Barbie
Culture

I’m a Barbie girl

 
Quoi de neuf au pays merveilleux de Barbie ? Il y a quelques semaines, la plus célèbre poupée de 29 cm semblait se la couler douce avec son amie Victoria Beckham. Cette dernière s’est en effet lancée dans une vaste entreprise de revalorisation de son image ; et quoi de mieux pour Posh qu’une séance photo avec la copine de Ken pour paraître plus cool, décontractée, détendue ? « Life in plastic, it’s fantastic », isn’t it ? Ce genre de campagne de self-branding semble en tout cas témoigner d’une réalité indéniable : Barbie peut devenir un véritable outil de communication. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que Mattel a vendu en 1997 sa milliardième poupée (apparue en 1959) et, qu’aujourd’hui, environ cent cinquante deux exemplaires sont achetés chaque minute.
Surfant sur ce succès mondial non démenti, le site américain Plus-size-modeling.com, spécialisé dans les mannequins rondes, a enflammé la Toile le 18 décembre en postant sur Facebook une photo comparant la Barbie traditionnelle avec son pendant XXL.

Dès le 18 décembre, donc, les réactions ne se font pas attendre. Pas moins de 37 000 likes accueillent la publication et nombre de commentaires s’y ajoutent. La question soulevée par le site – devrait-on commercialiser une telle poupée au physique moins conventionnel ? – est simple ; et pourtant, elle se heurte à un certain paradoxe qui alimente les débats houleux.
Les critiques classiques que reçoit Barbie tournent continuellement autour des mêmes sujets. Ce jouet contribuerait à répandre une image précise de la femme au physique stéréotypé. Difficile alors pour les petites filles d’accepter leur propre apparence lorsque les canons de beauté définis comme idéaux sont si strictes et difficiles à atteindre. Et que dire du rôle social réservé à une telle figure féminine qui a tous les traits d’un simple fantasme masculin, à la limite du pornographique ? « You can touch, you can play, if you say, I’m always yours » : Barbie est encore bien loin du modèle plus féministe de femme libérée. Mais cette poupée XXL n’est-elle pas la porte ouverte à toute une série de nouveaux clichés ? Ce double, voire triple menton -n’ayons pas peur des mots-  est-il réellement représentatif d’un physique plus standard ? D’après certains commentaires nous serions plutôt face à une caricature des femmes rondes. Et il y a encore plus grave.
Est-il nécessaire de rappeler que l’obésité est, parfois une maladie, du moins toujours dangereuse ? Ainsi, si on craint que les jeunes filles ne s’identifient à la Barbie taille XXS, est-il préférable qu’elles imitent la Barbie XXL ? A une autre échelle, pour soutenir une petite fille malade, Mattel avait créé il y a quelques années une Barbie chauve. Certaines associations encourageaient alors à la commercialisation de telles poupées. Mais si l’entreprise est louable et touchante lorsqu’elle reste ponctuelle, il devient bien plus malsain d’encourager les enfants à jouer avec des miniatures atteintes de cancer.

On pourrait alors même craindre que le projet de Barbie ronde n’ait plus de véritable portée éthique, mais devienne un simple objet de communication : à l’heure où les enseignes vestimentaires se doivent d’élargir leurs gammes de vêtements pour toucher des cibles plus corpulentes, ce genre de jouet pourrait devenir un support publicitaire idéal.
Face à ces dénonciations concernant les modèles qu’elle impose, l’entreprise Mattel pourrait rétorquer qu’il ne s’agit aucunement de communiquer un quelconque imaginaire et que Barbie reste un jouet, donc forcément une stylisation. D’ailleurs, ses proportions ne sont en rien réalistes : si Barbie sortait de son « Barbie World », elle ressemblerait à une espèce de monstre difforme, en rien désirable, comme l’a montré une étudiante américaine en 2011.

Oui mais justement, c’est là que le bât blesse. Depuis sa création, Barbie s’est targuée de véhiculer une certaine image positive de la femme à travers le monde. Dès 1967, et plus fréquemment à partir de 1980, la poupée s’est par exemple diversifiée selon les types ethniques. Lorsque l’on se vante de symboliser la diversité, forcément, les impératifs et les controverses deviennent plus systématiques. De même, à partir des années 70, Barbie voit ses professions et ses loisirs se multiplier afin de symboliser le plus fidèlement possible la diversification du rôle de la femme.  Dans les années 80, on peut même lire le slogan « We, Girls, can do anything. Right Barbie ? ». Barbie féministe qui assure que les femmes peuvent avoir accès aux mêmes métiers que les hommes ? Laissez nous rire.
Pour échapper aux polémiques, il faudrait alors que la marque Mattel se positionne : sa Barbie est-elle un simple jouet innocent ou un vecteur de communication d’une certaine image de la femme ? C’est peut être la première question à se poser avant de se demander s’il est nécessaire de commercialiser des poupées de corpulence variée.
Mais si l’on en juge par le happening organisé par l’ONG Peuples Solidaires le 10 décembre, à savoir placer une poupée ouvrière de deux mètres de haut sur les Grands Boulevards pour sensibiliser les passants aux conditions de travail chez les sous-traitants de Mattel en Chine, il semblerait que la popularité de l’indémodable Barbie en fasse un support parfait de communication. Une Barbie engagée deviendrait un excellent moyen de toucher le grand public. Serait-il alors temps pour la « blond bimbo girl » de sortir de son « fantasy world » ?
 
Margaux Putavy
Sources
HuffingtonPost
LeFigaro 
Magrandetaille

Miley Cyrus
Culture

Miley is back

 
On l’attendait.
… Ou pas.
Le nouveau clip de Miley Cyrus a été dévoilé il y a cinq jours et a provoqué, comme prévu, une vague de réactions sur la toile.
Habituée à faire le buzz de manière plutôt équivoque et pas toujours -voire jamais- très honorable, la chanteuse américaine de 21 ans repousse un peu plus encore les frontières de l’acceptable avec le clip lascif de sa chanson « Adore You ».
Après le twerk avec un ours en peluche rose géant accroché dans son dos et la boule de démolition où elle se prélassait dans le plus simple appareil avec un naturel déconcertant, Miley se lance désormais dans le plus ou moins suggestif. Pendant quatre minutes trente, la chanteuse est  filmée sous la couette, où elle mime des gestes évoquant la masturbation sur fond de « musique » lancinante aux paroles un peu niaises. Il n’empêche que malgré toutes les critiques qui lui sont faites, la technique provocante de Miley Cyrus fonctionne, puisque la vidéo frôle les trente millions de vues sur Youtube depuis moins d’une semaine.
Décidément, il semblerait qu’espérer de bonnes résolutions de sa part pour la nouvelle année soit illusoire.
Néanmoins, nous pouvons nous réjouir d’une chose: pour un clip de Miley publié, attendons nous à une bonne dizaine de parodies toutes plus savoureuses les unes que les autres…
Camille Gross
Crédit photo :
hollywoodpq.com

wes anderson cineaste publicitaire
Culture

Castello Cavalcanti : Wes Anderson, cinéaste publicitaire ?

 
On a beaucoup glosé autour de La légende de Shalimar, une publicité pour parfum dont le budget astronomique avait défrayé la chronique à la rentrée 2013, mais on n’a pas assez parlé des publicités que de vrais grands réalisateurs ont pu faire. Le mystique David Lynch, l’insolent Jean-Luc Godard, et le perfectionniste Wes Anderson sont aussi des publicitaires. Ainsi, le dernier court-métrage de Wes Anderson réalisé pour Prada, qui répond au doux nom de « Castello Cavalcanti », invite à repenser la frontière ténue qui sépare l’art (pour l’art) de la publicité (pour l’argent): se pourrait-il que l’on puisse concilier les sacro-saintes exigences du 7e art à de supposées viles et matérielles visées publicitaires ?
Bien entendu, le style du réalisateur de Moonrise Kingdom (film présenté à l’ouverture du festival de Cannes en 2012), de l’impérissable Rushmore, de la cultissime Famille Tenembaum, et de l’inénarrable Darjeeling Limited, demeure intact. On retrouve dans une charmante petite ville italienne un des acteurs fétiches de Wes Anderson: Jason Schartzman. Rappelons que Wes Anderson avait déjà travaillé avec Prada en cosignant avec Roman Coppola une publicité pour le parfum « Candy L’Eau », où l’on pouvait apercevoir une Léa Seydoux méconnaissable (sans ses cheveux bleus).
En mars 2014, sortira le prochain film de Wes Anderson, The Grand Budapest Hotel, mais certains esthètes de la publicité attendent sans doute également, avec autant d’impatience, sa prochaine publicité.
 
Matthieu Parelon
Sources :
Le Nouvelobs.com
Crédits photo :
rarenorm.com

manifestations foot
Culture

L’image du football en danger

 
A 6 mois de la Coupe du Monde de football au Brésil, l’image de ce sport tend à se dégrader de jour en jour : que ce soit son image en France ou son image mondiale. Le football est le sport le plus populaire au monde. La dernière finale de la Coupe du Monde (Espagne – Pays-Bas) a été suivie par 700 Millions de téléspectateurs ! En France, nous avons 2 millions de licenciés. Autant dire qu’il est primordial que le ballon rond montre l’exemple.
La FIFA donne l’image d’un football au-dessus de tout
C’est paradoxal. La mauvaise image du football est véhiculée par l’instance footballistique suprême : la FIFA. C’est elle qui départage les candidatures pour l’organisation d’une Coupe du Monde. Ainsi, nous savons qu’en 2018, elle sera organisée en Russie et en 2022 au Qatar. En terme de communication, choisir ces 2 pays pour une Coupe du Monde, c’est déjà se mettre dans une position inconfortable. Dès l’annonce des lieux d’organisation, la FIFA est déjà fortement critiquée. Organiser une Coupe du Monde dans un pays où les gays n’ont pas droit de cité . Organiser une Coupe du Monde au Qatar alors qu’en été les températures peuvent atteindre les 50 degrés ! Néanmoins, une solution apparaît : créer des stades climatisés. Quoi de plus écologique ! Tout cela véhicule une image d’un football qui se moque des problèmes sociétaux.
En témoignent les manifestations qui ont eu lieu lors de la Coupe des Confédérations en juin dernier au Brésil. Si cette compétition devait à l’origine être une répétition de la Coupe du Monde 2014, elle est devenue un signal d’alarme ! Ce pays qui ne vit que pour le football a osé, pendant une compétition internationale, reléguer celui-ci au second plan. L’enjeu, protester contre les sommes colossales investies pour le Mondial : 11 milliards d’euros ! Des sommes qui auraient pu (dû) être utilisées dans le domaine social. Pendant les manifestations, Sepp Blatter, Président de la FIFA, met en place une communication surréaliste et affirme les propos suivants : « Je suis sûr que les manifestations vont s’apaiser. Le football est plus fort que l’insatisfaction des gens . La FIFA, au lieu de tenter de justifier les sommes investies et ce qu’elles peuvent apporter au Brésil, décide par la voix de son Président de provoquer les Brésiliens. Le message est le suivant : le foot est plus fort que vous. Le foot plus important que l’éducation. Pourquoi ne pas avoir communiqué en montrant que les deux pouvaient être intimement liés ? A l’inverse, ici, le football semble être une arme de manipulation.
Veille de sa déclaration : 250 000 Brésiliens dans les rues. Quelques jours après : 1 million de Brésiliens manifestaient ! Sepp Blatter découvre alors que le foot passe après l’éducation, le coût des transports en commun, la sécurité, la qualité des services publics… Eh oui ! Le football, même au Brésil, passe après de nombreuses conditions essentielles à toute population.
Cet évènement aura servi à prévenir la FIFA : pour les trois prochaines Coupes du Monde il est nécessaire de mettre en place un système communicationnel qui permettra de prévoir tout aléa. Par conséquent, une communication de crise dont le but n’est pas de communiquer pour se sortir d’une crise mais de l’éviter, même pour la Coupe du Monde 2022, peut (doit) dès aujourd’hui débuter !
Communiquer à travers les femmes
De plus, une communication locale doit se mettre en place en partenariat avec les Fédérations de football nationales. En France, l’image du football est de plus en plus négative : reportage de Cash Investigation (France 2), interview (en partie censurée) sur fond de règlement de compte de Patrice Evra, affrontements au stade entre des supporters de Saint-Etienne et Nice. Aujourd’hui, plusieurs stades peinent à se remplir. Mais avec cette image négative, comment attirer de nouveaux supporters ?
Certains clubs ont trouvé la parade. Améliorer l’image du foot à travers la Femme. Le foot est le sport le plus populaire au monde, mais est connoté comme un sport masculin

Même si certaines publicités sont osées, les clubs communiquent enfin vers ou à travers la Femme.
Casser cette image pour attirer les supportrices au stade et communiquer à travers le football féminin, davantage associé à ce qui relève du sport amateur. Et ce n’est pas péjoratif ! Car cette représentation donne l’impression d’un football sain, non soumis aux lois de l’argent. Communiquer à travers l’image stéréotypée de la Femme : douce, aimante. Loin de celle des supporters qui s’insultent et se battent.
Nul doute que la Coupe du Monde sera suivie par de nombreux spectateurs. Peu importe le pays, le nombre de morts et les conditions de travail pour la construction des stades, nous serons devant notre télé pour supporter l’équipe de France. Et c’est précisément ce comportement qui conduit la FIFA à ne pas changer de stratégie. Attention ! Au foot tout va vite. On croît à la victoire, et à la dernière seconde on peut tout perdre.
 Pierre-Yves Halin
Sources :
Lemonde.fr
Libération.fr
Huffingtonpost.fr
Crédits photos :
Paris St Germain Féminines
Stade Rennais
Le Figaro

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Culture

Who runs the world ? Beyoncé !

 
Un retour inattendu
Personne ne s’y attendait. Alors que les critiques musicaux annonçaient le retour dans les bacs de Beyonce en 2014, l’artiste a surpris ses fans en publiant son nouvel album dans la nuit de jeudi à vendredi.
Uniquement proposé en téléchargement légal sur la plate-forme Itunes (qui avait négocié l’exclusivité), l’opus s’est hissé en quelques minutes à la première place des ventes. En seulement 72 heures, 828 773 unités ont été vendues. Bien plus qu’un succès, il s’agit d’un record. Mardi 17 décembre, la compagnie Apple a d’ailleurs fait paraître un communiqué annonçant qu’il s’agissait de l’album vendu « le plus rapidement de toute l’histoire de l’iTunes Store dans le monde entier », dépassant la performance de Justin Timberlake, dont le disque intitulé 20/20 s’était écoulé à 580 000 exemplaires en l’espace d’une semaine.
Habituée à faire parler d’elle, Beyonce avait déjà fait le buzz en publiant en 2008, l’album I am… Sacha Fierce, vendu sous la forme d’un coffret composé de deux disques, représentant deux aspects de sa personnalité : l’un plus romantique avec des ballades pop et l’autre plus « fierce » (sauvage) avec des chansons dansantes aux accents électro. Quelques semaines avant le lancement de ce disque, Beyonce avait été multiplié les apparitions médiatiques et les deux singles choisis pour porter l’album (If I were a boy et Single Ladies) avaient été diffusés en boucle sur toutes les radios.
Mais pour promouvoir son nouvel album, la star a décidé d’adopter une toute autre stratégie. Aucun teaser n’a été publié sur internet.  Aucun single n’a été envoyé aux radios. Aucune interview n’a été accordée à la presse. Comment cette absence de communication a-t-elle abouti à un tel succès ?
Un album hybride
Dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, Beyonce explique à son public à quel point elle regrette l’époque où la musique primait sur les stratégies marketing. Se revendiquant plus artiste que business woman (ce qui semble quelque peu ironique sachant qu’elle a créé une ligne de vêtement, lancé un parfum à son nom et a été égérie pour des marques telles que Pepsi, H&M ou Nintendo), la chanteuse a pris la décision de garder secrète la date de lancement de son album. Elle a justifié ce choix en indiquant qu’elle ne souhaitait pas que sa maison de disque informe la presse de la sortie de l’album afin qu’elle puisse directement l’annoncer à ses fans. Vendredi matin, elle a donc publié un message sur ses comptes Facebook, Twitter et Instagram pour signaler que l’album était disponible en téléchargement sur Itunes. Mais en refusant d’avoir recours à des pratiques communicationnelles et promotionnelles dont la finalité est de faire le buzz, Beyonce a justement fait buzz.
Intitulé BEYONCE, le disque est en lui-même un instrument du buzz. Qualifié par la presse « d’album visuel », il comprend 14 chansons et 17 vidéos. Si la star n’a cessé de clamer ces derniers jours que la musique devait passer au premier plan, l’album BEYONCE semble pourtant être en contradiction avec cette idée. Le disque revêt ici une nouvelle forme : il ne s’agit non pas d’un contenu purement musical, mais plutôt d’un mélange de sons et d’images mettant nos sens en éveil. Beyonce a déclaré avoir voulu offrir au public une représentation de ses chansons : « Je voulais que les gens entendent les chansons avec l’histoire qui est dans ma tête. ». La chanteuse a notamment avoué s’être inspirée de la fameuse chanson de Michael Jackson, Thriller, dont le succès repose en partie sur le vidéoclip. Beyonce, nouvelle Queen of Pop ? Queen of marketing, c’est certain.
 
Lisa Brunet
Sources
Lemonde
Chartsinfrance
Crédits photos : Thecorner 

Masterpiece
Culture

Masterpiece : la télé réalité qui tourne la page ?

 
Qui n’est jamais tombé en zappant sur une des innombrables émissions de télé-réalité mettant en scène danseurs, chanteurs, cuisiniers, experts en tous genres, ou autre phénomène abrutissant ? A y réfléchir, on aurait l’impression d’avoir fait le tour…L’Italie nous prouve le contraire avec un programme de reality-show encore inédit qui mêle deux terrains que l’on imaginait jusqu’ici peu cohabiter.
En effet, « MasterPiece, talent scrittori » (littéralement « Chef d’œuvre, écrivains de talent »), la première télé-réalité consacrée aux écrivains, se met en quête de dénicher le succès littéraire de demain. Le premier épisode diffusé le 17 novembre dernier, sur la célèbre chaîne Rai3, a permis de faire connaissance avec les 12 premiers candidats sélectionnés.
Un principe de télé-réalité pas si extraordinaire…
Si MasterPiece se détache des nombreuses autres émissions, c’est uniquement par son angle d’attaque, la littérature, car le principe d’organisation et de fonctionnement reste similaire à celui des habituelles télé-réalités. Les candidats ont répondu en masse à l’appel et c’est parmi plus de 5000 manuscrits envoyés, que la Rai a sélectionné les 70 finalistes. Et les téléspectateurs seront à peine surpris en constatant que les concurrents recouvrent des profils très variés, allant de la serveuse, à l’adolescent prodige, ou encore l’ouvrier, la retraitée, jusqu’à l’handicapée…Un large panel qui se veut refléter la société « globale » et dans lequel nous sommes susceptibles de nous identifier. Jusqu’ici, l’émission ne dépasse en rien ses consœurs internationales.
Le direct est bien évidemment de mise : les textes rédigés par les candidats sont retransmis et visibles par les téléspectateurs qui peuvent suivre l’évolution du processus d’écriture. Et MasterPiece ne serait pas un véritable talent-show sans sa salle de confessionnal, haut lieu de la révélation, de l’exacerbation des sentiments : des doutes sur son manuscrit, un reproche envers un autre candidat, la réaction à son élimination, rien n’échappe au téléspectateur, invité là encore à rentrer dans la sphère intime de ceux qu’il se plaît à examiner, de l’autre côté du petit écran.

Les épreuves ne manquent pas pour démarquer les participants et une nouvelle fois, l’inspiration envers les formes actuelles de télé-réalité est flagrante : les candidats sont notamment invités à vivre une « expérience en immersion » de type mariage ou retrouvailles avec des amis, qu’ils doivent ensuite retranscrire par écrit. A l’issu des différentes épreuves, le jury devra éliminer celui ou celle qui lui aura semblé le moins compétent. Et pour trancher, trois personnalités reconnues dans l’univers du livre*. A côté de cela, le suspense tient le spectateur en haleine avec la fameuse épreuve du « repêchage » permettant à l’un des candidats désignés pour l’élimination, de se rattraper illico presto. Une motivation, quand on sait que le grand gagnant verra son texte édité à 100 000 exemplaires par la maison d’édition Bompiani. Verdict en février pour Masterpiece.
La Télé-réalité : un genre fourre-tout ?
Ainsi donc, la télé-réalité aura épuisé une bonne partie de nos centres d’intérêts pour se consacrer à présent à la littérature. Mais peut-on vraiment parler de tout à l’occasion d’un talent-show ? Le principal défi ici pour les réalisateurs est d’entremêler l’intime de l’écriture et la brutalité du direct. L’époque de l’écrivain solitaire, tapis dans sa chambre au-dessus de sa machine à écrire, semble alors révolue, pour laisser place au désir de notoriété convoité par tous. A l’époque de la mise en avant de soi, le talent ne s’arrête plus aux frontières du local. De la réflexion, à la mise en ordre, jusqu’à la mise à l’écrit du texte, la promesse de tout nous dévoiler peut nous laisser dubitatifs. Nous attendons de pénétrer la pensée de l’écrivain en herbe, de comprendre ses mécanismes intellectuels avant de découvrir l’objet matériel, achèvement ultime l’émission. « Le vrai défi était là » nous confirme Andrea de Carlo : ne pas brusquer le processus par essence lent et réfléchi de l’écriture par les exigences du direct, avide de faux-pas et de rebondissements suivant les ficelles d’une trame se disant spontanée.
De la promotion de l’auteur à la promotion de la lecture…
Ce qui vaut ici la peine d’être noté repose sur la confrontation du succès de l’individu face à celle de l’activité de la lecture. En clair, nous avions jusqu’ici l’habitude d’être servis par des émissions de télé-réalité répondant aux aspirations majeures d’une société –pour ne prendre qu’un exemple, nous pourrions ici citer la passion bien française pour la cuisine, que l’on retrouve à foison dans nos télés avec MasterChef, TopChef, Le meilleur pâtissier, etc… Dans le cas de MasterPiece, la logique inverse paraît servir la population italienne. Et pour preuve, dans un pays où seulement 46% des italiens ont déclaré avoir lu au moins un livre sur toute l’année 2012, faute n’est pas d’essayer d’y remédier. Les promoteurs de MasterPiece espèrent donc inciter les italiens à la lecture. Allier littérature et divertissement : un inédit qui aura le mérite de montrer si le succès associé aux gagnants des reality-show peut véritablement faire se précipiter les italiens vers les librairies.
Quant à l’arrivée d’un reality-show de ce type en France faisant côtoyer un Marc Lévy à Nabilla, ceci est une autre histoire…
 
Laura Pironnet
*Il s’agit de Giancarlo De Cataldo, auteur de Romanzo Criminale et scénariste, Andrea de Carlo -également écrivain, récompensé- et Taiye Selasi, auteure et photographe britannique.
Sources :
L’Express
Vanitiy Fair.it
Crédits photos :
Candidats finalistes : Rai3
Jury : Europa Quotidiano

Pixar
Culture

PixArt, since 1920

 
La cité de la mode et du design accueille depuis le 16 novembre un nouvel arrivant : le musée des Arts Ludiques. Lancée par Jean-Jacques Launier, la nouvelle institution se propose de mettre en avant les arts de « l’Entertainment », trop longtemps mis au ban par les acteurs du monde artistique traditionnel.
Afin d’ouvrir en grande pompe, c’est le travail de Pixar qui a été choisi comme exposition de lancement. Créée conjointement avec le MoMa de New-York, le studio y présente tous les travaux ayant été nécessaires à l’élaboration de ses 14 longs métrages et fait démonstration de sa puissance artistique. Plus qu’une exposition, Pixar monte une véritable opération de branding et travaille son image de marque.
Racheté par Disney en 2006 –date du lancement de l’exposition à New-York-, Pixar profite de cette exposition pour créer une image de marque tournée vers l’art de l’animation et se placer comme le véritable continuateur d’un Disney vieillissant et en perte de génie. Les petites-mains de Pixar présentent leurs travaux préparatoires, constitués de dessins et d’esquisses de grande qualité, rapprochant ainsi leur travail de celui de la maison mère et de ses films d’animations traditionnels. Tout est fait afin de créer une continuité entre les deux sociétés. Même John Lasseter, ex directeur créatif de Pixar et aujourd’hui patron de Disney, est présenté comme le digne descendant de monsieur Walt Disney, himself.
Pixar démontre la brillance de sa communication, utilisant de manière magistrale le médium de communication original qu’est l’exposition artistique. Ce medium, déjà présent dans le monde de la mode (exemple de l’exposition Chanel au Palais de Tokyo), va t-il lui aussi se développer dans d’autres domaines plus prosaïques ?
 
Adrien Torres
Sources :
Lemonde.fr
France3.fr

L'underground, mainstream ?
Culture

Jacques a dit : « Que l’underground devienne mainstream »

 
Culture alternative, indé, expérimentale, élitiste dirait-on même, rebelle parfois… Ce qu’on a pu un jour désigner comme « underground » concentre une multiplicité de mouvements à contre-courant de la tendance culturelle et sociale principale ou traditionnelle. Ceux-ci se présentent ainsi eux-mêmes comme des déviants qui construisent leur propre identité culturelle en marge de la culture dite « mainstream », qui, elle, est associée aux médias de masse, diffusant des normes au plus grand nombre.
Parmi les mouvements underground les plus connus, on peut citer le punk, le mod, le gothique, le skinhead ou encore le techno, apparus successivement à partir des années 1950.
Si ces subcultures se sont toujours données des codes visuels bien particuliers afin de se distinguer de la « masse » (modifications corporelles, bijoux…), il n’est pas certain que ceux-ci soit encore perçus comme tels aujourd’hui.
Force est de constater que bon nombre de ces codes ont été repris et détournés au détriment de leur élitisme initial, pour se faire une place au sein de la culture « mainstream ». Observez donc votre entourage ou tout simplement les inconnus croisés dans la rue : combien de personnes tatouées, piercées, portant des vêtements déchirés ?
Si cette démocratisation d’éléments issus de mouvements indépendants est le résultat de plusieurs années de fermentation, il ne serait pas exagéré d’affirmer que l’on touche à son apogée et paradoxalement, à la banalisation de ce qui se voulait autrefois être rebelle.
En 2010, monsieur Lagerfeld introduit, dans son défilé pour la collection prêt-à-porter printemps/été de la prestigieuse maison Chanel, d’étranges bijoux qui se révèlent en réalité être des décalcomanies trompe-l’œil. Ce qu’il faut retenir de ce coup de maître, c’est la déviation d’un usage qui paraissait soit puéril (on se souvient des tatouages Malabar) soit non conforme, l’introduisant ainsi dans le monde du prêt-à-porter de luxe, géniteur des tendances qui vont se propager ensuite dans l’ensemble de la société.

Pour le printemps 2012, défilé haute couture cette fois, Riccardo Tisci fait porter des piercings nasaux d’une taille démesurée à ses mannequins pour la maison Givenchy. La machine est définitivement en route.
Les maisons de création ne sont sans doute qu’un des multiples agents influençant cette démocratisation de l’underground au sein d’une population massive. La normalisation des piercings et tatouages est presque aboutie aujourd’hui et ainsi l’argument du « Je ne trouverai jamais de travail » perd de son importance dans la mesure où le tatouage lui-même a gagné de plus en plus d’adeptes. L’image du salon de tatouage s’est, quant à elle, bien modifiée : à l’encontre du shop sombre et douteux de Bastille ou Châtelet se développent des lieux qui tiennent davantage du salon de beauté voire du cabinet de chirurgie esthétique et s’adressent à ce titre surtout à la population féminine (on peut citer Marty Tatoo, dans le 10ème arrondissement, plébiscité par des journaux tels que L’Express ou Elle).
Outre la mode, les événements culturels sont de très influents tremplins de tendances et se valorisent d’ouvrir à un public souvent peu initié les portes d’une subculture généralement vue à travers des clichés.
On peut ainsi citer l’exposition « Punk : Chaos to Couture » du Metropolitan Museum au printemps dernier ou encore « Europunk », actuellement à la Cité de la Musique. On ne peut s’empêcher de relever une certaine ironie à voir le punk, mouvement si contestataire et enragé, enfermé dans des cadres et vitrines de musée. Surtout lorsqu’on sait que des t-shirts déchirés ou cloutés, siglés Dolce & Gabbana, Rodarte ou encore Moschino, étaient vendus entre $150 et $750 à la boutique souvenirs du Met…
Cette exposition n’a, par ailleurs, sans doute pas été innocente au processus créatif du nouveau directeur artistique de la maison Saint Laurent Paris, Hedi Slimane, qui, pour sa collection automne/hiver 2013-2014, a concocté une silhouette que les journalistes mode se sont empressés de qualifier de « punk » ou encore de « grunge ». Non seulement l’analogie entre ces deux subcultures peut paraître incongrue dans une certaine mesure, mais on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’en dirait Sid Vicious ou Kurt Cobain, pour ne citer qu’eux…

Que tirer de cette vague de pseudo-rébellion sur les pratiques vestimentaires et de manière générale sur l’esthétisme des silhouettes de cette fin 2013 ? Rangers cloutées, crête colorée, bas résilles et chemise à carreaux, le dit « grunge/punk » actuel semble dénuer de symbolisme ces visuels autrefois porteurs d’une odeur de soufre, au mieux pour les banaliser, au pire pour les offrir en pâté aux reproductions et réinterprétations diverses des chaînes vestimentaires, le géant Zara en tête. Forte des phénomènes de mode et de leur diffusion médiatique, la culture de masse aurait-elle tué la culture underground ?
 
Charlene Vinh
Crédits photos :
Vogue Paris octobre 2010
Wildarts.com
Toutelaculture.com

JK Rowling vs Romain Gary
Culture

J.K Rowling, ou le syndrome Romain Gary

 
Au printemps dernier, le livre The Cuckoo’s Calling, ou L’Appel du Coucou, du soi-disant Robert Galbraith paraissait en Grande-Bretagne et n’obtenait pas un grand retentissement. Bien que salué par quelques critiques, le roman n’engendre guère un enthousiasme intarissable, ne cumulant ainsi que 1500 ventes.
Or, quelle n’est pas la surprise générale des médias et lecteurs (potentiels) de découvrir, via un simple post Twitter, le pot aux roses : le dénommé Galbraith n’est tout autre que Maman Harry Potter. Ben ça alors ! Joli tour de magie ?
Pourquoi tous ces mystères ? R n’assumerait-elle plus son succès, ou cherchait-elle un moyen de communication pour le moins extra-ordinaire ? Et que nous dit ce phénomène, à une échelle bien plus large, de la littérature aujourd’hui ?

Beauté de l’écriture ou peur de l’étiquette ?
Rowling cherchait-elle un point de vue impartial sur son écriture afin de revenir aux débuts du lancement d’Harry Potter – pour lequel elle s’était longuement battu, ou bien dans le but de se relever du malheureux échec de son dernier livre, Une Place à Prendre ?
Changer de nom permettait à l’œuvre d’être appréciée pour ce qu’elle était, et de ne pas être propulsée en tête des ventes par le simple usage de sa signature. L’aura d’un écrivain – que l’on peut ici qualifier de star internationale, incontestablement, – influe considérablement sur son chiffre de vente. Sinon, quelle raison y’aurait-il à ce que les mêmes personnalités se retrouvent sans cesse dans les Hits de toutes les librairies ? Et ce bien malheureusement.
Mais, paradoxalement, peut-être est-ce également pour fuir les mauvais côtés de « l’étiquette » que Rowling a pris la peine d’arracher celle qu’elle arborait jusqu’alors. Car son passé Voldemorien, bien qu’ayant séduit une majorité du public mondial, ne l’a pas pour autant aidée à obtenir les faveurs des critiques. Bien au contraire. Aussi, le nom d’un auteur nous influence-t-il sur la perception même de son œuvre. Un immense héritage culturel pèse sans cesse sur notre lecture, et/ou l’élève.
Dans son livre Et si les œuvres changeaient d’auteur, Pierre Bayard démontre bien le changement de perspective de l’étude d’une œuvre selon l’auteur qui la réalise. Il prend notamment l’exemple de Dom Juan : si Corneille avait écrit la pièce, l’on pourrait relever dans cette dernière la présence fondamentale d’une multitude de dilemmes, d’importance chez le dramaturge mais peu pertinente dans un cadre moliérien.
Quoiqu’on en dise, un nom influe toujours sur une perception, et construit des a priori sur un sujet considéré.
Coup de Comm’ ou projet artistique ?
Il est évident que l’on pense d’emblée ici à une stratégie communicationnelle. En effet, c’est un tweet à l’origine suspecte qui a averti le Sunday Times du subterfuge, propulsant, sans surprise, le livre de la 5076e place à la 1e place des ventes d’Amazon en une journée.  Nous ne pouvons que saluer un énorme coup de pub qui n’a engendré aucun coût. Tous les médias parlent désormais du livre, gratuitement. Et comme le précise bien Julien Gracq dans La Littérature à l’estomac, une fois que la critique installe un auteur dans le doux cocon du succès, il est difficile de l’en déloger.
Pourtant, Rowling demeure multimillionnaire, et la recherche d’un profit financier de sa part semble peu probable. Peut-être pourrait-on penser, à la limite, au désir ardent d’une remontée en haut de l’affiche, maintenant que la fièvre Harry Potter paraît bel et bien révolue.

Ce phénomène ne peut que nous rappeler l’emprunt par Romain Gary du pseudonyme Emile Ajar, il y a de cela des dizaines d’années ; mystère révélé dans la lettre de suicide de l’auteur. Mais il s’agissait là de retrouver une liberté d’expression que la conservation de son identité, des plus populaires, ne permettait plus. Gary voulait, semble-t-il, adopter un regard nouveau, un style ne répondant pas nécessairement au précédent, et aborder des thématiques délicates et polémiques. La Vie devant soi, par exemple, dénonçait tout à la fois la ghettoïsation des immigrés en France, le rejet des prostituées, ou encore l’interdiction de l’euthanasie.
Or, JK Rowling conserve, dans The Cuckoo’s Calling, un univers assez similaire aux précédents. Elle reste très loin de la dénonciation politique, ou de la réflexion sociale et idéologique, comme l’effectua sublimement Gary. Ce qui nous montre, quelque part, l’immense distance entre l’emprunt d’un faux nom au regard d’un projet littéraire d’un côté – création d’une œuvre – et le faussement d’une identité ayant, très probablement, un rapport avec le monde de la communication – création d’un livre, dans le sens commercial du terme.
Cet évènement ne manque pas de nous dire quelque chose de grandement inquiétant sur la littérature aujourd’hui. La dictature du nom semble bel et bien installée, incitant à la réflexion communicationnelle plus qu’à la qualité de l’écriture.
« Je me suis bien amusé, au revoir et merci. »
Romain  Gary
 
Chloé Letourneur
Sources :
Firstpost.business
The Sunday Times
L’Express
Crédits photos :
Image de Une : JK Rowling et Romain Gary (t-as-vu-ma-plume.over-blog.com)
Image 2 : Hypable.com
Image 3 : OneMinuteNews

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Culture

Banksy, ou l'art sur une frontière.

 

Banksy est certainement le street-artist contemporain le plus médiatisé de ces cinq dernières années. Bien que son identité soit entourée de mystère (il serait anglais et né en 1974 d’après Wikipedia), ses moindres faits et gestes artistiques disposent d’une couverture médiatique ahurissante, tel la Une du New-York Post la semaine passée. Bien peu d’artistes contemporains peuvent se targuer d’une si grande reconnaissance publique. Souvent adulé, parfois détesté, Banksy semble être le modèle de l’artiste d’aujourd’hui : people mais caché, underground mais pop, illégal mais moralisateur.
Cependant, ses derniers travaux new-yorkais n’ont-ils pas montré de façon définitive les limites du travail de cet homme évoluant toujours à la frontière de ce qu’il dénonce : le consumérisme et la bien-pensance ?
Depuis un mois, Banksy navigue dans New-York au gré de ses projets artistiques et dévoile quotidiennement une nouvelle « œuvre » sur un blog (http://www.banksy.co.uk/) ouvert à cette occasion. Le nom du projet ? « Better out than in », mettant ainsi en exergue de nouveaux travaux de rue. Un « happening » de cette résidence new-yorkaise m’a interpelé et a accaparé les médias la semaine dernière : près de Central Park, un homme d’un certain âge proposait sur son stand des toiles authentiques et signées de Banksy au prix dérisoire de 60 dollars. Le stand semblait tout à fait commun et aucune communication particulière n’était faite pour le promouvoir. Le consommateur ne savait plus si les œuvres vendues étaient vraies ou non, et s’en voyait décontenancé. L’artiste anglais publia sur son blog le lendemain de cette opération une vidéo dans laquelle il divulgua les dessous de cet évènement et reconnut être à l’origine des toiles.
Banksy a toujours souhaité dénoncer les affres du capitalisme, du communautarisme, de la guerre, de la marchandisation du monde. Il souhaite ici montrer du doigt toutes les stratégies de communication qui entoure les grands évènements artistiques récents et qui, selon lui, créent des buzz factices, détournant le public des véritables qualités artistiques des travaux qu’ils vont voir. Le peu d’œuvres vendues (malgré leur prix dérisoire) sur le stand de Central Park semble corroborer son analyse, montrant que l’absence de communication n’a pas permis une vente qui aurait pu être historique.
Il est vrai que le marché de l’art est un marché d’influence, de bulles spéculatives créées artificiellement par d’importantes galeries ou par d’importants acheteurs qui orientent et guident le marché au travers de grands évènements et de grandes campagnes de communication. Cependant, ce constat est vrai pour tout marché, et la nécessité de communiquer vaut pour tout produit, même culturel.
Banksy souhaite t-il alors dénoncer la marchandisation de l’art ? Il a lui-même profité de ce mouvement en vendant certains de ses travaux lors d’expositions au « buzz » parfait, dans lesquelles le « tout Los Angeles » s’est précipité. Officiellement, les fonds ainsi récoltés lui permettent de conserver sa liberté artistique. Banksy avance alors dans un flou certain, sur la ligne jaune entre dénonciation de la marchandisation et le « marchandising » du monde artistique dont il a profité. Les arts de rue sont désormais tombés dans la culture populaire, et dans un monde de marchandisation. Banksy a été l’un des chefs de file de ce mouvement, et a ouvert les portes des galeries d’art à toute une génération de street-artists.

Banksy déclare vouloir « Faire de l’art sans prix ». Il propose alors sur un stand new-yorkais ses œuvres à une somme misérable face à celle du marché, et ne communique pas dessus. Mais alors, pourquoi publier le lendemain une vidéo montrant le stratagème et faisant, de facto, augmenter le prix des œuvres ? Pourquoi ne pas taire cette information et laisser l’art pour l’art, lui qui souhaite sortir la culture du système marchand ? En le dénonçant, il l’encourage.
Banksy, vous ratez l’évident : l’art qui n’a pas de prix, c’est l’art de la rue, celui qui se trouve sur les murs des immeubles. Stoppez le travail que vous fournissez sur toiles. Ce sont vos tags qui ne disposent d’aucune valeur marchande. C’est ce travail qui rend unique vos pochoirs reproductibles puisqu’il se crée en situation, dans un lieu particulier, dans des conditions particulières. C’est cela l’art de rue : un art de l’éphémère mais de l’unique, qui parle sans stratégie de communication ni murs prestigieux de galeries ou d’institutions. Banksy, si vous souhaitez faire vivre l’art hors de la marchandisation, contentez-vous de faire de l’art sur les murs, et cessez d’utiliser votre talent sur des supports qui ne sont pas les vôtres.
Adrien Torres
Sources
Nouvelobs.com
Banksyny.com