Culture

Place Vendôme VS Tchétchénie aux Rencontres d’Arles

 
Le 7 juillet 2014, les Rencontres d’Arles se sont ouvertes en « Parade »* pour leurs 45ème édition, mettant à l’honneur les photographes du sérail (Martin Parr, Raymond Depardon, David Bailey…) ayant accompagné depuis une dizaine d’années le directeur du festival international de la photographie, François Hebel.
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Des sponsors liés à l’histoire même des Rencontres

Alors qu’elles sont à 48% financées par le Ministère de la Culture et de la Communication et les différentes institutions locales**, les Rencontres arborent fièrement sur les affiches une liste de prestigieux sponsors, de Gare&Connexions à l’Occitane. Certaines marques placent leurs produits au Parc des Ateliers, comme les grosses voitures BMW. Pourtant, d’autres entreprises s’intègrent intégralement dans le festival, en soutenant la création photographique par l’organisation d’expositions  et par des initiatives désormais incontournables. On peut citer parmi eux la sélection des SFR Jeunes Talents qui possède, pour la première fois depuis 9 ans, son propre lieu indépendant dans la programmation In, ou encore le projet Olympus qui met en lien des grands photographes professionnels avec des étudiants de l’Ecole Nationale de la Photographie. Pour SFR et Olympus, le message est clair : une visibilité de premier plan avant tout. Partenaire d’autres grandes institutions consacrées à la photographie (le BAL, festival Circulation(s), Paris Photo…), SFR soutient les jeunes photographes qui, selon eux, devraient être vus et reconnus. Recevant entre 500 et 1500 candidatures, SFR se positionne comme un acteur majeur des révélateurs de talents. Mais il s’affiche aussi comme le leader des nouveaux outils digitaux par le développement d’outils numériques (applications mobiles par exemple). Olympus quant à eux, il en va de l’identité même de leur marque que le soutien à la création photographique contemporaine. Plus que le placement de produit, la célèbre marque d’appareils photo est devenue un acteur essentiel de la rencontre entre les maîtres et les élèves et leur présence sur les lieux du festival n’est évidemment pas étonnante.

La banque Pictet et la société de gestion Carmignac, les nouvelles entreprises (culturelles) au cœur des Rencontres

Pourtant, sur la liste des entreprises présentes sur le festival, certaines peuvent étonner par la dissociation de leur cœur de métier avec la photographie. Deux attirent particulièrement le regard, et pourtant font désormais partie intégrante de l’activité culturelle européenne. Il s’agit d’une part du Prix Pictet, et de l’autre, du Prix Carmignac pour le Photojournalisme.
La banque Pictet a su saisir une bonne combinaison. Alors que les budgets mécénat consacrés à la culture baissent cruellement d’années en années en faveur de l’environnement et du social, cette banque suisse a trouvé le moyen de concilier ces domaines en récompensant chaque année un photographe dont le projet est orienté vers les défis écologiques et le développement durable, à travers des grands thèmes universels : l’eau, la terre, la puissance, la croissance et cette année, la consommation. Présidé par son excellence Kofi Annan, la banque Pictet se dit investie de la mission de responsabilité envers ses collaborateurs et la société. Si son engagement philanthropique s’est inscrit dans l’identité même de l’entreprise, c’est parce qu’elle entend, grâce à ce biais-ci, pérenniser ses relations clients et ainsi de maintenir la stabilité  de ses finances et de ses ressources humaines.  Le message est manifeste: « Dans toutes ces activités, c’est la fierté de nos collaborateurs d’appartenir à Pictet, la fierté de nos clients d’entretenir avec leur banque une relation privilégiée, et la fierté de notre maison d’être utile à la collectivité qui nourrit notre volonté d’agir en entreprise responsable”. Investie dans ces missions, le prix Pictet ne peut aucunement être blâmé. Par le bien-fondé des sujets traités singulièrement et pertinemment par les photographes, le prix Pictet réussit indéniablement son objectif : celui d’informer le public des defis environnementaux auxquels nous sommes tous confrontés, et ceci à travers des oeuvres photographiques. Et dans le même temps, s’insérer dans les Rencontres pour une visibilité nouvelle auprès d’un public nouveau, expert et avisé.
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A côté de Pictet, c’est la société de gestion Carmignac qui a étonné à Arles à travers une exposition indépendante dans un très bel hôtel particulier en face des Arènes. Le sujet : un regard esthétique et fort sur la quête d’identité de la Tchétchénie d’aujourd’hui par le photo-journaliste Davide Monteleone. “En harmonie avec les valeurs de courage et d’indépendance, de transparence et de partage qui animent ses équipes, Carmignac Gestion a pris le parti de défendre un regard personnel et engagé, par définition minoritaire et pour cette raison même indispensable.” Carmignac en profite ainsi pour collecter certaines oeuvres des photographes afin d’augmenter sa propre collection d’art contemporain.*** Au delà de la programmation officielle, Carmignac s’associe à Voies Off, le festival Off des Rencontres et un laboratoire professionnel (lui-même soutien de la jeune creation photographique contemporaine), pour réaliser son exposition qui n’est aucunement à envier à celle du In.  En offrant une exposition à la portée de tous, gratuite et esthétiquement irreprochable, Carmignac se place au plus près des Arlésiens, du public, et des professionnels presents lors de ces évènements.
* La 45ème édition a pour titre « Parade »
** Chiffres pour 2011
*** La Collection Carmignac est présentée dans les bureaux du siège social Place Vendôme, mais ouvrira sa Fondation sur l’île de Porquerolles en 2015.
 
Joséphine Dupuy Chavanat

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