Société

Du jamais vu dans l’histoire des palaces parisiens

 

Paris, qui jouit d’un rayonnement international, est le passage obligé pour les grandes marques de luxe qui cherchent à s’imposer sur le marché. Depuis 2010, l’arrivée du Shangri La, du Mandarin Oriental, la réouverture du Raffles Royal Monceau ainsi que l’ouverture prévue en 2013 du Péninsula, bouleversent l’échiquier du marché de l’hôtellerie de luxe. En un peu plus de 2 ans, Paris aura été le théâtre de nombreux changements. Quatre groupes hôteliers asiatiques ont pris leurs quartiers à Paris, amorçant ainsi leur implantation en Europe. Aiguisé par ces nombreuses ouvertures et audacieuses rénovations, le clan des sept (le George V, Plaza, Meurice, Crillon, Ritz, Bristol et Fouquet’s) se prépare à une lutte sans merci. La concurrence se joue plus que jamais sur le service, les compétences et les ressources humaines.

Les titans de l’hôtellerie asiatique qui arrivent sur le terrain concurrencent les prestigieux établissements historiques parisiens et cette émulation entraîne un repositionnement des acteurs. À cela s’ajoute une redistribution des cartes qui se fait dans un périmètre restreint. Le Peninsula dorénavant presque voisin du Raphaël pose ses valises avenue Kléber. Etant pour la plupart situés dans le triangle d’or du 8ième arrondissement, les hôtels de luxe se livrent une concurrence d’autant plus dure. Les fleurons de l’hôtellerie de luxe cherchent donc tous à se repositionner, à affirmer leur identité et se différencier en recrutant le personnel le plus qualifié. Emerge alors un problème crucial, celui de gérer ces nouveaux besoins en ressources humaines.

À l’aune de cette nouvelle ère du marché de l’hôtellerie, la tension se fait donc ressentir. La chasse au recrutement n’a jamais été aussi tendue. Dans un petit monde où tout le monde se connaît très bien, c’est la cooptation et le réseau informel qui prime. Le bouche à oreille est rapide, les offres du milieu circulent rapidement et les DRH et les équipes dirigeantes se battent pour conserver leurs équipes qui reçoivent sans cesse de meilleures offres. Le va-et-vient incessant des tops managers et des chefs entre les grands hôtels est désormais banal. C’est au meilleur offrant et il n’est pas rare qu’un grand chef quitte son poste pour rejoindre l’égide adverse. Ainsi, les géants asiatiques, sans pitié, n’hésitent pas à aller débaucher des employés de palaces concurrents. Paris n’est pas la seule concernée : l’Europe dans son ensemble risque d’être affectée par ce jeu de chaises musicales.

Pour contrer la concurrence grandissante sur le marché, les recrutements n’ont jamais été aussi exigeants. Mais les recruteurs, avec une demande d’expérience et d’expertise toujours plus élevée, se retrouvent face à une pénurie de candidats adéquats. À cela s’ajoute aussi un vivier de candidats restreints. Le candidat idéal, avec d’excellents acquis professionnels, des expériences significatives à l’étranger et un savoir-être accompli, se fait rare. D’où les tensions entre les anciens et les nouveaux hôtels, qui s’arrachent les meilleurs. Dans ces conditions, la gestion des ressources humaines est un véritable enjeu auquel les professionnels de l’hôtellerie sont confrontés. C’est pourquoi de plus en plus de DRH font appel à des cabinets privés ou des chasseurs de tête aux techniques et aux méthodes RH très structurées afin de pallier cette fragilité du recrutement. La concurrence venue d’Asie fait mal et s’installe plus ou moins insidieusement. Le défi est lancé, reste à voir comment les Français vont faire face à ces revirements stratégiques. À voir aussi, la capacité des tops managers, face aux géants chinois, à mener le changement et à s’adapter au marché en mutation.

 

Rébecca Bouteveille

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