocive, elle est aussi économique. En effet, le prix d’une e-cigarette varie entre 40 et 150 euros et celui d’une recharge entre 5 et 8 euros. Or une recharge représente l’équivalent de quatre paquets de clopes. Donc, côté fumeurs on se réjouit !
Mais la cigarette électronique, plus qu’une « aide » au sevrage tabagique, constitue un business en plein boom. Le chiffre d’affaire aux Etats-Unis de 2013 est estimé à 1,7 milliards de dollars. En France, on compte 500 000 « vapoteurs », et plus d’un million ont déjà essayé.
Et si la majorité de l’offre se trouve sur internet, le nombre de boutiques spécialisées se multiplie de manière exponentielle.
Entre substitut, alternative fun ou mode « bobo », la cigarette électronique est partout. A croire que tout le monde « vapote » en toute tranquillité. Et pourtant, elle fait parler d’elle, comme l’ont montré les débats houleux au Parlement Européen ce mois-ci. Elle est l’occasion de discours virulents « contre », et de manifestations « pour » comme en témoigne cette photographie tirée de Libération

Personne ne semble d’accord mais tout le monde a une opinion.
L’e-cigarette est une préoccupation de santé publique mais aussi politique car ne l’oublions pas un « vapoteur » reste un électeur.
Le fait est que la cigarette électronique se passe bien de bonne presse, car si sa publicité est interdite, le bouche à oreille semble très efficace. Si la vente aux mineurs est interdite, regardez la sortie des lycées et même des collèges…
Il semble que ni débats, ni réticences n’empêchent de vapoter.
Le véritable problème réside dans le flou et l’ambivalence qui planent autour de la cigarette électronique. Elle n’est pas un médicament alors que les produits qui contiennent de la nicotine ne sont mis sur le marché que sous l’étiquette « médicament ».
Elle se présente comme une alternative moins nocive à la cigarette, mais comment croire à une préoccupation de santé publique quand on sait qu’aucune étude scientifique n’en a prouvé l’efficacité pour arrêter de fumer la cigarette classique ?
La dangerosité du produit est aujourd’hui mal évaluée, de nombreuses erreurs d’étiquetage concernant le dosage ont été décelées.
Et cette ambivalence n’est pas sans incidence sur les stratégies de communication à adopter.
N’est-ce pas plus agréable de commander une cigarette électronique rose à paillettes goût melon que d’aller à la pharmacie acheter un patch? Choisir une e-cigarette devient presque aussi dur que de choisir son téléphone portable tant le choix des couleurs et des formes est différent. Tout est dans le design.
En effet, on n’achète pas un médicament, mais plutôt un accessoire esthétique.
Ne faisons pas les innocents, le large choix des « arômes » séduit en général un public jeune et plutôt féminin. Ceux-ci constituaient déjà la cible des cigarettes classiques au chocolat, les Pink Lady… Alors véritable progrès ?
Ainsi, ce flou profite à ce marché et participe à une redéfinition des arguments de vente et de l’image du produit : la cigarette électronique née comme substitut, devient une alternative fun, respectueuse (fini de déranger son voisin avec sa fumée) et même esthétique…
Quand fumer est « has been », « vapoter » devient branché et ça les grands groupes comme Marlboro, British American Tobacco l’ont compris et commencent à développer et commercialiser leurs propres modèles d’e-cigarettes.
Mais alors santé ou business en premier ?
 
Sophie Cléret
Sources :
http://www.fagg-afmps.be/fr/news/news_cigarette_electronique_2013_04.jsp
http://www.liberation.fr/societe/2013/03/05/fausse-cigarette-de-la-fumee-sans-feu_886567

Société

Grands changements et dommages collatéraux chez Lagardère Active

 
La menace Internet pesant sur la presse papier a récemment touché une victime de grande ampleur. La nouvelle est tombée jeudi dernier : le groupe Lagardère Active, premier groupe de presse magazine français, se sépare de dix de ses 39 titres parmi lesquels on peut compter Be, Psychologies magazine, Première, Pariscope ou encore Campagne, dont les futurs acquéreurs restent encore inconnus.
Dans une interview du Monde, Denis Olivennes, président du directoire et futur directeur général du pôle presse magazine, expose en termes vagues la stratégie de réorganisation du groupe : il s’agirait, à présent, d’investir essentiellement dans les titres les plus importants (entendons : rentables) pour la société et surtout d’exploiter leur « forte capacité de développement numérique ».
La réaction des salariés ne s’est pas faite attendre, entre manifestations devant le siège le jour de l’annonce, et une préparation de grève générale prévue pour lundi 21 Octobre. 350 postes seraient en effet touchés par ces remaniements. Et si Denis Olivennes affirme son désir de préserver ces emplois au cours des cessions, il écrit parallèlement au personnel que les titres ne trouvant pas d’acheteur seront voués à être fermés.
Bien que contestée, l’action du groupe Lagardère reflète la stratégie dominante de la presse actuelle : surmonter les maux apportés par l’ère digitale en se soumettant aux nouvelles donnes de celle-ci et s’adapter du mieux que possible. Le tout est dès lors de savoir dans quelle mesure cette presse papier est capable de se plier, sans se briser.
 
 Charlène Vinh

Société

Un Tweet pour les sans-abris

 
Depuis le 17 octobre, journée mondiale du refus de la misère, est apparu un nouvel hashtag dans la twittosphère : #Tweet2Rue. Derrière ce hashtag, 5 personnes en grande précarité équipées de Smartphones tweetent leur quotidien. Cette opération, orchestrée par la Fondation Abbé Pierre, France Inter, Génération Réactive et la FACE 93, a fait réagir la twittosphère très partagée entre soutien d’un côté et malaise affiché de l’autre.
Ainsi, le hashtag #Tweet2Rue a été fortement monopolisé par des twittos choqués par ce qu’ils percevaient comme une mise en scène de plus des SDF : après les SDF équipés de bornes Wi-Fi ambulantes ou les SDF hommes sandwichs pour Ogilvy, les SDF sont-ils une fois de plus privés de leur libre-arbitre ? Est-il indécent de laisser les sans-abris mettre en ligne leur quotidien sur un réseau social ?
Pourtant, il faut rappeler que contrairement à ces initiatives précédentes, celle-ci vise bien à laisser le citoyen (sans-abris) libre d’exprimer lui-même son quotidien en ligne, en lui fournissant les outils nécessaires à cette mise en réseau.
Le principe de cette initiative est simple : au-delà d’être définis par ce que les SDF n’ont pas (sans-abris, sans domicile fixe), ces personnes en situation de grande précarité sont avant tout mises à la marge de la société, et donc avant tout en situation d’isolement.
Leur fournir un téléphone portable, et a fortiori un Smartphone, leur permet de recommencer à tisser un lien social, nécessaire à leur sortie de la misère, mais aussi précieux pour leur survie. En effet, grâce à un Smartphone, ils peuvent en plus de tweeter, contacter et être joignables à tout moment, chercher des emplois sur internet, un endroit pour dormir, être en contact avec les services sociaux… On est loin de l’idée d’un Smartphone qui ne serait qu’un gadget, que certains utilisateurs de Twitter voudraient voir revendu par ces sans-abris.

Face à l’indignation que suscite cette opération, on est en droit de s’interroger sur les raisons d’un tel malaise parmi les twittos, qui ne se privent pas d’exprimer leur ressenti :

En effet, s’il peut paraître plus simple d’entrer en contact avec des personnes qu’on ne connait pas via un réseau social comme Twitter, la réalité de l’exclusion se rappelle d’elle-même de par ce type de réactions. En caricaturant, on pourrait résumer : sur Twitter comme IRL, on préfère les chats aux SDF.

Pour ma part, il me semble que c’est là où cette initiative courageuse prend tout son sens : il s’agit de donner la possibilité à des sans-abris de s’exprimer d’eux-mêmes dans un espace où on ne les entend pas, et où on refuse parfois même de les voir. Cette réappropriation de l’espace citoyen, et ici médiatique se fait sur le long terme. Avec une visée plus longue que celle du buzz puisqu’elle veut se faire sur plusieurs mois, elle permettra ainsi peut-être de pouvoir combattre les préjugés et l’incompréhension de leur situation pour ceux qui ne la connaisse pas.

Le choix de Twitter est-il pertinent ?
Cependant, au-delà du débat émotionnel, il est légitime de s’interroger sur la pertinence du choix de Twitter comme vecteur de cette opération. En effet, la durée de vie des tweets est très courte, et convient parfaitement au commentaire d’émissions durant le créneau de l’émission par exemple. Mais qu’en sera-t-il pour une opération de ce type et à long terme ?
La question se pose d’autant plus que la parole des SDF se retrouve noyée du fait du petit nombre de leurs propres tweets par rapport au nombre de tweets de leurs commentateurs. Ainsi, il faut se rendre sur chacune de leurs TL pour prendre connaissance des tweets de Patrick, Nicolas, Ryan, Sébastien et Manu, qui n’ont publié pour l’instant à eux 5 que 118 tweets (au 20/10/2013 à 18h). Les commentateurs se retrouvent donc dans une position de confiscation de la parole de ces SDF.
Cette confiscation intervient comme une barrière supplémentaire ajoutée à celle de la difficulté à s’approprier les codes d’un nouvel espace social. Les médias utilisés pour l’instant : l’écriture, le Smartphone et Twitter, demandent une prise en main qui n’est pas innée, et d’autant moins aisée que l’accueil médiatique qui leur est réservé apparaît mitigé.
Pour éviter que la parole sitôt donnée ne se retrouve confisquée, il est nécessaire d’établir une légitimité à cette parole auprès des twittos en encourageant et en accompagnant cette démarche. C’est ce que devrait permettre en partie le suivi de ces cinq SDF par cinq journalistes de France Inter, qui se contenteront cependant de retweeter ces 5 volontaires.
Si l’idée d’humaniser les chiffres de la misère en y associant ses vrais visages n’est louable, encore est-il nécessaire de leurs donner la voix nécessaire pour faire entendre leurs maux. Sur ce point, le manque de relais transmédia de cette initiative (quelques minutes seulement sur France Inter le 17 octobre) s’apparente à une erreur compte tenu du peu de visibilité de l’initiative et de l’accueil qu’elle reçoit. Accueil, dont on ne peut qu’espérer qu’il se réchauffera avec l’arrivée de l’hiver.
 
Lorraine de Montenay
Sources :
http://www.tweets2rue.fr
http://www.franceinter.fr/evenement-tweets-2-rue
https://twitter.com/search?q=%23tweets2rue&src=hash
http://www.toutalego.com/2013/10/tweet2rue-quand-twitter-confisque-la.html

Société

Arrêtes-toi si tu peux

 
Pour mes doigts. Pour mes 30 ans. Pour l’exemple. Pour lui.
De grands rectangles colorés qui se superposent, des messages accrocheurs en lettres blanches sans cohérence apparente.
Puis, en plus petit, cette conclusion : « On a tous une bonne raison d’arrêter de fumer. »
Dans le métro, cette campagne de l’INPES ne vous aura pas échappé.

A contrepied des campagnes traditionnelles qui mettent l’accent sur la santé, les problèmes cardio-vasculaires ou les déformations atroces dues au tabac, l’INPES change d’angle et mise sur une stratégie plus ludique. La campagne repose en effet sur l’auto-analyse et surtout la motivation du fumeur. Pour une fois, l’arrêt du tabac est proposé de manière positive ; l’accent est mis sur la carotte plutôt que sur le bâton.  Chaque fumeur est invité à trouver « sa bonne raison » d’arrêter.

Dans son communiqué de presse, l’INPES explique : « Le point de départ et non le moindre est la motivation (…). Si les risques du tabac sont bien identifiés par chacun, la motivation aurait besoin d’être encouragée. »
La version vidéo de la campagne propose une approche empathique. On y voit des scènes de la vie quotidienne susceptibles de trouver un écho en chaque fumeur. A chacun sa motivation, qu’il s’agisse de la santé, de l’entourage et de ses proches, de raisons financières ou encore esthétiques.

Voilà ce qu’en dit Yvan Attal, le réalisateur du film « Les raisons » : « Penser les choses « à l’envers », c’est-à-dire penser à tout ce qui permet de mieux profiter de la vie sans cigarette, est un bien meilleur point de départ pour donner envie d’arrêter à celui qui fume. C’est la dimension humaine, esthétique, et émouvante de ces scènes qui donnera peut-être envie à certains de décrocher ».
Tabac et publicité
Petit focus sur le lien entre tabac et campagnes de communication.

Pour lutter contre le tabac, on peut lister trois tendances générales : l’incitation à modifier son comportement, la réglementation et enfin les mobilisations collectives. Les stratégies des campagnes évoluent et s’adaptent aux comportements. Le site de l’INPES répertorie les différentes stratégies des campagnes depuis 1976 (date de promulgation de la loi Veil) :
1976 : première pierre de l’édifice
De 1993 à 1996 : une communication positive
De 1997 à 2001 : « Vous pouvez vous faire aider ! »
Depuis 2001 : « Ne supportez plus la fumée des autres ! »
2001-2003 : informer sur la toxicité de la cigarette
Depuis 2004 : « Fumer, c’est dépassé »
En 2010, renouveler les messages
En 2011 et 2012, l’Inpes mise sur la motivation
Retrouvez ici toutes les campagnes de communication de l’INPES :
http://www.inpes.sante.fr/10000/themes/tabac/campagnes.asp
Mais qu’en pense le public ?
Alors, des campagnes efficaces ? L’INPES a mené l’enquête.
D’après eux, le public est demandeur de campagnes « dures » pour dénoncer les méfaits du tabac, comme c’est le cas dans la campagne anti-tabac « Révélation » de 2002 :

Mais pas seulement.
La nocivité de la cigarette est connue de tous, c’est pourquoi il y a une demande concernant la difficulté d’arrêter. Avec cette nouvelle campagne, on insiste sur la dédramatisation du sevrage.
Pour ceux qui préfèrent arrêt plus en douceur, il y a toujours les cigarettes électroniques. Des couleurs, des parfums, des tailles différentes. Il y en a pour tous les goûts. Avec près d’un million d’utilisateurs occasionnels et 500 000 vapoteurs réguliers, on ne présente plus l’e-cigarette, véritable phénomène de mode.
Le succès d’une campagne anti-tabac repose sur certains principes : communiquer sur la santé publique requiert quelques précautions. Il s’agit de ne pas stigmatiser ou inquiéter, ne pas imposer de normes sociales, ne pas décrire les risques sans proposer des solutions, etc. Comme le souligne l’INPES, « cette communication est d’autant plus délicate qu’elle peut paraître intrusive, normative et aller contre la liberté des individus. »

Un exercice délicat, donc, auquel l’INPES se prête avec plus ou moins de succès. « On a tous une bonne raison d’arrêter », c’est déjà un changement d’angle par rapport aux campagnes précédentes.
En bref, une campagne qui a le mérite de communiquer d’une manière différente.
 
Clara de Sorbay
Sources :
L’INPES, ici et là.
Minutebuzz
Le Figaro

Société

Dis moi comment tu te sens et je choisirai ta musique !

 
Qui ne s’est pas déjà enfermé dans sa chambre en écoutant « All by myself » de Jamie O’Neal pour se refaire la scène du Journal de Bridget Jones après un chagrin d’amour ? Ou au contraire, qui ne s’est pas déjà mis dans l’ambiance sur « Please don’t stop the music » de Rihanna avant de partir en soirée ? Ou tout simplement, qui n’a pas mis en marche sa playlist préférée pour se détendre sur son canapé ? En effet, lorsqu’une humeur nous submerge, la musique vient souvent bercer ces émotions, les accentuer et donner à ce moment une ampleur particulière… Et cette idée, la Polish Radio l’a bien comprise !
En Pologne, cette société de service public qui possède plusieurs radios polonaises a voulu promouvoir la musique qu’elle diffuse et sa volonté de couvrir l’ensemble des styles musicaux. Polish Radio s’est alors alliée avec l’agence Hypermedia Isobar pour créer un événement original en jouant sur cette relation entre musique et humeur : Soundtrack to your life.
Lors de l’événement scientifique le plus important d’Europe, le Science Picnic, organisé conjointement par le Copernicus Science Centre et la Polish Radio, cette dernière a fait tester un dispositif de casque mental à 150 000 volontaires. 150 000 volontaires, mais surtout 150 000 humeurs musicales… Le concept est alors présenté comme tel : la radio tente de proposer une playlist adaptée à chacun de ses auditeurs – dans le prolongement de son positionnement de couvrir une grande diversité de styles – grâce à un casque mental qui mesure l’activité cérébrale. Ce dispositif est relié à un logiciel qui permet alors de choisir un style musical en fonction de cette activité cérébrale : l’humeur est alors en parfait accord avec la musique proposée !
Je vous laisse découvrir la vidéo :

D’un point de vue communicationnel, les points forts sont bien réels. Ce discours autour d’une musique qui serait essentielle à notre vie et donnerait une énergie particulière à des moments du quotidien est un positionnement qui semble parler à beaucoup d’entre nous. Bien que cette expérience inédite s’adresse à un public large et varié (comme nous pouvons le voir sur la vidéo), il semble tout de même que cette promotion se tourne véritablement vers le futur. Innovation technologique, musique, événement et prise en compte de la personnalité et de l’humeur personnelle sont autant d’éléments attractifs très bien maniés par la Polish Radio et Hypermedia Isobar qui se sont tournés vers une génération actuelle, très imprégnée par le monde musical. A l’heure où de nouveaux titres sortent en masse, où les clips envahissent les chaines de télévision et où la musique semble s’imposer comme un élément majeur du monde communicationnel, cette campagne polonaise semble vouloir revenir à un point essentiel : la part créative et le plaisir des sens qui doivent accompagner la définition même de la musique. Il s’agit de la considérer en tant que telle et pour elle, en accordant notre intimité avec un morceau afin d’y prêter une attention particulière. La musique n’est plus reléguée au second plan, elle n’est plus un fond sonore qui se mêle à la rapidité de notre quotidien : elle devient un élément à part entière de notre intériorité.
La nature très éclectique de cette radio polonaise est elle aussi, mise en avant à travers l’idée que chacun peut trouver son bonheur. C’est bien la radio qui sait s’adapter à ses auditeurs grâce à une grande diversité musicale adaptable et personnalisable. Mais la découverte est aussi au rendez-vous : il ne s’agit pas de se restreindre à un style ou une tendance – comme le font ne nombreuses radios, notamment en France – mais bien de s’ouvrir vers une pluralité de cultures par la musique.
De plus, toute cette expérience fut réalisée sans aucun budget média ! Elément dont se vante réellement les deux organisateurs et qui peut apparaître comme un choix louable à l’heure où des milliers d’euros peuvent être déboursés pour des stratégies de communication médiatique.
Pour finir, cette idée de la Polish Radio m’a tout de suite rappelé la webradio italienne Stereomood qui propose un slogan très simple : Turn your mood into music* ! Le concept est efficace : des playlists nous sont proposées en fonction d’humeurs, de sentiments, d’activités… Musique et émotion sont alors intimement liées dans le concept de Stereomood qui nous épargne cette question récurrente de savoir quoi écouter. Et en bonus : ce site propose d’écouter et de partager les nouveaux morceaux d’une centaine de blogs de musique internationaux. Il ne s’agit donc pas de tubes que la radio passe cinq à six fois par jour : il s’agit de faire découvrir de nouvelles musiques d’artistes et de labels indépendants.
La musique semble donc être au cœur de nouveaux enjeux mais surtout de nouveaux discours qu’il va falloir prendre en compte pour l’avenir des radios. L’humeur, l’intériorité et l’intimité même de la personne sont désormais au premier plan pour redonner une vie, une personnalité, à cette radio qui nous permet d’écouter, mais qui semble aussi nous écouter. Alors, quelle playlist allez-vous tester ? « Just woke up », « busy as a bee », « it’s raining », « sitting on the toilet » ou encore « optimistic » ?
 
Laura Lalvée
Sources :
http://lareclame.fr/64376+casque+mental+radio#video
* Transformez votre humeur en musique !

Société

Trick or Treat !

 
Le mois d’octobre est l’un des mois les plus importants pour l’économie américaine. Il s’agit en effet du mois d’Halloween, une fête devenue l’une des plus commercialisées aux Etats-Unis.
Au départ, Halloween n’était rien d’autre que la veille de la traditionnelle Toussaint chrétienne, partageant avec celle-ci son origine celtique. Désormais, Halloween est devenue la fête qui engendre les plus gros revenus annuels des compagnies de confiseries et de déguisements.
Au début du 20e siècle, les enfants américains ont commencé à se déguiser en monstres et sorcières et surtout, à utiliser une phrase restée iconique dans l’imaginaire américain : « trick or treat? ». Cette phrase, souvent traduite par « farce ou friandise ? », trouve ses origines dans la tradition celte. Conformément à cette tradition, les enfants se déguisaient en esprits avec des draps blancs et demandaient des fruits ou des gâteaux la veille de la Toussaint.
Au cours du 20e siècle, les compagnies américaines de confiseries se sont aperçues de l’immense opportunité économique que ce marché pouvait représenter et bientôt, les grandes surfaces ont commencé à recevoir des stocks supplémentaires de confiseries durant le mois d’octobre.

Aujourd’hui à peine passée la fête nationale américaine du 4 juillet que les magasins et les supermarchés commencent à changer leur offre saisonnière. Et, puisqu’il n’y a pas de fête entre la fête nationale américaine et Halloween, le processus de commercialisation qui, auparavant commençait seulement en octobre, a vite englobé tous les mois qui séparent ces deux fêtes, en quelques sortes afin que l’image d’Halloween reste gravée dans l’esprit des consommateurs.
Aussi, Halloween est-elle depuis longtemps devenue une fête essentielle pour l’économie américaine. Non seulement les compagnies de confiseries ont renforcé leur présence publicitaire et médiatique mais les compagnies de déguisements, les compagnies de décorations, les parcs d’attractions et même les agriculteurs considèrent désormais, eux-aussi, Halloween, comme l’une des périodes les plus importantes de l’année en terme de vente, sinon la plus importante.

Pourquoi Halloween est-elle autant commercialisée ? Des déguisements, des citrouilles, des bonbons, des décorations pour les fêtes : au fil des années, les médias ont utilisé des symboles pour faire référence à Halloween et assurer les ventes. Ainsi par exemple, les déguisements qui avant représentaient essentiellement des monstres font aujourd’hui référence aux phénomènes culturels actuels. Les décorations en forme de crânes, indispensables à toute soirée Halloween, à commencer par la citrouille orange à tailler et poser devant la maison ou les bonbons à donner aux enfants s’inscrivent également dans cette logique de marché. Les compagnies ont su non seulement ancrer ces symboles dans l’imaginaire américain, mais aussi les mettre à jour afin d’assurer leur pérennité et surtout de garantir les ventes. Un bon exemple est celui des déguisements : avant réservés aux enfants, ils sont aujourd’hui également portés par des personnes plus âgées parce que les compagnies ont introduit des déguisements appropriés pour chaque tranche d’âge.
Enfin, la citrouille orange est un autre symbole qui génère énormément de ventes. On peut la tailler avec des amis et mettre des bougies à l’intérieur pour en faire des lanternes, mais on peut aussi s’en servir pour faire du jus, des déguisements et d’autres articles marchands. Ce symbole a tellement accaparé les médias que presque tous les américains savent aujourd’hui non seulement ce qu’une citrouille représente, mais associent également sa simple couleur à Halloween.
C’est l’usage de symbole comme celui-ci qui a permis la marchandisation d’Halloween à un point tel qu’elle représente aujourd’hui environ 7 milliards de dollars annuel de l’économie américaine et environ 3 milliards de chiffre d’affaire pour les compagnies de confiseries. Avec une telle rentabilité, rien d’étonnant à ce qu’Halloween soit si sponsorisée.
Miguel Rayos
Sources et références :
The Book of Hallowe’en par Ruth Edna Kelley
http://www.nrf.com/modules.php?name=Dashboard&id=54

Société

Vos magazines au féminin

 
Je ne suis pas particulièrement féministe et je choisis d’écrire mes articles sur des sujets qui me tombent dessus. C’est donc bien malgré moi et pourtant extrêmement révélateur sur le monde qui nous entoure, que j’écris sur la communication sexuée et souvent sexiste. Je m’attaque aujourd’hui à un sujet vu et revu si ce n’est plus et qui n’a de cesse de me laisser bras ballants. Une amie m’a ramené un « Cosmo » que nous avons feuilleté entre filles pour rire bêtement après une bonne raclette (et non pas une séance de manucure/pédicure du plus cliché). Et bien je n’ai pas beaucoup ri.
Le magazine se vante de libérer la femme de préjugés machistes et de sa propre image ; un postulat que l’on a du mal à croire puisque Cosmo porte l’étiquette magazine féminin, donc par définition pas vraiment malin, exception faite de Causette. Mais, naïve, je ne croyais pas tomber dans un délire Femme actuelle et Marie Claire, pour ménagère frustrée en mal de broderie. Grave erreur, puisqu’il ne s’agit que d’une version jeune et luxe de ses monuments de la traditionnelle feuille de chou féminine (et pour cause, Cosmopolitan appartient au groupe Marie-Claire). Le problème ne se trouve pas uniquement dans le contenu, mais dans tout ce qui est sous-entendu par les choix éditoriaux. Au-delà de l’alternance publicité et « articles de fond » qui indique clairement la femme comme sujet consommateur compulsif, les articles eux-mêmes sont profondément sexistes. J’en veux pour preuve un horrible test proposé par Cosmo : « C’est qui le macho ? Pas toujours celui qu’on croit…»
J’avoue sans honte, parce que je n’avais pas deviné ce que contiendrait ce test tout à fait édifiant, avoir fait ce test, stylo en main et copines autour. Grave erreur. On a beau être cynique, le contenu du test ne peut qu’indigner. Le choix des mots, le choix des questions, remettent les femmes à leur place : elles ne sont pas victimes du machisme, elles en sont les instigatrices. En effet, elles ne laissent pas leur homme faire le ménage ou le repassage, parce qu’elles ne respectent pas « leur part de féminité ».
Cette distinction entre masculinité et féminité est particulièrement à la mode en ce moment, puisqu’il s’agit de distinguer féminité et masculinité du sexe féminin et du sexe masculin. Espoir vain quand on s’applique à utiliser des termes étymologiquement marqués, mais effort louable. Quoique… J’avoue ne pas bien comprendre en quoi faire le repassage permet d’exprimer une part de féminité quelconque, pas plus que de s’intéresser à la décoration d’intérieur. Et pourtant c’est ainsi que Cosmopolitan estime la part de féminité : elle correspond en fait à la part de tâche ménagère faite par l’un ou l’autre des parties prenantes d’un couple. Vous avez dit sexisme ? C’est en lisant entre les lignes, et cela n’est honnêtement pas bien difficile pour cette littérature-là, qu’on se rend compte que les magazines féminins sont vraiment la lie de l’émancipation des femmes. Ils prétendent libérer, ils ne font qu’enfermer dans des stéréotypes et des rôles de tradition ancestrale.
Je ne vais pas insister sur l’image donnée de la femme en tant qu’objet de mode, de soin, etc. car il s’agit là d’un sujet bien trop traité et bien peu résolu. La publicité est ce qu’elle est, les femmes doivent faire au maximum du 36 et autres foutaises, mais cela au fond n’a pas tellement d’importance. Mais il n’est pas de pire poison qu’un sexisme qui s’ignore et dans les pages de Cosmo le sexisme est partout, sous-jacent et extrêmement désagréable. Prenons le temps d’observer la première page de ce numéro :
Tout d’abord, le choix de Louise Bourgoin, que j’aimais beaucoup avant de la voir figée en première page, est très évocateur : on présente ainsi une femme libre, émancipée, drôle, bref une femme moderne et on pourrait penser que le magazine sera à son image. Astucieux donc.
En revanche si on passe en revue les différents titres, l’illusion ne tient plus. Faisons le en suivant la traditionnelle lecture en « Z » : le nom du magazine vient en premier, ainsi que la date et le prix, c’est ensuite un titre magnifique de spiritualisme qui surgit : « Ggrrr ! Ce soir c’est moi la coquine ». Première erreur. On présente ici, en une phrase, une sexualité type de la femme et pire, on commence par celle-ci. Les modalisateurs de l’exception et de l’échange des rôles montrent bien que d’ordinaire la femme est plus objet que sujet sexuellement actif, mais pour un soir, elle va faire un effort et allumer son mec. Vient après la traditionnelle rubrique mode « Spécial mode. Chic, glam, stylée, british. 48 pages pour être hyper lookée » ; puis, dans l’ordre « Couple Et si j’arrêtais de lui mettre la pression ? », « mes joies de célibataires » (en tout petit), « Test C’est qui le macho ? Pas toujours celui qu’on croit », « Amour, bonheur, bien-être Je veux que ça dure » et enfin, « Coiffures hype, soins magiques Vives mes cheveux ». Petit résumé de l’image de la femme donné en une seule couverture : rien de nouveau sous la lune, elle ne s’occupe que de son apparence ou de son couple, dans lequel elle est le monstre plein d’exigence et de frustration, elle est sexuellement un peu coincée mais Cosmo est là pour régler tout ça, les rares célibataires vont quand même trouver quelques raisons de se réjouir, toujours grâce à Cosmo et enfin elles vont trouver le réconfort dans un spiritisme douteux annoncé par le gros titre au niveau du bas ventre de Louise Bourgoin.
Franchement rien de sexiste là-dedans. Mais si vous voulez un conseil, si vous vous trouvez jamais en possession de ce Cosmo (ou de tous les autres d’ailleurs), jetez-le à la poubelle et lavez-vous les mains. Ensuite, lisez donc un Causette. Pour conclure cette année peut-être un peu trop marquée par le féminisme dans mes articles, je tenais quand même à rappeler quelque chose. Le féminisme ne consiste pas, de mon point de vue en tout cas, à laisser les hommes faire le ménage et laisser les femmes poser les pieds sur la table basse du salon en sirotant une bière. Il s’agit de laisser le choix aux femmes de faire autant que les hommes. Ce qu’elles font après de cette liberté de choix ne regarde qu’elles. Faire ou ne pas faire le repassage, jouer ou ne pas jouer au foot et tout ce que vous voudrez. Agir sans être jugée, de la même manière que les hommes. De la même manière qu’il ne s’agit pas de montrer la supériorité de la femme sur l’homme, le féminisme ne doit pas dicter une attitude qui sera un nouveau stéréotype pour la femme.
Et en dernier lieu, je me ferai un plaisir de révoquer ces notions de féminité et de masculinité. Faire du repassage, dès lors qu’on a deux mains, ça s’apprend, ça n’est pas inné.
 
Noémie Sanquer
Cosmopolitan Octobre 2013

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Société

Si les femmes étaient des déesses

 
Le shockvertising contre la violence
Frapper une déesse est impensable, alors pourquoi frapper une femme ? Tel est le parallèle que dresse l’association Save the Children India avec la campagne « Abused Goddesses ». L’association, engagée principalement dans la lutte contre le trafic d’enfants, prend l’initiative à travers son projet Save Our Sisters (SOS), de s’attaquer au fléau des violences faites aux femmes.
Cette campagne de sensibilisation, lancée début septembre, prend pour champ de bataille un pays où 68% des femmes sont victimes de violences domestiques, 4e pays le plus dangereux pour les femmes d’après la fondation Thomson Reuters. Ce grand fléau de la société indienne n’est réellement visible que depuis peu en Occident, objet d’une réelle médiatisation principalement depuis décembre 2012, avec le viol collectif d’une étudiante à New Delhi, marquant le début d’une vraie prise de conscience de ce problème dans le pays.
Misant sur la stratégie du shockvertising, Save the Children a composé sa campagne de trois visuels détournant des représentations des principales déesses hindoues, Saraswati (déesse du pouvoir et des arts), Lakshmi (déesse de la fortune et de la beauté) et Durga (la grande déesse), le visage tuméfié. Le slogan « Save our sisters » est accompagné du texte suivant : « Priez pour que nous ne voyions jamais ce jour. Aujourd’hui, plus de 68 % des femmes en Inde sont victimes de violences domestiques. Demain, il est plus que probable qu’aucune femme ne sera épargnée. Même celles que nous prions ».
Mettre le sacré au service de la société
Dans une perspective réflective, la déesse et l’humaine sont placées au rang de sœurs. L’initiative est une première en Inde : l’usage d’une imagerie religieuse dans le cadre d’une campagne est d’autant plus osée qu’elle prend place dans un contexte culturel dans lequel le sacré est …sacré. En effet, en Inde, l’hindouisme, pratiqué par plus de 80% de la population, a un impact culturel indéniable, et l’utilisation de l’image de ses déesses est particulièrement délicate. Ce parallèle entre le spirituel et la réalité des violences faites aux femmes met le pays face à l’une de ses principales contradictions : la religion exalte la féminité en tant que divinités vénérées, tandis que la société ne fait que peu de cas de la situation de la femme au quotidien.
L’importance du contexte culturel
La campagne a reçu un accueil international plutôt positif. L’affichage de ces visages blessés semble capable de réveiller les consciences. Mais il n’en va pas de même en Inde où ces trois photos ont souvent été apparentées à du blasphème. Un premier argument souligne que cette campagne, trop occidentale, oubli le contexte culturel de l’Inde, qui se prête peu à ce genre de parallèles. Ainsi, pour la journaliste Praneta Jha, utiliser les images de la mythologie hindou constitue une violation des limites sociales indiennes posées par la religion, les castes et les classes sociales. Dans le Hindustan Times, elle souligne que « mettre les femmes sur un piédestal en les représentant sous les traits de divinités fait autant de mal que de les montrer comme objets sexuels. Les deux représentations déshumanisent les femmes. […] Les emprisonner dans des représentations d’idéaux supposés est l’une des plus vieilles stratégies patriarcales. (…) On pourrait dire que cette campagne utilise des stéréotypes pour marquer l’opinion publique. Mais, ce faisant, elle renforce aussi insidieusement ces stéréotypes. »
De la même manière, dans l’hebdomadaire Open, l’universitaire Brinda Bose explique qu’elle « aurait eu beaucoup plus de respect pour une campagne montrant une prostituée des faubourgs blessée par un client ». Et de conclure : « Plus de déesses, s’il vous plaît. Donnez-nous des salopes. »
En somme, la campagne gagnerait à sortir de l’abstraction pour entrer dans le réel.
Ces critiques rappellent l’importance de l’attachement de toute campagne de communication dans le contexte culturel dans lequel elle s’exécute. Elles ne peuvent fonctionner sans adaptation aux codes culturels de la société visée, sans tenir compte des hommes, de leurs perceptions, de leur culture, et de leur environnement. Car « il n’y a pas de communicabilité sans conscience de soi et des autres ».
 
Bénédicte Mano
Sources :
Le Courrier International
La Vie
Save The Children India.org

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Société

Veni, Vidi, Vine

Il se regarde plus vite qu’il ne s’explique. Un Vine est une vidéo de l’application mobile du même nom, qui permet de filmer et partager des vidéos de 7 secondes, pas plus. Trois mois après sa sortie en Janvier 2013, elle était déjà la plus téléchargée de l’Apple store. La naissance et la belle carrière de Vine, parmi la multitude d’applications qui existent déjà, avait quelque chose de prévisible. Cet outil est comme un concentré de certains traits de notre société : self-expression, technologie, internationalité, immédiateté, viralité, mobilité, et autres mots en –té…
Un terrain fertile
La montée de l’usage des smartphones et des applications rendent le destin d’outils comme Vine prometeur. De plus en plus de vidéos sont visionnées sur mobile et durant des durées limitées (le temps d’un trajet par exemple). La réalisation et la publication de ces micro vidéos sont facilitées grâce notamment à la 3G, la 4G, et à la réduction du nombre d’images par seconde. Vine surfe sur la mode du gif et sur la tendance à faire passer un message, souvent humouristique, de façon rapide et répétitive. Ce n’est pas pour rien qu’elle a été rachetée par son grand frère Twitter avant même d’être lancée. La vitesse et l’instantanéité sont les maîtres mots de cette fraterie. On est passé tout naturellement du phénomène de « la petite phrase » à celui de la « petite vidéo ».
Comme dans tout champ prospère, la concurrence existe. Instagram propose un système similaire, mais avec des vidéos plus longues de 15 secondes et des filtres pour l’indémodable effet vintage. Mais Vine a un potentiel bien plus comique qu’esthétique.
Le plein de viralité 
Ce qui fait la force de Vine c’est aussi son fort pouvoir viral. Une fois la vidéo finalisée, on a ainsi la possibilité de la publier simultannément sur Vine, Twitter et Facebook. Les vidéos peuvent ensuite être postées sur d’autres sites ou blog. Sur Youtube, il existe ainsi des compilations longues d’une dizaines de minutes réunissant les meilleurs Vines du net (attention ça rend un peu fou). L’humour en image a l’avantage de pouvoir être partagé par le plus grand nombre. Des pages facebook « Best Vines » rassemblent des vidéos bien souvent anglo-saxonnes, à l’humour universel. La vidéo devient aussi simple à partager qu’une image. Il se créé ensuite une réaction en chaîne : on commence par regarder des vines, puis on se dit pourquoi pas moi ? C’est un peu comme sur Twitter, quand on commence par follower avant de se mettre à tweeter soi même.

L’expression sous contrainte
Vine est comme l’évolution d’un format très court d’une vidéo Youtube, avec ce qu’elle implique : la possibilité de s’exprimer pour un grand nombre de personnes. Les utilisateurs deviennent les réalisateurs de micro films. Comme dans tout exercice, on peut penser que la contrainte fait naître la créativité. L’exercice peut sembler simple, et pourtant il nécéssite un mini scénario, une idée simple qui doit surgir en six secondes. On ne peut pas non plus tricher : la vidéo peut se faire en plusieurs prises, mais rapprochées, et la réalisation peut demander une certaine organisation. L’outil est donc facile d’accès, mais sa maîtrise et les chances d’en faire quelque chose de bien ne sont pas si évidentes. Certains poussent l’exercice encore plus loin en créant des séries, comme ce père de famille BatDad dont les vines sont réunis sur un blog.
En instaurant un format de 7 secondes, les créateurs de Vine on répandu une certaine vision du monde. Vine devient un format classique pour faire de la vidéo rapide et la diffuser, un cadre dans lequel on peut construire son message. Comme toute invention, son usage a d’ailleurs déjà échappé à ses créateurs. La profusion de vidéos Vine pornographiques à sa sortie n’est pas sans rappeler les débuts du minitel rose dans les années 90.
Les marques se sont naturellement mises à utiliser Vine elles aussi (Mac do, Orange, Gap, Calvin Klein…). Le concept est séduisant et peu onéreux. L’effet zapping n’est alors plus un problème : on peut être sûr que le consommateur regardera la vidéo en entier.
A noter : pour être vu et entendu, il est préférable de faire court.
Agathe Laurent
Sources :
Vine
Maxime, ingénieur multimédia
http://www.theverge.com/2013/4/9/4204396/vine-number-one-us-app-store-free-apps-char
http://pro.clubic.com/webmarketing/actualite-575894-pierre-laromiguiere-armstrong-vine.html
http://www.journaldunet.com/ebusiness/marques-sites/vine-campagnes-marques/