CES 2014 : la communication Homme-Machine à l’honneur
Mardi 7 Janvier s’est ouvert à Las Vegas le Consumer Electronic Show (CES), le rendez-vous incontournable des marques et start-up high-tech. Magnétoscopes, caméscopes, CD, TV Plasma, Blu-Ray…tous ont été présentés pour la première fois dans ce salon qui a lieu tous les ans depuis 1967..
Cette année, malgré l’absence remarquée de quelques unes des grandes figures du secteur, Google, Apple, Amazon ou Microsoft qui préfèrent privilégier l’organisation d’événements individuels (Keynotes), il n’en reste pas moins une occasion pour certaines start-up de briller par leur créativité.
Pour cette édition, 40% des stands concernent les objets connectés. Ils sont au centre de toutes les attentions depuis quelque temps. En effet, L’Internet des choses (Internet of Things) est un secteur en pleine croissance, il représenterait plus de 5 Milliards de dollars à partir de 2015.
Vous aimeriez que votre plante vous dise qu’elle a soif, que votre fourchette vous signale que vous mangez trop vite ou même comment avoir un cycle de sommeil optimal ou de quelle manière vous brosser les dents plus efficacement ? Les objets intelligents sont là pour cela. Le principe est globalement le même pour tous : un objet ordinaire du quotidien est repensé de manière à être connecté à Internet pour pouvoir rassembler des données qu’il sera possible de consulter sur votre terminal afin de vous renseigner sur vos pratiques ou améliorer votre quotidien.
Les produits les plus en vogue pour l’instant restent ceux liés au bien-être et à la santé avec l’objectif à chaque fois d’améliorer l’usage de l’objet et de mieux l’adapter au mode de vie actuel.
Ce qui peut apparaître à première vue comme de simples gadgets représente pour beaucoup la technologie de demain, d’où la mobilisation de nombreuses entreprises européennes qui ne souhaitent surtout pas rater le tournant de l’Internet Of Things. Le nombre de ces objets aurait déjà atteint 15 Milliards d’unités et celui-ci devrait doubler d’ici 2020, de quoi garantir de belles perspectives pour le secteur.
Ces dispositifs sont rendus autonomes grâce aux données que nous leur confions volontairement. Celles-ci circulent dans le monde parallèle du Cloud, stockées dans des data centers un peu partout dans le monde. Et si la question de la protection des données personnelles commence à soulever des interrogations, les acteurs du secteur s’empressent déjà de rassurer en insistant sur la fiabilité de leurs procédures de sécurité et sur la possibilité « d’anonymiser » les informations s’ils venaient à les partager.
Ceci dit, cette tendance nous impose inévitablement de penser notre rapport à l’objet dans sa quotidienté vécue, encore plus avec l’objet connecté celui-ci étant décrit comme intelligent.
Si le gain en efficacité peut être appréciable, il pose néanmoins la question de savoir si l’objet devenait intelligent, est-ce l’homme dépendant de ce dernier qui le serait moins ? The Internet of things serait-il le début d’une sorte d’infantilisation au profit de la technologie ? Jean Baudrillard semblait le dire déjà dans Le Système Des Objets en 1968 : « Le spectacle de la machine qui produit du sens, dispense l’homme de penser ». Par ailleurs, dans le cas d’une défaillance de la machine, l’homme devrait pouvoir reprendre la main, en sera t-il toujours capable ?
On peut dire que l’on assiste véritablement à une mutation qui viendra renégocier le statut de l’objet et l’importance ou la confiance qu’on lui accorde. Néanmoins, le sentiment partagé d’hyper-connectivité qui semble déjà susciter quelques réserves et les récents événements d’exploitation commerciale ou piratage des données personnelles sont autant de raisons qui peuvent venir enrayer l’avènement de l’ère du « tout connecté ».
Salma Bouazza
Sources
Libération
LeMonde