Un pas en avant, deux pas en arrière…
Entre chili con carne, nucléaire, cannabis, les membres du jeune gouvernement Ayrault s’expriment à leur guise au détriment de sa cohérence et de sa crédibilité.
Six mois après la victoire de François Hollande, une suite de maladresses donne l’impression que le nouveau gouvernement a bien du mal à donner l’image d’une équipe forte et soudée.
Prenons le cas Peillon. Dès le 17 mai 2012, soit 24 heures après sa nomination, le tout nouveau ministre de l’Éducation crée la polémique en annonçant sans crier gare le retour de la semaine de cinq jours pour les élèves du primaire, prenant de court ses nouveaux collègues.
Difficile de savoir si Vincent Peillon avait prévu l’impact de sa déclaration. Mais, sa détermination à vouloir faire passer une loi sans que parents et professionnels du secteur n’aient été consultés a eu son petit effet. Et le Premier ministre de corriger le tir le lendemain : « la méthode, c’est la concertation » . Apparemment, les élans de Vincent Peillon ne plaisent pas… bien qu’ils entrent dans la logique des propositions de campagne du candidat Hollande. Le ministre n’irait-t-il pas un peu trop vite ?
L’annonce soudaine de cette réforme arrive alors comme un cheveu sur une soupe pas tout à fait prête. Elle inaugure surtout la série de couacs dans la communication du gouvernement.
En bon chef, Jean-Marc Ayrault veille et semble toujours là pour rattraper les écarts de ses ministres. C’est ainsi que le 14 octobre dernier, le même ministre de l’Éducation affirme au micro de France Inter (Tous politiques) qu’il était favorable à l’ouverture d’un débat sur la dépénalisation du cannabis. Encore une fois, les réactions ne se font pas attendre, notamment sur les réseaux sociaux… Là où le ministre affirme plus tard qu’il ne faisait qu’émettre un avis personnel indépendant de la politique du gouvernement, la rapide et virulente réaction d’ Ayrault laisse entrevoir la profondeur du problème communicationnel qui sclérose son équipe.
« Lorsqu’ils sont à la radio et la télévision, ils doivent défendre à la fois la politique de leur ministère et la politique du gouvernement, et rien d’autre »
D’autant plus que le Premier ministre avait déjà du subir les foudres de la droite lorsque, le 5 juin dernier, la ministre de l’Egalité des territoires et du Logement Cécile Duflot laissait également entendre ses positions quant au statut pénal du cannabis . Au-delà du recours récurrent au joker de « l’opinion personnelle qui n’engage personne d’autre », ne faut-il pas voir dans les déclarations de l’ex-secrétaire nationale d’Europe Écologie les Verts une tentative d’insuffler ses idées au sein du gouvernement au profit de son parti d’origine ? Faut-il voir à travers les « bourdes » dans la politique du gouvernement l’absence d’une cohésion et d’une cohérence ?
Ces dissonances entre membres du gouvernement créent une véritable cacophonie qui met en doute la crédibilité du premier gouvernement socialiste depuis 2002. L’opposition UMP ne se garde pas d’ailleurs de le souligner comme si la perche lui était constamment tendue.
Le désordre ministériel semble alors arriver à son paroxysme lorsque le 24 octobre dernier le Premier ministre lui-même devient un « élément perturbateur ». En effet, ce jour-là Jean-Marc Ayrault devance les Sages et annonce un jour avant la prise de décision du Conseil Constitutionnel le sort de la loi Duflot sur le logement social. L’UMP profite de cette nouvelle fausse note pour dénoncer ce qu’elle considère comme une « négation de l’indépendance de l’institution ». Notons que le Premier ministre présentera ses excuses le lendemain à l’Assemblée : « Je me suis peut-être trompé en anticipant un peu ». Peut-être…
Libération sanctionne ce nouveau faux pas avec sa une « Les Apprentis » du 25 octobre 2012. La photographie rend encore plus claire la référence au film de Pierre Salvadori. Faut-il donc considérer les fautes du gouvernement comme de simples erreurs de jeunesse ?
En outre, le Premier ministre semble être la cible d’un « Ayrault bashing ». Il répond à ses détracteurs en dénonçant des « chroniques de démolition quotidienne ». Jean-Marc Ayrault précise tout de même que tout cela ne l’intéresse pas. Mais, son intérêt devrait peut-être (justement) se porter sur les problèmes de communication et le manque de cohésion de son équipe ? Surtout si on prend en compte sa mauvaise cote de popularité sans cesse mise en avant dans les médias.
Khady So