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Métro, boulot, photo

Ceux qui ont récemment pris la ligne 4 à Saint-Michel ont sûrement remarqué les portraits de Marilyn Monroe, Salvador Dalí et d’autres encore accrochés au-dessus des tourniquets. Il s’agit là d’une des nombreuses manifestations à l’initiative de la RATP (Régie Autonome des Transports Parisiens) sobrement intitulée « La RATP invite… ». Depuis octobre 2013, des photographies en grand, voire très grand format tapissent les murs de certains arrêts du métro parisien selon des thématiques constamment renouvelées. Et posent une question ancienne sous un angle inédit, celle du rapport entre l’art et le(s) public(s).
La tentation de l’art
La RATP met à disposition des espaces d’affichage sur son réseau ferroviaire pour y exposer des photographies. Elle s’associe à de grandes manifestations du monde de la photographie comme Photoquai, à de grands musées de photographie tels que le Musée du Jeu de Paume ou la Maison Européenne de la Photographie et à de grands noms : Guerogui Pinkhassov ou Bruce Gilden, tous deux membres de l’agence Magnum. Ces choix prestigieux permettent à l’entreprise de se positionner sur le terrain de la photographie d’art.
Elle va même plus loin en s’arrogeant un rôle de mécène. Les deux premières éditions de « La RATP invite… » se sont faites en partenariat avec Photoquai, dont le but est de présenter tous les deux ans 40 photographes du monde entier dont on estime qu’ils méritent d’être connus, et le festival Circulation(s), dont le but était de servir de tremplin à la jeune garde. En se faisant le relais de ces manifestations et en augmentant la visibilité des artistes, la RATP a affirmé sa volonté de servir la « cause » artistique, autrement dit de se faire mécène d’un nouveau genre.
Grâce à l’étendue de son réseau, son quasi-monopole en termes de transports urbains et à une régie publicitaire efficace, la RATP peut proposer un mécénat inédit à l’impact fort : la mise à disposition de lieux d’exposition au plus près du public. Les galeries souterraines du métro deviennent galeries d’art.
Nouvel espace pour une nouvelle vie ?
 

Ce qui se joue là est un rapport d’immédiateté dans lequel l’art va chercher le public et non l’inverse, comme dans un musée traditionnel. Il y a à la fois un phénomène de « descente de l’art dans les rues » et de sanctuarisation de nouveaux lieux publics. A cet égard, le choix de la photographie est extrêmement parlant. Isabelle Ockrent, directrice de la communication de la RATP au moment du partenariat avec Circulation(s), l’explique ainsi : « pourquoi la photo ? La photo c’est un art qu’on peut prendre à plusieurs niveaux, c’est un art populaire, c’est un art accessible et c’est aussi un art qu’on peut diffuser dans nos espaces ». La photographie serait donc la forme d’art qui se prêterait le mieux à l’hybridation des lieux d’exposition.
Par ailleurs, les galeries du métro se prêtent particulièrement bien à l’exercice. De longs couloirs où les gens peuvent déambuler, des cadres gigantesques, sobres ou même ornés, une culture de l’image ; le cadre ainsi décrit pourrait être celui d’une galerie d’art traditionnelle. Cet espace du quotidien de milliers de personnes présente ainsi les caractéristiques idéales pour créer un nouveau lieu d’exposition. Peut-être même est-ce le lieu ultime de démocratisation de l’art : accessible à tous, à tout moment, pour presque rien, ne demandant pas d’effectuer une démarche supplémentaire.
« Une image vaut mieux que mille mots » (c’est Confucius qui l’a dit !)
Il ne suffit pourtant pas de démocratiser pour rendre accessible. Le regard est une véritable problématique dans le métro. Le passant est habitué à la présence de publicités dans presque tous les lieux publics, il est dans le métro au plus près d’affiches aux formats énormes et au nombre conséquent. Tout en développant donc, chez les usagers une véritable culture de l’image, les publicités créent de la lassitude. On voit, plus qu’on ne regarde, les images qui tapissent les murs du métro. Dans ce contexte une image sans texte, dont le but est simplement d’être et non de servir, dans un cadre où on ne s’attend pas à la voir, constitue une respiration et pose une question. Xavier Canone, directeur du musée de la photographie de Charleroi, l’exprime ainsi : « il y a quelque chose là qui est non seulement de faire descendre des formes d’expression culturelle dans des lieux où tout le monde passe mais en plus d’avoir des photographies qui sont sans messages, des photographies sans mots ça oblige, je pense, à avoir une réflexion sur l’image. » S’exprimerait là une vocation d’éducation du regard de la part de la RATP.
Quand l’entreprise parle d’elle-même sans dire un mot

Les années 1980 ont vu l’ouverture de deux musées, dédiés respectivement aux télécommunications et à l’électricité, sous la houlette des deux grandes entreprises françaises France Télécom et EDF. Depuis, l’Espace Fondation EDF a accueilli un grand nombre d’expositions d’art. Plus récemment, la fondation Louis Vuitton a fait construire un musée extravagant dédié à l’art contemporain au Bois de Boulogne. En s’associant à la culture, les entreprises se construisent une image de bienfaiteurs de la société. D’une part, ils ne s’intéressent pas uniquement à l’argent, d’autre part, ils apportent la culture au plus grand nombre.
Une des dernières expositions met en lumière le rôle de moteur de la société que la RATP veut également prendre. Du 24 novembre au 7 décembre 2015, des photographies de Salvador Salgado ont envahi les murs du métro. Elles étaient tirées de la série Genesis pour laquelle le photographe a parcouru pendant 8 ans le monde à la recherche des plus belles manifestations de la nature. Le thème ainsi que les dates de l’exposition ont été choisi pour faire écho à la tenue de la COP 21 à Paris. La mobilisation de la société civile a été le phénomène marquant de cet événement et la RATP y a participé par le biais de son exposition.
La force de la communication de la RATP réside pourtant ailleurs. En effet, le nouveau lieu de culture et de mobilisation coïncide avec les espaces exploités par l’entreprise. Cette superposition des espaces est inédite et particulièrement puissante : ce qui est promu et le dispositif ne font qu’un. Symboliquement la RATP va même plus loin. En remplaçant les publicités par des photographies d’art elle affirme son indépendance vis à vis de considérations « bassement matérielles ».
La force de frappe de cette initiative est donc double : elle est peut-être le lieu d’une nouvelle muséologie tout en étant une démonstration par l’exemple de la puissance de l’entreprise RATP.
Sophie Miljkovic
Sources :
Le site de la RATP qui propose des fiches sur toutes les expositions traitées ci-dessus
Benjamin, Walter, « Petite histoire de la photographie », Études photographiques,1 Novembre 1996, [En ligne], mis en ligne le 18 novembre 2002, URL : http://etudesphotographiques.revues.org/99. consulté le 28 décembre 2015
Davallon Jean, « Le pouvoir sémiotique de l’espace. Vers une nouvelle conception de l’exposition ?», Hermès, La Revue 3/2011 (n° 61) , p. 38-44, URL : www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2011-3-page-38.htm
Rasse Paul, Girault Yves, « Introduction. Regard sur les arts, les sciences et les cultures en mouvement, à travers les débats qui agitent l’institution muséale…», Hermès, La Revue 3/2011 (n° 61) , p. 11-16, URL : www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2011-3-page-11.htm
Wolton Dominique, « Les musées. Trois questions. », Hermès, La Revue 3/2011 (n° 61) , p. 195-199, URL : www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2011-3-page-195.htm
Crédits photos :
La RATP (le nom du photographe n’apparaît pas)
La RATP une fois encore (aucune indication n’est donnée dans la vidéo)
La RATP, une dernière fois

zemmour fnc
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L'affaire Zemmour ou les dérives d'un chroniqueur

Le 15 décembre 2014, Jean-Luc Mélenchon publiait sur son blog un article intitulé « Zemmour se lâche en Italie : déporter 5 millions de musulmans ? Ça peut se voir ! ». Il y dénonce les propos tenus par le polémiste Eric Zemmour dans une interview donnée au journal italien Corriere della Serra le 30 octobre 2014. Celui-ci n’a pas hésité à suggérer la déportation des musulmans de France qui vivraient « en communauté », obéissant à leurs propres règles et poussant les « Français » à s’en aller. Le chroniqueur d’ITélé qui n’en est pas à son galop d’essai en matière de propos provocateurs s’est vu renvoyer de la chaîne après que les journalistes de RTL se soient « désolidarisés de ses propos ». Cette affaire n’est pas sans rappeler l’affaire Dieudonné en ce qu’elle nous interroge sur la liberté d’expression dans les médias. Mais surtout, elle parait être le symptôme d’une dérive du rôle des médias en ce qu’ils rendent légitime et possible cette parole, lui offrant une très large diffusion au sein de l’opinion publique.
De la légitimation par la télévision
L’émission Ça se dispute ne sera plus diffusée. La chaîne du groupe Canal+, ITélé, à mis fin à sa longue collaboration avec le polémiste et chroniqueur Eric Zemmour. La directrice de la rédaction de la chaîne, Céline Pigalle, pointe du doigt l’ampleur et l’écho inquiétant qu’ont pris les propos d’Eric Zemmour depuis quelques temps : « Le dialogue [avec Eric Zemmour] est devenu de plus en plus difficile, voire impossible. On a l’impression qu’il se parle à lui même et à son public » confit-elle au Monde. Elle rappelle que Ça se dispute est une « émission de débat ».

Au delà de la véracité ou de la fausseté de ses propos, se pose la question de la légitimité d’Eric Zemmour à se prononcer sur des sujets politiques ou de société. C’est là qu’intervient le dispositif de « l’émission de débat » qui octroie aux différents participants un statut et les autorise à parler. Le statut d’Eric Zemmour est celui de « journaliste-chroniqueur ». On pourrait penser qu’il s’agit d’un journaliste spécialisé dans un domaine de la vie sociale en mesure d’apporter des explications plus approfondies, des analyses plus poussées que de simples commentaires en rapport avec des faits d’actualité. Il devrait marquer une certaine distanciation, qui est celle des intellectuels et des chercheurs, ainsi que confronter de manière constructive différents points de vue en dehors de la polémique, des réactions à chaud et provocatrices. Cela n’empêche pas le journaliste d’agrémenter sa chronique, ses propos ou son article d’un point de vue un peu plus personnel du moment que celui- ci se distingue d’une analyse plus objective et générale de la situation. C’est le cas, par exemple, du journaliste Bernard Guetta dans sa chronique Géopolitique sur France Inter.
Un journaliste ne peut pas prétendre porter des jugements définitifs, c’est une question de déontologie. La « désolidarisation » des journalistes de la radio RTL relative aux propos d’Eric Zemmour le 17 décembre, marque la distance que les professionnels prennent non seulement avec ses propos mais aussi avec ses méthodes.
La disparition des intellectuels et le culte du clash
Dans un son ouvrage La destitution des intellectuels paru en 2010, le philosophe Yves Charles Zarka dénonce la disparition des véritables intellectuels « dotés d’une autorité morale incontestable […] mus par un simple idéal de vérité ». Ceux-ci auraient disparu au profit de « prédateurs médiatiques, qui s’auto-définissent, arbitrairement, comme des intellectuels ». Une des explications à ce phénomène pourrait être la marchandisation inhérente au capitalisme des entreprises de médias. En effet, il semble que la plupart des chaines, notamment privées (TF1, Canal+…) soient motivées par des finalités financières et non pas d’intérêt général. Il s’agit de faire de l’audience et non d’instruire les publics. La polémique fait vendre : grâce à Zemmour, ITélé à dépassé l’audience de BFM TV, sa concurrente.

Cela peut paraitre dangereux pour la démocratie en ce que les dispositifs médiatiques rendent légitime la parole de ceux qui s’expriment dans les médias. Eric Zemmour apparait comme un symptôme de ce phénomène : Ça se dispute n’est pas une émission d’information ni un débat démocratique mais plutôt un divertissement où sensationnalisme et provocation semblent être les mots d’ordre. Même si l’infotainment est sensé faire cohabiter information et divertissement, il semble que la deuxième notion ai largement pris le dessus et que les chaines de télévision, en mélangeant les genres, permettent à ce type de personnalité de monopoliser la parole médiatique.
Le faux argument de la liberté d’expression

Suite au renvoie d’Eric Zemmour, ses défenseurs s’offusquent : Zemmour représenterait le malaise de la société française, une société malade dont les valeurs sont menacées par l’immigration, la « bien pensance » et la gauche au pouvoir. Il aura fallu peu de temps pour que le FN dénonce une « censure » (Marine Le Pen sur Twitter). Pour Louis Alliot c’est une « atteinte au pluralisme des idées ». L’argument de la censure ou de l’atteinte à la liberté d’expression parait assez bancal. En effet, la liberté d’expression dans un « débat démocratique » suppose un droit de réponse, de réplique ou du moins un adversaire. Or, c’est loin d’être le cas du compère de Zemmour, Nicolas Domenach dans l’émission Ça se dispute dont le ton semble assez complaisant. Pour finir, la liberté d’expression interroge la légitimité de celui qui parle : Eric Zemmour n’est pas un homme politique qui exprime des convictions. Les propos populistes d’un homme au statut de « journaliste » ou de « chroniqueur » sont plus dangereux que ceux de Jean-Marie Le Pen par exemple, en ce qu’ils se veulent plus objectifs et influenceront d’avantage l’opinion.
Alice Rivoire
Sources :
lemonde.fr
médiapart.fr
lefigaro.fr
lepoint.fr
Crédit photo:
lemonde.fr
closermag.fr
francetvinfo.fr

No way
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NO WAY

 
La campagne médiatique australienne anti-immigration «No Way» explose en 13 mois son budget de 15,7 millions d’euros prévu pour 4 ans. Des fonds titanesques au service d’une communication affolante.

Une politique anti-immigration solide
Le 7 septembre 2013, les élections fédérales australiennes sont remportées par la coalition libérale-nationale de Tony Abbot. L’argument majeur de la campagne est l’anti- immigration, le slogan : «Stop the boats». Le précédent gouvernement travailliste avait déjà négocié avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée le transfert de tous les demandeurs d’asile arrivant en Australie. Ce Regional Settlement Arangement, est réglé par une aide au développement. Se débarrasser des migrants moyennant finance publique ?
Une fois élu Premier ministre, Tony Abbot lance l’opération «Sovereign Borders», qui engage l’armée dans la lutte anti-immigration. 800 militaires, 12 bateaux spéciaux, 12 avions : un budget fédéral de 2,9 milliards de dollars australiens. L’opération développe également sa propre campagne médiatique intitulée «No way» : une chaîne Youtube, une bande dessinée, des messages dissuasifs transmis régulièrement à la radio et à la télévision, l’affiche «No way» publiée dans le pays et traduit dans plus de 17 langues. Dans un contexte d’opération militaire, le surcoût de la campagne médiatique semble dérisoire, mais le climat de terreur qu’elle génère ostensiblement est inquiétant.
Une esthétique de la terreur
L’agence publicitaire TBWA/TAL, qui a conçu la campagne «No Way» revendique une approche «disruptive» de la communication. Le produit est en rupture avec les habituelles représentations de l’Australie. L’image «No Way» ne propose pas un paysage australien confronté aux migrants, mais un espace au large, pris dans l’obscurité, sans rivage. Rien qui engagerait, aux premiers abords, le sentiment patriotique du citoyen. C’est bien le rapport traditionnel du pays à son océan qui est figuré : mais à contre-courant. Voilà l’Australie sous un autre visage ; celui qu’elle réserve aux embarcations illégales qui s’approchent de son territoire. L’affiche «No Way» peut se lire à deux niveaux. Le message anti-immigration est destiné aux pays émetteurs de migrants, mais également programmé pour alimenter les craintes et la rancoeur sur le sol australien. Comment le réalisme et le symbolisme sont mis au service de l’annonce d’un danger ou d’un appel à la haine ?
Les nuages noirs de la tempête et les ténèbres de l’océan encadrent l’image. L’horizon est couvert mais s’éclaircit au loin. C’est donc l’embarcation qui prend la direction des eaux troubles et les passeurs qui conduisent les migrants à la noyade. Maîtriser la géométrie classique et utiliser l’inconscient des destinataires pour se disculper de ses responsabilités ? L’affiche «No Way» est exportée et traduite dans les pays d’où proviennent ces bateaux. Le danger de la traversée au coeur de la tempête est un argument ambigu, mais prôné encore implicitement par le double-sens possible du slogan : c’est la noyade qui rendrait impossible la traversée ?

 
Le slogan imposant, aux couleurs rouges de l’interdiction, est là pour frapper le coeur de l’image. Considérons-le d’un point de vue australien : le but de la campagne s’affirme sans pudeur et ne dissimule pas sa lecture xénophobe : «No Way, vous ne ferez pas de l’Australie votre maison.» Le sigle du pays barré complète sans ironie le sens du message. Toute la violence de l’image s’inscrit dans une thématique ancienne : l’embarcation ne va pas seulement vers le danger, elle représente le danger. Les éléments qui se déchainent sont les prémices de l’arrivée indésirée des migrants ; comme si l’Australie, fille de l’océan indien et de l’océan pacifique, générait naturellement ses défenses contre ses ennemis. Un mur de tempête pour garder les «frontières souveraines», mais aussi et surtout, une tempête qui se lève à cause des migrants. Poésie guerrière : la dimension politique et militaire de l’image s’incarnent métaphoriquement dans les flots et les nuages menaçants. La solitude du bateau n’est pas anodine : il porte seul sa responsabilité d’embarcation maudite. Cette poétique insiste sur le naturel de l’opération. L’absence de rivage dans l’image, fini ici d’assurer qu’il n’y a pas d’autre issue à cette guerre du large que l’immigration zéro. L’encart le précise : ceux qui arrivent par la mer ne feront jamais partie de la nation australienne ; ni les migrants blessés, ni les enfants.

Les migrations de l’argent
En 2013, 20 000 réfugiés arrivés par la mer ont déposé une demande d’asile en Australie. Refusant catégoriquement de donner suite aux demandes, l’Australie cherche de nouveaux pays-partenaires pour évacuer les migrants et pour désengorger les anciens camps. Pour l’instant, seul le Cambodge a accepté, motivé par les 28 millions d’euros de compensation. Les organismes humanitaires s’alarment de ce transfert de personnes dans un pays pauvre et en proie à la corruption ; l’ONU y observant même en janvier 2014 des entraves aux libertés fondamentales. Pour 2014-2015, Canberra a voté l’une des plus hautes aides étrangères du Cambodge : 686 millions de dollars. Faut-il voir une pression financière, négociant, en dépit de tout, l’avenir des réfugiés ? Cette semaine, un président français s’est rendu pour la première fois sur le sol australien. La rencontre de François Hollande et du Premier Ministre australien Tony Abbott a misé sur une importante délégation d’entreprises françaises pour « renforcer les relations économiques ». Cette entente des gouvernements peut-elle conclure avec ironie les interrogations quant aux considérations humaines dans notre société ? Tony Abbot lancera à partir de juillet 2015 des permis de résidence permanents à tout individu pouvant investir plus de 15 millions de dollars australiens dans l’économie nationale. Finalement, il semblerait qu’il y ait un chemin.

 
Bettina Pittaluga
@PittalugaB
 
Sources :
 
courrierinternational.com
Youtube.com
australianimmigrationagency.com
Abc.net.au
Un.org
 
Crédits photos :
 
francetvinfo.fr
customs.gov.au
foreignpolicy.com

Pierre Niney
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Pierre Saint-Laurent ou Yves Niney : la confusion des genres

 
La nuit « c’est l’occasion d’observer, de s’inspirer, voir », « la nuit c’est savoir prêter attention », « c’est l’occasion de faire le parcours classique ». Mais La Nuit, c’est surtout le dernier parfum d’Yves Saint-Laurent.

 A l’occasion de la sortie de La Nuit de l’Homme, le célèbre couturier, ou plutôt sa filiale Yves Saint-Laurent Beauté, rachetée par le groupe l’Oréal en 2008, s’est offert une stratégie de marketing audacieuse, élégante et originale. Ainsi, Pierre Niney ouvre le bal en réalisant et se mettant en scène dans le premier des neuf court-métrages imaginés par Fabien Constant pour l’occasion. Durant 2 minutes 48, le spectateur se trouve plongé dans la vie nocturne parisienne et suit le jeune comédien au fil de ses virées et de ses songes, en se laissant bercer par les récits poétiques de la voix off. D’un stand de crêpes au Jardin des Tuileries, en passant par différents bars et cafés, la déambulation nocturne se veut à la fois mélancolique et joyeuse, entre arrêt sur image et plans au ralenti. Une publicité focalisée sur le produit, entre reprise des films de James Bond et ambiances bling bling ? Très peu pour Yves Saint-Laurent, qui quitte l’univers du luxe devenu paradoxalement trop cheap. Ici, le flacon de parfum n’apparaît pas dans la diégèse ; tout en retenue, Pierre Niney ne vante pas les mérites d’effluves intrigantes et hypnotiques mais nous offre au contraire une méditation sobre et lyrique autour du concept de la Nuit. Le court-métrage emprunte les codes du cinéma, dissimulant astucieusement les ambitions commerciales derrière des considérations artistiques. Les images sont introduites par la mention « La Nuit de Pierre Niney, de la Comédie Française », comme une caution de respectabilité ou la signature de l’œuvre par son artiste. D’ailleurs, le court-métrage n’est diffusé que sur YouTube ou sur Canal +, aux côtés des autres réalisations cinématographiques. Plus qu’une campagne de publicité traditionnelle, Yves Saint-Laurent met donc en place une opération de « brand content » destinée à doter son produit d’une valeur ajoutée inestimable.
Mais la marque de haute couture va plus loin dans le brouillage des frontières entre publicité et cinéma, témoignage et rêverie onirique, réalité et mise en scène. Le choix de Pierre Niney comme réalisateur et acteur principal est évidemment loin d’être anodin. A l’heure où les esprits sont encore marqués par sa prestation et sa métamorphose, toutes deux exceptionnelles il faut le noter, dans le film éponyme, Yves Saint-Laurent a judicieusement choisi de capitaliser sur l’image et le physique du jeune pensionnaire de la Comédie Française. Si la ressemblance entre l’acteur et son personnage est frappante à l’écran, le spectateur est en droit de s’interroger sur la véritable identité de l’individu mis en scène dans le court-métrage : s’agit-il d’Yves Saint-Laurent lui-même qui, comme un spectre bienveillant et gage de qualité, raconte l’histoire de son nouveau produit ? Ou bien est-ce Pierre Niney qui, avec son visage d’ange et la révélation de ses réflexions nocturnes les plus secrètes, participe à la construction de l’imaginaire autour de la marque ? Pas simple de décider si cette création hybride est une pure fiction faisant appel à une instance légitimatrice ou un témoignage réaliste et personnel. Si le décor, parisien et moderne, joue en faveur de la seconde hypothèse, le souvenir de Pierre Niney dans la peau du créateur de mode et les références à une vie de désirs et de défis laissent planer le doute.
D’ailleurs le passage de Pierre Niney du statut d’interprète d’Yves Saint-Laurent à celui d’égérie pour la marque invite à de nouveaux questionnements. Si la forme du court-métrage et la figure de Pierre Niney tissent des liens évidents entre le film Yves Saint-Laurent et cette nouvelle campagne de publicité, il est possible de s’interroger sur la nature réelle du long métrage. Peut-être que la publicité n’est en effet pas la seule à sortir de ses codes traditionnels pour s’apparenter à des formes différentes. A bien des égards, le film n’apparaît pas uniquement comme une simple œuvre cinématographique. Tout d’abord, il convient de rappeler que ce film livre la version de l’histoire d’Yves Saint-Laurent approuvée par Pierre Bergé. Si cette version ne semble pas trop édulcorée et lisse, il reste fort probable que la marque ne proposera pas de contrat à l’interprète du second film, lui aussi dédié au génie d’Yves Saint-Laurent mais considéré comme plus dérangeant. Un long métrage relatant la vie d’un grand créateur n’est ainsi jamais uniquement biographique : il en va de l’image de la maison. Par ailleurs, l’affiche et la bande annonce d’Yves Saint-Laurent accordent une place étonnamment importante au logo YSL. Alors publicité pour le film ou publicité pour la marque ?
La rencontre entre Yves Saint-Laurent et Pierre Niney reflète ainsi parfaitement les rapports ambigus qu’entretiennent l’univers de la publicité et celui du cinéma. Car quand la publicité devient artistique, l’art n’est jamais loin de devenir publicitaire.
Margaux Putavy
Sources
LesEchos

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mode vogue
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Mauvais point pour Vogue Mexique

 
On le sait tous, derrière le monde beau et merveilleux de la mode se cachent des réalités plus sombres, à commencer par celles concernant le mannequinat.
 Conscient de l’image peu saine que renvoient souvent les jeunes models, Jonathan Newhouse, président de Condé Nast International, avait lancé en juin 2012 The Health Initiative, un accord entre 19 éditions de Vogue pour s’engager à véhiculer une image de bien-être dans leurs numéros. Parmi les principaux points abordés dans cet accord, on peut citer l’établissement à 16 ans l’âge minimum des mannequins collaborant avec les magazines.
  Qu’en est-il aujourd’hui de ces bonnes résolutions ? Difficiles à tenir, semblerait-il. Vogue Mexique a récemment  marqué la troisième violation du Health Initiative parmi les éditions engagées (succédant aux éditions chinoise et italienne), en incluant dans son dernier numéro le mannequin Julie Borawska, 15 ans. Il a justifié son erreur en déclarant que l’agence « n’avait jamais mentionné que Julie Borawska était si jeune » et qu’elle avait « l’air d’avoir 18 ans ».
 Ainsi, si l’on peut saluer l’effort initial, ces quelques faux pas remettent en question la crédibilité même de ce Health Initiative. Vogue est en effet bien connu pour ces diktats sévères et, souvent, controversés. Peut-on y voir une véritable prise de responsabilité vis-à-vis de son lectorat, ou une simple volonté de véhiculer une nouvelle image du magazine, plus humaine ?
 
Charlene Vinh
Sources
Xaxor
Vogue
Fashionista

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Holidays, Ô Holidays

Holidays, Ô Holidays
Le temps de la pause d’été est venu pour les rédacteurs de FastNCurious. Pas de panique, nous revenons à la rentrée pour toujours plus d’actualité !
En attendant, pour ceux qui ne sont pas encore partis, quelques publicités cultes qui sentent bon les vacances…
Du sexy avec Ricard :

http://www.culturepub.fr/videos/ricard-pacific-la-pecheuse
Coca-Cola /VS/ Pepsi :

http://www.culturepub.fr/videos/pepsi-santa-vost
Renault :

http://www.culturepub.fr/videos/renault-tranches-de-vie
De l’humour avec Tampax :

http://www.culturepub.fr/videos/tampax-shark-attack
Caprice des Dieux :

http://www.culturepub.fr/videos/caprice-des-dieux-le-maitre-nageur
Belair :

http://www.culturepub.fr/videos/belair-cigarettes-baignade
Malibu :

http://www.culturepub.fr/videos/malibu-les-tropiques
Toute l’équipe vous souhaite de bonnes vacances !

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Jacques a dit : « Au cinéma comme dans la vie »

 
Quel est le point commun entre Abraham Lincoln, Alfred Hitchcock, Edith Piaf, Margaret Thatcher, Marie-Antoinette, Henri IV et Nelson Mandela ? Après avoir marqué leur époque, ils sont tous devenus des stars du grand écran. Dans des adaptations plus ou moins fidèles à la réalité (jusqu’au désarmant Abraham Lincoln : chasseur de vampires), on met en scène leur vie forcément palpitante, puisque relevant du mythe historique. Le genre connait un succès particulier en ce moment, et les producteurs d’Hollywood en raffolent. Alors, fausse bonne idée commerciale ou vrai renouveau cinématographique ?
Du point de vue communicationnel, la formule présente un double avantage. On propose aux spectateurs à la fois un divertissement classique, avec ses promesses d’action, d’humour, d’amour et de péripéties, tout en jouant sur le côté instructif. Une sorte de C’est pas sorcier du septième art en somme (en un peu mieux quand même). Tout bénéf donc pour la promo, où on vise à la fois le public intello qui voudrait en savoir plus sur la guerre de Sécession ou la Révolution française, et le spectateur lambda qui cherche à se détendre en fin de semaine à coups de pop-corn et de blockbusters. Un double horizon d’attente qui permet d’élargir au maximum les publics visés.
 En l’adaptant au cinéma, on rend l’Histoire vivante car incarnée par des personnages en chair et en os,  et par conséquent plus intéressante car soudain bien plus proche de nous. À tel point que Steven Spielberg a offert des milliers de DVD de son film Lincoln aux écoles américaines, comme support d’enseignement. Mais dans quelle mesure peut-on considérer ces adaptations comme de l’information pure ? Si pour Adorno les arts se consument les uns au contact des autres, ici c’est tout bonnement le réel qui se consume au contact de la fiction. Le spectateur est soudain placé dans la position de décrypteur, souvent jusqu’à la paranoïa. Alors que dans une fiction pure il est invité à tirer des vérités générales de l’artifice assumé, ici au contraire il s’attache à débusquer le faux, l’inexact, l’approximatif d’un récit qui se revendique comme entièrement authentique. D’où les éternels reproches : « ça ne s’est surement pas passé comme ça », « le personnage n’était pas ressemblant » à la sortie des salles.
Ce procédé mérite qu’on s’y attarde, car depuis quelques temps il semble marquer plus largement tout un pan de la communication médiatique. Faux-vrais témoignages dans les pubs pour dentifrice, multiplication des émissions de scripted reality à la télévision, on est désormais à la recherche du Vrai, même (surtout ?) quand celui-ci est factice. Reste à l’audience de faire la part des choses, en attendant la sortie du prochain film.
 
Marine Siguier
 

Balle de football américain au sol représentative du Super Bowl Américain
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La publicité, grande gagnante du Super Bowl

Commençons avec une devinette : quel est le jour de l’année où les Américains consomment le plus de nourriture ? Okay, Thanksgiving, that was an easy one. Et le deuxième sur le podium ? Réponse : le Super Bowl Sunday. Le what ?
Le Super Bowl, c’est la finale du championnat national de football (américain, of course). Mais c’est aussi 1,25 milliards d’ailes de poulet, 4000 tonnes de guacamole, 14 500 tonnes de chips et surtout, environ 100 millions de téléspectateurs. Ce dimanche‑là est presque considéré comme un jour férié à part entière, le match est regardé en famille ou entre amis, et la consommation suit le mouvement, ainsi que les taux d’audience ! Le Super Bowl XLV (la 45ème édition du match depuis la toute première en 1966) est même à ce jour l’émission télévisée américaine la plus regardée de l’Histoire.
111 millions d’Américains rassemblés devant leurs téléviseurs par la seule beauté du sport ? Pas tout à fait. Chez l’oncle Sam, un match de football est toujours accompagné d’une fanfare, de cheerleaders, de l’hymne américain… Autant dire que lors du Super Bowl Sunday, le spectacle est à son comble ! Chaque année, le processus de sélection de la ville qui organisera la grande finale s’apparente aux sélections olympiques. Important aussi, le choix de l’artiste qui aura l’honneur de chanter l’hymne américain, et de celui qui animera la mi‑temps par un mini‑concert (mais avec un maxi‑public). Cette année pour le Super Bowl XLVI, qui aura lieu le 5 février, ce sont Indianapolis, Kelly Clarkson, et Madonna qui ont raflé la mise.
Mais pour les téléspectateurs, le spectacle ne se joue pas uniquement sur le terrain, il est aussi dans les coupures publicitaires. Eh oui, quand on s’appelle Coca Cola, Doritos ou Budweiser et qu’on s’adresse au tiers de la population américaine à travers un spot qui peut coûter jusqu’à 100 000 dollars la seconde, on s’arrange pour ne pas louper son coup. Résultat : les publicités diffusées lors du Super Bowl sont bien souvent des merveilles d’ingéniosité et de drôlerie, et sont une des raisons pour lesquelles tant d’Américains se regroupent devant leur télé ce soir-là. Dans une société dite de plus en plus publiphobe, quel drôle de phénomène que celui-là: la pub est appréciée, voire plébiscitée, elle est presque appréhendée comme une forme d’expression artistique, à la manière du cinéma ou de la photo. Alors que les pauses publicitaires sont traditionnellement pour les téléspectateurs un moment propice au zapping ou à la satisfaction des besoins les plus élémentaires de l’organisme, ici les annonceurs s’efforcent de contrer le phénomène et de retenir les Américains dans leur canapé à l’aide de talentueux exercices de style. D’une certaine façon, pendant le Super Bowl, la pause pipi c’est le moment où le match reprend ! Selon Stephen Master, le vice président de l’institut de recherche et de sondage Nielsen, près de 50% des téléspectateurs allument la télé pour regarder les publicités, plus que pour regarder le match*.
Néanmoins, on peut s’interroger. Les bijoux publicitaires dévoilés lors du Super Bowl Sunday valent-ils vraiment leurs 3,5 millions de dollars (pour un spot de trente secondes) ? Il semble pourtant que les marques trouvent leur compte dans cet investissement. En effet, l’audience atteinte par les publicités du Super Bowl ne se limite pas aux quelques 111 millions d’Américains qui auront passé le dimanche devant le match. Les publicités du Super Bowl sont un tel phénomène que désormais on voit fleurir sur Internet les listes récapitulatives et autres « tops des 20 meilleures pubs du Super Bowl ». Si par ailleurs, on tient compte de la dimension affective qui lie les consommateurs à ces perles attendues chaque année avec impatience, on imagine sans peine l’impact que peut avoir un spot au Super Bowl pour les marques. Faire partie des happy few qui communiquent lors du Super Bowl est déjà en soi une raison d’être au cœur de la conversation ! En témoigne l’attention que reçoivent dès aujourd’hui GoDaddy.com, Doritos, Skechers, Teleflora, Pepsi, ou encore Kia pour avoir annoncé qu’ils diffuseraient un spot lors de ce Super Bowl XLVI.
 
Esther Pamart
* Source: money.cnn.com
Crédits photo : ©Anderson Mancini Flickr

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