Société

Le fait divers : fascination malsaine pour le morbide

Xavier Dupont de Ligonnès, le petit Grégory, Michel Fourniret, Nordahl Lelandais… Des noms ancrés dans l’imaginaire collectif et qui nous ramènent directement aux affaires criminelles les plus marquantes de ces cinquante dernières années. Ces histoires morbides, parfois mystérieuses, ont suscité et suscitent encore une grande curiosité et de nombreux questionnements. Depuis les débuts du genre, le public amateur de faits divers criminels ne cesse de croître. On retrouve ce genre dans tous les médias et sous tous les formats, contribuant à la construction d’une fascination malsaine par rapport à ces récits sanglants. Les origines du fait divers criminel Le 19e siècle invente les faits divers, une rubrique journalistique qui devient une véritable stratégie éditoriale pour capter le lectorat. À l’origine c’est la presse qui conçoit et s’empare du fait divers en relatant une histoire horrifiante. En septembre 1869 à Pantin, 6 cadavres d’une même famille sont retrouvés poignardés, l’affaire prend le nom du meurtrier : Jean-Baptiste Troppmann. C’est la première histoire criminelle si marquante, en raison de son retentissement et de son succès inédit. Le jeune quotidien intitulé Le Petit Journal va tout miser sur cette affaire. Pendant 4 mois, à partir de la découverte des corps et jusqu’à la mise à mort du mort meurtrier, ils vont rédiger un feuilleton judiciaire. Le journal fait sa fortune sur cette affaire. Au lendemain de l’exécution de Troppmann, Le Petit Journal est tiré à plus de 594 000 exemplaires. Le propriétaire du média, célébrera d’ailleurs ces ventes record par une kermesse tenue sur les lieux du crime. Un franchissement indéniable des limites de l’entendement et de la bienséance. L’évolution du genre  Le fait divers, notamment criminel, devient une rubrique et un sujet qui contribue grandement à l’attrait du public pour la presse. On voit alors se développer le leadership des titres à grands tirages : Le Petit Journal, Le Journal, Le Petit Parisien, Le Matin. Des périodiques qui vont avoisiner le million de lecteurs chacun. Dès la fin du 19e siècle, une presse spécialisée dans les faits divers voit le jour avec des titres, tels que L’Oeil De La Police, qui connaissent un succès considérable. Des écrivains se sont ensuite approprié la matière du fait divers. Des grands noms tels que Flaubert, Dumas, Balzac ou Zola, s’y sont intéressé puisque ce genre offre au récit et aux personnages un ancrage dans la réalité. La récente popularité du True Crime Le fait divers criminel fait vendre, ainsi le genre, au fil des années, s’est vu décliné sous tous les formats possibles : émissions de télévision, bandes dessinées, podcasts, chroniques radiophoniques, documentaires, vidéos YouTube, séries… Toujours en pleine mutation, le fait divers suscite depuis quelques années, un intérêt nouveau à travers le true crime, étant la réécriture d’un crime réel pour en faire un récit, mis en son ou en image sous forme de podcast ou de série principalement. Le genre des faits divers s’actualise avec la promesse de donner plus de sens aux histoires, et s’adapte aux nouveaux modes de communication en vogue. Netflix est la plateforme reine pour les amateurs de true crime, adaptant les plus grandes affaires criminelles pour en faire des mini-séries. En 2019, deux des dix documentaires du géant du streaming les plus vus en France étaient consacrés à ce type d’histoires sordides : Grégory et Dont’t f**k with cats : un tueur trop viral. Les producteurs ont conscience de l’intérêt que suscite le genre et tentent ainsi de mettre à profit le voyeurisme des potentiels spectateurs. Un genre parfois trop captivant  Depuis ses débuts, on constate une réelle fascination, entendue comme une curiosité excessive, pour les faits divers criminels. Un voyeurisme morbide se rapprochant parfois de l’obsession malsaine.  Un grand nombre de justifications existent pour expliquer le succès, qui ne diminue jamais, des faits divers criminels. Certains de ces arguments paraissent sains et rationnels. Ainsi, la consommation de faits divers relèverait parfois d’une “vigilance protectrice”. Les gens se serviraient des histoires, de l’observation des mécanismes des criminels et des réactions des victimes pour éveiller leurs sens, et se préparer à identifier des personnes dangereuses dans la société en voyant comment ils vivent au quotidien. Ils voient les faits divers comme une manière de s’informer sur le danger pour mieux s’en prémunir. Pour certains il s’agit également d’un moyen de mieux comprendre le fonctionnement de la société. En effet, à travers le récit d’histoires criminelles, on se rend compte qu’elles sont susceptibles de toucher chacun d’entre nous, sans distinction de classe sociale.  De plus, les affaires criminelles passionnent en raison de leur capacité à refléter les transformations de l’époque. Elles sont un miroir des changements de notre appréhension du temps. Jusqu’à peu, plus nous nous éloignions du moment où le crime avait été commis, plus les chances de le résoudre diminuaient. Cependant, avec la prolifération des indices génétiques, cette dynamique s’est inversée : plus le temps passe depuis le crime, plus les chances de le résoudre augmentent.  Ainsi, les faits divers les plus fascinants sont ceux qui restent non élucidés. Pour nous fasciner, les histoires criminelles vont au-delà du simple acte délictueux, impliquant une énigme qui remet en question la possibilité d’atteindre une vérité quelconque. Mais les faits divers sont aussi captivants puisqu’il s’agit d’une curiosité naturelle chez les humains d’après de nombreux psychologues, puisque ces histoires portent sur des problèmes fondamentaux, permanents et universels : la vie, la mort, l’amour , la haine, la nature humaine, la destinée… Ainsi ce sont des sujets auxquels chacun d’entre nous peut se raccrocher en trouvant des points de comparaison. Le fait divers vient également combler notre incommensurable et éternel besoin d’histoires. En effet, dès le plus jeune âge, nous sommes bercés par les récits et, tous autant que nous sommes, ils nous passionnent par leur inventivité, et les rebondissements qu’ils contiennent. Les histoires criminelles, bien que non-fictionnelles, sont les récits parfaits pour satisfaire nos désirs. Mais ce genre est aussi captivant pour des raisons qui révèlent des parts sombres de la nature humaine. En effet, il permet de nous rassurer du fait que nos actions dans la société relèvent de nos choix et ne sont pas contraintes. Les consommateurs du genre ne sont pas attirés par le mal en soi, mais sont intéressés par celui qui le perpètre. Les délinquants et criminels captivent parce que leur transgression offre une forme de réconfort. Leurs actions démontrent la possibilité de désobéir aux normes morales et sociales. Par conséquent, en respectant ces normes de notre côté, il semble que nous ayons fait le choix opposé, indiquant ainsi que nous nous conformons de manière volontaire plutôt que par obligation. Cela réduit le poids des diverses formes de contrainte sociale qui pèsent sur nous. L’attrait pour les faits divers criminels s’explique aussi par le fait de ressentir, à distance, un malheur dont on est épargné. On est soulagé de ne pas l’avoir vécu personnellement. Ainsi on se réjouit en quelque sorte que le malheur soit celui d’un autre que nous. Mais si être intrigué et captivé par les faits divers criminels se justifie de manière saine, ou plus discutable, il n’y a qu’un pas entre curiosité et voyeurisme. Effectivement, qui n’a pas ressenti le désir d’explorer minutieusement tous les aspects d’un homicide dès sa découverte, y compris les détails les plus macabres ? Le compte Instagram américain de l’entreprise Spaulding Decon, pousse ce voyeurisme à l’extrême et vient nourrir la curiosité déplacée de ses 710 000 abonnés. Ce compte d’une entreprise de nettoyage, illustre à travers des photos explicites les scènes de crimes avant leur nettoyage. Les risques de la “romantisation” des criminels Les faits divers ne sont pas toujours accueillis de la bonne façon par le public, leur diffusion à travers les séries va parfois contribuer à leur romantisation. En effet, les séries basées sur des histoires criminelles, vont parfois livrer une image permettant de créer de l’empathie, de la sympathie, ou de l’amour dans certains cas, pour le meurtrier chez les spectateurs. Ainsi les tueurs en séries deviennent une tendance malsaine, des objets de la pop culture, retirant toute gravité à leurs actions, faisant oublier les souffrances des familles des victimes. L’ajout fictionnel des séries aux faits divers vient amplifier la fascination que ressentent certains spectateurs. En donnant vie à ces personnages et en les idéalisant, elle ne fait que renforcer l’attrait qui les entoure. Ainsi, la série Dexter a réussi à conférer au tueur en série éponyme une aura quasi-sympathique : son charme provient de son absence de morale et de son code éthique qui le guide. Du personnage de M Le Maudit à ceux de Seven et Psychose, le tueur en série est devenu une figure récurrente du cinéma.  La réalité offre une version bien plus crue des tueurs en série que la fiction : une version brute exposant les faits sans tentative de pénétrer la psyché des dits tueurs pour comprendre leurs motivations ou leurs traumatismes, et ainsi leurs potentielles justifications et axes de défense.  Avec la série Dahmer, produite pour Netflix, le réalisateur, Ryan Murphy, voulait conter l’histoire des meurtres de celui qu’on surnomme le « monstre du Milwaukee », un meurtrier multirécidiviste et cannibale, mais du point de vue des victimes. Comme un hommage à leur mémoire. Sauf que, l’effet a été inverse, et nombreux sont ceux à avoir développé de la compassion pour lui. C’est bien le problème des films et des séries true crime : le personnage central est un tueur en série. Donner le rôle titre à Evan Peters, icône et sex symbol, a aussi contribué à la romantisation du personnage de Jeffrey Dahmer. Ce sont des productions qui se situent à mi-chemin entre le journalisme et la fiction, car des enquêtes approfondies ont été menées pour narrer de manière précise les diverses histoires, qui sont simultanément adaptées pour la télévision ou les plateformes de streaming. Le problème ne réside pas tant dans le concept de la série en question, mais dans la manière dont elle est exécutée, et aussi la façon dont elle est reçue. Revenir sur les meurtres commis par Jeffrey Dahmer en mettant en avant le point de vue des victimes est effectivement intéressant. Certains peuvent également être captivés par la compréhension du mécanisme de réflexion d’un tueur en série et de ses motivations. Cependant, bien que Ryan Murphy ait contacté une vingtaine de proches des victimes avant le tournage, comme il l’a mentionné lors d’une projection à Los Angeles, il aurait peut-être dû attendre leur consentement et leurs témoignages. Sans ces autorisations, la série peut être perçue comme du voyeurisme, car elle fouille dans la vie des personnes impliquées et expose des détails à l’origine de la souffrance des familles des victimes. Un genre à appréhender avec prudence En somme, produire des faits divers criminels, quel que soit le format, n’est pas un problème. Lorsqu’on raconte des histoires aussi sombres, tout est une question de point de vue, de mise en scène, et surtout d’interprétation. Il est tout à fait normal de vouloir les regarder et s’informer, cela s’explique de manière rationnelle et saine. Cependant certains comportements et types de réceptions s’apparentent à du voyeurisme et de fascination malsaine, sur laquelle jouent les producteurs de contenus de ce genre puisqu’ils maximisent ainsi leur audience et leurs profits. Il est important de prendre de la distance face à ce type de contenu pour ne pas adopter de comportements excessifs et pouvant mettre en cause l’intégrité des victimes et de leurs familles. Sources et références pour aller plus loin : Articles universitaires :  Hd., J. (1994). Kalifa (D) — Petits reporters et faits divers à la « Belle Époque ». Population, 49, 826-827. . Vidéos :  France Culture. (2021, 2 juillet). Faits divers : l’obsession du réel [Vidéo]. YouTube. France Culture. (2023, 7 avril). Ce que le fait divers dit de nous [Vidéo]. YouTube. France Inter. (2020, 24 septembre). À l’origine : les faits divers # CulturePrime [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=-h6Q2oeQXpE Articles de presse en ligne : 20minutes, J. (2011, 22 avril). Pourquoi les faits-divers nous fascinent-ils autant ? www.20minutes.fr. https://www.20minutes.fr/societe/712209-20110422-societe-pourquoi-faits-divers-fascinent-ils-autantBeauchet, G. (2020, 28 mai). Pourquoi les faits divers nous fascinent-ils autant ? Marie Claire. https://www.marieclaire.fr/,pourquoi-les-faits-divers-nous-fascinent-ils-autant,845914.aspDe Sousa, C. (2022, 20 mars). Pourquoi sommes-nous tant fascinés par les faits-divers ? Le Dauphiné. https://www.ledauphine.com/magazine-sante/2022/03/17/pourquoi-sommes-nous-tant-fascines-par-les-faits-diversGratien, A. (2023, 25 juin). L’avis de l’expert : pourquoi sommes-nous tant fascinés par le crime ? Konbini – Musique, cinéma, sport, food, news : le meilleur de la pop culture. https://www.konbini.com/pepite/lavis-de-lexpert-pourquoi-sommes-nous-tant-fascines-par-le-crime/Malaure, J. (2023, 30 avril). Le goût pour les affaires criminelles est-il (forcément) un plaisir coupable ? Le Point. https://www.lepoint.fr/societe/le-gout-pour-les-affaires-criminelles-est-il-forcement-un-plaisir-coupable-30-04-2023-2518343_23.php#11Mourani, M. (2022, 26 octobre). Le voyeurisme morbide, un mal qui nous touche tous. Le Journal de Montréal. https://www.journaldemontreal.com/2022/10/25/le-voyeurisme-morbide-un-mal-qui-nous-touche-tousRopert, P. (2017, 20 novembre). De Jack L’Eventreur à Charles Manson, pourquoi les tueurs en série fascinent. France Culture. https://www.radiofrance.fr/franceculture/de-jack-l-eventreur-a-charles-manson-pourquoi-les-tueurs-en-serie-fascinent-9779102 Pages Internet :  L’irrésistible attraction du fait divers | BNF Essentiels. (s. d.). BnF Essentiels. https://essentiels.bnf.fr/fr/societe/medias/2976bcba-5115-409a-8191-d1e925cfea5a-genres-presse-presses-genre/article/d3e0053d-0acb-4f7f-a1f0-1352a5fd5a8b-irresistible-attraction-fait-diversZiani, A. (2020, 10 décembre). True Crime, le renouveau du fait divers – stratégies. Stratégies. https://www.strategies.fr/etudes-tendances/tendances/4049111W/true-crime-le-renouveau-du-fait-divers.html Marie Desforges
Société

Bullshit Jobs : Pourquoi se tuer au travail quand on peut vivre (tout court) ?

Quand bosser ne fait plus rêver : le casse du siècle sur la notion de travail Le travail est central dans nos sociétés. Quand on rencontre quelqu’un, la deuxième question posée après avoir demandé son prénom, est de lui demander ce qu’il fait dans la vie. Les enfants ne sont pas épargnés. On leur demande dès le plus jeune âge ce qu’ils voudraient faire quand ils seront grands. Ainsi, le travail est valorisé, et ceux qui n’ont pas de travail sont étiquetés comme fainéants. Le travail est si important qu’aujourd’hui, presque tout le monde veut occuper un emploi à tout prix, quitte à en oublier d’y donner un sens. Les « Bullshit jobs » ou faire semblant de travailler… Vous vous êtes peut-être demandé un jour si votre (futur) métier était utile. C’est vrai, on ne voit pas bien ce qu’un consultant en Ressource Humaine, une avocate d’affaires, ou bien un coordinateur en communication apporte de positif aux communs des mortels. Il est plus facile d’admettre que des métiers comme mécanicien, agent d’entretien ou boulanger sont utiles. Les bullshits jobs: c’est le terme employé par l’anthropologue états-unien David Graeber, pour désigner un emploi rémunéré qui est si inutile, superflu, voire néfaste que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence, bien qu’il se sente obligé, pour honorer les termes de son contrats, de faire croire qu’il n’en est rien.…Pour le dire plus simplement : ce sont des jobs auxquels on donne un certain prestige, des cols blancs qui travaillent dans des bureaux, mais qui eux-mêmes ne justifient pas l’existence de leur job. Souvent contraints à une flopée de paperasses, réunions et validations hiérarchiques, les bullshits jobs se caractérisent le plus souvent par des procédures inutiles, histoire de faire “semblant “ de travailler… Avec l’essor du secteur des services et la volonté de redistribuer le profit à des haut placés, on a créé des jobs de cadres et de services à tire-larigot , pas toujours nécessaires…Il ne faut pas confondre les bullshits jobs avec les “shit jobs” qui sont quant à eux peu valorisés et ont des mauvaises conditions de travail, mais qui sont pour autant très utiles.  Des personnes se rendent compte de l’arnaque des bullshits jobs et témoignent mais parfois, il est difficile d’admettre que son job ne sert à rien,  surtout si le job paye bien et est prestigieux. Les gens diraient “mais t’es déjà chanceux d’avoir ce job”. Sur les réseaux sociaux certains s’amusent de ces jobs à la cons… Source : @galansire Travailler a-t-il un sens? La définition du travail est aujourd’hui troublée par de multiples situations ambiguës. De plus en plus de gens s’interrogent sur le sens du travail, et plus spécifiquement sur l’utilité de leur travail, comme vu précédemment avec les bullshits jobs. Nous avons tellement l’habitude de travailler, d’étudier, que nous ne savons plus si c’est vraiment utile. On peut même considérer qu’un travail est utile, à partir du moment où il permet de gagner de l’argent et donc de subvenir à ses besoins. Mais qu’en est t-il de l’éthique? Un travail doit-il être forcément en vue du bien?  Comme dit précédemment, il existe des tas d’emplois qui sont inutiles, voire néfastes. Des étudiants d’AgroParistech (école d’ingénieur du Ministère de l’Agriculture) l’avaient proclamé avec amertume lors de leur remise de diplômes. Contrairement aux métiers écocidaires auxquels on les formait ;  ils appelaient à des métiers véritablement sensés pour la santé de notre planète.  Mais après tout, un job peut être utile pour un tel et néfaste pour un autre, non ? Par exemple, forrer pour le pétrole détruit les coraux mais nous fournit en énergie. Ainsi, ce  sens recherché à tout prix dans le travail est soumis aux intérêts des uns et des autres. Pas facile alors de donner un sens au travail. Travailler moins pour mieux vivre : une solution ? Mais alors une question sulfureuse apparaît : doit-on travailler moins ? Il est difficile d’imaginer qu’on puisse travailler moins, alors qu’encore beaucoup occupent des emplois précaires. Le plein emploi reste le saint Graal. On apprend aux jeunes à choisir un métier lucratif, un logement , une voiture, un CDI… (d’où l’émergence des business schools qui garantissent un certain train de vie) ; et une fois entré dans ce schéma, il est difficile de faire retour en arrière.  Toutefois, une conception plus frugale de la société est envisagée par certains penseurs pour que tout le monde puisse travailler, mais moins et mieux. Selon la philosophe Céline Marty dans son essai Travailler moins pour vivre mieux : Guide pour une philosophie antiproductiviste, nous mettons la “valeur travail” sur un piédestal, ce qui nous empêche d’envisager une vie avec moins de travail. Il vous est peut-être arrivé de vous surprendre à vouloir rentabiliser tout votre temps pour être productif : se dire que regarder Netflix en anglais vous aidera à avoir des meilleures notes, penser qu’une expérience de bénévolat ferait bien sur le CV, ou encore considérer nos proches comme un bon réseau. Pour Marty, cette logique productiviste omniprésente est dangereuse. Il serait possible de réorganiser la société sous un autre prisme que celui du travail. Au-delà de la réduction du temps de travail pour éviter les bullshits jobs qui a déjà été discutée, on pourrait supprimer les emplois polluants et inutiles. Par exemple, faire la publicité de la marque Louis Vuitton ne serait pas un besoin essentiel, et est en plus non-écologique, On pourrait alors dire adieu à ce métier.…en bref : produire moins et mieux. Il faudrait revenir à une définition plus utilitaire du travail: simplement une activité de satisfaction des  besoins, d’autant plus à l’aune d’une crise climatique. Une fois que les besoins sont satisfaits, plus besoin de travailler. Doit-on avoir peur pour nos futurs métiers ?  Le mythe du « travailler plus pour réussir » à l’épreuve des générations. Par ailleurs, on voit un mouvement chez la jeune génération qui rejettent cette vieille vision du travail. La Gen Z refuse le badge de ‘workaholic’ et l’assume ! Pour caricaturer, la jeune génération ne reste plus au bureau des heures et des heures pour prouver son engagement à son manager et ne néglige plus sa santé mentale ; il change d’entreprise tout le temps, et sa pire phobie : le CDI ! Au lieu de rêver carrière, il rêve de voyages et de projets personnels. En bref, ce spécimen choque la génération qui ne jurait que par un emploi établi et prospère. Source : Instagram @alexandra.glow_ Source : TikTok @zenifonline En tant que Celsien.ne.s, ces réflexions sont  plus pertinentes que jamais. La  réorganisation d’une société plus frugale paraît encore bien loin à l’heure du capitalisme. Toutefois, des petites vagues à l’horizon commencent à faire chavirer la valeur travail comme le montre l’actualité: semaine de 4 jours, Grande démission, la ras le bol de la GenZ…autant de petits signes qui montrent peut-être le début de la fin de la tyrannie travail.  Pour aller plus loin : John Meynard Keynes, Perspectives économiques pour nos petits enfants  (travaux économiques pour une semaine de 15 jours) Témoignage documentée par des experts un bullshits jobs par Arte Radio https://www.youtube.com/watch?v=5PNKqsL8VS8 Reportage d’HugoDécrypte sur le livre de David Greaber : Entretien avec Marie-Anne Dujarier sur le sens du travail aujourd’hui par Arte dans le format Les idées larges : Sources :  Remise de diplômes Agroparistech : https://www.youtube.com/watch?v=SUOVOC2Kd50 Marie-Anne Dujarier, Troubles dans le travail David Geaber , Bullshits Jobs Céline Marty, Travailler moins pour vivre mieux. Guide pour une philosophie antiproductiviste Ariane Marin-Curtoud
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Les Incels, une réelle idéologie de la misogynie, favorisée par internet

Les incels : qu’est-ce que c’est ?  In – cel : contraction de involuntary et de celibate, en français “célibataire involontaire”. Vous l’aurez compris, aujourd’hui, Fast N Curious s’attaque aux fameux incels, ces individus masculins qui, sur Internet, relâchent une vague de haine envers les femmes. Sous prétexte de ne pas réussir à avoir des relations affectives et/ou sexuelles avec celles-ci, les incels les critiquent, font la promotion de la violence envers elles, et tiennent des propos extrêmement misogynes. Actuellement, on en compte plusieurs dizaines voire centaines de milliers, même s’il est difficile d’estimer parce que cette communauté est majoritairement présente sur le web. Si FastNCurious a déjà exploré un sujet similaire sous l’angle du marketing d’une figure masculiniste, Andrew Tate (article ici), nous souhaitons avec cet article explorer le sujet sous un autre regard.  Ainsi, nous voulons montrer de quelle manière internet favorise cette idéologie de la misogynie
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Les paradoxes du body positivity

Entre marques, troubles alimentaires, représentation du physique et réseaux sociaux, l’article d’aujourd’hui traite du fameux body positivity, en explorant ses débuts, ses paradoxes et ses limites.
Société

Astrologie et tarots : les nouveaux cupidons de l’amour

À l’heure des restaurants et boutiques fermés, une nouvelle forme de publicité est apparue, plus digitale et numérique. Avec la multiplication du télétravail ces dernières années, les marques ont dû s’adapter, s’immisçant dans les lieux privilégiés des consommateurs : les réseaux sociaux. Les plateformes Instagram et Tiktok ont connu un bond d’activité impressionnant pendant les périodes de confinements, démultipliant ainsi les offres présentes sur internet. Dès lors, on note depuis quelques années des nouvelles demandes de la part des consommateurs qui se tournent de plus en plus vers des comptes dédiés à l’introspection et à la méditation. Au milieu de ce marché florissant, des pseudo-professionnels des tirages de cartes s’adonnent chaque jour à répondre aux questions — existentielles — des internautes, de plus en plus nombreux à se réfugier derrière ces tirages pour mieux comprendre leurs sentiments.
Société

Vers un Green Luxury ? Les maisons de luxe face aux problématiques écologiques contemporaines.

Alors que vous vous rendiez aux Galeries Lafayette du Boulevard Haussmann pour vous faire transporter par la magie de Noël et admirer cet énorme sapin dont la décoration, soyons honnêtes, se dégrade d’années en années ; vous vous perdez au milieu de la foule grouillante quand, soudainement, votre regard se pose sur un étrange panneau « [RE]Store » : mais qu’est-ce ?
Société

Quand les adolescents starifiés lèvent le tabou sur la santé mentale

En 2022, il n’est plus surprenant de voir des adolescents se lancer dans la quête insatiable de la célébrité, promue par Youtube, Instagram ou plus récemment Tiktok. Mais comment expliquer l’accélération de ce phénomène de starification chez les plus jeunes ?  Récit d’une génération déchantée, qui ose (enfin) mettre des mots sur un mal-être… inévitablement marchandisé.
Société

#Metoo, #balancetonbar, à l’ère du féminisme des hashtags et des réseaux sociaux

En 2017, un hashtag prend de l’ampleur aux Etats-Unis, puis dans le monde entier, pour symboliser finalement le début d’une ère : #Metoo. Lancé suite aux scandales de harcèlements et d’agressions sexuelles par le producteur de cinéma américain Harvey Weinstein, il a ouvert, depuis sa création, la porte aux témoignages et lancements d’alerte au sein de la communauté féministe. Leur point commun ? Le moyen de diffusion, et surtout la forme. Les réseaux sociaux, et tout particulièrement la plateforme Twitter, sont devenus les vecteurs privilégiés d’une nouvelle parole, matérialisée par l’usage du #. Entre 2017 et 2018, #MeToo et #BalancetonPorc comptabilisent ainsi à eux seuls respectivement 17,2 millions et 930 000 tweets. Des chiffres vertigineux qui visibilisent une réalité jusqu’alors tue, et donnent, enfin, la parole aux victimes de violences sexuelles et sexistes.
Société

Scepticisme scientifique : vers un monde de post-vérité ?

On dit souvent « ce n’est pas la fin du monde » … mais qu’en est-il réellement ? La dernière comédie apocalyptique « Don’t look up : déni cosmique », disponible sur Netflix, tente d’y voir plus clair tout en alertant sur les dérives de notre société. Parmi elles, la réception des vérités scientifiques auprès de l’opinion publique. Analyse de ce phénomène, sous le prisme de la pensée d’Etienne Klein et son essai « Le goût du vrai ».
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