Connasse
Culture

“Connasse” : vipère à point

 
Court, simple, efficace.
Et entre guillemets, puisque c’est ainsi que les autres l’appellent : dans la rue, dans les cafés, dans les taxis et tout autre lieu où elle tente d’étendre son territoire. A l’origine, “connasse” est le dérivé féminin de “connard”, provenant à son tour de “conneau-connaud” : triple idiot. Mais, bien vite, ce n’est plus un manque de vivacité intellectuelle que l’on désigne par ce terme mais un comportement sociétal répréhensible, une attitude irrespectueuse, choquante. Et c’est à son paroxysme que l’actrice Camille Cottin pousse le sens de cette définition.
Il faut avouer qu’elle était faite pour cela : mince, lookée, le visage dur ; elle a bel et bien la tête de l’emploi tant sur les formes que sur le fond (pas que de teint). Coutumière du monde des arts dramatiques puisque fille d’une directrice de théâtre à Londres, Camille Cottin maîtrise ainsi le jeu (de l’acteur) et, cartes sur table, gagne le jackpot lors du casting “Connasse” de Canal +. De là, s’en suit une montée des marches éclair, phénomène déjà répété sur la chaîne lorsque ses formats courts savent allier qualité et intelligence communicationnelle (Kyan Khojandi, avec sa série Bref, demeure l’un des meilleurs exemples de l’incroyable ascension d’un comédien grâce à la diffusion d’un format réduit au Grand Journal). Ses vidéos sont d’abord diffusées au Before du Grand Journal et obtiennent leur succès. Un échange est ensuite effectué entre le programme “Pendant ce temps” du Studio Bagel (de qualité, pourtant) et “Connasse” au Grand Journal où les vidéos sont désormais non seulement rediffusées à une heure de grande écoute (Canal + reste un des leaders de cette case horaire) mais déchaînent également les clics sur Youtube (déjà plus de 10 millions de vues sur la chaîne).
Il faut dire que la formule partait gagnante. Les punchlines sont de plus en plus prisées et recherchées aujourd’hui dans les médias, alliant non seulement provocation – et donc potentiellement buzz – mais également format court, regardable de multiples fois et aisément, à la chaîne. « Connasse » rappelle par exemple les snipers d’émissions en direct, tels que Fabrice Eboué dans l’émission « T’empêches tout le monde de dormir » ou Baffie aux côtés d’Ardisson.
De plus, le programme allie deux constructions ingénieuses de la caméra cachée : le scénario – il faut évidemment que certaines blagues soient préméditées pour s’assurer de leur qualité, mais également mettre en scène des situations afin d’en engendrer d’autres – et l’improvisation, car, et c’est bien là tout l’intérêt d’une caméra cachée, la part d’imprévisible en demeure le point le plus intéressant, surtout quand l’actrice sait y faire.
La “Connasse” ne révolutionne pas non plus la télévision : une vague réminiscence des vidéos de Lafesse s’opère curieusement, ces dernières plus exemplaires en ce qu’elles étaient totalement improvisées et peut-être moins dérangeantes car placées sous le ton exclusif de l’humour (et de l’attitude sympathique du comédien). Pour le côté “franc du collier” et un peu dérangeant, le style “interview de Mezrahi” nous revient également vite en mémoire. En somme, une combinaison de deux recettes passées gagnantes pour un succès assuré…

Mais – car il y en a toujours un – l’efficacité du programme reste discutable.
Tout d’abord, évidemment, pour ce qui est du risque majeur de la caméra cachée : le succès. Faisant parler d’elle, l’actrice ne risque peut-être pas sa place – ce genre de programme implicitement éponyme se construit à partir d’une figure fixe – mais son émission. Comment continuer à être efficace là où tout le monde peut potentiellement vous reconnaître ? Soit ce programme doit dès aujourd’hui chercher une alternative pour ne pas se laisser rattraper par sa propre réussite, soit il se condamne consciemment et volontairement à ne durer qu’un temps (et quel dommage !).
L’émission réinterroge également une énième fois le « politiquement correct ». Il faut y aller “à fond” dans la garicitude comme l’explique Camille Cottin, exposer clairement son attitude scandaleuse aux autres et tendre vers un extrême qui ne prête pas à confusion, éviter une demi-mesure qui pourrait conduire à des situations quelque peu embarrassantes. Mais ces comportements, lorsqu’ils tendent à l’irrespect et risquent de heurter les autres, posent problème. Quand, au cours d’un speed dating, la Connasse dit au garçon qui tente de lancer une conversation avec elle « T’étais roux quand t’étais petit ? C’est pour ça que quand t’arrives, y’a un air de victime ! », on est certes amusés mais non moins gênés. Et pourtant, on regarde. Toujours ce plaisir de l’obscène et du voyeurisme au sein des médias qui vient nous rattraper. On n’acquiesce certes pas systématiquement, mais on ne peut se résoudre à ne pas voir. L’émission joue malicieusement sur ce paradoxe dérangeant-attirant, et à cela, nous faut-il applaudir ?

Le politiquement correct est une expression terriblement compliquée et dangereuse à employer car elle représente tout ce que l’on cherche à éviter pour faire venir l’audience. Peut-être le correct dans ce genre d’émission est-il précisément ce qui serait ne pas censé l’être ? Compliqué paradoxe.
Cette émission, elle, a au moins le mérite de nous faire rire. Mais de la télévision ou du personnage de Camille Cottin, laquelle est réellement la plus “Connasse” ?…
 
Chloé Letourneur
Sources :
Atilf.fr
La chaine Youtube Connasse
Liberation.fr
Youtube.com : Lafesse
Crédits photos :
© Jeff Lanet

Culture

RIsing star : la social tv sur le devant de la scène

 
M6 avance ses pions sur le grand échiquier des programmes TV. Dans quelques mois, la chaîne lancera « Rising Star », un télé-crochet nouvelle génération. Pour espérer rivaliser avec The Voice et TF1 – dont la saison 3 cartonne actuellement – M6 mise sur un programme totalement interactif, qui marquera peut-être une vraie révolution dans l’ère de la social TV.
 « Le premier concours de chant 100% interactif »
Star Academy, X Factor ou la Nouvelle Star… on ne compte désormais plus les émissions musicales du genre passées à la trappe ou reléguées au second plan. Pourtant, avec Rising Star, l’adaptation directe d’un concept israélien à gros succès, M6 veut marquer les esprits. Plus qu’un simple talent show aux codes vus et revus, l’émission se présente comme un spectacle musical où le téléspectateur est roi.
Bien loin des fauteuils rouges qu’il faut retourner, les candidats – en solo ou en groupe – se présenteront devant un immense mur digital, symbole des téléspectateurs. Ce sont ces derniers, devant leur poste et via une application dédiée, qui décideront si oui ou non le chanteur mérite que le mur se lève et laisse apparaître un vrai public et le jury, dont le rôle sera a priori moins décisif qu’à l’accoutumée. Les rumeurs vont d’ailleurs bon train sur la composition de celui-ci : M.Pokora, Linda Lemay, Cathy Guetta ou encore – et c’est plus surprenant – Lenny Kravitz, seraient pressentis.
Un vote gratuit et immédiat
Ce concept d’interactivité totale avec les téléspectateurs va de pair avec l’idée d’un vote gratuit et immédiat. Dans la continuité d’une retransmission en direct des tweets, le téléspectateur pourra donner son avis en temps réel et aura, par là même, la chance de voir apparaître son visage – du moins sa photo de profil Facebook – sur le fameux mur digital.
Les appels et SMS surtaxés ainsi que les longues minutes de remplissage des animateurs dans l’attente des résultats ne seront plus qu’un lointain souvenir. M6 veut réussir un tour de force conséquent : faire que chacun devienne acteur de l’émission et, de fait, cultive un sentiment de quasi appartenance au spectacle. Grâce au lourd dispositif technique mis en place par la chaîne, tout un chacun pourra, depuis son canapé, laisser aller sa spontanéité et se sentir influent sur le cours du télé-crochet en question. Le second écran qu’est le smartphone ou la tablette tactile, fondateur de la notion de social TV, n’apparaît plus ici comme un simple accessoire éventuel, mais bel et bien comme un facteur nécessaire au déroulement de l’émission. « Sans le second écran, pas de show », commentait d’ailleurs le PDG de la maison de production du programme israélien.

Vers une révolution des pratiques télévisuelles ?
L’avènement des réseaux sociaux, et notamment de Twitter, a doublement impacté les programmes de divertissement à la télévision. D’un premier côté, les téléspectateurs ne se contentent plus de regarder, ils commentent et réagissent en direct. De l’autre, et dans un système de cause à effet, les producteurs se lancent dans une course aux tweets effrénée où générer du discours devient un objectif à part entière. De plus en plus, certains tweets, soigneusement sélectionnés, apparaissent à l’écran pour amplifier cette idée d’interactivité, si chère aux téléspectateurs actuels.
C’est en cela que Rising Star s’avère être incroyablement dans l’air du temps. Mais plus encore, le prochain programme d’M6  pourrait marquer un réel tournant, voire une révolution, dans les pratiques télévisuelles. Pour la première fois, et grâce à Internet, le téléspectateur est placé au centre d’une émission. Cette valorisation du plus grand nombre pourrait bien devenir, à terme, une constante des divertissements et s’imposer comme un facteur de réussite. En Israël, le programme rassemblait chaque semaine près de 50% de parts de marché.
Il semblerait que M6 veuille s’imposer comme le précurseur français de cette social TV dernière génération puisque la chaîne lancera début mars en prime time « Qu’est-ce que je sais vraiment ? », un quizz télévisé présenté par Stéphane Plaza et Karine Lemarchand, dont la singularité est de faire participer les téléspectateurs depuis leur second écran.
 
Céline MALE
Sources
Metronews
L’express
M6
Télérama
Sourcephoto

can't remember to forget you shakira rihanna
Culture

Shakira & Rihanna : quand chanson rime avec provocation

 
Alors que nous sommes emmitouflés dans nos manteaux, écharpes et bonnets, Rihanna et Shakira nous réchauffent avec leur duo muy caliente, Can’t Remember To Forget You. Se hissant au sommet des charts dans plus de 30 pays, le duo est un véritable succès commercial. Si les paroles et la musique de la chanson n’ont rien de sulfureux (il s’agit d’une histoire d’amour tumultueuse entre un homme et une femme), le vidéo-clip qui accompagne le titre fait l’objet de nombreuses polémiques à travers le monde. Qualifié de choquant et dérangeant par la presse, il a cependant été visionné près de 100 millions de fois sur Youtube en seulement 10 jours. Provoquer serait-il devenu synonyme de communiquer ?

Shakira n’avait pas sorti d’album depuis maintenant trois ans, préférant se consacrer à son fils et son mari. Elle revient aujourd’hui aux côtés d’une autre machine à tubes, Rihanna. Le 13 janvier dernier, les deux chanteuses ont dévoilé Can’t Remember To Forget You, titre qu’elles qualifient comme un cocktail « de pop-rock et de ska » tandis que les critiques musicaux le définissent surtout comme un mélange improbable de sonorités. Même les fans de Shakira se disent déçus par la chanson et surtout par la performance de Rihanna. Reine du scandale, cette dernière ternirait l’image de l’artiste colombienne. En effet, Rihanna a pour habitude d’utiliser la provocation comme stratégie de communication – on peut notamment penser au succès des clips de S&M mettant en scène des pratiques sadomasochistes ou de We Found Love, où la chanteuse se drogue et se mutile. Shakira, elle, communique tout autrement. Mère de famille exemplaire, égérie de la marque de dentifrice Colgate, interprète de l’hymne officiel de la Coupe du Monde de Football en Afrique du Sud et défenseure des droits des enfants en Amérique Latine, Shakira adopte une stratégie de communication autour de son mode de vie sain. Dans le vidéo-clip de Can’t Remember To Forget You, la chanteuse a choisi d’utiliser une toute autre méthode pour communiquer : la provocation.
Le clip, réalisé par Joseph Kahn, met en scène les deux chanteuses, très légèrement vêtues, dans des situations plutôt ambiguës. La vidéo ne raconte pas d’histoire, il s’agit d’une succession d’images montrant Shakira et Rihanna, plus sexy que jamais, s’enlaçant, se déhanchant contre un mur et se caressant sur un lit. Néanmoins, afin de donner à la vidéo une dimension musicale (il s’agit tout de même de promouvoir une chanson), le réalisateur a mêlé à toutes ces images sensuelles, une scène semblant sortir de nulle part, où Shakira joue de la guitare. Choqué par le caractère érotique de la vidéo, le conseiller de la Famille de Colombie, Marco Fidel Ramirez, s’est mis en tête d’interdire sa diffusion. Il a particulièrement insisté sur le fait que les étreintes des deux chanteuses encourageaient l’homosexualité, ce qui lui semble intolérable – il faut rappeler que l’État colombien s’est formellement opposé au projet de loi pour l’instauration du mariage entre personnes du même sexe. Marco Fidel Ramirez a par ailleurs déclaré que Shakira donnait un « exemple pitoyable à la jeunesse du pays ». Toute cette polémique questionne les limites et la pertinence de cette stratégie de communication. Pour des artistes maintstream comme Rihanna ou Shakira, provoquer peut s’avérer être un jeu dangereux. On peut notamment penser que si l’État colombien venait à censurer la clip de Can’t Remember To Forget You, d’autres mesures pourraient être prises comme l’annulation des concerts de Shakira dans le pays. Cela représenterait un manque à gagner pour la star et surtout pour sa maison de disques. A trop vouloir être caliente, Shakira pourrait se brûler…
 
Lisa Brunet
Sources :
chartsinfrance.net
Crédits photos :
huffpost.com
Fan 2

Vermibus
Culture

Passage sous acide : quand Vermibus dissout les affiches de pubs

 
Le projet « Dissolving Europe », la mise à mal des affiches publicitaires de l’adbuster Vermibus
Dissolving Europe est le nouveau projet d’art public du street artiste berlinois, Vermibus. Dans un road trip de 18 jours, il s’est muni de ses pinceaux et de dissolvant afin de s’attaquer aux affiches des panneaux publicitaires et de les modifier à sa guise. Comme il l’explique sur son site web, le cœur de son projet a pour objectif de « détourner physiquement et temporellement le monde occidental des affiches publicitaires au nom des beaux-arts ».
Ainsi, il est intervenu dans 6 pays européens différents et a réalisé une centaine d’œuvres.

Dissolving Europe : au cœur d’un processus « anti-pub »

On pourrait dire que le projet du street artiste Vermibus se présente sous la forme d’une chronologie d’actions permettant, ainsi, une réelle immersion dans sa campagne de sensibilisation sur la pollution publicitaire.
Dans un premier temps, Vermibus choisit soigneusement l’espace urbain dans lequel il souhaite opérer, s’attaquant le plus souvent à des panneaux publicitaires proches de grands magasins de luxe.
Il récupère et rassemble les affiches publicitaires laissant, en apparence, vide de sens ces grands panneaux d’affichage lumineux. La première phase de son projet est enclenchée : un souffle d’air frais est créé et notre environnement urbain devient, le temps d’une journée, plus lisse, plus épuré.
En même temps, il retravaille dans son atelier les affiches récupérées à coup de pinceaux et de dissolvant. Les modèles, beautés plastiques et imaginaires de la perfection, sont alors déformés, voire même déshumanisés, se transformant tels des spectres aux silhouettes effrayantes.
Une fois satisfait de son œuvre, les publicités sont replacées dans leurs environnements initiaux et ainsi dévoilées au consommateur.
A travers son œuvre, notre espace urbain, excessivement rempli d’affiches publicitaires similaires et fades, retrouve un second souffle où le regard du consommateur est hypnotisé par cette dénaturalisation, parfois extrême, des modèles. Les photographies originales prennent un tout autre sens et deviennent de réelles œuvres d’art.
Un acte anti-consumériste et bien plus !
Dans un environnement où le matraquage publicitaire est devenu monnaie courante, Vermibus s’attaque à cette pollution visuelle et s’engage dans un processus créatif anti-consumériste. Télévision, Internet, mur, métro, building, etc., tout est devenu bon pour pousser le citoyen à dépenser et à consommer.
En plus d’être omniprésente, la publicité est construite de manière insidieuse, elle s’ancre en nous et reste bien présente dans nos esprits.
A travers les différentes techniques de marketing, elle joue sur nos affects et surtout nous transmet des représentations sociales, des normes et des critères physiques qui cadrent nos vies ; présentés comme le seul protocole valide de mode de vie.
Ainsi, l’œuvre de Vermibus va bien au-delà de la simple critique consumériste, elle nous transporte et dénonce publiquement notre aliénation à ce protocole.
Ce street artiste rompt avec les traits d’une génération hautaine et sans vie en effaçant la froideur macabre des mannequins.
Avec ses solvants, il s’improvise chirurgien et éclate les représentations sociales et physiques qu’on souhaite nous faire intérioriser, en remodelant à sa guise les corps et les expressions des modèles.
La plupart des logos sont effacés incitant directement à démanteler la suprématie des marques. La chair semble dissoute, les visages sont défigurés, marqués par des regards à la fois perçants et vitreux, créant une sensation de malaise, sans pour autant que le consommateur ne puisse détacher son attention de l’affiche.
Ces spectres sombres et torturés nous envoûtent, nous fascinent mais surtout nous permettent de nous interroger et de nous mettre face à notre propre aliénation afin de nous faire réagir et de nous faire prendre conscience de la prééminence purement capitaliste qui régit nos sociétés.
Les spots publicitaires fades des marques de vêtements ou de parfums, qui s’accumulent et s’amoncellent indéfiniment au sein de notre société, sont alors manipulés, détournés et acquièrent pleinement leur caractère dénonciateur et engagé.
En s’improvisant poseur d’affiches, Vermibus crée un vrai chef d’œuvre et nous transporte pleinement au sein de sa campagne de sensibilisation.
Chapeau bas l’artiste !
 
Adeline Reux
Sources :
Konbini.com
Brooklynstreetart.com
Opnminded.com
Crédits photos :
Thomas von Wittich

True Detective
Culture

True Detective, une série « d’anthologie »

 
Le 12 Janvier dernier, HBO lançait sa série évènement : True Detective, l’histoire de la traque d’un tueur en série au Etats-Unis entre 1995 et 2013 par deux enquêteurs au tempérant opposé. Attendue par tous, True Detective réussi son pari et rapproche définitivement les médias télé et cinéma.
Créée en 2012 par Nic Pizzolatto, devenu showrunner pour HBO après une courte carrière d’écrivain, la série adopte une forme originale et de plus en plus en vogue : l’anthologie.
Le terme désigne une non-continuité scénaristique entre chaque saison : les personnages et les intrigues sont renouvelés, tout en gardant un fil rouge et des problématiques communes. Les exemples les plus connus et qui ont popularisé le genre sont Les contes de la crypte, Black Mirror ou American Horror Story. Cette nouvelle approche permet un renouvellement important, ainsi que des scénarios plus ciselés puisque devant concentrer leur intrigue sur une petite dizaine d’épisodes.
True Detective dispose d’autres arguments pour séduire le public mais surtout les chaînes : une intrigue puissante, un réalisateur – Nic Pizzolatto, le créateur – talentueux, mais surtout un jeu d’acteur irréprochable de Matthew McConaughey et Woody Harrelson, tous deux plus habitués aux plateaux de cinéma qu’à celui d’une série télévisée.
Tous ces éléments réunis ont créé un véritable « buzz » lors de la mise en vente de la série aux channels américains. C’est finalement HBO qui a raflé la mise. Les critiques américaines et françaises sont dithyrambiques : « Les performances de Woody Harrelson et Matthew McConaughey figurent parmi les meilleures vues cette saison à la télévision, voire toutes années confondues » écrit le San Francisco Chronicle.
Ainsi, force est de constater que les liens entre série télévisuelle et cinéma sont désormais tant sur le média que sur la qualité même des contenus.
 
Adrien Torres
Sources :
Allocine.fr
Lesinrocks.fr
Liberation.fr

Culture

Daft Punk aux Grammy Awards : Harder Better Faster Stronger ?

 
Célébrée dimanche 26 janvier à Los Angeles, la cérémonie des Grammy Awards s’est d’emblée présentée comme un évènement planétaire. En plus des traditionnels remises de prix aux artistes les plus prestigieux, le show a mis en place des performances dantesques, comme celles de Beyoncé & Jay-Z ou encore un plateau rock rassemblant les chanteurs de Nine Inch Nails, Queens of the Stone Age et Foo Fighters.
C’est cependant le retour des Daft Punk qui était le plus attendu. En effet, le groupe français n’avait fait aucune performance ni apparition officielle depuis la sortie de leur album Random Access Memory en 2013. Cette absence a généré les rumeurs les plus folles et a renforcé la légende Daft Punk.
Les Daft Punk se sont donc produits avec Nile Rodgers, Pharell Williams et Stevie Wonder dans un décor de studio d’enregistrement devant un parterre de stars enthousiastes et des millions de téléspectateurs. Ce retour par la performance live joue sur la rareté de telles représentations du groupe tout en faisant un clin d’œil à leurs anciens succès et bénéficie de fait d’une couverture médiatique très développée.
À l’opposé de ce succès aux Grammys (5 prix remportés), le duo français n’est pas nominé aux Victoires de la Musique. Là encore, les rumeurs se multiplient, certains évoquant un refus du groupe d’y figurer quand la raison principale semble le fait qu’ils aient signé avec un label non français, Columbia Records. Cependant, cette absence remarquée vient renforcer leur stratégie de retrait médiatique, qui pose la question de la rareté dans un contexte d’hypersollicitation.
La meilleure communication serait-elle dans une absence paradoxale nourrissant une attente démesurée ?
 
Astrid Gay
 
Sources
grammy.com

cinema français
Culture

Le cinéma en France : à bout de souffle ?

 
Spielberg a dit : « Le public a un appétit pour tout ce qui touche à l’imaginaire, tout ce qui est éloigné de la réalité et que la création vous permet ». Ce public, si nécessaire au souffle même du cinéma, semble pourtant s’en être quelque peu détourné ces derniers temps…
Les chiffres sont tombés, le verdict est établi : de 2012 à 2013, le nombre d’entrées de cinéma en France a chuté de plus de 10 millions. Quelques succès, mais pas si retentissants que cela, et un cinéma français qui peine à se faire une place face au cinéma international – et notamment américain.
A quoi peut-être bien dû ce rejet du fauteuil rouge ? De la part d’un pays produisant, qui plus est, un cinéma au retentissement international. Quand le recul des chiffres de fréquentation ne semble pas lié à une baisse de qualité – il y a bel et bien eu des perles cinématographiques cette année – la responsabilité en revient souvent à une mauvaise communication de l’objet que l’on souhaitait vendre.
La France ne saurait-elle pas nous promouvoir le cinéma tel qu’il mérite de l’être ?
Ton affiche,
« je m’en fous, je m’en fous, je m’en fous ! » (1)
Placardées partout, si nombreuses et pourtant si uniformes. Les affiches sont tellement présentes et explicites (visages des acteurs, noms mis en évidence) qu’on ne les remarque même plus. Non seulement la recherche d’un véritable esthétisme ou d’une quelconque originalité paraît abandonnée, mais on y lit également aujourd’hui presque systématiquement les critiques (réductrices et donc erronées) de divers magazines en guise de légitimité. Sans analyse, sans particularité, des « merveilleux », « magiques », « incroyable » à tout bout de champ, qui, lorsqu’ils sont crus, attisent mais déçoivent bien vite les curiosités.
La Télévision : média trompeur ?
“La vérité c’est comme une couverture trop petite. Tu peux tirer dessus de tous les côtés, tu auras toujours les pieds froids » (2)
La promotion des films se fait presque nécessairement par la télévision, média de masse par excellence. Mais, tout en étant indéniablement un processus marketing, le petit écran en vient à ne plus questionner le grand. Ce sont toujours ces mêmes têtes d’affiches, évoquées plus haut, que l’on voit et revoit sans discontinuer. Les animateurs louent les films sans même les avoir vus, – on ne heurte pas les sensibilités, et on lustre les souliers. Les questions sont redondantes et sans cesse les mêmes – « Est-ce que vous vous êtes identifié à ce personnage », « Comment c’était de jouer avec tel réalisateur ? », « Ça fait quoi d’embrasser tel confrère plus ou moins sexy ? ».  C’est finalement, systématiquement, une approbation sage et vide qui est préférée à la critique construite et personnelle. Même les émissions consacrées exclusivement au cinéma se font rares, et ne représentent pas de grandes audiences.
De l’inutilité des réseaux sociaux
«Tu m’emmerdes gentiment, affectueusement, avec amour ! Mais tu m’emmerdes ! » (3)
Le cinéma est loin d’être un art ancien, et il semble pourtant peiner à utiliser au mieux les moyens modernes dont il pourrait tirer de nombreux spectateurs. Peu de films ont, en France, une page Facebook, ou l’alimentent assez afin que celle-ci représente un intérêt véritable : les exclusivités, les Making-of, les articles à propos des films sont souvent absents de leurs pages sur les réseaux sociaux – quand elles existent (La Vie d’Adèle en est toutefois un bon contre-exemple). On ne cherche pas la participation du public à l’aide de Twitter, on ne fait pas de site dédié au film, bref : on ne met pas en place les armes qui pousseraient les spectateurs à se retrancher dans les salles de cinéma.
Repenser la communication du cinéma en urgence
« Il est l’ooooor, mon seignoooooooor » (4)
Oui, il est bel et bien temps de penser le cinéma autrement et de ne pas le laisser vaciller seul dans sa propre créativité avortée. L’heure/l’or de repenser aux tarifs des places de cinéma par exemple, si chères qu’elles en reviendraient désormais presque au prix du DVD – que l’on peut regarder, lui, autant de fois qu’on le souhaite. Prix qui ne s’accordent pas non à une société où le streaming et le téléchargement illégal sont de plus en plus faciles d’accès.
Projeter d’autres choses peut-être aussi, ou différemment. Des séries ! Pourquoi pas ? La production en est large et riche ! Regrouper des films ensemble, organiser des soirées plus attractives comme le font certains cinémas d’arts et d’essai ; le cinéma Le Select à Antony est novateur, sur ce registre, et sait créer l’événement.
Certes, on ne manque pas d’imagination au sein du monde fictif du 7e art, mais on en manque cruellement dès qu’il s’agit de projeter l’imaginaire dans la vie, la vraie, au champ réel des spectateurs, à défaut du champ de la caméra. Pourquoi ne pas repenser autrement le cinéma ? Des évènements autour de la sortie de film – groupés, par exemple ? – des avant-premières où un dialogue avec les spectateurs serait envisageable, plus fréquemment, une façon autre d’annoncer un film. Le film En Solitaire avec Cluzet montrait dans sa bande-annonce les difficultés rencontrées durant le tournage plutôt que les extraits du film.
Il s’agirait d’aider ainsi cet art si important qu’est le cinéma en France. Non pas réformer le 7ème art en lui-même mais repenser la façon dont il parle de lui. Lui donner un nouvel air, le faire respirer un peu. Avant qu’il ne s’essouffle.
 
Chloé Letourneur
Citations :
(1) La crise, de Coline Serreau, 1992
(2) Le Cercle des poètes disparus, de Peter Weir, 1989
(3) Un singe en hiver, de Henri Berneuil, 1962
(4) La folie des grandeurs, de Gérard Oury, 1971

les inconnus
Culture

Les inconnus les plus célèbres : le retour

 
Surfant sur la vague de la nostalgie, les Inconnus reviennent à l’occasion de la sortie du deuxième volet de ce qui fut l’un de leurs succès les plus marquants : Les Trois Frères.
 Bien que le film ne sorte que le 12 février, la promotion a débuté il y a maintenant deux mois. Fin décembre sur France 2, un prime time consacré aux trois comiques marquait le coup d’envoi d’une grande campagne de communication. S’en est suivi l’affichage massif dans la capitale de « portraits » de Bernard Campan, Pascal Légitimus et Didier Bourdon sur lesquels n’apparaît même pas le titre du film.
 Si ces affiches sont originales, les réactions du public à leur découverte ne le sont pas moins. Alors que les fans reconnaissent leurs comiques préférés et s’exclament : « ce sont les Inconnus ! », ceux qui au contraire n’ont jamais entendu parler du trio se demandent : « mais qui sont ces inconnus ? ». Dans les deux cas, l’affiche participe au développement d’un buzz autour de ce retour que l’on peut d’ores et déjà qualifier de gagnant.

 
Lisa Brunet
Crédit photo :
Cinemotions.com

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Culture

Le Google Lab, une nouvelle étape dans la domination du géant américain de la sphère culturelle ?

 
Plus de 32000 oeuvres dans 46 musées : c’est ce que propose le Google Art Project et son ambition de « démocratisation de la culture ». Tout un chacun peut désormais avoir accès numériquement aux collections du monde entier, se déplacer dans leurs salles et zoomer au plus près des pigments des peintures. Google a ouvert deux autres projets culturels dans le cadre de son Institut : le World Wonders permettant de visiter en Street View les sites du patrimoine international  et des vidéos et photos reconstituants des évènements historiques.
Une étape supplémentaire a été réalisée en décembre dernier : l’ouverture du Lab à Paris, où plus de 300m2 sont consacrés à la rencontre d’artistes et de directeurs d’institutions culturelles avec des ingénieurs du géant américain. Si ce Lab est aussi une résidence d’artistes, Google peut désormais trouver sa place dans la maîtrise de l’art contemporain, en offrant notamment aux résidents la possibilité de traiter avec les dernières technologies.
La marchandisation de la culture et du patrimoine mondial est-elle la visée à long terme de ce projet ? Ou est-ce la mise sous égide de l’art par Google, depuis l’époque médiévale jusqu’à l’art contemporain en train de se faire ou de s’inventer ? Cette « passion de l’art » selon le fondateur de l’Institut, Amit Sood, a un coût qui s’élève à 36,8 Millions d’euros. Si les questions restent ouvertes quant à la place désormais incontournable de Google dans le secteur culturel, pourquoi ne pas envisager une véritable collaboration de cette structure avec les musées, les galeries, les fondations, afin de leur donner l’occasion de trouver de nouveaux publics et des idées pour construire l’avenir du monde de l’art.
 
Joséphine Dupuy Chavanat

Culture

Justin Bieber : comm' un doute

 
Si Miley Cyrus a décidé d’opter pour les boules de démolition et les clips sans dessus dessous les draps , Justin Bieber a choisi les annonces d’une retraite prématurée pour attirer l’attention des médias.
Pour certains d’entre nous, Papa Noël avait déposé un joli cadeau au pied du sapin cette année : trois messages postés sur le compte officiel de la star en herbe annonçant la fin de sa carrière.

Ces derniers temps, il est de plus en plus difficile de savoir où en est le chéri des beliebers : maisons closes, insultes envers ses fans, provocations diverses et variées… Le 17 décembre, le jeune canadien avait même annoncé, lors d’une émission de radio, qu’il prendrait sa retraite une fois son tout dernier album dans les bacs. Son manager s’était alors empressé de mettre les choses au clair en assurant que seule une pause bien méritée était actuellement envisagée par l’adolescent. Alors, grosse fatigue ou stratégie de communication ?
C’est bien connu, les déboires des célébrités n’en finissent plus d’attirer l’attention des médias, et il n’est pas difficile d’imaginer les magazines people se pourlécher les babines à l’annonce de la dernière démonstration de twerk de Miley Cyrus ou de la pénultième rupture de Taylor Swift. Et puisqu’en définitive il semblerait que la retraite ne soit pas à l’ordre du jour pour le Biebs, il y a fort à parier qu’il se soit consciemment servi de cet attrait pour le commérage afin de promouvoir un album et un film qui, ô coïncidence, sortait tout juste en salle.
Ces tweets ont précédé la publication des chiffres concernant le second film consacré à la star qui se trouvent être plutôt mauvais. Appâter les médias en annonçant sa retraite pour blaguer est peut être préférable à la méthode de la perpétuelle provoc’, mais à force d’en angoisser certaines et d’en enchanter d’autres, l’enfant terrible ne risque-t-il pas d’y perdre ce qui reste de sa crédibilité ?
 
Annabelle Fain
Sources
VanityFair
ParisMatch
HuffingtonPost