Candy Crush : avez-vous succombé à la gourmandise ?
A moins de n’avoir ni tablette, ni smartphone, ni compte Facebook, vous n’avez pas pu passer à côté du phénomène Candy Crush Saga. Le jeu qui consiste à créer des combinaisons de bonbons est devenu mythique, depuis sa création en avril 2012.
En effet, en novembre 2013, le site Think Gaming estime jusqu’à 5,3 millions le nombre de « casseurs de bonbons » quotidiens !
Vous avez dit simple ?
Pour les quelques rares qui ne connaîtraient pas le jeu, il est important de préciser qu’il ne consiste qu’en créer des combinaisons de bonbons (3 au minimum) – afin de les faire exploser. Et c’est tout. Au revoir les jeux compliqués, les intrigues alambiquées, la simplicité est maintenant la recette du succès. Un succès qui surprend d’ailleurs, et cela jusqu’à ses créateurs, la société King, qui affirment « être les premiers surpris ».
Un succès explosif
Candy Crush est la représentation d’une génération d’ATAWAD (Any Time, Any Where, Any Device), qui consomme du jeu vidéo partout. Si cela ne vous a pas encore frappé, levez la tête et observez car c’est dans toute la société qu’a pénétré le jeu : métros, bureaux, domiciles… Sa simplicité le rend accessible partout, et inutile d’y jouer 1h pour passer les niveaux !
De plus, la généralisation de l’utilisation du web mobile au détriment du web sur PC a accéléré sa propagation.
Retour vers le passé : la recette d’un succès
Depuis quelques années, le retro gaming est en plein boom. On assiste à un retour des jeux vidéo rétro : Snake, Sonic, Tetris, etc.
Les raisons de cette tendance sont multiples. Les commandes simplifiées séduisent ; un sentiment de nostalgie à l’égard d’une époque révolue se développe, ainsi qu’un sentiment de frustration quant à l’accélération constante du progrès technique – qui conduit bien vite à remplacer certains jeux vidéo par d’autres, reléguant les anciens au placard sans qu’ils n’aient pu, souvent, être pleinement appréciés. Candy Crush a su reconnaître cette tendance et s’y imposer, en créant un gameplay accessible de tous. D’ailleurs, il est souvent comparé à son ancêtre Tetris, dont il reprend les codes : assembler des pièces pour les faire disparaître.
Mais au noir et blanc de nos premiers téléphones et Game Boys, Candy Crush s’approprie les couleurs et en joue pour en faire un jeu moderne et fun. Et c’est là toute la révolution. Du jaune, du bleu, du violet, du vert… : c’est une véritable féérie qui se déploie sous les yeux du joueur.
A cela s’ajoute un discours bienveillant, composé de compliments tels que « Divin ! », « Merveilleux ! » qui, un poil exagérés, rappellent les compliments de l’enfance. Car oui, vous l’avez bien compris, avec Candy Crush, il s’agit bien de s’évader du sérieux de son quotidien afin de renouer, pendant un cours instant, avec l’enfance, ce temps de l’innocence et de l’émerveillement.
Vous aimez Candy Crush, dites-le
L’ascension fulgurante de Candy Crush peut surprendre. Pourtant, la communication effectuée par l’entreprise –mis à part des spots télévisés –est très faible. C’est sur le bouche-à-oreille que compte la société et cela fonctionne. Sur Facebook, le jeu vous invite régulièrement à poster votre score et les personnes battues sur votre mur, afin de faire connaître le jeu et d’inciter vos amis à y jouer.
« Un jeu qui rapporte bonbon »
Candy Crush est un jeu qui, il faut bien le dire, provoque une certaine addiction. Tout a été pensé pour : le jeu semble interminable (le nombre de niveaux exact n’est d’ailleurs pas connu) et son utilisation invite à une compétition entre amis, que l’on veut dépasser à tout prix. Lorsque l’on commence à jouer, il devient difficile de s’arrêter. Et c’est bien là-dessus que compte la société King.
Ce jeu, supposé gratuit, propose bien vite d’acheter des boosters (qui vont vous aider à franchir un niveau) ou encore des vies. Etre le meilleur a un prix. Ce modèle a un nom : le « free-to-play ». En moyenne, Candy Crush rapporterait 663 000$ par jour.
Et cela ne s’arrête pas là. La société ne cesse de trouver de nouveaux débouchés à son célèbre jeu : celle-ci se lance doucement mais sûrement dans le marché des produits dérivés. Une société New Yorkaise, le Dylan’s Candy Bar, se propose de vendre ces bonbons. Vous pouvez maintenant déguster ces fameux jelly fish, color bombs et autres mélanges sucrés. Ces bonbons franchissent ici une étape capitale : de l’ordre de l’imaginaire, ils rejoignent maintenant un nouveau monde, celui de la matérialité. Cette étape, dans le cadre d’une stratégie marketing toujours plus forte, est de plus en plus mise en scène. Il s’agit de créer de nouveaux besoins chez les consommateurs, de leur faire croire à l’indispensabilité de ces produits.
Le marché des produits dérivés est un marché plus que porteur : aujourd’hui, les produits qui rencontrent le succès sont dérivés à l’extrême, pour faire gagner à l’entreprise un maximum de profits. Ils sont le symptôme d’une logique commerciale qui repousse toujours plus ces limites. Les entreprises à l’avoir compris sont légions, le géant Disney notamment, qui s’en est fait une spécialité.
Quel avenir pour Candy Crush ?
Même si le jeu vient de perdre la première place de jeu vidéo préféré dans le cœur des Français (il se classe 2e au classement des jeux vidéo préférés sur Facebook, juste derrière Criminal Case), Candy Crush cherche à conquérir de nouveaux territoires. Une entrée en bourse à New York se prépare, avec une valorisation de 5 milliards de dollars. Est-ce trop tôt ? Peut-être, car le risque pour la société de mourir jeune est important.
Seul le temps nous donnera la réponse, souhaitons seulement à la société que son succès ne s’éteigne pas aussi rapidement qu’il ne s’est déclenché.
Adeline Mateus
Sources :
Humanité.fr
LeCourrierdesEchos.fr
Comestible.fr
Marketing-et-communication.fr
Lenouvelobs.com
Crédit photos :
King Candy Crush