Moi, le sida : quand la communication devient vraiment virale
« Je suis là ». C’est tout simple, et pourtant, il a raison. On ne l’a pas oublié, mais à force de campagnes, d’émissions, de manifestations… il est devenu presque banal. On n’en parle plus autant qu’avant. C’est vrai, il fait partie du paysage, aujourd’hui. Puisqu’on parle moins de lui, l’agence WNP pour l’association AIDES, a décidé de redonner la parole au SIDA dans une toute nouvelle campagne. Le sida y parle de lui, de vous, de ses soirées… Personnage virtuel envahissant, et même assez flippant, il s’immisce dans votre vie virtuelle comme il le fait dans la vraie vie, sans prévenir, sans crier gare. L’objectif de cette campagne de communication est clair : débanaliser le sida, et rappeler qu’il fait toujours 35 millions de victimes.
Le sida s’exprime – Il faut le faire taire.
La campagne se déroule en deux phases : du 1er mai au 8 juin, le sida est sur les réseaux sociaux. À 32 ans (pour rappel, il a été identifié en 1983), il est sur Facebook, Twitter, Instagram, Linkedin, Grindr, Tinder… Et il se fait connaître. Sur Facebook, il commente, like, raconte sa vie. Sur Twitter, nombreux sont ceux qui ont reçu la notification (pas forcément rassurante) « Le sida vous suit ». Le sida tweete, retweete, partage… Sur Tinder et Grindr, grâce aux étudiants du groupe ISEG, il est géolocalisé partout en France, et son profil peut apparaître dans votre périmètre. Sur Linkedin, il parle de son parcours professionnel, sur Intsagram, vous pouvez découvrir ce qu’il mange, ce qu’il voit, où il sort… Il évoque sa vie sexuelle dans le courrier du cœur des magazines féminins, et sur Leboncoin, il vend des boîtes de préservatifs périmés.
En somme, le sida est partout, et il le dit : canicule, Eurovision, bac 2015, affaire Carlton, Festival de Cannes… Tous les sujets d’actu le concernent. #Jesuislà.
Et depuis le 8 juin, il n’est plus seul à s’exprimer. Pour la deuxième partie de la campagne AIDES prend aussi parole : vidéo diffusée à la télévision et sur internet, spot radio, affichage, pétitions… Le message est simple : le sida est là, il parle, avec la voix de Gaspard Proust. Alors, « Pour le faire taire : AIDES.org ».
Une campagne innovante
L’atout principal de cette campagne se trouve dans son analyse du sujet lui-même : ses piliers sont la viralité, la parole, et l’intrusion… Comme le sida ! Aujourd’hui, pour continuer à sensibiliser sur le virus et les risques de transmission, il fallait qu’il s’exprime, et l’analyse faite par WNP est sur ce point se révèle pertinente. Tout le monde a déjà évoqué ce sujet, il fallait donc trouver un nouveau moyen innovant pour lui donner la parole. De plus, les campagnes de communication et de sensibilisation se développent de plus en plus aujourd’hui via les réseaux sociaux, outils de communication qui permettent une diffusion virale du sujet… Evidemment, le parallèle créé avec le VIH n’est pas innocent.
Enfin, l’intrusion dans la vie des gens organisée par cette campagne permet une prise de conscience individuelle. C’est bien le fait d’être suivi, liké ou d’avoir sa publication partagée ou commentée par le sida qui rappelle à chaque individu que le sida est toujours là, autant sur les réseaux sociaux que dans la vraie vie : le sida frappe à votre porte, le sida vous a « en ami », le sida « vous suit », personnellement.
En outre, le storytelling de cette campagne se construit au jour le jour, selon les réactions des gens sur les réseaux sociaux, selon l’actualité… L’objectif est donc double : sensibiliser les individus pour qu’ils se protègent eux-mêmes, et les inviter à faire taire le sida sur AIDES.org grâce à la pétition illustrée par Pénélope Bagieu (en rappelant les principes fondamentaux que l’on nous répète depuis 32 ans, mais qu’il est toujours nécessaire de rappeler) :
En somme, inviter chacun à être acteur de sa propre prévention et de celle des autres, et à être solidaire des personnes touchées… Une ambition renouvelée donc, à l’heure où le combat contre le VIH continue : un nouveau président pour l’association AIDES, Aurélien Beaucamp (qui, comme le sida, a 32 ans, puisqu’il est né le jour de la publication de l’article de l’équipe de l’institut Pasteur dévoilant la découverte d’un rétrovirus à l’origine de la maladie – ça ne s’invente pas !), une nouvelle forme de dépistage disponible dès la fin du mois de juin (il ne faut qu’un doigt, une petite goutte de sang et 30 minutes d’attente), des avancées sur un potentiel vaccin… Et si l’on parvenait à le faire taire, pour de bon ?
FastNCurious veut aussi faire taire le sida, et vous invite à visiter aides.org pour plus d’informations, pour signer la pétition et pour faire un don.
Léa Lecocq
Sources :
aides.org
cbnews.fr
metronews.fr
metronews.fr
huffingtonpost.fr
Crédits images :
tetu.com
Captures d’écran Facebook, Twitter, Instagram, Youtube…
Captures d’écran du dossier de presse : http://www.aides.org/node/2935