Com & Société, Flops

H&M dans le viseur des internautes

L’année 2018 n’aura pas attendu longtemps pour nous offrir un premier bad buzz. Et la première victime n’est autre qu’H&M, épinglée par les internautes après avoir publié des photos de sa nouvelle collection. Les réseaux sociaux ont une nouvelle fois montré l’ampleur de leur puissance pour faire plier un géant du prêt-à-porter. Du côté d’H&M, difficile de croire que l’enseigne s’en sortira s’en y laisser des plumes.

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Agora, Com & Société

Uber contre-attaque ?

La récente décision de la justice anglaise vis-à-vis d’Uber, célèbre service de mise en relation de chauffeurs VTC, oblige l’entreprise à attribuer à ses chauffeurs le statut de salariés sous contrat.
Cette nouvelle mise en lumière de différents entre la justice et Uber rappelle comme la marque est souvent au centre de polémiques concernant son fonctionnement.
Mi-septembre 2017, Uber lance en France une campagne publicitaire comprenant son premier spot publicitaire destiné à la télévision. Celle-ci, réalisée par l’agence DDB met en avant la relation qu’Uber tient à conserver avec ses clients, en balayant le passé pour aller de l’avant.
#AvancerAvecVous en marche arrière ?
La campagne est portée par le slogan #AvancerAvecVous. Uber souligne l’importance de ses clients, et cherche à prouver que c’est grâce à ses utilisateurs qu’ils progressent – ainsi l’inclusion du client est dominante. L’entreprise San-Franciscaine semble faire son mea-culpa . L’évocation des « milliers de routes différentes, des bonnes, des mauvaises, des risquées » illustre les erreurs qu’Uber a pu commettre, sans pour autant donner plus de précisions. Ici est ressenti le reproche que l’on peut faire au géant du service VTC. Certes, les promesses annoncées dans la campagne sont prometteuses, mais le refus de communication sur les différentes polémiques dont l’entreprise est sujette pose problème. Uber compte vraiment résoudre les problèmes du passé ou met de la poudre aux yeux à ses utilisateurs ? La catchline « Nous avons aussi appris à écouter » laisse à penser qu’auparavant le dialogue était fermé.

 
 

 
 
 
 
 
Cette situation de « mea-culpa » n’est pas nouvelle en terme de stratégie communicationnelle. Cette situation de « mea-culpa » n’est pas nouvelle en terme de stratégie commun
Cette situation de « mea-culpa » n’est pas nouvelle en terme de stratégie communicationnelle. En 2016, Samsung avait du faire face à une crise majeure : celle des batteries de son Galaxy Note 7. Mal fabriquées, certaines d’entre elles avaient implosé dans la poche de leur utilisateur, provoquant un bad buzz mondial. Afin de se défendre et de regagner la confiance de ses clients, Samsung a sorti un spot publicitaire mettant en exergue le contrôle qualité sur les batteries, en amont de la sortie du smartphone succédant au Galaxy Note 7. Cela a permis à la marque de regagner des points sur le BrandIndex de YouGov
Le dialogue dans la souffrance
Il semble que l’unique possibilité de dialogue entre les institutions étatiques et Uber soit l’interdiction et la violence. En effet, mi septembre 2015, le service UberPop a été interdit en France, donnant suite à de nombreuses manifestations, notamment entre les taxis parisiens et les chauffeurs Uber se voyant retirer le droit d’exercer. Outre les affrontements directs, l’entreprise est suspectée de ne pas payer ses impôts en France, ne déclarant qu’une partie de ses revenus.
Plus récemment, la fermeture du service Uber dans la capitale anglaise illustre l’impossibilité communicationnelle. Alors qu’on s’attendrait à ce qu’Uber mette en place une communication de crise pour expliquer les raisons de l’interdiction du service, l’entreprise fait profil bas et semble ne pas faire fi des problèmes qu’elle rencontre. Le problème reste en interne et les utilisateurs ne sont pas tenus au courant de l’avancée de la résolution du problème. En contrepartie, la récente campagne a été dévoilée lors d’un événement réunissant un grand nombre de chauffeurs dans les locaux en banlieue parisienne de l’entreprise pour créer une plus grande cohésion. Mais qu’en est-il des clients ?
A cela, il a été révélé ce mardi 21 novembre que les données de 57 millions  d’utilisateurs ont été piratées en octobre 2016, par deux hackers. Ces données auraient été détruites en échange d’une rançon. Révélation après un an de silence de la compagnie, alors que la loi américaine force les compagnies à révéler aux autorités et aux clients ce genre d’informations. Encore un faux pas pour Uber, dont le nouveau PDG, Dara Khosrowshahi, assure n’avoir été informé que “très récemment” du piratage. Que ce soit sous le “règne” de M.Khosrowshahi ou sous celui de son prédécesseur Travis Kalanick, l’éthique de la firme reste à questionner.

#AvancerAvecVous mais sans nous ?
Contrairement à la précédente campagne où le choix était de faire des jeux de mots liés à des situations dans un Uber – côté client («Uberdumat’ », «Uberassurée », « Uberge de jeunesse », etc.) et côté chauffeur (« Uberman », « Uberdanslesépinards », « Uberwoman ») – la nouvelle stratégie communicationnelle est plus sobre et plus épurée.

 
 
 
 
affiches. Celles-ci sont dépersonnalisées et insiste sur le paysage et/ou l’architecture. Quant au spot destiné à la télévision, il s’apparente à ceux des marques de voiture et d’entreprise d’éner
Le client, bien que présent dans les catchlines et le script du spot, disparaît des affiches. Celles-ci sont dépersonnalisées et insistent sur le paysage et/ou l’architecture. Quant au spot destiné à la télévision, il s’apparente à ceux des marques de voiture et d’entreprise d’énergie.
#AvancerAvecVous, oui, mais communiquer avec nous serait encore plus bénéfique. Aucun compte twitter d’Uber ne mentionne la décision de justice londonienne du 10 octobre 2017. La stratégie de la dernière campagne évoque les erreurs passées, mais les passent sous silence. L’entreprise continue d’avancer, mais semble faire la sourde oreille. Ce manque de réactivité se sent à la fois dans la stratégie communicationnelle et dans la gestion d’événements imprévus. Lors de l’attentat à Londres début juin, les courses ont été majorées automatiquement par l’algorithme répondant à la loi de l’offre et de la demande avant de retrouver leurs coûts habituels.
So, let’s take a ride ?

Jules de Senneville
LinkedIn.

Sources :
Le Parisien avec AFP, Londres : Uber perd son procès et devra payer ses chauffeurs au salaire minimum, 10/11/2017, consulté le 14/11/2017
L’ADN, Uber dévoile sa première campagne TV en France, 18/09/2017, consulté le 14/11/2017
La Reclame, Campagne de communication – Uber – agence DDB Paris, consulté le 14/11/2017
Myriam Berber, Ariane Gaffuri, Le service UberPop interdit en France, 23/09/2015, consulté le 16/11/2017,
Sarah G., La 1ère campagne d’Uber France pour ses 4 ans, La Réclame, 09/03/2016, consulté le 16/11/2017
Le piratage massif d’Uber en sept questions, 22/11/2017 
Jamal Henni, Comment Uber échappe à l’impôt, BFM Business, 30/06/2015, consulté le 20/11/2017
Guillemette Petit, Galaxy Note 7 : le mea-culpa de Samsung, 12/05/17, consulté le 20/11/2017,
 
Crédits photos et vidéo :
Agence DDB Paris
Photo 1

Flops

Which life matters ?

En avril 2017, le dernier spot publicitaire de Pepsi a très rapidement déclenché un « bad buzz » ou un « gros fail », pour reprendre les expressions utilisées par les titres de l’actualité à ce sujet. Le court-métrage de 2 minutes 40 mettait en scène l’instagrammeuse Kendall Jenner partageant une canette de Pepsi avec des policiers, au cœur d’une manifestation organisée par le mouvement afro-américain « Black Lives Matter » : militant contre la violence et le racisme systémique envers les Afro-Américains aux Etats-Unis. Il n’en a pas fallu pas davantage aux internautes pour déclencher une vague de critiques et pour faire comprendre à Pepsi que les suggestions de cette publicité ne sont pas acceptables.

Flops

Quand New Balance perd pied

Baskets brûlées, jetées dans la cuvette des toilettes, voire embrochées … Mais pourquoi de telles réactions ? Une phrase de la marque New Balance interprétée comme un soutien au nouveau Président des États-Unis, Donald Trump, met le feu aux poudres. Les consommateurs s’enflamment et expriment leur rejet de la marque au travers de critiques qui déferlent sur les réseaux sociaux. La question qui se pose ici, est celle de la sur-interprétation des faits mais surtout du malaise de la marque face à ce feedback incontrôlable.
Rappel des faits
Au lendemain de l’élection de Donald Trump, Matthew LeBretton, responsable des affaires publiques de New Balance, est interviewé par Sara Germano, journaliste du Wall Street Journal, sur la question du Partenariat Trans-pacifique (Trans-Pacific Partnership ou TPP). Ce dernier vise à libéraliser le commerce et les investissements entre ses douze États-membres par le retrait des barrières tarifaires et entraîne, par conséquent, une délocalisation de la production des entreprises. Les dirigeants de New Balance s’opposent à ce dernier point dans la mesure où la mise en avant du « Made in USA » demeure pour eux primordiale. Dans ce contexte, Matthew LeBretton déclare : « L’administration Obama ne nous a pas écoutés et sincèrement, nous avons le sentiment qu’avec le président Trump les choses vont aller dans le bon sens ». Le responsable des affaires publiques aurait probablement dû réfléchir à deux fois avant de « parler politique ».
Un embrasement sur les réseaux sociaux
Les propos de Matthew LeBretton sont immédiatement relayés sur la toile, et les utilisateurs de Twitter et de Facebook accusent New Balance de soutenir Donald Trump. Même si cette déclaration n’a pas pour vocation d’afficher un véritable soutien et relève d’un simple constat à l’égard de la politique économique du nouveau Président des États-Unis, peu importe, les anti-Trump y voient une raison légitime de se retourner contre la marque et utilisent pour cela massivement les réseaux sociaux qui portent et décuplent leurs réactions. L’écho se fait ressentir jusque dans les grands médias. La notion de viralité prend alors tout son sens : l’histoire se propage, contamine, et mobilise les individus à une vitesse phénoménale.

Le pouvoir de l’interprétation
Il aurait été judicieux que Matthew LeBretton anticipe ces réactions et s’exprime autrement sur le sujet.
En effet, rares sont les internautes qui se lancent dans des analyses pointues et distancées de la situation. Au contraire, ils réagissent à chaud sur les faits et leur « décodage », si l’on reprend le terme de Stuart Hall, est nécessairement différent de celui souhaité par la marque. L’interprétation demeure souvent « négociée » voire « oppositionnelle » d’autant plus que les individus souhaitent faire valoir leur opinion face à ces grands empires que sont les marques. Ils ont conscience que leur parole a désormais un poids.
Aujourd’hui, n’importe quel individu peut jouer le rôle de leader d’opinion, et par là même, tout consommateur peut exercer une influence sur les autres consommateurs. Ces derniers se sentent en retour plus en confiance avec des individus qui n’ont pas un avis dicté par une ambition de profit comme c’est le cas des entreprises. Les consommateurs créent ainsi l’image de marque ou du moins l’entretiennent par le biais d’une influence mutuelle. Ils prennent en ce sens le pouvoir sur la marque qui devient elle-même dépossédée de son identité et de ses convictions. Sans le consommateur, cette dernière n’est rien, d’où la nécessité qu’elle expose le meilleur d’elle-même et qu’elle ne se risque pas dans des paroles plus ou moins hasardeuses qui pourraient être mal interprétées.

 
La cerise sur le gâteau
Comme si la situation n’était pas assez compliquée à gérer, il a en plus fallu qu’un blogueur néonazi reprenne au pied de la lettre les propos de Matthew LeBretton. Sur son blog, Andrew Anglin publie un article intitulé « Your Uniform: New Balance Just Became the Official Shoes of White People » et affirme que New Balance est « la marque officielle de la Révolution Trump ». La sur-interprétation est ici à son comble et réduit considérablement la marge de manœuvre de la marque dans la mesure où celle-ci représente une désastreuse réappropriation de son discours. Certes, il était difficile pour New Balance d’envisager de telles répercussions suite à cette phrase prononcée de manière quasi innocente.
Néanmoins, la politique est un domaine dans lequel une marque n’a pas à s’immiscer. Si elle souhaite réellement « parler politique », il est nécessaire qu’elle prenne en compte toutes les éventualités afin de connaître les risques auxquels elle s’expose. La politique est un domaine clivant dans nos sociétés, c’est pourquoi politique et marques ne font pas bon ménage (un des derniers bad buzz en date étant le scandale Michel et Augustin)
Une communication de crise trop formelle
Désemparée face à ces réactions quelque peu excessives, la marque soumet deux communiqués dans lesquels elle défend sa position vis-à-vis du TPP mais précise qu’elle ne partage en aucun cas les propos controversés de Trump. Elle rappelle également que l’opposition au TPP ne concernait pas que ce dernier mais aussi Hillary Clinton et Bernie Sanders. Néanmoins, le mal est fait. Proposer une telle explication est banal et n’a pas beaucoup d’intérêt pour les consommateurs. Ce qu’il faut, c’est avancer et chercher sans attendre à redorer son image en s’écartant des moyens traditionnels. Tout est question de timing et d’ ingéniosité.
Pour que les traces ne viennent pas entacher New Balance sur le long terme et impacter le comportement d’achat futur des consommateurs, pourquoi ne pas rebondir sur ce bad buzz et s’orienter vers une solution plus créative qui viendrait pallier ce discours ? C’est dans des coups durs comme celui-ci qu’une marque possède paradoxalement une grande visibilité sur la scène médiatique. Le moment est parfait pour faire preuve d’un grand pragmatisme. La marque a l’opportunité de pouvoir retourner la situation à son avantage. Ne serait-il pas gratifiant pour elle de se lancer dans une communication originale et innovante telle qu’une campagne sous le signe de l’autodérision par exemple?
En réaction à cette haine, il faut se battre à armes égales et ce n’est pas un communiqué formel qui va résoudre la situation. D’autant plus qu’en attendant, certains concurrents se lèchent les babines, dont Reebok qui profite explicitement de cette mauvaise passe pour proposer aux ex-adeptes New Balance les modèles Reebok Classic.

Pauline Baron
LinkedIn
Sources :
• Inconnu « États-Unis. New Balance, Trump et les néonazis : décryptage d’une étrange polémique », Courrier International, 15/11/16, consulté le 15/11/2016
• BABIN Justine, « Trump, néonazis et baskets brûlées… le “bad buzz“ de New Balance », Les Echos, 17/11/2016,    consulté    le    17/11/2016
• PARKINSON Hannah Jane, « Does New Balance really support Trump? », The Guardian, 15/11/2016, consulté le 16/11/2016
• WOOLHOUSE Megan, « Reebok engages in some social media teasing of New Balance », The Boston Globe, 18/11/2016, consulté le 19/11/2016
• ANGLIN Andrew, « Your uniform New Balance just became the shoes of white people », The Daily Stormer, 12/11/2016, consulté le 15/11/2016
Crédits :
• twitter
• diplomatie-digitale.com
 

Enjoy Phoenix
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Et si les youtubeuses beauté ne savaient pas tout ?

Salut les filles ! Je suis super contente de vous retrouver aujourd’hui pour parler de l’influence de vos youtubeuses préférées et des dangers qui en découlent. Ne vous inquiétez pas, j’ai mis toutes les références en barres d’infos. N’hésitez pas à me laisser des commentaires, à liker si le sujet vous intéresse et à vous abonner à ma chaîne bien sûr !
Il est aujourd’hui difficile de passer outre les tutos beauté sur YouTube et leurs créatrices, ces nouveaux gourous du net que sont les youtubeuses beauté. Véritables influenceuses, elles partagent des conseils beauté avec leurs nombreux abonnés. Il semble néanmoins que leur champ de compétence ait aujourd’hui bien évolué. Mais où s’arrête la légitimité des youtubeuses beauté ? Quelles peuvent être les conséquences d’un amateurisme qui s’impose comme une référence ?
De la bonne copine à la professionnelle, il n’y a qu’un pas (et quelques milliers d’abonnés)
Rappelons tout d’abord que ce qui fait le succès d’une youtubeuse, c’est en partie sa proximité avec son public. Après tout, c’est une fille comme vous, comme nous, un peu comme la grande soeur qu’on n’a jamais eu. Une véritable relation se tisse et vidéo après vidéo, conseil après conseil, la confiance s’installe. Plus leur notoriété augmente, plus la part de confiance qui leur est accordée est importante.
Nous avons pu remarquer ces dernières années que ces youtubeuses tendent à se présenter comme des « professionnelles » de la beauté. La qualité visuelle de leurs vidéos, les partenariats avec des marques ou encore la participation à des émissions de télévision pour certaines (la célèbre EnjoyPhoenix est une habituée des plateaux et a même participé à Danse avec les stars récemment), véhiculent cette image professionnelle, alors qu’en réalité elles ne possèdent aucune formation en esthétique ou en coiffure pour la grande majorité. Autodidactes, elles s’en sortent souvent très bien. Et même dans les cas où leurs conseils seraient mauvais, un maquillage raté n’est pas un drame : on l’essaie devant son miroir et si ça n’est pas réussi, on se démaquille. Or, si leur non-expertise ne les empêche pas d’être très douées, voire même meilleures que certains experts, il semblerait que cela puisse devenir problématique quand elles tentent d’étendre leurs compétences à des domaines plus spécialisés et plus complexes.

Les youtubeuses beauté sont-elles mauvaises pour la santé ?
Pour continuer à séduire leurs fans et pour ajouter du contenu à leur chaîne, les youtubeuses beauté donnent maintenant de nombreux autres conseils : lifestyle, santé, cuisine, vie privée… Tout y passe. Certaines donnent par exemple des conseils sur les problèmes de peau. N’étant pas diplômées en dermatologie, il semble naturel de remettre en question la légitimité de leur parole. Elles ne font, en effet, référence qu’à leur propre expérience, à d’autres vidéos qu’elles ont pu voir ou encore à des informations qu’elles ont elles-mêmes trouvé sur Internet. La fiabilité de leurs trucs et astuces peut donc être mise en doute.

 
En outre, le public des chaînes YouTube étant extrêmement large, leurs conseils ne peuvent s’appliquer à tous. Et ce n’est pas certaines abonnées d’EnjoyPhoenix qui diront le contraire. La youtubeuse star, dans une vidéo de masques DIY (“do it yourself”), conseille d’essayer un masque à base de cannelle et de miel qui donne une peau « toute belle, légèrement rosée parce qu’elle a pris des couleurs ». Comme l’explique un article publié sur marieclaire.fr le 20 octobre dernier à ce sujet, la cannelle est « une plante dermocaustique (qui entraîne des brûlures) et très allergisante ». Ainsi, certaines abonnées ont eu la sympathique surprise de retrouver leur visage brûlé après l’utilisation du masque. Bien sûr, l’erreur est humaine, mais lorsque l’on se porte garant devant des millions de personnes des vertus d’une recette, et que l’on a autant d’impact sur des millions de jeunes filles qu’EnjoyPhoenix, l’erreur prend une toute autre dimension. Si les youtubeuses se veulent professionnelles, elles doivent prendre les responsabilités qui accompagnent ce changement de statut.
Tous les conseils sont-ils bons à prendre ?
L’exemple est encore plus frappant dans le cas de Kelly Angelini, alias KayEhHey. Dans une vidéo sortie début décembre 2015, elle donnait des conseils concernant la première fois. Elle insistait sur l’importance de la tenue vestimentaire et du maquillage, ainsi que sur la nécessité de s’épiler pour « ne pas dégoûter son partenaire » et de se laver le sexe plusieurs fois « par respect». Une fois passés ces conseils misogynes, qui véhiculent une conception arriérée de la femme, la youtubeuse renchérit. Elle explique, en effet, qu’il faut parfois se faire violence et se forcer un peu pour sa première fois, car après tout, « tout le monde est passé par là ».

La vidéo a rapidement été supprimée par son auteure . Néanmoins, ces propos ne sont pas passés inaperçus auprès des internautes. Clarence Edgard-Rosa, blogueuse et journaliste féministe, conclut ainsi un article à propos de cette vidéo sur son blog pouletrotique.com: « Son ignorance crasse n’empêche en rien Kelly de se sentir légitime à distiller ses conseils à ses près de 250.000 abonnés, et grâce à YouTube, elle sera rémunérée pour ça. Récompensée financièrement pour avoir expliqué à des jeunes filles que le plus important dans une première relation sexuelle avec un garçon, c’est de se forcer un peu, de ne pas porter un décolleté trop plongeant et de se récurer l’entre-jambes par respect pour les garçons. J’oscille entre honte et colère. Je vais prendre les deux. » Comme le précise une rédactrice du site blastingnews.com, le public de ces youtubeuses est généralement un public jeune, manquant de confiance en soi et de repères. Ces jeunes accordent donc un grand intérêt au discours de leur youtubeuse favorite et dès lors, ces paroles deviennent un réel enjeu. Les propos de Kelly Angelini peuvent être nuisibles, en particulier pour les jeunes âmes qui parcourent YouTube à la recherche de conseils et de réconfort.

Ces exemples de dérapage made in YouTube nous montrent bien que ce média social soulève de nouveaux débats, notamment en ce qui concerne l’amateurisme sur Internet. L’importance accordée aux youtubeuses beauté, à la fois sur Internet et dans les médias dits traditionnels, ainsi que la professionnalisation entraînée par cette médiatisation nécessitent donc une réelle remise en question. Néanmoins, il semble clair que les youtubeuses beauté ont désormais une place prépondérante dans la consommation médiatique des jeunes publics, interrogeant également le futur des sacrosaints magazines féminins.
Clémence de Lampugnani
LinkedIn 
Sources: 
Marie-Claire, « POURQUOI ENJOYPHOENIX FAIT-ELLE LE BAD BUZZ SUR LA TOILE ? » de Lola Talik 
L’obs, « Première fois: une YouTubeuse conseille aux filles de se forcer. Une honte » de Audrey Kucinskas 
Blasting news, « YOUTUBEUSE BEAUTÉ: RÉEL MÉTIER, EFFET DE MODE OU VÉRITABLE STAR MODERNE? » par Lilylaura Devillers 
« Le pouvoir des Youtubeuses beauté » par Magali Heberard 
Crédits photos:
Joel Saget / AFP
Capture d’écran Youtube d’une vidéo de Michelle Phan
capture d’écran YouTube d’une vidéo d’EnjoyPhoenix
apture d’écran YouTube vidéo de KayEhHey alias Kelly Angelini
Twitter

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Bad buzz bad buzz, watcha gonna do ?

« Je suis un produit, mais comme beaucoup d’autres artistes qui passent à la télé et à la radio et qui deviennent populaires. Je l’assume complètement, j’aime divertir les gens, je m’amuse dans ce que je fais ». Sur le plateau d’On n’est pas couché, la chanteuse Shy’m n’a pas hésité à assumer sa conception marchande du vedettariat. Son objectif est clair : vendre. Sa stratégie : se construire une identité de marque, créer une offre originale et innovante pour séduire le public le plus large possible. Si tout acteur, chanteur, ou comique ne se considère pas comme un objet de consommation, avoir une stratégie de communication élaborée, voire s’affubler d’une identité chimérique fait souvent partie du jeu.
« Haters make me famous »
De nos jours, face à l’élargissement considérable de l’offre autant musicale que théâtrale ou cinématographique, il faut savoir se démarquer pour être reconnu. Etre une célébrité est devenu un métier en soi, comme l’ont révélé les nombreuses émissions de télé-réalité à travers le monde. Du succès de Loana à celui de Nabilla, il apparaît clairement de nos jours qu’une des meilleures manières de se faire remarquer est d’user d’une stratégie du choc et de l’anormal.
Or, il n’est pas rare lorsque l’on cherche à choquer de rencontrer sur sa route bon nombre de « haters » et de devenir victime du dit « bad-buzz », qui tend à se généraliser. Loana a marqué toute une génération pour être « passée aux choses sérieuses » dans une piscine à la télévision nationale, et Nabilla est connue de tous pour sa bêtise et son inculture. Loin d’en être traumatisées, ou de considérer leur carrière comme un échec, ces dernières peuvent être fières d’avoir réussi à s’imposer dans notre société comme de véritables phénomènes culturels, aussi surprenant que cela puisse paraître.
Mais jusqu’où est-on prêt à aller pour être sur le devant de la scène ? La tendance étant déjà fortement ancrée, le bad-buzz doit – malheureusement ? – aller de plus en plus loin pour conserver toute son efficacité. On se souviendra longtemps de Kris Jenner, mère de Kim Kardashian, qui n’a pas hésité à vendre la sextape de sa fille pour lancer sa carrière. De même, on peut s’interroger sur la signification du geste de Nabilla lorsqu’elle poignarde Thomas, son petit ami : excès de violence ou pure coup de com’ ? La question se pose quand on sait que leur popularité était à l’époque en perte de vitesse et que le couple semble toujours aussi soudé à l’heure actuelle.

 
Un bad-buzz est un buzz, le marketing n’a pas d’œil
Du côté des artistes, le bad-buzz apparaît de la même façon comme un élément difficilement contournable. Quand on réfléchit aux images les plus virales de la fin d’année 2015, on pense rapidement aux pas de danse ridicules de Drake, énormément détournés et moqués, ou à la chute solitaire de Shy’m en concert. Dommages collatéraux ? Crise communicationnelle ? Bien au contraire. Qui aujourd’hui n’a pas entendu parler d’Hotline Blink, le dernier single de Drake ? Dans une interview accordée au webzine musical anglo-saxon Complex, Tanisha Scott, chorégraphe pour le clip d’Hotline Blink, affirme la chose suivante : « Tous ces memes et mashups, il savait que ça allait arriver ! Quand on regardait les playbacks, il m’a dit  “ça va forcément devenir un meme“ ». Quand on sait que l’objectif de Drake avec la sortie de ce single était d’arriver numéro 1 au Billboard Hot 100, comme il l’a lui même expliqué sur Instagram, on comprend aisément que les détournements de ses « haters » étaient souhaités et assumés.
 

 

Je voudrais tant que tu memes
Souvent plus viral que le buzz traditionnel parce qu’il permet à chaque internaute de faire sa petite blague, et donc son propre petit buzz, il n’y a souvent rien de tel que le meme pour faire parler de soi, et beaucoup l’ont compris. Certaines stars sont allées jusqu’à forger leur identité publique et donc leur carrière sur cette stratégie. On pense à Shia LaBoeouf, souvent qualifié de « meme humain », et élu « meme de la semaine » dans les Inrocks en juin dernier.

 
Comme expliqué dans l’article, tout dans cette vidéo semblait avoir été conçu pour servir de support à de futurs memes (fond vert, coupe de cheveux inqualifiable, postures étranges, etc.). Si l’autodérision n’a jamais fait de mal à personne, ce phénomène prend une importance toute particulière, brisant le stéréotype de la vedette tirée à quatre épingles, qui maîtrise compulsivement son comportement et son image. Au contraire, il semble qu’il n’y ait plus aucun tabou, aucune honte ou bizarrerie qu’une célébrité ne puisse dépasser, comme l’illustre parfaitement le cas de Miley Cirus, devenue l’opposée d’Hannah Montana (son rôle titre chez Disney), pour s’assurer une carrière mondiale.
Alors qu’il pouvait sembler au début du XXIème siècle que le bad buzz était un signe de fin de carrière – on se souvient de Britney se rasant le crâne avant de disparaître de la scène musicale pour revenir des années plus tard – il s’agit aujourd’hui probablement du meilleur moyen de gagner ou de retrouver la notoriété.
Alix Leridon
Sources :
http://uk.complex.com/music/2015/10/tanisha-scott-interview-on-choreographing-drake-hotline-bling-video


Crédits photos :
Reddit 
Les Anges de la télé-réalité 
Dailymail
Just do it on Youtube 

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Libération.fr
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Libération.fr: la bombe éditoriale

Qui l’eût cru ? Le quotidien français Libération, taxé de racisme, de sexisme et d’islamophobie ! Le monde de la presse est une nouvelle fois ébranlé. Luc Le Vaillant, auteur de la chronique « La Femme voilée du métro », publiée le 7 décembre sur Libération.fr, a écorché l’aura de sa rédaction. Rien de mieux qu’une petite étincelle médiatique pour allumer un grand brasier sur les réseaux sociaux, dans un contexte social et politique particulièrement heurté.
Quand le fantasme rencontre la maladresse

Et le César de la gaffe éditoriale de l’année est décerné à … Luc Le Vaillant ! On peine à comprendre comment un journaliste expérimenté et reconnu par ses pairs a pu exprimer si maladroitement sa pensée. Dans sa chronique du 7 décembre, il raconte son anxiété délirante et contagieuse lorsqu’il croise dans une rame du métro parisien une jeune femme, vêtue d’une « abaya couleur corbeau ». Certaines phrases choquent et heurtent brutalement l’imaginaire du lecteur, quelques semaines après les attaques de Paris.
Même si Luc Le Vaillant a mentionné en tête d’article qu’il s’agit d’une « recension des craintes réelles et fantasmées comme des répulsions laïques déclenchées par une passagère en abaya, dans une rame d’après-attentats », le mal est fait : l’article provoque une polémique médiatique aussi soudaine que violente. Mais le premier problème n’est-il pas simplement rédactionnel ? En effet, force est de constater un certain manque de clarté de la part du journaliste, qui s’est défendu en expliquant qu’il ne faisait qu’inventorier des pulsions et appréhensions incontrôlables dont il se sentait lui même honteux.
Un article inapproprié dans un contexte socio-politique délétère
De cette bévue éditoriale découlent nécessairement des interprétations inattendues des propos de Le Vaillant. En parlant du voile de la jeune femme, il écrit : « Cette autre soutane monothéiste lui fait la cuisse évasive, la fesse envasée, les seins restreints. Les cheveux sont distraits à la concupiscence des abominables pervers de l’Occident décadent ». Comment ne pas dénoncer le caractère ostensiblement misogyne et sexiste d’une telle phrase ? Le Vaillant allégorise à merveille la perversité dont il voudrait pourtant se détacher. Plus loin, on peut lire « Si l’œil du voisin de strapontin se fait inquisiteur, ce n’est pas pour pincer le bourrelet charmeur mais pour palper la possibilité d’une ceinture de chasteté explosive ». De quoi en fait bondir plus d’un. Raciste, islamophobe … les qualificatifs ont abondamment circulé sur le net pour dépeindre à la fois le texte et l’auteur, de manière totalement confondue.
Pourquoi un tel débordement médiatique ? Tout d’abord, le contexte se prêtait assez peu à un article aussi subversif. Les attentats ont été, malgré eux,  la cause d’une crispation identitaire, réaffirmée à la veille des élections régionales. Les scores historiques du Front National au premier tour ont cristallisé  un sentiment d’inquiétude généralisée, que la chronique de Le Vaillant réactive à ses dépens. L’auteur mêle à ses angoisses les récentes révélations concernant la proportion de « fichés S » dans le  personnel de la RATP et de la SCNF : « [A Saint-Sulpice, le flip revient et] je me raconte que la femme voilée est en cheville avec le conducteur salafiste et que mon supplice en sous-sol est pour bientôt ».
Par ailleurs, un tel article s’oppose diamétralement à la ligne éditoriale de Libération. Quotidien social-démocrate par excellence, il n’a de cesse de prôner la tolérance et le respect mutuel, depuis sa fondation en 1973 par Jean-Paul Sartre. Chacun est en droit de se demander comment la rédaction a pu autoriser la publication de la chronique, tant elle s’éloigne de ses idéaux. Celle-ci n’a pas vocation, a priori, à réparer la fracture socio-identitaire qui pourrait s’installer dans notre pays. Bien au contraire, elle ne fait qu’alimenter une certaine forme de discours communautaire.
La colère sur les réseaux sociaux : amplification et distorsion des faits
 

 

 
L’esclandre semblait donc inévitable. Plus de 6000 réactions ont été recensées sur Twitter pour condamner la chronique. Celle-ci a été si sévèrement jugée qu’elle a bénéficié  de la création du mot-clé #LibéRacisme.
Cet impair pourrait bien coûter très cher au quotidien. Plusieurs lecteurs réguliers ont annoncé leur intention de se désabonner de Libération. Ceci pourrait, à terme, représenter un immense manque à gagner pour une rédaction qui peine à rester à flots. Pour preuve, la diffusion moyenne du quotidien a très fortement baissé depuis 2001, passant de 174000 exemplaires vendus par jour à 93000. Par ailleurs, les ventes en kiosque ont reculé de 26% au cours du mois de septembre 2015, illustrant par là un phénomène récurrent.
Penchons-nous maintenant sur l’effet boule de neige que les réseaux sociaux suscitent à chaque nouvelle polémique. Il faut rester mesuré face aux buzz à répétition qui peuvent conduire à des schémas de pensée trop simplistes. Par ailleurs, la déformation et l’exagération de certains propos ciblés font l’apanage de tels phénomènes. Aujourd’hui, les internautes se laissent parfois emporter par la logique du flux continu d’informations et de la publication instantanée de ses états d’âme. Twitter, par son format interactif, alimente quiproquos et controverses.
Pour pallier ce phénomène galopant, d’autres fidèles de Libération sont montés au créneau pour défendre l’intégrité du journal, rappelant qu’un journaliste isolé était loin d’être représentatif de l’ensemble de la rédaction :
 

 

Entre dissensions internes et excuses publiques
Au sein de la rédaction, la chronique divise. Certains journalistes, outrés par des propos qu’ils jugent déplacés et indignes de Libération, affirment se désolidariser de ce contenu.
 

 

 
Et pour preuve, dans un communiqué de presse, la société des journalistes de Libération écrit : « Au sein de l’équipe, de très nombreux journalistes ont également fait part ce mardi de leur désapprobation sur un contenu qui ne reflète pas, à leurs yeux, les valeurs du journal et leurs convictions personnelles ». Certains se sentent trahis, d’autres ne comprennent pas un tel faux-pas éditorial, et pour cause. Willy Le Devin, journaliste à Libération et auteur de nombreux articles sur le terrorisme, a par exemple  affiché sa désapprobation et son désarroi sur les réseaux sociaux.
Pour remédier à cette faute journalistique, Laurent Joffrin, le directeur de Libération, a adopté la double stratégie de la défense et des excuses, un grand classique. S’appuyant sur la renommée de son chroniqueur et le sérieux de son journal, ce dernier remet en cause le bien-fondé de telles accusations dans un court billet : « L’accusation de racisme ou de sexisme qui court ici et là est évidemment ridicule quand on connaît un tant soit peu notre chroniqueur et notre journal (…). Si des lecteurs ont été blessés par ce texte, nous en sommes désolés. » 
Cette technique, à la fois simple et efficace, semble être la meilleure option que pouvait adopter le directeur de Libération dans un tel contexte. Espérons que Luc Le Vaillant  aura retenu la leçon et tournera sept fois sa plume dans l’encrier avant d’écrire et de publier à nouveau !
Céline Viegas
LinkedIn 
Sources:
Indigestion générale après une chronique de « Libération », 08/12/15, M blogs 
« Libération » accusé de racisme et de sexisme après une chronique sur une femme voilée, 08/12/15, Amandine Schmitt, L’Obs média 
« La femme voilée dans le métro » : taxé de racisme, Libération réagit, 08/12/15, Grégoire Martinez, Europe 1 
A propos d’une chronique de Luc Le Vaillant, 08/12/15, Laurent Joffrin, Libération 
Une chronique «raciste» et «sexiste» de Libération fait polémique, 08/12/15, Eugénie Bastié, Lefigaro.fr 
Crédits photo: 
Twitter
http://lepcd.fr
http://journaldumusulman.fr 
 

MAAF
Flops

La plaisanterie a assez duré

Le mariage de l’humour et de la publicité n’est, malheureusement, pas toujours heureux. Ajoutez-y le rabâchage publicitaire, l’apparition ratée d’un humoriste célèbre ou encore la répétition d’un même schéma « humoristique » pendant plusieurs mois, voire plusieurs années: vous obtenez le parfait divorce entre un annonceur et le consommateur.
 De l’intérêt de l’humour en publicité
 Le rire est un ressort publicitaire très utile. Il permet d’attirer l’attention des consommateurs et de marquer les esprits. Faire rire c’est aussi donner l’occasion au consommateur de se libérer un instant des tensions quotidiennes. L’annonceur peut ainsi créer une relation de connivence avec le consommateur. Cette remarque s’applique d’autant plus aux publicités affichées dans des lieux que l’on peut qualifier d’hostiles comme le métro, où une pub amusante est une bouffée d’air frais pour les passagers.
En tant que véritable créateur de lien social, l’humour est un bon vecteur de publicité. Nicolas Guéguen, chercheur en sciences du comportement à l’université de Bretagne-Sud qui analyse l’importance du rire en société, rappelle d’ailleurs dans une interview donnée au Figaro que « Beaucoup de chercheurs considèrent le rire comme la première activité de partage de notre espèce humaine ». Il prend comme exemple une étude menée à Paris-V, mettant en scène une jeune fille au téléphone sur un banc public: l’expérience montrait que quand elle riait, les personnes assises sur le même banc restaient plus longtemps à côté d’elle que lorsqu’elle parlait sur un ton neutre. De même, une campagne de pub humoristique réussie génère du dialogue, les consommateurs la partagent volontiers avec leur entourage sans qu’on ait besoin de les y inciter.
 Humour: use with caution
Néanmoins il est tout aussi clair que le rire peut diviser et comme le dit Pierre Desproges « on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui ». Séduire un maximum de consommateurs grâce à l’humour est, dès lors, un véritable défi pour les publicitaires. Il semble donc nécessaire de bien connaître les consommateurs ciblés par la campagne pour pouvoir adopter leurs codes et adapter le ton humoristique afin qu’ils y soient plus sensibles. L’âge, les références culturelles ou encore la classe sociale doivent être pris en compte afin que la blague ne fasse pas un flop.
Une campagne humoristique ratée, c’est l’assurance de voir les moqueries fuser, en particulier sur les réseaux sociaux. En permettant à chacun de donner son avis en -presque- toute liberté, ils ont accru la visibilité des feedback du public. Et s’il y a bien un réseau social qui n’épargne pas les flops publicitaires, c’est Twitter. Les twittos n’hésitent pas à clasher et même parfois à menacer les marques, les acteurs des pubs… Gad Elmaleh peut en témoigner. En effet, son apparition dans la campagne LCL en 2014 (dont on vous parlait déjà ici) a suscité une énorme vague de critiques et autres menaces. LCL affirme néanmoins que cette campagne a été bénéfique puisque le taux de mémorisation de la campagne est passé de  23 % pour la précédente campagne à 31 % fin septembre 2014. Le bad buzz dont la banque a été victime aurait donc servi ses intérêts ? Après tout comme le disait si bien Léon Zitrone: « Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel c’est qu’on parle de moi ! »

Les humoristes sont-ils vraiment des plus-value pour les annonceurs ?
Pour l’annonceur, engager une star c’est s’assurer une visibilité auprès de son public et donc profiter de sa notoriété. Choisir un comique, c’est essayer d’apporter une caution humoristique à sa campagne publicitaire. Or, il paraît clair que si un humoriste peut nous faire rire sur scène, il perd généralement en crédibilité quand il le fait pour une marque. Le public sait bien que l’artiste ne fait pas de la publicité par conviction mais par intérêt, certains parlent même de « prostitution publicitaire ».
On peut penser à la publicité de Patrick Bosso pour Point S où l’on voit l’humoriste sur une scène, comme s’il était en plein one-man show: on s’attend à rire. Or, on ne retrouve pas l’univers habituel du comique. Il ne fait pas de blague ou de trait d’humour, il conseille seulement de se rendre chez Point S.

Les blagues les plus courtes sont les meilleures
 Ce vieil adage ne semble pas être accepté par tous. Il n’est, en effet, pas rare de voir des campagnes publicitaires humoristiques s’installer dans la durée. Est-ce vraiment une bonne idée ? Prenons l’exemple des publicités pour la caisse d’assurance MAAF. Ces publicités se veulent drôles et décalées, parodiant la série Palace conçue en 1988 pour Canal+.

 
Si cette campagne a pu plaire à ses débuts (elle a même été élue « campagne préférée des Français » en 2005), qu’en est-il après 11 ans de diffusion ? Les pubs MAAF font-elles rire les jeunes ? Il faut tout d’abord noter que la partie du public qui n’était pas concernée par la MAAF il y a 10 ans, les enfants et adolescents de l’époque, ont grandi. Et aujourd’hui, ce public ne semble pas y être très réceptif: une référence qui ne leur parle pas vraiment, un comique de répétition qui semble s’essouffler, une certaine lassitude après dix ans d’« Appelez moi le directeur ! » et de « Je l’aurai un jour, je l’aurai ! ». 
De son côté, LCL a lancé une nouvelle campagne début 2015, reprenant le même scénario, sans humoriste connu cette fois. Même si l’absence de Gad Elmaleh peut être perçue comme une bonne nouvelle, pour lui comme pour nous, la campagne ne prend pas vraiment auprès des consommateurs comme le montre bien le tweet ci-dessous. Et le fait de voir ces spots en boucle, avant chaque vidéo YouTube notamment, risque de nuire encore plus à la popularité de cette campagne.

Pour les générations X,Y,Z, qui ont grandi dans un monde où tout s’accélère, où tout change en permanence, ce schéma de publicité-saga ne semble pas fonctionner. Cela donne l’image d’une entreprise qui ne parvient pas à se renouveler, qui ne tient pas compte de l’évolution de sa cible. En bref, l’image d’une entreprise qui peine à s’adapter à son époque.
Clémence de Lampugnani
@ClemydeLamp
 Sources:
Article d’Olivier Drouin http://www.capital.fr/enquetes/revelations/ces-comiques-qui-s-en-mettent-plein-les-poches-avec-la-pub-950760
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1146032-gad-elmaleh-risee-du-web-sa-pub-pour-lcl-gros-malaise-ou-pas-si-nulle-que-ca.html
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2013/12/06/21620-rire-est-notre-premiere-activite-partage
Article d’Emilie Longin,  http://www.cbanque.com/actu/49976/publicite-lcl-repart-en-campagne-mais-sans-gad-elmaleh
Article de Veronique Richebois http://www.lesechos.fr/19/01/2015/LesEchos/21858-090-ECH_lcl-fait-son-retour-sur-scene.htm
http://aubert-storch.com/portfolio-item/maaf/
Crédits photos: 
Publicité MAAF 
Captures Twitter 

AYLAN KURDI
Société

Du racolage médiatique : le cas Aylan Kurdi

Aylan Kurdi, 3 ans, retrouvé mort sur la plage turque de Bodrum le 2 septembre, sa photo a fait des Kurdi le symbole d’une tragédie vécue par des milliers de migrants.
Une image racoleuse
La photographe turque Nifüler Demir s’est déclarée très émue devant cet enfant qui n’a pu être sauvé des eaux. Une image qui ne manque pas de faire écho à notre image judéo-chrétienne de ces enfants hébreux assassinés par le pharaon qui voulait éradiquer leur « race ». Il n’est pas étonnant que la presse à sensation anglo-saxonne et plus largement européenne ait saisi le potentiel émotionnel de la photo et son levier tire-larme : un enfant de 3 ans, rejeté par la mer et laissé comme endormi sur un lit de sable. Autrement dit, elle avait tout pour devenir virale : la tragédie, l’horreur fascinante de la mort et du désespoir, servie sur un plateau d’argent pour une société de plus en plus voyeuriste. Mais la scène est trop belle, trop parfaite, on croirait le début d’un polar, le moment où l’on découvre le cadavre, puis le gros plan sur le bel inspecteur qui doit retrouver le meurtrier – pour les amateurs de séries, comment ne pas penser au premier épisode de Broadchurch ? Mais ici, les responsables sont multiples, les pouvoirs politiques comme l’opinion endormie. L’image est propice à une explosion de storytelling autour de l’enfant, de sa famille. Seul le père a survécu. Comment rêver meilleur synopsis pour un film dramatique ?
La Repubblica titre « L’image qui fait taire le monde », El Periodico annonce le « Naufrage de l’Europe ». Mais pourquoi a-t-on attendu cette image-là pour s’indigner ? Les morts se comptent par milliers depuis des mois, la précarité de ces migrants est visible au quotidien. La famille Kurdi est devenue le « symbole de la tragédie des migrants ».

Certains parlent même de décerner le prix Nobel de la paix 2015 au petit kurde, une manière de réserver des fonds à la cause humanitaire des réfugiés.
Peut-être que l’on passe totalement à côté du débat en se focalisant sur l’allégorie d’un corps dénué de vie, semblable à une poupée ; une poupée qui fonctionnerait peut-être comme une poupée vaudou, entre les mains de fétichistes qui savent où appuyer pour faire mal, ou faire le buzz, au choix. Peut-on d’ailleurs parler de ces personnes rassemblées, habillées de t-shirts rouges, shorts bleus et qui s’allongent sur une plage au Maroc en hommage à Aylan ? Le manque de tact et le ridicule de cet événement cérémonial tiennent plus de la sieste collective de mauvais goût que d’une réaction constructive pour remédier à la situation. La réappropriation de la scénographie de la photo n’est-elle pas une usurpation émotionnelle de son contenu sémantique ?

Sans parler des stars qui se sont autoproclamées porte-paroles de la tragédie des réfugiés, en quête d’humanisation et de valorisation médiatique. On pense alors à Alex Lutz et sa pétition signée par 66 artistes comme Marc Lavoine, Laurent Laffite, Michèle Laroque ou Mélanie Laurent, « pour qu’il n’y ait jamais plus d’Aylan sur les plages turques ». L’intention est peut-être noble, mais elle est à l’image des manifestations publiques, où l’on fait sa bonne action, on se sent appartenir à une cause, avant que la situation ne se tasse.
La polémique de « l’oubli » des Unes françaises
D’autre part, il a fallu attendre le vendredi 4 septembre pour que les Unes françaises commencent à montrer Aylan et sa famille. Scandale médiatique, pourtant cela ne relevait pas d’un refus de parler de la détresse des migrants, qui est pourtant au cœur de l’actualité. Mais cette absence a été interprétée comme un déni de voir la réalité, « cachez ce petit corps que les français ne sauraient voir » (Source : Challenges). Le journal, comme de nombreux internautes, a réagi de manière très émotionnelle à une image très puissante. Une image qui a d’ailleurs été accusée de tous les maux, de tous les complots et manipulations. Voilà que la mort d’un enfant est devenue « l’Affaire Aylan », digne des conversations de café, autrement dit, chacun y va de son opinion. Cela montre bien que le tour du monde de la photo ne relevait pas de l’information, mais d’une allégorie en formation, capable de faire du bruit.
Le Monde a eu le temps de réagir grâce à son planning de publication. Le quotidien a pu mettre l’image en couverture le jeudi 3 septembre. Sauf qu’une erreur de coordination a apposé aux cotés de la couverture une campagne pour Gucci avec un mannequin allongé sur une plage. L’ironie est belle, et l’excuse du Monde aussi. On est face à une illustration de la tension du double lectorat, entre l’annonceur et le public.
Les autres quotidiens ont dû suivre le vendredi. Et la presse française a été « sommée » de s’expliquer. Libération s’est excusé collectivement sous la plume de Johan Hufnagel, ils n’avaient pas saisi l’importance de cette image. Pourquoi ? Parce qu’ils ont publié des images d’enfants morts avant, qu’ils suivent ces dossiers depuis longtemps. Cette photo a fait l’effet d’une décharge électrique, parce que certaines photos se cristallisent plus que d’autres dans nos esprits, même chose pour l’image du rassemblement à la place de la République le 11 janvier 2015. Libé en a vu d’autres, mais pas celle-là.
N’est-il pas aberrant que les médias, appareils vecteurs d’information, aient dû se plier à un caprice de l’opinion qui prenait soudain conscience d’une injustice somme toute de plus en plus banalisée ? La contrainte n’est pas seulement émotionnelle, elle est bien sûr économique. Il faut vendre, au risque d’aller vers une standardisation des médias dans leur forme et leur contenu. L’info est devenue un bien de consommation comme un autre, ingurgitée rapidement, massivement, et sans distance critique.
Mais l’opinion n’est jamais rassasiée, elle s’est aussi insurgée contre la Une de Charlie Hebdo et de sa caricature du tableau tragique. Bien que les codes de l’image permettaient de déceler l’absence d’humour et une vraie dénonciation de la situation, le journal a eu la vie dure. Merci à ce fameux décryptage (osons les gros mots) relayé par Konbini.
Quant à notre chère garde des sceaux, on peut lui décerner le prix de la fausse bonne idée, lorsqu’elle n’a pu s’empêcher d’exhiber sa plume littéraire par un tweet qui a fait bad buzz : « Son prénom avait des ailes, son petit cœur a dû battre si fort que les étoiles de mer l’ont emporté sur les rivages de nos consciences » . A vouloir toucher les étoiles, on se brûle Christiane…

Finalement, si la photo du petit Aylan a suscité autant de réactions, peut-être est-ce davantage dû à un retour d’un conservatisme moral qui s’immisce dans toutes les sphères de la société ; mais est-ce bien légitime lorsque l’on pense à tous ces enfants qui meurent chaque jour dans des conditions similaires ?
Judith Gasnault
Sources : 
France Info : http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/aylan-kurdi-ce-que-l-sait-du-parcours-de-la-famille-725087
Bfmtv : http://www.bfmtv.com/international/migrations-l-europe-sous-le-choc-apres-la-photo-d-un-enfant-mort-noye-911785.html 
Médiapart : http://blogs.mediapart.fr/edition/le-prix-nobel-de-la-paix-2015-pour-aylan-kurdi 
Twitter : https://twitter.com/ChTaubira/status/639436472001646594?ref_src=twsrc%5Etfw
Libération : http://www.liberation.fr/monde/2015/09/03/pourquoi-nous-n-avons-pas-publie-la-photo-d-aylan-kurdi_1375094 
Crédits images : 
– Slate.fr
– France Info
– Twitter

Appli Peeple
Flops

Peeple: indignez-vous ?

Peeple, nouvelle venue dans la grande famille des applications, a provoqué la colère et l’indignation de la communauté Internet avant même sa sortie, prévue en novembre prochain. Développée par deux jeunes canadiennes, Julia Cordray et Nicole McCullough, cette appli entend permettre à ses utilisateurs de noter leur entourage, plus ou moins proche, dans trois catégories: professionnelle, personnelle et romantique. Alors que l’application a été élue la « plus détestée du web », les créatrices de Peeple ont tenté de remédier à la situation en modifiant le projet pour lui donner un aspect plus « positif ». Retour sur les pérégrinations de l’appli bad-buzz du moment.
Peeple, l’appli qui entend faire de vous un bien de consommation
 

Le projet initial de Peeple était de noter son entourage comme n’importe quel bien consommable que l’on trouve sur Internet. Ce parti-pris était d’ailleurs totalement assumé par les créatrices de l’appli. « Les gens font tellement de recherches quand ils achètent une voiture ou prennent ce genre de décisions, pourquoi ne pas faire le même genre de recherche pour d’autres aspects de notre vie? », déclarait Julia Corday dans une interview donnée au Washington Post. Une application censée améliorer et faciliter nos vies en nous évitant beaucoup de « mauvais » choix…
Une fois annoncé, le principe de l’application a été jugé révoltant par une large majorité d’internautes. Et ses premières conditions d’utilisations ne faisaient que l’enfoncer au plus profond des méandres du bad-buzz. Pour en citer quelques-unes, il était impossible de supprimer son nom de l’application une fois qu’il y était rentré. Les commentaires, positifs comme négatifs, pouvaient apparaître pendant 48 heures sans pouvoir être modérés par l’utilisateur. Le projet prévoyait également que les utilisateurs puissent créer un profil à n’importe quelle personne sans nécessité d’un accord préalable.
Aux côtés de la communauté Internet, les médias se sont également indignés face aux nombreux risques que pourrait comporter une telle application: l’exposition de la vie privée (aggravée pour les utilisateurs inscrits sans leur accord), le racisme, le harcèlement, une tendance à « l’objetisation » de l’humain ou encore la déshumanisation des rapports sociaux. Et cette indignation semble avoir payé.
Peeple 2.0, la « positive revolution »
 

Avant même sa sortie, l’application a déjà connu une mise à jour importante suite aux nombreuses critiques qu’elle a essuyées. Julia Cordray a néanmoins publié un communiqué sur Linkedin indiquant que l’appli avait toujours été « Positive Only ». Après ce post, les conditions d’utilisation ont pourtant été modifiées: personne n’apparaîtra sur Peeple s’il ne l’a pas décidé, et les commentaires devront être modérés par l’utilisateur avant qu’ils n’apparaissent sur son profil.
Ce revirement de situation semble montrer à la fois la puissance que peut avoir la communauté Internet lorsqu’elle exprime son mécontentement, mais aussi l’hypocrisie de la communication de Peeple. Julia Cordray déclarait en effet en août dernier, dans une vidéo de teasing (supprimée depuis), que l’application n’aurait pas grand intérêt si on ne pouvait y poster d’avis négatifs.
Il semble enfin que cette application soit la traduction d’un réel malaise social. Le but de l’application, dans sa version aseptisée, est ainsi défini par Julia Cordray: « Il s’agit de nous inspirer les uns les autres en partant du positif. Nous méritons tous de savoir qui sont les meilleurs parmi les meilleurs! C’est un feedback pour vous-même! ». Ce feedback, que l’on peut assimiler à un certain narcissisme et à de la self-admiration, nous laisse penser qu’il y a en réalité un cruel manque de confiance, à la fois en soi et en l’autre, dans notre société. Cette nouvelle version de Peeple, semble illustrer ce besoin d’être rassuré en permanence à propos de nous-mêmes et des autres au sein d’un climat d’incertitude et de méfiance.
Les réseaux sociaux peeplisés?
Si la grande majorité s’indigne face à Peeple, nous pouvons aisément dresser des parallèles entre l’application et nos utilisations habituelles des réseaux sociaux. D’une certaine manière nous les utilisons déjà pour nous noter et nous juger les uns les autres à coup de like Facebook et de commentaires sur Instagram. Il faut cependant bien noter une différence fondamentale entre ces réseaux sociaux et Peeple puisque le jugement n’est pas leur but premier, affiché et assumé comme il l’est pour Peeple. Et en tant qu’application uniquement dédiée à l’évaluation humaine, elle aurait sûrement tendance à rendre systématique des pratiques qui ne sont pour l’instant que diffuses dans notre utilisation des réseaux sociaux.
Peeple se veut être utile pour se renseigner sur les autres et évaluer notre intérêt à les fréquenter ou non. Une telle conception des relations humaines peut paraître choquante, pourtant nos pratiques sur Internet traduisent déjà cette volonté. Ainsi le « googling », avant ou après un rendez-vous par exemple, montre bien un désir d’en savoir plus sur l’autre avant de le connaître vraiment, comme si nous avions peur de la découverte pure et simple. Une telle pratique, et a fortiori une application comme Peeple, nous poussent donc à conserver nos préjugés en ajoutant un obstacle à la rencontre, et à se priver des surprises de la rencontre in real life.
Finalement, la proposition de Peeple serait de vivre dans un monde aseptisé où l’on ne se confronte plus aux autres mais où l’on choisit seulement ceux qui paraissent nous correspondre. Peeple, qui se veut une révolution positive et une application sociale, se révèle finalement un réel frein au lien social.
Clémence de Lampugnani
@clemydelamp
Sources:
http://www.blogdumoderateur.com/peeple-pivot-positive-revolution/ 
http://www.slate.fr/story/107641/peeple-application-noter-gens-terrifiante
http://www.presse-citron.net/peeple-lapplication-ou-lon-peut-noter-les-gens-fait-scandale/
http://www.bbc.com/news/technology-34446882
http://arstechnica.com/business/2015/10/yelp-for-people-app-if-it-exists-disappears-from-the-internet/
Crédits: 
Peeple
Twitter