Orangina
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La canette Anti-Foot d’Orangina

 
La marque de soda light Miss-O d’Orangina vient de lancer une canette “Anti-Foot” destinée à celles et ceux qui se désolent à l’idée que les médias ne parleront que de la Coupe du Monde pendant un mois. Alors que les marques (mais aussi les hommes politiques *) profitent de la Coupe du Monde pour redorer leur communication à moindres frais, Orangina a pris le contrepied en déclarant vouloir contrer la “dictature du ballon rond”.
 La marque de sodas est partie du principe que plus de 37 millions de Français et près de 4 milliards de personnes sur Terre ne regarderont pas la Coupe du Monde, soit une majorité. Ce point de départ a mené à la création d’une canette à part, capable de capter les fréquences des télévisions : il suffit ainsi d’appuyer sur un bouton pour mettre fin aux matchs indésirables.
C’est avant tout une opération marketing (réalisée par l’agence Fred & Farid), mais l’objet magique existe réellement. Pour accentuer le buzz, la canette n’est pas en vente mais à gagner sur Facebook ou Twitter – ce qui permet aussi à la marque de resserrer le lien avec ses fans.
Le choix d’un positionnement “anti” est original, tout en étant en parfaite adéquation avec le discours de la marque qui s’était déjà mobilisée contre le foot en 2008. Orangina s’offre par la même occasion un plaisant pied-de-nez à son concurrent Coca-Cola, sponsor officiel de la Coupe du Monde.
L’opération pleine d’humour crée du buzz autour de la marque, qui profit donc aussi de la visibilité de l’événement…
Lucie Detrain
 
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Sources :
https://www.facebook.com/Orangina

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Osez la créativité !

 
Soyez créatifs : un leitmotiv qui ne cesse d’être repris dans les slogans publicitaires, les médias, les discours de chefs d’entreprise… Le nombre de personnes qui se pressent aux portes des écoles d’arts appliqués encourageant la floraison d’écoles privées atteste également de cette appétence pour la créativité. Toutefois, cette dernière est trop souvent confondue avec sa caricature. La créativité ne s’incarne ni sous les traits d’une personne désorganisée et excentrique, ni sous ceux d’un Léonard de Vinci. Comme le bon sens, elle est l’une des choses au monde les mieux partagées, il suffit seulement de la stimuler. A l’inverse du génie, la créativité n’est pas l’apanage de quelques-uns. Elle se définit comme la capacité à imaginer une solution nouvelle. Pour évaluer le potentiel créatif, quatre critères peuvent donc être retenus : la fluidité (nombre de réponses données en un temps donné sur un problème posé), la flexibilité (nombre de catégories différentes dans lesquelles on peut classer ces réponses), l’originalité (capacité de produire des idées statistiquement peu fréquentes) et l’élaboration (capacité de produire des idées détaillées et complexes).
Chacun de nous possède un créatif qui sommeille en lui et ce n’est rien de le dire. Une enquête sur les habitudes matinales menée par la marque Ikéa dans huit villes à travers le monde a montré qu’un état de demi-sommeil était favorable à la créativité. Elle met également en évidence le fait qu’une partie des couche-tard sabordent eux-mêmes leur potentiel créatif en se forçant à se lever trop rapidement. La proportion varie selon les villes : 57% Mumbai, 52% Shanghai, 44% Paris, 38% New York City, 37% Londres, 25% Stockholm, 27% Moscou et 4% Berlin. Bien que les couche-tard ne considèrent pas la matinée comme un moment favorable à l’épanouissement de leur créativité, c’est en réalité à cette période qu’ils ont le plus de chances de l’exercer.
La créativité est donc une tournure d’esprit qui consiste à renverser le problème et à le résoudre en sortant des sentiers battus. Les règles la briment autant qu’elles lui sont nécessaires. En effet, l’anomie ne permet pas de créer puisque une idée créative n’est remarquable que si elle se distingue de la masse. Avoir un esprit créatif signifie être curieux, savoir remettre en cause les modèles préconçus et bien analyser la situation.
L’invention du post-it commercialisé par 3M company, un conglomérat américain spécialisé dans les matières adhésives –d’où leur marque Scotch- dans les années 1980 ou l’aspirateur sans sac de Dyson datant de 1993 relèvent d’esprits créatifs. Une entreprise de colle qui crée une colle qui ne colle pas et un marchand d’aspirateurs qui supprime un des éléments qui lui assure un revenu régulier. En octobre prochain, Darty révolutionnera la notion de service client. Grâce à un bouton connecté, l’utilisateur dont l’un des appareils est en panne pourra être mis en contact directement avec des conseillers de service après-vente.
La créativité s’impose désormais comme une qualité indispensable dans de nombreux métiers. Nos sociétés industrielles vieillissantes touchées par la crise peinent en effet à retrouver des taux de croissance élevés. Le taux d’équipement des ménages est atteint pour la plupart de biens de consommation : machine à laver, lave-vaisselle, TV, ordinateur… Dans ce contexte, la seule raison qui pousse les individus à renouveler leur parc n’est autre que la volonté d’acquérir un produit plus performant. Or, l’innovation n’émane que d’esprits créatifs.
Par ailleurs, la créativité est aussi la capacité d’exprimer sa personnalité. Dans notre société mondialisée, de plus en plus individualiste, et par certains côtés uniformisée, elle est un moyen d’affirmer sa différence. Or, la démocratisation des moyens techniques grâce aux NTIC telles que la photographie numérique, l’auto-édition de textes par informatique, la fabrication de clips vidéo, permet à chacun de s’approprier ces outils pour ensuite pouvoir signifier son caractère unique en postant via internet des preuves de sa créativité. Le Do It Yourself et la customisation relayés par des émissions télévisées sont deux tendances fortes de cet engouement créatif. Toute production est un prétexte à l’expression de sa créativité, et à travers elle, à celle de soi. La créativité d’un plat, d’une décoration intérieure …
En somme, le fait que chacun puisse être créatif est une bonne nouvelle dans notre société où le pessimisme triomphe. Elle est une porte de sortie à la crise lorsqu’elle se mue en innovation. Cependant, en tant que capacité d’expression et de remise en cause des règles, elle déroute. Les individus ont tendance à se laisser porter par la force des habitudes plutôt que par leur force vitale et oublient leur pouvoir créatif.
Miléna Sintic

Vanish
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Une communication sans éclat

 
Après avoir vu la dernière publicité de Cif, j’ai un petit ras-le-bol sur l’industrie des produits ménagers et sa communication pas forcément sexiste, mais assurément monotone et sans surprise. Que raconte la dernière pub de Cif ? La marque a repris son style publicitaire axé sur le conte, ici La Belle au bois dormant, qui attend son prince charmant. Et ô malheur ! Le château est sale ! Elle ne peut décemment accueillir son homme dans ces conditions. Heureusement, grâce à Cif, en peu de temps le château retrouve son éclat. Ainsi, elle peut enfin recevoir son baiser… En 2012, une pub de la marque avait suscité certaines réactions négatives. Elle nous racontait l’histoire d’un chaudron que personne n’arrivait à nettoyer. Aucun homme ne trouvait le moyen idéal pour réaliser cette tâche. Jusqu’au jour où un mystérieux chevalier réussit l’inconcevable. Ce chevalier était une femme…

Un discours figé dans le temps
On peut parfaitement comprendre que ces marques cherchent à cibler un public féminin car même si les mœurs ont considérablement évoluées, il n’en reste pas moins que la majorité des tâches quotidiennes, comme les courses ou le ménage, sont réalisées par des femmes. Pourtant, cela ne doit pas signifier une communication sans originalité. Je ne défends pas l’idée d’une publicité qui mettrait la femme sur un piédestal, mais une publicité différente, originale. On voit sans cesse les mêmes mises en scène, les mêmes messages. Les pubs pour les produits ménagers en deviennent sans saveurs, prévisibles. On ne compte plus le nombre de spots qui nous montrent des femmes qui n’arrivent pas à enlever des tâches de gras sur un t-shirt ou à garder le noir étincelant de leur haut préféré, jusqu’à ce qu’elles découvrent Le produit miracle. Et ne nous attardons pas sur les doublages absurdes (quand ce n’est pas le doublage, c’est le ton adopté par les acteurs qui est risible) et les messages aseptisés véhiculés par ces marques. Il existe quand même un article de 2008 sur Buzz mode d’emploi, où l’on se plaint déjà de ce manque criant d’innovation !
Le rôle de la publicité semble paradoxal, elle veut nous en mettre plein la vue tout en s’effaçant. On doit oublier que l’on est devant une publicité. Or, avec la plupart des publicités de produits ménagers, c’est le contraire qui s’opère. On est gêné car on a l’impression d’être pris pour des ahuris. Qui, sérieusement, parle ou se conduit au quotidien comme dans une publicité de Vanish ?
Innovez !
Du coup, quand une publicité de ce secteur utilise un modèle différent, c’est un vent de fraîcheur qui souffle sur nous. On peut prendre l’exemple de la pub de Paic, avec son slogan « Adieu la graisse ! », et son format publicitaire qui ressemble à un dessin-animé. Une pub asexuée qui permet au moins d’éviter toute accusation de sexisme. C’est différent, c’est drôle, agréable à regarder. On n’en demande pas beaucoup finalement. Et pourquoi ne pas s’inspirer également des publicités qui donnent une image différente de la femme au foyer ? Décathlon avec un homme sauvé de l’attaque d’un requin par une femme, Volkswagen sur les super-héroïnes du quotidien ou encore Renault et l’histoire d’une société qui évolue.
On attend encore des publicités où la femme n’affichera pas uniquement un sourire béat devant son linge propre, tout en exhibant fièrement sa lessive préférée. La publicité est le milieu par excellence de la création. Il est temps que cette caractéristique s’applique enfin au domaine des produits ménagers.
Pierre-Yves Halin
Crédit photo : Vanish detergent « Removes grease stains » 2009, Agency : Euro RSCG Warsaw (Poland)

Flat design
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Le « flat design » : le graphisme minimal à succès

 
Mais qu’est-ce que le flat design ? Vous l’avez déjà vu, vu et revu, mais vous ne le savez pas. Depuis 2013, le flat design a envahi nos paysages numérique et physique, au détriment du « skeuomorphisme » autrefois présent chez Apple. Le flat design, c’est « la mise à plat » du design, son uniformisation et sa simplification au profit de grands aplats de couleurs minimalistes. Pourquoi une telle diffusion ? Et surtout, une telle réussite ?

Tout d’abord, petit retour sur le skeuomorphisme. So 2000’s et désormais passé de mode, il correspond à la traduction du terme anglais pour désigner des éléments d’interface informatique reproduisant des objets physiques (par exemple des textures : cuir, papier, bois) dans le but de donner des repères facilement accessibles à l’utilisateur, de manière intuitive. Dans les faits (et c’est plus parlant), c’est ça :

Il est apparu au fil du temps que de nombreux sites internet avaient abusé de ces effets en surchargeant leurs pages d’éléments superflus et peu ergonomiques, signant ainsi l’arrêt de mort de cette approche esthétique. Malgré tout, il faut noter que flat design et skeuomorphisme ne sont pas forcément incompatibles, et que la combinaison des deux n’est pas rare encore aujourd’hui (elle est parfois appelée « skeuominimalisme »).
Ainsi, de nouveaux standards graphiques sont apparus, en premier lieu chez les grandes marques. On les a notamment retrouvés chez Windows (les détenteurs du Windows Phone lancé dès 2012 comprendront) et par la suite chez Google, Apple, Facebook et Soundcloud pour ne citer qu’eux (vous voyez mieux ?).
Le flat design a progressivement fait la place aux formes géométriques de grandes tailles et angulaires, aux polices épurées (sans sérif) sans effets ni volume. En filigrane, on distingue chez ces marques la promesse de vendre de la lisibilité, de l’essentiel et du contenu aux clients ; une manière finalement d’intégrer la nécessité de transparence à leur marque, tendance fortement influencée par Internet.

Le flat design, ressort marketing :
Exemple devenu presque canonique, Monoprix a très bien compris qu’un design épuré, plat et intemporel pouvait devenir un argument marketing. Cela à tel point que l’enseigne lançait en décembre dernier une application permettant de personnaliser les packagings cultes de la marque. Il s’agissait de sélectionner un type emballage, d’entrer le prénom et d’y apposer le message décalé de son choix. Simple mais terriblement efficace.
Récemment, c’est même McDonald’s qui a actualisé ses pictogrammes. TBWA\France a revu leur campagne en accentuant l’aspect iconique de la marque. En épurant au maximum ses produits phares (le Big Mac, le Sundae, les nuggets…), McDonald’s adopte un langage universel, accessible à tous. Ces pictogrammes seront à l’honneur dans une grande campagne d’affichage déployée au niveau national à partir de juin.

Enfin, si l’on peut saluer cette tendance, c’est bien pour son côté accessible. Cette caractéristique correspond à bon nombre de nouvelles préoccupations comme le « responsive web design » (site adaptatif), la réflexion sur l’expérience de l’utilisateur et sur l’ergonomie. Tendant à la simplification, le flat design est aussi l’occasion d’utiliser des illustrations plus claires et compréhensibles.
Mais voilà, on en revient aux questionnements métaphysiques premiers : est-ce qu’en faire moins, ce ne serait pas en faire trop ? Un risque de basculer vers l’uniformisation à l’extrême ? Nous pourrions alors retomber dans un phénomène de lassitude à l’égard du « flat ». En définitive, et au contraire, les marques semblent, paradoxalement, vouloir s’adapter à un monde devenu complexe qui réclame des expériences plus accessibles et plus vraies. Stratégiquement, c’est plutôt bien joué, et le succès de l’application-jeu 2048 est peut-être aussi à chercher de ce côté-là.
Il est en tout cas à parier que la tendance perdurera, au vu de la multiplication des packagings… « flatisés ». A vos souhaits !
 
Céline Repoux

Sources :
L’ADN
Lunaweb.fr
Webmarketing-com.com
Crédits Photos :
Renda Harding

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Qui veut épouser ma banque ?

 
« Ca y est, aujourd’hui ils l’ont fait. Elle aussi l’a fait, ce matin. Eux, viennent de le faire. Elle, elle l’a fait hier soir, avec lui. Eux vont le faire, mais là tout de suite euh… Lui l’a fait tout seul, comme un grand. Eux aussi l’ont fait, à l’instant. » Mais quoi ? Qu’ont-ils fait ? Si chacun a une petite idée, beaucoup en rougissent déjà. Et pourtant, honnis soit qui mal y pense.
En effet, déjà en 2011, ce qui émoustillait ces jeunes – et moins jeunes – gens, euphoriques sur des affiches gris-orangées, n’était autre que le passage à la banque en ligne. Grâce à cette campagne pour le moins surprenante, la banque en ligne ING direct s’était alors offert un joli coup de publicité, porté par un effet de buzz savamment orchestré. Très bien, et alors ? Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts me direz-vous.
Oui mais voilà, le numéro un de la banque en ligne a choisi de récidiver, jouant une fois encore la carte de l’ambiguïté entre relation d’un client à sa banque et relation amoureuse. C’est ainsi que depuis quelques semaines on découvre une nouvelle campagne de publicité dont le titre explicite a le mérite d’annoncer la couleur : « Vivez une belle histoire avec votre banque ». La caméra suit alors un élégant jeune homme, attirant, image type du cadre trentenaire prêt à s’engager sans pour autant renoncer aux charmes d’un bel amour. Sur le ton de la confidence, tout en scrutant le spectateur de son regard charmeur, il nous explique : « on a tous nos petits secrets, je sais, mais elle… Elle en avait un petit peu trop pour moi. C’est pour ça que je l’ai quittée. Et depuis j’ai fini par trouver celle qu’il me fallait. Et elle ne me cache rien. » Alléluia, l’histoire semble bien se terminer.
Etrangement, ce discours nous rappelle quelque chose… Et pour cause. La ligne directrice ressemble sans conteste à celle adoptée par la banque concurrente Fortuneo. Pas si étonnant lorsque l’on sait que ces deux campagnes ont été pensées par la même agence DDB. « J’aime quand c’est simple. J’aime quand c’est moi qui décide. Et surtout, j’aime quand c’est offert par la maison. » « J’aime quand ça va vite. J’aime éviter les risques. Et surtout, j’aime gagner. » « J’aime ma banque ». Toutes ces belles paroles sont accompagnées par des images pour le moins claires, montrant par exemple un couple se rendant au restaurant pour un dîner aux chandelles. Mais ce n’est pas tout. Dans leur construction, les spots publicitaires d’ING direct et de Fortuneo se rapprochent fortement des stratégies de communication déployées par des sites de rencontre tels que Meetic pour ne citer que lui. On se souvient de Johann (« 30 ans, inscrit sur meetic ») qui, comme notre cher trentenaire d’ING direct, se confiait en 2013 à la caméra : « Finalement je ne rencontrais plus grand monde autour de moi, j’avais mon petit train-train métro-boulot-dodo… » Et cætera et cætera. D’ailleurs, ING direct pousse le vice plus loin et file la métaphore de la relation amoureuse sur Internet. En témoigne le site nouvellerelation.fr (page lancée par ING direct pour promouvoir ses nouveaux produits) qui clame : « vous n’imaginez pas vivre de belles histoires en ligne ? » Comment dès lors ne pas faire une nouvelle fois le parallèle avec les publicités Meetic qui annoncent d’emblée « 1 nouvelle histoire sur 3 commence sur Internet » ?
Mais alors pourquoi ? Quel intérêt les banques trouvent-elles à se travestir en site de rencontre ? L’agence de communication DDB prétend : « La confiance, la simplicité et la transparence sont des ciments à la fois rares et indispensables pour ces deux types de relation, c’est pourquoi nous avons décidé de faire de ce parallèle le fil conducteur de notre campagne ». Certes, de ce point de vue le lien semble évident. Dans un communiqué de presse, ING direct affirme quant à elle utiliser « un ton volontairement audacieux et décalé ». L’on sait en effet combien l’effet de surprise est appréciable dans toute stratégie de communication. Cette mise en scène inattendue d’une relation amoureuse entre un client et sa banque permettrait donc de dynamiser et dépoussiérer l’image du monde de la banque, souvent considéré comme trop stricte, rigide, ennuyeux et ainsi d’attirer et de séduire une cible plus jeune.
Mais après ING direct et Fortuneo, combien de banques encore auront cette idée lumineuse ? Car à y regarder de plus près, l’on se rend compte que les doubles sens, si ce n’est l’humour sexuel, ne sont pas nouveaux dans le monde de la publicité. Si même les égéries de Liligo, site comparateur de prix pour les voyages aériens, sont « capable[s] de [s]’envoyer en l’air en quelques secondes » ou ont « trouvé le moyen le plus économique pour [s]’envoyer en l’air », on peut craindre que ces effets de buzz ne deviennent, paradoxalement, communs.
 
Margaux Putavy
Sources
Nouvellerelation
Cbanque
Ilétaitunepub

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Un faux porno en peer to peer : un (Bit)torrent de succès pour Diesel!

 
Difficile d’imaginer comment une marque telle que Diesel, dont les campagnes de publicité sont le plus souvent provocantes et irrévérencieuses, pourrait s’exporter en Chine, où la censure demeure l’une des plus restrictives au monde. Et pourtant, la marque italienne a réussi à contourner la censure en se livrant à un exercice inédit : proposer au téléchargement la campagne Erotica Spring Summer 2014 sur…. BitTorrent.
La marque, célèbre pour ses jeans et ses campagnes scandaleuses, a fait appel à l’agence Fred & Farid pour mettre en place cette opération qui frôle l’illégalité. L’agence a décidé d’esquiver la réglementation chinoise, très stricte en ce qui concerne la pornographie, en utilisant comme plateforme de lancement de sa campagne le logiciel de téléchargement peer to peer Bitorrent, mine d’or des films pornographiques. Et puisque les italiens sont ceux qui passent le plus de temps sur Youporn, c’était l’occasion de passer de l’autre côté de la caméra. La vidéo, au nom plus que suggestif apparaît à première vue comme un film porno italien. De quoi déchaîner les téléchargements des chinois en quête de sensations exotiques et maximiser l’exposition de cette campagne ultra-sexy au pays du soleil levant.

La vidéo met en scène la rappeuse Brooke Candy, qui s’avère être une ancienne danseuse érotique, ainsi que le mannequin Tessa Kuragi. Les deux beautés torrides jouent de leur charme autour d’une barre de pole dance, arborant des sous vêtements sexys, qui font référence au vestiaire bondage ou sado-masochiste. L’esthétique noir et blanche ainsi que la lumière rasante et tamisée, créent une atmosphère en clair-obscur de club de strip-tease lynchien. Et pourtant, la vidéo n’est en rien un film pornographique, un clip erotico-fashion tout au plus. Alors comment expliquer cet engouement qui a entraîné 60 000 téléchargements, 5000 reposts et 2000 commentaires ?

Si Diesel n’a pas eu besoin de montrer des scènes de sexe crues et explicites pour attirer l’attention de l’internaute chinois, c’est car la marque s’est appuyée sur la solide réputation et la culture liée au format. Il a suffit à l’agence Fred & Farid de frapper au bon endroit pour déclencher la viralité de la campagne. Excitant et illégal, télécharger sur BitTorrent est, pour un chinois, un moyen de vivre malgré la censure,et tout simplement, un moyen d’avoir accès à une bibliothèque idyllique de sexe en tout genre. Alors même si l’ingrédient « sexe » n’est pas réellement explicite dans Erotica, la plateforme BitTorrent a parlé d’elle même aux internautes qui ont fait le reste du cheminement mental!
Mais cette campagne revêt une dimension plus profonde qu’un simple coup de pub. Elle s’inscrit involontairement dans une dynamique de lutte contre la censure de la pornographie chinoise. De fait, en Chine, la pornographie est tout simplement interdite. Face à cela, on voit émerger le porno « made in China », une culture alternative du sexe en ligne, entre description des activités sexuelles de chacun et vidéos pornographiques amatrices. C’est ce sur quoi les recherches du professeur Katrien Jacobs, ont porté dans son livre « Pornographie du peuple : sexe et surveillance sur l’Internet chinois ». Et oui, le cyberactivisme pour défendre les droits de l’homme, ça peut aussi passer par le porno!
Ce qui est certain, c’est que Diesel a réussi un tour de force avec cette campagne de publicité. Habituée de puis toujours à jouer la carte de la provocation à travers des campagnes toujours plus choquantes les unes que les autres, la marque avait déjà , par le passé, eut affaire au registre de la pornographie. On se souvient entre autre de cette vidéo parodique (extralink :)qui croisait avec humour film porno vintage et dessin animé.
Si ces opérations ne sont pas au goût de tous, elles ont le pouvoir d’attirer les regards et de faire le buzz. C’est pourquoi, malgré les critiques et le accusations, Diesel, depuis 1991, ne cesse de nous provoquer en diffusant l’image d’une femme facile, stupide… mais sexy. Hier, la marque revendiquait la stupidité avec sa campagne « Be stupid », aujourd’hui elle utilise un logiciel illégal pour diffuser du faux porno, jusqu’où sera-t-elle prête à aller ?
Hélène Carrera
Sources
Rue89
LADN
Darkplanneur

Guy Cotten
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Scrollez ou coulez !

Si vous n’êtes toujours pas allé sur ce site, je vous conseille de brancher votre casque, d’éteindre la lumière et de passer en mode plein écran pour vivre  totalement l’expérience étrange (et un chouïa traumatisante) de sortie en mer.
Vous vous trouvez mystérieusement plongé dans un film tourné en première personne où vous incarnez Julien, homme expérimenté en mer sur son voilier avec un certain Charles pas très débrouillard. Les deux français semblent partis pour une excursion au large entre amis sur un joli bateau avec une météo digne de la côte d’azur quand tout bascule…
Vous vous prenez la baume (erreur d’amateur) et tombez à l’eau.
On comprend assez vite que l’expérience a pour but de nous sensibiliser aux questions de sécurités vitales sur un bateau auxquelles on ne pense pas vraiment. La vidéo semble s’inscrire dans la veine des campagnes choc de sensibilisation qui marchent plutôt bien de nos jours.
Procédé pas très innovant donc, me direz vous, mais c’est sans compter le caractère immersif et interactif de l’expérience : vous n’êtes pas simples spectateurs de l’action, vous êtes virtuellement en train de vous noyer et devez vous battre pour rester hors de l’eau. Enfin, vous devez scroller sans relâche.
Finalement, vous vous noyez et les messages suivants apparaissent :
Vous vous êtes noyés au bout de X minutes.
En mer on se fatigue plus vite qu’on ne le croit.
Portez un gilet de sauvetage.
Par GUY COTTEN L’abri du marin.
Et c’est là qu’on découvre que tout le site à l’apparence d’un jeu vidéo immersif et très bien réalisé est en réalité une publicité pour Guy Cotten, qui ne s’avère pas être un artiste réalisateur s’essayant aux jeux vidéo mais une société bretonne spécialisée dans les vêtements de protection en milieu marin.
L’idée géniale du site mystérieux et de l’expérience interactive vient de l’agence de communication CCM BBDO qui réalise là un coup de pub magistral pour l’entreprise bretonne. La campagne n’a d’ailleurs pas tardé à devenir virale de la campagne (à ma dernière tentative, c’était quelques 2 924 027 internautes qui avaient virtuellement coulé), les boutons de partage sur les réseaux sociaux étant accessibles à tout moment en bas de la page et visibles à la fin.
Une campagne inspirée
 Les références au monde du jeu vidéo et des cinématiques interactives sont claires et c’est ce qui rend vraiment intéressant le procédé de communication. On ne partage pas le site pour prévenir des risques du non port de gilet de sauvetage mais pour voir combien de temps nos collègues ou amis vont tenir à scroller et accessoirement savoir à quel point cela a été perturbant pour eux.
Le côté « choc » d’incarner quelqu’un qui lutte pour se maintenir à la surface a tout du film d’horreur. Le procédé d’immersion par la caméra en première personne a fait le succès de nombreux films du genre tels que les célèbres REC et Cloverfield. Il n’est pas non plus sans rappeler les jeux vidéos d’horreur comme FEAR qui ont aussi un très grand nombre de joueurs. Avec un tel univers en toile de fond, il n’est pas étonnant d’avoir entendu parler de cette campagne sur un réseau social de gamers à la moyenne d’âge de 30 ans comme cela est mon cas. Si c’est là la cible de cette campagne, l’angle est d’autant plus intelligent que l’on va forcément repartager le site à nos amis, parents, connaissances au pied marin amoureux de la navigation ou au moins qui partent en vacances en bateau. Là sont les vrais potentiels acheteurs de superbes gilets orange et autres accessoires de survie fluorescents.
Chapeau bas pour cette idée géniale donc. En effet, exception faite des mordus de sports maritimes, la plupart d’entre nous n’aurions sûrement jamais entendu parler de Guy Cotten et de ses gilets de sauvetages sans une telle expérience.
 Rimond Leïla
 Sources :
Sortieenmer.com
Meltybuzz
 

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INSTAGRAM DANS LA RUE

 
A l’angle des rues Ponthieu et Jean Mermoz, se trouve un prototype des plus originaux. Face à un hôtel parisien, collé sur le mur, un miroir semble vous interpeller. Il faut dire que sa forme est quelque peu particulière : le cadre entourant le miroir rappelle en tout point celui des photographies postées sur Instagram. En effet, on y retrouve les codes du réseau social : forme carrée de la « photographie », police de caractère, boutons « j’aime » et « commenter », etc.
Mais qui se cache derrière cette œuvre de « street art » ? Pour avoir la réponse, il suffit de taper sur Instagram « Encoreunestp », soit le nom du compte indiqué sur le miroir. On y découvre alors en photo chaque étape de la préparation du projet : de la confection du miroir à sa pose, dans ce carrefour du 8ème arrondissement de Paris. Cette œuvre d’art hybride, en encourageant les passants à prendre un selfie et à le poster sur Instagram, offre à « Encoreunestp » la possibilité de contempler la réception de son œuvre. Streetart rime désormais avec Feedback.

Lisa Brunet
Crédits photos :
compte Instagram « Encoreunestp »

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« Une image vaut mille mots »… et peut rapporter gros

 
Qu’ils s’appellent stickers, emojis, émoticônes ou smileys, ces petits bonhommes expressifs ont envahi nos conversations numériques. Révolutionnant au passage nos modes de communication.
Pas de place pour l’indécision et le doute
Face à la multiplicité d’interprétations offertes par un même énoncé,  l’émoticône est venu en renfort du système de l’écriture, par essence lacunaire.  Au fil des années, il est devenu incontournable dans nos nouveaux modes de communication.
L’émetteur, par le biais de ce symbole, cherche à retranscrire visuellement son émotion – ou plutôt, ce dont il a envie de donner à voir – à son interlocuteur.  Le message est ainsi augmenté de données supplémentaires et  se fait plus lisible. Le spectre du malentendu s’éloigne.
De l’émoticône  au véritable sticker
D’abord simple signe typographique, l’émoticône, ou smiley, évolue. Les emojis, véritable police de caractère, ou encore les autocollants (« sticker » en anglais) sont ses descendants. Car aujourd’hui, ces symboles n’ont plus rien à voir avec ceux de nos premières messageries.
Un nouveau mode de communication rapidement investi par les marques
Les marques n’ont pas tardé à s’emparer du phénomène. Les avantages sont pour elles nombreux.
En mettant à  disposition de ses clients un large choix d’autocollants (le plus souvent gratuitement), elles mettent au cœur des conversations l’univers de la marque, s’offrant ainsi une publicité à moindre coût. C’est par exemple le cas des autocollants « Minions » du film Moi, Moche et Méchant, ou encore LEGO, téléchargeables gratuitement sur Facebook.
Mais, plus que publicité, l’autocollant peut se faire produit : Karl Lagerfeld, le célèbre couturier, vient de lancer en mars dernier sa ligne de stickers à son effigie, disponible après téléchargement d’une application sur smartphone.
Jusqu’où ira la marque dans sa conquête de la sphère privée de ses clients ?

Adeline Mateus
Source:
Lefigaro.fr

Diesel
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Tatouez-moi du naturel

 
Un teint « naturel », une poudre discrète, des BB Crèmes, des CC Crème (des DD Crèmes ?), des correcteurs, du vernis pastel, des produits bios, des couleurs nudes, des tatouages… Cherchez l’intrus !
 Avec l’intrusion du tatouage au musée du Quai Branly à Paris, le roi de l’art corporel fait son grand retour dans la presse : Marie-Claire et son alter-ego gratuit Stylist, Konbini, L’Express Style, et sûrement d’autres. « Tatoueurs Tatoués » c’est donc l’exposition du moment qui revendique « la dimension artistique et le poids dans l’histoire de l’art » de la « discipline ». Effet de mode ? Pas seulement. L’exposition met en effet l’accent sur l’évolution du tatouage, de sa naissance dans les sociétés qualifiées de « primitives » à sa démarginalisation, voire à sa banalisation actuelle. D’une pratique sociale, mystique et/ou religieuse, il est aujourd’hui tendance, branché, accepté. Un point perdure néanmoins : il s’agit d’un « ornement corporel » et « même d’un art à part entière. »
 On pourrait alors replacer cette exposition dans cette atmosphère généralisée du « retour en arrière ». Après tout « il s’agit à ce jour de la plus grande rétrospective jamais consacrée au tatouage en France » (Konbini), dans une logique de fond similaire à celle de l’exposition « Pixar, 25 ans d’animation » (novembre 2013, Art Ludique), à celle du Musée de la Mode de Paris intitulée « Un siècle de photographie de mode » ou encore à celle en mémoire de Kurt Coben à l’Addict Gallerie. Dans le même esprit également que la vague rétro, la tendance fripe et la mode récup’.
Coca-Cola retrouve ses ours, Benefit utilise la pin-up. Rien n’est nouveau, rien n’est révolutionnaire, tout est revenu, et tout est lié. Le passé revient, et avec lui la simplicité, le style épuré, sain, écolo, bio, naturel. Et voici comment de l’idée d’un art d’esthétiser son corps par l’artifice du dessin, aussi historiquement ancré soit-il, on passe à celle d’une tendance générale qui retourne au naturel champêtre, où du moins à son apparence.
 Corrélation ? L’artifice servant la tendance du naturel. Paradoxe ? Le tatouage s’affichant sur des peaux « nues ». Les millions de selfies publiés sur Instagram l’ont témoigné : une mode des visages dénués de maquillage en gros plans, ou le « no make-up selfie », en réaction peut être à la construction d’un monde social virtuel autour de l’image, est entrain de régner. « Demi Lovato pose sans maquillage sur Instagram » publie Cosmopolitan  il y a quelques jours sur son site. Aujourd’hui, il s’agit de s’afficher décoiffé, au saut du lit, voire même après le sport. Out le fond de teint pâteux et épais, les crèmes teintées envahissent nos salles de bain (et ne vous croyez pas épargnés messieurs, ça arrive…). Parce que le « no make-up » ne signifie « no artifice ». Comme pour tout, les progrès cosmétique d’aujourd’hui servent la tendance rétro/bio que pour mieux se développer et accroître la vente de produits. Les allures se veulent respirant le naturel, mais on n’a jamais autant consommé de crèmes de beauté, qu’elles soient de jour, de nuit, antirides, anti-sébum, achetées en pharmacie, en para, en supermarché, en magasins spécialisés. Selon le site de statistiques planetoscope, « les ventes de cosmétiques en France ont atteint 7 milliards d’euros en 2008 (et) les succès cosmétiques de 2012 ont été des nouveautés maquillage comme les BB crèmes ». De même, face au géant L’Oréal, des acteurs locaux plus petits, notamment le Laboratoire Nuxe et Caudalie, ont, en se positionnant sur le naturel, « pu convaincre les consommateurs de la valeur ajoutée de leurs produits, notamment pour tout ce qui concerne les soins de la peau. »
 
L’objectif initial: récolter de l’argent pour une association qui lutte contre le cancer. Une opération qui s’est transformée en véritable buzz grâce à une jeune fille de 18 ans, Fiona Cunningham.
Vous l’aurez compris, on ne plaisante pas avec notre peau : on la purifie, on la protège, on la nourrit, on la tatoue. L’artifice n’est alors plus au service d’un apparent naturel mais revendique et affirme son caractère superficiel et contre-nature. La tendance sociétale nous incite à s’assumer ou à en donner l’impression. On accepte nos petits défauts cutanés, on dissimule les grands, et on marque notre peau. Le tatouage avait toujours été un outil de revendication des marginaux, un moyen de plaider leurs différences et de les rendre visible aux yeux de tous, à la fois pour se distinguer et pour se reconnaître « entre eux ». Aujourd’hui, il apparaît clairement que le tatouage ne distingue plus. Alors à quoi sert cet artifice au milieu de cet engouement pour le naturel ? Marquer la peau, c’est pourtant créer une différence. Se maquiller change notre visage, le différencie d’un jour à l’autre, d’une soirée à une autre. Actuellement, cette différence semble moindre : on n’utilise moins le maquillage pour marquer que pour paraître « naturel » et dissimuler. Le tatouage ne différencie plus non plus. S’il conserve parfois un aspect communautaire avec l’idée d’une grande « famille des tatoués », avec l’idée du « ça y est, on l’a fait », seul sa dimension artistique semble réellement perdurer. C’est peut être en ce sens là que l’exposition du Quai Branly doit se comprendre : il s’agirait moins d’une rétrospective de l’histoire du tatouage que d’une justification de la valeur qu’il continuerait à renfermer, à la fois en terme de savoir-faire et d’art, malgré sa banalisation. Dans un présent où les outils de différenciation se font de plus en plus rare,  où les visage s’homogénéisent en même temps que les silhouettes, il s’agirait (peut-être) pour « Tatoueurs tatoués » de réintroduire, grâce à l’histoire, de la spécificité dans une pratique qui semble avoir perdu sa singularité.
Eugénie Mentré